HANDICAP. Une fillette handicapée
de 7 ans attend depuis la rentrée l'arrivée d'une auxiliaire de vie
pour l'aider à l'école. Son papa veut écrire au président de la
République
Le père de Rebecca revendique un droit
Rebecca a entamé sa troisième rentrée scolaire, sans l'auxiliaire de vie prévue. (photo DR)
Rebecca
a 7 ans, et toute l'apparence d'une petite fille classique. Pourtant
elle est handicapée. Depuis trois ans, elle se rend tous les jours à
l'école du centre de Saint-Jean-de-Luz dans un taxi ambulance de la
CAF, et suit un mi-temps thérapeutique à l'hôpital de jour
l'Arc-en-ciel, à Bayonne. Elle souffre de troubles du comportement, une
forme d'autisme, comme l'explique son père, Alexandre Jordan.
La
Maison départementale des personnes handicapées a envoyé, comme chaque
année, une notification à ses parents, avant la rentrée. Le document
spécifie le droit de la famille, à bénéficier d'une AVS (auxiliaire de
vie scolaire) pendant les heures d'école. « Cela représente une année
de démarches, de rendez-vous, de prises de sang et de tests », explique
le père de la petite fille.
Toujours pas d'AVS
Malgré
l'obtention du précieux papier cette année, Rebecca n'a toujours pas
d'AVS cette année. « Le pire dans cette histoire, c'est que son
auxiliaire de l'année dernière est au chômage », soupire le papa.
La
directrice de l'établissement a appelé l'inspection académique de Pau,
quelques jours après la rentrée. Le père, opiniâtre, a même refait le
dossier, car « le premier avait été perdu », explique-t-il. En
attendant, l'institutrice, compréhensive et « très dévouée », a géré sa
classe de 24 élèves, plus Rebecca, avec l'aide de l'Atsem (agent
territorial spécialisé des écoles maternelles).
Depuis quelques
jours, une vacataire fait office d'AVS pour accompagner Rebecca à
l'école. « Cette personne est très bien, mais elle n'a reçu aucune
formation spécifique. Même si cela soulage le fonctionnement de la
classe, ce n'est pas suffisant. Et ce n'est pas ce qui avait été prévu
», souligne Alexandre Jordan. « Heureusement que le corps enseignant
est là ! », reconnaît-il cependant.
66 postes non pourvus
Décidé
à faire valoir son droit, coûte que coûte, Alexandre Jordan s'est
rapproché de l'association d'entraide Chrysalide, à Bayonne, qui l'a
informé sur un manque de 66 postes, non pourvus, faute de budget. «
Quelqu'un devrait arriver d'ici deux mois, mais il s'agit d'un EVS
(emploi vie scolaire), c'est-à-dire de quelqu'un qui, forcément, aura
peu côtoyé le handicap », ajoute Alexandre Jordan.
Après
plusieurs démarches vaines auprès du commissariat pour essayer de
déposer une plainte contre l'Éducation nationale, le papa, en dernier
recours, prépare une lettre au président de la République, Nicolas
Sarkozy.
L'assistante sociale de Chrysalide lui a conseillé de
porter plainte directement auprès du tribunal à Bordeaux pour cause de
notification non honorée. En attendant, le papa a décidé d'adhérer
aussi à l'association Autisme TED Côte basque, pour être soutenu par
des professionnels.
« Pire que notre situation »
«
Je ne sais plus quoi faire, soupire-t-il. Je sais qu'il y a pire que
notre situation. Certains parents n'ont même pas de notification, et
doivent donc garder leur enfant à la maison. Le problème, c'est que
pour certains handicaps, comme celui de ma fille, c'est avant 11 ans
que les progrès ont lieu, et qu'il faut la motiver. Deux mois perdus,
c'est donc beaucoup. »
Peggy Celaya a accompagné Alexandre Jordan
pour témoigner elle aussi. Sa fille de 7 ans, Léa, scolarisée à Bidart,
bénéficie cette année d'une AVS. « Elle a des problèmes de
psychomotricité qui l'empêchent par exemple d'écrire. Grâce à cette
auxiliaire, qui lui découpe des lettres en papier, elle peut montrer
qu'elle sait faire, comme les autres enfants », confie la maman. Si
elle témoigne aujourd'hui, c'est parce qu'elle se dit consciente
qu'elle pourrait bien avoir le même problème que les parents de Rebecca
l'année prochaine. « C'est un combat de tous les jours, affirme-t-elle.
En janvier, ce sera rebelote pour les démarches. »
Auteur : armelle parion