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"Au bonheur d'Elise"
le mur
9 février 2014

Autistes : une place à l'école pour 95 % des Français

article publié sur handicap.fr

 

Résumé : Selon un sondage, 95% des Français accepteraient que leur enfant soit en classe avec un autiste. Pourtant, dans les faits, les portes des écoles et centres de loisirs restent fermées. C'est ce que dénonce SOS autisme France dans deux vidéos.
 
Par le 09-02-2014
Réagissez à cet article !

La quasi-totalité des Français (95%) accepteraient que leur enfant soit en classe, en cours de sport ou de musique avec un enfant autiste, pour autant les troubles de ce syndrome restent très méconnus, révèle un sondage Ifop pour l'association SOS autisme en France. Selon ce sondage transmis mardi à l'AFP, seuls 5% imaginent qu'ils auraient peur de cette situation.

Six Français sur dix (59%) affirment par ailleurs avoir déjà rencontré dans un lieu public ou dans leur entourage une personne autiste. Mais plus de neuf sur dix sous-estiment leur nombre : 70% d'entre eux pensent qu'ils sont environ 100.000 ou moins, 21% environ 300.000 quand 7% seulement considèrent qu'ils sont environ 600.000 (soit la bonne estimation) et 2% environ un million.

Les Français apparaissent aussi divisés quant au fait de savoir si les autistes sont porteurs d'un handicap mental (32% affirment que oui, 54% que non), mais aussi quant à la possibilité pour eux de guérir de l'autisme (40% estiment que oui, 37% que non), révèle le sondage. Et quand une majorité de Français estime que l'autiste est quelqu'un de très calme avec les yeux dans le vague (53%), un quart le décrit comme une personne très agitée et plutôt violente (26%). Sondage réalisé en ligne du 22 au 28 novembre 2013 sur un échantillon de 1.002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"Les Français semblent ne pas avoir peur de la différence mais connaissent mal l'autisme", a résumé Olivia Cattan, porte-parole de SOS autisme en France. Pour lutter contre les discriminations dont les ils sont victimes - les enfants autistes n'ayant peu ou pas accès à l'éducation, aux centres de loisirs ou clubs de sport-, l'association a annoncé le lancement d'un numéro indigo (0 820 71 00 54). Les familles s'estimant discriminées pourront ainsi saisir l'association et "avec notre équipe d'avocats, nous engagerons une procédure pénale afin de faire valoir le droit de la personne autiste discriminée", a expliqué Olivia Cattan.

L'association lance aussi une campagne, via des clips, qui seront notamment relayés, espère-t-elle, sur les réseaux sociaux. Un premier clip met en évidence les discriminations subies par les personnes autistes. Un deuxième clip donne la parole à Ruben, 7 ans, enfant autiste s'adressant au Président de la République pour lui présenter ses revendications.

N° indigo SOS autisme France : 0 820 71 00 54

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Sur Handicap.fr

Sur le web

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4 février 2014

Maltraitance : de la théorie à la pratique

Franck Ramus

Franck Ramus

Publication: 04/02/2014 16h03
Signataires: Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, Michel Favre, Président de Pro Aid Autisme, membre du Collectif Autisme, Vincent Gerhrads, Président d'Autistes sans Frontières, membre du Collectif Autisme, Elaine Hardiman-Taveau, Présidente d'Asperger Aide France, membre du Collectif Autisme, Bertrand Jacques, Président de Agir et vivre l'autisme, membre du Collectif Autisme, & le KOllectif du 7 janvier pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves

Ces dernières semaines, trois films documentaires offrent des regards complémentaires permettant de mieux comprendre la manière dont la France traite les enfants en situation de handicap mental, cognitif ou psychique : "Le Mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme" de Sophie Robert, sorti en septembre 2011 sur internet, interdit de diffusion en janvier 2012 suite à la plainte de trois intervenants, puis libéré le 16 janvier 2014 par jugement de la cour d'appel de Douai ; "A ciel ouvert", de Mariana Otero, sorti en salles le 8 janvier 2014 ; et "Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent" de Nicolas Bourgoin, diffusé sur M6 le 19 janvier 2014.

Dans Le Mur, onze psychanalystes exposent doctement leurs théories archaïques de l'autisme. Ils y étalent en toute candeur leur ignorance des connaissances scientifiques sur l'autisme, leur absence totale d'ambition thérapeutique et éducative, et leur dédain des autres approches réputées plus efficaces. "A ciel ouvert" montre la mise en pratique de ces théories dans l'institution dirigée par Alexandre Stevens, l'un des plaignants à l'encontre du Mur. Bien que montrant cette institution sous son jour le plus flatteur, ce film révèle un internat-centre de loisirs au sein duquel les activités proposées par les intervenants aux enfants ne répondent à aucun objectif éducatif précis mais découlent vaguement d'interprétations freudo-lacaniennes alambiquées de leurs comportements. Comme le dit l'un des intervenants, "on essaye d'avoir une demande nulle", et les résultats que l'on peut attendre dans ces conditions sont à l'avenant. Le film de Nicolas Bourgoin, lui, montre ce qui peut se faire de pire dans des institutions accueillant des enfants en situation de handicap mental : l'insalubrité, les traitements dégradants, la maltraitance auront bien sûr choqué tous les Français. Il est évidemment hors de question de faire des amalgames et d'imputer ces cas extrêmes à la psychanalyse ou à quelque doctrine psychiatrique que ce soit. Il est néanmoins possible de déceler des facteurs communs : absence de projet éducatif et thérapeutique ; personnels soignants sans formation digne de ce nom qui, au mieux, bricolent dans l'ignorance totale des bonnes pratiques ; neuroleptiques et contention comme seules réponses aux comportements inadaptés, faute de connaître et de vouloir appliquer les techniques comportementales qui permettraient à la fois de prévenir ces comportements et de les réguler efficacement ; irresponsabilité généralisée des acteurs qui n'ont jamais à rendre compte de leurs choix et de leurs actes. Les mêmes mécanismes qui permettent aux pratiques psychanalytiques pour l'autisme de perdurer malgré leur inefficacité permettent à certains établissements de déraper dramatiquement en toute impunité.

La maltraitance n'est donc pas un accident malheureux et isolé. C'est le résultat de tout un système, qui requiert la complicité de nombreux acteurs et institutions à tous les niveaux. A commencer par les facultés de médecine et de psychologie, les écoles de psychomotricité et divers organismes de formation qui continuent à professer majoritairement des théories du développement de l'enfant et de ses troubles totalement dépassées, et dont le corps professoral tend à se reproduire à l'identique par le biais de recrutements consanguins. Les Agences Régionales de Santé, qui, sans exercer de véritable contrôle, s'appuient sur les conseils de professionnels qui sont à la fois juge et partie, certifiant des institutions aux pratiques aberrantes pour préserver l'existant, et rechignant à homologuer des structures innovantes adhérant aux bonnes pratiques recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS). La Sécurité Sociale, qui rembourse servilement toutes ces prestations sans contrôle de leur qualité, ni même de leur conformité. Les Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), qui pour beaucoup peinent à prendre en compte les spécificités du handicap cognitif et mental. Les professionnels de santé, peu formés aux bonnes pratiques, dont les connaissances sur les troubles du développement datent parfois de plusieurs décennies, au mépris de leurs codes de déontologie. L'Education Nationale qui, au mépris de la loi Chossy de 1996 et de la loi de 2005 sur le handicap, préfère voir les enfants en situation de handicap dans n'importe quelle institution plutôt que dans ses classes. La société toute entière qui, par son refus d'inclure toutes les personnes handicapées en son sein, trouve bien commodes ces institutions fermées qui les rendent invisibles, quand bien même cela accroit les risques de dérives tout aussi invisibles.

Si pendant longtemps tout fut permis et les professionnels furent livrés à eux-mêmes parce qu'aucun référentiel n'existait, ils ne peuvent plus aujourd'hui ignorer les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé, ni les préconisations du 3ème plan Autisme. On aurait pu croire que les professionnels seraient ravis d'être enfin guidés et épaulés dans leur pratique par un corpus de connaissances à jour et les résultats d'essais cliniques sur différents types de prise en charge. Que nenni ! Les deux dernières années ont vu une indécente litanie de lettres (à la ministre, au président de la République), d'articles, de pétitions (et même un recours en Conseil d'Etat !) d'à peu près toutes les associations et syndicats de la psychiatrie (1) contestant à la fois les recommandations de la HAS et le 3ème plan Autisme. Fédération Française de Psychiatrie, Association Lacanienne Internationale, Ecole de la Cause Freudienne, Collectif des 39, et bien d'autres (2), tous unis pour dénigrer les méthodes comportementales efficaces comme étant du "dressage", pour revendiquer sans vergogne de continuer à travailler comme ils l'ont toujours fait, sans rien changer, surtout sans aucun compte à rendre, et pour nier à l'Etat tout droit de se mêler de leurs pratiques ! Ou comment ériger l'irresponsabilité en vertu cardinale. Devant une telle résistance passive des acteurs de terrain, il est donc d'autant plus urgent que tous les instances de l'Etat prennent leurs responsabilités : le ministère de la Santé, les universités, les ARS, les Caisses primaires d'assurance maladie, les MDPH, l'Education Nationale, tous doivent jouer pleinement leur rôle pour faciliter l'adoption des bonnes pratiques partout sur le territoire et donner aux enfants en situation de handicap les meilleures chances d'apprendre, de devenir autonome et de participer à la vie en société.

  1. A l'exception de deux collectifs ultra-minoritaires qui se sont constitués précisément pour se distinguer de la masse : L' Association pour la promotion des pratiques fondees sur des preuves en psychopathologie du developpement et Pour une psychiatrie de progrès.
  2. Une liste d'organisations signataires d'un de ces appels est disponible sur www.hospitalite-autistes.org
4 février 2014

La psychanalyse à l'épreuve de l'Autisme

article publié sur Agoravox

par EgaliTED (son site) mardi 4 février 2014

Début septembre 2011 sortait le film « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme ». Peu connu du grand public, ce documentaire a fait grand bruit dans le petit milieu des familles et professionnels concernés. En effet il dévoilait sans fioritures ce que pensent des psychanalystes de renom de l’autisme et de ses causes, notamment la culpabilité des mères. Devant le tollé dévastateur provoqué par ce film, trois des psychanalystes interviewés dans le film réussissent à faire interdire le film début 2012 par le biais d’un procès en justice, estimant que la réalisatrice Sophie Robert avait dénaturé leurs propos au montage. Il aura fallu deux ans de procédure pour qu’enfin la Cour d’Appel de Douai infirme le jugement le 16 janvier dernier.

 A la sortie du film, nous écrivions l’article « Autisme : les psychanalystes dans le Mur » dans lequel nous résumions les passages du film les plus marquants. Tel celui où une psychanalyste explique doctement que « mieux vaut un inceste paternel qu’un inceste maternel, parce qu’un père incestueux, ça donne une fille juste un peu débile, alors qu’une mère incestueuse ça fait un garçon psychotique » (comprendre : autiste). Ou celui, devenu culte, dans lequel une psychanalyste exerçant dans le Nord de la France expliquait la notion de « mère crocodile » qui veut symboliquement dévorer son enfant, empêchée en cela par le « phallus du père ». Le crocodile est depuis devenu un symbole de ralliement pour beaucoup de mères courageuses et combatives qui se débattent contre des professionnels les soupçonnant encore, malgré les avancées de la science, d’avoir causé l’autisme de leur enfant…

Ce film (que vous pouvez visionner ici) montre clairement l’impuissance des psychanalystes à « soigner » ce qu’ils persistent à considérer comme une « psychose » de l’enfant, et malgré cette impuissance, leur rejet farouche des méthodes comportementales et développementales qui ont été mises au point depuis 40 ans outre-Atlantique et qui, elles, donnent des résultats remarquables. Il brise un tabou : celui d’un milieu médical et médico-social français largement imprégné des thèses psychanalytiques sur la question de l’autisme, qui s’y réfère constamment, et qui a bien du mal à accepter de se former aux « nouveaux » modes de prise en charge que les parents réclament. On comprend donc l’ampleur des intérêts en jeu : il y a tout un système à faire bouger, contre les corporatismes et les intérêts financiers du « marché du handicap autistique ». Rappelons qu’une journée d’un enfant autiste en hôpital de jour pédopsychiatrique est facturé entre 500€ et 800€ à la Sécurité Sociale… Certains acteurs en place n’ont aucun intérêt à ce que leur impuissance soit dévoilée au grand jour, et encore moins qu’on les oblige à se réformer dans le but, non plus de fournir une "hospitalité pour la folie" aux enfants « psychotiques », mais bien d’apprendre le plus possible d’autonomie aux enfants autistes dans le but de les voir quitter leurs institutions.

Sophie Robert, la réalisatrice du « Mur », a pris conscience de cette situation dramatique petit à petit. Comme elle l’explique elle-même, « au début je n’avais aucune intention de réaliser un documentaire sur l’autisme. Ma démarche était de faire une série de trois films, intitulée « la psychanalyse dévoilée », dans lesquels je tenterais de montrer au grand public dans des termes simples et compréhensibles comment opère la psychanalyse. » C’est graduellement qu’elle a pris conscience que l’énormité des propos tenus sur l‘autisme justifiait amplement d’en faire un sujet à part entière. A sa sortie, le film est accueilli par les familles et les associations avec un mélange de triomphe et de soulagement : enfin, on dévoile au grand jour ce qu’ils subissent depuis des années de manière dissimulée. Enfin on va les croire, eux, les parents, qui dénoncent des médecins injustement culpabilisateurs. Evidemment du côté des soignants d’obédience psychanalytique c’est la consternation qui règne. Le film est diffusé librement sur Internet, des projections sont organisées un peu partout en France, la vérité éclate et se propage. Il est temps d’agir et d’éteindre l’incendie.

Ainsi, début 2012, trois protagonistes du film portent plainte contre Sophie Robert qu’ils accusent d’avoir dénaturé leurs propos et de les avoir tournés en ridicule. Le Tribunal de Grande Instance de Lille leur donne raison et interdit la diffusion du film en l’état, tout en condamnant la réalisatrice à plus de 30000€ de dommages et intérêts. Pour elle et sa petite société de production, c’est la catastrophe : aucune diffusion possible donc aucun revenu, et tout démarchage en vue de diffuser les autres volets prévus de sa série sur la psychanalyse devient de fait impossible. En effet aucun diffuseur n’ira risquer un nouveau procès sur ce sujet sensible.

Sophie Robert refuse de se laisser décourager. Vigoureusement soutenue par les associations de familles d’enfants autistes, elle va se battre sur deux fronts. Du côté judiciaire, elle fait appel et se tourne pour cela vers deux avocats de renom, Me Stefan Squillaci et Me Nicolas Benoît. Du côté professionnel, elle prépare plusieurs projets, d’une part la suite de sa série sur la psychanalyse, d’autre part la sortie d'un film sur les méthodes comportementales et développementales mises en œuvre avec succès depuis 40 ans, et recommandées depuis 2012 par la Haute Autorité de Santé.

Après plusieurs reports, l’audience d’appel a lieu le 8 novembre 2013 à la Cour d’Appel de Douai. L’ambiance de l’audience est grave. Tout le monde est “dans ses petits souliers”, conscient des enjeux. Et Sophie Robert, comment se sent-elle ? « Ca me fait toujours très drôle, je me dis : mais c’est de moi qu’il s’agit ? »

Deux des psychanalystes plaignants, Alexandre Stevens et Esthela Solano, arrivent dans la salle en même temps que Sophie Robert et son avocat, accompagnés par quelques parents. Dans la salle, côté psychanalystes, une équipe de choc constituée d’un vieux bonhomme menant un bataillon de jeunes éducatrices tente d’occuper le maximum de places assises. Le camp des « pro-Mur » oppose une résistance vigoureuse pour préserver quelques sièges destinés à ceux encore coincés dans les embouteillages.

La Présidente de la Cour d’Appel fait d’emblée bonne impression à Sophie Robert : « L’ambiance était franchement différente du procès en première instance, où la Présidente me semblait hostile aux parents d’enfants autistes présents dans la salle. Là, la Présidente restait impassible, neutre. » Du coup l’avocat des psychanalystes semblait avoir perdu de sa superbe par rapport à l'audience du TGI de Lille. « Il avait une mine un peu grise, raconte Sophie Robert. Disons qu’il ne se sentait pas en territoire conquis. »

L’avocat de Sophie Robert, Me Squillaci, plaide longuement. Il commence par expliquer le contexte du problème posé par la psychanalyse dans l’autisme. Il argumente ensuite sur le plan juridique, sur la requalification des faits en diffamation, qui est prescrite. Puis finalement sur le fond de l’affaire : les accusations de déformation des propos des psychanalystes, qui ne tiennent pas debout. A l’appui de son discours, il cite un rush non diffusé qui montre Mme Solano à la pause café. Croyant à tort la caméra arrêtée, elle y tient des propos encore plus choquants que ceux diffusés dans « Le Mur ». Par honnêteté, Sophie Robert avait choisi de ne pas inclure ce passage dans son documentaire… A ce point de la tirade de l’avocat, Mme Solano encaisse visiblement le coup.

L’avocat des psychanalystes, quant à lui, paraît bien hésitant. Il commence d’une voix à peine audible avant de discourir longuement au sujet d’un « parfois pas » de M Stevens escamoté au montage, alors que l’avocat de Sophie Robert venait justement de démonter cette accusation. Sophie Robert le trouve bien moins assuré qu’en 2012 : « Visiblement ce n’était plus le même homme. » Il parle de “méthodes américaines” pour parler des opposants à la psychanalyse, puis s’attarde sur le fait que le titre du film inscrit dans l’autorisation de droit à l’image n’était pas celui du film. Alors que n’importe quel professionnel de l’audiovisuel vous le dira : le titre d’un film est toujours provisoire, et peut changer dix fois, voire au dernier moment avant la diffusion !

Les plaidoiries durent en tout près de deux heures, puis l’audience prend fin et le délibéré est annoncé pour le 16 janvier 2014.

C’est donc avec une grande appréhension que tout le monde attendait le verdict. Au final, les trois psychanalystes sont déboutés. « C'est une victoire pour les autistes », a déclaré à l'AFP Me Squillaci, « Mme Robert est réhabilitée pour le travail qu'elle a fait ». Les psychanalystes peuvent encore tenter un pourvoi en cassation ; ils n’ont pas encore déclaré une telle intention. Mais dans ce feuilleton judiciaire, au-delà de la question de l’autisme, c’est la liberté d’expression du réalisateur qui était attaquée, et c’est pour cela que Sophie Robert a eu gain de cause en appel. Si tel n’avait pas été le cas, plus aucun réalisateur n’aurait pu effectuer son travail de montage d’interviews sans craindre un procès dès lors qu’il coupait un mot ou deux pour synthétiser un discours ; tout travail documentaire serait devenu extrêmement risqué.

 

De plus, les psychanalystes concernés peuvent aussi se dire qu’à prolonger cette douloureuse affaire, ils courent peut-être plus de risque à donner encore plus de notoriété à Sophie Robert et ses films – ce qui n’irait sans doute pas dans le sens qu’ils souhaitent. C’est le bien connu « effet Streisand »…

Quant à Sophie Robert, aujourd’hui elle se tourne vers l’avenir avec une détermination intacte : « Après deux années de chômage technique du fait de la pression judiciaire, je vais enfin pouvoir reprendre ma série documentaire en trois volets « la psychanalyse dévoilée ». Je viens aussi de sortir un documentaire sur une structure ABA : « Autisme et ABA, quelque chose en plus », grâce à une campagne de financement participatif sur internet largement soutenue par les parents d’enfants autistes. Je compte capitaliser sur ce succès en tournant maintenant un film sur l’inclusion scolaire des enfants autistes. »

On ne peut qu’être frappé par la pugnacité de Sophie Robert, qui avoue compter sur les doigts de la main les soutiens reçus de ses collègues au milieu de sa traversée du désert. Quand on compare ses difficultés pour financer et diffuser ses documentaires, avec la récente sortie d’un film à la gloire d’une institution psychanalytique implantée en Belgique, largement financé par l’argent public à travers notamment une chaine de télévision, on reste songeur. Surtout quand ledit film sort juste au moment du jugement en appel sur « Le Mur ». Surtout aussi quand on s’essaie à compiler des statistiques sur le nombre de responsables du milieu audiovisuel français qui s’allongent plus ou moins régulièrement sur le divan d’un psychanalyste.

Nous lui souhaitons donc, évidemment, toute la chance possible pour poursuivre avec un succès mérité son remarquable travail. Et que celui-ci connaisse la diffusion la plus large possible. En attendant chacun peut visionner ses documentaires sur son site internet Dragon Bleu TV. (NB : le film est visible en VOD pour 1.99€, les trois premières minutes sont gratuites.)

31 janvier 2014

La psychanalyste Marie-Christine Laznik expose sa vision de l'autisme dans une interview accordée à Sophie Robert

 

Le 8 mars 2012, la Haute Autorité de Santé émet un rapport qui écarte la psychanalyse du champ des thérapies recommandées dans l'autisme.

L'Association Lacanienne Internationale (A.L.I.), dirigée par le psychanalyste Charles Melman, intente alors un recours devant le Conseil d'Etat pour tenter d'invalider la décision de la HAS.

En 1998, l'A.L.I. a fondé une association PREAUT destinée à faire de la recherche sur les signes précurseurs de l'autisme.

La théoricienne de ce mouvement est la psychologue-psychanalyste Marie-Christine Laznik.

Voici des extraits d'une interview accordée à Sophie Robert en 2010, dans le cadre de la préparation de la série "LA PSYCHANALYSE DEVOILEE"'.

29 janvier 2014

Mon documentaire sur l'autisme - Le Mur - libre de diffusion

Publiée le 29/01/2014 |
Révélée par ROBERT Sophie

Photo de la Vérité

Après deux ans de censure, mon documentaire « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » est à nouveau autorisé à la diffusion.
Le 16 janvier, la cour d’appel de Douai a de nouveau autorisé la diffusion de mon documentaire « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme ». Cette décision est intervenue après deux ans de censure, conséquence d’un procès intenté par trois psychanalystes qui m’ont accusée d’avoir manipulé leur discours pour rendre leurs propos ridicules et dogmatiques.
 
La psychanalyse domine encore très largement le champ de la pédopsychiatrie, et particulièrement celui de l’autisme. De nombreux parents d’enfants autistes dénoncent cette situation et privilégient les prises en charge éducatives, comportementales et développementales de l’autisme (ABA).
 
La genèse de mon projet : une enquête sur la psychanalyse
 
Au départ, mon travail n’avait rien à voir avec l’autisme, je me concentrais exclusivement sur la psychanalyse. Je voulais faire un état des lieux de la psychanalyse, de sa théorie, sa pratique et son évolution, par la bouche des psychanalystes, en réalisant un documentaire en trois volets de 90 minutes chacun. Mon approche était très large, je voulais faire un vrai panorama de la discipline en me penchant sur les différents courants, sur le travail à l’hôpital et en cabinet, etc. Pendant quatre ans, j’ai donc rencontré et interrogé 52 psychanalystes ; puis j’en ai filmé 27, pendant une à trois heures chacun. Je dispose aujourd’hui de 60 heures de rushs de ces entretiens. Le but était de leur faire résumer leurs théories, avec leurs mots à eux, mais dans un discours qui soit, pour une fois, accessible au profane.
 
Dès les premières interviews, j’ai été très choquée par ce que j’entendais – je m’attendais à réaliser un documentaire beaucoup plus nuancé ! Je savais qu’il existait des psychanalystes rétrogrades et vieux jeu dans le métier mais je pensais qu’ils étaient minoritaires. Je connaissais leur postulat sexuel de départ mais j’étais convaincue qu’ils avaient évolué par rapport à la théorie freudo-lacanienne. J’ai découvert au cours de mon enquête et au fil des interviews que l’immense majorité des psychanalystes restent très dogmatiques et rigides. Ceux qui ne le sont pas – ils sont rares – se taisent de peur d’être exclus. Paradoxalement, ce sont ces derniers qui ont été les premiers à m’alerter sur les dérives sectaires de leur mouvement, me disant qu’il fallait que leur milieu s’amende mais que le déclic devait venir de l’extérieur car eux-mêmes étaient incapables d’évoluer.
 
L’autisme pour les psychanalystes : la pire des psychoses
 
Ce sont les psychanalystes qui ont les premiers commencé à me parler de l’autisme : pour
eux, il constitue la pire des psychoses. L’autisme résulterait d’un problème relationnel. Dans tous les cas, c’est la mère qui est fautive : soit l’autisme provient d’un vœu de mort envers son enfant, soit elle est trop fusionnante et dans une position incestueuse envers lui (l’inceste fut-il sans passage à l’acte ou inconscient). Interloquée, j’ai commencé à faire des recherches et j’ai rencontré l’association « Autistes sans frontières » qui milite pour la scolarisation des enfants autistes. Ils m’ont appris que dans le secret des cabinets de consultation, les parents d’enfants autistes entendaient des propos extrêmement culpabilisants de la part de psychanalystes dont le discours officiel est complètement différent. C’est la raison pour laquelle ils ont soutenu mon travail. « Vous tombez du ciel » m’a dit Vincent Gerhards, président d’« Autistes Sans Frontières », « cela fait des années qu’on le dit, mais personne ne nous croit ».
 
Officiellement, nous devions mettre le film en ligne sur le site de l’association le 7 septembre 2011, au moment même où il serait projeté en avant-première au cinéma L’Entrepôt, à Paris. A la suite d’un bug informatique, le film a été diffusé dès le 1er septembre sur le site d’« Autistes Sans Frontières ». D’emblée, ce fut l’explosion : le film s’est répandu de blog en site sur tous les réseaux de l’autisme, comme une trainée de poudre. Les parents d’enfants autistes m’ont contactée pour m’exprimer leur soulagement, même si pour eux le film est très difficile à voir, ils allaient enfin être crus. Du matin au soir, week-end compris, j’ai été assaillie de messages et d’appels de gens qui voulaient me remercier et me raconter « la double peine » : avoir un enfant autiste dans un pays où la psychiatrie est dominée par la psychanalyse.
 
Après avoir vu mon film, beaucoup de parents ont pris la décision de retirer leur enfant des institutions psychiatro-psychanalytiques pour se tourner vers une prise en charge éducative, comportementale et développementale, quitte à s’endetter pour des années, lorsqu’ils arrivent à trouver des professionnels qualifiés en libéral, parce que c’est la seule chance pour leur enfant de progresser. En effet, à part 24 établissements en France (pour environ 400 enfants, alors que 8 000 enfants autistes naissent par an), aucun hôpital psychiatrique ne prend en charge cet accompagnement. En revanche la sécurité sociale rembourse au prix fort l’institutionnalisation à vie des autistes qualifiés de « fous ». Dans les institutions, un électrochoc s’est produit. Pendant des mois, dans les hôpitaux de jour et les institutions psychiatriques, les professionnels ont fait des réunions pour parler du Mur.
 
Accusée d’avoir réalisé un « montage tendancieux »
 
Un mois après la diffusion du « Mur », j’ai reçu un post-it jaune dans ma boîte aux lettres qui disait simplement : « Contactez Maître D…. » avec son numéro de téléphone. L’huissier est venu chez moi quelques jours après pour me lire une décision d’un magistrat du Tribunal de Grande Instance de Lille, ordonnant de saisir mes rushs – que j’avais entre temps mis en sécurité chez mon avocat. Trois des psychanalystes apparaissant dans mon documentaire – Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, tous trois membres de l’Ecole de la Cause Freudienne, dirigée par Jacques-Alain Miller – avaient saisi le Tribunal pour préparer la censure de mon film.
 
Ils me reprochaient d’avoir réalisé un montage tendancieux qui, affirmaient-ils, rendait leurs propos ridicules et dogmatiques en escamotant des nuances de leur discours. Comme je ne voulais pas que l’on pense que j’avais quelque chose à cacher, j’ai quand même fourni à la cour les interviews des trois psychanalystes concernés utilisés dans mon film, pris dans leur contexte le plus large, soit six heures de rushs. Je suis convaincue que ces documents n’ont pas été examinés sérieusement en première instance.
 
Poursuivie pour atteinte à la réputation
 
Sur le fond, je trouve tout à fait possible d’attaquer un journaliste pour ce genre de griefs : il y a des coupes au montage qui peuvent réellement déformer les propos d’une personne et être préjudiciables. Mais j’avais les rushs pour me défendre et j’avais confiance en la justice. Il suffisait que les magistrats examinent la matière brute des interviews pour que la procédure tourne court.
 
La procédure s’est tenue en urgence, une assignation à jour fixe, le 8 décembre 2011, soit à peine un mois et demi après la réaction judiciaire des trois psychanalystes. Ce jour-là, je n’étais pas attaquée pour diffamation, mais pour atteinte à la réputation. Les conclusions des avocats des psychanalystes faisaient feu de tout bois : ils me reprochaient de ne pas être journaliste parce que je n’avais pas la carte de presse, ils ont voulu retirer leur droit à l’image et même se faire passer pour co-auteurs du film (et ainsi me reprocher de ne pas leur avoir soumis le documentaire avant sa diffusion, prétendant intervenir au montage, ce dont évidemment il n’avait jamais été question).
 
Le verdict a été rendu le 26 janvier 2012 : mon film a été censuré en l’état et moi et ma société avons été condamnées à payer 25 000 euros de dommages et intérêts aux trois plaignants, plus 9 000 euros de publications judiciaires. Plus 100 euros d’astreinte par jour tant que mon film serait visible, même s’il était diffusé sur un blog chinois ! Or ce film s’était répandu de façon virale sur le net, dans le monde entier ! A titre exceptionnel, le TGI de Lille a considéré que le jugement devait être à exécution immédiate bien que j’aie aussitôt fait appel (normalement un appel est suspensif). Pour les parents d’enfants autistes, ce verdict a été reçu comme un coup de poignard dans le dos, un déni de leur propre souffrance : ces propos stupéfiants tenus par les psychanalystes dans mon film, ils les entendent régulièrement et ceux-ci ont des conséquences très douloureuses dans la vie de plusieurs dizaines de milliers de personnes en France.
 
L’appel : une victoire partagée
 
Pour l’appel, j’ai changé d’avocat. Maître Stefan Squillaci, avocat au barreau de Lille et Maître Nicolas Benoit, spécialiste parisien du droit de la presse, ont accepté d’assurer ma défense en pro bono, pour la cause de l’autisme. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Cette fois, nous avons fait constater les rushs par huissier. La première fois, donner des DVD à la cour avait été une erreur, elle ne les a pas regardés. A la demande de Maître Squillaci, j’ai donc fait une transcription écrite de toutes ces vidéos – au raclement de gorge près – qui a été validée par un huissier. C’est à partir de ces documents écrits que l’appel a été rendu, le 16 janvier, près de deux ans après le premier jugement.
 
Les magistrats de la troisième chambre de la cour d’appel de Douai auraient pu statuer sur la forme, mais ils ont choisi de juger sur le fond en répondant point par point au jugement de première instance et affirmant que je n’avais pas dénaturé ni ridiculisé les propos des trois psychanalystes de l’Ecole de la Cause Freudienne. Mon film n’est donc plus censuré et je suis réhabilitée en tant que réalisatrice. Les magistrats ont également reconnu que j’avais subi un préjudice qui devait obtenir réparation.
 
Le jour du jugement, ça a été le délire : ce n’était pas seulement mon procès qui était en jeu. D’une certaine façon c’était le procès de tous les parents d’enfants autistes. Cette victoire a été d’autant plus agréable que ma joie a été partagée en direct avec des centaines de familles, associations et professionnels de l’audiovisuels, éducateurs et psys sur les réseaux sociaux.
 
Deux ans et trois mois de procédure
 
Ces procédures ont eu un impact très lourd sur ma vie professionnelle – c’est traditionnellement le cas de tous les lanceurs d’alerte – un phénomène aggravé dans mon cas par le fait que ce procès et ses conséquences ont été extrêmement médiatisés. Une partie de la profession a pris au mot le jugement de première instance comme quoi j’avais triché en manipulant les rushes et m’a tourné le dos.
 
Les trois psychanalystes de l’ECF ne se sont pas cachés d’avoir agit de façon punitive, pour m’ôter l’envie de recommencer, c'est-à-dire la possibilité de poursuivre ma série sur la psychanalyse. Pendant deux ans, je n’ai vécu professionnellement que grâce aux dons de parents d’enfants autistes, d’associations et de chercheurs qui eux-mêmes ont payé très cher dans leur carrière l’hégémonie et le comportement totalitaire du mouvement psychanalytique.
 
De plus, les plaignants ont tout fait pour retarder l’appel au maximum. Au départ, nous pouvions espérer que l’audience ait lieu fin 2012 mais ils ont décidé au dernier moment de poursuivre l’association « Autistes sans frontières » qui avait été relaxée en première instance. Puis ils ont joué la montre pour gagner du temps, de conclusion en conclusion, au fil de longs mois pendant lesquels mon film restait censuré et mon travail dénigré. La procédure totale aura donc duré deux ans et trois mois.
 
Des documentaires en attente
 
Aujourd’hui, mon film « Le mur ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » est de nouveau en ligne sur ma chaîne Dragon Bleu TV (lien disponible à droite de ce texte), disponible en VOD et en DVD chez AFD Editions. Il va également être diffusé sur Cinaps TV (le canal 31 de la TNT), dans des festivals et des cinémas indépendants (informations sur le site Dragon Bleu TV) dans toute la France. De mon côté, je prépare avec Maître Stefan Squillaci une nouvelle procédure pour obtenir réparation du préjudice subi par moi et par ma société.
 
Je suis en train de terminer un nouveau documentaire, au message positif, sur la prise en charge éducative, comportementale et développementale de l’autisme : « ABA et autisme : quelque chose en plus » dont vous pouvez découvrir le trailer sur mon site Dragon Bleu TV. Ce film, financé grâce aux subventions de particuliers, d’associations et de fondations, sortira le 2 avril, journée mondiale de l’autisme. Il va être diffusé par Vosges Télévisions et Cinaps TV ainsi qu'en salles dans toute la France, à l’initiative des associations dédiées à l’autisme. Mes projets pour 2014 : reprendre mon travail de productrice-réalisatrice dans des conditions enfin normalisées et surtout terminer ma série sur la psychanalyse, « La psychanalyse dévoilée », dont j’espère sortir les deux premiers volets en 2014 et le troisième en 2015, en parallèle à la version longue du « Mur ».
 
A une époque où je travaillais seule à la préparation de cette série et où j’ignorais encore les conséquences sanitaires et sociales des propos édifiants qui étaient tenus devant ma caméra, j’ai pris conscience que ce que je faisais allait bien au-delà d’un documentaire. C’était un travail de portée sociologique, un témoignage essentiel. La suite des événements n’a fait que me donner amplement raison. C’est pourquoi, lorsque ma série aura été réalisée et diffusée, je me suis engagée à mettre à la disposition du public l’intégralité de toutes les interviews brutes sur Internet. Le « Mur » a fait sauter un premier bouchon. Je souhaite que « La psychanalyse dévoilée » ouvre la voie d’un débat national, éclairé, sur les théories et la pratique psychanalytique, par son influence considérable sur la société française.
 
 
Propos recueillis par Marine Périn
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25 janvier 2014

Le Mur met des psychanalystes au pilori

article publié sur le blog "Des mots grattent"

Magazine Knack, 22 janvier 2014, p. 20


Le documentaire “Le Mur” met des psychanalystes au pilori
Il y a encore des psychanalystes qui considèrent que l’éducation des autistes est un problème. C’est ce que démontre Le Mur, un documentaire français qui a finalement échappé à la censure.
Si vous voulez voir un documentaire choquant sur la santé mentale, vous devez chercher Le Mur sur l’internet. Ce reportage de la journaliste Sophie Robert a été interdit pendant deux ans. La censure a été levée la semaine passée.
Pour Le Mur, Robert avait interviewé quelques psychanalystes francophones, parmi lesquels le Belge Alexandre Stevens, sur la façon dont ils traitent les enfants autistiques. En totale contradiction avec les faits scientifiques, les descendants de Sigmund Freud en sont toujours à croire que c’est la distanciation de la mère vis-à-vis de son enfant qui rend celui-ci autiste. Dès lors, la façon dont ils traitent ces enfants — notamment en les isolant de leurs parents — est fortement contestée. Depuis des années, l’association française Autistes sans Frontières mène des actions contre des situations intolérables. Dans la plupart des pays, la psychanalyse est quelque peu dépassée, mais en France sa variante lacanienne — celle de feu Jacques Lacan — est encore très active. 
Les lacaniens qui ont la parole dans Le Mur produisent un verbiage devenu injustifiable en 2014 pour des psychiatres. En un mot : ils se ridiculisent. Lorsque le film est sorti, en 2011, il a provoqué de vives protestations. Trois psychanalystes interviewés par Robert lui intentèrent un procès : ils affirmaient que leurs propos avaient été présentés avec l’intention manifeste de leur nuire. 
Parmi eux : notre compatriote Alexandre Stevens, qui dirige dans le Hainaut Le Courtil, un centre pour enfants ayant des problèmes psychosociaux. Ensemble, lui et deux collègues réclamaient, fin de 2011, des dommages-intérêts d’un montant avoisinant les 300.000 euro. Étonnamment, le juge donna raison aux plaignants. Il avait regardé les rushes et avait estimé que Robert s’était rendue coupable d’un montage trompeur. Avec le soutien financier d’Autistes sans Frontières, Robert est allée en appel. Après deux années mouvementées, la cour d’appel de Douai, dans le Nord de la France, s’est prononcée la semaine dernière. Robert a été réhabilitée, son film peut à nouveau être montré et les trois plaignants doivent payer des dommages-intérêts, dont le montant doit encore être déterminé par le juge. 
Jacques Van Rillaer, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain se réjouit vivement. Van Rillaer a lui-même, autrefois, été freudien, mais s’occupe depuis des années à dire ce qu’est réellement la psychanalyse et cela sans mâcher ses mots. « C’est un soulagement pour Sophie Robert, mais ce l’est aussi pour les parents d’enfants atteints d’autisme », dit-il. « Je me souviens encore qu’il fut un temps où je considérais ces parents coupables de l’état de leur enfant. Je me réjouis de voir que chacun peut constater, en regardant Le Mur, que l’on colporte encore aujourd’hui ces dangereuses sottises. Ainsi, cela finira peut-être un jour par disparaître. »
 Joël De Ceulaer

 

Traduction : J. Van Rillaer

22 janvier 2014

L'autorité des psychanalystes à l'épreuve de l'autisme

article publié sur france tv info

Cea

Avez-vous déjà entendu parlé du film « Le mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » ?

Pour celles et ceux qui n’en ont pas encore eu d’échos, il s’agit d’un documentaire réalisé en 2011 par Sophie Robert. Le film présente le point de vue de plusieurs psychanalystes à propos de l’autisme. Ce documentaire a beaucoup fait parlé de lui car il est sorti au moment du débat sur la prise en charge des personnes avec autisme opposant les théories psychanalytiques et comportementales.

Suite à la diffusion du documentaire, trois des psychanalystes qui y sont interviewés ont décidé de poursuivre la réalisatrice, la production du film et leur partenaire Autistes sans Frontières car ils ont estimé que leur propos avaient été déformés.

Depuis deux ans, cette affaire a connu de nombreux rebondissements juridiques. Et en ce début d’année, il y a encore du nouveau. Retour sur les grandes lignes de cette affaire :

 - En septembre 2011, le film est diffusé pour la première fois sur le site de la fédération Autistes sans Frontières.

 - Trois psychanalystes apparaissant dans le film poursuivent la réalisatrice pour atteinte à leur réputation.

 - Un premier procès se déroule en décembre 2011.

 - Le verdict est rendu en janvier 2012 : le tribunal de grande instance de Lille interdit la diffusion du film et la réalisatrice est condamnée à verser des dommages et intérêts.

 - Sophie Robert fait appel.

 - Second procès en novembre 2013.

 - Le 16 janvier dernier, la cour d’appel de Douai infirme de jugement du tribunal de Lille et reconnaît que les propos des psychanalystes plaignants n’avaient pas été dénaturés. La diffusion du documentaire est à nouveau autorisée.

La victoire de Sophie Robert est plus qu’une victoire juridique, c’est aussi une victoire sociale face à « l’autorité des psychanalystes »1. Comme le dit Samuel Lézé, on peut se demander pourquoi les acteurs de ces pratiques (psychanalytiques) ne finissent pas par se rendre compte de leur inefficacité. Pourquoi la magie se maintient-elle sans preuve et n’aboutit pas à sa critique ? Le « combat » de la réalisatrice Sophie Robert soulève donc une question d’ordre sociologique : comment la psychanalyse peut-elle encore se maintenir en France ?

1. Lézé, S. (2010). L'autorité des psychanalystes. Paris : PUF.

Après deux ans de combat juridique, vous pouvez donc maintenant voir le film de Sophie Robert dont voici un extrait :

 

Pour avoir des informations fiables et actuelles sur l’autisme :


Les Troubles du spectre autistique - Dr Monica... par dragonbleutv

21 janvier 2014

La victoire de Sophie Robert : Une défaite cinglante pour la psychanalyse !

article publié dans Médiapart

 

Le jugement rendu le 16 janvier dernier par la cour d'appel de Douai infirme totalement celui de première instance et met fin à deux ans de censure du documentaire « Le Mur : la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme ».

DES PSYCHANALYSTES QUI NE SUPPORTENT PAS QU'ON PUISSE ENTENDRE... LEURS PROPRES PROPOS !

L'article
Autisme : « Le Mur », docu qui dérange des psys françaisparu dans Rue89 résuma assez bien en son temps (04/11/2011) les événements qui avaient mené à la censure du documentaire : en particulier, ces trois psychanalystes de la très lacanienne École de la Cause Freudienne (ECF) assumant le côté « politiquement incorrect » de leur discours face à une caméra qu'ils croient favorable à leurs thèses. Mais qui, une fois qu’ils voient le film, s’étranglent de voir celles-ci étalées au grand jour et croient trouver une issue en criant à la « dénaturation » de leurs propos.

S'il s'est trouvé voici deux ans une juge [1] pour leur donner raison en première instance [2], la cour d'appel de Douai a complètement infirmé ce jugement, réhabilitant totalement le travail de Sophie Robert.

La liberté d'informer a gagné. Le documentaire va pouvoir être de nouveau utilisé pour montrer ce que sont véritablement la pratique et le discours des psychanalystes en matière d'autisme et ainsi aider à faire avancer la prise en charge de ce trouble dans un pays que l'on sait sinistré [
3] dans ce domaine.

PSYCHANALYSTES : UNE DÉFAITE SUR LE FOND

 On trouvera l'intégralité de l'arrêt ici.

Plusieurs questions peuvent se poser après ce verdict :

-
la cour d'appel s'est elle prononcée sur le fond (les propos ont-ils été dénaturés ?)

ou

- sans se prononcer sur ce point, n'a-t-elle fait valoir « que » le droit à la liberté d'expression et de création de la réalisatrice ?

Les juges indiquent dans leur arrêt que : 

« Les psychanalystes ont cependant, comme démontré ci-dessus, librement accepté que leur image et leur voix soient reproduites par extraits et sans contrôle sur l’œuvre finale et ne peuvent donc reprocher à un réalisateur d’exprimer son opinion personnelle, même s’ils n’ont pas eu connaissance dès l’origine de cette intention, qui a d’ailleurs pu naître en cours de réalisation. Il s’agit là du principe fondamental de respect de la liberté d’expression des auteurs notamment cinématographiques, comme des journalistes d’investigation.

Dès lors, seule la preuve d’une faute au sens de l’article 1382 du code civil pourrait constituer un abus de ce droit si était rapportée la preuve de la volonté délibérée de la réalisatrice de nuire aux personnes filmées, par une dénaturation manifeste de leurs propos et/ou une présentation tendant à les ridiculiser. (page 12) »

D'autres extraits indiquent ensuite qu'aucune faute de cette nature (volonté de nuire, dénaturation des propos) n'a pu être retenue contre la réalisatrice.

C'est donc sur le fond que les trois psychanalystes ont perdu et se retrouvent condamnés à leur tour. Dès lors, ils risquent gros à se pourvoir en cassation puisque celle-ci n'est juge que du droit et non pas du fait.

Ils ne leur reste plus qu'à assumer leurs propos...

POUR INFORMER SUR L'ARRÊT RENDU : UNE PRESSE... PAS PRESSÉE 

Si beaucoup de journaux avaient informé leurs lecteurs du jugement de 2012, peu ont rendu compte de l'arrêt d'appel... malgré une dépêche AFP qui en faisait état.

La Voix du Nord avait ouvert la voix : Sophie Robert est lilloise.

Rue89 a souligné la portée du jugement. 

Mais Mediapart, ses « invités », sa « rédaction », Sophie Dufau, etc. pourtant si prolixes pour vanter les prétendus mérites de la psychanalyse, ont été aux abonnés absents. Comme Libération, où Éric Favereau doit être en RTT depuis le 16 janvier...

Dans Le Monde, Catherine Vincent a produit un article ambigu qui essaie de limiter la portée de l'arrêt. 

Elle souligne que « la liberté d'expression a gagné », comme si le jugement n'avait pas statué sur le fond (voir paragraphe précédent), pour mieux prendre le parti des psychanalystes condamnés (elle les estime « piégés ») et continuer ainsi d'affirmer que l'autisme a des causes bien plus « complexes » que ce qu'en disent les connaissances scientifiques les plus récentes.
Après quelques développement où prévaut la grille de lecture des psychanalystes (« guerre des psys »...), elle conclut : « Seule certitude : les rushs versés au débat durant ces deux procès successifs montrent que les propos de « psys » recueillis par la réalisatrice, bien que parfois fort abscons, sont beaucoup plus nuancés que son énoncé introductif, en voix off, qui s'achève par cette affirmation : Pour les psychanalystes, l'autisme est une psychose, autrement dit un trouble psychique majeur résultant d'une mauvaise relation maternelle. »
Sans doute Catherine Vincent n'a-t-elle pas vu la vidéo tournée en « off » de Mme Solano (l'une des trois plaignants) : ce n'est pas grâce à Catherine Vincent que les lecteurs pourront savoir que les propos de cette dernière, s'ils sont certes un peu abscons, sont tout sauf nuancés... Une information de qualité sur l'autisme se fait ainsi toujours attendre dans le « journal de référence » [4].

Signalons enfin que le Nouvel Observateur signale « indirectement » la nouvelle dans un article dont on peut seulement regretter que le titre utilise l'imparfait : Autisme: quand la psychanalyse racontait n'importe quoi

[1] la même qui avait annulé un mariage au motif que la femme avait menti sur sa virginité ! Voir ici. On notera que ce jugement fut (lui aussi !) cassé par la cour d'appel de Douai...

[2] le 26 janvier 2012 : le film avait été interdit en l’état et la réalisatrice condamnée à en retirer les interviews des trois psychanalystes plaignants. Sophie Robert et sa société de production avaient été condamnées à payer 25 000 euros de dommages et intérêts plus 9000 euros de publications du jugement.

[3] Voir par exemple ici

[
4] D'après des sources bien informées, les parents de Catherine Vincent seraient tous deux psychanalystes... Le journal Le Monde, toujours prompt à évoquer les conflits d'intérêts dans le domaine des OGM, des médicaments, etc., ne trouve curieusement rien à redire à cette situation...

19 janvier 2014

Autisme : quand la psychanalyse racontait n'importe quoi

Retour sur ce freudisme mal digéré qui a fait tant de mal aux enfants autistes et à leurs familles. En partenariat avec "BoOks".

Un enfant autiste avec sa mère, à Villeneuve d'Ascq, en 2008. (Sipa)

Un enfant autiste avec sa mère, à Villeneuve d'Ascq, en 2008. (Sipa)

Aussi extravagant que cela puisse paraître, dans les années 1940 à 1970 aux États-Unis, la schizophrénie et l’autisme étaient couramment imputés à un comportement défectueux de la mère.

Le phénomène tenait en partie à la domination de la psychiatrie américaine par l’école psychanalytique, dont nombre de représentants avaient fui l’Allemagne nazie. Frieda Fromm Reichmann écrit ainsi en 1949:

Le schizophrène est terriblement méfiant et plein de ressentiment envers les autres à cause du terrible rejet qu’il a subi de la part de ses proches dans sa petite enfance, surtout de la part de sa mère schizophrénogène. (sic)

Trude Tietze exerçait comme Leo Kanner, le découvreur de l’autisme, à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. Elle publia en 1949, dans la revue «Psychiatry», une «Étude des mères de patients schizophréniques». John Rosen, qui prétendait comme Reichmann et Tietze guérir le mal par la psychanalyse, écrit dans un article intitulé «La mère perverse», en 1953: «Une personne schizophrène a immanquablement été élevée par une mère qui souffre d’une perversion de l’instinct maternel.»

Élève de Reichmann, Theodore Lidz, devenu professeur de psychiatrie à Yale, reprend à son compte la notion de «mère schizophrénogène» dans des livres influents, où l’on peut lire que certaines d’entre elles «utilisent leur fils afin de compenser leur sensation de vide et d’inutilité en tant que femme». Longtemps, l’autisme infantile a été considéré comme une forme de schizophrénie. Il n’est donc pas étonnant que ce thème de la responsabilité maternelle ait été repris par les psychiatres s’occupant d’autistes. Leo Kanner n’était pas psychanalyste, mais il était en phase avec son temps quand il publia son texte devenu célèbre sur la «mère frigidaire», en 1952:

La plupart des patients avaient dû faire face, dans leur plus jeune âge, à la froideur de leurs parents, à leur caractère obsessionnel, et au fait qu’ils répondaient à leurs besoins matériels de manière machinale et détachée. Ces enfants étaient des sortes de cobayes, car le souci de performance était le moteur des parents plutôt que la chaleur humaine et le plaisir d’être ensemble. Ils étaient comme gardés dans des frigidaires qui ne décongelaient jamais. La tendance de ces enfants à se retirer du monde est un moyen pour eux de se détourner d’une situation insoutenable en se réfugiant dans la solitude.

L’«envie du pénis»

Professeur à l’université de Chicago, Bruno Bettelheim, qui s’était inventé un passé de psychanalyste à Vienne, dirigeait depuis 1943 une école pour enfants difficiles. Il s’inscrit pleinement dans ce courant de pensée, tout en ajoutant une référence aux camps de concentration (il avait été déporté à Dachau et Buchenwald avant la guerre). Dans «la Forteresse vide», publié en 1967, il écrit:

La différence entre la terrible condition des prisonniers dans les camps de concentration et les conditions qui favorisent l’apparition de l’autisme et de la schizophrénie chez les enfants est, bien évidemment, que l’enfant n’a jamais eu l’opportunité de développer sa propre personnalité […]. Tout au long de ce livre, j’expose ma conviction que le facteur déterminant dans l’autisme infantile est le souhait du parent que son enfant n’existe pas. 

Freud, qui ignorait l’existence de l’autisme, ne croyait pas que la psychanalyse pût venir en aide aux psychotiques. Mais après-guerre, sa conception de la femme était dans tous les esprits. Dès le début de son existence, «l’envie du pénis s’empare d’elle, une envie qui laisse des traces ineffaçables dans son développement et la formation de son caractère». D’où une infériorité congénitale:

Derrière l’envie du pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers l’homme, amertume qu’on ne peut jamais oublier dans les rapports entre les sexes et dont les aspirations et productions littéraires des “émancipées” présentent les signes les plus évidents.

Et encore :

La femme a le sens de la justice peu développé, ce qui s’explique par la prédominance de l’envie dans sa vie psychique. 

Or, chez certaines femmes au moins, l’envie du pénis trouve un substitut, le désir d’enfant:

Rien ne laisse transparaître ce désir du pénis ; sa place est prise par le désir d’avoir un enfant […]. Chez d’autres femmes encore, on se rend compte que les deux désirs étaient présents dans l’enfance et se sont relayés l’un l’autre : tout d’abord, elles voulaient un pénis comme l’homme, et à une époque ultérieure, mais toujours infantile, le désir d’avoir un enfant a remplacé le premier désir.

Du coup, la responsabilité de la mère vis-à-vis de son enfant, surtout s’il est de sexe masculin, est considérable:

Une mère peut transférer à son fils l’ambition qu’elle a été obligée de réfréner chez elle-même, et elle peut espérer tirer de lui la satisfaction de tout ce qu’elle a gardé de son complexe de masculinité.

L’idée d’une responsabilité directe de la mère ou des parents dans l’autisme a disparu aux États-Unis dans les années 1980, la psychanalyse ayant été rayée de la carte de la psychiatrie universitaire et hospitalière. La France est l’un des rares pays où cette discipline continue d’avoir droit de cité, y compris en milieu hospitalier.

Sa compétence revendiquée en matière d’autisme fait l’objet d’attaques virulentes. Qu’en est-il? La réalité est complexe. La psychanalyse française est elle-même partagée entre plusieurs écoles qui affectent de s’ignorer. La situation est rendue d’autant plus confuse que la profession n’est pas réglementée: chacun peut apposer un panneau «psychanalyste» sur sa porte. Dans «La Cause des enfants» (1985), Françoise Dolto écrivait:

L’autisme, en fait, cela n’existe pas à la naissance. Il est fabriqué. C’est un processus réactionnel d’adaptation à une épreuve touchant à l’identité de l’enfant. 

Il y a perte de «la relation affective ou symbolique avec la mère» et ce n’est «pas du tout congénital». Aujourd’hui encore, de toute évidence, le courant développé après guerre aux États-Unis continue d’exercer une influence. C’est ce que montrent certains témoignages recueillis récemment par la réalisatrice Sophie Robert dans un documentaire sur l’autisme, «Le Mur», qui a fait scandale, en 2012, au point d’être condamné par la justice sur la requête de trois psychanalystes interviewés dans le film. (1)

Plusieurs font référence à Bettelheim. L’un d’eux déclare: «Une mère a toujours un désir incestueux avec son enfant, qu’elle en ait conscience ou pas.» Pour une autre, «un inceste paternel ne fait pas tellement de dégâts, ça fait des filles un peu débiles, mais un inceste maternel, ça fait de la psychose». Une autre, sortant d’une caisse un crocodile en plastique: «Le crocodile c’est le ventre de la mère ; les dents de la mère.» Une autre: «Au début, l’enfant pense qu’il est le phallus de la mère

Plusieurs disent que la maladie peut être causée par une dépression maternelle. Quel résultat un enfant autiste peut-il espérer de la psychanalyse ? «Ce n’est pas une question de psychanalyste, ça», répond l’un. «Le plaisir de s’intéresser à une bulle de savon», répond un autre, après un long silence. Le même: «Le point fondamental de mon attitude en tant qu’analyste vis-à-vis de ces enfants-là, c’est le fait d’abdiquer l’idée d’une progression.»

Les parents, meilleurs cliniciens de leurs enfants

Dans leurs écrits, les psychanalystes français (y compris certains de ceux interviewés dans le film) développent souvent un discours très différent, en tout cas beaucoup plus nuancé, et se défendent de continuer à adhérer à la thèse de la responsabilité maternelle.

«Assimilant abusivement l’autisme aux troubles de l’attachement observés chez des enfants carencés sur le plan affectif, certains psychanalystes ont incriminé, sans preuve convaincante, la responsabilité des parents et singulièrement des mères dans la fabrication de l’autisme de leur enfant», écrit par exemple Jacques Hochman («Histoire de l’autisme», Odile Jacob, 2009).

«En observant l’attitude de la mère, écrit Laurent Danon-Boileau dans un livre publié après le scandale du «Mur», il ne s’agit pas de revenir à l’idée stupide selon laquelle son comportement serait la cause de l’autisme.» La mère n’est pas «responsable en quoi que ce soit du trouble de l’enfant» et «la conséquence du côté des parents a été prise à tort pour une cause» («Voir l’autisme autrement», Odile Jacob, 2012).

Dans un livre encore plus récent, Bernard Golse, par ailleurs chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, refuse qu’on puisse «renvoyer à une cause de l’autisme purement organique ou endogène», mais évoque «l’intérêt des anomalies du lobe temporal supérieur qui ont été découvertes».

Il écrit: «Ceux qui, inlassablement, ressortent les écrits de B. Bettelheim devraient penser à se moderniser un petit peu.» Il affirme que «les parents sont le plus souvent les meilleurs cliniciens de leur enfant». Et ajoute, de façon il est vrai assez alambiquée: «Les caractéristiques parentales qui ont pu être décrites étaient bien plus souvent – si ce n’est toujours – la conséquence que la cause, ou l’une des causes, de la pathologie autistique de l’enfant.

S’insurgeant contre ceux qui font le procès de la psychanalyse, il plaide vigoureusement pour une approche pluridisciplinaire dans le traitement de l’autisme («Mon combat pour les enfants autistes», Odile Jacob, 2013). Les psychanalystes ont affaire à forte partie, car ils sont parvenus à se mettre à dos la majorité des associations de parents d’autistes et la grande majorité des scientifiques et des responsables de la santé publique. Mais ils ont aussi des alliés, dans les médias et ailleurs.

En 2004, l’Inserm avait publié un rapport sur l’évaluation des différentes méthodes de psychothérapie (en général), concluant au désavantage de la psychanalyse. Chose étrange, le rapport a été désavoué par le ministre de la Santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, et retiré du site Internet de l’organisme. (2)

En février 2012, une fuite avait révélé que la Haute autorité de santé (HAS) était sur le point de publier un rapport sur l’autisme affirmant que «l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques».

La HAS entendait classer comme «non recommandées» les «interventions globales» fondées sur la psychanalyse. Devant la levée de boucliers qui s’est ensuivie, elle a reculé d’un pas (d’un pas seulement), en les classant comme «non consensuelles». L’Association internationale lacanienne n’en a pas moins formé un recours contre cette décision. C’est que, au-delà des questions théoriques, les enjeux financiers sont considérables. Pour progresser (si l’on accepte l’idée de «progrès»), un enfant autiste requiert un encadrement quotidien pendant de longues années.  

Pour sa part, le tribunal de grande instance de Lille a ordonné le retrait des interviews des trois psychanalystes qui ont porté plainte contre «Le Mur» (1). Le film est à charge, mais, à l’examiner de près, il est douteux que la réalisatrice ait significativement «dénaturé le sens des propos tenus», comme le soutient le juge. Elle a fait appel. Affaire à suivre, dans tous les sens du terme.

 Olivier Postel-Vinay

(1) La Cour d'appel de Douai a infirmé ce jugement, ce jeudi 16 janvier 2014.
(2) On le trouve sur la Toile.

17 janvier 2014

Une bonne nouvelle : fin de la censure contre Le Mur !!!

article publié dans Médiapart

Non, Le Mur dont il s'agit ici n'est pas le spectacle antisémite du père de la filleule de Le Pen, mais bien le film de Sophie Robert sur les ravages de la prise en charge psychanalytique de l'autisme. Ce documentaire avait été dans un premier temps censuré par la justice suite à une plainte de trois lacaniens, qui n'étaient pas contents du fait que tout le monde se rende compte à la vision du film de la débilité de leurs propos aussi ignares que boursouflés.

 J'avais analysé en détail ce premier jugement dans ce billet de blog en soutien à Sophie Robert en particulier, mais aussi au "droit au montage"  en général, qui était sérieusement égratigné par le jugement rendu :

 http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/290112/proces-sophie-robert-le-droit-au-montage-en-ligne-de-mire?onglet=commentaires#comment-4331198

Or, aujourd'hui, la cour d'appel de Douai a rendu son verdict, et fort heureusement annulé la censure opérée par le premier jugement, tout en démolissant sur le fond l'argumentation des trois plaids-niants [oui, ce sont des lacaniens, je m'adapte]

 Il vaut la peine de lire ces attendus, notamment à partir de la page 11, qui détaille les raisons pour lesquelles les lacaniens vexés sont cette fois-ci complètement déboutés (et dégoûtés aussi, sans doute) :

 http://blogs.lexpress.fr/the-autist/files/2014/01/DECISION-LE-MUR.pdf

En gros, en comparant les rushes et ce qui reste au montage, ils constatent que si Sophie Robert a un peu grossi le trait par son montage et joué avec leurs propos, elle ne dénature en rien la pensée des psychanalystes interviewés. Evidemment, étant donné que ce qu'ils racontent dans le film est ce que ce courant de pensée a toujours raconté sur le sujet, avec ses analyses ascientifiques et terriblement sexistes.

Comme ceux qui s'intéressent à cette affaire le savent, la plainte en justice était particulièrement osée de la part d'Esthela Solano-Suarez. En effet, celle-ci, dans une séquence en Off  que Sophie Robert n'avait pas utilisée dans son montage, expliquait qu'elle ne peut pas dire devant la caméra tout ce qu'elle pense vraiment, parce que ça ne serait pas compris, mais que quand même les mères d'autistes, ça ne va pas du tout, et que "L'autisme de l'enfant, c'est une conséquence d'un certain autisme de la mère à l'égard de l'enfant", etc.

 http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/quand-une-psychanalyste-rend-les-meres-responsables-de-l-autisme_1117934.html#S5BfhvIeM4YjJmyG.99

J'aime d'ailleurs  beaucoup le début du passage du jugement final qui la concerne :

 « Le visionnage des rushes tournés lors de l’interview de Mme Solano-Suarez fait apparaître que les réponses apportées par la psychanalyste sont souvent assez longues et difficilement compréhensibles pour un public de profane. »

Que tout cela est gentiment dit en langage poli pour expliquer que sa logorrhée est incompréhensible....

Après, ce que j'ai pas compris, tout à la fin du jugement, c'est comment s'additionnent ou pas tous ces 5 000 euros que les plaignants doivent verser à Sophie Robert en guise de dommages et intérêts. 

Alors, si vous voulez enfin voir le fameux film qui a été baillonné pendant deux ans, voici l'endroit où vous pouvez le commander, n'hésitez pas, ça vaut le coup :

http://www.dragonbleutv.com/documentaires/2-le-mur-ou-la-psychanalyse-a-l-epreuve-de-l-autisme

 Allez, sirop d'orgeat !!! [oui, je ne bois pas de champagne...]

Yann Kindo

17 janvier 2014

Le Mur, documentaire controversé sur l'autisme, autorisé par la cours d'appel de Douai

article publié dans Le Parisien

Publié le 16.01.2014, 20h10

La cour d'appel de Douai (Nord) a autorisé jeudi le documentaire controversé sur l'autisme "Le Mur", interdit par le tribunal de grande instance de Lille en janvier 2012 après une plainte de trois psychanalystes, a-t-on appris de sources concordantes.

La documentariste lilloise Sophie Robert était soupçonnée d'avoir dénaturé leurs propos dans ce film militant, sous-titré "La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme" et opposant leur conception sur l'autisme à celle de scientifiques et d'associations de familles.

Les trois psychanalystes, qui demandaient l'interdiction du film en l'état, en raison de passages litigieux, ont été déboutés et condamnés à verser 5.000 euros à Mme Robert et la société de production du film "à titre de provision à valoir sur leur préjudice" et 5.000 euros pour frais d'appel, selon une copie de l'arrêt de la cour d'appel consultée par l'AFP.
"C'est une victoire pour les autistes, on est pleinement satisfaits", a déclaré à l'AFP Me Stefan Squillaci, l'un des avocats de Mme Robert.
Mme Robert est "réhabilitée pour le travail qu'elle a fait", a ajouté l'avocat.
Le film était de nouveau disponible sur internet jeudi.
Les trois spécialistes - Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens - appartiennent à l'Ecole de la cause freudienne.
Ils estimaient, selon leurs défenseurs, que le documentaire soutenu par l'association Autistes sans frontières constituait un "sabotage" qui a pour objectif de "ridiculiser" la psychanalyse.
Dans ce film, des psychanalystes expliquent que l'autisme pourrait être la conséquence d'une dépression maternelle, d'une mauvaise relation avec l'enfant, voire d'un refus de l'apport masculin pour la conception. Certains parlent de mère "psychogène", de "stade de folie transitoire" de la mère, voire de "désir incestueux".
Cette vision est présentée par le film en opposition à des méthodes éducatives et comportementales, appliquées par certaines familles.
En janvier 2012, le tribunal de grande instance de Lille avait interdit en l'état le film, constatant "que les extraits d'interviews" des trois psychanalystes "portent atteinte à leur image et à leur réputation en ce que le sens de leur propos est dénaturé".
"C'est le revirement total", a commenté Me Stefan Squillaci. Selon lui, une séquence de rushes non utilisée dans le documentaire a notamment permis de démontrer "la bonne foi" de sa cliente.
L'avocat des trois psychanalystes, Me Christian Charrière-Bournazel, n'était pas joignable dans l'immédiat.

AFP
16 janvier 2014

Censure levée pour un documentaire sur le traitement de l'autisme

article publié dans 20 Minutes

M.Libert/20 Minutes - photo de Sophie Robert, la réalisatrice du Mur

JUSTICE - Les trois psychanalystes, qui avaient porté plainte pour atteinte à leur réputation, ont été déboutés, jeudi, par la cour d’appel de Douai...

La psychanalyse revient sur le banc des accusés. Après avoir été partiellement censuré pendant deux ans, le documentaire de Sophie Robert sur l’autisme, Le Mur, a de nouveau le droit d’être diffusé dans son intégralité. La cour d’Appel de Douai a donné raison, jeudi, à la réalisatrice nordiste. En première instance, le tribunal de Lille l’avait pourtant condamnée à retirer certains passages qui «portaient atteinte à l’image et à la réputation » de trois psychanalystes. Le jugement considérait alors aussi que «leurs propos étaient dénaturés». «La cour d’appel a estimé, au contraire, que les propos n’ont pas été déformés, constat d’huissier à l’appui», explique Me Stefan Squillacci, avocat de la réalisatrice.

Diffusé en octobre 2011, ce documentaire évoquait la prise en charge de l’autisme. La réalisatrice, y dénonçait l’influence de la psychanalyse qui empêche, en France, d’appliquer les méthodes comportementales en vogue dans d’autres pays. Elle montrait aussi l’échec des méthodes psychanalytiques dans le traitement de cette maladie. Trois psychanalystes, interviewés dans le documentaire, avait alors décidé de porter plainte.

16 janvier 2014

Fin de la censure du film -> Le Mur : la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme - Cour d'appel de Douai 16 janvier 2014

 article publié dans l'Express


Que d’émotions dans la communauté des parents d’enfants autistes cet après midi !

Car on vient de l’apprendre, le film de Sophie Robert, « Le mur ; la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » qui était censuré depuis deux ans ne l’est plus !

Les trois psychanalystes qui avaient attaqué la réalisatrice car ils n’assumaient pas leurs propos ont été déboutés : voir la décision de la cour d’appel de Douai, 16/01/14.

Vous comprendrez pourquoi ils n’assumaient pas leurs propos lorsque vous aurez vu ce documentaire de 52 minutes. Et gardez bien en mémoire que les professionnels qui sont interviewés dans ce films, tous psychanalystes sont loin d’être des caricatures dans leur métier.

Voila à qui ont affaire la grande majorité des parents, aujourd’hui, en 2014 en France !

Voici le lien vers la Web-TV de Sophie Robert.

http://www.dragonbleutv.com/documentaires/2-le-mur-ou-la-psychanalyse-a-l-epreuve-de-l-autisme

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12 janvier 2014

Le Mur & A Ciel Ouvert, deux poids deux mesures ?

Samedi 11 janvier 2014

 

drapeau_francais.gif   A première vue, quoi de plus répressif, de plus emprisonnant, de plus séparateur, opprimant, clivant, isolant, enfermant, anti-liberté qu’un mur, (qu’il soit à Berlin ou à Gaza) ? Quoi de plus ouvert, libérateur, oxygénant, fraternel, partagé, permissif, fédérateur, libérateur d’énergies (et de synergies) qu’un ciel ouvert ? Y a pas photo : le mur c’est moche, le ciel ouvert est beau ; le mur est mal, le ciel ouvert est bien.

Rien d’étonnant donc que « le Mur » soit aussi le titre du documentaire de Sophie Robert sur l’autisme (pour l’instant toujours censuré par la justice à la demande de trois psychanalystes, verdict du jugement en appel le 16 janvier), tandis que « À ciel ouvert » (sorti le 8 janvier) soit le titre d’un film tout à la gloire de l’approche psychanalytique sur la question. Toujours pas de photo. Il suffit de voir la multitude de critiques béates d’admiration parues dans presque tous les médias (à titre d’exemple, voici celle de l’Obs -qui est pourtant mon « hebdomadaire de chevet »…-)

Sauf que les choses ne se résument pas aux apparences. Le mur dont parle Sophie Robert est bien le mur de la psychanalyse, qui en France n’est toujours pas tombé, et qui empêche les traitements vraiment appropriés et efficaces (comme l’a reconnu la HAS et comme préconisé par le 3ème plan autisme) d’avoir droit de cité dans notre pays.

La preuve : les associations de parents autistes se mobilisent à nouveau. En voici un exemple concret.

Le mur et à ciel ouvert, deux poids deux mesures ?

Comme le dit Jacques Van Rillaer: On peut se demander si les lacaniens qui sévissent au Courtil comprennent les enfants, voire même se comprennent eux-mêmes.  Voici en tout cas leur credo, pour que chacun puisse se faire une idée :

« Il y a un traitement possible de l’autisme et de la schizophrénie. Le dernier enseignement de Lacan s'ouvre, dans la pratique, sur un traitement de la jouissance autre que le père, sur un traitement par l’objet, par le maniement de la lettre et le dialogue comme sortie de l'autisme. […] La clinique de l’autisme est certes à distinguer de la clinique de la schizophrénie et de celle de la paranoïa mais elle fait partie intégrante de la clinique différentielle des psychoses. Elle est incluse dans la forclusion généralisée, point ultime où tout le symbolique est réel, où la jouissance est entièrement localisée dans le signifiant S1 qui le véhicule. »  (http://www.courtil.be/feuillets/F29.html)

 

30 décembre 2013

Elsa Bouet, une jeune femme différente, entre LE MUR et le syndrôme d'Asperger

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La WEBTV des gens différents Lanceuse d’alerte et pourvoyeuse de solutions

Publiée le 29 déc. 2013

Il y a deux ans, Elsa a eu deux révélations simultanées : le film LE MUR, et son syndrome d'Asperger. Témoignage.

11 décembre 2013

A propos du film : Quelque chose en plus ... Autisme & ABA, le bonheur d'apprendre

"En fait ce n’est pas ma vision de l’autisme qui a changé avec ce film, c’est ma vision du travail des éducateurs : il y a une intelligence émotionnelle qui transpire dans ces établissements, c’est une leçon d’humanité pour tout le monde. Ce film est aussi un hommage à tout leur travail." déclare Sophie Robert (extrait de l'article ci-après)

article publié dans l'Express

J’ai vu la semaine dernière le trailer du dernier film de la réalisatrice Sophie Robert, « Quelque chose en plus », documentaire sur la prise en charge éducative, comportementale et développementale de l’autisme. Pour cela elle a filmé le quotidien d’enfants autistes qui partagent leur temps entre un établissement médico-social utilisant l’ABA (Analyse appliquée du comportement) et l’école. Les établissements dans le film sont l’IME (Institut médico-éducatif) de Chambourcy, ouvert par l’association Agir et vivre l’autisme et l’IME Eclair, en Seine-et-marne, ouvert par l’association AIME 77.

La réalisatrice recherche des soutiens pour finaliser la post-production du film. Vous pouvez y contribuer sur le site de financement participatif ULULE

Cette bande annonce m’a beaucoup émue, car c’est ce que j’essaye de mettre en place pour Julien depuis au moins 5 ans, avec l’association que nous avons créée dans ce but.

J’ai voulu en savoir plus sur ce film, et je lui ai donc posé quelques questions..

- Pourquoi as-tu entrepris ce projet ? 

- J’ai entrepris ce projet car j’avais conscience de la désinformation qu’il y a concernant l’ABA : tout le monde en parle, mais on ne sait pas en quoi cela consiste. La mauvaise réputation de cette approche est entretenue par les professionnels qui font de la résistance au changement, et par des escrocs qui profitent de la détresse des familles en se faisant passer pour des professionnels expérimentés de l’ABA  alors qu’ils ne sont pas ou peu formés.

Quelle que soit la méthode utilisée, je suis pour la transparence : on ne sait pas ce qui se passe derrière les murs des hôpitaux de jour et IME classiques où sont orientés les enfants autistes, contrairement  aux deux établissements dans lesquels je suis venue filmer plusieurs fois.

- Comment s’est porté ton choix sur ces deux établissements ?

Cela s’est fait naturellement, à la suite de plusieurs rencontres depuis deux ans avec des gens formidables, membres du réseau ressources ABA et qui ont pu ouvrir ces établissements à l’issue du deuxième plan autisme en 2008. Ce sont donc des établissements récents qui pratiquent des approches comportementales up-to-date basées sur la motivation de l’enfant et sa relation avec l’éducateur.

Ces personnes m’ont invitée plusieurs fois à visiter leur établissement, et c’est là que j’ai pu concrètement mesurer la distance entre ce qui se dit et ce qui se fait. J’y ai découvert des choses qui m’ont fascinée et qui étaient tellement à 1000 lieues de ce que j’ai pu lire ou voir dans certaines vidéos que je me suis dit « Il faut absolument faire un film ».

- Est-ce qu’il y a beaucoup d’établissements en France comme ceux que tu as filmés ? Sinon pourquoi ?

Non, il n’y a que 28 établissements qui ont été créés à l’issue du 2ème plan autisme en 2009. Il y en a très peu, parce que le lobby psychanalytique ponctionne tout le financement du médico-social et que malgré les multiples condamnations de la France pour manquements graves dans la prise en charge de l’autisme, il y a une inertie phénoménale et un gaspillage d’argent public colossal.

Mettre des enfants autistes en hôpital de jour  sans se fixer aucun objectif en termes d’éducation et de progrès, c’est beaucoup d’argent gaspillé par l’État, entre 900 et 1000 € par jour et par enfant, pour peu d’efforts et sans aucune perspective de résultats. Beaucoup de professionnels sont imbibés de cette idéologie qu’il faut laisser dans un coin, comme l’explique le psychiatre psychanalyste Rabanel (aperçu ici) dans un institut de formation de travailleurs sociaux. Ces gens-là captent tout le financement, qui se chiffre en milliards.

À coté de cela il y a énormément d’associations de parents qui veulent promouvoir des approches recommandées par la Haute autorité de santé et qui sont déboutées par les Agences régionales santé. Ces parents-là deviennent malgré eux des chefs d’entreprise bénévoles, et passent leur temps libre à faire des demandes de subvention à des entreprises privées pour assurer eux-mêmes la formation de professionnels par exemple.

- Peux-tu décrire une journée type d’un enfant que tu as filmé ?

Chaque enfant a un programme spécifique, adapté à lui, mais l’objectif pour chacun est d’être intégré à l’extérieur dans de bonnes conditions le plus rapidement possible. Les établissements que j’ai filmés fonctionnent comme des Sessad (Service d’éducation et de soins spécialisés à domicile) : Les éducateurs suivent l’enfant dans ses lieux de vie. Il y a beaucoup d’activités à l’extérieur, un énorme travail sur l’inclusion scolaire et un gros travail de formation avec les parents, l’entourage de l’enfant.

- Quels sont les aspects dans ce film qui t’ont le plus surprise, émue ?

Ce qui m’a frappée le plus, du matin au soir, c’est l’intensité des duos entre les éducateurs, les psychologues et les enfants. C’est une collection de moments magiques,  les enfants sourient, sont manifestement heureux. Ces enfants sont autistes sévères, et c’est un peu comme si les éducateurs devaient être beaucoup plus dans la présence sur le plan humain. Leur plaisir d’être dans la relation accroche l’enfant, qui préfère lâcher son autostimulation pour jouer avec eux, et c’est une vraie victoire. C’est chouette à regarder, à vivre, c’est très inspirant.

Une scène m’a particulièrement émue, c’est lorsqu’un enfant autiste est dans la cour de récréation de l’école et que les enfants tournent autour de lui, le prennent parla main. J’ai pleuré en voyant cela et j’ai pensé à tous ces enfants handicapés exclus, à qui on n’a pas donné cette chance d’être parmi les autres dans de bonnes conditions.

- Est-ce que ce tournage a changé ta vision de l’autisme et de son accompagnement en France ? 

En fait ce n’est pas ma vision de l’autisme qui a changé avec ce film, c’est ma vision du travail des éducateurs : il y a une intelligence émotionnelle qui transpire dans ces établissements, c’est une leçon d’humanité pour tout le monde. Ce film est aussi un hommage à tout leur travail.

- Qui t’a aidée pour ce film ?  As-tu eu des difficultés pour le faire financer ?

J’ai démarré avec une subvention de la fondation autisme dans l’optique d’un petit film qui a été complétée par une subvention du réseau de ressources ABA ; j’ai eu ensuite un sponsoring de la Matmut, ce qui m’a permis de faire un film plus ambitieux. J’ai fait le choix de faire un film de 60 minutes et de compléter le financement parce que les personnes concernées par l’autisme ont besoin de ce film aujourd’hui. Je suis donc en ce moment entrain de rechercher des fonds auprès de chaines de télé, sponsors, crowdfunding comme le site Ulule pour finaliser la post-production de ce film.

- Où sera diffusé ce film ? 

Aujourd’hui, 3 chaînes de télévision sont partenaires du film : Vosges Télévision, Cinaps TV et La locale.

Il sera diffusé en streaming légal sur ma web TV Dragon bleu TV.

Beaucoup d’associations de parents attendent ce film avec impatience pour le diffuser dans des salles de cinémas ou lors de conférences ou pour le faire partager à des élus locaux…

- Pourquoi avoir choisi ce titre pour ce film ?

J’ai choisi ce titre parce que les éducateurs m’ont démontré que pour arriver à faire progresser les enfants, à ce qu’ils soient dans la communication, à ce qu’ils soient heureux, la science ne suffit pas. C’est important de comprendre les principes du comportement humain mais aujourd’hui on est dans une démarche éducative, comportementale et développementale : ce n’est pas l’ABA des années 70. Les enfants ne sont pas des robots.

Et à côté de tout cela il faut quelque chose en plus, c’est le côté humain. 

Merci à toi Sophie, merci de tout mon cœur pour avoir réalisé ce film nécessaire, qui lève enfin le voile sur cette approche éducative basée sur l’ABA, une approche humaine avant tout…

Liens : 

- Site de financement participatif Ulule

- Page facebook

- Site internet de la  toute récente web TV sur l’autisme, Dragon Bleu TV, créée par Sophie Robert

8 décembre 2013

Autisme et ABA : Le bonheur d'apprendre, par Sophie Robert

Samedi 7 décembre 2013

drapeau_francais.gif   En attente (le 16 janvier sauf contre-ordre) du verdict en appel du procès sur la censure du film "Le Mur" de Sophie Robert, voilà que "la sorcière scientiste", comme l'appelle Jean-Marie de Lacan, récidive. Après avoir montré les "défaillances" de l'approche psychanalytique de l'autisme, elle nous propose, toujours en images (elle est réalisatrice, chacun son truc), un autre documentaire, intitulé: Quelque chose en plus, qui montre ce que les méthodes issues de l'ABA(*)  peuvent apporter de positif pour faire progresser les enfants atteints de ce Trouble Envahissant du Développement (TED).

(*) et non pas "la méthode ABA", comme on le lit partout et qui constitue, au mieux un racourci, au pire une erreur catégorielle car l'Applied Behavior Analysis" (ABA) n'est pas une méthode mais, comme son nom l'indique, une analyse appliquée du comportement, analyse dont découlent des méthodes pratiques d'intervention.

 

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5 décembre 2013

Parce que nous sommes tous différents ...

1 décembre 2013

L'ABA si j'y suis !

article publié sur le blog de Jean-Marie De Lacan

Chers disciples, et psychanalystes de tous bords,

Nous sommes à nouveau victimes d’une attaque "sang prêt cédant", d’une saillie encore et toujours effectuée sur le rythme militarisé des bottes en cuir et de la cravache de la désormais célèbre mère maquerelle des négationnistes de l’inconscient, cet inconscient dont nous sommes lézardants défenseurs de la non existence préalable à l’avènement du prophète premier, et lézardants défenseurs de sa structuration sur le modèle de l’iceberg à whisky depuis.

En d’autres termes, la grognasse a encore frappé, ou semble plutôt sur le poing de faire bander l’annonce, celle d’un nouveau retorchage qui vise à nous salir. Elle y parle, ou plutôt y fait parler des méthodes dites "éducatives" dont nous avons pourtant dénoncé le grand danger : celui de nous faire disparaître du champ de la prise en charge de l’autisme. Il est d’ailleurs surprenant de constater que depuis qu’il est question d’exclure la psychanalyse de l’autisme, ce diagnostic spectral est en hausse spectaculaire chez les malades mentaux qui nous sont "chers", un peu comme si ces derniers cherchaient à fuir quelque chose qui ressemblerait à une figure paternelle au phallus atrophié mais que nous peinons toujours à identifier.

Toujours est il que Jamais nous n’abdiquerons!

Nous portons dorénavant cette affaire devant la justice, assignons la sorcière scientiste et implorons la censure préalable de ce report qui tache déjà notre raie-putassion. Dans le cas, très peu probable où nous tomberions sur un juge sans foi, donc sans loi, nous conservons une requête de secours comme second recours garantissant le juste parcours de notre discours à la cour.

Requête 1 : Nous, psychanalystes, n’avons jamais été contactés par Sophie Robert en vue de la réalisation d’un film documentaire intitulé "Quelque chose en plus". Considérant que notre absence équivaut à la dénaturation de nos propos et de notre pensée, nous présentons une requête devant le président du tribunal aux fins d’obtenir la désignation d’un huissier qui aurait pour mission de se faire remettre l’intégralité des rushes du film dans le but de faire la preuve de l’intégralité de l’absence de nos propos et du fait que ceux-ci ont donc été dénaturés dans le cadre de l’annihilation de notre pensée. Nous demandons au tribunal d’interdire à la défenderesse l’exploitation sous quelque forme que ce soit et la diffusion du film sous astreinte de 666 000 € p ar jour, de condamner la défenderesse à verser la somme de 666 000 000 € à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice résultant de l’atteinte à notre droit moral, de l’atteinte portée à notre droit à l’image et à notre réputation.

Requête 2 : Nous, psychanalystes, n’avons jamais été contactés par Sophie Robert en vue de la réalisation d’un film documentaire intitulé "Quelque chose en plus". Considérant que notre absence équivaut à la dénaturation du propos et de la pensée des intervenants concernant la méthode comportementalo-fasciste ABA, nous présentons une requête devant le président du tribunal aux fins d’obtenir la désignation d’un huissier qui aurait pour mission de se faire remettre l’intégralité des rushes du film dans le but de faire la preuve de l’intégralité de l’absence de nos propos et du fait que les propos concernant l’ABA ont donc été dénaturés dans le cadre de l’annihilation du genre humain. Nous demandons au tribunal d’interdire à la défenderesse l’exploitation sous quelque forme que ce soit et la diffusion du film sous astreinte de 666 000 € p ar jour, de condamner la défenderesse à verser la somme de 666 000 000 € à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice résultant de l’atteinte à notre droit moral sur l’ABA, de l’atteinte portée à notre droit à l’image ainsi qu’à notre droit sur la réputation du comportementalo-fascisme.

Huit minutes d’attention flottante permettent clairement d’identifier les intentions malsaines de la réalisatrice à notre égard. Il s’agit à l’évidence de faire porter une parole totalement contraire à la nôtre sur ces méthodes comportementalo-fascistes. L’ABA est présentée comme une approche humaine voire humaniste qui s’adapterait à la singularité de chaque enfant, or nous sommes les seuls à disposer d’un tel pouvoir selon les tables de la loi freudienne. Par ailleurs, enfants, parents et intervenants semblent travailler de façon coordonnée, dynamique et enjouée, trois caractéristiques qui sont autant de portes ouvertes vers l’éradication du symptôme. Nos prophètes de l’eau-de-là, avec lesquels nous échangeons via l’oraclacanien, nous ont pourtant bien mis en garde contre les risques liés à l’éradication de la psychose : la surchauffe de l’inconscient de notre planète, à savoir son noyau, qui entrainerait de multiples fissures volcaniques de l’écorce terrestre et donc, la dispersion des divans.

Notre nouvelle et haine-y-aime action en justice symbolise à merveille le caractère publique de notre utilité, de notre argent, de notre santé, de notre parole, ce qui m’amène à un notre seconde croisade du moment : la décadence ou plutôt la Soca Dance de l’université française.

Dans un total mépris de la liberté de religion et de la culture, une réforme en cours vise à bâillonner l’enseignement de la psychanalyse à l’université. Comment peut-on imaginer priver les étudiants en psychologie, en sociologie, en droit, en médecine, en politique de ce dont leur inconscient a besoin? Ces derniers seraient donc condamnés aux divans clandestins, aux réseaux mafianalytiques? Sachez messieurs les législateurs que dans notre beau pays qui ne le restera plus longtemps, il existe des pulsions qui ne peuvent pas être réfrénées par votre beau principe de laïcité, qui ne le restera plus longtemps également.

Contraboliquement vôtre,

8 novembre 2013

Le procès en appel du film de Sophie Robert - LE MUR - c'est aujourd'hui ...

le mur censuré 8 nov 2013 en appel
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