L’idée est toute simple mais diablement efficace : pourquoi ne pas mutualiser les prestations en matière de handicap et donc permettre à de jeunes autistes de vivre à la fois en autonomie, chez eux, tout en ayant des temps d’activités collectives dans un lieu commun. Des temps co-construits avec ces jeunes âgés de 20 à 30 ans. 21 candidats sont déjà sur liste d’attente. « L’idée, c’est de créer d’autres habitats. Ici c’est un site pilote, nous avons l’intention d’essaimer », prévoit Fabienne De Oliveira, de l’Israa, qui a imaginé le projet.
Le projet a tout de même nécessité quatre ans de travail et quatre partenariats : celui de l’Israa (Innover, sensibiliser, réagir pour l’avenir des personnes autistes), des Papillons Blancs, de Béthel hébergement (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) et de l’AMFT (accompagnement social multiservices à domicile).
Les prestations mutualisées
Les Papillons Blancs, via le Samsah (Service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés) et le SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale) assureront l’accompagnement éducatif individuel, tant en termes d’insertion professionnelle, que d’intégration dans le quartier. L’accompagnement au quotidien sera assuré, lui, par l’AMFT, non pas 24 h sur 24 mais à « des moments-clés de la vie quotidienne », précise Vincent Huet, directeur général de l’AMFT, via trois postes à temps complet d’aides médico-psychologiques. Chaque jeune avait en effet « droit » en moyenne à 45 heures par mois de prestations de compensation du handicap. Mutualisées, elles permettent l’embauche de ces trois personnes. « C’est beaucoup moins cher qu’un placement, et surtout cela leur laisse le choix. Philosophiquement, cela change beaucoup de choses », estime Vincent Huet.
Le projet est unique en France, à tel point que « les financeurs n’ont pas trouvé de case pour nous définir », s’amuse Philippe Théry, directeur de Béthel hébergement. Car dans cette configuration, Notre Logis sera donc le bailleur, Béthel hébergement, le locataire en titre et gestionnaire des logements, et les jeunes, des « sous-locataires ». « Il y a un contrat d’adhésion. Ils doivent accepter d’avoir des temps communs, c’est une histoire qui va se construire en marchant », note Philippe Théry.
La livraison des logements est prévue à l’automne, pour un emménagement en fin d’année.
Israa, tête chercheuse sur l’autisme
L’association Israa (Innover, sensibiliser, réagir pour l’avenir des personnes autistes) est née le 25 novembre 2011 de la volonté d’une maman, Fabienne de Oliveira, dont la fille (26 ans aujourd’hui) est atteinte d’autisme. « L’idée, c’est d’être innovant, d’être le poil à gratter, de trouver des réponses pour tous les âges, des enfants aux adultes, confie cette battante. Les autistes de la génération de ma fille sont un peu les oubliés. Ils n’ont pas bénéficié des mêmes diagnostics ou stimulations. Nous, nous sommes en lien avec les familles dès la petite enfance pour leur permettre d’avoir des perspectives plus simples, avec des orientations plus adaptées. »
Ainsi, c’est Israa qui a fondé le projet Habited puis délégué aux associations partenaires et compétentes pour la gestion et le suivi. Car c’est là l’une des autres forces d’Israa : outre la créativité, c’est de savoir activer le réseau des partenaires.
Tout a commencé par une étude-action en 2011 pour évaluer les besoins. Une fois l’asso créée, il fallait trouver le terrain. Notre Logis avait un terrain rue de la Montagne à Roncq. La mairie donne son feu vert, le projet a le soutien du Conseil général… Tous les clignotants sont au vert. Résultat : à l’automne, 10 logements locatifs de bail classique et 10 appartements adaptés, des T1 bis et un T4 pour les temps communs avec des codes couleurs, des lumières adaptées… autant d’aménagements préconisés par l’Ancread (Agence nationale des centres de ressources pour l’enfant et l’adulte inadapté).