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"Au bonheur d'Elise"
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7 avril 2012

article publié dans la nutrition.fr le 26 mars 2012

Vers une prise de sang pour diagnostiquer l'autisme

  • Des chercheurs viennent de découvrir un marqueur sanguin de l'autisme.
  • Une découverte qui pourrait permettre, à terme, un diagnostic via une simple prise de sang.
Jacques Robert - Lundi 26 Mars 2012
 
Vers une prise de sang pour diagnostiquer l'autisme
 

Il n'existe encore aucun moyen de diagnostiquer l'autisme via une prise de sang. Les chercheurs n'ont jusqu'alors pas réussi à identifier une substance pouvant servir de marqueur.

Pour résoudre cette problématique, un groupe de chercheurs Suédois, en collaboration avec des chercheurs Iraniens, a recruté 32 enfants autistes et 31 enfants sans problèmes de santé. Le diagnostic de l'autisme chez les enfants malades a été réévalué par des psychiatres et des neurologues puis reconfirmé. Ensuite les chercheurs ont effectué une prise de sang aux enfants des deux groupes qu'ils ont analysé via une technique à haute performance dite de "spectrométrie de masse activée par surface".

Cette méthode a permis de comparer toutes les protéines présentent dans le sang des deux groupes. Les chercheurs ont ainsi pu constater que 3 protéines étaient significativement présentes chez les autistes mais pas chez les autres enfants. Il s'agit de trois fragments d'une protéine du système immunitaire appelée "protéine complémentaire C3".

Les auteurs expliquent ensuite que leurs résultats peuvent avoir été influencés par les médicaments utilisés par les enfants mais estiment néanmoins que leur recherche est un grand pas en avant dans le diagnostic de l'autisme. Des études menées sur un nombre plus large d'enfants sont donc attendues.

Références : N Momeni, J Bergquist, L Brudin, F Behnia, B Sivberg, M T Joghataei, B L Persson. A novel blood-based biomarker for detection of autism spectrum disorders. Translational Psychiatry, 2012; 2 (3): e91.

http://www.lanutrition.fr/les-news/vers-une-prise-de-sang-pour-diagnostiquer-l-autisme.html

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7 avril 2012

article publié sur le site Information Hospitalière


IntegraGen lance le test ARISk™ aux États-Unis, un outil génétique d’évaluation du risque d’autisme - Revue de presse

IntegraGen lance le test ARISk™ aux États-Unis, un outil génétique d’évaluation du risque d’autisme

IntegraGen, acteur de premier plan dans le développement et la commercialisation de tests de diagnostic moléculaire dans l’autisme et l’oncologie, annonce aujourd’hui le lancement de son test d’évaluation du risque d’autisme ARISk™, outil qui analyse 65 marqueurs génétiques associés aux troubles du spectre autistique (TSA). Ce test vise à évaluer le risque d’autisme chez les enfants de familles multiplexes âgés de 6 à 30 mois, frères ou sœurs d’enfants déjà atteints de TSA.

D’après le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (Center for Disease Control - CDC), organe du Ministère de la Santé de l’État fédéral américain, l’âge moyen du diagnostic des TSA est de 4 ans. Des travaux attestent pourtant qu’une intervention précoce peut améliorer significativement le quotient intellectuel et réduire les troubles du langage et de socialisation des enfants atteints.

Le lancement du test a été annoncé par Bernard Courtieu, Président-Directeur Général d’IntegraGen, qui a précisé que le test ARISk™ ne serait réalisé que sur prescription par des professionnels de santé tels que les pédiatres, les pédiatres spécialisés dans les troubles du développement et les neuro-pédiatres. « Les derniers chiffres de prévalence du CDC font ressortir une prévalence de TSA de 1 enfant sur 88, dont 40 % ne sont pas diagnostiqués avant l’âge de 4 ou 5 ans », explique Bernard Courtieu, qui souligne par ailleurs que le questionnaire de dépistage de l’autisme chez les jeunes enfants (Modified Checklist for Autism in Toddlers - M-CHAT™) recommandé par l’Académie Américaine de Pédiatrie, n’est validé que pour les enfants âgés de 16 mois ou plus. « Notre mission consiste à fournir un outil fiable d’identification précoce du risque de TSA chez les enfants. En effet, une identification et une prise en charge précoces des enfants atteints de TSA sont déterminantes pour que les interventions thérapeutiques prescrites puissent apporter tout leur bénéfice. Nous sommes donc très heureux de proposer aux cliniciens le test ARISk™ ».

« Nous savons que la génétique joue un rôle indéniable dans l’autisme et qu’un diagnostic et une prise en charge précoces sont absolument indispensables pour obtenir les meilleurs résultats », explique le Docteur Antonio Hardan, spécialiste de l’autisme, membre du comité scientifique consultatif d’IntegraGen. « Pour un clinicien, identifier le risque d’autisme est d’autant ...

Lire la suite de la publication =>http://www.informationhospitaliere.com/actualite-20583-integragen-lance-test-arisk-Etats-unis-outil-genetique-d-evaluation-risque-d-autisme.html

6 avril 2012

article publié dans le quotidien du médecin le 5 avril 2012

Un gène non codant identifié dans l’autisme


lequotidiendumedecin.fr 05/04/2012

Une étude suggère qu’un gène non codant jusqu’ici inconnu pourrait contribuer au risque d’autisme. Il régule l’expression de la moesine, protéine connue pour affecter le développement cérébral.

Si des facteurs environnementaux contribuent au risque d’autisme, des facteurs génétiques jouent un rôle important. De rares mutations et des variations du nombre de copies ont été liées à l’autisme, mais pour la majorité des patients, les variants en cause restent inconnus.

Une précédente étude avait identifié une association hautement significative entre l’autisme et un variant SNP situé dans une région du chromosome 5 (5p14), région toutefois pauvre en gènes (« Nature », 2009). Daniel Campbell (Los Angeles) et son équipe ont cherché à savoir si cette association pouvait être due à un élément génétique fonctionnel. Ils ont effectivement découvert qu’un ARN non codant, jusqu’ici inconnu, est transcrit directement sous le signal d’association. Cet ARN est en fait l’antisens du pseudo-gène 1 de la moesine (MSNP1), et a donc été appelé MSNP1AS (pour Moesin Pseudogene 1, Antisense).

L’équipe montre en outre que l’ARN antisens MSNP1AS, situé sur le chromosome 5, se fixe à l’ARNm du vrai gène de la moesine (MSM), situé sur le chromosome X, et peut réguler les taux de moesine, une protéine impliquée dans le développement du cerveau (croissance axonale et formation des épines dendritiques), précédemment impliquée dans l’autisme.

Ainsi, il apparaît que l’ARN non codant MSNP1AS régule un gène de façon étonnamment complexe.

Enfin, les chercheurs ont analysé des échantillons de cerveau (cortex temporal) de sujets autistes décédés (n = 10), et ont constaté des taux douze fois plus élevés de MSNP1AS, comparés aux témoins (n = 10). Cette surexpression du MSNP1AS entraîne une baisse du taux de la protéine moesine dans des cellules humaines.

Alors que les taux de protéine moesine ont été trouvés normaux dans le cortex temporal post-mortem des sujets autistes, il est possible qu’à un moment crucial du développement cérébral, l’ARN antisens (ou élément génétique fonctionnel) provoque une dysrégulation de la moesine et diminue son taux, contribuant ainsi à l’autisme.

Des études dans des modèles animaux sont maintenant nécessaires pour déterminer l’effet de l’expression de MSNP1AS et du déficit en moesine sur le développement cérébral.

› Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Kerin et coll. Science Translational Medicine, 4 avril 2012.

http://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/biologie-genetique/un-gene-non-codant-identifie-dans-l-autisme

5 avril 2012

article publié sur le site du professeur Montagnier le 2 avril 2012

Pour les enfants autistes

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Le 2 avril 2012

Sommes-nous encore en France, le pays des Claude Bernard, et Louis Pasteur ? Ou bien sommes-nous revenus au pays des Diafoirus, dans une dictature intellectuelle stérilisant toute avancée médicale qui dérange ?

Une maladie terrible, qui touche de plus en plus le comportement d’enfants en bas âge, l’autisme, est proclamée irréversible, et ce serait donc un sacrilège que d’essayer de les guérir, mais oui, et au plus vite !

C’est pourtant ce qu’un groupe de médecins généralistes ont tenté de faire, avec un succès certain, sur plus de 200 enfants autistes, par des traitements simples avec des médicaments connus.

J’ai tenu à être leur porte-parole devant mes pairs de l’Académie de Médecine, appuyant leurs résultats par des études de laboratoire détectant des agents infectieux.

C’en était trop pour certains, qui ne pouvant nier l’essentiel, les améliorations spectaculaires d’enfants autistes, reportent leur fiel dans des attaques ad hominem.

Parmi ceux-là, j’ai eu la surprise d’y trouver Jean-Yves Nau, un jadis brillant chroniqueur du Monde qui dans les années ’80 avait relate avec courage et objectivité la découverte française du virus du SIDA. 

Ce temps est bien loin, et le nouveau Monsieur Nau se permet de racoler à mon sujet tous les ragots issus de la jalousie ou de l’ignorance.

Je n’y répondrai pas, mais je continuerai à défendre le travail collectif de mes collègues médecins que cette attaque vise, en fait, à détruire.

Ce travail n’est pas né d’aujourd’hui. Il résulte de patientes observations faites au fil des années par des médecins, qui ont osé ne pas suivre le courant dominant sur l’usage des antibiotiques. Car les progrès très rapides chez les enfants dépassaient leurs espérances et celles des parents, attestées par de nombreuses vidéos et témoignages.

Bien sûr cela ne marche pas toujours, il faut confirmer cette percée par des essais cliniques contrôlés en double aveugle, mais respectant les règles de l’éthique médicale.

J’appuie d’autant plus cette approche qu’elle coïncide avec une autre percée, scientifique celle-là, que je développe, appuyé par un réseau international de physiciens et biologistes : la détection grâce à des méthodes biophysiques d’infections latentes par des virus et bactéries ; ces infections sont ainsi mises en évidence chez les enfants autistes, et aussi dans les maladies neuro-dégénératives, articulaires, et dans certains cancers. Leur détection précoce va permettre de nouvelles approches préventives de ces maladies également si présentes dans notre population.

Puisse la France ne pas être le dernier pays au monde ou ces progrès serviront au bien-être de tous !

http://montagnier.org/Pour-les-enfants-autistes

5 avril 2012

article publié dans le cercle psy le 4 avril 2012

Franck Ramus : Pourquoi l’hypothèse neurodéveloppementale s’impose pour l’autisme

Propos recueillis par Jean-François Marmion
Article publié le 04/04/2012
 
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Comment expliquer l’autisme ? L’hypothèse la plus crédible aux yeux de la communauté scientifique internationale pointe diverses anomalies dans la structure et le fonctionnement du cerveau des personnes autistes. Mais de nombreuses zones d’ombre persistent. Explications de Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique de l’Ecole Normale Supérieure, qui réagit par ailleurs à la polémique sur la prise en charge psychanalytique de l’autisme.
 
Que sait-on aujourd’hui de la structure et du fonctionnement du cerveau des personnes autistes ?

Des observations ont été faites à plusieurs niveaux de description. Le résultat le plus connu porte sur la croissance du cerveau : à la naissance, il est plutôt un peu plus petit que la moyenne, mais sa croissance est anormalement rapide. Vers deux ans, il est devenu plus gros que la moyenne. On ne connaît pas les mécanismes sous-jacents. Il y a plusieurs hypothèses : augmentation anormale du nombre de synapses ou de dendrites, défaut de l’élagage des synapses… Il est très difficile de les tester. Indépendamment du volume, on a repéré des propriétés microscopiques. Les études de dissection, basées sur des dons de cerveaux, montrent un cortège d’anomalies de différents ordres affectant de multiples régions, le cervelet notamment. Mais les cerveaux disséqués ainsi sont peu nombreux, les données sont donc limitées. Ce qui plus abordable, quoique avec une résolution bien moindre, c’est l’imagerie cérébrale, à la fois anatomique et fonctionnelle. Elle montre que selon les régions il y a plus ou moins de matière grise que chez les personnes témoins, et que la connectivité, via la matière blanche, est atypique. On observe aussi une sous-activation de certaines régions impliquées dans la perception, en particulier celle des stimuli sociaux comme les visages ou les voix, ou encore dans la théorie de l’esprit, c’est-à-dire la capacité d’attribuer des états mentaux à autrui. L’organisation du cortex cérébral est différente. Mais attention : tout ce qu’on observe à l’IRM, en particulier les activations fonctionnelles, montre que les cerveaux des personnes autistes fonctionnent différemment, mais cela n’établit jamais la cause. C’est pour cette raison que les données de croissance cérébrale précoce et de dissection ont un poids très important quand on parle de causalité : les phénomènes observés au microscope peuvent être parfois précisément datés dans les étapes précoces du développement cérébral, quelquefois même in utero. Sur la base de ces données, on peut se permettre d’affirmer qu’effectivement une déviation extrêmement précoce du développement cérébral exclut d’autres hypothèses, alors que celles obtenues à l’IRM n’excluent aucune cause.
 
Peut-on savoir si ces dysfonctionnements surviennent dès la grossesse ?

Ca dépend. Les perturbations de la migration neuronale, par exemple, se déroulent chez l’humain entre 12 et 24 semaines de gestation uniquement. D’autres malformations peuvent être plus ou moins bien datées, quelquefois avant la naissance, quelquefois après. La trajectoire de croissance du cerveau des enfants autistes n’est pas établie de façon extrêmement précise, mais semble dévier dès la naissance, autant qu’on puisse en juger. Mais tout cela est hétérogène entre les personnes autistes : les observations varient avec chaque cerveau.
 
Il n’y a pas de signe prédictif biologique indiquant qu’un enfant va développer l’autisme ?

Non, absolument pas. Si on arrivait à mesurer toutes les propriétés pertinentes du cerveau après la naissance d’un enfant, on pourrait, à la limite, calculer une probabilité que cet enfant devienne autiste. Mais la précision du calcul serait à l'heure actuelle trop faible pour avoir de l’intérêt.
 
Parlons des causes possibles. Les malformations cérébrales observables dès la grossesse sont-elles d’origine génétique ?

Il y a plusieurs manières d’aborder la question. Les études de jumeaux suggèrent une part très prépondérante de facteurs génétiques, ce qui n’exclut pas pour autant des causes environnementales. Il est effectivement prouvé que certains facteurs environnementaux augmentent la susceptibilité à l’autisme, par exemple l’exposition prénatale à des toxiques comme la thalidomide ou l’acide valproïque, ou à des infections virales comme la rubéole ou le mégalocytovirus. La souffrance à la naissance, avec un manque d’oxygène dans certaines parties du cerveau, le poids de naissance, sont aussi des facteurs qui ont au moins une influence modérée sur la probabilité de devenir autiste. Ils accroissent les problèmes du développement du cerveau de manière générale, et en particulier la susceptibilité à l’autisme. Mais les déclenchent-ils, c’est très difficile à dire. On n’est jamais capable de le dire, pour un individu précis. Ce qu’on peut faire de mieux, c’est d’effectuer des statistiques sur des groupes.
 
On ne peut pas espérer trouver aujourd’hui « le » gène de l’autisme. Celui-ci impliquerait plutôt une constellation de gènes très variés ?

C’est vrai dans toute la génétique psychiatrique, qui de manière générale ne répond pas à la logique de la génétique mendélienne, mais plutôt à celle des maladies génétiques complexes (telles que le diabète, l'hypertension artérielle…). Une multitude de gènes influencent la susceptibilité à chacun des troubles. Et ce qu’on trouve varie d’un patient à l’autre. Il y a d’ailleurs plusieurs types de mécanismes génétiques, d'une part les effets cumulés d’une combinaison de nombreux gènes présents dans une version défavorable (que l’on appelle les allèles de susceptibilité), d'autre part, plus rarement, des mutations délétères de certains gènes qui ont alors un impact plus important sur la synthèse ou la fonction des protéines. Une seule mutation sur le mauvais gène peut entraîner une série de troubles. Mais une mutation peut se trouver sur un gène chez un patient, sur un autre gène chez un autre. Même si elle est dans le même gène, ce n’est pas exactement le même endroit de la séquence qui a été muté d’un patient à l’autre. C’est aussi ce qui rend les recherches très difficiles. En quelque sorte, on en arrive à ce que les généticiens appellent des mutations privées : chaque patient a sa propre mutation. Malgré tout, des analyses de grandes populations permettent de remarquer que ce sont souvent les mêmes gènes qui reviennent, et convergent vers certaines fonctions physiologiques. Thomas Bourgeron, de l’Institut Pasteur, a par exemple trouvé des mutations dans la neuroligine 3 et la neuroligine 4, ce qui a été répliqué dans d’autres études : ces protéines sont impliquées dans l’adhésion synaptique entre les neurones pré et post-synaptiques, et la formation même des synapses au cours du développement. Plusieurs altérations de gènes liés aux neuroligines ont également été identifiées par des équipes indépendantes. Tout cela converge vers des mécanismes moléculaires très voisins, qui font que les synapses se forment d'une manière anormale, ce qui a certainement quelque chose à voir avec la croissance anormale du cerveau.
 
Mais si cette hypothèse génétique n’exclut pas l’influence de facteurs environnementaux, exclut-elle l’hypothèse psychanalytique ?

Il est difficile de savoir ce qu’est l’hypothèse psychanalytique, puisque l’hypothèse standard portait sur le rôle de la mère, mais que maintenant tous les psychanalystes disent qu’ils n’y croient plus. On ne sait plus trop à quoi ils croient, c'est d'ailleurs l'objet de la série de questions que j'ai posées à la CIPPA (Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s'occupant de personnes avec Autisme ). Dans les cas où une étiologie claire est identifiée, la mère n'y est évidemment pour rien, ni quoi que ce soit dans l'environnement familial. Néanmoins les psychanalystes semblent entretenir l'idée que le mécanisme causatif pourrait être une combinaison d'une vulnérabilité génétique et d'une mauvaise attitude de la mère en réponse au comportement anormal de son bébé. Dans ce cas, on peut tester l’hypothèse : nous disposons de données épidémiologiques sur les enfants autistes, les caractéristiques des pères, des mères, leurs attitudes, leurs maladies, etc. A-t-on observé des tendances statistiques confirmant que les mères avec telle attitude ont plus de risques d’avoir des enfants autistes ? Les mères dépressives pendant la grossesse ou après la naissance courent-elles aussi ce risque ? Aucune donnée publiée ne permet de l'affirmer. Les hypothèses psychanalytiques traditionnelles ont donc été testées, et rien n’est venu les confirmer. Un facteur comme la dépression peut bien avoir une influence sur le développement de l’enfant, et peut constituer un facteur de risque pour d’autres troubles du développement comme les troubles émotionnels, du comportement, de l’attention, etc. Mais jusqu'à preuve du contraire, pas pour l’autisme.
 
A défaut d’influer sur le génome lui-même, l’attitude de la mère peut-elle influer sur l’expression de certains gènes ?

On suppose que c’est effectivement le mécanisme principal de l’effet de la dépression maternelle sur certains troubles du développement, soit in utero avec des hormones sécrétées par la mère qui vont influencer la physiologie du nourrisson via l’expression de certains gènes dans ses neurones, soit d’une façon plus sociale et comportementale qui va être internalisée par l’enfant. C’est bien identifié chez la souris, et on a toutes raisons de penser que ça doit aussi exister chez l’humain. On a donc des données compatibles avec l’hypothèse de l’influence maternelle sur certains troubles du développement… mais pas sur l’autisme !
 
Mais les psychanalystes pourraient vous rétorquer que puisqu’on n’a pas trouvé « le » gène de l’autisme ni « la » cause de ce trouble, l’hypothèse neurodéveloppementale n’est pas absolument prouvée.

Il y a quand même beaucoup de données convergentes, qui ont un poids énorme à des niveaux différents de description : celui du génome, des cellules, du cerveau… Evidemment, le scénario est très incomplet. Mais en face, qu’est-ce qu’on a comme éléments en faveur de l’influence de la mère ? Zéro. Absolument zéro. Pas une seule étude à l’appui. Quand il s’agit de se prononcer pour l’hypothèse la plus probable, il n’y a donc pas un seul instant d’hésitation.
 
Que vous inspire la polémique récurrente sur la prise en charge psychanalytique de l’autisme ? A-t-on franchi un cap avec la polémique liée au Mur et le rapport de la Haute Autorité de Santé prenant des distances relatives avec la psychanalyse ?

Oui, on est certainement à un tournant, surtout dans les médias. Ils étaient jusqu’à présent extrêmement frileux dans leurs critiques de la psychanalyse, aussi bien lors du rapport sur les psychothérapies de 2004 que lors du Livre noir de la psychanalyse en 2005. A chaque fois, beaucoup étouffaient l’affaire, même s’il se trouvait quelques journalistes courageux comme Laurent Joffrin dans le Nouvel Observateur. Avec Le Mur et le procès intenté à Sophie Robert, on a l’impression que les médias ont levé le couvercle et commencé à fournir un traitement un peu plus équilibré du débat (peut-être parce que cet évènement touche à la liberté d'expression chère aux journalistes). En parallèle, les associations de parents d’enfants autistes ont fait preuve d'une détermination sans faille depuis de nombreuses années. C’est elles qui ont agi sur les pouvoirs publics pour provoquer les plans autisme successifs, et qui ont saisi la HAS. Via la problématique de l’autisme, toutes les données défavorables à la psychanalyse sont mises sur le tapis. On est au point de basculement où tout le monde semble prendre conscience qu’il faut rénover la psychologie et la psychiatrie, et passer dans l’ère de la médecine basée sur les preuves.
 
Le rapport de la HAS reconnaît une meilleure efficacité des prises en charge comportementales, mais ne condamne pas explicitement la psychanalyse.

On sait que chaque mot a été négocié. Ca peut sembler un point sémantique très important, mais en réalité peu importe que le rapport évoque la psychanalyse comme « non consensuelle » au lieu de « non consensuelle ou non recommandée ». La question cruciale est de savoir ce qui va se passer sur le terrain, où les soignants pourraient se permettre d’ignorer totalement les recommandations de la HAS (voir d'ailleurs l'appel à la désobéissance du collectif des 39). L’Etat doit se donner les moyens de les faire appliquer, assurer une remise à jour de la formation de tous les professionnels, prendre l’initiative d’évaluer les pratiques. C’est autre chose que de faire la revue de la littérature scientifique. La limite du travail de la HAS est celle-ci : comment condamner une pratique pour laquelle on n’a pas de données ? Le plus grand reproche qu’on peut faire à la psychanalyse, c’est de ne jamais avoir fait de la recherche, ne jamais avoir ne serait-ce qu’adhéré à la démarche scientifique. La plupart des psychanalystes n’ont produit aucune donnée permettant d’évaluer leur travail. Ils rejettent même l’idée d’évaluation. Quand on veut comparer l’efficacité des méthodes, il n’y a donc rien à comparer. Les psychanalystes peuvent toujours dire que les méthodes d’évaluation ne sont pas adaptées à ce qu’ils font, mais qui peut être dupe ?…
 
Faudrait-il aller jusqu’à l’interdiction de la psychanalyse pour la prise en charge de l’autisme, comme le préconise le député Daniel Fasquelle ?

Non. Je lui ai d’ailleurs adressé une lettre que je reproduis sur mon blog : l’intention est peut-être bonne, mais la méthode n’est pas du tout adaptée. Ce n’est pas au parlement de dire quels sont les bons traitements pour l’autisme, pas plus que ce n’est à lui de dire ce qu’est l’Histoire avec des lois mémorielles. Faire voter les députés là-dessus serait complètement absurde. En revanche, il est parfaitement du ressort de l’Etat de se soucier que les citoyens aient accès à des traitements médicaux et des thérapies validés scientifiquement. La bonne démarche serait de créer une agence nationale d’évaluation des psychothérapies pour vérifier que les pratiques des professionnels de santé sont conformes aux données scientifiques. Autrement dit, les députés n’ont pas à se prononcer directement sur telle ou telle thérapie, mais doivent mettre en place des structures missionnées pour cela.
 
Puisqu’il a déjà fallu des années pour obtenir une loi définissant le seul titre de psychothérapeute, on peut penser que ce projet serait difficilement réalisable…

S’il a fallu six ans pour que paraisse le décret d’application de l’amendement Accoyer, c’est notamment à cause du lobbying effréné des psychanalystes. Je pense que ça fait partie des choses qui sont en train de basculer. Leur influence à la fois médiatique et politique s’effrite. On ne peut pas imaginer qu’ils vont encore très longtemps pouvoir s’opposer à l’évaluation et à la nécessité de se baser sur des données scientifiques. Comment peut-on encore défendre une position pareille ? C’est assez incroyable. Il faut vraiment que les politiques n’aient aucune culture scientifique pour accepter ce genre de chose, alors même qu’ils ont des exigences très différentes dans tout le reste de la médecine : il ne serait pas question d’une telle démarche pour le cancer ou Alzheimer.
 
Avec la Fédération Française des Dys, vous avez publié une tribune expliquant que l’autisme n’est pas le seul trouble concerné par l’influence de la psychanalyse. Espérez-vous que les associations représentant différents patients prennent le relai, et que la bataille de l’autisme ne soit qu’un prologue à un mouvement plus vaste contre la psychanalyse ?

Tout à fait. En tout cas, contre la psychanalyse là où sa présence est illégitime. Ce qui fait déjà pas mal d’endroits… Un psychiatre d’adultes, par exemple, va vous dire que beaucoup trop de patients avec TOC sont encore pris en charge par des psychanalystes qui n’ont rien compris à leurs troubles, qui ne les traitent pas, et leur font perdre beaucoup de temps (alors même que la HAS a publié des recommandations et des arbres décisionnels très clairs sur la prise en charge des TOC). Même si c’est aujourd’hui relativement bien fléché, il fut une époque où les psychanalystes s’avisaient de prendre en charge des patients schizophrènes... Le rapport Inserm de 2004 indiquait que la psychanalyse n’avait une certaine efficacité que pour certains troubles de la personnalité. On ne va jamais éradiquer la psychanalyse, ce ne serait un objectif ni réaliste ni forcément souhaitable. Mais ce qui est crucial, c’est que les gens avec de véritables maladies, pour lesquels d'autres thérapies sont efficaces, même si aucune n’est la panacée, aient accès à des soins validés. Pour eux, être prisonnier des psychanalystes sur le divan pendant des années ne mène à rien. Mais si d'autres personnes, sans être vraiment malades, ont du vague à l’âme et éprouvent le besoin de parler à quelqu'un, libre à elles de choisir un psychanalyste pour cela. En somme, les psychanalystes doivent clarifier leurs prétentions et agir en conséquence : soit ils revendiquent le fait de soigner des personnes avec de véritables troubles mentaux ou psychiques, auquel cas leurs thérapies doivent être évaluées et validées scientifiquement ou disparaître ; soit, abandonnant toute prétention à soigner des maladies, ils se replient sur les adultes en bonne santé qui veulent parler, auquel cas ils doivent le dire très clairement aux patients et à leurs familles. L'ambiguïté sur ce sujet n'est pas acceptable.
 
Avec son approche dimensionnelle, le DSM 5 devrait bouleverser la définition même de l’autisme en considérant ses différentes formes possibles comme un continuum. Qu’en pensez-vous ?

Toutes les définitions des classifications internationales sont appelées à évoluer avec nos connaissances. Ce qui fait leur valeur, c’est justement qu’elles ne sont pas figées au fil de notre compréhension des mécanismes pathologiques. On s’aperçoit que certains cas sont fondamentalement différents alors qu’on les confondait, on met à jour des points communs insoupçonnés entre des pathologies… Evidemment, chaque fois qu’on rediscute des définitions, on voit qu’elles sont imparfaites, qu’elles ont des limites, mais on opère une concertation très large, on consulte toutes les données scientifiques disponibles, et on a toutes les raisons de penser que ce qui sera produit dans la nouvelle version sera plus compatible avec les connaissances. L'approche dimensionnelle résulte clairement de la prise en compte de toutes les recherches effectuées depuis le DSM IV. Je n'ai pas pour autant l'impression que cela change radicalement les critères diagnostiques de l'autisme.
 
Vous êtes l’un des fondateurs du Kollectif du 7 janvier. En quoi consiste-t-il ?

A l’origine, il réunissait les auteurs d’un Science et pseudo-sciences sur la psychanalyse, qui ont ensuite soutenu Sophie Robert. Il s’est élargi à des chercheurs, des représentants d’associations de familles, des professionnels de santé… Leur point commun est de vouloir une psychologie et une psychiatrie fondées sur les preuves. Et de faire connaître leur position, de manière très large. Les psychanalystes monopolisent tellement le débat médiatique, dans la presse mais aussi avec des communiqués réguliers comme ceux du Collectif des 39 ou du Syndicat des psychiatres français, que les citoyens peuvent avoir l’impression qu’il n’y a que ce point de vue, et que tous les psychiatres défendent la psychanalyse. Alors que c’est totalement faux : la proportion des psychanalystes est décroissante, simplement les non psychanalystes peinent à s’exprimer publiquement parce qu’ils sont très soumis au bon vouloir des psychanalystes pour leur promotion et leur recrutement. Il y a une espèce de terrorisme des psychanalystes qui fait que les autres ont peur de parler ouvertement.
 
Vous récoltez d’ailleurs des témoignages de ces non psychanalystes qui ont peur de s’exprimer. Que vous racontent-ils ?

Des jeunes internes en psychiatrie sont menacés qu’on ne valide pas leur stage, parce qu’ils s’avisent d’évaluer leurs patients pour savoir comment les prendre en charge, comme si c’était criminel. Selon leur chef de service, ils sont soumis à diverses pressions dans leur pratique. Pour trouver un clinicat, c’est la même chose : il faut être bien avec un chef de service qui va bien vouloir les accueillir, donc il ne faut pas être détecté comme une brebis galeuse qui va faire du grabuge. Les postes, ensuite, sont attribués par des comités d’experts où les psychanalystes sont encore dominants. Les non psychanalystes n’ont jamais totalement les mains liées, mais ont à cœur de ne jamais se griller auprès de leurs pairs. Du coup, prendre position publiquement contre la psychanalyse est impensable pour 99 % des psychiatres. Ceux qui pratiquent des bilans dans des centres de ressource autisme voient des enfants se présenter après des années d’errance diagnostique dans un institut médico-éducatif ou un centre d’action médico-sociale précoce, où les psychiatres n’ont jamais offert de diagnostic, ou en ont donné un inapproprié. De nouveaux psychiatres corrigent donc le mauvais diagnostic, réorientent les prises en charge, font des recommandations, mais ils sont obligés de conserver des relations relativement bonnes avec leurs confrères de toutes obédiences, de manière à assurer un lien entre les différents lieux de prise en charge et faire passer des messages vers les équipes thérapeutiques. Il leur faut donc éviter de se fâcher avec leurs collègues, pour préserver des solutions d’accueil pour les enfants. Il est temps qu’ils parlent, même anonymement. Des témoignages commencent d’ailleurs à être rassemblés sur le site d'Autiste en France.
 
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4 avril 2012

article publié dans Six-fours.net le 3 avril 2012

Six Fours Handicap Grand succès du congrès d'autisme PACA

Plus de 600 inscrits, des centaines de personnes refusées: ce congrès fera date, avec la venue exceptionnelle de Monica Zilbovicius et de grands spécialistes venus parler de l'autisme, du cerveau, de la neuropsychologie.

De g à d: Joëlle Corneille (Kiwanis), Jean-Sébastien Vialatte (député-maire), Jean-Marc Bonifay (APACA), Monica Zilbovicius, Joseph Mulé (conseiller général) et Philippe Vitel (député).

De g à d: Joëlle Corneille (Kiwanis), Jean-Sébastien Vialatte (député-maire), Jean-Marc Bonifay (APACA), Monica Zilbovicius, Joseph Mulé (conseiller général) et Philippe Vitel (député).

Organisé par Autisme PACA, avec le soutien de la municipalité de Six-Fours, et en partenariat avec le Kiwanis de Six-Fours-La Seyne-Saint Mandrier, ce congrès a été un succès comme rarement en France. Il s'agissait de présenter l'autisme sur un plan scientifique et d'évoquer les recherches, les avancées avec Monicia Zilbovicius, marraine d'APACA (voir notre précédent article), Sandrine Oblet (psychologue), Lionel Couquet (pédopsychiatre), le professeur Da Fonseca (pédopsychiatre), Andréia Santos (psychologue), Yannick Rodriguez (jeune homme asperger, étudiant). On retrouvait dans la salle parmi les centaines de personnes présentes, des professionnels (notamment centre de ressources autisme), la MDPH du Var, des étudiants de la Croix Rouge, des représentants d'association comme Isabelle Decitre (DFD 83), Nathalie Patissou (Directrice de l'autonomie au Conseil Général) ou encore des clubs-services comme le Kiwanis Jospéhine Baker, le Lions club de Six-Fours ou la commanderie de Toulon-la Royale . De nombreux élus étaient également présents comme Joseph Mulé (conseiller général), le député Philippe Vitel et les élus six-fournais.
Dans le discours d'ouverture, Jean-Sébastien Vialatte (député-maire) félicita le président d'autisme PACA Jean-Marc Bonifay, lui disant: "on continuera à vous soutenir, et on sera là aussi pour votre projet de Futuroschool". Puis de préciser: "la ville est particulièrement attachée à cette cause déclarée grande cause nationale 2012 par le premier ministre. C'est une date fondatrice pour poursuivre le travail d'information et de sensibilisation, faire progresser les connaissances autour de l'autisme et faire tomber les préjugés encore trop nombreux". Puis il précisa: "aujourd'hui 600.000 personnes autistes en France sur 67 millions dans le monde sont concernées. Dans l'autisme la grande diversité des troubles justifie la pluralité des approches...l'objectif des pouvoir publics est de proposer une prise en charge pluridisciplinaire, dans le respect de la dignité humaine".
Le président d'APACA remercia le député-maire pour son soutien permanent, ainsi que Joseph Mulé, et le Kiwanis de Six-Fours. Monica Zilbovicius félicitera le président d'APACA pour toutes ses actions, dont ce congrès et elle lui dira: "je vous soutiendrai dans votre projet de création de futuroschool".

Une journée passionnante, avec comme point d'orgue
l'intervention de Monica Zilbovicius

Plusieurs thèmes par des spécialistes reconnus furent abordés tout au long de la journée: "spécificités cognitives de l'autisme et stratégies pédagogiques" par Sandrine Oblet, "autisme et famille" par Lionel Couquet, "prise en charge intégrative des TED" par le professeur Da Fonseca, "approche psychosociale des troubles du spectre autistique" par Andreia Santos...
Monica Zilbovicius, directrice de recherche à l'INSERM aborda "le cerveau social et l'autisme", une intervention passionnante qui permit de mieux appréhender le "spectre autistique". Elle revint sur la découverte de son équipe en 2000 sur une anomalie au niveau d'une zone du cerveau (le sillon temporal supérieur) des autistes. Cette région étant importante pour "la perception sociale", la perception des mouvements du corps étant à la base des interractions sociales. Les autistes ont ainsi une anomalie fonctionnelle et structurelle dans cette région clef du cerveau. Elle fit part à l'assistance des recherches de son ami Ami Klin (Université de Yale) qui a mis en évidence les problèmes de synchronisation du mouvement et du son des enfants autistes; ces derniers vont fixer la bouche d'une personne qui parle plutôt que ses yeux. Du coup ils n'ont pas accès à l'information, ils appréhendent le monde d'une manière différente. Dans son discours Monica Zilbovicius évoqua justement le"Eye-tracking", permettant la mesure du regard: "on s'est aperçu que dès 15 mois les enfants autistes ne regardaient pas dans les yeux". Dans sa conclusion elle expliquera: "l'essentiel de notre recherche est de comprendre les mécanismes pour apporter une approche thérapeutique adéquate". Et lors du jeu des questions - réponses elle insistera: "les autistes ne sont pas dans leur monde imaginaire, dans leur bulle! Scientifiquement parlant c'est faux, ils ont une perception différente".
Cette approche scientifique a permis, sans aucune polémique, de sortir de tous les clichés liés à l'autisme, et de saisir en filigrane que certaines approches ne pouvaient être une bonne réponse aux troubles autistiques. Jean-Marc Bonifay était quant à lui plus que satisfait: "on va pouvoir mener de nombreux projets pour l'avenir, les conférences ont été passionnantes et cela a permis de nombreux échanges, c'est que du positif, les choses avancent".

D.D, le 03 avril 2012

Autres photos:

  Salle comble à l'espace Malraux pour ce congrès.Monica Zilbovicius.  
Salle comble à l'espace Malraux pour ce congrès.
 
4 avril 2012

article publié sur le blog Autisme Information Science le 26 mars 2012

Biomarkers for Autism Discovered

 
Traduction: G.M. 
 
 ScienceDaily (23 mars 2012) - 
 
Une étape importante vers l'élaboration d'une méthode rapide et  peu coûteuse de diagnostic de l'autisme a été franchie par l'Université d'Uppsala, parmi d'autres universités. Grâce à la spectrométrie de masse de pointe des chercheurs ont réussi à capturer des biomarqueurs prometteurs à partir d'un petit échantillon de sang. L'étude vient d'être publiée dans la revue Nature Translational Psychiatry
 Il n'y a pas de biomarqueurs pour l'autisme reconnu aujourd'hui. 
Des chercheurs de Centre Berzelii et du laboratoire de science de la vie à Uppsala, qui, en collaboration avec des collègues de l'Université Linnaeus en Suède et de la Faculté de médecine de Téhéran, l'Iran, ont découvert certains biomarqueurs prometteurs. 
De nombreuses maladies sont causées par des altérations des protéines à l'intérieur et l'extérieur des cellules de l'organisme. En étudiant des modèles de protéines dans les tissus et fluides corporels , ces modifications peuvent être cartographiées afin de fournir des informations importantes sur les causes sous-jacentes de la maladie. 
Parfois, des modèles protéiques peuvent également être utilisés comme biomarqueurs pour permettre un diagnostic ou comme outil de pronostic pour suivre l'évolution d'une maladie. 
Dans l'étude courante les perturbations du système nerveux étaient en ligne de mire quand les scientifiques ont étudié des modèles de protéine dans le trouble du spectre autistique (TSA). 
Pour identifier des biomarqueurs potentiels (peptides ou protéines), les chercheurs ont effectué une analyse détaillée des protéines du plasma sanguin des enfants atteints de TSA par rapport à un groupe témoin. 
En utilisant des méthodes de spectrométrie de masse de pointe, ils ont réussi à identifier des peptides composés de fragments d'une protéine dont la fonction naturelle est dans le système immunitaire, la protéine C3 du système du complément . -L'étude est basée sur des échantillons de sang provenant d'un groupe relativement restreint d'enfants, mais les résultats indiquent le potentiel de notre stratégie méthodologique. Il y a déjà un lien connu entre cette protéine et  les TSA, ce qui renforce encore les résultats, dit Jonas Bergquist, professeur de chimie analytique et de la neurochimie au Département de chimie - BMC (Centre biomédical) à Uppsala. 
 
L'espoir est que cette nouvelle série de biomarqueurs conduira au bout du compte à un outil de diagnostic fiable fondé sur l'analyse sanguine.
 
29 mars 2012

article publié sur le blog de Daniel FASQUELLE, député du Pas-de-Calais le 8 mars 2012

Conférence sur l'autisme, ce 30 mars, à 20h30, au Touquet

 

Ce 2 avril sera la journée mondiale de sensibilisation sur l’autisme.

A cet effet, nous accueillerons à l'Hôtel de Ville du Touquet,  le 30 mars, à 20h30, des professionnels qui se consacrent à cette pathologie déclarée Grande Cause Nationale 2012 par le Premier Ministre, pour une conférence intitulée : "les solutions face à l'autisme et aux troubles envahissants du développement".

 

Cette conférence sera animée par :
- le Docteur Nadia Cabane,Pédopsychiatre spécialiste de l'autisme, praticien à l'Hôpital Robert Debré àParis, l'un des experts français les plus reconnus en matière d'autisme.
- Mme Liora Crespin, mère d'enfant autiste, responsable d'association et dirigeante d'établissement expérimental pour enfants autistes. L'expertise de Mme Crespin couvre des domaines très variés allant des prises en charge innovantes à la gestion de projets associatifs, en passant par des connaissances à la pointe de la recherche scientifique.
- Le Docteur Louis Teulières, diplômé en immuno-pathologie, immuno-hématologie,épidémiologie, infectiologie et bactériologie. Ancien directeur des essais cliniques de Pasteur, le Docteur Teulières a une expérience considérable du monde de la recherche. Sa patientèle actuelle comprend des enfants autistes ou souffrant de troubles autistiques.
- Un psychologue spécialisé dans les prises en charge pluridisciplinaires fondées sur l'A.B.A ("Applied BehaviorAnalys" ou "Analyse Appliquée du Comportement")
- Bertrand Jacques,Administrateur de la Fondation Autisme
 
L'entrée est libre.
Venez nombreux !
 
Daniel Fasquelle
 
 
 
29 mars 2012

article publié dans Sciences et Avenir le 29 mars 2012

Autisme: un scandale français

Créé le 29-03-2012 à 11h16 - Mis à jour à 16h18      1 réaction

Sciences et Avenir
 
Par Sciences et Avenir

Dans son numéro d'avril 2012, Sciences et Avenir enquête sur le retard français dans la prise en charge de l'autisme et le rôle joué par la psychanalyse. Décryptage de ce dossier avec Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS.

 
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Au centre Albert Camus pour jeunes autistes de Villeneuve d'Ascq, en France. ( BAZIZ CHIBANE/SIPA)

Au centre Albert Camus pour jeunes autistes de Villeneuve d'Ascq, en France. ( BAZIZ CHIBANE/SIPA)
Sur le même sujet


Que la France ait déclaré l’autisme "Grande Cause nationale 2012" ne peut suffire à dissimuler le fait que notre pays traite bien mal les personnes porteuses de ce handicap. En cause, un diagnostic et une prise en charge confiés en majorité à des psychanalystes, alors que partout ailleurs dans le monde ce sont des professionnels formés aux méthodes comportementales et éducatives qui s’en occupent. Une exception française que la Haute autorité de Santé (HAS) a critiquée dans son dernier rapport.

Alors que le numéro d’avril (n°782) de Sciences et Avenir consacre une enquête de 6 pages à ce scandale sanitaire, décryptage avec Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique de l’Ecole Normale Supérieure, pour Sciences et Avenir.fr.

  

S&A: La psychanalyse reste-t-elle fortement ancrée en France ?

Franck Ramus: Je mène des recherches sur les causes de certains troubles du développement de l'enfant: dyslexie, trouble du langage, et autisme. A ce titre, je suis au contact de médecins, de psychologues, de parents et d’associations de parents, et tous les retours que j'ai de la réalité sur le terrain confirment que la psychanalyse est encore très dominante en France. Bien sûr, la réalité n’est pas d’un seul bloc, elle est plus contrastée. Les psychanalystes, en tout cas ceux qui s’expriment le plus sur la question, jurent que les vieilles hypothèses n’ont plus cours. Celles-ci, s’appuyant sur la mise en cause des parents, et tout particulièrement de la mère, dans la maladie de leur enfant, ont été abandonnées depuis des décennies par tous les chercheurs et scientifiques pour qui l’autisme est un trouble neurodéveloppemental à forte composante génétique. Pourtant, à entendre certains parents, sur le terrain, la culpabilisation est toujours de mise et rien n’a changé [lire des témoignages]. Les psychanalystes ont beau jurer que leurs théories et leurs pratiques thérapeutiques ont évolué, on peut douter qu’il en soit vraiment ainsi.

 

S&A: Qu’est-il reproché à la psychanalyse ?
Franck Ramus: En tant que chercheur, je suis évidemment un partisan de l’évaluation scientifique et je ne reconnais que les thérapies dont l’efficacité a été prouvée. En clair, la médecine fondée sur des preuves [voir le manifeste du KOllectif du 7 janvier, ndlr]. Il est nécessaire qu’un débat ait lieu sur le fond. Certains psychanalystes semblent ouverts à une évaluation de leurs pratiques. La CIPPA (Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s’occupant de personnes avec Autisme), par exemple, affiche une position d’ouverture dans le paysage psychanalytique. Je lui ai envoyé une série de questions précises sur les théories et les pratiques psychanalytiques dans le but de clarifier ses positions, et j’espère que cet esprit d’ouverture se traduira en actes et qu’elle y répondra. Mais d’autres psychanalystes s’opposent farouchement à toute évaluation scientifique de leurs pratiques thérapeutiques [1]. Difficile, dans ce cas, de juger de leur efficacité. Difficile aussi de ne pas soupçonner que cette rhétorique anti-évaluation ne soit qu'une tentative de dissimuler des pratiques tout simplement médiocres.

 

S&A: L’autisme est-il le seul trouble du développement concerné ?
Franck Ramus: Il n’y a pas que les autistes à souffrir de cette situation. Les enfants avec des troubles spécifiques des apprentissages (par exemple dyslexiques) et leurs familles, ont été victimes des mêmes pratiques et des mêmes théories psychanalytiques [2] : Mère trop distante ou trop fusionnelle, absence de « désir de parler ». Bien sûr, depuis le rapport Ringard en 2000 sur l’enfant dysphasique et dyslexique et la création de centres référents pour les troubles du langage, les bonnes pratiques se sont diffusées. Toutefois, on observe encore des dérives et notamment dans certains centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) où les enfants sont souvent pris en charge selon une grille de lecture uniquement psychanalytique, où aucun diagnostic n’est posé ni aucune rééducation proposée. C’est encore un énorme gâchis alors que la dyslexie concerne 5% de la population. Comme pour l’autisme, l’origine est neurodéveloppementale avec une composante génétique estimée à 50% et la psychanalyse n’a aucune compétence pour s’en occuper. Lorsque l'enfant présente aussi des troubles psychologiques (ce qui n'est pas rare), une prise en charge psychothérapique peut être indiquée, mais il faut que celle-ci soit efficace, donc évaluée. 

Plus généralement, il y a lieu d'élargir le débat à toutes les autres pathologies mal traitées (pour ne pas dire maltraitées) par la psychanalyse. Je pense aux personnes souffrant de dépression, de trouble anxieux ou de trouble obsessionnel compulsif, dont le seul parcours de soin se résume trop souvent au divan du psychanalyste, ou d'un autre professionnel aux pratiques inspirées majoritairement par la psychanalyse. Ou encore aux personnes souffrant d'un trouble bipolaire qui ne sont correctement diagnostiquées que 8 ans en moyenne après l'apparition des premiers symptômes [3]. Ces retards au diagnostic ont des conséquences dramatiques sur la vie de ces personnes.

 Autisme, un scandale français: une enquête à lire dans le numéro d'avril, en kiosque ce jeudi 28 mars.


S&A: 
D’un autre côté il est reconnu que les prescriptions de psychotropes sont trop importantes en France…
Franck Ramus: Les psychanalystes clament souvent qu’ils sont la seule alternative aux psychotropes. C'est faux. D'une part, les psychiatres psychanalystes en prescrivent autant que les autres. D'autre part, s'il est vrai que les Français détiennent le record de la consommation de psychotropes, c'est précisément parce que l'offre de soins de psychothérapies efficaces est indigente en France. Les psychotropes sont prescrits majoritairement par des médecins généralistes insuffisamment formés à ce sujet et ayant peu d'alternatives valables à proposer. Mais des psychothérapies efficaces et validées scientifiquement existent [4], il faut que les professionnels s'y forment

Psychanalystes ou pas, les psychiatres et les psychologues obéissent à leurs codes de déontologie respectifs [5]. L'un comme l'autre exige l'actualisation régulière des connaissances et l'adoption de pratiques thérapeutiques validées scientifiquement. Il est essentiel qu'ils s'y conforment, et qu'ils adoptent donc tous sans réserve le principe de la médecine fondée sur des preuves. Quant aux psychanalystes qui n'ont aucun diplôme universitaire pertinent, ils ne devraient tout simplement pas être autorisés à traiter des personnes malades.

propos recueillis par Hervé Ratel
Sciences et Avenir.fr
29/03/12 

C’est arrivé près de chez nous

Si la mainmise de la psychanalyse dans le traitement de l’autisme est très forte en France, elle n’a pas totalement disparu hors de nos frontières. La Belgique est souvent vantée comme une terre d’accueil pour les autistes et leurs parents. Certains n’hésitent pas à s’y exiler pour faire profiter leurs enfants d’une intégration en milieu scolaire ordinaire encore trop peu répandue en France. Pourtant «c’est loin d’être un eldorado, témoigne Cindy Fontaine, maman belge d’un garçon de 7 ans 1/2 autiste. Moi aussi, j’ai eu droit dans mon pays aux discours culpabilisants de la part des psychologues psychanalystes!» 

L’ironie de l’histoire veut que ce soit auprès de parents français que Cindy a trouvé des spécialistes qui ont pu poser un diagnostic correct pour son enfant. «A cause de la situation française atypique, la communauté des parents est très forte sur internet, via les forums constitués par les associations de familles. C’est la solidarité des mamans françaises qui m’a aidé.» Et Cindy de confesser que lorsqu’elle se retrouve désormais confrontée à une difficulté avec son enfant, elle ne va pas demander conseil à des professionnels. Elle connecte son ordinateur à internet et se tourne vers la communauté de mamans à laquelle elle appartient désormais.

En Suisse, la situation n’est guère plus brillante. Alma (elle a souhaité conserver l’anonymat), chercheuse en neurosciences, s’est heurtée à de grosses difficultés quand elle a fait le tour des psychiatres de sa région à la recherche de personnes autistes afin de les inclure dans une étude scientifique : «Je n’en trouvais aucun car tous les psychiatres que je rencontrais ne savaient pas les diagnostiquer en tant qu’autistes et leur collaient des étiquettes psychanalytiques telles que «dysharmonie psychotique évolutive» qui ne correspondent absolument à rien dans la classification médicale internationale !». Là encore, son salut est venu des associations de parents qui ont pu la faire entrer en contact avec des autistes.
H.R.

 

[1] Voir par exemple http://www.collectifpsychiatrie.fr/

[2] Voir le site de la Fédération française des Dys http://www.ffdys.com/a-la-une/evenementiel/la-psychanalyse-les-dys-et-lautisme.htm

[3] Source: http://www.bmsfrance.fr/Zoom-sur-Les-troubles-bipolaires.html.

[4] "Psychothérapie, trois approches évaluées". Editions Inserm, 2004.

http://www.inserm.fr/content/download/7356/56523/version/1/file/psychotherapie%5B1%5D.pdf

28 mars 2012

article publié sur le blog Autisme Information Science le 26 mars 2012

Sleep problems in children with autism spectrum problems: a longitudinal population-based study

 
Traduction: G.M. 
 
Børge Sivertsen, Maj-Britt Posserud, Christopher Gillberg, Astri J Lundervold, Mari Hysing 
 
Résumé
Cette étude a examiné la prévalence et la chronicité des problèmes de sommeil chez les enfants qui manifestent des problèmes supposés être typique des troubles du spectre autistique (TSA). 
En utilisant les données d'une étude longitudinale de la population totale, les symptômes de TSA, l'insomnie et facteurs explicatifs potentiels ont été évalués à l'âge de 7-9 et 11-13 ans. Les enfants ont été inclus dans un groupe défini comme ayant des problèmes du spectre autistique (TSA) s'ils ont  dépassé un seuil strict sur le Questionnaire de dépistage du spectre autistique (ASSQ). 
Vingt-huit (0,8%) de 3700 enfants ont satisfait aux critères sélectionnés pour le TSA à deux vagues, et la prévalence de l'insomnie chronique était plus de dix fois plus élevé chez ces enfants par rapport aux  enfants du groupe contrôle. 
Les enfants avec TSA ayant développé plus de troubles du sommeil au fil du temps, avec un taux d'incidence de 2 à 37,5% comparativement au 8,6% chez le groupe témoins.
Les problèmes de sommeil étaient plus persistants au fil du temps, avec un taux de rémission de 8,3% par rapport à 52,4% chez le groupe témoin. 
Le TSA était un fort prédicteur de problèmes de sommeil (OR = 12,44), et alors que les problèmes émotionnels et comportementaux ont expliqué une grande partie de cette association, les effets du TSA sur l'insomnie sont demeurés significatifs dans le modèle pleinement ajusté (OR = 3,25). 
Ces résultats appellent à une sensibilisation accrue des problèmes de sommeil chez les enfants avec TSA.
 

28 mars 2012

article publié sur le site Troubles du spectre autistique le

Bio-marqueurs découverts pour l'Autisme

Découverte de bio-marqueurs pour l'autisme

Source Autisme Information Science: 

http://autisme-info.blogspot.fr/2012/03/biomarkers-for-autism-discovered.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed:+AutismeInformationScience+(Autisme+Information+Science)

Biomarkers for Autism Discovered

 Traduction: G.M. 
 
 ScienceDaily (23 mars 2012) - 
 
Une étape importante vers l'élaboration d'une méthode rapide et  peu coûteuse de diagnostic de l'autisme a été franchie par l'Université d'Uppsala, parmi d'autres universités. Grâce à la spectrométrie de masse de pointe des chercheurs ont réussi à capturer des biomarqueurs prometteurs à partir d'un petit échantillon de sang. L'étude vient d'être publiée dans la revue Nature Translational Psychiatry
 Il n'y a pas de biomarqueurs pour l'autisme reconnu aujourd'hui. 
Des chercheurs de Centre Berzelii et du laboratoire de science de la vie à Uppsala, qui, en collaboration avec des collègues de l'Université Linnaeus en Suède et de la Faculté de médecine de Téhéran, l'Iran, ont découvert certains biomarqueurs prometteurs. 
De nombreuses maladies sont causées par des altérations des protéines à l'intérieur et l'extérieur des cellules de l'organisme. En étudiant des modèles de protéines dans les tissus et fluides corporels , ces modifications peuvent être cartographiées afin de fournir des informations importantes sur les causes sous-jacentes de la maladie. 
Parfois, des modèles protéiques peuvent également être utilisés comme biomarqueurs pour permettre un diagnostic ou comme outil de pronostic pour suivre l'évolution d'une maladie. 
Dans l'étude courante les perturbations du système nerveux étaient en ligne de mire quand les scientifiques ont étudié des modèles de protéine dans le trouble du spectre autistique (TSA). 
Pour identifier des biomarqueurs potentiels (peptides ou protéines), les chercheurs ont effectué une analyse détaillée des protéines du plasma sanguin des enfants atteints de TSA par rapport à un groupe témoin. 
En utilisant des méthodes de spectrométrie de masse de pointe, ils ont réussi à identifier des peptides composés de fragments d'une protéine dont la fonction naturelle est dans le système immunitaire, la protéine C3 du système du complément . -L'étude est basée sur des échantillons de sang provenant d'un groupe relativement restreint d'enfants, mais les résultats indiquent le potentiel de notre stratégie méthodologique. Il y a déjà un lien connu entre cette protéine et  les TSA, ce qui renforce encore les résultats, dit Jonas Bergquist, professeur de chimie analytique et de la neurochimie au Département de chimie - BMC (Centre biomédical) à Uppsala. 
 
L'espoir est que cette nouvelle série de biomarqueurs conduira au bout du compte à un outil de diagnostic fiable fondé sur l'analyse sanguine .
 

 

 ScienceDaily (23 mars 2012) 
Traduction: Gérard Mercuriali
 
28 mars 2012

article publié dans Sciences et Avenir le 27 mars 2012

Autisme et microbes: l’Académie de médecine se démarque du Pr Montagnier

Créé le 27-03-2012 à 19h03 - Mis à jour à 19h15    

Cécile Dumas
 
Par Cécile Dumas

La "piste microbienne" défendue par le Pr Montagnier dans ses recherches sur l'autisme est à considérer "avec prudence" estime l'Académie de médecine. Au-delà, ce sont des théories très contestées qui sont en jeu.

 
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Luc Montagnier en février 2008, entendu lors du procès des hormones de croissance, à Paris. (Florence Durand/Sipa)

Luc Montagnier en février 2008, entendu lors du procès des hormones de croissance, à Paris. (Florence Durand/Sipa)

Une semaine après une séance qui a choqué bon nombre de participants, l’Académie nationale de médecine publie un communiqué pour marquer ses distances avec la présentation faite par l’un de ses membres, le Pr Luc Montagnier. Mardi 20 mars, le chercheur, membre de l’Académie et prix Nobel de médecine, a présenté un exposé sur ses dernières recherches sur l’autisme et la piste microbienne. 

Le Pr Montagnier «a été écouté avec l’intérêt que l’on doit à la parole d’un chercheur prestigieux». Ainsi commence le communiqué, qui poursuit : « Cependant, la méthode utilisée et les résultats annoncés demandent à être accueillis avec prudence. Il serait déraisonnable de donner aux parents d’enfants atteints de cette maladie des espoirs injustifiés avant une validation de ces résultats par plusieurs équipes médicales faisant la preuve de leur reproductibilité».

 L’hypothèse du Pr Montagnier est que l’on assiste à une «véritable épidémie» d’autisme –terme regroupant différents troubles envahissants du développement- et que des facteurs génétiques ne suffisent pas à l'expliquer. Les causes seraient donc à chercher dans l’environnement, notamment dans des infections bactériennes.

Observations cliniques isolées

 Devant les académiciens, le co-découvreur du virus du sida, aujourd’hui âgé de 78 ans, a expliqué que des traitements par antibiotiques permettraient d’améliorer les symptômes des enfants autistes. Les cures ont été testées sur 97 enfants autistes avec une amélioration rapide dans plus de la moitié des cas.

 «Comme le Pr Gilbert LELORD du CHU de Tours, pionnier de la prise en charge de l’autisme, l’a fait remarquer à la suite de l’exposé, il s’agit d’observations cliniques isolées et non d’un essai clinique de type cas-témoin » souligne l’Académie de médecine dans son communiqué. Elle rappelle également que de précédentes études menées dans les années 70 avec la vitamine B6, puis dans les années 80 avec la fenfluramine (une amphétamine), n’ont pas été concluants contre l'autisme.

La résurgence de la mémoire de l'eau

C’est en Chine que le co-découvreur du virus du sida, aujourd’hui âgé de 78 ans, mène ses recherches. Depuis la fin 2010 il dirige un institut à l’université Jiaotong de Shanghai.

Au-delà de ces problèmes méthodologiques, c’est l’hypothèse de travail qui sous-tend les travaux du Pr Montagnier qui pose problème à la communauté scientifique. Dans deux articles publiés en 2009, il expliquait que des ondes électromagnétiques sont émises par des séquences d’ADN à de très hautes dilutions. Autrement dit, même si l’ADN lui-même n’est plus détectable, des signaux le sont encore. «Il existe dans le sang de la plupart des enfants autistes - mais pas chez les enfants non atteints - des séquences d’ADN émettant spécifiquement dans certaines conditions des ondes électromagnétiques» écrit-il dans un texte publié sur son site. Ces «signaux électromagnétiques» disparaissent avec les traitements antibiotiques, poursuit-il.

Cette hypothèse sur les signaux rappelle celle de la mémoire de l’eau de Jacques Benveniste, immunologiste français qui a défendu toute sa vie cette idée que l’effet biologique d’une substance persistait dans l’eau même s’il ne restait rien de cette substance. Des résultats publiés en 1988 dans Nature qui ont déclenché une controverse. Ils n’ont jamais été reproduits et la fameuse revue a finalement considéré qu’il s’agissait d’une illusion (delusion).

Le Pr Montagnier a récemment défendu la mémoire de l’eau et évoqué une « terreur intellectuelle » de la part de ceux qui ne la comprennent pas, ce qui empêchait des personnes ayant reproduit les résultats de Benveniste de publier (1).

Autisme et vaccination: l'autre "traumatisme"

Au traumatisme de la mémoire de l’eau s’ajoute celui de l’affaire Andrew Wakefield: en 1998 ce médecin britannique associe des problèmes intestinaux avec un autisme dit "régressif" et accuse la vaccination contre la rougeole (ROR) d’en être responsable. Cette étude a fait reculer la vaccination avant d’être totalement décrédibilisée en 2010. Une enquête du BMJ a montré qu’il s’agissait d’une véritable fraude (Lire Vaccination et autisme: histoire d'un faux).

Le terrain sur lequel s’avance le Pr Montagnier est donc plus que sensible. A fortiori dans un pays comme la France où le bras de fer est engagé avec la psychanalyse pour faire évoluer la prise en charge de l’autisme.

C.D.
Sciences & Avenir.fr
27/03/12

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20120327.OBS4747/autisme-et-microbes-l-academie-de-medecine-se-demarque-du-pr-montagnier.html

25 mars 2012

article publié dans le monde.fr le 23 mars 2012

La flore intestinale joue avec notre mental

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |23.03.2012 à 20h08 • Mis à jour le24.03.2012 à 17h54

Par Marc Gozlan

Une visiteuse marche à l'intérieur ce qui est considéré comme le plus grand modèle de l'Europe d'un intestin monté dans la ville de Dresde : l'installation a été construite pour informer le public du fonctionnement de cet organe, des maladies intestinales et de la prévention de cancer.

Chaque être humain héberge dans son intestin un écosystème composé de dix fois plus de bactéries que notre corps ne contient de cellules. L'ensemble des génomes de ces microorganismes constitue ce que les biologistes appellent le métagénome intestinal humain. Objet d'intenses recherches, il a été la vedette du congrès international MetaHIT, qui a réuni 600 chercheurs à Paris du 19 au 21 mars.

Les outils moléculaires et bio-informatiques permettent aujourd'hui de décrire la diversité des 10 000 milliards de bactéries qui colonisent notre tube digestif et forment le microbiote intestinal, ce que l'on appelait il n'y a pas si longtemps la flore intestinale. Formé durant l'accouchement, à partir de la flore fécale et vaginale maternelle, cet organe, non palpable alors que son poids peut atteindre deux kilogrammes, assure des fonctions essentielles pour l'hôte qui l'héberge à demeure. Ces microbes contribuent à la conversion des aliments en nutriments et en énergie, de même qu'à la synthèse de vitamines indispensables à l'organisme. Ils participent également à la maturation du système immunitaire. De récentes expériences chez la souris apportent un nouvel éclairage sur l'implication du microbiote intestinal dans plusieurs pathologies humaines non digestives, dont certaines en lien avec le fonctionnement cérébral.

Des études épidémiologiques ont montré que le microbiote intestinal des enfants asthmatiques diffère de celui des enfants sains et qu'il existe un risque accru de survenue d'un asthme en cas d'administration d'antibiotiques aux premiers âges de la vie. De même, les enfants nés par césarienne, non exposés aux bactéries vaginales et fécales de leur mère à la naissance, ont un microbiote intestinal différent des enfants accouchés par voie naturelle et présentent un risque plus élevé de développer un asthme.

Une étude canadienne, publiée dans la dernière livraison d'EMBO Report et présentée au congrès MetaHIT, montre que l'administration chez la souris de certains antibiotiques en période néonatale peut augmenter la susceptibilité à développer un asthme allergique. L'expérience, conduite par l'équipe de Brett Finlay, de l'Université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada), a comparé l'impact de deux antibiotiques, la streptomycine et la vancomycine, sur le microbiote intestinal de souriceaux nouveau-nés et a évalué leur capacité à favoriser l'apparition d'un asthme allergique après exposition à un allergène. Le traitement par streptomycine a eu un effet limité sur le microbiote intestinal et sur la maladie asthmatique, alors que la vancomycine a entraîné une importante réduction de la diversité microbienne intestinale et a augmenté la sévérité de l'asthme.

En revanche, aucun des deux antibiotiques n'a eu d'impact chez la souris adulte, ce qui montre qu'il existe une période critique, au début de la vie, durant laquelle une modification du microbiote intestinal peut perturber le développement du système immunitaire et entraîner une sensibilisation allergique. "C'est la première fois qu'une étude montre que le microbiote intestinal joue réellement un rôle dans la survenue de l'asthme", souligne le professeur Finlay.

Si le rôle qu'exerce le microbiote intestinal dans la maturation du système immunitaire est largement reconnu, il est plus difficile, à première vue, "de concevoir que la flore intestinale puisse avoir un impact sur les fonctions cérébrales et le comportement", reconnaît le professeur Stephen Collins, gastroentérologue de l'université MacMaster d'Hamilton (Canada). Plusieurs études chez l'animal ont pourtant contribué à renforcer le concept d'un "axe intestin-cerveau".

Schématiquement, ce réseau bidirectionnel permet au cerveau d'influer sur les activités motrices, sensitives et sécrétoires du tube digestif et à l'intestin d'exercer une action sur les fonctions cérébrales. L'équipe du professeur Collins a montré qu'un traitement oral d'une semaine par plusieurs antibiotiques chez la souris adulte induit des perturbations de la composition des populations bactériennes du côlon, un comportement anxieux, ainsi qu'une élévation du taux d'une protéine impliquée dans la croissance et la survie des neurones, le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), dans l'hippocampe et l'amygdale, régions du cerveau respectivement impliquées dans la mémoire et l'apprentissage d'une part, l'humeur et la mémoire d'autre part. L'arrêt de l'antibiotique a permis de restaurer le comportement normal des rongeurs.

Récemment, cette équipe a conduit une expérience qui exploite le fait que deux souches de souris n'ayant pas le même comportement naturel diffèrent également par la composition de leur flore intestinale. Les souris d'une souche sont timides et anxieuses alors que celles de l'autre souche montrent une grande tendance à explorer leur environnement. Elevées dans des conditions stériles, les deux souches de souris, dépourvues de germes intestinaux, ont été transplantées avec le microbiote intestinal de l'une ou l'autre souche. Résultat : les chercheurs ont inversé le comportement des rongeurs, les souris timides devenant de vraies exploratrices et vice-versa !

Pour Stephen Collins, "les bactéries résidentes intestinales pourraient produire des substances actives sur le cerveau. Dans les années à venir, la transcriptomique et la métabolomique, techniques permettant d'analyser le fonctionnement génétique et l'activité métabolique du microbiote intestinal, seront essentielles pour déterminer quelle bactérie produit telle molécule neuroactive, seule ou en coopération avec d'autres communautés microbiennes, et sur quelle cible la bactérie interagit".

Son équipe vient de montrer que le cerveau peut également avoir un impact sur le microbiote intestinal. Les chercheurs ont utilisé un modèle de dépression chez la souris par ablation chirurgicale des bulbes olfactifs. Chez ces souris rendues anxieuses et très sensibles au stress, les chercheurs ont observé une altération du microbiote intestinal de même qu'une augmentation du taux intracérébral de CRF, un neuromédiateur du stress libéré par l'hypothalamus. L'étape suivante a été d'injecter du CRF dans le cerveau de souris normales. Cette injection a eu pour conséquence de perturber la flore intestinale. L'axe intestin-cerveau est donc bien bidirectionnel.

Les travaux des chercheurs canadiens ont notamment révélé que les perturbations du microbiote intestinal chez les souris opérées et celles qui ont reçu du CRF en intra-cérébral sont associées à un changement de la motilité du côlon. "Ces nouveaux résultats permettent de penser que les perturbations de la chimie du cerveau observées chez les patients souffrant de pathologies neuropsychiatriques, comme l'autisme, la dépression et la schizophrénie, peuvent modifier la physiologie du côlon, en l'occurrence le transit intestinal, et impacter la composition de la flore intestinale", estime Stephen Collins.

La reconnaissance de l'existence de l'axe intestin-cerveau revêt une grande importance dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales et dans le syndrome de l'intestin irritable (SII). Une pathologie psychiatrique est en effet observée chez 60 % à 85 % des patients souffrant de SII, le plus fréquent des troubles fonctionnels intestinaux qui affecte 10 % à 12 % de la population générale et se manifeste par une douleur abdominale, une constipation, une diarrhée ou une alternance de ces deux symptômes. Chez la souris présentant une inflammation intestinale chronique modérée, l'administration de probiotiques peut normaliser le comportement et la chimie du cerveau.

Autre pathologie où le microbiote intestinal est fortement soupçonné de jouer un rôle central : les douleurs abdominales récurrentes (DAR) de l'enfant, pathologie qui affecte 15 % à 45 % des enfants d'âge scolaire. "Nos travaux montrent que la flore bactérienne intestinale des enfants souffrant de douleurs abdominales récurrentes et du syndrome de l'intestin irritable est différente de celle des enfants sains, avec une composition anormalement élevée de certaines espèces bactériennes", indique le professeur James Versalovic, du département de pathologie du Baylor College of Medicine et du service de pédiatrie du Texas Children's Hospital d'Houston (Etats-Unis). Il souhaite "développer de nouvelles stratégies de manipulation microbienne par des interventions nutritionnelles, l'administration de probiotiques ou d'antibiotiques, afin de renforcer et favoriser les populations microbiennes bénéfiques ou celles capables de résister à la maladie". Le dialogue thérapeutique avec ce monde intérieur ne fait que commencer.

Marc Gozlan

Lexique

Microbiote intestinal Anciennement dénommé flore intestinale, il est constitué de l'ensemble des bactéries qui colonisent notre tube digestif. Il se forme durant l'accouchement, dès la rupture des membranes, à partir de la flore fécale et vaginale maternelle, puis se constitue par le biais de l'alimentation et le contact avec l'environnement, pour se stabiliser vers l'âge de 2 ans.

Métagénome intestinal humain Ensemble des génomes des bactéries qui colonisent l'intestin de l'homme.

Métagénomique Discipline qui permet de déterminer la présence et la fréquence des gènes microbiens présents dans le microbiote intestinal.

Métagénomique quantitative Technique consistant à extraire la totalité de l'ADN fécal pour ensuite amplifier un grand nombre de séquences génétiques. Chaque séquence est plus ou moins amplifiée selon l'abondance ou la rareté du gène bactérien correspondant.

Métagénomique fonctionnelle Technique visant à identifier les gènes microbiens intestinaux impliqués dans une grande variété de fonctions, notamment le dialogue entre le microbiote intestinal et les cellules humaines.

Transcriptomique Science qui permet l'analyser des ARN codés par l'ADN du métagénome bactérien.

Protéomique Science qui permet l'analyse des protéines synthétisées par les ARN bactériens.

Métabolomique Science qui permet l'identification des métabolites (petites molécules) issus de l'activité des populations bactériennes du microbiote intestinal.

Probiotiques Microorganismes (bactéries, levures) qui, après avoir été ingérés vivants en quantité suffisante, exercent un effet bénéfique sur la santé.

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/03/23/flore-intestinale-le-cerveau-sous-influence_1674270_1650684.html

24 mars 2012

article publié dans Le Figaro.fr le 19 avril 2011

Schizophrénie : l'aide des cellules souches

Par Martine Perez Mis à jour le 19/04/2011 à 17:43 | publié le 13/04/2011 à 11:43
En transformant des cellules de la peau de malades schizophrènes en neurones, les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence sur ces cultures des troubles importants de la connection neuronale, mettant le doigt sur les mécanismes biologiques de la maladie. Crédits photo : GARETH WATKINS/REUTERS.
En transformant des cellules de la peau de malades schizophrènes en neurones, les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence sur ces cultures des troubles importants de la connection neuronale, mettant le doigt sur les mécanismes biologiques de la maladie. Crédits photo : GARETH WATKINS/REUTERS.

Des neurones fabriqués à partir de la peau de patients ont permis de découvrir les mécanismes de la maladie.

Une avancée considérable dans l'étude des maladies mentales vient d'être accomplie par des chercheurs de l'Université de Californie et du laboratoire Spring Harbor de New York qui ont travaillé avec des outils totalement inédits: des cellules de la peau de malades schizophrènes transformées en neurones. Ils ont ainsi pu mettre en évidence sur ces cultures des troubles importants de la connection neuronale, mettant le doigt sur les mécanismes biologiques de la maladie. Ils ont également testé des médicaments antipsychotiques sur ces cultures et montré que l'un d'entre eux améliorait les connections entre neurones. Grâce à ces travaux publiés mercredi sur le site de la revue Nature, une nouvelle ère s'ouvre dans la recherche en psychiatrie qui devrait déboucher sur une meilleure compréhension de ces maladies, trop longtemps considérées par certains psychanalystes comme la conséquence de mauvaises interactions «parents-enfants», et sur une meilleure évaluation des médicaments.

La schizophrénie, qui touche 1% de la population, survient en général entre 15  et 25 ans par des symptômes variables selon les patients: délires, hallucinations, repli sur soi, désocialisation. Malgré sa fréquence, et le fait qu'elle frappe une population jeune, les recherches restent insuffisantes. Depuis plus d'une décennie des travaux ont néanmoins permis de comprendre que cette maladie avait un support biologique très important avec des facteurs génétiques notables, associés à certains facteurs environnementaux (prise de cannabis, infections maternelles pendant la grossesse, traumatismes obstétricaux…). En l'absence de modèle animal, l'étude de cette maladie basée sur la génétique, l'imagerie et l'épidémiologie restait assez limitée.

L'équipe de Fred Cage connue pour ses travaux innovants sur les cellules souches, à mille lieues des maladies mentales, s'est intéressée à la schizophrénie selon une démarche totalement innovante. Les chercheurs ont d'abord prélevé des cellules de la peau de quatre malades schizophrènes. Grâce à certaines alchimies, ils les ont transformées en cellules souches pluripotentes, ces dernières étant transformées ensuite en neurones. Par le biais de cette magie biologique ultramoderne, des neurones spécifiques de chacun de ces malades ont pu être créés. Des neurones de personnes «témoins» en bonne santé ont été produits de la même manière.

Un outil irremplaçable

Les chercheurs ont examiné ces cultures et découvert que les neurones produits à partir des malades étaient différents de ceux issus de personnes saines. En particulier, ils développent bien moins de connections entre eux que les «normaux». Ils ont aussi mis en évidence des prolongements synaptiques moins développés chez les malades. Ils ont ensuite testé cinq différents médicaments utilisés dans la schizophrénie sur ces cultures et pu constater que l'un d'entre eux (la loxapine) améliorait les connections neuronales. Par ailleurs, l'analyse génétique a permis d'identifier 600 gènes dérégulés dans ces neurones, dont 25% avaient déjà été impliqués dans la schizophrénie antérieurement. Selon les auteurs, outre la compréhension de cette maladie, ces neurones fabriqués à partir de cellules souches issues de malades offrent un outil irremplaçable pour tester des médicaments et mettre en œuvre une «médecine personnalisée».

«Ces travaux sont passionnants, s'exclame le professeur Marion Leboyer (spécialiste de la génétique des maladies mentales, groupe hospitalier Chenevier-Mondor) qui s'indigne du manque de moyens dédiés en France à la recherche sur les maladies mentales, alors qu'elles sont si fréquentes et désespèrent les jeunes malades et leur famille. Nous avions aussi l'idée de ce type de recherche, mais pas suffisamment de financement.» Le professeur Marc Peschanski, spécialiste des cellules souches en France, estime important que cette voie de recherche s'attaque à la pathologie mentale, mais souligne que «ces résultats méritent une validation sur de plus grands effectifs».

http://www.lefigaro.fr/sciences/2011/04/13/01008-20110413ARTFIG00669-schizophrenie-l-aide-des-cellules-souches.php

24 mars 2012

interview sur Europe 1 du professeur Luc Montagnier

L'homme du jour 13/12/2010 - 08:36

"Je ne peux plus faire de recherches en France"

Le Professeur Luc Montagnier se confie sur les recherches sur l'autisme qu'il mènera en Chine.

En duplex : Professeur Luc Montagnier, Codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de Médecine

Ecouter (8 minutes) => http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-homme-du-jour/Sons/Je-ne-peux-plus-faire-de-recherches-en-France-335285/

23 mars 2012

interview du Dr RAYMOND en date du 28 septembre 2011

Dr Philippe RAYMOND– médecin généraliste, membre du groupe « Chronimed »
mené par le prix Nobel Luc Montagnier.
Date : 28 septembre 2011

http://association-autisme.e-monsite.com/medias/files/interview-collectif-autisme-dr-ph-raymond.pdf

23 mars 2012

article publié dans Médiapart le 21 mars 2012

 Les Chroniques de Cixi

 
Psychanalyse : un commentaire
 

[Initialement, il s’agissait de mon commentaire au billet suivant : autisme réflexions / références. Au final, le texte s’est avéré trop long. J’ai donc décidé de le publier sous forme de billet de blog.

Il ne s’agit pas pour moi de faire un énième billet sur la question ; des tas de gens bien plus savants se sont exprimés à merveille sur le sujet. Je ne souhaitais tout simplement pas « pourrir » le fil des commentaires par un message trop long. L’amorce du billet se présente donc comme un commentaire d’article.

Merci de votre attention.]

 

Bonjour,

Bien... il n'y a pas encore de commentaires sur ce billet, je vais donc tenter de faire passer une voix un peu différente de ce qu'on lit d'habitude concernant la psychanalyse dans cette édition "Contes de la folie ordinaire" sur Médiapart.

Car force est de constater que si - dans la plupart des médias, l'avis de mise à mort de la psychanalyse a été placardé (Lémédia adoooore le sang, c'est bien connu) - les « pro-psycha » font une vaillante résistance à longueur de commentaires sur Médiapart (troublés parfois par un Melchior G-L et alors là... le dialogue tourne à l'autisme, sans faire de vilains jeux de mot).

Je lis avec attention tous les billets et articles concernant la psychanalyse sur Médiapart et ailleurs. J'en lis également les commentaires.

C'est que, pour moi, l'affaire revêt une importance particulière ! J'ai commencé par être une fervente partisane de la psychanalyse. Des lectures bien sûr, pas mal d'heures d'analyse au compteur en ce qui me concerne, quelques conférences, ...

Et puis les doutes... sérieux ! Et ce, bien avant la polémique sur la prise en charge des autistes.

J'aimerai bien que les psychanalystes les entendent, ces doutes. Et qu'ils mènent une vraie réflexion dessus plutôt que de se positionner en victimes de Big-pharma, des TCC, des gens sans coeurs, des scientifiques obtus etc. Je ne viens pas en ennemie. Je viens avec des questions.

Mes doutes sur la validité des théories psychanalytiques ont vu le jour à la lecture d'un énième bouquin dont l'auteur déroulait sa théorie sur les troubles de l'image et des comportements alimentaires. Après plusieurs dizaines de "selon mon expérience clinique" ou encore "mon expérience clinique m'enseigne que", je me suis rendue compte que la seule chose sur laquelle s'appuyait l'auteur, c'était sur l'échantillon des gens qu'il voyait passer dans son cabinet.

Combien étaient-ils ? 10, 50, 100 ?

Ces gens étaient-ils représentatifs en quoi que ce soit ?

Et l'auteur ? Qui contrôlait qu'il ne tombait pas dans les travers de sa propre subjectivité ? Qu'il ne voyait pas ce qu'il avait bien envie de voir et de comprendre ?

Et admettons que sa théorie s'avère exacte pour les personnes dont il a eu à traiter le cas en analyse. Est-ce que ses observations et conclusions sont répétables sur un autre type de population ? Dans un autre secteur géographique ? Un autre type de culture ?

Pour le coup, j'ai repris bon nombre de mes ouvrages que j'ai relu sous un jour nouveau. Freud, Dolto, Klein, Winnicott... Les auteurs interprètent énormément et vont parfois très – très ! - loin à partir de leurs fameuses "expériences cliniques" (expression qui revient à tour de bras et qui consiste à dire "selon mes observations sur mes patients").

L'absence d'éléments objectifs, d'éléments qui ne soient pas obtenus par le biais de l'interprétation du psychanalyste, se fait alors cruellement ressentir.

 

Pour le dire autrement, je vais prendre en exemple la question qui est posée dans le fameux (et honnis) documentaire "le mur" : "Si l'autisme résulte pour tout ou partie d'un état dépressif de la mère pendant la grossesse, y a t-il plus de cas d'autisme dans les pays en guerre ?"

Alors j'entends bien que la dépression maternelle n'est plus du tout la théorie privilégiée des psychanalystes concernant l'origine de l'autisme. Mais je cite cet élément pour pointer une confusion : La psychanalyse n'est pas une démarche scientifique.

Ses théories n'ont pas été obtenues par le cheminement scientifique habituel "je bâtis une théorie => je fais une prédiction sur cette base => je vérifie l'écart obtenu entre les résultats attendus et les résultats réels => je corrige ma théorie en conséquence => je reprends ma boucle pour en vérifier à nouveau la justesse => une fois que ma prédiction s'avère juste, je demande à la communauté de tester ma prédiction"

Nous ne sommes pas dans ce domaine. Les théories sont obtenues sur la base d'observations cliniques, amendées plus ou moins par leurs collègues sur la base d'autres observations cliniques, toutes récoltées selon des modalités et une éthique invérifiable, même par des pairs.

Or la psychanalyse a été intégrée complètement à la psychiatrie française, lui conférant une fausse aura scientifique par une sorte de raccourci dans l'esprit du grand public : psychanalyse = branche de la psychiatrie = branche du médical =  applications scientifiques = science.

Je pense que c'est ce qui créé scandale aujourd'hui, la découverte que les théories psychanalytiques sont de l'ordre du concept intellectuel et ont plus de rapport avec la philo qu'avec la science.

Pire : puisque la psychanalyse n'est pas une science, elle en devient proprement inattaquable. Il est impossible de démontrer qu'une théorie psychanalytique est fausse puisqu'elle est "au-delà" des notions de vrai et faux. Elle est de l’ordre de la parole, du « parlêtre », du symbolique, de l’interprétatif…

C’est d’ailleurs tous le cœur de la révolte des psychanalystes : on ne comptabilise pas la parole, le ressenti, le sentiment…

Au contraire de la neurologie, la biologie, la génétique etc. qui publient des résultats chiffrés, des protocoles d’expérimentations détaillées, qui prêtent le flan aux vérifications, aux critiques et aux correctifs. Une pratique proprement impossible dans le cas de la psychanalyse dont les membres ont alors beau jeu de dire « la science ne sait pas tout et parfois, elle se trompe. »

Mais dans ces conditions, est-il légitime que la psychanalyse ait voix au chapitre au même titre que les sciences ?

 

Dans le même ordre d’idée, j’ai noté avec intérêt les articles évoquant les problèmes éthiques et les résultats controversés de la méthode ABA. J’ai bien noté que la « sphère » psychanalytique prenait appui sur celles-ci pour remettre en question le rapport de l’HAS. Ces objections très valables ne sont possibles que parce qu’il y a des résultats chiffrés et des protocoles détaillés. C’est sur cette base que les experts sont habilités à dire « attention ! Cette méthode a des écueils en plus d’être guère performante ».

Et c’est exactement ce qu’il manque à la psychanalyse et ce que pointe l’HAS à son encontre. Impossible à évaluer, impossible à critiquer… impossible donc de se prononcer sur son utilité. Peut être que c’est utile. Peut être pas. Mais dans le fond, des observateurs neutres ne peuvent pas s’en rendre compte à la différence de la très imparfaite et contestable méthode ABA.

 

D'autres confusions sont à pointer également. Lorsque je m'adresse à un pédopsychiatre, à qui est-ce que je m'adresse ? A un psychiatre spécialiste des enfants ? A un psychanalyste ? Je suis toujours surprise de voir lors d’interviews d’ardents défenseurs de la psychanalyse qu'ils soient présentés comme par exemple "Directeur du service pédopsychiatrique de Necker" sans mentionner leur statut de psychanalyste. Lorsque ce monsieur prend la parole, je me pose la question : d'où parle-t-il ? En qualité de pédopsychiatre ou bien de psychanalyste ? La psychanalyse ne se confond pas avec la psychiatrie. Or, dans "Lémédia", la confusion est vraiment constante. Dans la "vraie vie", en pratique aussi, c'est souvent confus.

 Cette confusion pose également la question du choix du type de soin par les patients ou leurs représentants. Si un adulte décide d'adresser son enfant (agressif par exemple) à un pédopsychiatre mais qu’il refuse d’avoir affaire à un psychanalyste ? La confusion des étiquettes est telle aujourd'hui qu'il est dans l'impossibilité d'exercer son droit de choisir. Au mieux, il s’en rendra compte à la première séance. Sinon au bout de quelques semaines ? Quelques mois ?

Donc l’approche pluridisciplinaire sur la base d’une libre adhésion des patients : oui ! Mais l’information doit être claire et impartiale, ce que la confusion des étiquettes ne garantie pas.

 

Enfin, dernière confusion (il y en a d'autres mais je m'arrêterai là) : la psychanalyse est là pour soigner ou pour accompagner ?

Si elle a un objectif de soin et à vocation à être intégrée dans un parcours médical, alors c'est qu'elle se prévaut de résultats objectifs et donc quantifiables : nombre de "guérisons", nombre de rechutes, de rechutes partielles, etc.

Des éléments concrets qui la distingue de – par exemple – la radiesthésie ou l’aromathérapie.

En revanche, si la psychanalyse a un objectif d'accompagnement, l’intérêt sera à chercher du côté de la satisfaction des patients, de leur sentiment de soutien. La psychanalyse a alors sa place à côté d’autres types de soutiens psychologiques mais aussi spirituels.

 

CherEs psychanalystes, il ne s'agit pas pour moi de savoir qui a le monopole du coeur, de l'écoute et de la compréhension de la nature humaine. Il s’agit juste d’y voir clair. Et pour le moment – de part et d’autres – en dehors des cris d’orfraies et des attaques ad hominem, c’est le brouillard. Votre analyse est juste, vous êtes en péril. Clarifiez, expliquez-nous, adaptez-vous… si vous ne voulez pas nous perdre en chemin et moi avec.

http://blogs.mediapart.fr/blog/cixi/210312/psychanalyse-un-commentaire

22 mars 2012

article publié dans allo docteurs le 22 mars 2012

Autisme : le Pr. Montagnier se sert de l'Académie de médecine

rédigé le 22 mars 2012 par Cécile Guéry-Riquier, mis à jour le 22 mars 2012 /

Le traitement par antibiotiques de l'autisme, l'idée n'est pas nouvelle, et les études précédentes ne montrent pas une réelle efficacité. Pourtant le Pr. Guy Montagnier a présenté un exposé à l'Académie de médecine intitulé "Recherche sur l'autisme, la piste microbienne". Au grand étonnement des académiciens.

Surpris, voire scandalisés, les membres de l'Académie de médecine sont sortis abasourdis de la séance qui a eu lieu ce mardi 20 mars 2012, devant leurs yeux.

Pendant 45 minutes, le Pr. Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, a défendu les recherches sur "la piste microbienne" de l'autisme, en soutenant que les antibiotiques permettraient d'améliorer un grand nombre d'enfants atteints.

Le Pr. Montagnier aurait beaucoup insisté pour que cette conférence soit filmée, par une équipe de tournage qui l'accompagnait.

Il a affirmé "on compte chaque année en France 5 000 nouveaux cas d'autisme ou de troubles apparentés", a-t-il dit notant le caractère "multifactoriel" de ce syndrome des troubles de la communication.

C'est "une véritable épidémie" que les facteurs de prédisposition génétique ne peuvent à eux seuls expliquer". Il est donc "logique de s'intéresser à des facteurs environnementaux nouveaux". En particulier, aux pesticides, a-t-il poursuivi en évoquant aussi une exposition accrue aux "radiations électromagnétiques non ionisantes".

Facteurs environnementaux et génétiques participeraient à un phénomène de "stress oxydatif" susceptible de provoquer des "modifications neuronales" et un dysfonctionnement immunitaire. Les enfants autistes souffriraient ainsi d'infections chroniques.

Le Pr. Montagnier a fait état de "55 % d'amélioration rapide" obtenus avec des cures d'antibiotiques sur 97 autistes, en notant que "les enfants réagissent beaucoup mieux avant l'âge de 7 ans".

"Il est important de confirmer ces résultats par des essais contrôlés (un groupe recevant le traitement, l'autre un placebo)", a-t-il ajouté.

Agacement collectif

Habituellement, les présentations ne sont pas suivies de questions des auditeurs. Mais face à l'agacement collectif, le président de séance a donné la parole au Pr. Gilbert Lelord, pédopsychiatre spécialiste de l'autisme.

Celui-ci a regretté l'absence de démonstration scientifique, sans référence à aucun cas-témoin et sans preuve de reproductibilité.

Il a par ailleurs rappelé que l'antibiothérapie à haute dose proposée par le Pr. Montagnier n'est pas la première tentative de traitement de l'autisme par voie médicamenteuse, mais que les leçons des essais historiques menés sur la vitamine B6 et la fenfluramide dans les années 1970 et 1980 exigent de la prudence.

En effet, lorsque ces produits étaient administrés en ouvert, on observait plus de 60 % de résultats favorables. Quand ils ont été prescrits dans des essais contrôlés, on n'a plus recueilli que 20 % de résultats positifs". 

Aujourd'hui, la fenfluramine n'est plus guère étudiée. Quant à la vitamine B6, une analyse de la Cochrane publiée en 2009 ne retrouve que trois études remplissant les critères de sélection, dont une seule exploitable, et conclut que les données sont insuffisantes pour pouvoir la recommander.

Le secrétaire perpétuel de l'Académie de médecine, le Pr. Raymond Ardaillou, tient à rappeler que les membres de l'académie s'expriment en leur seul nom, que ces propos ne sont prouvés en rien, et qu'il faudra les démontrer au cours d'une étude validée par d’autres médecins. Les conférences sont sous la seule responsabilité de leur auteur. C'est la raison pour laquelle le texte de cette conférence ne paraîtra ni dans son Bulletin, ni sur son site Internet.

http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-autisme-le-pr-montagnier-se-sert-de-l-academie-de-medecine-6536.asp?1=1

22 mars 2012

article publié dans le blog de Jean-Yves Nau - EHESP

Antibiotiques contre l’autisme, ou les troublants mystères de Luc Montagnier

Vive émotion, ce jour, dans la communauté médicale spécialisée. Qu’on en juge. Prix Nobel 2008 de médecine pour avoir participé à la découverte (c’était en 1983) du VIH le Pr Luc Montagnier estime que des médicaments antibiotiques seraient efficace contre l’autisme. Il vient de tenir une « conférence » en ce sens sous les ors de l’Académie nationale de médecine. Cette prestigieuse institution est encore sous le choc devant ce qui  apparaît aux yeux de nombre de ses membres comme un propos déraisonnable; pour user d’un euphémisme. On attend les suites et tout particulièrement la réponse de l’Académie dont plusieurs des membres confient être scandalisés. 

« Nous sommes dramatiquement revenus à la médecine du XVIIème siècle ». Prononcée au sortir de la séance du mardi 20 mars cette formule d’un académicien résume fidèlement l’état d’esprit des membres de cette compagnie  présents ce jour là sous les ors de la rue Bonaparte. D’autres parlent, tout simplement, de scandale, de déshonneur. Pourquoi tant d’émotion?  Quels sont les faits ? L’affaire a été assez parfaitement résumée par une dépêche mandée dans la soirée du même jour par l’Agence France Presse. La voici:

« France, Paris. Le professeur Luc Montagnier,  prix Nobel de Médecine, a défendu les recherches sur « la piste microbienne » de l’autisme devant l’Académie de médecine, en soutenant que les antibiotiques permettraient d’améliorer un grand nombre d’enfants atteints. Une minute de silence, en hommage aux victimes des tueries de Toulouse et Montauban, a précédé son exposé, applaudi mardi, sur ce sujet controversé.

« On compte chaque année en France 5.000 nouveaux cas d’autisme ou de troubles apparentés », a-t-il dit notant le caractère « multifactoriel » de ce syndrome des troubles de la communication.  C’est « une véritable épidémie » que les facteurs de prédisposition génétique ne peuvent à eux seuls expliquer ». Il est donc « logique de s’intéresser à des facteurs environnementaux nouveaux ». En particulier, aux pesticides, a-t-il poursuivi en évoquant aussi une exposition accrue aux « radiations électromagnétiques non ionisantes ».

Facteurs environnementaux et génétiques participeraient à un phénomène de « stress oxydatif » susceptible de provoquer des « modifications neuronales » et un dysfonctionnement immunitaire. Les enfants autistes souffriraient ainsi d’infections chroniques. Le Pr Montagnier a fait état de « 55% d’amélioration rapide » obtenus avec des cures d’antibiotiques sur 97 autistes, en notant que « les enfants réagissent beaucoup mieux avant l’âge de 7 ans ».
« Il est important de confirmer ces résultats par des essais contrôlés » (un groupe recevant le traitement, l’autre un placebo) », a-t-il ajouté.  Après la projection de vidéos montrant les progrès d’enfants traités qui se sont mis à parler et à pouvoir aller à l’école, il a néanmoins jugé ces résultats « spectaculaires » car ils « indiquent qu’une fois sur deux, l’autisme n’est pas un condamnation à vie ». 

« Les antibiotiques représentent une piste intéressante. Mais je veux limiter l’espérance qu’elle suscite », a relevé Gilbert Lelord, pédopsychiatre spécialiste de l’autisme. Des pourcentages d’amélioration similaires obtenus avec d’autres produits (vitamine B6…) lors de ce type d’essais, n’ont pas été confirmés après des essais contrôlés, a prévenu ce professeur émérite. BC/ei »

Selon les informations que nous avons pu rapidement recueillir il apparaît que le Pr Luc Montagnier avait déployé une grande énergie pour obtenir de s’exprimer sur ce thème devant ses pairs académiciens; obtenir aussi que son intervention soit filmée dans ce cadre prestigieux que certains tiennent pour quelque peu suranné. Il est d’autre part acquis qu’il ne s’agissait pas ici d’une « communication » ayant emprunté le cheminement qui sied habituellement au secrétaire perpétuel de cette  Académie. Il s’agissait encore moins d’un rapport présenté au nom d’une commission. Mais, plus simplement d’une « conférence » ouverte par ailleurs au public et à la presse.  Un moment très bizarre pour reprendre le mot d’une personne habituée aux cérémonies académiques du mardi de chaque semaine.

L’exercice rituel des questions au conférencier n’était pas prévu par le protocole. Toutefois, percevant sans doute un agacement collectif grandissant, le président de séance jugea préférable de donner la parole au professeur Gilbert Lelord, le spécialiste aujourd’hui historique (terme parfois traduit par celui d’émérite) de l’autisme en France.

« Avec l’élégance et la distinction courtoise qui le caractérise le Pr Lelord a cherché avec diplomatie de prendre au mieux les distances qui s’imposaient, confie un témoin. Il a notamment rappelé l’absolue nécessité d’une évaluation des faits allégués. »  Silence.

On observera que cette affaire émerge peu après la très vive polémique qui vient d’opposer dans de nombreux médias, toujours sur le front de l’autisme, les tenants d’une approche médicale et scientifique (pour faire court) aux militants défenseurs des vertus thérapeutique des courants analytiques. Nous avons pour notre part évoqué cette polémique ici-même. Cette émergence survient aussi alors que l’autisme a été décrété grande cause nationale 2012

Alors? On pourrait certes tenir cet évènement pour quantité négligeable, n’y voir qu’une anecdote à tenir impérativement en marge de l’histoire de la médecine et du combat scientifique et médical contre ce drame et  cette impasse que constitue l’autisme et les syndromes autistiques. On peut aussi soutenir le contraire. Sauf à tenir pour quantité négligeable deux institutions et les symboles qu’elles portent : d’une part celle en charge depuis deux siècles conseiller le gouvernement français sur sa politique de santé et, de l’autre, le prix Nobel de médecine.

On pourrait aussi, pour ce qui concerne le co-lauréat du millésime 2008, ne voir qu’une nouvelle étape d’un parcours personnel, atypique et déroutant. Il semble que ce soit le cas mais que ce parcours ait croisé depuis des personnalités et des associations qui oeuvrent bien loin dans les marges de la démarche médicale scientifique rationnelle. Bien loin en marge pour ne pas écrire contre.

Voici, pour tenter de comprendre, ce que nous écrivions dans les colonnes du Monde le jour où le prix Nobel lui avait été attribué:

« Le parcours professionnel de Luc Montagnier est sans aucun doute atypique dans la communauté médicale française. C’est que l’homme a une personnalité complexe. Nombre de ses pairs lui reprochent volontiers une surexposition médiatique. Ils dénoncent aussi, en privé, le fait qu’il use publiquement de sa notoriété pour développer des hypothèses, concernant notamment la lutte contre les maladies dégénératives, qu’ils jugent, au mieux, fort peu crédibles en l’état actuel de la science.

Né le 18 août 1932 à Chabris (Indre) dans un milieu modeste, il se souvient avoir, dès l’enfance, envisagé une carrière scientifique. C’est d’abord la physique nucléaire, sur laquelle il fait une croix après Hiroshima. Il s’oriente alors vers des études de médecine et de sciences. En 1955, il est nommé assistant à la faculté des sciences de Paris, avant de centrer ses recherches sur les virus animaux, notamment ceux dont le patrimoine génétique est constitué d’ARN, et sur les liens pouvant exister entre ces virus et les processus cancéreux.

Après plusieurs stages à l’étranger, il crée, en 1972, l’unité d’oncologie virale dans le nouveau département de virologie de l’Institut Pasteur de Paris. Il est l’un des rares en France à élargir le champ de ses recherches à l’interféron ainsi qu’aux « agents transmissibles non conventionnels ». Ces derniers, qui prendront plus tard la dénomination de prions pathologiques, seront au coeur du drame français de l’hormone de croissance contaminée, puis de l’affaire internationale de la vache folle.

EN MARGE DES INSTITUTIONS

Diriger l’équipe qui découvre, en 1983, le virus responsable du sida, puis être au centre de la controverse franco-américaine sur ce thème lui confère bientôt une renommée internationale. Pour autant, on le voit progressivement développer une activité personnelle en marge des institutions officielles. Meurtri de devoir quitter l’institution pastorienne dès ses 65 ans, il part un moment aux Etats-Unis avant de créer une fondation internationale sous l’égide de l’Unesco.

Affirmant haut et fort sa liberté, il ne craint pas de s’aventurer sur de nouvelles frontières, aux confins de la science officielle et d’une autre qui l’est moins, ou qui peine à le devenir. Mieux, il revendique cette échappée, allant jusqu’à expliquer que le sida est aussi une pathologie multifactorielle. On le voit alors se passionner pour les impacts du stress oxydatif et des alimentations déséquilibrées, dénoncer les impasses de la médecine contemporaine et prononcer de sévères réquisitoires contre l’organisation de la recherche en France. Ses ennemis le disent hautain, mesquin, parfois méprisant ? Ce solitaire réfute en bloc, dénonce la jalousie, règle quelques comptes personnels dans un monde qui est tout sauf tendre.

On avait croisé cet agnostique en 1989 au Vatican, où il défendait haut et fort l’usage des préservatifs masculins contre la progression du sida. On l’y retrouva en septembre 2002, prescrivant d’étranges extraits de papaye fermentés au pape Jean Paul II alors atteint d’une forme évoluée de la maladie de Parkinson. Ses pairs se gaussent ? Il sourit.

Jean Paul II était alors âgé de 82 ans. Luc Montagnier vient de recevoir le Nobel à 76 ans. Persuadé d’être la cible de quelques puissants mandarins, il confiait être convaincu de ne pas l’obtenir avant ses 85 ans. Le professeur, cette fois, s’était trompé. »

Les antibiotiques contre l’autisme après les extraits fermentés de papaye?  Celui que nous avions, pour des raisons professionnelles, longuement fréquenté durant une trentaine d’années,  nous avait alors rapidement fait savoir qu’il n’avait guère goûté nos lignes.  S’il est amené à les lire sans doute ne goûtera-t-il pas plus celles d’aujourd’hui. Au delà d’une simple affaire de goût et de forme l’urgence -pour nous tous, à commencer par les malades – est ailleurs: revenir, si c’est possible,  au fond.

http://blog.ehesp.fr/mediasantepublique/2012/03/21/antibiotiques-contre-lautisme-ou-les-troublants-mysteres-de-luc-montagnier/

18 mars 2012

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 15 mars 2012

Organisation et missions d’un Centre Ressources Autisme


Dans la plupart des cas de suspicion de TED, d’autisme et/ou de troubles associés, il est conseillé aux parents de se tourner vers le CRA, Centre Ressources Autisme, de leur région.

Mais qu’est ce qu’un CRA, quelles sont ses missions, comment s’organise-t-il, et que peut-on en attendre?

La définition officielle d’un CRA est la suivante:

« Un centre de ressource est constitué par une équipe pluridisciplinaire, spécialisée et expérimentée sur le syndrome autistique, mettant en oeuvre des actions de diagnostic précoce, de recherche, d’aide, de soutien, d’information, de formation, de conseil et d’expertise auprès des familles et des professionnels médico-sociaux et de santé. »

Les premiers CRA de France ont été créés à la fin des années 90. Ces entités regroupent donc des équipes pluridisciplinaires, autour d’un mode d’organisation local. En effet, il n’y a pas une organisation type valable sur tout le territoire. Cela dépend de l’histoire locale des équipes déjà existantes. Cependant, les CRA s’articulent presque toujours autour d’une unité de coordination, d’une unité documentaire, et d’une ou plusieurs unités d’évaluation, celles-ci n’étant pas forcément géographiquement au même endroit que l’unité documentaire. Souvent les unités d’évaluation se trouvent au sein des hôpitaux (CHU ou hôpitaux psychiatriques).

Néanmoins, si le mode d’organisation, tout comme la forme juridique, est variable, le « cahier des charges » et les missions d’un CRA sont les mêmes, et s’articulent autour d’une démarche commune. Les documents de référence sur lesquels s’appuient les CRA pour l’évaluation et le diagnostic sont les recommandations de l’Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des établissements et services Sociaux et Médico-sociaux (ANESM) et celles de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Les missions

Un CRA a plusieurs missions:

  • le diagnostic,
  • la documentation,
  • la mise en réseau,
  • la recherche,
  • l’orientation,
  • la formation.

Le diagnostic

Le dépistage et le diagnostic sont une des premières missions d’un CRA. Pour ce faire, les centres travaillent en collaboration avec des équipes de « premièreligne » (généralistes, pédiatres, PMI, etc.) et de deuxièmeligne (CMP, CMPP, CAMSP, etc.).

Pour répartir les rôles, disons que les praticiens de premièreligne sont ceux qui dépistent, ceux de deuxième ligne sont ceux qui organisent le soin (ou prise en charge).

En effet, il faut savoir que, dans l’idée, le CRA ne fait pas du diagnostic de première intention. Le premier diagnostic doit normalement être mené par les professionnels de santé de proximité (ceux de première et deuxièmeligne cités plus haut).

Le CRA est une équipe relais qui appuie et forme les professionnels de proximité (circulaire interministérielle DGCS/DGOS/DGS/CNSA no 2010-292 du 27 juillet 2010 relative à la mise en oeuvre régionale du plan autisme 2008-2010).

Le CRA n’intervient qu’à partir du moment où l’un de ces praticiens demande l’intervention du CRA, en cas de diagnostic complexe ou de difficultés, voire de désaccord, entre famille et praticiens. C’est pour cela qu’en règle générale les familles ne peuvent demander directement un rendez-vous de dépistage au CRA, et qu’ils doivent donc passer par la recommandation d’un pédiatre, d’un neuropédiatre ou d’un pédopsychiatre.

C’est souvent une incompréhension qui revient parmi les familles touchées par l’autisme qui s’interrogent sur les conditions d’accès au CRA. Il n’y pas en la matière une volonté de rendre l’accès encore plus difficile ou de refuser du diagnostic, simplement un type de fonctionnement qui mériterait d’être expliqué par les professionnels pour dissiper les malentendus.

Le but d’un diagnostic fait dans le cadre d’un CRA est également de transmettre une synthèse aux parents et aux professionnels qui prennent en charge les enfants. Le parcours des enfants est varié, des professionnels différents ont pu se succéder et la perte d’information est grande. Le CRA permet de synthétiser et de standardiser la transmission d’informations.

La documentation, l’information

Tout CRA dispose d’un centre documentaire où des ouvrages sont consultables sur place. De même, ils ont en général des sites web avec accès à des bases de données documentaires énormes, de plusieurs milliers de publications. Toute personne peut accéder à ce fonds documentaire, il ne faut surtout pas hésiter!

En effet, une des missions du CRA est d’informer, les professionnels comme les parents, et d’améliorer la connaissance de l’autisme et des TED afin de sensibiliser le grand public.

La mise en réseau

Les CRA étant centre de RESSOURCES pour les professionnels, ils mettent également ceux-ci en relation les uns avec les autres, et créent des réseaux de compétences autour de l’autisme. Les CRA ont également un rôle de conseil auprès des MDPH et de l’Education Nationale.

Via l’Association Nationale des Centres de Ressources Autisme (ANCRA), il y a un travail d’homogénéisation des outils diagnostics, et également un soutien financier apporté aux formations à l’utilisation de ces outils.

La recherche

Celle-ci est basée sur la récupération de données concernant la recherche scientifique fondamentale, en quelque sorte, mais surtout de recherche sur les outils d’évaluation. Les CRA collectent dans ce cadre également beaucoup de données, et réalisent des études sur divers aspects de l’autisme. Par exemple, des études sur l’autisme et les troubles du sommeil, ou des travaux de traduction et de validation selon les normes françaises d’outils internationaux (échelle de Vineland, notion du quotient d’empathie, etc.). Pour ce faire, les CRA s’appuient sur le réseau de professionnels et de parents.

L’orientation

Le CRA a un rôle de conseil, d’aide, de soutien, et d’expertise, auprès des familles, pas seulement des professionnels. Ils ont connaissance de toutes les structures d’accueil, de prise en charge, existantes dans leur zone géographique. De même, le CRA a un rôle de conseil et d’orientation en matière de formation.

La formation

La formation est un des axes prioritaires à l’heure actuelle des CRA: formation des professionnels, bien sûr (identification des besoins de formation, formations au dépistage et au diagnostic selon les recommandations de la HAS, formation aux outils de diagnostic, etc.), la formation de formateurs, et également faire connaître aux familles et proches de personnes avec TED/autisme les formations existantes.

À titre d’exemple, le CRA Rhône-Alpes a formé la moitié des CMP du département du Rhône au dépistage et au diagnostic, dans le cadre de ses actions de formation prioritaires pour la région Rhône-Alpes, qui sont:

  • la formation de formateurs,
  • le dépistage dès la petite enfance,
  • la diffusion des recommandations de bonnes pratiques de la HAS.

Dans un prochain article, je vous ferai part des informations sur les différents types de tests et d’évaluation que les CRA mettent en oeuvre pour le diagnostic, sur la base d’un socle commun.

http://autismeinfantile.com/author/carole-brogin/

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