Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
"Au bonheur d'Elise"
4 juillet 2018

Congrès Autisme France 2018 - 17 novembre 2018 à Nice - Familles & professionnels au coeur du changement

 

Journée Nationale Autisme France 2018

 

 

Cette année le congrès se déroulera sur Nice le 17 novembre prochain.

 

En France, la loi met au cœur du système de santé comme de l’accompagnement médico-social l’usager, depuis les deux lois de 2002. Malheureusement la place de l’usager reste encore marginale, même si la situation s’améliore, et que les compétences des patients (dans le sanitaire) et des personnes en situation de handicap (et de leurs familles) commencent à être prises en compte.

 

Le partenariat étroit entre les personnes autistes, leurs familles et les professionnels qui peuvent les aider est pourtant une évidence : sans le partage de savoirs et de compétences, il est impossible d’aider vraiment et de manière durable une personne autiste. Aussi avons-nous construit notre congrès sur la réflexion autour de cette alliance.

On peut la décliner autour de multiples thématiques : mieux comprendre les différentes pistes de la recherche scientifique, pour savoir comment l’usager peut y prendre sa place, s’informer sur les nouveaux modèles d’interventions, et nous insistons à ce congrès sur la manière d’aider les adultes, à la suite de la sortie des recommandations de bonnes pratiques qui leur sont dédiées.

 

Nous sommes attentifs aussi aux nouveaux modèles de services plus inclusifs qu’il est possible de mettre en œuvre, de manière pionnière : les pôles de compétences externalisées que notre groupement de coopération s’attache à mettre en œuvre, les services à domicile qui peuvent constituer le fer de lance d’une coordination tant souhaitée entre des acteurs différents, le modèle des entreprises adaptées au service des personnes avec TSA.

Aucune de ces mobilisations ne trouvera de place reconnue et pérenne si les financeurs ne se lancent pas dans une courageuse reconnaissance de la qualité attendue en autisme : nous défendons le projet de certification construit avec l’aide et l’expertise d’Handéo, pour se doter des outils nécessaires.

 

Merci à ceux qui assureront le fil rouge de cette journée en nous ramenant à leurs expériences vécues : le Dr Saravane, membre de notre comité scientifique, qui va assurer la modération de la journée, Laurent Savard qui décrit si bien avec un humour décapant, l’amour que nous portons à nos enfants les plus vulnérables, et Josef Schovanec, qui milite, comme nous tous, avec un humour corrosif aussi, pour que les personnes autistes ne soient plus les exclus des exclus.

 

Programme détaillé

Renseignements complémentaires

 

Pour s'inscrire :

Paiement en ligne sécurisé par Carte Bancaire

Bulletin d'inscription à télécharger pour un paiement par chèque ou virement, à nous retourner accompagné de son règlement à Autisme France - 1175 avenue de la République - 06550 LA ROQUETTE-SUR-SIAGNE.

 

  

Renseignements : Tél. 04 93 46 01 77 -  email :  autisme.france@wanadoo.fr


Suivez nous !    all-in-web sur facebook    Twitter
Publicité
Publicité
4 juillet 2018

Le comité de pilotage de la stratégie nationale pour l'autisme est officiellement installé

article publié sur Hospimédia

29/06/18 - 17h11

Le comité de pilotage de la stratégie nationale est officiellement installé.

Un mois après la parution du décret instaurant la fonction de délégué interministériel à la stratégie nationale pour l'autisme au sein des troubles du neurodéveloppement, et la nomination dans la foulée de Claire Compagnon à ce poste, un comité de pilotage opérationnel a officiellement été installé ce 27 juin. L'information a été signalée à l'agenda de Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées.

Le nouveau comité et sa déléguée marquent définitivement la volonté du Gouvernement d'inscrire la politique de prise en charge de l'autisme dans une démarche interministérielle. Le comité regroupe pour cela des représentants des différentes directions des administrations centrales, s'inscrivant dans la droite ligne de la délégation interministérielle dédiée à la stratégie. Parmi les missions de Claire Compagnon, fixées par décret (article 2) figure donc en premier celle qui consiste à "assurer le suivi de la mise en œuvre, au niveau interministériel, de la stratégie nationale et de sa prise en compte dans les politiques ministérielles associées".

Il est aussi question dans le décret (article 3) de la mise en place du conseil national qui doit réunir des représentants d'associations d'usagers et des familles, des professionnels, des représentants de l'État et des collectivités territoriales, des scientifiques et des personnalités qualifiées. Un arrêté détaillant ses membres devrait prochainement être publié au Journal officiel.

Le décret fixant le cadre des missions de Claire Compagnon prévoit également qu'elle sollicite les services notamment des ministères en charge des Solidarités, de la Santé, du Travail, de l'Éducation nationale, du Logement, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de la Justice, de l'Agriculture, de la Culture, des Sports, des Outre-mer, du Budget, des corps d'inspection, du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) ou encore des caisses et organismes de sécurité sociale. Toutes ces administrations et organisations devraient se retrouver dans le comité. Ce dernier doit se réunir tous les mois. À cette occasion, un reporting de la mise en œuvre par les différentes administrations centrales des mesures de la stratégie sera réalisé, explique Claire Compagnon. Pour suivre les 101 mesures au quotidien, des outils sont en cours d'élaboration. D'ores et déjà, certaines dispositions annoncées ont déjà démarré.

1 juillet 2018

Mosnes : après les commerces, le maire va sauver l'école communale en créant un centre pour autistes

article publié sur France bleu

mercredi 20 juin 2018 à 5:30 Par Yohan Nicolas, France Bleu Touraine

L'école primaire de Mosnes va être rénovée, et va même bientôt être accompagnée d'un centre pour enfants autistes. Le projet, d'un coût de trois millions d'euros, est déjà financé au deux tiers, mais le maire cherche désormais des mécènes privés.

Illustration Marche pour l'autisme en Mars 2013 Illustration Marche pour l'autisme en Mars 2013 © Maxppp - Aurélein Morissard/IP3

Mosnes, France

L'état de l'école primaire de la commune de Mosnes, près d'Amboise en Indre-et-Loire, est préoccupant. Selon le maire du village, Christophe Villemain, il pousse même des familles à éviter l'établissement. Il est donc urgent de la remettre aux normes.  Mais, nouveauté, la nouvelle école accueillera également des jeunes autistes. Ce qui nécessite la mise en place d'un centre spécialisé et de classes privées. 

Le coût du projet est d'environ 3,3 millions d'euros, un budget déjà financé aux deux-tiers. Le maire cherche désormais des fonds privés pour mener à bien ce projet et veut séduire les entreprises, tout en les sensibilisant à l'insertion dans l'emploi des jeunes autistes. 

Pour cela, il organise dès le mois d'octobre des concerts dans des églises de la région, suivis de repas pour convaincre des mécènes de mettre la main à la poche, de 150 à 50.000 euros. 

Le maire de Mosnes avait déjà investit personnellement 200.000 euros pour sauver deux commerces de sa commune

A la clé, une cinquantaine d'emplois qui pourraient redynamiser cette petite commune rurale. "En terme d'images, je pense que c'est déjà très très bien, pour les nouvelles personnes qui veulent s'installer dans le village. Le centre en lui-même va créer des emplois et il peut y avoir des métiers qui vont venir s'y adosser." explique le maire. 

Au début, son conseil municipal n'était pas très sûr de vouloir se lancer dans le projet. "On ne va quand même pas mettre nos enfants avec des fêlés !" argue même un conseiller. Mais finalement, le conseil municipal et les parents d'élèves n'éprouvent pas de résistance particulière.  Et pour cause : "Les animations mises en place pour les enfants autistes vont pouvoir bénéficier aux non-autistes. Les parents ne peuvent qu'être contents de cela.  Cela tire l'école vers le haut globalement." décrypte Christophe Villemain. 

Cette nouvelle école devra être liée à une nouvelle politique d'insertion dans l'emploi des jeunes autistes. "On ne donne pas la possibilité aux enfants autistes d'accéder à la culture, à l'éducation, aux sports... Dans d'autres pays, on fait en sorte que les autistes puissent intégrer les écoles puis des entreprises. En France, on est vraiment en retard par rapport à ça. Rien que d'évoquer le mot 'autiste', on détourne le regard." déplore-t-il. 

Le premier concert de soutien aura lieu à Mosnes le 6 octobre 2018. A Tours, ce sera le 8 octobre, à l'église Saint-Julien. 

1 juillet 2018

Abstract Pierre Delion sur le Packing - 29.6.2018

 

Therapeutic body wraps (TBW) for treatment of severe injurious behaviour in children with autism spectrum disorder (ASD): A 3-month randomized controlled feasibility study

Introduction The use of therapeutic body wraps (TBW) has been reported in small series or case reports, but has become controversial. Objectives This is a feasibility, multicentre, randomized, controlled, open-label trial with blinded outcome assessment (PROBE design). Setting Children with autism and severe-injurious behaviours (SIB) were enrolled from 13 specialized clinics.

http://journals.plos.org

 

29 juin 2018

Des enfants autistes sans perspectives à Limoges

article publié sur France 3 Nouvelle Aquitaine

Guilhem, atteint d'un autisme sévère, va devoir quitter l'école du Roussillon à Limoges / © Marine GuignéGuilhem, atteint d'un autisme sévère, va devoir quitter l'école du Roussillon à Limoges / © Marine Guigné

Par FC et MGPublié le 28/06/2018 à 08:42

Venir  chercher son  fils à l'école, comme  tous les parents… Bientôt, ce ne sera plus possible pour Hèlène Brière de l'Isle : son fils Guilhem, atteint d'un autisme sévère, va devoir quitter l'école du Roussillon. 

A 12 ans et demi, il a atteint la limite d'âge pour son maintien en unité pour l'inclusion scolaire, et il n’y a pas de place en Institut médico-éducatif.

Ses parents et 3 autres familles en Haute-Vienne sont dans l'impasse.
 

Priorité ?

Le 4e plan autisme, présenté en avril dernier, fait pourtant de la scolarisation des enfants autistes une priorité. 

40% d'entre eux sont actuellement admis en primaire, et la scolarisation doit être renforcée au collège et au lycée.
On n’en est pas encore là…

L'Agence régionale de santé assure aujourd’hui que ces dossiers sont en cours d'instruction.
Mais faute de place, les familles concernées envisagent désormais de saisir la justice.

Publicité
Publicité
29 juin 2018

En finir avec la psychanalyse ? – Entretien avec Jacques Van Rillaer - 1re partie -

Lumières !

Ajoutée le 28 juin 2018

Première partie de notre entretien avec le psychologue Jacques Van Rillaer, réalisé le 17 avril 2018 à Bruxelles. Professeur émérite de psychologie, « déconverti » de la psychanalyse, Jacques Van Rillaer est l’un des critiques majeurs de la discipline fondée par Freud. Il est notamment l’auteur du livre « Les Illusions de la psychanalyse » (Mardaga, 1981) et fait partie des principaux contributeurs du « Livre noir de la psychanalyse » (Les Arènes, 2005).

Dans ce segment, nous abordons les sujets suivants : origines et originalité de la théorie freudienne ; pertinence des concepts de la psychanalyse (inconscient, refoulement, transfert, etc.) ; les « cas princeps » (le petit Hans, Anna O., Dora, l’Homme aux rats, l’Homme aux loups...). Il est également question de l’interprétation des rêves et des lapsus.

Blog de Jacques Van Rillaer sur le site Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/jacques-va...

Site de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), où l’on trouve de nombreux articles de Jacques Van Rillaer (issus de la revue « Science & pseudo-sciences ») : http://www.pseudo-sciences.org/

28 juin 2018

Autisme et cerveau humain : des chercheurs identifient un nouveau mécanisme moléculaire

article publié sur McGill.ca

Salle de Presse McGill

Dans une étude publiée dans Stem Cell Reports, une équipe de chercheurs de l’Université McGill menée par Carl Ernst, chercheur au Centre de recherche de l’hôpital Douglas, lève le voile sur un mécanisme moléculaire susceptible de contribuer au développement de l’autisme.

À partir de cellules cutanées de patients reprogrammées par génie génétique en cellules cérébrales, Carl Ernst, Scott Bell, candidat au doctorat, ainsi qu’Edward A. Fon et Thomas M. Durcan, collègues de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, ont déterminé comment une cellule du cerveau, porteuse d’une mutation génétique propre au patient, se développe anormalement.

L’équipe s’est concentrée sur un gène nommé GRIN2B, connu pour causer l’autisme lorsqu’il subit une mutation. Presque tous les gènes chez les humains ont deux copies. Une mutation dans une seule copie de GRIN2B est suffisante pour provoquer une déficience intellectuelle modérée et l’autisme.

« La protéine, fabriquée à partir de ce gène, est généralement étudiée sur des neurones matures ou en maturation, principalement chez les rongeurs. Dans notre étude, nous avons découvert que les cellules souches neurales humaines — des cellules immatures — produisent cette protéine. Elle joue d’ailleurs un rôle clé à un stade beaucoup plus précoce du développement qu’on ne le pensait auparavant », affirme Carl Ernst, titulaire d’une Chaire de recherche du Canada en génétique psychiatrique et professeur agrégé au département de psychiatrie à l’Université McGill.

La fabrication de ces cellules cérébrales, actives électriquement, offre un aperçu du système nerveux humain en laboratoire, même en l’absence d’irrigation sanguine ou de structures cellulaires de soutien. « Les souris ne peuvent pas être utilisées comme modèle animal pour ce syndrome génétique particulier. Pour décrypter les mécanismes de la maladie, nous devons donc travailler sur des cellules humaines. »

Gène réputé important au niveau de la communication entre neurones plus matures, GRIN2B forme une partie d’un récepteur majeur du cerveau humain (NMDA). Les résultats de cette étude montrent que GRIN2B a une fonction dès le stade des cellules souches neurales.

Par génie génétique, l’équipe de Carl Ernst a réussi à corriger en laboratoire la mutation affectant les cellules du patient, et à les faire redevenir saines.

« Les troubles du spectre de l’autisme forment un ensemble de centaines de maladies très rares, causées par des mutations dans de nombreux gènes. Elles peuvent néanmoins être regroupées en une constellation spécifique de symptômes. Nous devons aborder ces troubles en nous intéressant d’abord aux gènes, plutôt qu’en nous attardant à une classification clinique », explique Carl Ernst, auteur principal de l’étude.

D’autres recherches seraient nécessaires pour tester si d’autres gènes de l’autisme, que l’on pense importants à des stades de développement tardifs, sont également essentiels à un stade neuronal précoce.


Ce travail a été financé en partie par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Chaire de recherche du Canada et la plateforme sur les déficiences intellectuelles Sandra et Alain Bouchard.

L’article Disruption of GRIN2B impairs differentiation in human neurons a été publié dans la revue Stem Cell Reports. DOI : 10.1016/j.stemcr.2018.05.018

 

Le 27 juin 2018

26 juin 2018

Stratégie nationale pour l'autisme. Le point de vue de la Fédération française Sésame Autisme

26 juin 2018

Un foyer médicalisé ouvert pour de jeunes adultes autiste à Verdelais en Gironde

article publié sur le site de France 3 - Nouvelle Aquitaine

Le foyer d'accueil médicalisé du Verdelais en Gironde prend en charge de jeunes adultes en grand besoin d'accompagnement / © F3 Aquitaine/D. Bonnet

Le foyer d'accueil médicalisé du Verdelais en Gironde prend en charge de jeunes adultes en grand besoin d'accompagnement / © F3 Aquitaine/D. Bonnet

Ce foyer accueille des jeunes en grand besoin d'accompagnement. Moyenne d'âge : 23 ans. Il s'agit de les aider à devenir le plus autonome possible afin de faciliter leur insertion dans la société. Sa création entre dans le cadre du plan autisme 2013-1017.

Par CAPublié le 26/06/2018 à 10:33Mis à jour le 26/06/2018 à 11:59

Le projet a été lancé en 2009. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour le voir aboutir.

A l'origine, l'ADIAPH (association pour le développement, l'insertion et l'accompagnement de personnes handicapées) et l'association de parents "Lo Camin" cherchaient à ouvrir une structure spécifique pour les jeunes autistes.

Ils ont obtenu l'accord du Conseil Départemental de la Gironde, territoire pilote en matière d'inclusion des personnes en situation de handicap.

Le département a financé une partie des travaux. Il a aussi accepté de participer à la rémunération du personnel aux côtés de l'Agence Régionale de la Santé

Il s'agit de "permettre à toutes les personnes qui vivent avec un handicap de trouver un lieu d'habitation qui correspond à leur projet de vie" peut-on lire dans un communiqué du Conseil Départemental.

Dans le centre de Verdelais en effet, tout est pensé pour faciliter le quotidien des 12 jeunes autistes accueillis de façon permanente.

Chaque résident vit à son propre rythme, avec un emploi du temps personnalisé.

Et chacun peut visualiser les tâches de son quotidien grâce à des pictogrammes.

pictogrammes


  Les jeunes autistes peuvent se référer à des pictogrammes pour savoir où ils doivent aller et ce qu'ils doivent faire chaque jour, un repère rassurant pour eux / © F3 Aquitaine/D.Bonnet

"Ce sont des repères, il faut que ce soit clair, très cadré, sinon, c'est déroutant. Chaque action a une image pour qu'ils sachent où ils vont aller, ce qu'ils vont faire..." nous explique l'une des infirmières de l'équipe, Margot Durieux. 

Aux douze places permanentes proposées dans ce foyer de Verdelais, s'ajoutent deux places temporaires et une place d'urgence.

Dans le reportage qui suit, on découvre le centre d'accueil avec Clémentine, une jeune pensionnaire et le personnel nous explique son fonctionnement.


Un foyer médicalisé ouvert pour de jeunes adultes autiste à Verdelais en Gironde
Ce foyer accueille des jeunes en grand besoin d'accompagnement. Moyenne d'âge : 23 ans. Il s'agit de les aider à devenir le plus autonome possible afin de faciliter leur insertion dans la société. Sa création entre dans le cadre du plan autisme 2013-1017. - E.Galand/D.Bonnet
26 juin 2018

Guillaume Gouffier-Cha, Député a visité l’école de T.E.D et ses amis à Saint-Maur-des-Fossés le 25.6.2018

26 juin 2018

Collégien autiste humilié : ce n'est pas un acte isolé !

Résumé : L'humiliation d'un collégien autiste, diffusée en vidéo sur les réseaux sociaux, a agité le web. Une situation vécue par de nombreuses personnes autistes selon SOS autisme qui réclame une campagne de sensibilisation dans les écoles.

Par , le 25-06-2018

 

Quatre surveillants affectés dans un collège d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont été suspendus le 21 juin 2018, soupçonnés de s'être moqués d'un élève autiste, d'avoir filmé la scène et de l'avoir diffusée sur les réseaux sociaux. La victime avait empli son sac de pain. Les surveillants ont voulu le punir d'avoir pris du pain et ils se sont moqués de lui. L'un d'eux a filmé la scène qui s'est ensuite retrouvée sur Snapchat mais la vidéo n'était plus visible le lendemain. Acte isolé ou attitude récurrente à l'égard des personnes différentes ?

Un acte pas vraiment isolé

L'association SOS autisme France assure qu'elle est chaque mois alertée par les familles sur des situations de harcèlement ou de moqueries de jeunes autistes, notamment dans les collèges. « L'humiliation subie par ce collégien reflète la situation actuelle des personnes autistes à l'école, et dans la société française en général, explique Olivia Cattan, sa présidente. L'autisme est encore moqué, servant d'insulte, notamment chez les plus jeunes. » Selon elle, la sensibilisation que fait l'association dans les écoles à la seule demande de certains établissements ne suffit pas. L'association avait pourtant demandé au ministère de l'Education nationale de mener de véritables campagnes de sensibilisation à l'échelle nationale, seules à pouvoir mettre fin à ce genre de comportement. Déplorant que les clichés et les préjugés sur l'autisme demeurent, Olivia Cattan juge qu'il « est temps que la politique d'envergure et interministérielle en matière d'autisme promise par le gouvernement se répercute enfin sur le terrain ». Elle demande à être reçue par Jean-Michel Blanquer à ce sujet.

Réaction de Sophie Cluzel

De son côté, sur Twitter, la secrétaire d'Etat en charge du handicap, Sophie Cluzel, s'est déclarée « profondément indignée par cet acte d'humiliation ». « Si avérés, ces faits sont d'une extrême gravité. Je serai très vigilante aux conclusions de l'enquête en cours. L'école doit être un modèle d'ouverture et d'acceptation, au service de l'éducation citoyenne », a-t-elle ajouté. Après 9 mois de concertation, le gouvernement a dévoilé sa Stratégie nationale pour l'autisme 2018-2022 le 6 avril 2018. Parmi ses 20 principales mesures (article en lien ci-dessous), l'objectif de « rattraper notre retard en matière de scolarisation ». Il promet de « garantir à chaque enfant un parcours scolaire fluide et adapté à ses besoins, de l'école élémentaire au lycée » et de « former et accompagner dans leur classe les enseignants accueillant des élèves autistes ». Et les surveillants ?

Enquête en cours

Ces quatre assistants d'éducation ont fait l'objet d'une suspension à titre conservatoire dans l'attente des résultats de l'enquête administrative, a expliqué le rectorat, qui a également émis un signalement en direction du parquet. "L'enfant n'a pas compris qu'on se moquait de lui, il va bien", a ajouté cette source. Selon le rectorat, le principal a tout de suite appelé le père de l'enfant pour l'informer et le recevra lundi.

©  i-picture/Fotolia

 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

26 juin 2018

Marie, autiste de 23 ans, vit isolée et oubliée selon sa maman ->Il est temps d'ouvrir des centres de jours adaptés à l'autisme!

Marie, autiste de 23 ans, vit isolée et oubliée selon sa maman:

Patricia et sa fille Marie vivent ensemble à Andrimont en province de Liège. La jeune femme se sent bien dans l’appartement de sa maman mais elle n’a pas vraiment d’autre endroit où aller pour le moment. Patricia n’ayant pas de voiture, leurs sorties se limitent souvent à des promenades dans les environs. Elle aimerait que sa fille puisse s’épanouir, tisser des liens sociaux, avoir des activités plus variées. Marie pourrait progresser, gagner en autonomie, acquérir des compétences pour s’insérer socialement. Mais pour les adultes autistes, il n’y a rien, déplore sa maman. "À cause du manque de structure, Marie reste à la maison, sans soutien et isolée, oubliée par la société", dénonce-t-elle via notre bouton orange Alertez-nous.


Des battements de mains et des balancements révélateurs

À 18 mois, Marie a été diagnostiquée "autiste sévère", raconte sa maman. Ses balancements avant-arrière, parfois très violents, ainsi que ses battements de mains (flapping) ont été les premiers signes qui ont poussé les parents à consulter. "Les signes cliniques apparaissent très tôt dans la vie de l’enfant, soit dès sa naissance, soit entre la première et la seconde année de vie", indique le Pr Anne Wintgens, responsable du Centre de référence pour les troubles du spectre autistique des Cliniques Saint-Luc. La spécialiste cite quelques signes qui doivent alerter : "L’enfant ne fixe pas le regard. Il ne pointe pas pour demander ou marquer leur intérêt. Il ne répond pas au sourire et n’initie pas de relation par le sourire ou le regard. Il ne répond pas au bruit ou à l’appel de son prénom."


"C’était presque notre faute"

Après un rendez-vous chez un neuropédiatre, un généticien a confirmé le diagnostic de Marie. Un verdict qui a marqué le commencement de plusieurs "années de galère" pour Patricia. "Il n’y avait pas internet. On ne pouvait pas partager, on restait chez soi, on était culpabilisé par les gens autour de nous. C’était presque notre faute", se souvient-elle.

Dans les années 90, l’autisme était encore abordé sous le prisme de la psychanalyse. Certains praticiens affirmaient alors que ce trouble était causé par un comportement inapproprié de la mère, trop froide ou trop possessive. Puis les méthodes comportementales ont pris le pas sur l’approche psychanalytique. Aujourd’hui, les professionnels évoquent des facteurs multiples (neurologiques, génétiques, environnementaux et psychologiques) et préfèrent parler de Troubles du Spectre Autistique (TSA) plutôt que d’"autisme".

"À l’heure actuelle, le diagnostic reste un diagnostic clinique qui repose sur la présence d’un ensemble de symptômes dans le domaine de la communication et des interactions sociales et dans le domaine des comportements stéréotypés, des intérêts restreints et des sensibilités sensorielles particulières", explique le Pr Anne Wintgens, qui souligne l’importance l’un diagnostic précoce pour une prise en charge la plus précoce possible.


Accaparée par les besoins de sa fille, Patricia a "perdu l’espoir de travailler"

Les troubles du spectre autistique touchent une personne sur cent – plutôt des garçons. "Ça s’abat sur une famille, détruit la famille. On ne sort pas indemne : le frère, la sœur, le père la maman, la grand-mère, les tantes… Il y a quelque chose qui part, qui s’en va", confie Patricia. "Soit, ça soude la famille très fort, soit la famille éclate", raconte Flora Arrabito, présidente de l’asbl Autisme en action. Mais il y a une majorité de familles éclatées, constate-elle.

Mère de 7 enfants, 5 garçons et deux filles. Patricia a dû canaliser son attention sur Marie. "Je me suis dit que j’allais être aidée", se souvient-t-elle. "Mais je me trompais, je me trompais, c’était fou", constate-t-elle avec le recul. Elle a été contrainte de quitter son travail de secrétaire pour se focaliser sur les besoins de sa fille. "J’ai perdu l’espoir de travailler un jour", confie-t-elle. Pour Marie, Patricia s’est faite tour à tour infirmière, assistante sociale, docteur, pédicure, couturière, clown, kiné, coiffeur, institutrice… "La maman n’est plus une maman. Elle tient toutes les casquettes", raconte également Flora Arrabito, elle-même mère d’une jeune femme de 26 ans autiste.


Après ses 15 ans, Marie n’a plus trouvé de structure adaptée

Suite à son divorce, Patricia s’est rapidement retrouvée seule avec Marie, alors que la fillette avait 4 ou 5 ans. "Le père ne se sentait pas capable de faire avancer Marie", résume-t-elle. Heureusement, Patricia a trouvé une place adéquate pour sa fille à La Court’Echelle, un institut d’enseignement spécialisé de la communauté française. "Là, Marie évoluait, était heureuse, très encadrée", raconte-t-elle. La jeune fille a fréquenté cet établissement jusqu’à ses 14,15 ans. Ensuite, elle a rejoint l’Athénée Verdi de Verviers, où elle est restée deux ans, puis a intégré un centre d'enseignement secondaire spécialisé de Cerexhe. Deux établissements qui n’ont pas apporté à Marie ce dont elle avait besoin. Le personnel, certes attentif, n’était pas formé à l’autisme. "Elle n’apprenait plus rien", regrette la maman.

Si Marie a beaucoup évolué jusqu’à ses 15 ans, il n’y a plus eu de structures adaptées pour qu’elle continue sur cette pente ascendante. Aujourd’hui, elle vit en retrait de la société, ne côtoyant presque que sa maman, seule personne qui se charge de la faire progresser. "Il est temps d'ouvrir, de créer des centres de jours adaptés à l'autisme !", tonne Patricia.

"Marie est intelligente, douce, gentille mais elle fait partie des "oubliés" de notre société ce qui est d'une grande violence pour moi sa maman"

De rares centres adaptés à l’autisme, et très peu de places dans les autres

Les infrastructures réellement adaptées à l’autisme se comptent sur les doigts d’une main, indique Cinzia Agoni, porte-parole du GAMP (Groupe d'Action qui dénonce le Manque de Places pour personnes handicapées de grande dépendance) et présidente de l’asbl Inforautisme. Pour obtenir une place dans un de ces centres, il y a des listes d’attente "pour plusieurs années", regrette-t-elle, citant par exemple le centre "Les Jacinthes", saturé.

Les personnes autistes sont donc dispatchées dans des centres qui accueillent différents publics, explique Flora Arrabito, d’Autisme en action. "À la fin du mois de juin, vous prenez toutes les écoles d’enseignement spécial, ils ont chacun des dizaines et des dizaines de jeunes qui rentrent dans l’âge adulte. La moitié ou les ¾ vont rester sur le carreau, sans solution", déclare-t-elle.

Car les places dans les établissements qui accueillent différents types de handicap (polyhandicap, autisme, et autre handicap de grande dépendance) sont aussi très convoitées. Et la sélection faite à l’entrée ne joue pas en faveur des personnes autistes. "Ils préfèrent prendre les éléments les moins perturbateurs pour les équipes", dit Flora Arrabito. Puisque le personnel de ces centres est rarement formé à la prise en charge de l’autisme.


Le personnel des centres d’accueil n’est pas suffisamment formé à la prise en charge de l’autisme

L’autisme a été reconnu comme handicap en Belgique, dans la partie francophone du pays, seulement en 2004, rappelle la responsable du GAMP. "Mais les formations n’ont pas suivi", indique-t-elle. S’il existe des méthodes qui ont fait leurs preuves (TEACCH, ABA), les éducateurs ne les connaissent pas forcément. "Dans les écoles pour éducateurs, on aborde parfois l’autisme mais pas nécessairement avec les connaissances actuelles", regrette Cinzia Agoni

En conséquence, dans certaines institutions, les personnes autistes sont "parquées et bourrées de médicaments", rapporte Cinzia Agoni. Un traitement qui les transforme en vrais "zombies", dénonce-t-elle. "C’est un peu notre combat par rapport à l’autisme, le combat des bonnes pratiques dans les centres qui accueillent les personnes handicapées", explique-t-elle.


Des parents "pris en otages"

De son côté, Patricia se bat pour trouver des soins adaptés et des activités de jour pour sa fille. "Il n'est pas possible de la faire régresser en la mettant n'importe où !", martèle-t-elle. De nombreux parents d’enfants autistes se voient proposer du "all inclusive, 24 heures sur 24", alors qu’ils ne cherchent que des activités de jour, explique Cinzia Agoni. "Ils sont pris en otages", s’indigne-t-elle. "Ou bien vous prenez cette place-là, ou bien tant pis, votre personne handicapée, vous la gardez chez vous."


"La création de structures de répit est fondamentale pour les familles"

Patricia plaide pour la création de "points-relais", où les adultes atteints de TSA pourraient poursuivre leur apprentissage — pas des garderies, insiste-t-elle. "Les mamans sont pros pour ça", dit-elle. Flora Arrabito, d’Autisme en action, revendique également, depuis des années, l’ouverture de ce qu’elle appelle des "haltes répits". L’idée est plus ou moins la même : un local où une personne compétente pourrait, quelques heures par semaine proposer des activités en vue de faciliter l’insertion sociale, voire professionnelle, des adultes atteints de TSA.

"La création de structures de répit est fondamentale pour que les parents et les familles puissent tenir le coup. Il en existe encore beaucoup trop peu à l'heure actuelle", déclare le Pr. Anne Wintgens. La Wallonie compte en effet quelques rares services de répit en: "Souffle un peu" dans le Namurois, la 2eme base à Gembloux… tous saturés de demande.

Pourquoi en existe-t-il si peu ? D’abord à cause du manque de budget, le nerf de la guerre pour les associations. Le cadre législatif actuel ne convient pas au développement de ce genre de structures. "Vous avez des gens différents qui arrivent à des moments différents et il faut faire des comptes d’apothicaire pour recevoir les subsides", explique Cinzia Agoni. "C’est plus facile d’ouvrir un centre résidentiel tout compris plutôt que se casser la tête avec un centre de répit", constate-t-elle.


Des pouvoirs publics inertes devant l’urgence de la situation ?

En désespoir de cause, une vingtaine d’associations représentatives du secteur du handicap en Belgique a emprunté la voie judiciaire. En 2013, la Belgique a été condamnée par le Comité européen des droits sociaux pour carence de solutions pour les adultes de grande dépendance. Les pouvoirs régionaux et communautaires ont mis en place le Plan Grande Dépendance 2014-2017 pour entrer en conformité avec la Charte sociale européenne.

En avril 2016, la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles et Bruxelles ont présenté conjointement un plan transversal Autisme, dans le but d’améliorer la prise en charge et les conditions de vie des personnes concernées. "Ce plan Autisme a permis, en Wallonie, la création de 81 places dans des dispositifs spécialisés (35 chez les enfants, 41 pour les adultes) ainsi que 12 places en unité de crise réparties de façon équitable entre le secteur jeunes et adultes. De même, 39 nouvelles places de répit (dont 25 pour les adultes) ont également été programmées", fait valoir Caroline Jauniaux, porte-parole de la ministre wallonne en charge de l'action sociale, Alda Greoli.

Cinzia Agoni met sérieusement en doute ces chiffres et compte bien demander des comptes au cabinet de la ministre en question. "Ce sont des places de crises, pas des solutions", note-t-elle par ailleurs. "Il y a une demande énorme, ce sont de centaines de personnes qui n’ont rien (…) C’est tout à fait dérisoire", réagit-elle également. Son sentiment par rapport à ce plan Autisme ? "Lamentable ! Ce plan n’existe quasiment pas, ne veut rien dire, c’est une coquille vide", tempête-t-elle.

"On nous a promis plein de choses. Mais aujourd’hui, si vous parlez à un parent, et vous dites ‘le plan autisme est sorti il y a plus d’un an. Est-ce que vous sentez des améliorations ?’ Ils vont vous dire non", raconte la responsable d’Autisme en action. "Concrètement dans la vie de tous les jours, ce n’est pas visible", ajoute-t-elle.


Patricia dénonce certaines idées reçues sur l’autisme

Si le personnel formé à l’autisme est encore rare, le grand public a également des connaissances très faibles en la matière, constate Patricia. "Soit on va dans le cliché du surdoué : le ‘Rainman’, qui est magique, ou alors la personne qu’on véhicule partout et qui ne comprend rien à rien", déplore-t-elle. Plus agaçant encore, les questions sur l’agressivité de sa fille Marie, alors que celle-ci est au contraire d’une grande douceur.

"Les personnes avec autisme ne sont pas plus agressives que les autres mais elles peuvent présenter des troubles de comportement", explique le professeur Wintgens. "Ces troubles peuvent être liés à une difficulté de communication, un manque de compréhension d’une situation, une rigidité de la pensée". "Certains changements, mêmes minimes, peuvent générer un stress", ajoute la spécialiste.

Patricia dénonce aussi le cliché de la "débilité". Si sa fille n’est pas "Rainman", elle est très intelligente, assure-t-elle. "Marie va comprendre un tas de choses que je ne vais pas sentir directement", raconte-t-elle. "Eux ont comme un autre sens, beaucoup plus parfait que nous, plus subtil, beaucoup plus développé", estime-t-elle. "Leur intelligence a souvent un profil hétérogène avec des forces dans les domaines visuels, dans le raisonnement perceptif par rapport au domaine langagier", explique le Pr. Anne Wintgens.

"Il faut sortir les autistes des coins oubliés où on les met, de ces lieux retranchés de la vie, pour les inclure dans la vie, dans la société, avec nous"

"Il faut sortir les autistes des coins oubliés où on les met"

Patricia et Flora souffrent du regard des gens sur leur fille. "Combien de fois m’est-il arrivé de sortir d’un magasin avec elle parce que les regards se posaient sur nous", raconte la présidente d’Autisme en action. "C’était extrêmement gênant", confie-t-elle. Patricia rapporte des expériences similaires, évoquant notamment des groupes de jeunes qui regardent Marie "de la tête aux pieds".

Pourquoi ces regards pesants ? "Parce que le public belge n’est pas confronté à la différence", déplore Flora Arrabito. "Où sont les adultes autistes ?", interroge Patricia. "Je n’en vois aucun", s’étonne-t-elle. "Ni dans la rue, ni dans les médias." "C’est incroyable, le peu de visibilité qu’ils ont. C’est comme s’ils n’existaient pas", renchérit Flora Arrabito. "Il faut sortir les autistes des coins oubliés où on les met, de ces lieux retranchés de la vie, pour les inclure dans la vie, dans la société, avec nous", adjure-t-elle. "Il faut mettre l’autiste avec des personnes comme vous et moi", dit également Patricia.

"Les autistes adultes qui ont des gros troubles du comportement, on ne veut pas les voir parce qu’ils dérangent"

Les adultes atteints de TSA pas assez représentés dans les médias

Quand il s’agit d’aborder l’autisme, les médias feraient la part belle aux enfants, au détriment des adultes. "L’enfant avec de grands yeux mignon, même s’il ne vous regarde pas, passe beaucoup plus facilement que l’adulte qui peut montrer des signes de handicap", note Cinzia Agoni. Contrairement aux plus jeunes, l’adulte ne touche pas, n’intéresse pas les gens, regrettent-elles. Cinzia Agoni note tout de même la médiatisation de certains adultes, comme Josef Schovanec, philosophe, ou Hugo Horiot, écrivain et comédien. "On veut voir les autistes adultes qui sont bien élevés, qui savent bien parler, ça oui. En revanche, les autistes adultes qui ont des gros troubles du comportement, on ne veut pas les voir parce qu’ils dérangent", dit-elle. Pourtant, le rôle des médias est "primordial", souligne Cinzia Agoni, qui se réjouit tout de même d’un regain d’intérêt de leur part ces trois dernières années.

"Ce qu’on se demande avec un enfant autiste, c’est ‘qu’est-ce qu’il deviendra quand moi je ne serai plus là ?"

Décloisonner les enseignements ordinaire et spécialisé pour favoriser l’inclusion

La scolarisation d’élèves handicapés au sein de classes ordinaires est un autre levier pour encourager l’ouverture à la différence. Il est évoqué dans le plan transversal autisme, mais ces classes dites "inclusives" n'en sont qu’à leur début en Belgique. Des expériences pilotes sont menées par le Cabinet de la Ministre Marie Martine Schyns sur un total de 8 classes pour l’année scolaire 2017-2018. "C’est une goutte dans l’océan", note Florra Arrabito. "Nous profiterons de la prochaine année scolaire pour proposer des modifications de décret facilitant la création ou la pérennisation des classes inclusives", assure Paul-André Leblanc, conseiller auprès de la Ministre Schyns.

Pour se changer les idées, sortir de la problématique de l’autisme, Patricia fait de longues marches dans Verviers. C’est sa "thérapie", dit-elle. Si elle a tant besoin de ces moment-là, c’est aussi parce qu’elle ressent une certaine angoisse concernant l’avenir de Marie. "Ce qu’on se demande avec un enfant autiste, c’est ‘qu’est-ce qu’il deviendra quand moi je ne serai plus là ?’", confie-t-elle. "On ne peut pas, en tant que parents, imposer leur sœur à nos enfants qui sont bien, qui ont une petite famille", ajoute-t-elle.

Se sentant abandonnée, Patricia broie parfois du noir : "Il y a quelques années, j'avais encore un peu d'espoir mais depuis je m'isole, et je finis par ne plus croire en rien", confie-t-elle. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de gens bienveillants, qui connaissent une peine comme la sienne. Elle tient à leur rendre hommage. "Si je n’avais pas la maman de Wael, la maman de Jessica, de Dylan, Nolwen, Lilia, David ou Gabriel, je ne sais pas ce que je ferais."

24 juin 2018

Centre expert autisme Limousin : l'ARS campe sur ses positions

article publié sur France 3

La structure va désormais se consacrer uniquement au diagnostic précoce des troubles du spectre de l'autisme. / © Mathieu Degremont - France 3 LimousinLa structure va désormais se consacrer uniquement au diagnostic précoce des troubles du spectre de l'autisme. / © Mathieu Degremont - France 3 Limousin

Par Mary SohierPublié le 22/06/2018 à 18:06Mis à jour le 22/06/2018 à 18:07

Les parents d'enfants autistes redoutent le pire. Car le centre expert autisme Limousin va disparaître dans sa forme actuelle.

Désormais, la structure va se consacrer uniquement au diagnostic précoce des troubles du spectre de l'autisme. L’accompagnement des enfants, dont elle s’occupait jusqu’ici, sera maintenant assuré par d’autres structures.

Limoges : le centre expert autisme diagnostiquera, mais n'accompagnera plus les enfants 

Dans un premier rapport, l'agence régionale de santé (ARS) avait critiqué le coût et la gestion du centre expert.

L'ARS reconnaît des erreurs dans les chiffres

Dans un nouveau rapport, l'efficacité économique est réévaluée favorablement, mais au final, la décision est la même. Ce qui provoque la colère de Geneviève Macé, présidente du centre expert autisme :

"L'ARS a décidé de remanier parce qu'il y avait des gros défauts de gestion. L'ARS reconnaît que ces gros défauts de gestion n'existent pas. Mais l'ARS continue à vouloir remanier."

 

Nouvelles questions sur l’avenir du centre expert autisme de Limoges  


L'objectif de l'ARS ? Rentrer dans un cadre légal qui permet de poursuivre l'activité jusque-là financée de façon expérimentale.

Mais pour les parents, des questions demeurent sur la continuité de la prise en charge et sur le travail de recherche que le centre expert avait débuté. L'enjeu est majeur : 1 enfant sur 100 est concerné.

Centre expert autisme
C'est un feuilleton que nous suivons depuis plusieurs mois : l'avenir du centre expert autisme du Limousin. L'ARS souhaite séparer le dépistage de la prise en charge, ce qui provoque la colère de parents qui dénoncent de mauvais arguments. Un nouveau rapport vient de relancer le débat. Explications. Intervenants : Harry Razafin (père de Mathéo), Geneviève Macé (présidente Austime Limousin) et François Négrier (directeur ARS Haute-Vienne). - Equipe : François Clapeau, Mathieu Degremont et Chantal Cogne.

 

Un établissement unique en France

Le centre expert autisme est un établissement expérimental créé en 2014 en Haute-Vienne pour dépister et accompagner les très jeunes enfants. 1% d'entre eux présente des troubles plus ou moins sévères. En deux ans d'activité, le taux de diagnostiques précoces est multiplié par 20 en Limousin.

23 juin 2018

Quatre surveillants suspendus pour avoir humilié un collégien autiste

13h53, le 22 juin 2018, modifié à 13h58, le 22 juin 2018

Quatre surveillants suspendus pour avoir humilié un collégien autiste

Les surveillants sont soupçonnés d'avoir diffusé la scène sur les réseaux sociaux. Image d'illustration. @ AFP

Les quatre employés d'un collège d'Aulnay-sous-Bois sont soupçonnés de s'être moqué d'un élève et d'avoir filmé la scène avant de la diffuser sur Snapchat, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.  

Quatre surveillants affectés dans un collège d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, ont été suspendus jeudi, soupçonnés de s'être moqués d'un élève autiste, d'avoir filmé la scène et de l'avoir diffusée sur les réseaux sociaux, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

Le rectorat a émis un signalement au parquet. Ces quatre assistants d'éducation ont fait l'objet d'une suspension à titre conservatoire dans l'attente des résultats de l'enquête administrative, a expliqué le rectorat, qui a également émis un signalement en direction du parquet.

D'après les premiers éléments, révélés par Le Parisien, les faits se sont produits mercredi après-midi. La victime, un enfant autiste, avait empli son sac de pain. "Les surveillants ont voulu le punir d'avoir pris du pain et ils se sont moqués de lui", a expliqué une source proche du dossier. L'un d'eux a filmé la scène qui s'est ensuite retrouvée sur Snapchat, mais la vidéo n'était plus visible vendredi. 

Le père de l'enfant reçu lundi au collège. "L'enfant n'a pas compris qu'on se moquait de lui, il va bien", a ajouté cette source. Selon le rectorat, le principal a tout de suite appelé le père de l'enfant pour l'informer et le recevra lundi.

22 juin 2018

A Nice, une entreprise où s’épanouissent les autistes

VIE AU TRAVAIL. La start-up Avencod développe des services numériques. Sept de ses onze salariés sont atteints de troubles du spectre de l’autisme.

Laurence Vanbergue et Laurent Delannoy, fondateurs d’Avencod’. 

Laurence Vanbergue et Laurent Delannoy, fondateurs d’Avencod’. / Avencod’

N’étaient quelques menus détails, il serait impossible de deviner la singularité d’Avencod, une entreprise niçoise de services au numérique. Sur les portes, des panneaux rouges prient de « Ne pas déranger » ; sur les bureaux, aucun téléphone n’est visible, mais çà et là sont rangés des casques à réduction de bruit.

À l’évidence, les salariés d’Avencod sont sensibles au bruit. Hypersensibles même, à en croire le silence qui règne dans les locaux de l’entreprise. « Nous employons onze salariés », explique Laurent Delannoy, qui a fondé la société en 2016 avec Laurence Vanbergue. « Quatre sont en situation de handicap et sept sont atteints de troubles du spectre de l’autisme. C’est ce qui explique l’attention que nous portons aux sons : les autistes détestent être dérangés ! »

Des méthodes de travail libres

Sensibilisés au handicap par leur histoire familiale, les deux fondateurs ont fait le choix de ne recruter que des personnes en situation de handicap, et de leur donner un travail à la hauteur de leurs compétences.

À lire aussi

Un café Joyeux qui ouvre les portes de l’emploi pour les handicapés

Chez Avencod, les salariés – autistes Asperger à haut potentiel dans leur grande majorité – exercent le métier d’analystes-programmateurs, développeurs ou testeurs et sont placés au cœur de l’activité. « Un autiste fait toujours un effort pour évoluer dans notre monde dit ordinaire, poursuit le directeur. Mais ici, ils sont majoritaires : nous les laissons donc élaborer leurs propres systèmes de communication et de méthode de travail. »

S’il loue le « perfectionnisme » de ses employés, Laurent Delannoy veille aussi à ce que cette envie de bien faire ne se retourne pas contre eux. « Il faut par exemple leur imposer de récupérer les heures supplémentaires, sinon certains ne s’arrêteraient jamais », souligne Laurent Delannoy, qui compte parmi ses clients Amadeus, leader mondial des solutions de traitement des réservations pour l’industrie du voyage, mais aussi Dassault ou certaines filiales de Thales.

Toutes les deux semaines environ, des neuropsychiatres passent aussi chez Avencod pour s’assurer du bien-être des « Avencodeurs », comme les appelle le directeur.

Un sens de la rigueur et du détail

Grande, blonde et souriante, Isabelle Richez est l’une de ces salariés autistes. Âgée d’une quarantaine d’années, elle a travaillé dans le marketing, l’audit, l’enseignement avant de rejoindre Avencod. Là, elle a trouvé un écrin à même de lui permettre de s’épanouir professionnellement.

« Le monde neurotypique (non autistique, NDLR) est complexe pour nous. Ici, on laisse s’exprimer notre fonctionnement Et il y a une vraie efficacité dans ce que l’on produit ensemble », apprécie-t-elle.

« Ces personnes ont des capacités intellectuelles incontestables, un sens de la rigueur et du détail qui doivent servir à quelque chose », poursuit Laurent Delannoy, qui rappelle qu’il y a chaque année en France 10 000 à 15 000 emplois non pourvus dans le secteur du numérique.

C’est pourquoi la start-up niçoise compte développer son modèle innovant en ouvrant en janvier prochain sa première antenne à Marseille. Guidée par le credo de l’entreprise : « La nature crée des différences, Avencod en fait de talents. »

Coralie Bonnefoy, à Nice (Alpes-Maritimes)
22 juin 2018

Autisme -> Vidéo sur une journée exceptionnelle organisée par l'association A.I.M.E 77 d'Eric Ticana - 16.6.2018

 

21 juin 2018

Lancement de la certification Services et établissements Autisme

logo andéoarticle publié sur le site d'Handéo

Le 19/06/2018

Télécharger le dossier de presse

Cap’Handéo, la garantie de trouver un service de confiance et de qualité
Le but d’Handéo ? Faciliter la vie quotidienne des personnes handicapées ou en perte d’autonomie et de leur proches aidants pour une meilleure inclusion dans la cité. Handéo vous aide à identifier les services et établissements médico-sociaux accompagnant les personnes autistes, pour que chacun puisse bénéficier d’un accompagnement sur mesure et adapté à son projet de vie. La certification vient compléter un panel d’offres de qualité que propose Handéo : la certification Services à la personne, les labels Aides Techniques et Services de mobilité. Les marqueurs qualité Cap’Handéo sont complémentaires les uns des autres et cherchent tous à répondre au leitmotiv de Handéo «Bien vivre chez soi et dans la cité» ; quelque soit le domicile, qu’il soit ordinaire, partagé, regroupé ou en établissement.


Le gage d’un accompagnement de qualité
Le service ou l’établissement certifié s’engage à : permettre aux personnes autistes de faire des choix et de prendre des décisions relatives à leur propre qualité de vie, soutenir et accompagner les proches aidants, appliquer les recommandations de bonnes pratiques de l’ANESM et de l’HAS. Les établissements et services concernés par la certification sont notamment les SAVS, SAMSAH, MAS, FAM, ESAT, EPHAD, SESSAD, IME, SAAD, accueil de jour etc...


Pour des interventions comportementales et développementales sur mesure adaptées et précises
La certification s’appuie sur un référentiel composé de 6 thématiques et 27 caractéristiques. Ce référentiel a été rédigé collectivement pour répondre aux besoins et attentes des personnes autistes et de leurs familles. Le service ou l’établissement candidat à la certification s’engage à participer au renforcement de l’autodétermination des personnes autistes et des familles ainsi qu’à leur inclusion dans la cité. Le service ou l’établissement garantit des interventions sur mesure (particularité de la personne, ses besoins, ses centres d’intérets, son profil d’autisme, son âge, ...).


Un réseau d’expert
La structure d’accueil et/ou d’accompagnement engagée dans la démarche, met en relation les différents acteurs locaux : qu’ils soient du secteur médico-social et sanitaire, droits communs (loisirs, scolarité, emploi, séjour, commerces de proximité, etc.). Elle reconnait et s’appuie sur l’expertise des familles afin de garantir la qualité de l’accompagnement.


Bien vivre chez soi et dans la cité
Handéo délivre des certifications et labels (Services à la personne, services de mobilité, aides techniques) dans la perspective d’accroître et renforcer la confiance des personnes handicapées dans les organismes qui les accompagnent.

 

 

20 juin 2018

Autisme - Un trouble du neurodéveloppement affectant les relations interpersonnelles

Les troubles du spectre de l'autisme (TSA) résultent d'anomalies du neurodéveloppement. Ils apparaissent précocement au cours de la petite enfance et persistent à l’âge adulte. Ils se manifestent par des altérations dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que par des anomalies comportementales, en particulier une réticence au changement et une tendance à la répétition de comportements ou de discours. Les personnes concernées semblent souvent isolées dans leur monde intérieur et présentent des réactions sensorielles (auditives, visuelles, cutanées...) particulières. Malgré la diversité des troubles et les capacités d'insertion sociale très variables de ces personnes, l'autisme est reconnu comme un handicap en France depuis 1996. Il nécessite une recherche pluridisciplinaire pour comprendre ses mécanismes et améliorer sa prise en charge.

Environ 700 00 personnes concernées en France, dont 100 000 ont moins de 20 ansDes premiers signes manifestes apparaissant chez le nourrisson entre 18 et 36 moisUne origine multifactorielle et largement génétique


Dernière mise à jour

18.05.18


Dossier réalisé en collaboration avec Catherine Barthélémy, Prix d'honneur Inserm 2016, professeure émérite (Faculté de médecine et université de Tours), membre de l'Académie nationale de médecine.

Loupe comprendre Comprendre l’autisme

L'autisme "typique", décrit par le pédopsychiatre Leo Kanner en 1943, est aujourd'hui intégré dans un ensemble plus vaste, celui des troubles du spectre de l'autisme (TSA), qui rendent mieux compte de la diversité des situations.

Ces troubles rassemblent un ensemble de conditions caractérisées par :

  • des altérations des interactions sociales
  • des problèmes de communication (langage et communication non verbale)
  • des troubles du comportement correspondant à un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif
  • des réactions sensorielles inhabituelles

Autant de particularités souvent à l'origine de difficultés d’apprentissage et d'insertion sociale.

L’autisme (et les TSA en général) se manifeste le plus souvent durant la petite enfance, avant l’âge de trois ans, puis persiste tout au long de la vie. Au total, les TSA concernent environ 700 000 personnes en France, qui vivent toutes un handicap social. En revanche, contrairement à une idée répandue, l'autisme n'est pas systématiquement associé à un retard intellectuel. Le syndrome d'Asperger, par exemple, est un TSA associé à un très bon développement intellectuel. Cependant, un tiers des personnes concernées par un TSA présente une déficience intellectuelle, de gravité très variable. Des troubles associés à des handicaps intellectuels sévères, comme le syndrome de Rett, le syndrome du chromosome X fragile et les retards mentaux liés au X, font partie des TSA.

Picto Dialogue Des troubles affectant les relations interpersonnelles, la communication et le comportement

Les personnes atteintes d’autisme semblent peu accessibles aux autres. Elles établissent difficilement les contacts nécessaires à la construction d’une relation interpersonnelle, en particulier les contacts visuels. Le plus souvent, elles ne répondent pas lorsqu’on les appelle. Elles sourient très rarement et semblent ne pas comprendre les sentiments et les émotions des autres.

Les troubles de la communication associés à l’autisme touchent à la fois le langage et la communication non verbale. Une importante proportion – mais pas une majorité – des personnes atteintes de TSA présente des troubles du langage : répétition incessante des mêmes phrases, modulation et formulations inhabituelles, non utilisation de termes abstraits, etc. Une partie d'entre eux ne parle pas du tout. Au total, beaucoup d'autistes peinent à entrer dans un dialogue. Par ailleurs, ils ne comprennent et n’utilisent pas les éléments de communication non verbale tels que les gestes, les expressions du visage, le regard ou le ton de la voix.

Les personnes atteintes d’autisme ont souvent des comportements répétitifs (balancements du corps, battements des mains, tournoiements …), auto-agressifs (se mordre les mains, se cogner la tête…) ou inappropriés (pleurer ou rire sans raison apparente…). Elles s’attachent souvent à des objets qu’elles utilisent de manière détournée, par exemple en les alignant ou en les faisant tourner inlassablement. En général, elles tolèrent mal le changement (de lieux, d’emplois du temps, de vêtements, d'alimentation …). Une situation imprévisible peut provoquer une réaction d’angoisse ou de panique, de colère ou d’agressivité. Ces personnes qui semblent souvent indifférentes aux monde extérieur peuvent donc, de manière paradoxale, y être extrêmement sensibles: la lumière, le contact physique ou certaines odeurs peuvent déclencher des réactions de rejet très fortes.

L’autisme et les autres TSA s’accompagnent souvent de troubles du sommeil, de problèmes psychiatriques (dépression, anxiété), de troubles du développement (trouble de l'apprentissage ou de l’attention/hyperactivité). Près d'un autiste sur cinq souffre également d’épilepsie.

Les premiers signes, avant 3 ans

Les premiers signes évocateurs de l’autisme se manifestent le plus souvent entre 18 et 36 mois.
L’enfant est trop calme ou au contraire trop excité. Il semble indifférent au monde sonore et aux personnes qui l’entourent. Il ne répond pas à son prénom et ne réagit pas (ou peu) aux séparations et aux retrouvailles. Il ne sourit pas (ou rarement) et reste silencieux. Il ne regarde pas dans les yeux, ne joue pas à faire "coucou", ne pointe pas du doigt et ne cherche pas à imiter les adultes.

Picto ADN Une origine multifactorielle, largement génétique

L'autisme et les autres TSA sont liés à des anomalies très précoces – d'origine anténatale – du neurodéveloppement.

L'imagerie médicale, entre autres techniques, a mis en évidence chez ces personnes des défauts de mise en place et d'organisation de certains réseaux cérébraux spécialisés, dédiés à la communication sociale et à la modulation du comportement en fonction de l'environnement et de ses changements. La biologie moléculaire a pour sa part identifié plusieurs centaines de gènes dont l’altération semble conduire à une plus grande susceptibilité à l’autisme. Ces gènes sont impliqués dans des processus biologiques divers, mais nombre d’entre eux participent précisément à la formation du système nerveux et des connexions synaptiques, ainsi qu'à la synthèse de substances chimiques indispensables au bon fonctionnement du cerveau.

Il est désormais bien établi qu'il s'agit de maladies d'origine multifactorielle, avec cependant une forte composante génétique. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont d'ailleurs deux facteurs de risque reconnus. Cela n'exclut pas l'intervention de facteurs environnementaux – neuroinflammation, virus, toxiques ... – durant la grossesse, mais leur nature exacte n'est pas connue actuellement. La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque reconnu et important. Par ailleurs, certains médicaments antiépileptiques administrés à la mère durant la grossesse, comme la Depakine, sont actuellement sur la sellette.

Quatre garçons pour une fille?

Si les garçons sont plus souvent atteints d’autisme que les filles, ce chiffre très souvent cité doit être relativisé. En effet les outils de détection et d'évaluation de ce trouble ont été essentiellement validés sur des populations de garçons, avec le risque d'occultation de signes propres aux filles. Une méta-analyse récente évoque plutôt un rapport de trois garçons pour une fille, rapport qui pourrait encore évoluer avec les progrès de la détection.

Faux coupables

Les données actuellement disponibles montrent que, contrairement à des croyances tenaces, ni les maladies cœliaques secondaires à une intolérance au gluten, ni la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), ni les caractéristiques psychologiques des parents (en particulier les prétendues "mères réfrigérateurs") ne sont des facteurs de risque de TSA.

Picto Famille Une prise en charge globale

L’autisme ne se soigne pas mais une prise en charge adaptée à l’enfant améliore ses capacités fonctionnelles à interagir avec le monde qui l’entoure et à s’y adapter. Cette prise en charge, pluridisciplinaire et individualisée, est un parcours de soin qui évolue avec l'enfant, puis l'adolescent et l'adulte. L'autisme persistant toute la vie, sa prise en charge doit "suivre" le patient.

Des troubles à dépister au plus tôt

Pour prendre en charge les autistes, encore faut-il les reconnaître comme tels. A cet égard, un dépistage précoce – autant que possible dès 18 mois – est essentiel : plus tôt est démarrée la prise en charge et meilleurs en seront les résultats. Une prise en charge précoce permet en effet des progrès supérieurs et évite l'apparition de sur-handicaps. Dans ce domaine, entre autres, la France doit rattraper un retard certain. La nouvelle stratégie nationale pour l'autisme le prend en compte (voir plus loin).

Prix d'honneur Inserm 2016 pour Catherine Barthélémy
Catherine Barthélémy, Prix d'honneur Inserm 2016, professeure émérite de la faculté de médecine de Tours, et ancienne directrice de l’équipe Autisme de l’unité de recherche Inserm 930 "Imagerie et Cerveau" à Tours.

Fondée sur une approche comportementale et développementale, la prise en charge comprend des dimensions sanitaires, médico-sociales et sociales. Le développement de l’enfant est régulièrement évalué (au moins une fois par an), de manière à pouvoir ajuster sa prise en charge. L’enfant reçoit des soins psycho-éducatifs, basés sur le jeu, qui l’aident à développer son langage, ses compétences cognitives, sensorielles et motrices, à adapter son comportement, à gérer ses émotions… Cela se fait à la maison – dans le lieu habituel de vie – et avec la famille. L’objectif est de lui donner (ainsi qu'à son entourage) les outils pour interagir avec les autres et à acquérir de l’autonomie.

Dans toute la mesure du possible, la prise en charge est conçue et réalisée avec la personne concernée et non pour elle. Un des enjeux actuels est de scolariser les autistes et de les aider à s'insérer dans la société plutôt que les cantonner dans des institutions. Pour une minorité de personnes ne pouvant pas s'insérer socialement, des centres d'accueil spécialisés sont apparus en France en 1996 mais ils restent peu nombreux. Beaucoup trop d'adultes autistes sont actuellement placés dans des lieux inadéquats (hôpital psychiatrique, institution pour personnes mentalement déficientes) ou laissés à la charge de parents vieillissants.

Des médicaments ?

A ce jour, aucun traitement médicamenteux ne guérit l’autisme. Toutefois, certains médicaments sont utilisés pour traiter les pathologies souvent associées aux TSA, comme l’épilepsie.

Pictogramme microscope Les enjeux de la recherche

La recherche française sur l’autisme et les autres TSA se structure désormais autour de l'Institut thématique multi-organismes Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie, qui regroupe des équipes de l’Inserm, de CNRS, des Universités, des CHRU, de l’Institut Pasteur, de l’Inra, du CEA, etc. Des chercheurs et des praticiens de différentes disciplines – imagerie, biologie moléculaire, génétique, recherche clinique, psychologie, sciences cognitives, sciences sociales, etc. – collaborent pour tenter de comprendre les mécanismes de l'autisme, les relier à la clinique, esquisser de meilleures méthodes de détection et de prise en charge et comprendre comment la société pourrait mieux inclure ces personnes.

Rouages Comprendre

Pour mieux comprendre le développement très précoce des circuits cérébraux et leur lien avec le tableau clinique, la recherche s'articule autour de quatre axes:

  • la période pré et périnatale, où il s'agit d'étudier les interaction gènes-environnement au cours de la mise en place des réseaux cérébraux
  • l'enfance, avec sa trajectoire de développement et ses éventuelles régressions : il faut identifier les réseaux neuronaux concernés et faire le lien avec les manifestations cliniques. Cela suppose l'identification de nouveaux marqueurs et le développement d'outils diagnostiques.
  • l'adolescence : le devenir des troubles du développement durant cette période charnière de la maturation cérébrale est peu exploré. Or ils peuvent évoluer très favorablement... ou s'aggraver, allant parfois jusqu'à une transition vers la schizophrénie. A l'inverse, durant cette période, des troubles psychiques ou cognitifs préexistants peuvent "réveiller" un autisme passé inaperçu jusque-là.
  • les adultes sont les "grands oubliés" de la recherche. La biologie et les manifestations cliniques de l'autisme ne sont pas forcément les mêmes que chez les enfants. Il s'agit donc d'explorer tous les aspects de l'autisme adulte: tableau clinique, troubles associés, mécanismes de compensation, biologie, aspect sociologiques ...  

Pictogramme bloc notes diagnostic et stéthoscope Détecter et prendre en charge

Etude de suivi du regard "eye tracking"
Etude de suivi du regard "eye tracking". Etude sur l'autisme au service Explorations fonctionnelles et neurophysiologie en pédopsychiatrie, équipe Autisme, unité Inserm 930 Imagerie et cerveau, Centre hospitalier universitaire Bretonneau, Tours. © Inserm/Patrice Latron

De nouveaux outils (analyse automatique de films, suivi du regard...) sont à l'étude pour détecter l'autisme à la maison, dans le cadre habituel de vie du bébé et non dans un environnement étranger (cabinet, hôpital). La linguistique est aussi mise à contribution pour mieux analyser les particularités formelles du langage dans les TSA.

Un champ de recherche nouveau s'ouvre également pour développer un corpus de connaissances sur l'éducation de ces enfants : comment les aider à acquérir des connaissances, à devenir réellement des apprentis à l'école. Il fait appel aussi bien à la psychologie du développement et de l'apprentissage qu'aux neurosciences cognitives, voire à l'imagerie cérébrale fonctionnelle.

Les sciences humaines et sociales (sociologie, économie, psychologie) sont aussi mises à contribution pour comprendre comment la société accueille – ou pas – ces personnes.

Pictogramme gélule Traiter ?

Quelques molécules, en particulier des diurétiques, ont donné des résultats intéressants, mais très préliminaires, sur certains traits comportementaux. Il reste à mieux mesurer leur effet et à visualiser et comprendre les mécanismes de restauration du fonctionnement des circuits cérébraux. La voie menant à d'éventuelles aides médicamenteuses à la prise en charge (si elles existent un jour) reste très longue.

La stratégie nationale pour l'autisme (2018 -2022)

Présentée au public le 6 avril 2018, la stratégie nationale pour l'autisme prend la suite de trois plans nationaux successifs. 

Dotée d'environ 350 millions d'euros, elle s'articule autour de quatre grandes ambitions:

  • inclure les personnes autistes dans la société
  • intervenir de manière adaptée et respectueuse de leurs choix et de ceux de leur famille
  • donner aux professionnels les moyens d'agir
  • placer la science au cœur de la politique publique en créant un réseau de recherche d'excellence et en assurant la diffusion des connaissances. Il s'agit également de favoriser les méthodes de prise en charge réellement évaluées.
19 juin 2018

Entre les neurosciences et la psychanalyse, la fin des hostilités

Avertissement : Je ne cautionne pas cet article très habile comme souvent ... La théorie sans démonstration est facilement adaptable quelle que soit l'époque ... La psychanalyse excelle dans l'art de convaincre, de séduire ... Une étude de cas (souvent biaisé) suivi d'une publication par un "Maître" vénéré et des écoles de pensée avec des disciples ...

Rappelons une évidence : la science démontre et évalue. La psychanalyse séduit par des concepts théoriques sans jamais les démontrer ... pratique non !

Concernant l'autisme : c'est en France un véritable scandale qui dure depuis des années : de nombreux professionnels se réclament encore de ce genre de propos alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) a tranché en faveur des approches comportementales & éducatives ... !!!

Jean-Jacques Dupuis

article publié par Non fiction

[dimanche 17 juin 2018]



Les récents développements des neurosciences donneraient à la psychiatrie scientifique et à la psychanalyse les moyens de se rapprocher sans confondre leurs approches.

Dans leur introduction aux dix contributions qui composent Epistémologie et méthodologie en psychanalyse et en psychiatrie, Bernard Golse et Alain Vanier fixent le cadre du vrai débat avec les neurosciences que nombre d’observateurs appellent de leurs vœux. Dans les années 80, après deux décennies d’ascendance de la psychanalyse sur la psychiatrie, la théorie freudienne a cessé d’être la référence obligée pour les jeunes psychiatres. Depuis près de 40 ans maintenant, la connaissance du cerveau domine la recherche psychiatrique, sans pour autant que la clinique s’y réduise. Entre une psychanalyse déboulonnée de son piédestal et une psychiatrie aspirée par les avancées des connaissances sur les neurones, le temps est venu d’un débat pacifié. Telle était en tout cas l’ambition du séminaire animé par Bernard Golse et Alain Vanier au CHS de Sainte-Anne, entre 2008 et 2011, dont sont issues plusieurs contributions de ce recueil.

Tous les deux psychiatres et psychanalystes, Golse et Vanier défendent depuis longtemps la thèse selon laquelle les maladies prises en charge par la psychiatrie s’expliqueraient par un faisceau de plusieurs facteurs de natures différentes. La nouveauté selon eux, c’est que les avancées scientifiques permettent désormais d’étayer l’interaction entre les facteurs endogènes (génétiques, neurologiques, etc.) et exogènes (psychiques, notamment). Les neurosciences ouvriraient donc la possibilité d’un « vrai » dialogue entre des approches réputées incompatibles.

Trois grandes séries de questions organisent les contributions du recueil. Que disent, pour commencer, les développements récents des neurosciences sur les hypothèses de la théorie psychanalytique ? Si convergences il y a, quelle est la spécificité des plans sur lesquels se déploient la psychanalyse et les neurosciences ? Enfin, puisque l’autisme est depuis longtemps l’objet des tensions les plus vives entre les tenants de la génétique et ceux de la causalité psychique, quelle idée pouvons-nous nous en faire aujourd’hui ? Cette dernière question revient finalement à interroger la capacité des approches génétiques, neuroscientifiques et psychanalytiques à proposer une description synthétique de la plus grave des affections de la relation à autrui.

 

Les concepts freudiens à la lumière des neurosciences

Si des pistes s’ouvrent en faveur d’un dialogue entre neurosciences et psychanalyse, on le doit d’abord au principe désormais admis de la « plasticité cérébrale ». L’article de F. Ansermet, M. Arminjon et P. Magistretti  livre des clés essentielles pour comprendre la suite du recueil. Le réseau synaptique tel qu’on le connaît actuellement rend intelligibles les liens de détermination entre le traumatisme et le symptôme. Mais il permet aussi de concevoir un certain jeu entre eux et de penser le remaniement des symptômes par le travail thérapeutique. Tel est le pas majeur effectué par les neurosciences en direction de la psychanalyse.

Jean-Pierre Bourgeois tire des conséquences plus neuves de la plasticité cérébrale en introduisant le concept d’« organisation synaptoarchitectonique ». Ce que le généticien entend par là, c’est la coexistence d’une organisation de réseaux neuronaux programmée par le génome d’un côté et les fluctuations des « états fonctionnels » des synapses de l’autre. La génétique avait déjà connu une révolution avec la mise en place de l’« épigénétique », cette discipline nouvelle qui permet désormais de penser l’action modificatrice de l’environnement sur le génome. Mais la « synaptoarchitectonie » introduit un troisième niveau, selon lequel le changement de cadre pourrait avoir un effet sur les liaisons synaptiques établies. Dans cette perspective, la cure psychanalytique pourrait susciter de nouvelles associations et constituer un « environnement » apte à replastifier l’architecture synaptique. Quant elle fait bouger des lignes, la psychanalyse serait un opérateur de renouvellement de la « synaptoarchitectonie ».

Dans la dernière intervention de cette première partie, Bernard Golse propose de dresser un état des lieux de ce que les récentes recherches en neurosciences permettent d’affirmer au sujet de la théorie psychanalytique. Pour Golse, les neurosciences n’ont pas bouleversé le cadre du corpus freudien. C’est plutôt à des reformulations ponctuelles que l’on peut s’essayer. On sait par exemple que les liens entre les synapses ne sont pas fixes et que la réactivation d’un groupe neuronal après une expérience passée – ce qu’on appelle le « frayage neuronal » – fait appel en réalité à une re-création. Pareille description correspond bien aux effets de l’après coup freudien, selon lequel une nouvelle expérience peut remanier les souvenirs inconscients auxquelles le psychisme l’a associée.

Bernard Golse dresse ainsi une longue liste de « ponts » entre les deux disciplines. Parmi eux, nous retiendrons surtout l’approche de Jean-Pierre Bourgeois, évoquée plus haut. En introduisant l’idée selon laquelle les synapses se mettent en place dans le temps, par vagues successives (la fameuse « synatoarchitectonie »), le neuroscientifique donne les moyens de penser l’articulation entre les facteurs exogènes et endogènes.

 

Entre psychanalyse et neurosciences, une différence de méthode

Pour autant le rapprochement entre les notions ou concepts issus de différentes disciplines atteint vite ses limites si l’on ne rappelle pas les spécificités de leurs démarches. D’où une série de trois articles, très différents dans leurs arguments, mais qui invitent tous trois les psychanalystes à en rabattre sur leurs prétentions scientifiques.

C’est au statut de la preuve que s’intéresse Daniel Widlöcher dans « Un cas [clinique] n’est pas un fait [scientifique]». En psychanalyse, le cas tient fréquemment lieu de preuve. Or, qu’il soit longuement développé comme ceux de Freud dans les Cinq psychanalyses ou qu’il se réduise à une vignette, le cas reste toujours descriptif. Il témoigne des progrès de la pratique par la pratique. Sa valeur est d’abord persuasive. Jamais, en revanche, il ne saurait être regardé comme un fait scientifique. D. Wildlöcher affirme clairement qu’un cas ne fait pas progresser le savoir en réfutant – ou pas – les connaissances qui l’ont précédé.

Cette tension entre deux logiques, narrative et expérimentale, la psychiatrie la vit au sein de sa propre discipline où se bousculent les deux orientations. Alors que les cliniciens s’appuient fréquemment sur l’art du récit, les chercheurs étayent de plus en plus souvent leurs thèses sur les outils scientifiques de la génétique, des modèles statistiques complexes et, désormais, de l’imagerie cérébrale. Opposition trop binaire pour qu’on s’en contente, considèrent les auteurs de « La place des mots et des nombres en recherche ». C’est pourquoi, à la dichotomie entre les études quantitatives et qualitatives, ils substituent une taxinomie plus fine.

Selon eux, neuf approches peuvent être distinguées à partir du croisement entre deux séries de critères que sont la description de l’objet et la relation d’objet. La description de l’objet pourra être « littéraire », « localement mathématisable » ou « globalement mathématisable ». Les relations d’objet de leur côté se caractériseront comme « herméneutiques », « mathématisables par des statistiques », ou « par des équations ». Relevons quelques exemples pour illustrer l’intérêt de ce classement. L’interprétation herméneutique d’un objet décrit de façon littéraire correspondrait à la démarche la plus fréquente chez les psychanalystes. Les comportementalistes, de leur côté, construiraient une approche herméneutique d’objets « localement mathématisables ». Et l’imagerie cérébrale procèderait par traitements statistiques d’objets « localement mathématisables ».

Distinctes, les approches psychanalytiques et neuro-psychiatriques ne sont pas pour autant contradictoires, indique Daniel Cohen. Le Professeur de psychiatrie et membre de l’institut des systèmes intelligents et robotiques pose la question de savoir si les piliers de la théorie freudienne (l’inconscient, le rêve, le refoulement) sont confirmés par les neurosciences. L’efficacité du traitement est-elle validée ? demande-t-il encore. Si tel est le cas, a-t-on a les éléments pour affirmer que la technique freudienne doit ses succès à ses propres concepts et outils ? A toutes ces questions, le Dr. Cohen répond par l’affirmative et, en conséquence, en appelle à la formation de réseaux multidisciplinaires, incluant psychanalyse, méthodologie statistiques, développementalisme, etc.

 

Quand l’autisme fait dialoguer

Restait à parler de l’autisme, ce lieu de cristallisation des oppositions les plus irréductibles. Qualifié de « handicap », l’autisme est aujourd’hui contesté comme objet de médicalisation et de psychiatrisation par de nombreuses familles qui leur préfèrent une approche essentiellement éducative. Dans ce contexte, le temps n’est plus aux dissensions. Et de fait, si les tensions avec les associations des familles restent brûlantes, un troisième temps semble se dessiner entre les psychanalystes et les tenants des sciences dures.

Bernard Golse décrit cette catégorie complexe en tentant de faire la synthèse des connaissances. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que l’enfant comme l’adulte autiste ne parviennent pas à « modaliser » les « flux sensoriels » provenant de l’autre. Plus précisément, la synthèse du traitement de ces flux (leur "co-modelisation") échoue. L’opération étant largement localisée dans la zone cérébrale du lobe temporal, le fonctionnement du cerveau se trouve toujours impliqué, que ce soit à titre de cause ou de conséquence. Aux yeux du responsable d’un des huit centres de diagnostic de l’autisme et des troubles envahissants du développement qu’est B. Golse, les facteurs endogènes et exogènes interviennent toujours dans l’autisme, mais dans des proportions différentes selon chaque enfant.

Si B. Golse prend position sur le sujet, c’est aussi pour revenir, avec le recul d’une dizaine d’années, sur la polémique suscitée par deux études neurologiques publiées en 2004 par les services de neuro-imagerie de l’hôpital Necker. L’une d’entre elles consistait à comparer les IRM d’adultes autistes écoutant des signaux vocaux avec ceux des adultes témoins ; l’autre visait à chercher des anomalies du sillon temporal. En 2004, ces travaux menés avec la collaboration de B. Golse avaient soulevé les plus vives contestations. Pourtant, ces résultats « ne nous gênent en rien », ne cesse de répéter B. Golse, tant qu’on ne réduit pas l’autisme à un déficit du fonctionnement du sillon temporal supérieur (STS).

Dans le modèle de B. Golse, la subjectivation en échec dans l’autisme serait partiellement pré-programmée (le bébé aurait en lui une ébauche de l’autre), et nécessiterait ensuite un processus de co-modalisation des flux sensoriels venus de l’autre. Pour cette opération, les soins maternels jouent un rôle essentiel et pourraient, selon les cas, soutenir ou entraver cette co-modalisation. Plutôt que d’opposer la théorie de la programmation génétique à la thèse du développement de l’autisme, le combat à mener aux yeux de B. Golse est celui des catégories nosologiques. Des concepts aussi flous que les troubles envahissants du développement (TED) ou les troubles du spectre autistique (TSA) entravent l’avancée de nos connaissances.

 

Les neurosciences sont-elles une caution ?

Incontestablement, ce recueil témoigne d’une volonté de pacification entre des disciplines se réclamant à divers titres de la science d’un côté, et une psychanalyste descendue de son piédestal de l’autre. On s’étonnera néanmoins du sous-titre, « Pour un vrai débat avec les neurosciences », car c’est surtout à un dialogue des neurosciences avec la psychanalyse qu’on a l’impression d’assister. La tentation est forte pour plusieurs auteurs de convoquer les concepts et avancées des sciences dures pour venir valider les théories de Freud. En témoigne en particulier l’article de D. Cohen dont l’intervention tend à chercher dans les données neuroscientifiques une caution pour la psychanalyse. L’écueil est fréquent chez ceux qui tentent d’établir ce type de rapprochement, rappelle Lisa Ouss, l’une des contributrices du recueil.

Mais B. Golse n’est pas loin d’une telle orientation, lui qui souligne le caractère étonnamment « moderne » des intuitions de Freud . Avec la « modernité », ne risque-t-on pas de valoriser a priori les connaissances scientifiques les plus recevables par un public contemporain, sans en interroger ses prémisses ? Ne risque-t-on pas, plus généralement, de céder à la séduction de la catégorie très mal définie qu’est celle des sciences ? Les distinctions introduites par les auteurs de « La place des mots et des nombres en recherche » se révèlent précieuses pour rappeler la fragilité du statut de preuve des statistiques, pourtant fréquemment utilisées en psychiatrie. Fondées sur l’observation quantitative de rapprochements, elles font l’hypothèse des corrélations, bien plus qu’elles ne peuvent affirmer un lien de causalité. Autrement dit, l’écart est grand entre l’idéal de la science et les réalités de la science expérimentale.

 

Et pourtant, ils coopèrent

Sans doute est-ce à plus d’humilité que ce recueil invite, rappelant comme le fait Lisa Ouss que, au-delà des querelles, ce sont leurs difficultés devant les comportements des enfants autistes qui contraignent les professionnels à essayer d’articuler les différents niveaux du cognitif, du neuropsychique et de l’intrapsychique. Ce sont les enfants eux-mêmes qui les obligent en quelque sorte à travailler ensemble, quel que puisse être le caractère parfois irréductible des prémisses de leurs disciplines.

Dans le dernier article du recueil, R. Pottier et O. Putois donnent un exemple très convaincant de l’éclairage mutuel que peuvent s’apporter les sciences dures et la psychanalyse. Chez les enfants dont on a diagnostiqué le syndrome de 22q11.2, le risque de développer un épisode psychotique à l’adolescence est de 40%. Et quand un médecin fait ce type de diagnostic, dès lors qu’il qualifie de génétique l’affection dont souffre un enfant, c’est d’un transfert très spécifique qu’il devient l’objet. S’il veut aider la famille et les enfants, il ne saurait occulter les effets produits par un diagnostic qui engage à chaque fois le récit des origines de chacun.

C’est par ce bel article, narratif plus que scientifique, que se clôture le recueil. C’est par lui aussi que s’éclaire le mieux la différence de plans entre les sciences « dures » et la psychanalyse, en même temps que la nécessité pour ces deux approches d’une reconnaissance mutuelle.

19 juin 2018

Manuel complémentaire à la formation TEACCH par Autisme Belgique APEPA

 

Autisme Belgique APEPA actus

(Manuel complémentaire à la formation TEACCH). Avec la relecture de l'APEPA ; toutes nos suggestions ont été intégrées. Cliquez sur l'image pour atteindre la page de téléchargement du guide.

https://autisme-belgique.wixsite.com

Pédagogie adaptée à l'autisme : un outil précieux.

19/06/2018

Pour une pédagogie adaptée aux élèves autistes.

(Manuel complémentaire à la formation TEACCH).

Avec la relecture de l’APEPA ; toutes nos suggestions ont été intégrées.

Cliquez sur l'image pour atteindre la page de téléchargement du guide.

 

 

Publicité
Publicité
Publicité
"Au bonheur d'Elise"
Visiteurs
Depuis la création 2 397 779
Newsletter
"Au bonheur d'Elise"
Archives
Publicité