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"Au bonheur d'Elise"
le mur
5 janvier 2012

article publié sur le site de france culture le 4 janvier 2012

du lundi au vendredi de 7h30 à 7h36

Ecoutez l'émission 2 minutes
L'autisme, grande cause nationale, grand tracas parental

04.01.2012 - 07:30

Ce matin s'ouvrent à l'Assemblée nationale les premières rencontres parlementaires sur l'autisme. Quatre tables rondes qui servent de coup d'envoi à l'année de l'autisme en France. "Des autismes" devrait-on dire, qui touchent près de 600.000 personnes.

Des maladies élevées cette année au rang de "grande cause nationale".

Et il y a fort à faire, notamment en terme de prise en charge scolaire.

 

D'après les associations, 80.000 enfants français seraient mis à l'écart de l'école publique faute d'encadrements suffisants.

 

Choix de la rédaction proposé par Augustin Arrivé.

Thème(s) : Information| Gouvernement| Société| Santé| autisme

Lien(s)

Collectif AutismeIl est à l'origine du classement de la maladie comme grande cause nationale.
En France, si votre enfant est autiste, ne comptez sur personne. Rue89Témoignage de Laurent Alt, père d'audiste et secrétaire national de l'association Vaincre l'Autisme, à propos des défauts du système français en terme d'accompagnement des parents.
WallopolyUn exemple de service d'accompagnement proposé en Belgique.

"Le mur, la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme"Un documentaire de Sophie Robert (2011) sur les origines de la maladie.

 

http://www.franceculture.fr/emission-le-choix-de-la-redaction-l-autisme-grande-cause-nationale-grand-tracas-parental-2012-01-04

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4 janvier 2012

Alexandre Stevens contre Jacques Van Rillaer ...

Déclaration du Psychiatre Alexandre Stevens sur le film ( l'un des trois plaignants pour l'interdiction du film)
Déclaration analysée par le Professeur Jacques Van Rillaer

Blog de Jacques Van Rillaer :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer-0/blog
Il s’y trouve des dizains d’articles présentant les aberrations de la psychanalyse.

C'est assez savoureux ... (jjdupuis)

27 décembre 2011

article publié sur le blog de blog de Daniel Gacoin le 26 décembre 2011

Retour sur une polémique récente à propos du Documentaire Le Mur sur l’autisme : quand la partialité de Rue 89 finit par devenir un problème…

 

Je faisais discrètement allusion dans un billet du 4 décembre 2011 (cliquer ici pour y accéder) à une polémique relayée par le Site Rue 89 (cliquer ici pour lire l'article). Elle concerne la question de l’autisme et la sortie du documentaire (intitulé le Mur) d’une jeune réalisatrice, Sophie Robert. Il est depuis deux mois l’objet d’un débat extrêmement virulent car son contenu met fortement en cause les psychanalystes en montrant leurs soi-disant raisonnements idéologiques et erronés. Or ceux d’entre eux qui ont été interrogés dénoncent une énorme manipulation.

 

La question de la forme

Je reviendrai plus loin sur les questions de fond, mais j’aborde tout d’abord celles de la forme. De nombreux sites, associations (notamment de parents d’enfants autistes) ont relayé la polémique : on trouve peu d’informations dans les médias nationaux, mais un grand buzz Le mursur le net autour de cet évènement. Et Rue 89 a été le premier initiateur de ce buzz, notamment en diffusant une bande-annonce particulièrement tendancieuse (cliquer ici pour y accéder).

Le problème, c’est que Rue 89 l’a fait en perdant sa qualité première (son engagement) et en révélant un vrai défaut (sa partialité problématique quand l’étude d’un sujet n’est pas complète et reflète essentiellement une opinion, sans le travail nécessaire du journaliste : plusieurs sources, vérifications effectives, …).

La conclusion : Rue 89 se trouve en tête de pont pour Rue 89 Le Mur mettre en avant la présentation du documentaire porteur d’une soi-disant révélation explosive :

> Il y aurait d’un côté des « psys », en France uniquement, qui seraient incapables d’accepter des vérités scientifiques, des méthodes éprouvées partout, qui seraient encore aujourd’hui accrochés à une seule vérité (la cause de l’autisme provient d’une pathologie spécifique dans la relation mère enfant, le traitement de l’autisme ne relevant que du soin), une vérité source de pouvoir. L’idéologie supplanterait alors la raison, et leur permettrait de refuser toute autre approche que thérapeutique, en vouant aux gémonies toute alternative, assimilée et qualifiée systématiquement de comportementaliste.

> Il y aurait de l’autre côté une vérité scientifique, connue depuis trente ans, mais niée par les « psys » en France : l’autisme ne serait pas un trouble psychologique ou de la relation, mais bien un « handicap neuro-développemental » c’est-à-dire « un trouble neurologique entraînant un handicap dans l’interaction sociale », provenant (je vous assure, je l’ai lu) « dans 80 % d’une anomalie génétique », ou (variante) « chez presque tous les autistes d’une anomalie d’une zone d’une cerveau (sillon temporal supérieur) ». Conclusion, en pensant uniquement aux difficultés psychologiques ou pathogènes des parents, les « psys » français enfermeraient les autistes dans le monde du soin (hôpitaux de jour) avec un travail centré sur des thérapies relationnelles sans perspectives ou sur des thérapies « corporelles » coercitives. Et pour aller plus loin dans cet univers en noir et blanc, le contenu supplémentaire à entendre, c'est que des méthodes miracles existeraient, éprouvées scientifiquement, largement expérimentées ailleurs (ABA, Teach, etc.) mais qu'elles seraient écartées, au profit d’une culpabilisation des parents, avec absence de compétences et de réponses, etc.

 

La réalité sur le fond

Comme chacun l’aura compris, la révélation qui nous est présentée est en fait une totale fiction :

> D’une part, une grande partie des « psys » mis à l’index acceptent l’origine biologique et plurielle de l’autisme. Certes, il peut encore exister des « psys » qui pensent uniquement soins, mais la plupart parlent d’une intervention à plusieurs niveaux : thérapeutique, pédagogique et éducative avec une visée intégrative. Parmi ceux qui parlent des troubles relationnels et des difficultés parentales, il en existe encore, mais seule une toute partie le fait de manière explicative, voire stigmatisante, les autres désignent des difficultés adaptatives bien naturelles, qu’il convient de soutenir avec bienveillance (au fond, il serait bien étonnant que les parents d’enfants autistes n’aient pas besoin de soutien).

> D’autre part,  les vérités scientifiques à propos de l’autisme, souvent présentées sous forme d’une découverte récente, avec des prolongements révolutionnaires à venir, ne sont la plupart du temps que des montages. On se référera à l’étude du neurobiologiste (donc quelqu’un qui n’est pas « psy ») François Gonon, à propos de la psychiatrie biologique (cliquer ici pour lire mon article et trouver le lien avec le propos de ce scientifique) : pas de vérité généralisable, une origine génétique découverte certes pour une petite partie de la population autiste mais aucune preuve d’une origine fortement biologique (anomalie génétique ou neurologique) de l’autisme.  Ceux qui le prétendent mentent, et surfent sur la volonté, bien compréhensible, des parents de trouver une solution. La dimension environnementale, la plurifactorialité sont la réalité.

> Par ailleurs, les méthodes présentées systématiquement comme telles par les grands médias ne sont pas miraculeuses. Elles peuvent apporter, combinées à d’autres approches, des progrès évidents chez de nombreuses enfants autistes. Et donc, il faut bien en revenir à l’essentiel : la combinaison des approches éducatives, rééducatives, pédagogiques et thérapeutiques représente, sinon la solution, aujourd’hui la voie à entreprendre sans idéologie, avec une vision intégrative, et en partenariat avec les parents.

> Enfin, il existe une véritable construction intellectuelle entre associations dénonciatrices des professionnels oeuvrant auprès des autistes (certaines d’entre elles sont devenues de véritables professionnelles de la dénonciation), parents voulant trouver des solutions, souvent avec désarroi, et médias se satisfaisant d’un sujet vendeur. A ce sujet, il est intéressant de noter que Rue 89, évoqué comme initiateur du buzz à propos du documentaire Le Mur, est engagé depuis plusieurs mois dans une campagne unilatérale avec des articles comme : « Atteint du syndrome d'Asperger, j’ai quitté une France inadaptée » (30 juin 2011), « En France, si votre enfant est autiste, ne comptez sur personne » (4 octobre 2011), « Autisme : la Belgique, fin de l'errance pour des familles françaises » (2 décembre 2011). L’affaire est loin donc d’être un accident pour Rue 89 et je m’interroge sur l’implication personnelle d’un éditorialiste de ce site sur le sujet de l’autisme.

 

Un retour sur ce fameux documentaire

Affiche Le MurLe documentaire Le Mur n’apporte pas de contenus intéressants, il est trop unilatéral, manichéen pour être crédible. Attention ! Cela ne veut pas dire que je rejette toutes les méthodes éducatives évoquées. Simplement il est impossible d’adhérer à cette présentation uniquement à charge.

Dès les premières images, la manipulation saute aux yeux (montage trompeur, réponses coupées, constructions didactiques grossières). Après 15 minutes, et dès la fin des dernières images, il est évident que le piège dans lequel sont tombés les « psys » interrogés était un vrai traquenard.

C’est pourquoi j’ai été intéressé de découvrir la vérité vécue par les « psys » interrogés. Quatre d’entre eux  s’expriment sur le site « Psynem » (cliquer ici pour y accéder). Psynem

Je veux rester mesuré dans cette affaire, mais je crois que le souci de la vérité s’impose et oblige à la fois à regarder le documentaire (cliquer ici), puis à lire le retour de ces psychanalystes ou psychiatres. Le récit par ces Psys évoquant Le Murderniers du tournage du documentaire le Mur, tels qu’ils l’ont vécu,  nécessite d’être lu, au moins par souci de la vérité. 

J’y ai apprécié une réflexion de Bernard Golse (mis en cause dans le documentaire alors même qu’il est l’un des fervents bâtisseurs de ponts entre les neurosciences et la psychanalyse) : « toute méthode qui se présente comme la seule méthode légitime, se trouve, ipso facto, disqualifiée, car si le tout thérapeutique a échoué, le tout pédagogique et le tout éducatif échoueront de même ». Il ajoute « tout se passe un petit peu, aujourd’hui, comme si l’autisme était «contagieux», comme s’il amenait les professionnels à fonctionner eux-mêmes de manière autistique et clivée, en s’arc-boutant sur une méthode unique au détriment d’une véritable approche multidimensionnelle. L’autisme autistise… et il fait le jeu d’un consensus plus ou moins implicite entre les médias et le grand public ».

Je ne peux qu’être d’accord. Dans cette affaire, je crois que les grandes victimes de ce consensus médias / grand public, ce sont les parents qui vivent l’autisme de leur enfant au quotidien, même quand ils épousent telle ou telle thèse avec outrance.

Daniel GACOIN

http://danielgacoin.blogs.com/blog/2011/12/retour-sur-une-pol%C3%A9mique-r%C3%A9cente-%C3%A0-propos-du-documentaire-le-mur-%C3%A0-propos-de-lautisme-quand-la-parti.html?mid=5630448

21 décembre 2011

article publié sur le site La psychanalyse dévoilée le 21 décembre 2011

Le genre documentaire en danger: Réponse aux psychanalystes

Par Sophie Robert, réalisatrice du film
LE MUR, ou la psychanalyse a l’épreuve de l’autisme

Depuis plusieurs semaines, et suite à la diffusion sur internet de mon film LE MUR OU LA PSYCHANALYSE A L’EPREUVE DE L’AUTISME visible sur le site de l’association Autistes Sans Frontières, et dont je fais une présentation ici, je fais l’objet d’attaques personnelles, d’accusations graves et autres tentatives de dénigrement: « Tromperies », « manipulations », « pure escroquerie », autant d’atteintes à l’honnêteté de mon travail et partant, à mon honneur et à ma probité, puisque c’est mon éthique personnelle de réalisatrice qui est ainsi mise en cause par voie de diffusion au public sur France culture et sur internet.

Pour faire bonne mesure, trois des psychanalystes interviewés, membres de l’Ecole de la Cause Freudienne (Esthela Solano, Alexandre Stevens et Eric Laurent) ont également attaqué l’association Autistes Sans Frontières et moi-même en tant que réalisatrice du film et gérante de la société Océan Invisible Productions, en vue de faire interdire sa diffusion et de nous réclamer des dommages et intérêts faramineux: 290 000 euros, assortis de 15 000 euros par jour d’astreinte à dater de la censure éventuelle du film.

Ces psychanalystes ont préféré attaquer ma probité et faire croire à une manipulation pour chercher à censurer, plutôt que de répondre sur le fond aux questions soulevées par ce film: à savoir les théories et la pratique analytique dans le champ de l’autisme.

Je vais leur répondre dans le détail, mais il me faut avant tout faire une mise au point sur le métier de réalisateur de documentaire, dont les adversaires du film Le Mur n’ont visiblement pas une bonne définition et dont ils contestent la nature même.

Si le genre documentaire laisse une grande part à la créativité du réalisateur, il s’appuie avant tout sur le réel. Le documentaire a vocation à montrer la réalité sous un certain éclairage que le documentariste choisi. Mais le fait de montrer le réel sous un certain regard n’a rien à voir avec le fait de le dénaturer, le modifier à l’insu du spectateur. Une telle démarche de tromperie est en effet condamnable et ne relève pas du genre documentaire. Elle est en outre incompatible avec la démarche et l’esprit du documentariste.

Or je suis précisément accusée d’avoir « falsifié » la réalité, en l’occurrence le propos des personnes interviewées. Or je confirme et je démontre que je n’ai pas dénaturé les propos des personnes interviewées dans le film, dont j’ai fidèlement respecté la teneur. En fait, les accusateurs confondent le fait de montrer le réel sous un angle choisi par le réalisateur et dénaturer, transformer celui-ci. En cela, les accusations portées à mon encontre le sont à l’encontre de toute une profession.

Par opposition à la fiction, où tout est fabriqué, le documentaire filme la vraie vie des gens, pas des comédiens qui jouent un rôle. La valeur documentaire d’un film repose justement sur la capacité du réalisateur à traduire ce réel, à être au plus près de la vérité, pour ensuite la transmettre (artistiquement si possible) au plus grand nombre.

Traduire la réalité répond au souci d’informer le spectateur de l’œuvre, collecter de l’information en vue de sa diffusion au public, c’est en cela que réaliser un documentaire rejoint le métier de journaliste tel que l’entend le Conseil de l’Europe, institution responsable de la Cour européenne des droits de l’homme.

Sur le plan de l’éthique du documentaire, ce travail ne consiste donc pas à faire une hagiographie béate des personnes interviewées mais à tâcher d’être au plus près de ce qu’elles sont vraiment, de la manière dont elles pensent, dont elles éprouvent leur message, en gardant à l’esprit le décalage toujours possible entre une partie du discours et une autre partie du discours, ou entre le discours et la réalité de leurs actes. La vérité du sujet est aussi importante pour les documentaristes que pour les psychanalystes.

À travers leurs témoignages dans le document de la CIPPA, messieurs Laurent Danon-Boileau, Bernard Golse, Pierre Delion et madame Christine Loisel-Buet, mais aussi madame Caroline Eliacheff, chroniqueuse sur France Culture, et monsieur Aldo Naouri, suite à la publication de mails privés sur son site Internet, ainsi que madame Esthela Solano et messieurs Alexandre Stevens et Eric Laurent qui m’attaquent en justice, révèlent qu’il n’ont visiblement pas la même définition du film documentaire que ce que l’on entend habituellement en démocratie, puisqu’ils qualifient de dénaturation et tromperie tout travail de montage d’un film documentaire.

C’est donc bien l’ensemble du genre documentaire qui est visé par ces attaques, et c’est bien ce genre d’expression, mais aussi d’information au public dont l’existence est dangereusement contestée en justice.

Je renvoie le lecteur aux réponses individualisées dans ce même texte. Enfin, et puisque cela relève aussi de ma défense, je fournis ici un décryptage de l’argumentation de la CIPPA. Cette association de psychanalystes laisse en effet entendre qu’il existerait une nouvelle psychanalyse dans le champ de l’autisme, éclairée, ouverte aux neurosciences et aux traitements élaborés et pratiqués dans le reste du monde depuis de longues années; une psychanalyse moderne, ouverte sur le monde, en opposition à une psychanalyse gardienne du temple et désuète.

C’est ce que j’ai longtemps cru. Mais la réalisation de près de 60 heures d’interviews de psychanalystes m’a permis de réaliser qu’il n’en était absolument rien.

Dans le meilleur des cas, la CIPPA s’illusionne sur elle-même, et dans le pire des cas, elle cherche à habiller la prise en charge psychanalytique de l’autisme dans un atour marketing destiné à la sauver aux yeux des autorités et de l’opinion publique.

Le gouvernement vient d’accorder le label Grande Cause Nationale 2012 au collectif d’associations « Rassemblement pour l’autisme ». Toutes m’ont exprimé leur soutien, parce que les propos qui sont tenus dans LE MUR corroborent leur vécu et qu’ils souhaitent que cela cesse. L’association AUTISTES SANS FRONTIERES qui est poursuivie en justice avec moi, est un des leaders de ce mouvement. La plus importante des associations françaises dédiées à l’autisme, AUTISME FRANCE dénonce depuis plus de vingt ans les conséquences sanitaires catastrophiques de la prise en charge psychanalytique de l’autisme.

Alors mesdames messieurs les psychanalystes, vous êtes maintenant face à un choix: me poursuivre en justice comme vos trois collègues de l’Ecole de la Cause Freudienne, ou bien assumer enfin vos propos, vos pensées et vos actes.

Sophie ROBERT
Lille, le 21 décembre 2011

Liens

http://psychanalysedevoilee.oceaninvisibleproductions.com/la-psychanalyse-devoilee/le-mur-la-psychanalyse-a-lepreuve-de-lautisme/le-genre-documentaire-en-danger-reponse-aux-psychanalystes/

21 décembre 2011

information publiée sur le site d'Autisme Europe

Un nouveau film condamne les traitements psychanalytiques de l’Autisme en France

 
Un nouveau film documentaire condamne l’approche psychanalytique de l’autisme en France. Le film intitulé « Le Mur : La psychanalyse à l’épreuve de l’Autisme » montre des interviews de plusieurs psychanalystes exerçant en France. Dans ce film, certains tentent d’expliquer les causes de l’autisme à l’aide de théories non fondées voire contradictoires, affirmant notamment que les Troubles du Spectre Autistique sont le résultat du comportement froid et détaché de la mère vis-à-vis de son enfant.
 
Depuis la diffusion de ce film, trois psychanalystes interviewés ont entrepris des actions en justice pour dommages et intérêts à l’encontre de la directrice du film, Sophie Robert et de l’association « Autistes Sans Frontière ».
 
Autisme-Europe condamne depuis des années les pratiques psychanalytiques qui consistent à proposer des traitements de l’autisme non basés sur la preuve scientifique. Suite à une réclamation collective introduite par Autisme-Europe en 2004 à l’encontre de la France, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a condamné la France pour non respect de ses obligations éducatives à l’égard des personnes autistes, en vertu de la Charte Sociale Européenne.
 

Le droit à l’éducation pour les personnes atteintes d’autisme passe aussi par le droit d’être correctement informées de leurs troubles et de bénéficier d’une intervention basée sur la preuve.

 
Pour en savoir plus sur les théories concernant les causes de l’autisme, nous vous invitons à consulter des sources scientifiques crédibles telles que cet article, paru dans la revue « Scientific Review of Mental Health Practice » et rédigé il y a une dizaine d’années déjà.
 
 

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19 décembre 2011

Soutien à Sophie Robert du professeur Thomas Bourgeron pour le film "le mur"

Soutien officiel de Thomas Bourgeron, généticien


Courrier du Professeur Thomas Bourgeron à Sophie Robert

Directeur du département de Neuroscience de l' Institut Pasteur
Directeur de l'unité " Génétique Humaine et Fonctions Cognitives"
Professeur à l'Université Paris diderot
 
 
 
Chère Sophie Robert,
J’ai visionné votre film « le mur ». Actuellement, au niveau international, la recherche sur l’autisme regroupe plusieurs disciplines comme la psychiatrie, la neurobiologie, et la génétique. Cette approche de l’autisme, fondée sur des données scientifiques, a permis de faire des avancées importantes qui devraient, nous l’espérons, améliorer le diagnostic, les soins et l'intégration des personnes avec autisme.
Concernant la génétique, les résultats récents montrent : #1. qu’il existe des gènes associés à l’autisme. #2. que ces gènes sont actuellement regroupés dans deux grandes voies biologiques qui modulent la formation des connections neuronales (les synapses).
Je suis accablé par bon nombre des propos tenus au cours de ce reportage. En particulier, le détournement de résultats scientifiques comme « les anticorps maternels » et le « placenta paternel » est consternant. Tout mes collègues étrangers, qu’ils soient psychiatres, neurobiologistes ou généticiens, et qui ont pu voir votre film grâce aux sous titrage sont scandalisés. Je sais que vous êtes attaquées en justice et je peux vous assurer que l’immense majorité de la communauté internationale qui travaille sur l’autisme pourra vous soutenir le cas échéant.
Les attaques que vous subissez doivent être très éprouvantes mais je sais aussi que vous recevez un très grand nombre de soutiens car votre film a permis de témoigner sur la situation des familles touchées par l’autisme en France. Sachez que je suis aussi à votre côté.
 
 
Thomas Bourgeron

19 décembre 2011

article publié sur le Site officiel du Collectif de soutien au film 'Le Mur' – Autisme

La société d’auteurs Société Civile des Auteurs Multimédias – SCAM a adressé à Sophie Robert, par la voix de son secrétaire général Hervé Rony, un courrier en date du 6 décembre 2011 pour lui apporter son soutien.

Il écrit :

« La Scam tient à vous apporter son soutien dans le litige qui vous oppose à certain des personnalités que vous avez filmés, et fait part de sa position sur un certain nombre de problématiques qui concerne l’intérêt collectif des auteurs-réalisateurs du documentaire que nous présentons ».
[...]

    • « Les rushes montés ou non montés sont protégés par le droit d’auteur au même titre que l’oeuvre achevée ».

[...]

    • « L’auteur dispose d’un droit moral de divulgation de sa création »

[...]

  • « La personne filmée n’est pas coauteur de l’œuvre audiovisuelle dans laquelle elle intervient, elle n’a pas de droit autre que le droit à l’image »

[...]
« L’action entreprise contre vous choque la communauté audiovisuelle. Elle va à l’encontre de tous les usages et règles applicables en la matière, qui protègent les créateurs dans l’élaboration et la diffusion de leurs oeuvres. L’objectif avoué d’interdire la diffusion du documentaire « Le Mur » est une menace prise très au sérieux par les auteurs de documentaires. L’évolution de cette affaire n’en sera que plus ardemment suivie par notre conseil d’administration ».

Voir la lettre de la SCAM au format PDF


http://www.soutenonslemur.org/2011/12/18/reactions-soutien-sans-reserve-de-la-societe-civile-des-auteurs-multimedias-scam/?mid=5585

17 décembre 2011

Soutien à Sophie Robert de Vinca Riviere pour le film "le mur"

Soutien officiel de Vinca Riviere Maitre de Conférences à l’Université de Lille


 

Vinca RIVIERE, Maître de conférence à Lille III  PhD, BCBA-D, HDR

 

Je suis chercheur en Psychologie du développement depuis 1992 et j’ai développé en France des formations et services permettant à des enfants avec autisme de suivre des traitements comportementaux.

J’ai reçu en consultation plus de 200 familles d’enfants présentant de l’autisme. Sur les 204 familles ayant participé à une enquête en cours, 27 enfants ont reçu un diagnostic clair et selon la réglementation internationale, 57 avaient reçu un diagnostic flou (« trait à tendance autistique », etc.), 78 avaient reçu le diagnostic de psychose infantile, 42 n’avaient eu aucun diagnostic.

Pour 104 des enfants, le diagnostic donné à l’oral n’a pas été donné par écrit. Ces enfants ont tous été vus par des psychiatres d’obédience psychanalytique et le rapport que m’ont fait les parents correspond tout à fait à ce que nous pouvons voir dans les témoignages de professionnels exposés dans le film « Le Mur ». Certains des enfants ont été diagnostiqués par des professionnels témoignant dans ce reportage.

L’ensemble des rapports réalisés sur le sujet met à mal les hypothèses proposées par ces professionnels et c’est pourquoi nous ne sommes pas surpris de l’ampleur que peut prendre la diffusion de ces témoignages.

L’importance du sujet relève du caractère irréversible des troubles si ceux-ci ne bénéficient pas d’une prise en charge adaptée. Tous les travaux scientifiques peuvent en témoigner (voir les différents rapports cités en annexe).

Que le reportage comporte des coupes, nous sommes tous au courant, et ayant participé à plusieurs reportages, notamment pour France 2 (« envoyé spécial »), et après avoir tourné avec l’équipe plus de 30 heures de film, je ne suis passée à l’écran que quelques minutes.

On peut alors critiquer ces techniques mais cela fait partie du travail de documentaliste de synthétiser des éléments. Je n’ai jamais pu voir aucun reportage avant la diffusion quelle que soit l’équipe de production, ce sont les règles et en signant les documents nous nous y conformons ou nous ne signons pas.

Bien sûr, permettre à des parents de connaitre les avancées en matière de recherche et de traitements est essentiel et le film proposé par Sophie Robert est un exemple qui à l’intérêt de faire réagir sur tous les plans l’ensemble de la communauté s’intéressant à l’autisme.

La question de la formation revient en force, formation de tout professionnel comme exigé dans le rapport Chossy en 2003 !

Alors demander l’interdiction de diffusion ne peut qu’envenimer les choses car l’absence de débat, surtout dans notre pays, serait une première.

Nous pouvons critiquer la façon dont le reportage est construit, le contenu, etc. mais l’interdire fait référence à d’autres temps qui nous l’espérons sont dépassés.

Je laisse en annexe quelques éléments bibliographiques concernant les rapports gouvernementaux mettant en avant le retard en France des traitements pour personnes avec autisme mais aussi les ouvrages écrits par les professionnels témoignant dans ce reportage et qui pourtant se trouvent bafoués dans leur discours sousprétexte qu’il serait déformé.

Je délivre la présente attestation à Sophie ROBERT et je suis informée du fait que celle-ci peut la produire en justice dans le procès qui a été engagé contre elle par Mme Solano, Mr Laurent et Mr Stevens. J’ai parfaitement connaissance de ce que toute déclaration mensongère de ma part m’engagerait à des sanctions pénales.

 

ANNEXE

  • ARTICLES D’OBEDIENCE PSYCHANALYTIQUE

Delion, P. (2001) Nathanaël, sa psychose et ses institutions. Revue de psychothérapie psychanalytique du groupe, n°36, pp. 7‐17.

Ferrari, P. (1999). L’autisme Infantile. Que sais‐je ? Presses Universitaires.

Pierrehumbert, . (2003). Le premier lien. Théorie de l’attachement. Coll. Odile Jacob.

Ribas, D. (1992) L’énigme des enfants autistes, Coll. Pluriel. Hachette.

  • ARTICLES GENERAUX et préconisation

Gervais, Belin, Boddaert, Leboyer, Coez, Sfaello, Barthelémy, Brunelle, Samson & Zilbovicius (2004) Nature Neuroscience, vol 7, n°8, P801‐802.

Fombonne : Diagnosis and Classification of Autism : Current issues and controversies, 1994, 13‐17

Zibovicius, M. (2004). Imagerie Cérébrale et Autisme Infantile. Revue Cerveau et Psychologie.

  • RAPPORTS FRANÇAIS ET ETRANGERS

“Children with disabilities, ages 3 through 21, are entitled to a free, appropriate, public education in the least restrictive environment, pursuant to an individualized education program”. A guide to disability right Laws, 2005, Department of Justice. http://www.ada.gov/cguide.htm

Baghdadli, Noyer & Aussiloux (2007). Interventions éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme. CREAI. Languedoc Roussillon.

Chossy, J.F., (2003). La situation des personnes autistes en France : besoins et perspectives, Rapport Parlementaire, Septembre 2003.

http://aba.nordblogs.com/list/rapports_gouvernementaux/rapportontario2007_pdf.html

http://autisteenfrance.over-blog.com/pages/soutien-officiel-de-vinca-riviere-maitre-de-conferences-a-l-universite-de-lille-6142895.html

16 décembre 2011

article publié sur le site de la CIPPA (autisme et psychanalyse aujourd'hui)

Réponse aux mises en cause répétées des abords psychanalytiques des troubles autistiques

RECTIFICATIONS. Non, ce n'est vraiment pas la référence à B. Bettelheim, telle qu’elle apparaît fréquemment dans les médias, qui inspire de nombreux psychanalystes s’occupant d’autisme, mais ce sont surtout les psychanalystes anglais F. Tustin[1] et D. Meltzer[2] largement traduits, diffusés, enseignés, commentés et prolongés depuis trois décennies, en France par exemple. Il importe de remarquer que la conception de B. Bettelheim n’est aucunement d’origine psychanalytique, mais provient de son observation que certains déportés en camp de concentration étaient en retrait autistique. L’application qu’il en fit à la famille des enfants avec autisme, regrettablement culpabilisante en effet, fut évidemment une erreur, mais pourquoi faudrait-il que, commise il y a un demi-siècle, et répétitivement mise en avant dans les médias, elle nuise encore en occultant totalement tous les travaux psychanalytiques, complètement différents, effectués depuis ? Nous ne connaissons pas non plus de collègues qui pensent « que ces enfants doivent être éloignés le plus possible de leurs parents » : les traitements se font en ambulatoire, hormis les cas où un internat est indiqué selon une décision commune parents/professionnels.

MISE AU POINT SUR CE QUE FONT DE NOMBREUX PSYCHANALYSTES DE PLUSIEURS COURANTS[3]. Ils pratiquent l’observation la plus fine possible à la recherche d’un repérage et d’une compréhension de ce que ressentent, essaient de penser, et de communiquer les enfants, les adolescents et encore les adultes, malgré leur handicap autistique. Invités à l’expression spontanée et à l’association libre, fondements de la méthode psychanalytique, avec une participation du thérapeute plus active qu’auprès d’autres patients, ils nous ont entraînés à décrypter leur langage gestuel qui peut paraître d’abord dénué de sens, par ex. déambulations et explorations tactiles des éléments du décor de la pièce et de son mobilier comme à la recherche de représentants d’une contenance corporelle et émotionnelle dont le défaut constitue la grande défaillance du trouble autistique ; ou bien concentration sur les qualités purement sensorielles des objets et mouvements stéréotypés comme agrippements incessants pour surmonter des angoisses de chute anéantissante ou de liquéfaction de leur corps qu'ils parviennent à théâtraliser de diverses manières. C’est une première symbolisation en-deçà de la possibilité d’utiliser des jouets figurés. Ils essaient aussi de communiquer les causes de leur évitement du regard : peurs d’un débordement émotionnel, ou d’une pénétration physiquement blessante. Mais ce langage tente aussi de communiquer leur conscience de la reprise, au cours des traitements, du développement normal - sur lequel ces enfants nous ont beaucoup appris - de la construction de leur image du corps et de l'espace sans laquelle les activités spontanées d’explorations et de jeux sont très difficiles, même si l’enfant a le désir d’apprendre. Il y a donc entre notre abord thérapeutique et les propositions éducatives une complémentarité très souhaitable dans un dialogue créatif au sein des institutions (J. Hochmann)[4] et dans les instances de formation (D . Amy)[5], d’information et de réflexion comme les Centres ressource autisme, complémentarité qui devrait être beaucoup plus développée encore.   

Signalons également que plusieurs équipes animées par des psychanalystes ont déjà mis en place des conditions utiles au diagnostic précoce, et à la prise en charge pluridisciplinaire intensive des cas à risques autistiques, telles que l'équipe du P. Delion, Dépist’ autisme[6], et la recherche Préaut de M.C. Laznik et G. Crespin[7] avec une large sensibilisation des pédiatres aux signes d’alerte.

RENCONTRES AVEC D’AUTRES COURANTS DE RECHERCHES. Nombre de recherches des sciences cognitives et des neurosciences viennent rejoindre les observations faites par les psychanalystes. Ainsi, à propos des difficultés de la rencontre du regard, nous pensons depuis longtemps en suivant les démonstrations des patients que quelque chose est ressenti comme dur, ou explosant, ou éblouissant dans la rencontre du regard d'autrui. Une adulte avec autisme, D. Williams, le décrit très bien : cette rencontre était engloutissante et lui faisait perdre pour un temps « des pans entiers de signification »[8]. On peut donc discuter de ce qui gêne le plus le décryptage des émotions sur le visage : ce n’est peut-être pas un trouble primaire lié à une non activation de la zone cérébrale de reconnaissance des visages comme le soutiennent certains chercheurs ; en effet, cette non activation ne serait-elle pas plutôt  une conséquence de la rareté du contact direct avec le visage de l'autre, rareté précisément due à cette gêne du regard ? En ce sens, nous avons l’information récente, par la remarquable bibliographie faite dans la revue Sésame-Autisme, organe de l’Association des parents du même nom (n° 155, juillet 2005), que la neurophysiologie confirme l’enregistrement d’une réponse fortement émotionnelle associée à la fixation du regard chez les autistes et que d’autres recherches nous apprennent que le contact oculaire déclenche une sensation de menace inconfortable chez les enfants autistes «ce qui fait suggérer que le détournement du regard présente un rôle fonctionnel ». Nous avons fait une discussion analogue pour la non réception de la voix à propos de l’expérience de M. Zilbovicius (2004)[9]. Des psychanalystes ont ainsi fait depuis une vingtaine d’années des jonctions passionnantes avec des chercheurs non psychanalystes, comme J. Nadel sur l’imitation précoce, C. Trevarthen (Edimbourg) sur le dialogue émotionnel dans les échanges sonores très précoces, et A. Bullinger (Genève) sur les sensorialités et les « plate-formes sensori-toniques et tonico-émotionnelles ». Il est donc faux de déclarer que les psychanalystes s’intéressant à l’autisme seraient enfermés dans une «théorie» loin des réalités dites scientifiques : sans abandonner leur propre scientificité, ils sont en pleine interaction avec la communauté scientifique internationale dans plusieurs champs d’investigation. Beaucoup sont très attentifs aux recherches génétiques en cours pouvant approcher des racines de ce qu’ils ressentent depuis longtemps en termes de vulnérabilité ou de prédispositions particulières. Nous souhaitons que ces dialogues tels qu’ils sont déjà instaurés dans plusieurs équipes, notamment autour du diagnostic précoce, se développent pour le plus grand bénéfice des patients de plusieurs pathologies, sans restriction d'ailleurs à la seule problématique de l’autisme. Certaines thérapies cognitivo-comportementales, comme les « thérapies d’échange » (C. Barthélémy, Tours) sont très intéressantes.

Les signataires affirment qu’ils ne soutiennent pas l’idée d’une psychogenèse purement environnementale de l’autisme, ni non plus l'attitude qui consisterait à  « attendre la demande »,  attitude peut-être appropriée pour d’autres pathologies, alors qu’il faut au contraire aller chercher les sujets avec autisme de manière très vivante (A. Alvarez[10] et autres), et la mieux ajustée possible, ce qui nécessite une coopération étroite avec les parents avec un véritable accompagnement de leurs difficultés.

QUE LES PROFESSIONNELS DE DIVERSES ORIENTATIONS, ACTUELLEMENT EN RECHERCHES INTENSES, SE RASSEMBLENT DAVANTAGE POUR ENTRECROISER LEURS POINTS DE VUE EN RENONÇANT À DES EXCLUSIVES QUI RETARDENT L’AMÉLIORATION, QUALITATIVE ET QUANTITATIVE, DES SOINS, DE L’ÉDUCATION ET DE L’INSTRUCTION, TROIS DOMAINES DEVANT ÊTRE CONJUGUÉS, COMME NOTRE EXPÉRIENCE ET NOS SUPERVISIONS NOUS LE MONTRENT, POUR DONNER LEUR MEILLEURE CHANCE AUX ENFANTS, ADOLESCENTS ET ADULTES SOUFFRANT D’AUTISME.

Pr M. Amar (Nantes), Dr V. Damato (Naples), D. Amy, Dr D. Arnoux, Pr A. Aubert-Godart, P. Barrows (Londres), Pr P. Bizouard (Besançon), Dr E. Castex, M.-Ch. Choppy, Dr G. Crespin, Pr P. Delion (Lille), Dr A. Eiguer, Dr A. Feugère-Engel, Dr V. Flavigny, Dr J. Fortineau, Drs S. et Ch. Frisch (Luxembourg), Pr B. Golse, J.L. et A. Goyena, Dr G. Haag, Pr ém. J. Hochmann (Lyon), Pr D. Houzel (Caen), D. Huon, Dr F. Jardin, Dr M.-Ch. Laznik, Dr B. Lechevalier (Caen), Dr E. Lefort (Corrèze), Dr B. Lehalle, Dr  A.-Y. Lenfant (Lille), Dr S. Lepastier, Dr A. Lévy, Dr S. Maiello (Rome), Pr O. Maratou (Athènes), Dr C. Masson, D. Mellier (Lyon), S. Messeca (Naples), Dr E. Moussaoui (Caen), Dr N. Nakov (Metz), A. Namer, Dr L. Ouss, P. Poyet (Blois), R. Prat, Pr J.-Ph. Raynaud (Toulouse), Dr D. Ribas, Pr M. Rhode (Londres), J. Rochette, Dr D. Rosenfeld (Buenos-Aires), Dr R. Sandri (Bruxelles),  C. Sternis, H. Suarez-Labat, Dr C. Tabet (Lens), Pr S. Tordjman (Rennes),  Dr B. Touati, J. Tricaud, S. Urwand, Dr A.-M. Vaillant (Corrèze) (l’absence d’indication de localité signifie Île de France).

[1] Tustin F. (1981), trad. 1986, Les Etats autistiques chez l’enfant, et 3 autres livres, Paris, Le Seuil

[2] Meltzer D. (1975), trad. 1980, Explorations dans le monde de l’autisme, Paris, Payot.

[3] Haag G. (2000), Le moi corporel in L’enfant, ses parents, et le psychanalyste, C. Geissmann et D. Houzel eds, Paris, Bayard.

(2005), Comment les psychanalystes peuvent aider les enfants avec autisme et leurs familles, in Médecine et Enfance (n° de mai) et in Autisme : état des lieux et horizons, 31520 Ramonville, Erès

[4] Hochmann J., 2004, Au risque de la psychiatrie communautaire : une expérience de suivi au long cours d’enfants, puis d’adolescents autistes, Revue Sesame autisme, n° 152.

[5] Amy D. (2004), Comment aider l’enfant autiste ?, Paris, Dunod

[6] Delion P. et coll., 1998, Les bébés à risque autistique, Erès.

[7] Crespin G., 2004, Aspects cliniques et pratiques de la prévention de l’autisme, Cahiers de Préaut, Paris, L’Harmattan.

[8] Williams D. (1992) trad. Si on me touche, je n’existe plus, Paris, R. Laffon

[9] Haag G., avec le soutien de 160 collègues et de quelques chercheurs non psychanalystes : Réflexions de  psychothérapeutes de formation psychanalytique s’occupant de sujets avec autisme, Carnet PSY mars 2005, cf. Le Monde, 18/05/05, par C. Vincent.

[10] Alvarez A. (1992), trad. 1997, Une présence bien vivante, 56260 Larmor-Plage, Le Hublot.

http://old.psynem.org/Cippa/Presentation/Non/index.htm

12 décembre 2011

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 11 décembre 2011

Ensemble, c’est tout!

C’était chouette, ce 8 décembre. A Paris, à Lille. Dans le froid, et parfois entre les gouttes (conséquence sans doute de mes prouesses vocales – pour info, mon frère biologique est ténor professionnel, j’ai donc juste honte).

C’était un moment de communion. Communion d’intérêts, d’envie, d’énergies.

C’était un mouvement spontané, en dehors des mouvements associatifs, une démonstration bon enfant de notre détermination. C’était bien sympa, mais il ne faudra pas s’arrêter là. Il faut maintenant que les professionnels, les associations, les comités de recherche, les personnes qui font autorité dans le domaine de l’autisme, sortent du bois, et osent apporter leur soutien publiquement à notre mouvement. Estève Freixa i Baqué, Jacques Van Rillaer, Vinca Rivière, Thomas Bourgeron, Berbadette Roger, notamment, ont apporté leur soutien, soit en participant aux rassemblements, soit en adressant un document écrit à Sophie Robert.

Nous sommes nombreux à avoir des activités associatives, à rencontrer chaque jour des professionnels. Demandons leur de prendre officiellement position!

Quelle est la position de l’ARAPI, de Sésame Autisme? Quelle est la position de votre pédopsychiatre? De votre neurologue? Quelle est la position du Centre de Ressources Autisme qui a diagnostiqué votre enfant? Quelle est la position de votre pédiatre? De votre psychomotricien? De votre orthophoniste?

Recueillez leur témoignage, leur soutien, leur position. Les grands noms anglo-saxons soutiennent le Mur. La plus grosse organisation mondiale associative, Autism Speaks (un million de personnes consultent son blog), soutient aussi le Mur. C’est le moment ou jamais de s’activer!

Une telle occasion de démontrer l’absurdité et l’inefficacité du système français ne se présentera pas plusieurs fois. Jacques Alain Miller a déclenché un effet Streisand, profitons de cette opportunité et impliquons-y les professionnels.

On va briser le Mur si l’on s’y met ensemble. C’est tout!

http://autismeinfantile.com/informations/actualites/ensemble-cest-tout/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AutismeInfantile+%28Autisme+Infantile%29

11 décembre 2011

article publié dans le nouvel observateur le 9 décembre 2011

Autisme : feu sur la psychanalyse

Publié le 09-12-11 à 18:58    Modifié le 10-12-11 à 19:35     par Le Nouvel Observateur  

Les adeptes de la théorie freudienne sont mis en cause dans un documentaire promu par des parents partisans d'une approche beaucoup plus pragmatique. Par Jacqueline de Linares.

Pénélope, une autiste de 9 ans à Paris (JOEL SAGET / AFP)
Pénélope, une autiste de 9 ans à Paris (JOEL SAGET / AFP)

La salle était pleine de parents, jeudi 8 décembre devant le tribunal de Lille. Les parents d’autistes, dont certains brandissaient à l’extérieur des photos de leur enfant, étaient venus en nombre soutenir la documentariste Sophie Robert, poursuivie par trois psychanalystes, interviewés dans son documentaire "Le Mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme".  

Trois membres de l’Ecole de la Cause Freudienne demandent  le retrait de leur interview ou, à défaut, l’interdiction du film, estimant  que leurs propos ont été "défigurés" au montage. Qu’il "ridiculise" la psychanalyse. Dans le documentaire, montage brut de réponse aux questions de Sophie Robert, on entend des morceaux d'anthologie tels que : "Ils [les enfants autistes] sont restés dans l'utérus, pourquoi voulez-vous qu'ils parlent ?" Ou bien : "Avec un enfant autiste, j'en fais très peu. Je pose mes fesses, je me mets à côté de lui et j'attends." Le tribunal, qui rendra sa décision le 26 janvier, doit décider si Madame Robert est sortie des autorisations de tournage signées par les plaignants. Mais en réalité, derrière ce procès, c’est toute la question de l’approche de l’autisme qui est en jeu.

Quand des psychanalystes prétendent soigner l’autisme comme une maladie mentale, les parents réclament pour soigner leurs enfants le recours aux méthodes comportementalistes basées sur la rééducation et la répétition utilisées à l’étranger, et selon eux, beaucoup plus efficaces. Or, depuis plusieurs années, la guerre fait rage en France entre psychanalystes et comportementalistes. A Lille, la salle a frémi lorsque le défenseur des psy, Maitre Christian Charrière-Bournazel, a déclaré, évoquant les méthodes comportementalistes utilisées pour les autistes : "Répéter et apprendre des gestes comme on dresserait un chimpanzé".

"On nous a exclus, critiqués", déplorent les parents d’autistes

Les parents d'autistes sont très en colère contre la psychanalyse. Ils accusent les soignants inspirés par les théories freudiennes de continuer à les mettre en cause. "Avez-vous fait cet enfant par amour ? " se sont entendus dire ces parents, interdits par la psychologue de ce CHU parisien. Impavide, elle insistait. "Notre enfant se tapait la tête contre les murs et, en gros, on nous accusait de sa maladie", se souvient Florent Chapel, délégué général du collectif Autisme, regroupement de presque toutes les associations de parents.

Sybille, elle, raconte sa convocation à l'hôpital psychiatrique pour la prise en charge de son enfant autiste. Une horreur. Le bébé était-il désiré ? La mère avait-elle été heureuse pendant sa grossesse ? Avait-elle aimé sa propre mère ? Insinuant, le psychiatre lui parlait d'elle. Mais pas de son enfant. Sybille a claqué la porte de l'hôpital. Sur internet, les témoignages affluent : "Nous aussi, on nous a exclus, critiqués ! Ne nous laissons pas faire !"

Plus personne ne soutient, à l'instar du psychanalyste américain Bruno Bettelheim, que les autistes sont victimes de mères castratrices et dépressives. En pratique, pourtant, les parents reprochent aux adeptes de Freud de traiter l'autisme comme une maladie mentale et non pas un handicap, "comme s'ils n'avaient pas intégré depuis vingt ans les nouvelles connaissances sur le rôle de la génétique dans cette maladie", explique Marcel Hérault, président depuis quinze ans de Sésame Autisme. Ils accusent, surtout, "la toute-puissance de la psychanalyse en France d'empêcher l'introduction de méthodes éducatives comportementalistes qui feraient beaucoup mieux progresser nos enfants", selon Florent Chapel.

"La prise en charge de nos enfants, c’est la loterie"

Nombre de psychanalystes revendiquent de ne pas faire pression sur l’enfant au nom du respect du "sujet". Ou de l'idée selon laquelle l'autisme résulterait d'un "refus résolu" de l'enfant d'entrer en relation avec le reste du monde. Une non intervention qui fait bouillir les parents.

Les parents d'autistes ne digèrent pas, non plus, de se sentir si souvent mis en cause dans la maladie de leur enfant. Parano de parents écorchés ? Pas vraiment. "Les réflexions des psychiatres, des psychologues, des éducateurs, suggèrent souvent que le comportement des parents entrave le développement de l'enfant", écrit la chercheuse Brigitte Chamak (1), après une plongée dans une dizaine d'établissements hospitaliers ou médico-sociaux traitant de l'autisme. Pis, dans "les services qui adoptent une approche psychodynamique" [d'inspiration psychanalytique NDLR], la plupart des parents "n'avaient pas reçu de diagnostics". Comme si l'annonce de la maladie aux parents risquait d'empirer ou de figer la situation. Refus de diagnostic, soupçons d'incompétence, méfiance... "Cette approche va rie beaucoup selon les services, les établissements, dit Marcel Hérault. En France, faire prendre en charge son enfant, c'est la loterie."

Vincent Gerhards, président du collectif Autisme, journaliste à France Télévisions, a découvert en voyageant que la France est un des derniers pays où la psychanalyse a une telle importance pour traiter cette pathologie. "Ailleurs, on applique les méthodes d'origine comportementaliste", explique-t-il. Fondées sur la rééducation, la répétition, l'entraînement, voire les punitions et les récompenses - ce que déplorent leurs adversaires -, elles ont pour nom Teacch (Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children), ABA (Applied Behavior Analysis), Pecs (système de communication alternatif)... Elles représentent le diable pour les intégristes des théories freudiennes, qui crient au "dressage", persuadés d'être le dernier rempart humaniste contre ces formes de "conditionnement". "Mais avec cet entraînement, nos enfants se sont mis à parler, devenir propres, à s'habiller seuls, lacer leurs chaussures, communiquer", hurlent les parents du collectif Autisme, brandissant dix exemples d'enfants ainsi sortis du silence ou devenus un peu plus autonomes.

"Un bric à brac d’arnaques en tout genre"

Problème. Faute de trouver ces approches dans les circuits psychiatriques où on les envoie, les parents les plus nantis sont prêts à se précipiter dans toutes sortes de cabinets privés. Avec deux risques : "D'abord, croire qu'il existe des solutions magiques", comme dit Marcel Hérault. De l'autiste de haut niveau à l'enfant qui n'accédera jamais au langage même avec la rééducation comportementale, chacun évoluera différemment. Autre danger : que les charlatans occupent le créneau que les parents ne veulent plus laisser à la psychanalyse. Mère d'un enfant qui ne parlait pas, avant d'être pris en charge en Israël, Olivia Cattan est allée étudier les méthodes à l'étranger. Elle en est revenue avec une pétition, qu'elle a fait signer notamment par Sandrine Bonnaire, soeur d'une autiste, et Francis Perrin, dont le fils est atteint. "L'autisme est devenu un véritable 'marché' pour certains, un bric-à-brac d'arnaques en tout genre entre formations bidon et remèdes miracles", dit la pétition. L'enjeu n'est pas mince alors que d'ici à quelques mois, la Haute Autorité de Santé doit se prononcer sur l'accompagnement de l'autisme.

Jacqueline de Linares - Le Nouvel Observateur 

(1)  "L'autisme dans un service de pédopsychiatrie", "Ethnologie française 3", 2009, pp. 425-433.

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20111209.OBS6415/autisme-feu-sur-la-psychanalyse.html

9 décembre 2011

article publié dans leParisien.fr le 8 décembre 2011

Psychanalystes et familles d'enfants autistes se sont affrontés jeudi à Lille sur la prise en charge de l'autisme en , à travers le procès d'une documentariste accusée d'avoir dénaturé les propos de psychanalystes.
Sophie Robert était assignée au civil devant le tribunal de grande instance de Lille par trois psychanalystes qui l'accusent d'avoir "défiguré" leurs propos dans son "Le Mur, la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme", pour lequel ils ont été interviewés avec une trentaine de leurs confrères.
Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens demandent le retrait de leurs interviews ou à défaut l'interdiction du , diffusé sur internet, ainsi que des dommages et intérêts.
Leur avocat, Me Christian Charrière-Bournazel a dénoncé "une entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse", devant une salle pleine à craquer de parents d'enfants autistes, venus soutenir Mme Robert.
Selon le conseil, "certaines questions ont été coupées au montage et d'autres plaquées dessus", alors que la défense parle d'une retranscription "fidèle". La justice a déjà saisi les rushes du tournage pour les comparer à la version montée.
Le tribunal doit déterminer si Mme Robert est sortie des autorisations de tournage signées par les plaignants, et si les interviewés peuvent être considérés comme co-auteurs du film et en empêcher la diffusion.
Dans le documentaire, des psychanalystes attribuent une origine psychique à l'autisme, qui pourrait être la conséquence d'une dépression maternelle ou d'un refus de l'apport masculin pour la conception. Certains parlent de mère "psychogène", de "stade de folie transitoire" de la mère, voire de "désir incestueux".
Le film oppose cette vision à des méthodes comportementales appliquées par certaines familles, basées sur des recherches qui estiment que l'autisme est d'origine génétique. Par conséquent, il "participe au débat public" sur le sujet, selon Me Titran, avocat de la réalisatrice du documentaire.
"La médecine officielle envoie les familles vers des psychiatres qui sont très souvent des analystes", a expliqué Arnaud Ribert, porte-parole d'un collectif d'association, qui demande que le documentaire "soit largement diffusé pour que les parents puissent avoir le libre choix de la prise en charge de leur enfant".
Pour Mme Solano-Suarez, le film tente de montrer "que nos traitements sont passéistes et que nous culpabilisons les parents".
Le jugement a été mis en délibéré au 26 janvier.

http://www.leparisien.fr/lille-59000/autisme-les-traitements-par-la-psychanalyse-en-filigrane-du-proces-d-un-documentaire-08-12-2011-1760002.php?mid=54

9 décembre 2011

article publié dans la Voix du Nord le 9 décembre 2011

VIDÉOS - Pour « Le Mur », film controversé sur l'autisme, deux procès en une seule audience

vendredi 09.12.2011, 05:25- LAKHDAR BELAÏD

 À l'extérieur du palais de justice, un comité de soutien à Sophie Robert. PHOTO PATRICK JAMES À l'extérieur du palais de justice, un comité de soutien à Sophie Robert. PHOTO PATRICK JAMES

| TRIBUNAL DE LILLE |

Combat d'images. Combat autour d'images et de leur éventuel galvaudage. Impossible de trouver un siège, hier après-midi, dans la salle des audiences civiles du palais de justice de Lille. La plupart ont déjà été pris d'assaut par des adultes ayant épinglé des larges photos d'enfants à leur col. Une coutume malheureusement banale chez les proches de personnes kidnappées. Ou prises en otage. ...

 

Face à ces parents, aussi bien Christian Charrière-Bournazel, l'avocat de trois psychanalystes ayant saisi la justice, que la présidente Elizabeth Polle, le martèlent : « Il ne s'agit pas de faire le procès de l'autisme ou de la manière dont on pourrait le soigner. » En 2010, la productrice Sophie Robert contacte une série de psychanalystes. « Il s'agit de préparer un documentaire », explique Christian Charrière-Bournazel, insistant sur la neutralité induite dans le terme « documentaire ».


le mur : la psychanalyse à l'épreuve de... par autisme_info31

Un an plus tard, le film Le Mursort avec, en jaquette, le commentaire : « Sophie Robert a réalisé une longue enquête auprès d'une trentaine de pédopsychiatres-psychanalystes, dont quelques-uns parmi les plus grands spécialistes français de l'autisme, afin de démontrer par l'absurde - de la bouche même des psychanalystes - l'inefficacité de la prise en charge psychanalytique de l'autisme. » Reconnus par leurs pairs, réputés sur le plan international, Esthela Solano-Suarez, Éric Laurent et Alexandre Stevens saisissent la justice. « On a le droit de trouver la psychanalyse absurde et de le dire, résume leur avocat. Mais pas de piéger les gens ! »

Après avoir récupéré les six heures de rushes de ses clients et les avoir croisés avec le film, Christian Charrière-Bournazel se sent à l'aise pour dénoncer des coupures ou des ajouts de questions dénaturant les propos. Le film doit donc être interdit. Du moins, tant que ses clients y apparaissent.
le mur : la psychanalyse à l'épreuve de... par autisme_info31

« Conditionnement »

En face, Benoît Titran, défenseur de Sophie Robert, ou Lætitia Benard, avocate de l'association Autistes sans frontières, on parle bien droit à l'image. Et, pas mal aussi, de critiques subies par la France sur le traitement de l'autisme. « Là, le tribunal n'est pas compétent », rappelle la juge.

On touche pourtant le point douloureux. Dans la salle, les techniques cognitivo-comportementales (TCC) comptent plus d'un adepte. Jugement de l'avocat des plaignants : « Répéter et apprendre des gestes comme on dresserait un chimpanzé... » Houle horrifiée dans le public. À l'extérieur, une praticienne des TCC évoquera, elle, une thérapie par le « conditionnement ». « Parlons plutôt d'apprentissage ! », la corrige aussitôt un collègue. Décision le 26 janvier.


Le mur : la psychanalyse à l'épreuve de... par autisme_info31

 

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/12/09/article_pour-le-mur-film-controverse-sur-l-autis.shtml?mid=54

9 décembre 2011

article publié dans libération le 8 décembre 2011

Autisme : «dogmatismes» en duel au tribunal de Lille

Plainte. Interrogés pour un documentaire, des psychiatres contestent la dénaturation de leurs propos et demandent l’interdiction du film.

Par STÉPHANIE MAURICE LILLE, de notre correspondante

Un procès pour tentative de «ridiculiser la psychanalyse» : c’est ce qui arrive à la documentariste Sophie Robert, assignée aujourd’hui au tribunal de grande instance de Lille pour son film, visible sur le Net, le Mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Trois psychiatres, Estela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, lui reprochent d’avoir «dénaturé» leurs propos. Ils demandent l’interdiction du documentaire, arguant qu’ils sont les auteurs des interviews et ont un droit de regard sur leur utilisation. «J’aurais escamoté des propos qui font que ce qu’ils disent n’est pas ridicule», ironise Sophie Robert.

Le film dénonce le même message, répété de psychanalyste en pédopsychiatre : les enfants autistes sont victimes d’une mère soit trop froide soit trop chaude et s’enferment dans une bulle. «Le grand public ignore que, pour les psychanalystes, les mères sont pathogènes par essence, s’enflamme Sophie Robert. J’ai fait un film qui ne les condamne pas. Ils se condamnent tout seuls avec leurs propos.»

«Financeur». Sauf que les intéressés ne s’y reconnaissent pas. «Ces théories sont totalement dépassées», affirme le professeur Pierre Delion, pédopsychiatre au CHRU de Lille. Et ce serait «calomnieux» de faire croire l’inverse. Interviewé par Sophie Robert, il n’a pas porté plainte mais s’est senti «victime d’un abus de confiance», avec l’utilisation de «cinq secondes d’entretien totalement détachées du contexte». Il dénonce le face-à-face du docu entre la psychanalyse «inefficace» et les méthodes comportementalistes, Aba ou Teach, que la réalisatrice plébiscite.

La thèse de la prédominance des méthodes comportementalistes sur la psychanalyse est portée par l’association de parents d’autistes, Autismes sans frontières, «financeur principal du film», reconnaît Sophie Robert, qui assume son parti pris. Dans les hôpitaux, ces méthodes comportementalistes, basées sur la répétition des mêmes gestes, tiennent leur place à côté du thérapeutique, présent «si nécessaire», selon le professeur Delion, qui souligne : «La psychanalyse sert à comprendre ce qui se passe entre l’enfant et ses accompagnants. Elle n’est pas dans l’explication des causes de l’autisme.»

Génétique. Il est désormais acté que l’autisme a une cause génétique. Les psychanalystes qui attaquent, proches de l’Ecole de la cause freudienne (gardiens des œuvres de Lacan), refusent de s’exprimer. Un connaisseur du dossier, psy, soupire : «Ils adorent les procès. Cette affaire, c’est la rencontre entre deux dogmatismes», l’Ecole de la cause freudienne contre les comportementalistes. Il conclut : «Les modérés sont pris entre les deux comme dans un casse-noisettes.»

http://www.liberation.fr/societe/01012376312-autisme-dogmatismes-en-duel-au-tribunal-de-lille

9 décembre 2011

article publié sur le site de l'Ecole de la Cause Freudienne le

Petite note sur l'autisme chez Lacan

Jean-Pierre Rouillon

Petite note sur l'autisme chez Lacan - Jean-Pierre Rouillon- membre de l'ECF

Si l’autisme reste pour celui qui fait la rencontre d’êtres parlants qui en sont affectés, une énigme, le terme même d’autisme est un paradigme de la façon dont la question du mental est traitée dans nos sociétés modernes.
C’est en effet, à partir de la question de l’autisme, que la notion de maladie mentale, pour ce qui concerne les enfants, est devenue obsolète, qu’elle a laissé progressivement la place à la dimension du handicap. Le handicap qui trouve sa cause hypothétique dans les profondeurs du corps, entre neurones et gènes, vient nommer un déficit, un dysfonctionnement qu’il s’agit de compenser par la voie d’apprentissages permettant à l’autiste d’accéder à l’autonomie, ce qui est un comble pour celui qu’on définit comme en retrait de tout lien social.
Dès son plus jeune âge, il s’agit de donner un diagnostic à ses troubles, il s’agit de le stimuler, de le soumettre à des apprentissages afin qu’il sorte de son monde, afin qu’il puisse vivre dans le nôtre en se sentant utile. On devine qu’il s’agit là d’une tâche infinie qui laisse peu de repos aux différents protagonistes de cette aventure qui se décline en livres, reportages et témoignages.
 C’est l’autre versant que nous dévoile l’autisme. Il ne s’agit plus d’une question de spécialistes, il ne s’agit plus non plus d’une question dont se saisit la société pour s’interroger sur l’humaine condition, il s’agit d’un fait de société qui trouve sa pleine expansion dans les médias, sur les sites internet. On y trouve une somme d’informations, d’affirmations, de conseils, de manuels dont la série ne converge pas toujours vers le sérieux, mais le plus souvent vers la revendication et l’invective. C’est le signe d’une souffrance qui touche au plus profond de leur être, les personnes qui sont concernées d’une façon ou d’une autre par cette expérience qui renvoie aux confins de l’intime. Ainsi l’autiste, dans une société qui a fait de la communication sa valeur la plus fondamentale, est le signe, le symptôme de l’impasse où vient s’inscrire une des faces de l’impossible à supporter.
Le psychanalyste, averti par Freud de l’irréductible du malaise de la civilisation, pourrait se contenter d’interpréter ce signe en le renvoyant à chaque fois à la constellation particulière qui a prévalu à son émergence, donnant ainsi sens à ce qui a fait trou dans l’histoire. C’est d’ailleurs, ce qu’il n’a pas manqué de faire en inscrivant la causalité dans le registre de l’événementiel et de l’histoire familiale. Les élèves de Freud, dans leur volonté de nouer la psychanalyse à la psychologie, dans leur souhait d’effacer la dimension de scandale que présente l’invention de la psychanalyse, se sont d’abord livrés à une lecture développementale de l’autisme, trouvant alors son origine dans la relation, ou plutôt l’absence de relation de l’enfant à la mère. Cette lecture qui épousait de façon trop parfaite l’air du temps, ainsi qu’en témoignent les articles de Kanner, faisait certes sens, mais ne permettait en rien de mettre en œuvre un traitement psychanalytique de l’autisme, de fait de s’égarer dans les chemins illusoires de la régression et de la réparation. Cette déviation de la voie psychanalytique devait d’ailleurs se payer au prix fort, par la mise en cause de la psychanalyse comme méthode inadaptée au traitement de l’autisme.
C’est justement cette déviation de la psychanalyse que Lacan a critiquée dès le début de son enseignement non seulement de façon théorique, mais en nous donnant des indications précises sur le traitement analytique des enfants. Un certain nombre de ces indications concernent la question de l’autisme, et l’on doit prendre en compte le fait que dès le Séminaire I1, Lacan consacre deux leçons de son Séminaire à des cas d’autisme, le cas Dick et le cas du petit Robert. Dans ces deux leçons, Lacan nous donne une description précise du monde dans lequel vit l’autiste, un monde où tout le symbolique est réel et où l’imaginaire ne trouve pas forme dans la relation spéculaire. Pourtant là où l’on ne voit qu’agitation et destruction au niveau des comportements, qu’égarement et détresse, Lacan prend acte de la présence d’un sujet qui se défend contre le réel sans loi auquel il est soumis. Il se guide non pas sur ce qui fait défaut à ce sujet embrouillé, sur ce qui lui manque alors qu’il est aux prises avec le réel, mais sur ce qui le relie à la communauté humaine. Ce qui le relie, c’est un mot « Le Loup », mot où la loi vient se présentifier sur son versant insensé. L’autiste a ainsi affaire au surmoi, non celui de l’Œdipe qui ordonne le désir à la loi, mais un surmoi féroce qui le livre à la jouissance de l’Autre. Ce signifiant insensé qui le soumet à tous les égarements est pourtant aussi bien celui qui va le soutenir dans son opération d’élaboration du monde dans lequel il a été jeté dès lors que l’analyste, Rosine Lefort, consent à l’incarner dans sa rencontre avec le sujet. Elle peut l’incarner en nommant les unes après les autres, les diverses tentatives de ce sujet pour faire trou dans le réel. C’est ce qui lui permet de se livrer à cette scène du baptême où son corps peut enfin prendre forme d’extraire l’objet qu’il était face à la gueule béante de l’Autre.
Nous trouvons ainsi dès ce premier séminaire ce qui oriente le psychanalyste dans sa rencontre avec l’autiste : l’autiste a affaire au signifiant, il est comme tout sujet, effet du signifiant, et l’analyste ne doit pas reculer devant le fait de lui dire quelque chose. Lacan précisera ensuite la nature du signifiant en jeu dans l’autisme2, puis ce en quoi consiste le dire dont il s’agit.
Le signifiant, dans l’autisme, ne se présente pas sur son versant d’articulation, sur son versant de sens. Il se présente comme unique, comme tout seul, aussi bien sur le versant du commandement que sur le versant d’une satisfaction liée à ce qui résonne de sa substance sonore. Quant au dire, il ne doit pas se situer dans les rivages du sens, mais ouvrir par la voie du redoublement à l’émergence d’une écriture singulière où ce qui s’entend peut trouver à se satisfaire dans une adresse à l’autre. C’est dans cette adresse à l’autre que vient se dessiner le lieu d’une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être. C’est cette voie qui permet au sujet autiste de construire un espace où s’appareiller dans son rapport au réel. Ce n’est pas le langage qui structure le monde de l’autiste, mais sa langue particulière, dès lors qu’elle lui donne matière à trouver une satisfaction dans un dialogue avec l’autre, satisfaction qui vient faire limite à l’exigence infinie de la jouissance.
Le psychanalyste ne doit pas reculer devant l’autisme. C’est en effet, à partir de ce qu’il a pu extraire de sa propre analyse, qu’il peut offrir au sujet autiste qui y consent, la chance d’un dialogue au cours duquel peut se tisser dans une adresse inédite, une voie enfin singulière au-delà de la pulvérulence des entendus.          

1- Jacques Lacan : Séminaire I : Les écrits techniques de Freud, Seuil, 1975. Chapitres VII et VIII.
2- Jacques Lacan : Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil , 1973, chapitre XVIII.

Bibliographie
Jacques Lacan, « Allocution sur les psychoses de l’enfant » in Autres écrits, Seuil, 2001.
Jacques Lacan : « Conférence à Genève sur le symptôme » in Le bloc-notes de Psychanalyse, n°5, 1985. 
Rosine et Robert Lefort, Naissance de l’Autre, Seuil, Paris, 1980   

http://www.causefreudienne.net/etudier/essential/petite-note-sur-l-autisme-chez-lacan.html?mid=54     

9 décembre 2011

article publié dans la-Croix.com le 8 décembre 2011

Audience tendue autour d’un documentaire sur l’autisme

Jeudi 8 décembre, trois psychanalystes ont demandé à la justice d’interdire un documentaire sur l’autisme, auquel ils reprochent de «ridiculiser» leur discipline.

Dans la salle du tribunal de Lille, de nombreux parents d’enfants autistes étaient venus soutenir l’auteur du film, Sophie Robert.

Devant le tribunal de grande instance de Lille (Nord), une quinzaine de familles d’enfants autistes sont venues manifester, le jeudi 8 décembre. Sur leurs pancartes, on pouvait lire «Quarante ans de retard dans la prise en charge de l’autisme, ça ne vous suffit pas ?», ou encore « Merci Sophie », en référence à Sophie Robert, l’auteur d’un documentaire très critique sur la prise en charge de l’autisme par la psychanalyse et qui, depuis sa diffusion sur internet cet automne, suscite une vive controverse

Jeudi 8 décembre, devant les juges, trois psychanalystes interviewés dans ce film ont ainsi tenté d’obtenir son interdiction, au cours d’une audience tendue. Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens reprochent en effet à Sophie Robert d’avoir dénaturé leurs propos et plus largement, d’avoir « ridiculisé » la psychanalyse.

Dans la salle comble, leur avocat, Me Christian Charrière-Bournazel a tout de suite précisé les limites du débat. « Nous ne sommes pas là pour faire le procès de l’autisme ou de la façon dont on pourrait le soigner ou le prendre en charge autrement » a-t-il commencé. L’avocat sait bien que le terrain est miné. En France, les associations de parents déplorent que de nombreux psychanalystes continuent à considérer l’autisme comme un trouble psychique lié à la mère alors que depuis plus de trente ans, la communauté scientifique internationale affirme qu’il s’agit d’un trouble neurologique d’origine génétique. 

« Outrage ou pas »

Mais, devant les juges, là n’est pas la question, rappelle l’avocat. Ce jeudi, il s’agit de déterminer si, comme il l’affirme, Sophie Robert a « fait outrage » aux droits fondamentaux de ses clients, à travers un montage « tripotage » dénaturant en profondeur leurs dires et leur pensée. A en croire Me Charrière-Bournazel, des phrases auraient été « coupées, exploitées, défigurées », des questions remplacées par d’autres, dans une « entreprise polémique » n’ayant d’autre but que de mettre à bas la psychanalyse. Il affirme, en particulier, qu’aucun des trois analystes ne considère que la mère a une responsabilité dans la pathologie de son enfant autiste, contrairement à ce qui ressort dans le film.

En face, Benoît Titran, l’avocat de Sophie Robert, nie toute dénaturation au montage. Il maintient ainsi que Esthela Solano-Suarez reconnaît « un lien de causalité entre le trouble maternel et l’autisme de l’enfant », de même que ses confrères. Laëtitia Bénard, qui défend l’Association Autisme Sans frontières, fait remarquer pour sa part que certains propos sont choquants en soi, quels que soient les mots que l’on place avant ou après. « La maternité est psychogène en soi », cite-t-elle en exemple, en référence à des déclarations entendues dans le film.

« Mais ce ne sont pas les propos de mes clients ! » , bondit l’avocat de la partie adverse, en rappelant que de nombreux médecins ont été interrogés dans le documentaire. La défense ne nie pas mais poursuit sur un autre terrain, celui de l’argent, en soulignant que l’accusation demande « 270 000 € en tout ». De quoi financer la prise en charge « d’une trentaine d’enfants autistes à l’école pendant un an », observe Me Bénard. La décision sera rendue le 26 janvier.

Marine LAMOUREUX, à Lille

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Audience-tendue-autour-d-un-documentaire-sur-l-autisme-_NG_-2011-12-08-745263

9 décembre 2011

article publié dans RUE89 le 8 décembre 2011

Autisme : trois psys répondent aux accusations du film « Le Mur »Partager l'article sur Facebook

Geneviève Haag
psychanalyste

A l'occasion du procès de la réalisatrice du documentaire « Le Mur » , dont l'audience se tient ce jeudi 8 décembre, et qui a suscité un important débat sur Rue89, nous donnons la parole à des psychanalystes membres de la Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA). L'un des signataires, Bernard Golse, est interviewé dans le film, mais ne le poursuit pas devant la justice. Le film accuse la psychanalyse d'apporter de mauvaises réponses à l'autisme infantile. Geneviève Haag et ses deux co-signataires répondent.

La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA), reconnaît la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien.

Les trois signataires de cet article

Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste. Elle a tenu la plume.

Bernard Golse, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Necker - Enfants malades (Paris) et membre du conseil d'administration de la CIPPA, et

Dominique Amy, présidente de la CIPPA et auteure de deux livres sur l'autisme.

Elle dénonce la condamnation abusive des « psychanalystes » et de « la psychanalyse » dans un amalgame autour de certaines formulations émises dans le documentaire « Le Mur ».

Il serait nécessaire de rétablir l'authenticité des propos émis par les interviewés car ceux-ci ont été coupés et remontés, certains fragments ont même été recollés de façon complètement déformante.

Ainsi, Bernard Golse dénonce le rapprochement de ses propos sur la biologie de la grossesse, indépendante des questions sur l'autisme, de propos parlant de mouvements inconscients de rejets du futur bébé. Il réfute le lien de causalité entre les mouvements inconscients de la mère dans la période prénatale et l'autisme.

Le courant que nous représentons, regroupement de praticiens résolus à améliorer leurs pratiques, ne se reconnait en aucune façon dans une série d'accusations.

L'accusation de la culpabilisation des parents

Dominique Amy souligne la nécessité de contacts fréquents avec les parents au cours des prises en charge en institutions. Elle insiste aussi sur le partage des observations et des tentatives de compréhension tenant compte des difficultés spécifiques de chaque enfant. La psychothérapie psychanalytique, individuelle et groupale proprement dite, loin d'être un placage d'une théorisation préalable périmée, est le lieu d'une observation très détaillée et patiente du langage corporel préverbal que les enfants eux-mêmes nous ont aidés à décrypter.

Les enfants cherchent ainsi à communiquer des vécus corporels pénibles (tomber, se répandre, perte du sentiment de peau, perte de sensation de certaines parties du corps), que nous verbalisons. Ces apports se relient très bien à toutes les recherches en cours - qu'elles soient cognitives, neuroscientifiques ou génétiques - sur les particularités sensorielles, perceptives et de représentation.

L'accusation d'empêcher les enfants d'accéder à l'éducation et à l'instruction

Nos membres proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant (comme décrit dans le livre Autisme : L'accès aux apprentissages d'Anne-Yvonne Lenfant et Catherine Leroy, 2011).

Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique.

L'accusation de l'isolement

La théorisation purement psychogénétique de l'autisme et l'ignorance ou le mépris des apports des recherches cognitivistes neurophysiologiques et génétiques ne nous concerne pas. Plusieurs d'entre nous ont participé au Réseau interdisciplinaire Autisme Sciences (RIAS, rattaché au CNRS), au Cercle de neuropsychologie et psychanalyse (CNEP).

Dans « Comment aider l'enfant autiste » (Dunod, 2004), Dominique Amy affirme que les recherches neurophysiologiques et génétiques mettent à juste titre les mères et les pères hors de cause concernant l'émergence de l'autisme chez leur enfant. Nous pensons cependant qu'ils ont à être très soutenus afin de les aider à mieux surmonter leur détresse, à comprendre les difficultés de leur enfant et à lui proposer un environnement adapté, avec des actions éducatives et thérapeutiques couplées à une scolarisation bien accompagnée (AVS et soutien du personnel enseignant).

L'accusation de refuser toute évaluation

Certes nous avons pris du retard en matière d'évaluations formalisées utilisant les outils recommandés. Dès sa fondation en 2004, la CIPPA a recommandé à ses membres les évaluations standardisées et beaucoup d'équipes se sont formées et/ou travaillent en coopération avec les Centres de diagnostic . Pour les psychothérapies proprement dites, nous participons au Pôle Autisme du réseau INSERM de recherche fondée sur les pratiques psychothérapiques.

L'accusation de ne pas solliciter des diagnostics

Il est faux de dire que nous ne proposons pas de prises en charge précoce, car bon nombre d'entre nous collaborons avec les PMI et les crèches afin de favoriser autant et dès que possible la prévention et les suivis nécessaires. Nous sommes en étroite liaison avec les recherches de l'association Préaut, de dépistage de l'autisme.

http://www.rue89.com/2011/12/08/autisme-des-psys-alertent-sur-les-meconnaissances-227345

7 décembre 2011

article publié sur le site de l'association CeRESA le 7 décembre 2011

Point de vue du Pr Bernadette Rogé concernant le Film "LE MUR"

Le_Mur_RogeJ’ai visionné le film intitulé « Le mur » et j’y ai relevé des propos totalement erronés d’un point de vue scientifique et relevant d’une prise de position idéologique en opposition avec l’intérêt des personnes atteintes d’autisme et de leurs familles :

L’autisme y est encore considéré comme une psychose, un refus de communiquer. L’organisation mondiale de la santé considère l’autisme comme un trouble neurodéveloppemental et la haute Autorité de santé a adopté ce point de vue dans les recommandations pour le diagnostic de l’autisme.

La dépression maternelle serait responsable de l’autisme : aucune donnée ne vient étayer cette affirmation. Cette déclaration concernant la responsabilité de la mère est pourtant assortie de considérations telles que « le symptôme qu’il lui est imparti d’avoir par le lien maternel », « une partie des gènes vient de la mère, une partie vient du père et la mère rejette cette partie, je ne reconnais pas ce bébé, je veux l’éjecter ». La mère est incriminée : «  la folie maternelle est à l’origine de l’autisme », « l’enfant est aliéné à la mère », « il pense qu’il est le phallus de la mère », «la mère est trop chaude ou trop froide », « la mère est du côté animal, le père est du côté de la culture ».Le père quant à lui serait là « pour interdire, protéger l’enfant du désir incestueux de la mère ».  Le père « a fait l’enfant, la mère nie son existence. Il est comme un figurant. Quand la mère considère la parole du père, l’enfant parle, si le père ne porte pas la fonction symbolique, il y a carence ». L’autisme proviendrait d’un état de fusion avec la mère.

 

Si l’on en croit ces affirmations, l’autisme s’installerait donc par un mécanisme psychologique. Tous les travaux de recherche montrent au contraire que l’origine de ce désordre est neuro-développementale. Là encore on relève des propos dogmatiques : « tant qu’on est fusionné dans l’autre on ne peut pas parler », « le cerveau… cette façon de concevoir la causalité de l’autisme est réductrice, les autistes sont malades du langage, ils ont une façon de se défendre de la langue ».

Les mères déjà tellement mises à mal par la difficulté qu’elles ont à élever un enfant différent n’ont pas à subir ce genre de jugements dénués de tout fondement et pourtant si destructeurs.

Lorsque les traitements sont abordés, on y entend que sont préconisés l’attitude d’observation, le retrait, l’absence de volonté éducative. Tout ceci est en contradiction flagrante avec ce que la communauté scientifique internationale préconise. Enfin, on apprend que la psychanalyse est en combat contre les techniques cognitivo-comportementales pour maintenir la subjectivité et que les résultats scientifiques ne changent pas la pratique des psychanalystes. Pourtant, des travaux scientifiques démontrent l’efficacité des techniques cognitivo-comportementales pour aider l’enfant à se développer et pour améliorer la qualité de vie des enfants et des parents.Lorsque l’on demande sur quoi reposent toutes ces affirmations, la réponse est « çà vient des écrits psychanalytiques », ce qui confirme l’absence de fondements scientifiques et la référence à des textes qui sont des élaborations intellectuelles dénuées de base empirique.

Les propos tenus traduisent une méconnaissance de l’autisme, une volonté de ne pas prendre en compte l’évolution des connaissances en termes de causes de l’autisme et de traitements.Il s’agit d’une attitude contraire à l’éthique et qui doit être dénoncée. Elle contribue largement à la détresse des parents et à la stagnation d’enfants dont le développement est entravé sévèrement si les interventions adaptées (qui font consensus au niveau international) ne sont pas appliquées.

Professeur Bernadette Rogé
Bernadette Rogé est professeur des Universités, psychologue, spécialiste de l’autisme. Elle travaille dans ce domaine depuis les années 80. Elle a effectué des formations spécialisées à l’Université  de Californie à Los Angeles, à l’Université de Chapel Hill en Caroline du Nord, à l’institut de psychiatrie de Londres, et plus récemment (cet été) au M.I.N.D. Institute à Sacramento (USA).Elle est présidente du Comité scientifique de l’arapi (association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations).  Elle a  été vice-présidente de l’aftcc (association française de thérapie comportementale et cognitive). Elle a participé au Consortium International de génétique moléculaire de l’autisme et au consortium international AGP (Autism Genome project). Elle a participé à de nombreux programmes de recherche européens sur l’autisme (Educautisme, Depistautisme, MOLGEN et en cours COST). Elle est donc au contact de la communauté scientifique internationale et  se  tient régulièrement informée  des avancées dans le domaine de l’autisme. Elle assure des enseignements dans le cadre du l’université de Toulouse le Mirail mais aussi à l’Université de Mons en Belgique et de Fribourg en Suisse. Elle a été professeure invitée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).Par ailleurs, elle travaille avec le CERESA (Centre Régional d’Education et de Services pour l’Autisme) où elle dirige un SESSAD (Service d’éducation et de soins à domicile) et une plateforme associative à Toulouse, et une structure expérimentale à Martel dans le lot.

http://ceresa.fr/actualites/autisme/128-point-de-vue-du-pr-bernadette-roge-concernant-le-film-qle-murq?mid=5489

6 décembre 2011

Âmes sensibles s'abstenir ....

6 décembre 2011

article publié sur le blog autiste en france le 4 décembre 2011

Journal " De standaard" - Samedi 3, dimanche 4 décembre 2011, p. 21-22.

 

La psychanalyse est-elle une pseudoscience dangereuse ?

Le front antifreudien

Joël De Ceulaer

 

En France, une violente bataille juridique s’est engagée autour d’un documentaire dans lequel un certain nombre de psychanalystes de renom parlent avec assurance. Dans notre pays aussi, la lutte concernant l’héritage de Freud n’est pas encore tout à fait terminée.

Ce sont des journées de haute tension pour Sophie Robert. Jeudi prochain, la journaliste française entendra du juge à Lille si son documentaire Le Mur sera oui ou non interdit. Trois des psychanalystes qu’elle a interviewés, exigent cette interdiction parce qu’ils estiment que Robert a découpé et composé leurs propos de façon à les rendre ridicules. Robert réfute ces accusations et dit que toutes ces déclarations sont représentatives de la psychiatrie française d’aujourd’hui. « J’ai tout simplement fait mon travail » dit Robert. « Si le juge me condamne, c’est la fin de la liberté de la presse. Alors il ne m’est plus possible de travailler. Et du coup ce sera aussi la fin du débat sur la psychanalyse. Car c’est, bien entendu, ce que veulent ces psychiatres : rendre le débat impossible ».

Le Mur dure cinquante minutes et est actuellement facile à trouver — depuis dailymotion.com à youtube.com. Le documentaire est entièrement consacré à l’autisme, plus précisément à la façon dont les psychiatres français le traitent. Selon Robert, ceux-ci sont en retard de quarante ans. Elle est soutenue dans cette thèse par l’Association Autistes sans Frontières, qui proteste déjà depuis longtemps contre la manière dont les psychanalystes conçoivent l’autisme. « L’interdiction du documentaire est “une fatwa” », dit la présidente Delphine Piloquet. « La grande force du Mur est que toutes ces affirmations révoltantes sont faites par des psychanalystes eux-mêmes ».

Les psychiatres qui apparaissent dans Le Mur, parmi lesquels aussi le Belge francophone Alexandre Stevens, semblent ignorer totalement ce que la recherche scientifique a montré : l’autisme est un trouble du développement qui est l’objet d’études de recherches neurologiques. Même un non-expert voyant ce documentaire ne peut qu’être ébahi devant la vision nébuleuse, brumeuse, que présentent des psychanalystes de renom — une vision qui renvoie au penseur légendaire Jacques Lacan.

Résumé brièvement : l’autisme est, selon eux, une psychose qui apparaît chez un nourrisson qui se referme sur lui-même pour se protéger contre l’invasion du monde extérieur. C’est surtout la mère qui porte une lourde responsabilité : l’enfant court un risque important de devenir autiste si elle est trop froide ou trop distante, ou si elle souhaite la mort de son bébé au cours de la grossesse. Ou encore des choses de ce genre. « Bah, dit en riant le psychologue belge Jacques Van Rillaer, professeur émérite à l’UCL, n’essayez pas de comprendre, c’est inutile. J’ai moi-même été lacanien et j’ai passé des milliers d’heures à chercher à comprendre. Et cela ne m’a pas réussi. En définitive c’est très triste. Je me souviens encore du temps où je voyais les parents d’enfants autistes quasi comme des malfaiteurs. Quant à ce que j’avais appris à cette époque de gens comme Lacan, c’était pour moi le catéchisme.

 

Un enfant dénié

Selon Jacques Van Rillaer, le film de Sophie Robert est assurément représentatif de l’état de la santé mentale en France. « Il y a dans ce pays encore plus de cinq mille analystes lacaniens, parmi lesquels des centaines ont été formés par Lacan lui-même. Mais une bonne partie d’entre eux n’a même jamais étudié la médecine ou la psychologie. En Belgique aussi l’influence de Lacan est encore très forte. Il y a une série de psychiatres et de psychologues qui ont reçu une formation à Paris, à L’Ecole de la Cause Freudienne, dirigée par le gendre de Lacan ». Van Rillaer trouve que ces psychanalystes forment une sorte de secte. « Je les compare à des Musulmans fondamentalistes. Bien évidemment ils ne sont pas aussi dangereux, mais ils sont presque aussi fanatiques. Et ils continuent à raconter les choses les plus folles. Les théories de Lacan sont basées sur le langage. Lacan disait que les jeux de mots sont “la clé de la psychanalyse”. J’ai connu un lacanien qui a dit à une femme qu’il n’était pas étonné que son fils avait des problèmes : elle l’avait appelé Denis. Selon cet analyste, en lui donnant ce nom, elle avait laissé entendre inconsciemment qu’elle n’avait pas désiré son fils, qu’elle l’avait déni-é. Si vous allez en thérapie chez des gens comme cela et que vous souffrez d’un véritable problème, vous courez assurément le risque de voir votre problème se compliquer.

Le psychanalyste Alexandre Stevens qui, avec deux collègues français, a introduit une plainte contre Sophie Robert, dirige dans le Hainaut un Centre résidentiel pour des enfants ayant des problèmes psychosociaux : Le Courtil. Hélas, malgré des tentatives répétées, il nous a été impossible d’obtenir de lui une réaction pour le présent article. Nous avons réussi à avoir deux fois en ligne, longuement, la psychologue flamande Nathalie Laceur, qui travaille au Courtil et qui connaît donc très bien Stevens. Mais elle aussi refuse de réagir : elle ne veut rien dire sur Le mur, ni sur le procès, ni même sur les critiques générales faites depuis longtemps à la psychanalyse.

En fait, ce conflit fait rage depuis longtemps. Au cours du XXe siècle, la psychanalyse, élaborée par Sigmund Freud il y a cent ans, a éclaté en une diversité d’Ecoles. Chacune avec son maître à penser — les noms les plus importants étant Alfred Adler, Carl Gustav Jung, Mélanie Klein et bien sûr : Jacques Lacan.

Que ces penseurs aient aujourd’hui encore tellement d’impact dans des cercles académiques, exaspère des gens comme Griet Vandermassen, philosophe et membre de Skepp, le Cercle d’étude pour l’évaluation critique des pseudosciences et du paranormal. Récemment encore, dans la revue de la pensée laïque De Geus, elle a publié un article très critique sur Freud et ses disciples. Elle y évoquait un sujet de discorde au sein de l’université de Gand. Il y a d’un côté des philosophes comme Vandermassen, Johan Braeckman et Maarten Boudry. Se trouve de l’autre côté notamment l’auteur et professeur Paul Verhaeghe, qui dirige une unité de psychanalyse et de consultation psychologique à la faculté de psychologie.

 

Conflits entre professeurs

Le débat est actuel. Un de ces jours doit paraître dans le Moniteur une offre d’emploi de chercheur pour l’unité de Verhaeghe. On cherche explicitement quelqu’un qui a l’expérience de la recherche empirique dans le domaine de la psychothérapie. Ceci suscite des résistances chez les sceptiques. « La psychanalyse était dès le départ une pseudoscience, écrit Vandermassen dans le numéro de septembre de De Geus. S’en tenir à ce cadre de pensée apparaît de plus en plus absurde lorsqu’on est informé de la croissance rapide des connaissances scientifiques sur le fonctionnement mental des humains et que l’on sait, par ailleurs, ce que la critique historique a dévoilé sur la manière dont Freud a travaillé. Freud a des mérites. C’était un excellent raconteur d’histoires et un écrivain doué. Il a contribué à répandre l’idée que nous ne sommes pas aussi rationnels que nous le croyons et il a fait de la sexualité un sujet moins tabou. Il a popularisé la thérapie verbale — mais ce n’est pas lui qui l’a inventée — et il a un grand impact culturel. Tout ceci ne signifie pas que sa théorie est valide. »

D’ailleurs ce n’était guère possible, écrit Vandermassen : « Le manque d’intégrité scientifique de Freud est saisissant. Il ne modifiait jamais ses théories en fonction de critiques ou de réfutations, mais seulement quand bon lui semblait. Les disputes internes n’étaient pas résolues par des débats, mais par des scissions. Aujourd’hui encore, la psychanalyse se caractérise par des luttes internes et des divisions ». Et du point de vue scientifique, elle laisse à désirer : « Il n’y a pas de développement d’hypothèses, pas de mises à l’épreuve expérimentale, pas d’utilisation de groupes de contrôles ».

Les psychologues, mais aussi les philosophes et les autres universitaires qui continuent à prendre au sérieux la psychanalyse doivent prendre la peine de réfléchir à ceci, conclut Vandermassen : « Une formation universitaire doit apprendre aux étudiants comment se défendre contre la pensée pseudoscientifique au lieu de l’encourager. Il faut enseigner aux étudiants comment démasquer les pseudosciences au lieu de les y plonger avec insistance ».

Paul Verhaeghe, connu notamment pour son livre, récemment paru, Het einde van de psychotherpie [La fin de la psychothérapie], a répondu par un article dans le numéro de novembre de De Geus, qu’il a signé avec deux jeunes collègues : « Les critiques formulées à l’encontre de la psychanalyse sont de l’ordre d’un préjugé et non de l’ordre de la critique scientifique ». Verhaeghe estime que des sceptiques comme Vandermassen forment un chœur de personnes prévisibles et mal informées : « Ce qui n’est pas clair, c’est si les membres de ce chœur ont une quelconque expérience clinique et/ou s’ils ont eux-mêmes réalisé des recherches empiriques. Le degré de simplisme et d’arguments bancals qu’avancent les critiques flamands de la psychanalyse ne nous rendent pas nostalgiques des cours de logique de leurs prédécesseurs, mais nous font retourner avec bonheur à l’œuvre de Leo Apostel et à la façon dont il a pu réserver une place à la psychanalyse dans la philosophie d’aujourd’hui ».

 

« Efficacité démontrée »

Renseignements pris, on apprend que Paul Verhaeghe n’est pas combattu au sein de la faculté de psychologie. Hors enregistrement, on vous fait tout de même cette critique qu’un psychanalyste parmi des psychologues est comme un astrologue parmi des astronomes. Mais personne ne vous le dit tout haut. Et l’estime paraît plus importante que la critique. Ceux qui travaillent dans l’unité de Verhaeghe doivent — comme tout universitaire — être capables de mener des recherches empiriques qui répondent aux critères de la méthode scientifique. Celui qui ne parvient pas à publier dans des revues de haut niveau n’est plus pris au sérieux. Verhaeghe est considéré comme l’homme qui a réussi, à l’université de Gand, à faire de la psychanalyse une discipline empirique.

Autrefois, dans les années septante et quatre-vingts, les tensions entre les psychologues gantois étaient parfois très vives, se rappelle le professeur émérite André Vandierendonck. « Le professeur Julien Quackelbeen était un vrai lacanien », raconte-t-il. « A cause de lui, la psychanalyse est restée longtemps le cadre de pensée dominant à Gand. Je partage les critiques de philosophes comme Griet Vandermassen. Du point de vue scientifique elle a parfaitement raison : la psychanalyse est une pseudoscience. Pendant longtemps, il n’était pas permis de tester les idées de Freud. Le maître avait toujours raison. Avec Lacan, c’était encore bien pire. L’homme racontait du pur non-sens, ses théories étaient réellement néfastes. Ceci a donné lieu, dans les années septante et quatre-vingts, à beaucoup de tensions au sein de la faculté ».

Aujourd’hui ce n’est plus le cas, dit Vandierendonck. « Je comprends parfaitement que des personnes se demandent si la psychanalyse a encore sa place dans une faculté de psychologie. En même temps, je suis convaincu que la faculté a toujours le souci de voir si l’on fait correctement du travail scientifique. Verhaeghe est l’homme qui a mis ce processus en route. Son unité a beaucoup évolué ».

Tout de même, c’est un bien petit monde que celui de la psychanalyse. Ainsi Nathalie Laceur ne travaille pas seulement chez Alexandre Stevens au Courtil, elle est également assistante pour des travaux pratiques dans l’unité de Paul Verhaeghe — mais sur ce point elle préfère ne rien dire au téléphone.

Paul Verhaeghe veut bien nous recevoir. Il ne veut pas réagir au film « Le Mur » (« Je n’ai pas vu le film »), il ne veut pas davantage parler du traitement de l’autisme (« ce n’est pas ma spécialité »), mais il veut bien encore réagir aux critiques incessantes des sceptiques. « Pour commencer, dit-il, “la” psychanalyse ça n’existe pas. De plus, je pense pouvoir faire moi-même de meilleures critiques à Freud que celles que font des gens comme Vandermassen. Dans mon unité, on fait des recherches qui paraissent dans des revues de haut niveau. L’efficacité de la psychanalyse a déjà été plusieurs fois démontrée. Malgré tout, il y a encore des personnes qui attaquent Freud de façon infantile. C’est une tarte à la crème ».

Selon Verhaeghe, un glissement de paradigme s’est opéré en psychologie au cours de la décennie passée : « Le modèle de la psychologie clinique a été remplacé par le modèle des sciences du comportement ». Avec toute une série de conséquences, dit-il : on utilise à tort et à travers des étiquettes — songez seulement à l’épidémie du trouble déficit de l’attention avec hyperactivité — et l’impact de l’industrie pharmaceutique sur la santé mentale est énorme. « Je propose que ces philosophes moralistes protestent plutôt contre cela », dit-il en ricanant. « En fin de compte, c’est ça leur mission ».

 

Du divan au prozac

Autrefois tout le monde passait par le divan. Aujourd’hui tout se monde se met au prozac. Sur ce point, Walter Vandereycken, psychiatre et professeur à l’université de Leuven [université de Louvain flamande], donne raison à Verhaegen sur un point. « Depuis des années, il y a en effet une lutte entre le courant psychanalytique et les sciences cognitives du comportement », dit l’auteur de Psychiaters te koop [Psychiatres à vendre], le livre dans lequel il dénonce l’impact de l’industrie pharmaceutique. « Mais en Flandre cette lutte appartient en grande partie à des temps révolus. Les sciences du comportement sont surtout une tradition anglo-saxonne. Cela explique que c’est surtout le monde francophone qui se cramponne à la tradition psychanalytique. En France, on n’a pas été capable ou on n’a pas voulu suivre ces chercheurs anglophones. »

« A cela il faut ajouter, dit Vandereycken, que la psychanalyse séduit fort les jeunes, parce qu’elle fournit un cadre de référence attrayant. Elle donne à penser, et pas seulement au psychologue. Vous trouvez chez des auteurs comme Freud et Lacan comme toute une vision du monde. Vous entendez parfois des étudiants dire que la thérapie comportementale a moins de profondeur ».

Selon Vandereycken, les parents flamands ne courent plus le risque d’entendre des psychiatres leur faire endosser la responsabilité de l’autisme de leur enfant. « Chez nous, fort heureusement, c’est devenu impensable. »

Si la France est prête à un renouvellement et à des formes de psychothérapie fondées scientifiquement, c’est ce que l’on le verra après le jeudi 8 décembre à Lille, quand le juge aura prononcé son jugement sur Le Mur de Sophie Robert. Comme il est absurde qu’un juge semble devoir prendre parti, indirectement, dans une dispute scientifique : en plus de la question de la liberté de la presse, toute une vision du monde est en jeu.

Traduction : Jacques Van Rillaer

http://autisteenfrance.over-blog.com/article-article-dans-le-meilleur-journal-belge-de-standaard-91162000.html

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