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"Au bonheur d'Elise"
ase
23 juin 2017

Autisme. L'âpre parcours d'une famille brestoise

Publié le 23 juin 2017 à 00h00
Modifié le 23 juin 2017 à 06h43

 

« Je n'ai aucune nouvelle du Conseil départemental et ils ne m'ont rien envoyé, ni argent, ni explication », dit Sylvie, mère d'un jeune autiste.
« Je n'ai aucune nouvelle du Conseil départemental et ils ne m'ont rien envoyé, ni argent, ni explication », dit Sylvie, mère d'un jeune autiste.

Une famille brestoise se débat dans des difficultés administratives et financières à la suite du départ de son fils aîné autiste en famille d'accueil. Une solution à laquelle il a fallu se résoudre, mais qui a compliqué la donne.

Depuis plusieurs semaines, Sylvie, la maman d'un jeune garçon autiste de 13 ans, se débat dans une situation inextricable.

Cris et agressivité

« Le placement en famille d'accueil de notre fils devait nous permettre de nous reposer, mais ce n'est pas le cas. J'ai arrêté de travailler pour pouvoir m'occuper de lui, mais fin février dernier, il a fallu un placement en famille d'accueil. La situation n'était plus tenable, nous avons un deuxième enfant plus jeune qui était perturbé par l'agressivité et les cris de notre aîné. Face à des crises quasi constantes et à ses hurlements, il a fallu une hospitalisation. Notre état d'épuisement était tel que l'on nous a conseillé un placement en famille d'accueil, que nous avons accepté », dit Sylvie, qui ne s'attendait pas aux complications administratives dans lesquelles elle se débat, entre la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et le Conseil départemental du handicap.

Le jeune garçon autiste, par ailleurs très bon élève, revient chez ses parents les week-ends et une grande partie des vacances. Mais dernièrement la famille d'accueil a jeté l'éponge et il a fallu trouver une solution en urgence en foyer d'accueil.

Mais depuis plusieurs mois, le problème est désormais aussi financier, la famille continuant à payer les soins, notamment les séances avec une psychologue, pour un montant mensuel de 450 €, sans recevoir d'allocation.

Quatre mois sans aide

« Depuis mars, je ne touche plus rien, on ne me paie plus l'Allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) et pas encore la Prestation compensatoire de handicap (PCH) pour laquelle j'ai opté. Elle doit m'être versée au prorata du temps que notre enfant passe à la maison. Cela nous laisse dans une situation financière catastrophique et ce n'est pas légal. La MDPH n'a statué que le 27 avril sur notre dossier, le Conseil départemental aurait dû continuer à me verser l'allocation ».

L'association Asperansa, qui rassemble des familles d'enfants autistes, estime que dans la mesure où la famille continue à financer les soins, l'enfant ne peut être considéré comme en internat et que sa maman devrait continuer à percevoir l'AEEH.

Pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance

Le Conseil départemental, que nous avons joint, répond : « C'est une situation qui est connue chez nous, nous avons exceptionnellement décidé de verser tous les trois mois et non tous les six mois la PCH au prorata du temps de présence de l'enfant chez ses parents. Comme l'enfant dépend de l'ASE (Aide sociale à l'enfance) aujourd'hui, tous les soins sont pris en charge par l'ASE pour qu'il n'y ait pas de rupture de prise en charge thérapeutique pour l'enfant ».

Problème, cela fait quatre mois que la mère de famille n'a pas été payée. « J'ai envoyé mes factures de consultations de psychologue au Conseil départemental et je n'ai toujours pas été remboursée. Je n'ai aucune nouvelle du Conseil départemental, et ils ne m'ont rien envoyé, ni argent, ni explication. Faut-il monter en haut d'une grue pour se faire entendre ? Mon fils est toujours en foyer, au moins jusqu'en milieu de semaine ».

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20 juin 2017

"Séparer un enfant de sa mère au prétexte de sa 'fragilité' ou de condition sociale est insupportable"

article publié dans le JDD
18h57 , le 20 juin 2017, modifié à 19h00 , le 20 juin 2017

TRIBUNE - Anne n’avait pas payé les honoraires d'orthophonie et de psychomotricité de sa fille. Le 29 mai, à Montpellier, un juge des enfants a décidé du placement de Mylena, 7 ans, atteinte de troubles dysphasiques (du langage) en s’appuyant sur un rapport défavorable de l'Aide sociale à l'enfance (Ase). Alertée par l’avocat de la mère, Olivia Cattan, présidente de l’association SOS autisme France, prend sa défense.

Olivia Cattan (à gauche) photographiée en 2011.

Olivia Cattan (à gauche) photographiée en 2011. (Sipa)

"Anne est une maman, un parent isolé comme beaucoup de femmes d’aujourd’hui. Son parcours n’a pas été facile : de petits boulots en petits boulots avec un ex petit-ami qui ne donne pas de nouvelles. Son rayon de soleil, c’est sa fille Mylena, une petite princesse comme elle l’appelle, âgée de 7 ans à peine. Anne lui consacre ses jours et ses nuits, elle lui consacre toute sa vie. Mylena aurait pu être autiste, c’est ce que des médecins avaient d’abord pensé mais elle est dysphasique. Anne a passé beaucoup de temps à chercher la meilleure éducation pour elle. Voilà pourquoi elle avait décidé de la mettre dans une école privée, de lui faire suivre des séances d’orthophonie et de psychomotricité. Elle n’a pas été soutenue dans ses démarches parce que l’information et le soutien que l’on rencontre lorsque l’on a un enfant handicapé en France est difficile à trouver. Et les prises en charge sont rares et hors de prix.                                                                

"Le parcours de beaucoup de ces mères seules est compliqué" 

Le parcours de beaucoup de ces mères seules est compliqué avec toutes ces démarches à entreprendre auprès de la Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), ces dossiers fastidieux à remplir... Alors on court, on ne fait pas toujours les choses dans les temps parce que les informations manquent et que s’occuper quotidiennement d’un enfant handicapé est épuisant, et qu’il n’y a aucun répit. Anne faisait tout ce qu’elle pouvait, se débattait avec les difficultés quotidiennes puisant toute son énergie dans l’amour qu’elle vouait à sa fille. Mais voilà, un grain de sable s’est glissé dans la machine : une personne a fait un signalement, estimant que cette maman n’était "pas apte à gérer le handicap de sa fille", et le rouleau compresseur de la justice a été lancé…

Le 9 mai, à Montpellier, un juge des enfants a ordonné une mesure d’investigation éducative puis une enquête a été diligentée. Et sans disposer de preuves étayant une quelconque maltraitance, l’Aide sociale à l'enfance a rendu un rapport défavorable préconisant un placement de la fillette. La magistrate a considéré qu’au regard des troubles de l'enfant, "le non-paiement de ces séances serait un manquement suffisant à la mesure d'assistance éducative". Elle en a conclu que cette mère était inapte à s’occuper de sa fille et qu’il valait mieux les séparer. Elle a ordonné le placement assorti d’un droit de visite hebdomadaire. Une décision contestée en appel par l’avocat de la mère, Me Marc Gallix. Pour lui, "le dossier est vide, à part quelques factures impayées de séances d’orthophonie et de psychomotricité".

"Etre "fragile" n’implique pas que l’on ne puisse pas s’occuper de son enfant"

Anne n’aurait rien d’autre à se reprocher que quelques dettes, ce que tendent à confirmer les témoignages favorables du médecin de famille ou de la nouvelle directrice de l’école dans laquelle Myléna avait parfaitement bien réussi son intégration. Alors certaines personnes, comme moi, qui croient en la justice de notre pays, penseront que la machine ne se déclenche pas ainsi et qu’il est impossible que l’on retire un enfant à sa mère, juste pour quelques factures impayées ou pour un statut, pourtant devenu si courant, de mère célibataire. Mais, pour avoir été alertée par d’autres avocats sur différentes affaires, j’en viens aujourd’hui à me demander pourquoi la plupart d’entre elles concernent des foyers monoparentaux. Les services sociaux de notre pays penseraient-ils qu’une mère seule est incapable de s’occuper de son enfant handicapé, surtout lorsqu’elle ne travaille pas? Mais comment trouver un emploi quand on a un enfant handicapé? Arrache-t-on aujourd’hui un enfant à sa mère parce qu’elle n’a pas trouvé le temps ou l’argent nécessaire pour régler quelques factures?

Je m’interroge sur le regard qui est porté aujourd’hui dans notre pays sur les mères, et plus largement sur les femmes. Outre le sexisme, les violences qui leur sont faites, faudrait-il être mariée ou sous l’autorité d’un homme pour être déclarée "apte" à élever un enfant handicapé ? Une mère qui s’arrête de travailler pour se consacrer à son enfant serait-elle coupable parce que jugée "trop en fusion avec sa fille" comme certaines personnes ont pu le susurrer à l’oreille de Me Gallix? J’aimerais dire à tous ceux qui pensent cela que ces fameuses mères "en fusion" n’existent pas. Et que cette expression sexiste et d’un autre temps devrait être bannie définitivement des cabinets médicaux et des prétoires parce que ce cliché est insupportable et qu’il est préjudiciable. Nous portons nos enfants 9 mois dans nos entrailles, ils se nourrissent de nous, parfois encore pendant de longs mois après leur naissance. Alors il est normal de les aimer de façon charnelle et instinctive. Et lorsqu’un handicap les touche, notre instinct nous pousse à les protéger encore plus. Cela s’appelle l’amour maternel.

Qu’il soit impératif de protéger les enfants de mères maltraitantes, c’est un fait, mais séparer un enfant d’une mère au prétexte de sa "fragilité" ou de sa condition sociale, cela est insupportable. Le traumatisme qui en résulterait pour l’enfant serait bien trop profond et aurait des conséquences terribles. Etre "fragile" n’implique pas que l’on ne puisse pas s’occuper de son enfant.  Etre précaire n’empêche pas une maman d’aimer. Alors Mesdames et Messieurs les juges, ne condamnez pas la vulnérabilité de ces mères qui se battent au quotidien. Soutenez-les plutôt en vous rappelant la force et le courage que ces femmes doivent avoir, aujourd’hui en France, pour élever seules un enfant handicapé."

13 juin 2017

Mylèna, 7 ans, dysphasique, retirée à sa mère

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Une fillette dysphasique de 7 ans doit être retirée à sa mère au motif qu'elle n'est pas apte à s'en occuper. Un " jugement surréaliste " selon son avocat. Pour y échapper, la maman a disparu...

Par , le 13-06-2017

 

Mylèna, 7 ans, une fillette avec troubles dysphasiques (du langage) doit être retirée à sa mère au motif que cette dernière n'a pas payé les honoraires d'orthophonie et de psychomotricité et que, pas très stable psychiquement, elle n'est donc pas apte à s'en occuper. Ainsi en a décidé la justice le 29 mai 2017, à Montpellier. S'appuyant sur un rapport défavorable de l'Aide sociale à l'enfance (Ase), la magistrate aurait considéré que, au regard des troubles de l'enfant, le non-paiement de ces séances serait un manquement suffisant à la mesure d'assistance éducative. Un jugement « surréaliste », selon l'avocat de la famille, Marc Gallix. « Ce n'est pas une mesure de placement dont elle a besoin mais une mesure d'aide », explique-t-il.

Soutenue par les professionnels

La maman est pourtant soutenue par tous les professionnels, médecin-traitant, psychomotricienne, directrice d'école, qui attestent de l'absence de « maltraitance » physique ou de mauvais traitement. Elle a également produit des copies des formules de chèques adressés aux différents spécialistes. La décision de justice prévoit néanmoins que Mylèna soit placée pour une période de 6 mois, un droit de visite une fois par semaine étant accordé à sa maman. Le médecin de famille déclare, dans les colonnes du Midi Libre, que « ce placement, c'est idiot ! Je pense que c'est un règlement de compte plus qu'autre chose. » Le 1er juin, ce media dit avoir tenté de contacter le Département, dont l'Ase est une émanation, pour recueillir l'avis de ses professionnels. Sans obtenir de réponse.

Trop de dépenses, pas assez d'aides

Face à cette situation, le Collectif Emilie, qui réunit des parents d'enfants handicapés pour venir en aide aux familles les plus en difficultés, a décidé de défendre les intérêts de la famille avec l'approbation de l'avocat de la défense. Il explique que les parents d'enfants handicapés doivent assumer financièrement certains soins, bien souvent avec pas ou peu d'aides de l'Etat. Et rappelle que certains d'entre eux, pratiqués en libéral par manque de structures médico-sociales adaptées, notamment pour les enfants dys, ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. C'est le cas de la psychomotricité ; environ 40 euros la séance, une fois par semaine, sans compter le psychologue -NB : l'orthophonie est remboursée-. L'Allocation d'éducation d'enfant handicapé et son complément, « obtenus au prix d'un parcours du combattant », selon le collectif, ne suffisent en général pas à couvrir les frais engagés.

Une pétition en ligne

Au nom de toutes les familles concernées, le Collectif Emilie a donc adressé une pétition au président de la République (en lien ci-dessous) ; le 13 juin 2017, elle a déjà recueilli 15 500 signatures. Elle réclame que cette enfant soit rendue à sa mère et qu'une aide réelle et bienveillante soit activée par les Pouvoirs publics. « Mylèna, c'est l'enfant de tous les parents d'enfants en situation de handicap qui se battent pour obtenir des soins adaptés », selon ce collectif. Lui apportant son soutien, l'association DSF47 a, de son côté, plusieurs fois dénoncé des dysfonctionnements de la part des MDPH/MDA ou de l'Education nationale mais déplore que ce soit au tour de la justice de « commettre une erreur de jugement qui porte atteinte aux intérêts de l'enfant et de sa mère ».

Depuis le jugement, la maman a disparu avec sa fille pour éviter leur séparation. Son avocat a écrit au Ministre de la Justice pour dénoncer une « injustice ». Une association a également saisi le Défenseur des droits qui a assuré suivre ce dossier attentivement.

3 juin 2017

Enfant retirée à sa mère à Montpellier : ce singulier placement dénoncé par l'avocat

Enfant retirée à sa mère à Montpellier : ce singulier placement dénoncé par l'avocat
“La fillette est heureuse avec sa mère”, plaide l’avocat.
J.-M. M.

Des professionnels, médecin-traitant, psychomotricienne, directrice d'école, attestent pourtant de l'absence de maltraitance.

"C'est une décision surréaliste !”, s'indigne maître Marc Gallix. Qui, la semaine dernière, a appris la décision de placement prise par une juge des enfants de la fillette, âgée de 7 ans, de l'une de ses clientes. Une enfant faisant l'objet d'une mesure d'assistance éducative (elle souffre de dysphasie, soit d'un trouble du langage).

La justice et l'aide sociale nourrissant à l'endroit de sa mère des manquements liés à cette mesure d'assistance. Il s'agirait de non-paiement de séances à l'orthophoniste et à la psychomotricienne suivant l'enfant.

Des documents à décharge “écartés par la juge”

Reste que cette décision-là laisse le pénaliste interdit. Et ce dernier de raconter : “Le 9 mai, la juge des enfants chargée du dossier avait ordonné une mesure d'investigation éducative vis-à-vis des déclarations faites, sur l'audience, par la mère. Et dont les résultats d'enquête devaient lui être communiqués d'ici au 9 novembre prochain. Sur le placement même, un sursis à statuer avait été prononcé et la magistrate avait convoqué les parties pour une nouvelle audience, fixée au 19 mai.”

Mais le 19 mai, l'Aide sociale à l'enfance (Ase) rend un rapport défavorable et préconise un placement de la fillette. Et ce, malgré les pièces apportées par le conseil de cette mère de famille. Soit des copies des formules de chèques adressés aux différents spécialistes, des attestations du médecin traitant de l'enfant, de la directrice de l'école où elle est scolarisée.

Des documents “écartés d'un revers de la main par la magistrate, qui a dit à ma cliente qu'elle avait menti”, poursuit Me Gallix. Le placement étant alors acté. Et confirmé par une décision reçue par l'auxiliaire, le 29 mai. Et dont l'avocat a fait appel dans la foulée (celui-ci sera examiné par les conseillers de la cour le... 6 octobre prochain).

“Aucun signe de mauvais traitement”

“La magistrate a confié l'enfant à l'Ase pour six mois et a accordé un droit de visite, une fois par semaine, à la mère dans un lieu indéterminé. C'est une décision de folie ! L'exécution de cette décision va créer un choc violent qui, pour l'enfant, sera irrécupérable ! Il n'y a aucun signe de maltraitance physique ou de mauvais traitement. La fillette est heureuse avec sa mère, à l'école... La maman a peut-être besoin d'un suivi socio-éducatif mais entre ça et un placement... !”, enchaîne, dépité, Marc Gallix.

Il ajoute : “C'est une enfant que l'on arrache à sa mère et il va en découler un grave traumatisme qui risque de durer toute la vie. C'est extrêmement violent. Cette décision, si elle est exécutée, aura de graves conséquences sur l'enfant et sur sa mère.”

Jeudi et selon nos informations, la fillette n'avait toujours pas été récupérée par l'Ase. Me Gallix n'ayant plus aucune nouvelle de sa cliente depuis mardi soir. Mais, toujours selon nos informations, on sait que la procédure de placement a été initiée et des recherches lancées.

► Jeudi 1er juin, nous avons contacté le Département, dont l'Ase est une émanation, pour recueillir l'avis de ces professionnels. Sans obtenir de réponse.

 

"Ce sera un drame"

"Ce placement, c’est idiot ! Je pense que c’est un règlement de compte plus qu’autre chose. Cette petite est très légèrement perturbée. Je la suis depuis trois, quatre ans. Mais en aucun cas elle est maltraitée ! Je crois que toute cette affaire est partie d’une mésentente avec les gens de l’Ase. Si on la retire à sa maman, ce sera un drame", estime le docteur Jean-Noël Roy, le médecin traitant de la famille.

"Un placement, cela me semble un peu... Je ne suis pas sûre que cela soit très adapté. Mais cette maman a besoin d’aide", estime, de son côté, la psychomotricienne qui suit la fillette. "Ce que nous avons observé, c’est que cette petite s’est bien intégrée. Elle travaille, est volontaire, heureuse. Je ne suis pas habitué à porter un regard sur d’éventuels manquements. Mais l’école n’est pas le lieu où appliquer une décision de justice mais de transmission des savoirs. Pas un endroit où s’appliquent des décisions dont nous ne sommes même pas informés. Cela peut traumatiser l’enfant, ses camarades et les enseignants", estime la directrice de l’école internationale Antonia, où est scolarisée la petite.

22 mai 2017

Injugeable

article publié sur Maître Mô

21 mai 2017 à 18 h04 min Billet n° 222

"PUTAIN MAIS C'EST PAS VRAI, PAS ENCORE UNE FOIS !"

Je vois ma (nouvelle) greffière sursauter et je comprends qu'elle croit que je lui reproche quelque chose, puisqu'elle vient de me déposer la pile de nouvelles requêtes en assistance éducative qui m'attendait à mon retour de vacances.

Elle se détend rapidement en me voyant me ruer dans le bureau de Marina, ma binôme juge des enfants, la collègue qui par définition connaît autant mes dossiers que moi les siens - c'est-à-dire suffisamment pour se remplacer l'une l'autre sans trop de difficultés et se consulter efficacement en cas de besoin.

"Non mais sérieux, Julien, il est con ou il est con ?

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Il me fait ENCORE une saisine pour Cyril ! Tous les ans, quoi qu'on fasse !

- Oh merde. Ça veut dire que je peux m'attendre à en avoir une nouvelle pour Jérôme et Mathieu, tu crois ?"

Elle sait bien qui est "mon Cyril", et je sais bien qui sont "ses" Jérôme et Mathieu, qui souffrent des mêmes difficultés. Et on espérait toutes les deux que Julien, notre parquetier mineurs titulaire, avait fini par l'intégrer aussi. Ce n'est pas faute de lui en avoir parlé.

La première fois que j'ai rencontré Cyril (puisque malheureusement, il y en a eu un certain nombre d'autres), il avait trois ans. J'avais reçu une requête en AE1 plus ou moins apocalyptique du Parquet, qui m'évoquait un enfant autiste, une mère, disons, compliquée et un père absent.

A l'époque, je ne savais pas grand-chose de l'autisme. Je n'étais pas médecin, encore moins psychiatre. J'avais juste la notion qu'il s'agissait d'un trouble plus ou moins envahissant du développement de l'enfant, avec divers degrés de gravité, qui compromettait la communication et les interactions avec l'extérieur et avec les tiers. Je supposais aussi qu'en souffrir exposait davantage à de multiples visites des services socio-médico-éducatifs qu'à voir débarquer Tom Cruise pour aller faire un tour au casino et compter les cartes du blackjack.

J'avais donc convoqué Cyril et ses parents, Mme VanV (nom flamand à rallonge globalement imprononçable, que nous avons réduit à "VanVé" pour aller plus vite) et M. Reynaud, manifestement séparés puisque résidant à deux adresses différentes2.

Au jour de l'audience, je m'étais aperçue avant même d'entrer dans la salle d'attente que le niveau sonore qui y régnait était inhabituellement élevé, même à l'échelle d'un Tribunal pour enfants où plusieurs cabinets fonctionnent chaque jour simultanément. J'ai appelé le dossier de Cyril et vu fondre sur moi Mme VanVé, immense Walkyrie ébouriffée dépassant largement et le mètre 80, et le quintal, fendant le groupe des justiciables en attente comme une étrave de paquebot et traînant à sa remorque un tout petit garçon littéralement enfoui sous son manteau.

J'ai tendu la main à Mme VanVé, qui l'a broyée et secouée avec énergie en me hurlant un "BONJOUR MADAME LE JUGE !" qui m'a instantanément fait penser au centurion du "Combat des chefs" qui engage Aplusbégalix pour vaincre Abraracourcix3 . En bien plus impressionnant. Je n'ai pas tendu la main à Cyril, contrairement à mon habitude, parce qu'il ne fallait pas être grand clerc pour réaliser que cet enfant était en proie à un stress prononcé et qu'un contact direct avec une inconnue n'arrangerait certainement pas les choses.

Mme VanVé était extrêmement mécontente de cette convocation, qu'elle ne comprenait pas, et a immédiatement tenu à me faire savoir, toujours au même volume, qu'elle ne voyait pas ce qu'on lui voulait et pourquoi on lui collait un juge des enfants sur le dos et c'était encore un coup de cette salope de Mme Courcel qui lui en voulait et qu'elle avait bien l'intention d'aller la voir AUJOURD'HUI MÊME et de lui en coller une qui lui ferait passer l'envie de l'emmerder surtout que ça l'occuperait bien de compter ses dents à la place et

"...Mme Courcel ?

- Ouais, l'assistante sociale du secteur, me faites pas croire que vous la connaissez pas, elle passe son temps à me faire chier ! Elle vous a raconté des conneries, Cyril il va au CMP4 toutes les semaines, j'ai jamais rien refusé, moi je voudrais qu'ils le prennent encore plus mais y a pas de place, et après ils viennent vous dire que je m'oppose et ils font vraiment de la merde, connasses d'assistantes sociales, sans compter celle de la PMI, je veux plus les voir ceux-là, et d'abord Cyril il voit MON médecin et c'est beaucoup mieux, et..."

Normalement, je recadre les parents qui débordent trop en leur expliquant que mon bureau n'est pas une foire à la saucisse et qu'on va se causer tranquillement et poliment. Mais là, j'avoue que j'étais hypnotisée par Cyril. Cyril qui courait à travers mon bureau, se cognait aux murs, grimpait sur une chaise, en sautait, tombait à terre, lançait ses chaussures, enlevait son pantalon et son t-shirt, se les faisait remettre de force par sa mère, remontait sur une chaise, ouvrait un placard et s'envoyait la porte dans la figure, courait encore, se remettait à moitié à poil, tentait de sortir, le tout rythmé par de petits couinements bizarres et les hurlements de stentore de sa mère ("CY-RIL-EUH !") toutes les huit secondes environ. Une tornade de moins d'un mètre.

En même temps que je contemplais Cyril en me demandant distraitement si un pandémonium pouvait se concevoir avec un seul démon ou si on devait plutôt dire "monodémonium", j'essayais de reprendre pied dans cette audience sous les yeux de mon greffier, bouche bée et mains dansant frénétiquement sur le clavier pour tenter de transformer en notes d'audience la litanie de récriminations braillée par Mme VanVé. J'ai tenté d'appliquer la méthode miracle des JE calmes (parler de plus en plus doucement pour forcer l'autre à baisser de plusieurs tons et écouter), en pure perte puisque Mme VanVé n'avait aucune intention d'écouter qui que ce soit. J'ai fini par crier aussi fort qu'elle, en me disant qu'il fallait bien que j'arrive à lui faire entendre, à un moment donné, que le Parquet me demandait de placer son enfant  parce qu'elle le faisait vivre dans un appartement crasseux et insalubre où les voisins les entendaient tous deux hurler jour et nuit, sans le faire suivre par les organismes appropriés à son état psychique.

Bien évidemment, l'annonce en question a été accueillie par les cris redoublés de Mme VanVé : "ME PRENDRE MON ENFANT ALORS QUE C'EST TOUTE MA VIE ?! JAMAIS, PLUTÔT CREVER, JE TUERAI VOS ASSISTANTES SOCIALES DE MERDE AVANT DE LE LAISSER PARTIR, Z'AVEZ QU'A BIEN LES PRÉVENIR !"

Je lui ai expliqué sur le même ton que c'était à moi de décider et plus à elle, et que si c'était tout ce qu'elle avait d'intéressant à me dire, elle pouvait partir. Mme VanVé a bondi de sa chaise, l'envoyant valdinguer au fond de la pièce5 , a attrapé Cyril au passage, non sans douceur ai-je remarqué, et a majestueusement et bruyamment pris la porte en la claquant évidemment au passage et en marmonnant (autant que faire se pouvait) un "salope !" bien senti.

Le temps qu'on échange trois mots (à volume enfin normal), mon greffier et moi, Mme VanVé est revenue s'encadrer sur mon pas de porte, Cyril toujours agrippé à ses jupes.

"Vous allez me le placer, c'est ça ?

- Non Madame. C'est la demande du Procureur mais je ne vais pas la suivre aujourd'hui.

- (Radoucie mais méfiante) Ah ouais ? Et pourquoi ?

- Parce que j'ai l'impression que vous contestez pas mal d'éléments de danger que j'ai dans mon dossier, par exemple sur les soins de Cyril, et que je préférerais faire une enquête avec mon service éducatif à moi pour être fixée.

- VOUS ALLEZ M'ENVOYER ENCORE LES ASSISTANTES SOCIALES ?!

- Pas les mêmes, celles-là vous ne les connaissez pas.

- (Re-radoucie) Et si j'accepte votre enquête, on me foutra la paix après ?

- Pas forcément, parce que le résultat de l'enquête peut aussi être une proposition de placement. Je vous reconvoquerai avec eux pour qu'on en parle si c'est le cas, mais je serai peut-être amenée à ordonner le placement de votre fils un jour, je ne peux pas vous garantir le contraire.

- Non, non c'est pas possible, NON, VOUS POUVEZ PAS FAIRE CA, vous imaginez pas, VOUS ALLER LE TUER, mettez-vous à ma place et à la sienne ! Je suis seule à m'en occuper, personne ne m'aide décidément."

L'audience s'est plus ou moins terminée comme ça ce jour-là. Enfin presque : plus d'une heure après le départ de Mme VanVé, M. Reynaud, père de Cyril, est venu errer dans la salle d'attente, se souvenant vaguement d'un rendez-vous avec un juge pour Cyril mais guère plus. J'ai essayé de lui résumer l'audience et ma décision, sans être sûre qu'il comprenne réellement ce que je lui racontais - il était environné d'un nuage de vapeurs d'alcool quasi-compact, mais sa façon de parler et son regard qui changeait constamment de cible me laissaient supposer l'existence de difficultés au-delà de la dépendance alcoolique.

Il y a des audiences comme ça qui donnent immédiatement envie d'aller se recoucher pour récupérer un peu. A la place, j'ai rendu une décision ordonnant une mesure judiciaire d'investigation éducative6 pour six mois, soit une enquête comportant un volet social, un volet éducatif et un volet psychologique.

Six mois plus tard, le rapport m'est parvenu, confirmant plus ou moins la réalité des éléments signalés par le Procureur mais les éclairant, au moins pour certains, d'une autre lumière. Mme VanVé et Cyril vivaient en effet dans un logement très dégradé, mais dont l'état s'expliquait essentiellement par le comportement du petit garçon qui crayonnait sur les murs, arrachait les papiers peints, lançait des objets dans les vitres, dégradait les meubles avec tout ce qui lui tombait sous la main, enfonçait de petits objets dans les évacuations d'évier et de baignoire, et par l'épuisement maternel chronique qu'on pouvait humainement comprendre. Mme VanVé précisait qu'elle ne pouvait pas laisser Cyril seul ne serait-ce que le temps de descendre la poubelle, faute de quoi l'enfant tentait d'ouvrir les fenêtres ou s'échappait de l'appartement.

Les cris existaient bien aussi, bien sûr. Ceux de Mme VanVé ("CY-RIL-EUH !"), ceux de Cyril qui n'avait pas encore acquis le langage. Les relations détestables entre Mme VanVé et la plupart des services sociaux aussi, structure de soin exceptée. Mais le service soulignait aussi la grande solitude de cette mère, qui recevait au mieux une ou deux fois par an la visite de M. Reynaud sans qu'il ne lui vienne en aide de quelque manière que ce soit, l'acceptation effective de chaque nouvelle possibilité de prise en charge thérapeutique pour l'enfant par Mme VanVé, l'attachement mutuel bien palpable entre la mère et l'enfant, et l'absence de tout acte de violence envers Cyril de la part de son imposante maman.

J'ai reconvoqué Cyril et ses parents (M. Reynaud n'est pas venu) avec le service éducatif qui avait enquêté, et pouvait exercer la mesure d'assistance éducative (AEMO) qu'il me recommandait d'ordonner, dans le but essentiellement d'accompagner Mme VanVé dans les démarches administratives nécessaires à la mise en oeuvre de toute prise en charge envisageable pour Cyril, histoire que l'irascibilité maternelle et son sentiment de persécution ne préjudicient pas à l'enfant.

Mme VanVé, bien que toujours méfiante, a quasiment réussi à me faire confiance ce jour-là (non sans que j'aie dû lui assurer à de multiples reprises que la mesure éducative n'avait pas pour but de placer son fils) et à parler à un volume normal, sans traiter quiconque de connasse. J'ai trouvé qu'on progressait.

La chance a voulu que Cyril puisse bénéficier de l'intervention de l'une des SuperEducs du service désigné, de celles qui parviennent à se faire entendre même des gens les plus hostiles et à ne jamais oublier qu'on ne devrait pas exiger des familles que nous suivons qu'elles soient cent fois plus parfaites que les autres. Mme VanVé a bien accroché avec la dame en question.

Au bout d'un an, SuperEduc m'a expliqué que Mme VanVé donnait le maximum pour son fils, même si cela pouvait paraître imparfait vu de l'extérieur (pour peu que l'extérieur puisse se targuer de sa propre perfection). Gros point noir dans la situation de Cyril : il n'était scolarisé que quelques heures par semaine et pris en charge autant que possible en hôpital de jour, aucun établissement de type Institut Médico-Educatif (IME) ne disposant de place à lui offrir. Les demandes étaient faites, les listes d'attente longues. On ne pouvait rien reprocher à Mme VanVé, qui se tenait prête à scolariser son fils dans tout établissement qu'on lui indiquerait et se chargeait de courir toute la semaine entre l'école et l'hôpital de jour pour l'accompagner où on l'attendait.

J'aimerais pouvoir dire que l'histoire s'est arrêtée là, mais vous savez déjà que non.

Un an plus tard, j'ai de nouveau été saisie de la situation de Cyril par le Parquet, qui me demandait son placement car Mme VanVé osait avoir l'exigence que son fils, à qui la société ne proposait au demeurant aucune scolarité permanente et adaptée, rentre chez elle le soir plutôt que d'être accueilli en internat lorsqu'un établissement l'accepterait. Elle se disait prête à déménager n'importe où, Lille, Marseille, Toulouse, Strasbourg, pour être à proximité de son enfant et le voir rentrer à la maison chaque soir. Le Conseil général demandait donc qu'on place Cyril d'ores et déjà. Logique, non ?

J'ai reçu une Mme VanVé passablement énervée, accompagnée d'un Cyril sensiblement plus calme, qui a même réussi à me dire bonjour en entrant dans mon bureau et à y rester relativement tranquille en jouant dans un coin avec le sac de jeux apporté par sa mère. Il arrivait à prononcer quelques mots lorsqu'il parlait à sa mère. J'ai expliqué à Mme VanVé que non, je n'allais toujours pas placer son enfant. Elle est repartie apaisée, me gratifiant même d'un sourire (et d'un quasi-plaquage au mur en passant la porte). J'ai notifié mon jugement de non-lieu au Procureur.

Une nouvelle demande de placement m'est parvenue aux alentours des 7 ans de Cyril, fondée sur les mêmes motifs. J'ai retrouvé Mme VanVé, presque résignée désormais à ces rencontres quasi-annuelles mais finalement pas mécontente de me donner des nouvelles de son fils : un peu plus de temps scolaire (avec le soutien d'un auxiliaire de vie scolaire - AVS), des prises en charge en groupe thérapeutique et en individuel, de la psychomotricité, des éducateurs spécialisés, un père désormais tout à fait absent et des conflits de voisinage qui perdurent. "Bah oui, je vous avoue que souvent, je parle fort et que ça plaît pas, vous savez."7 . J'ai prononcé un nouveau non-lieu à assistance éducative et suis allée m'en entretenir avec mon nouveau collègue parquetier, lui expliquant que oui, Mme VanVé était pénible quand elle le voulait, oui le gamin était autiste et pas qu'un peu, mais que je ne comprenais pas qu'un tas de gens estiment que la meilleure chose à faire pour cet enfant était de l'éloigner d'une mère qui lui assurait des conditions d'éducation dont n'importe quelle famille d'accueil ou foyer peinerait à lui offrir la moitié. Il a accepté de bien noter le nom de Cyril (et celui des Jérôme et Mathieu de ma collègue Marina, qui vivaient un peu le même genre de saisines successives cycliques) en gros et en évidence dans son dossier "assistance éducative" afin de pouvoir renvoyer le Conseil départemental dans ses 22 en cas de future saisine, s'il n'y avait pas d'autres éléments de danger invoqués.

Ce qui nous amène à mes propres débordements verbaux du début de ce billet, il y a quelques semaines.

Une nouvelle demande de placement pour Cyril, qui à huit ans est à peu près scolarisé à mi-temps, toujours avec l'aide de son AVS, toujours au CMP pour l'autre moitié de son temps, mais dont la mère ferait l'objet d'une procédure d'expulsion et le ferait vivre dans des conditions matérielles innommables.

Mme VanVé se repointe donc dans mon bureau, sans Cyril qui est au CMP ("Ils avaient un genre d'évaluation avec lui aujourd'hui, j'ai pas voulu reporter, et puis de toute façon, on s'explique entre nous souvent, vous et moi") et qui a peut-être une chance d'intégrer un IME voisin. Comme à chaque fois, l'évocation de la demande de placement la fait bondir. Elle me jure ses grands dieux que la procédure d'expulsion est en cours d'abandon, car le propriétaire avait voulu la virer pour dégradation de l'appartement et qu'elle a depuis réalisé les travaux nécessaires. Je lui montre les photos de son logement que j'ai dans le dossier : selon elle, tout est réparé.

"Vous pouvez me le prouver ? Par exemple en m'envoyant des photos de votre appartement aujourd'hui ?

- Oui. Je rentre chez moi et je vous les envoie direct.

- D'accord. Notez donc notre e-mail, j'attends les photos d'ici deux heures."

Mme VanVé repart ventre à terre de mon bureau. Je profite des deux heures pour appeler le CMP (suivi toujours en cours, progrès constatés sans aucune période de régression) puis l'IME qui pourrait accueillir Cyril à la rentrée et me confirme qu'il fait bien partie de leur listing.

1 h 30 après la fin de l'audience, je reçois de Mme VanVé les photos de son appartement qui me prouvent qu'elle a dit vrai. Ce n'est pas Versailles, bien entendu, mais c'est correct. Elle s'est même appliquée à prendre les photos sous le même angle que celles que je lui ai montrées, dans chaque pièce, pour que je fasse bien la comparaison.

Je commence à rédiger un nouveau jugement de non-lieu, et je me réénerve finalement moi-même : parce qu'après tout, quand bien même ne m'aurait-elle pas communiqué ces photos, aurais-je pour autant placé son enfant ? Non, bien sûr que non. Comment peut-on ne pas imaginer que placer ce gamin (parce qu'il vit dans la crasse, au moins de temps à autre, parce qu'il n'est pas intégralement scolarisé, parce que sa mère est chiante et agressive, etc et rayez la mention inutile) constituerait vraisemblablement une maltraitance institutionnelle bien plus grave et lourde de conséquences que le laisser avec sa mère qui représente son unique repère affectif depuis toujours et lui offre une prise en charge attentive, certes à la mesure de ses moyens mais plus soutenue que n'importe quel lieu de placement non thérapeutique ?

Juger en assistance éducative, c'est trouver la meilleure (ou la moins pire) solution d'aide pour un enfant en se mettant tour à tour à la place de chacune des parties en cause.

Je me mets à la place des services sociaux, et je comprends qu'on s'inquiète de la situation de cet enfant autiste qui vit dans un logement en plus ou moins bon état, avec une mère célibataire souvent épuisée mais braillarde, et qui tirerait probablement bénéfice d'une prise en charge à temps complet - ce qui ne signifie pas nécessairement une obligation d'internat et de séparation mère-fils pour autant, à mes yeux.

Je me mets à la place de Mme VanVé, et je comprends qu'elle puisse en avoir marre de ces demandes annuelles de placement de Cyril, alors même qu'il n'a à aucun moment régressé auprès d'elle et que tout ce qu'elle demande, c'est que son fils aille à l'école, voie ses soignants et rentre chez elle chaque soir. Ce n'est pas démesuré, comme exigence.

Je me mets à la place de Cyril, et j'ai l'impression qu'il ne pourra que devenir fou si j'essaye de le séparer de sa mère. Surtout que la société n'a rien de mieux à lui proposer que ce que Mme VanVé lui offre.

Je ne suis toujours pas médecin, encore moins psychiatre.

Et comme c'est finalement à ma place que je suis, je rends un énième non-lieu à assistance éducative et le notifie au Parquet. Ce n'est peut-être pas la bonne décision, mais c'est la mienne.

A l'an prochain, Cyril.

  1. Assistance éducative []
  2. Oui, mon sens de la déduction m'a facilité l'entrée à l'ENM, qu'est-ce que vous croyez ? []
  3. Oui, mes lettres m'ont aussi bien aidée à réussir le concours, je crois. []
  4. Centre médico-psychologique []
  5. Et ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis sensible au sort et à l'alignement de mes chaises... []
  6. MJIE pour les habitués. []
  7. Oui, j'avais remarqué, tu parles d'un scoop. []
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21 mai 2017

Psychanalyse et maternophobie

17 mai 2017
Par Pierre Laroche
Blog : Le blog de Pierre Laroche

Sophie Robert travaille sur un nouveau reportage concernant les placements abusifs (d'enfants autistes). L'objet concerne bien évidemment la psychanalyse.

Sophie Robert est l'auteure du célèbre reportage Le Mur à l'épreuve de l'autisme :

http://www.dragonbleutv.com/documentaires/2-le-mur-ou-la-psychanalyse-a-l-epreuve-de-l-autisme

Sophie Robert  doit aussi sa célébrité au fait que 4 des psychanalystes interviewés dans Le Mur ont voulu faire censurer le film afin que leur pratique odieuse et tendancieuse de la psychiatrie ne soit pas révélée au grand-public. Sophie Robert a perdu en première instance. Elle a gagné en appel. Les médias se sont passionnés pour cette affaire : David terrassant Goliath... Aujourd'hui, Le Mur a été rendu public.

Elle dénonce frontalement les mêmes escrocs contre les quels de nombreuses associations (parents d'enfants autistes, parents d'enfants souffrant du TDA/H, associations de parents d'élèves, associations de parents d'enfants post-divorce, associations de lutte contre les placements abusifs, etc.) luttent depuis des décennies.

Le sujet est grave, mais on peut aussi en rire ! Voir cet exemple tiré d'un de ses reportages La Théorie Sexuelle :

https://www.youtube.com/watch?v=j0Ye5mX4vUs&feature=youtu.be&t=1m43s

Sophie Robert travaille en ce moment sur un nouveau reportage bien plus grave concernant les placements abusifs (d'enfants autistes).

Tout ce qui peut nuire à la psychanalyse ne peut que profiter aux enfants, aux mères, aux pères et aux familles. La psychanalyse c'est le cancer des familles. C'est le cancer des pères, des mères et surtout celui des enfants. Oeuvrer contre la psychanalyse est un devoir civique.

Sophie Robert recherche une aide financière pour son prochain reportage. A ce titre, elle a ouvert une tirelire sur kisskissbankbank (voir ci-dessous).

Sophie Robert : "Aujourd'hui j'ai le plaisir de vous solliciter pour le lancement de la nouvelle campagne de financement participatif d'un de mes projets, par l'intermédiaire de l'association NINSUN PROJECT : Maternophobie.

Ce programme vidéo est destiné à dénoncer les placements abusifs et les conséquences désastreuses de théories psychanalytiques "maternophobes" sur un certain nombre de familles avec autisme.

Maître Janois y parlera - entre autres - de l'affaire Rachel. Il s'agit de dénoncer les pressions scandaleuses sur les familles et la manière insidieuse sont les théories psychanalytiques d'un autre âge sont utilisées pour maintenir l'enfant autistes exclu du monde réel, de l'école, et le maintenir prisonnier d'institutions au fonctionnement obsolète.

Comme les autres films produits par Ninsun Project, cette émission sera mise à la disposition gratuite du public sur le net.

Il sera également édité un DVD pour faciliter sa projection en réunion publique.

L'objectif est d'ouvrir les yeux des pouvoirs publics - et des politiques - pour que ça change!"

Pour plus d'information, cliquez ci-dessous :

https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/maternophobie

29 mars 2017

L'autisme touche tout le monde, et les candidats à la présidentielle font la sourde oreille

article publié sur le Huffington Post

sophie janoisLe 2 avril est la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.  A cette occasion, j’aimerais rappeler qu'en dépit de quelques avancées, peu de choses ont changé depuis ma précédente tribune.

29/03/2017 11:40 CEST |

Le 2 avril se tient la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.

A cette occasion, j'aimerais simplement rappeler que, en dépit de quelques avancées d'ordre politique, sur le terrain, peu de choses ont changé depuis ma précédente tribune.

Il est toujours aussi difficile d'obtenir un diagnostic d'autisme, les délais d'attente, en raison de l'engorgement des CRA (Centres Ressources Autisme), sont toujours aussi longs, retardant d'autant la possibilité d'une prise en charge précoce des enfants, pourtant recommandée par la communauté scientifique internationale.

Je rappelle que l'on parle d'un enfant sur 100, bien que les chiffres en matière d'autisme soient des plus nébuleux et qu'il faille s'en référer aux autres pays pour pouvoir établir des corrélations.

Encore et toujours, les parents bataillent pour obtenir les interventions psycho-éducatives nécessaires à l'évolution favorable de leur enfant. La France connaît un manque cruel de professionnels compétents et ceux en place ne sont toujours pas suffisamment formés, voire réfractaires à abandonner leurs mauvaises pratiques d'influence psychanalytique.

Lorsque les parents réussissent enfin à mettre en place une prise en charge conforme aux recommandations de la Haute Autorité de Santé, ils doivent alors en assumer seuls les surcoûts qu'aucune allocation ne peut satisfaire. Les "Pôles de compétence", initiés par le ministère de la Santé pour pallier cette énormité, n'ont toujours pas vu le jour et semble s'inscrire dans un imbroglio dont nous avons malheureusement coutume.

Jamais il n'a été question de voir remboursés, par la Caisse Primaire d'assurance maladie, les frais liés à ces interventions psycho-éducatives qui se trouvent très majoritairement en libéral. En revanche, l'Etat continue de subventionner ce qui ne fonctionne pas.

Les enfants autistes ont toujours autant de mal à se faire accepter dans les écoles et les cas de déscolarisation sont toujours aussi nombreux. L'Etat français, désormais condamné à maintes reprises par le Conseil de l'Europe pour le défaut de scolarisation des enfants autistes, ne semble pas prendre en compte l'ampleur du problème et continue de se donner bonne conscience à travers des dispositifs insuffisants (ULIS) voire inadaptés.

La mise en place effective d'aménagements scolaires efficaces est là aussi souvent passée à la trappe. Et je ne compte plus le nombre d'appels de parents désespérés qui sentent venir le moment où leur enfant, faute "d'entrer dans les apprentissages", sera confronté à la porte close de son école.

Rien n'oblige l'Éducation Nationale à fournir à ces enfants vulnérables des auxiliaires de vie scolaires formées spécifiquement à l'autisme or, sans cet accompagnement adapté, nombre d'enfants ne progresse pas. De plus, une idée stupide, mais propre à satisfaire les budgets, veut qu'à bénéficier de trop d'aide on perdrait en autonomie...

Pour les cas d'autisme les plus sévères, la seule réponse qui est donnée est celle de l'institutionnalisation. Or, combien d'établissements médico-sociaux ont aujourd'hui des pratiques conformes aux recommandations de la Haute autorité de santé? Si peu. Les listes d'attente peuvent être de 15 ans! De fait, la responsabilité de l'Etat est régulièrement mise en cause devant les tribunaux administratifs qui condamnent ce dernier à verser aux familles de lourdes indemnités. Pour autant, l'offre médico-sociale reste très en deçà des besoins de la population et ce dans toutes les régions de France.

Concernant les adultes autistes, grands oubliés du système, on attend, on attend, qu'un énième plan les prenne en compte. Combien sont aujourd'hui enfermés en psychiatrie, surmédicamentés, à l'isolement? Combien? Combien en attente d'une solution pérenne? Nul ne le sait, mais on imagine qu'ils représenteraient 60% des personnes internées. Pourtant, les exemples parmi les pays voisins en matière de prises en charge réussies, d'inclusion dans la société des adultes autistes, ne manquent pas...

Les familles ont un immense mérite, celui de tout donner pour leur enfant dans le silence assourdissant du grand public ignorant de ces injustices. Avoir un enfant autiste n'est pas un drame, des solutions existent. Le drame, c'est d'avoir à pallier les carences de l'Etat, d'avoir à lutter contre les institutions, de renoncer à sa vie professionnelle faute de solution, d'avoir à devenir des administrateurs, des juristes et des thérapeutes.

Le pire des drames reste le placement judiciaire de l'enfant autiste. En effet, les experts psychiatres près les tribunaux comme les personnels de l'Aide Sociale à l'Enfance connaissent mal la problématique de l'autisme et, de rapports ineptes en rapports insultants, ils désinformeront les juges des enfants qui croiront soit que l'enfant manifeste des troubles au contact de sa mère, soit que la mère invente des symptômes. Il conviendrait donc de les séparer. Je rappelle que l'autisme est un trouble neuro-développemental (physique) sans rapport avec un lien mère/enfant.

Ce 2 avril, je penserai à Rachel dont les trois enfants ont été placés il y a un an et 7 mois, à la suite d'un rapport d'expert psychiatre incompétent en matière d'autisme. Ce rapport, pourtant en totale contradiction avec les bilans médicaux effectués dans les règles de l'art par le CRA de Lyon, continue de justifier cette erreur judiciaire.

Je penserai à Sophie, qui, à l'approche de la majorité de son fils, l'a sorti d'un IME pour l'emmener avec elle en Espagne. Il passait du temps dans la piscine de la petite maison qu'elle avait louée, il réapprenait à vivre sans médicament et surtout, il était libre. Suite à un mandat d'arrêt européen lancé contre elle pour enlèvement d'enfant, la police espagnole a remis le jeune majeur aux autorités françaises. Son fils est retourné dans son IME. Sophie n'a plus de nouvelles de lui. Elle attend aujourd'hui d'être entendue par le juge d'instruction.

Je penserai à ces mères qui se sont suicidées, non pas en raison de l'autisme de leur enfant, mais en raison de l'injustice qui leur a été faite.

Il est temps que les candidats à l'élection présidentielle prennent connaissance de ce qu'il se passe dans ce pays dit des droits de l'Homme. Il est temps de prendre des mesures draconiennes fermes. Qu'est-ce qu'une société qui ne sait pas prendre soin de ses citoyens les plus vulnérables? C'est une société indigne. Il est temps!

Lire aussi :

Le désarroi d'Eglantine Éméyé faute de place pour son fils autiste et épileptique

Les parents d'enfants autistes doivent le plus tôt possible leur apprendre à nager

Parent d'un enfant autiste, voilà à quoi ressemble mon quotidien

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27 mars 2017

Autisme. Deux étudiants brestois témoignent

Publié le 27 mars 2017 à 13h19

Et de trois ! Guillaume Alemany et Raven Bureau, étudiants en histoire et en psychologie, ont à nouveau réuni un grand nombre de participants à leur conférence sur l'autisme, jeudi soir, introduite par la psychologue Pascale Planque. Tous deux ont parlé de leur autisme, détaillé leur parcours semé d'embûches avant d'être diagnostiqué, et de leur vie aujourd'hui.



Quand avez-vous été diagnostiqués autiste et quel a été votre parcours ?
Guillaume : j'ai été diagnostiqué à 27 ans, j'ai été scolarisé en milieu ordinaire, avec des difficultés pour m'intégrer dans les groupes, j'ai redoublé deux fois, j'ai eu mon bac de justesse. Le principal souci, dans les codes sociaux, c'est de ne pas savoir quand prendre la parole. J'ai eu des difficultés après un échec en fac de droit, j'ai fait une dépression. J'ai travaillé en usine en intérim. Ensuite, je suis parti à l'étranger, des voyages qui étaient des fuites en avant, j'ai été SDF en Australie, puis je suis allé en Asie du Sud-est, tout ça entre mes 22 et mes 25 ans. Quand je suis revenu ici, on m'a parlé du centre de ressources autisme.

Raven : J'ai 24 ans et j'ai été diagnostiqué à 21 ans. Placé à l'Aide sociale à l'enfance, quand j'avais 16 ans, je suis parti de chez mes parents parce que cela ne se passait pas bien, et à l'école non plus. C'était le harcèlement scolaire dans toute sa splendeur, je me faisais insulter et taper dessus. Pour apprendre les codes sociaux, j'avais mes petits carnets où je notais tout, comme un petit anthropologue de la cour de récré. Personne ne me croyait, et la juge des enfants non plus, qui m'a envoyé en hôpital psychiatrique pendant presqu'un an. Après avoir été diagnostiqué, j'ai demandé mon dossier d'hospitalisation et j'y ai trouvé tous les critères de l'autisme. Mais les psychiatres ne l'avaient pas vu. Après mon bac L, je me suis inscrit en philo, mais je n'ai pu suivre qu'un semestre faute d'argent, je ne savais pas que j'avais droit aux bourses. J'ai fait ensuite un CAP de fleuriste et travaillé en usine. Finalement, on m'a conseillé un psy à Brest, qui m'a dit d'aller au centre de ressources autisme, et j'ai été diagnostiqué. Maintenant, je suis en deuxième année de psychologie à l'UBO.

Que ressent-on après le diagnostic ?
Guillaume : Je ne voulais pas de l'étiquette handicapé, mais ce que je voyais comme une défaite est devenue une sorte de libération. J'ai mis un mot sur mes problèmes, j'ai rejoint l'association Asperansa, et j'ai proposé la mise en place de groupes d'habileté sociale pour les jeunes. Aujourd'hui, à 30 ans, je suis étudiant en troisième année d'histoire et coprésident d'Asperansa. À la fac, nous venons de créer, lundi dernier, Handicapable, association d'étudiants en situation de handicap à l'UBO.

Raven : Ce qu'on ressent est ambivalent, c'est le stigmate du handicap, c'est officiel, mais on retrouve enfin une cohérence biographique. On revoit toutes les expériences bizarres qu'on a pu avoir dans notre vie sous un nouvel éclairage. Comme cette fille à la chorale qui m'avait demandé de changer de place parce qu'elle avait peur du micro, j'avais 12 ans, mais je n'ai compris qu'à 21 ans qu'elle me disait qu'elle était timide et ne voulait pas être trop proche du micro. Moi, pendant trois ans, je lui ai demandé, à chaque fois, si elle était bien et assez loin du micro, dont je pensais toujours qu'elle avait vraiment peur.

Pourquoi faire ces conférences ?
Raven : pour lutter contre l'ignorance, pour que le mot autiste ne soit plus une insulte. J'explique comment ça impacte ma vie, même si j'entends toujours dire que je n'ai pas l'air autiste. L'invasion de sons et d'images est difficile à traiter, cela amène à des comportements comme compter pour tenter de contrôler son environnement. La synesthésie fait que, quand je parle ou quand j'entends quelque chose, le texte s'écrit devant mes yeux comme des sous-titres et la musique a des formes et des couleurs en plus des sons. Dès que je suis dans un milieu où il y a un peu de bruit, c'est vite trop, c'est compliqué de se concentrer. J'adore aller au Hellfest, c'est hyperintense, c'est plein de formes et de couleurs, pas besoin de LSD, même si je mets trois mois à m'en remettre.

Des questions vous ont choqué ?
Guillaume : même si c'est en voie de disparition progressive, certains renvoient encore aux thèses de Lacan, dans les années 70, pour qui l'autisme était dû aux relations avec la mère, et Bettelheim est allé encore plus loin en comparant les autistes à des animaux en cage. On a eu des questions lors des deux premières conférences, on leur a juste répondu qu'il ne fallait pas croire à tout ce qui se disait sur Internet, ni même en cours ! Il y a encore des professeurs de la faculté de Brest qui relaient ces thèses.

3 novembre 2016

Beaucoup de parents d'enfants autistes se suicident et tout le monde s'en fout

article publié dans le Nouvel Observateur
Publié le 02-11-2016 à 10h53 - Modifié à 17h42
LE PLUS. La semaine dernière, une mère de famille de 32 ans a sauté du huitième étage de l'immeuble où elle résidait avec ses deux enfants autistes, âgés de moins de dix ans. Une suicide dont se sont émus les familles d'enfants autistes mais aussi les militants, parmi lesquels le comédien et réalisateur Hugo Horiot, qui s'inquiète du silence dans lequel ces parents meurent. Explications.

Édité par Henri Rouillier  Auteur parrainé par Rozenn Le Carboulec

 

Un enfant autiste aux côtés d'une éducatrice, à Paris, en 2008 (F. FIFE / AFP).

 

Je suis une personne autiste. Quand je lis la presse sur le sujet, je me vois souvent qualifié de "malade", appartenant à une "épidémie". La fameuse "épidémie mondiale d’autisme". Parle-t-on en revanche assez de la mystérieuse "épidémie" française de suicide de parents d’enfants autistes ?

Massacre, suicide, isolement, précarité, exil… Les mots manquent pour décrire l’explication de cet étrange phénomène. Cependant, je suis loin d’être le seul à avoir une théorie sur le sujet. Plutôt qu’un long discours, je préfère donc ici m’en tenir aux faits, aux études scientifiques et parler ainsi sans détours.

Les parents, seuls face à une ASE qui veut les briser

L’ASE, l’Aide sociale à l’enfance, a encore frappé et le doute n’est plus permis : l’éradication de l’autisme et l'incitation au suicide des parents d’enfants autistes semble bel et bien être le projet de cette institution.

Les rapports d’enquêtes et les expertises concernant la mort de ces parents d’enfants autistes victimes de ces fléaux, concluront sans doutes à "une fragilité psychologique", cause de leurs gestes désespérés.

Ne serait-il pas pertinent de voir cette "fragilité psychologique" imputée aux parents, plutôt comme une conséquence des menaces de placements de leurs enfants, par la sacro sainte Aide sociale à l’enfance (ASE), élément étrangement récurent dans ce genre de dossiers ?

Ne serait-il pas pertinent de rappeler que la France est championne des placements abusifs d’enfants ? Plutôt que de continuer de parler fatalement "d’épidémie d’autisme", ne serait-il pas judicieux de se pencher sur l’épidémie de suicides, étrangement liées à la recrudescence française de signalements et de placements abusifs ?

Intervenir précocement sur les enfants autistes avec leurs parents

Après la déportation dans des structures belges des personnes autistes en France, largement financée par l’argent public, il serait à peine étonnant de voir la création d’un fond dédié à l’assistance au suicide, visant à déporter les parents concernés, encore jugés coupables de l’autisme de leurs enfants, dans un autre pays frontalier, la Suisse, ou cette pratique est légale, pour rendre cette réalité plus propre…

Pendant qu’en France, le sang continue de couler dans la communauté de l’autisme, dans le monde scientifique, de nombreuses études, réalisées dans des conditions expérimentales incontestables, tendent à l’unanimité vers la preuve irréfutable de l’efficacité et de la nécessité des interventions précoce sur les enfants autistes, associant les parents.

Ces tragiques faits divers nous le montrent et la science le prouve : la séparation forcée et institutionnelle des enfants autistes de leurs parents, se basant encore sur les théories psychanalytiques de Bettelheim et de ses successeurs, sont contre productives, fatales et meurtrières. Elles doivent cesser.

Une maltraitance institutionnelle

L’ampleur de cette maltraitance institutionnelle a poussé un groupe de parlementaires à déposer une proposition de résolution invitant le gouvernement à un accompagnement adapté pour les familles et individus concernés par l’autisme.

Le Gouvernement français y est également invité à fermement condamner et à interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes, dans le cadre de l’autisme, car n’étant pas recommandées par la HAS.

Il est cependant étonnant, à la veille des élections présidentielles, de constater que ce sujet reste largement ignoré et méprisé par la classe politique.

À ce jour, on recense 600.000 autistes en France soit environ une naissance sur 100 ou 8000 naissances par an. En 2014, 44 % des personnes autistes étaient victimes de maltraitance, soit 250.000 personnes autistes sur les 600.000 que compte notre pays. Est-ce là un "petit" sujet ?

28 octobre 2016

Une maman de 2 enfants autistes se suicide : réactions !

article publié sur handicap.fr

Résumé : Elle a sauté par la fenêtre parce qu'elle ne voyait pas d'issue. Le drame qui a touché cette jeune maman de deux enfants autistes met en lumière la détresse de nombreux parents. Combien de tragédies faudra-t-il encore pour qu'on les entende ?

Par , le 28-10-2016

Une jeune femme âgée de 32 ans s'est défenestrée le 26 octobre 2016 en fin d'après-midi, à Thiais. Du 8e étage. Son corps a été découvert par des enfants du quartier en contrebas de son immeuble. Elle était maman de deux jeunes enfants autistes, découverts seuls dans l'appartement. Dans Le Parisien, une voisine se confie : « C'est une famille adorable mais qui connaît quelques difficultés. La maman s'occupait de ses enfants tous les jours et, pour elle, le quotidien était parfois difficile à gérer… ». Difficultés ?

Des menaces de signalement

La bénévole d'une association de parents d'enfants handicapés, qui a souhaité rester anonyme, était en contact avec cette maman depuis quelques jours. La famille aurait été menacée de signalement auprès des services sociaux si elle n'acceptait pas une orientation qu'elle ne souhaitait pas. Acculée, la jeune mère de famille avait lancé un appel de détresse auprès d'un collectif ; de nombreuses mamans avaient tenté de l'épauler, réaffirmant le fait que nul ne pouvait la contraindre à accepter une solution contre son gré. Pensant l'avoir rassurée. Ces derniers jours, elle avait également posté son témoignage sur les réseaux sociaux pour exprimer sa douleur. En vain… 

L'arbre qui cache la forêt

Ce passage à l'acte n'est pas isolé : suicides, infanticides, dépressions sévères, coups d'éclat… La liste des parents d'enfants handicapés à bout s'allongent malheureusement au fil des années. Pour ne pas avoir à assumer, on évoque leur fragilité, on minimise en affirmant que c'est l'exception. Cette exception, c'est l'arbre qui cache la forêt. Combien sont-ils ces proches exténués par les abysses administratifs, la fatigue et les harcèlements ? Isolés, stigmatisés et confrontés à de graves difficultés financières en raison d'une compensation inadaptée. Comment s'étonner ensuite que certains craquent sous la pression ? Faut-il attendre qu'ils passent à l'acte pour mesurer leur désespoir ? Faut-il se contenter de tenir de sombres statistiques plutôt que de se pencher sur un mal profond qui touche bien davantage de parents que ceux qui, par leur geste désespéré, inscrivent leur nom dans la rubrique faits-divers.

Des placements abusifs

Sur les 308 000 enfants faisant l'objet d'une mesure d'aide sociale à l'enfance, un rapport du Défenseur des droits estime à 70 000 le nombre de ceux qui sont en situation de handicap. Le chiffre ne distingue pas ceux qui sont placés par mesure de protection de ceux qui le sont de manière abusive, mais c'est pourtant parfois le sort réservé aux parents qui osent revendiquer ce qui est bon pour leur enfant. « In fine, le droit de choisir revient uniquement aux parents, sans qu'ils n'aient à prendre le risque d'être broyés lorsqu'ils s'opposent à telle ou telle orientation, explique Céline Boussié, de l'association Handignez-vous !. Mais, pour éviter d'en arriver là, il en va de la responsabilité du Gouvernement de mettre en place des prises en charge adaptées, et en nombre suffisant. » Ils sont nombreux à dénoncer, à l'aune de cette tragédie, un « manque d'humanité de la part de certains services sociaux ». Ils sont nombreux à avouer avoir pensé au suicide. C'est le cas d'Estelle Ast, cette maman d'un garçon autiste qui était montée sur une grue ; dans une vidéo, elle témoigne : « Certains trouvent la force de ne pas aller jusque-là, d'autres pas. »

D'autres désespoirs…

Ce nouveau drame fait écho à l'histoire d'Emilie Loridan, maman de deux enfants dont une petite fille trisomique ; elle a mis fin à ses jours le 3 juillet 2016 suite à un imbroglio administratif entre la Belgique et la France qui l'avait privée de ses aides. Un collectif portant son prénom a vu le jour qui, face à ce nouveau drame, a adressé un mail à François Hollande ; il y exprime toute sa colère et réclame une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire et éviter que ces « dysfonctionnements ne perdurent ». De son côté, une association de parents a interpelé Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat en charge du handicap, dans une lettre ouverte. Sur un site dédié (Leetchi), une cagnotte a été ouverte pour venir en aide au papa et à ses deux enfants. Au nom de Briet.

© gudrun/Fotolia

28 octobre 2016

Une maman d'enfant autiste se suicide : Halte au massacre

article publié sur le blog "Devenir capable autrement"

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La maman de deux enfants autistes se suicide en se jetant du 8 ème étage. Elle était « psychologiquement fragile »…. Fait divers classé….

Halte au massacre !!!!

A L’AIDE !!!!

Vous ne trouvez pas bizarre le nombre de fois où la maman ou les familles d’enfants autistes font la une des faits divers.

 

CP Karim TATAI Strasbourg

CP Karim TATAI Strasbourg

Certaines manifestent devant un tribunal, une administration ou le passage d’une ministre, d’autres montent sur des grues, ou escaladent les façades des préfectures, certaines « enlèvent » leur enfant pour l’emmener à l’étranger et sont poursuivis par la justice, d’autres se suicident, à bout de souffle, à bout de force, à bout de tout….. parce qu’elles n’ont plus de voix pour crier leur désarroi.

Ce n’est pas à cause de la difficulté d’avoir un enfant autiste qu’elles font ces coups d’éclat médiatiques, c’est parce qu’elles sont arrivées devant un mur d’incompréhension, d’incompétence à les aider, d’acharnement à vouloir les détruire, les rendre coupables de demander la juste prise en charge de leur enfant…

CP Karim TATAI Strasbourg

CP Karim TATAI Strasbourg

Leur enfant, elles le « gère » depuis sa naissance…. Elles se sont battues pour lui, rien n’a été trop dur pour qu’il puisse faire des progrès, enchaîner l’orthophoniste, le kinésithérapeute, les psychologues, les pédopsychiatres, les ergothérapeutes,  les médecins, trouver les bons intervenants, faire les salles d’attente des hôpitaux, des administrations pour obtenir un diagnostic, une prise en charge, supporter les regards méprisants, condescendants ou gênés, ceux qui se détournent, voir les amis s’éloigner un à un, abandonner souvent son travail parce qu’aucune crèche ou nounou ne veut le garder, entrer dans l’isolement….

Quand on devient mère, on n’est pas forcément bien armée pour s’occuper de son enfant, mais les sentiers sont déjà bien battus….Quand on devient mère d’un enfant autiste, on entre peu à peu dans un no-mans-land où l’on se bat contre l’incompréhensible, pris dans le feu croisé des rivalités disciplinaires, la concurrence des théories et des approches, désaccord sur le choix thérapeutiques…..  En France, la carte de la prise en charge de l’autisme selon les recommandations de la HAS est encore très loin d’être géographiquement égalitaire et il est des secteurs peuplés d’irréductibles partisans psykk qui tirent encore à boulet rouges sur les mères nocives les empêchant de pratiquer en rond.

CP Karim TATAI Strasbourg

CP Karim TATAI Strasbourg

Ils savent décupler la culpabilité que nous avons à ne pas savoir nous occuper parfaitement d’un enfant qu’ils comprennent encore moins bien que nous, ils nous proposent comme aide à notre désarroi l’éloignement, l’hospitalisation, la médicamentation, utilisant la menace de signalement et de retrait de l’enfant…. sans se rendre compte que ces solutions inadaptées contribuent à fragiliser  l’équilibre ténu que nous avons réussi à construire et après avoir saboté une après l’autre nos fondations, ils claironnent sur notre fragilité, nos manques de compétence, justifiant par là la chronique d’une mort annoncée.

Et vous voudriez que nous ne soyons pas en colère ?

syndicat-potentiel- CP Karim TATAI Strasbourg

CP Karim TATAI Strasbourg

 

 

En colère contre ce mur d’incompréhension ! en colère contre ce mur sourd à nos doléances ? En colère de voir l’une des nôtre s’écrouler sous vos coups ? En colère de voir toutes celles qui pourtant fragilisées et à bout portent leur enfant envers et contre vous avec l’intime conviction d’être dans le juste chemin ? En colère de voir l’argent public utilisé dans des prises en charges inadaptées ? En colère de devoir nous débrouiller avec le RSA, des aides aux aidants dérisoires qui permettent à peine la survie mais pas la possibilité d’aider efficacement notre enfant ? En colère de voir le temps qui file sans qu’aucune solution acceptable ne soit proposée ? En colère d’attendre des mois et parfois des années pour obtenir un diagnostic ? En colère de voir les capacités de notre enfant ignorées en pointant uniquement ses incompétences ? En colère contre tout ce gâchis de vies au pays de l’égalité, de la liberté et de la fraternité !!!!

CP Karim TATAI Strasbourg

CP Karim TATAI Strasbourg

La maman de deux enfants autistes se suicide en se jetant du 8 ème étage. Il reste le papa, seul maintenant avec ses deux enfants….

Il a besoin de votre soutien. Une cagnotte Leetchi a été ouverte pour lui venir urgemment en aide. Vous pouvez aussi y laisser un message.

Cagnotte Leetchi

Halte au massacre ! Pourquoi faut-il encore faire la une des faits divers pour être entendu ? Il faut que cette maltraitance s’arrête !!! Vite !!!! MAINTENANT !!!!

Si vous aussi avez envie d’exprimer votre colère, de faire un commentaire, n’hésitez pas à laisser un mot ci-dessous

28 octobre 2016

A Thiais, une jeune mère de famille se tue en sautant du 8e étage

article publié dans Le Parisien


F.D.|26 octobre 2016, 21h04 | MAJ : 26 octobre 2016, 21h46|1
C’est aux pieds de cet immeuble situé au 9, rue du pavé de Grignon qu’une jeune femme a été retrouvée morte mercredi après-midi. LP/FD.
F.D.

Une jeune femme âgée de 32 ans s’est défenestrée mercredi en fin d’après-midi dans le quartier Grignon à Thiais. Son corps a été découvert par des enfants du quartier en contrebas d’un l’immeuble situé au 9, rue du Pavé de Grignon, une imposante barre de quatorze étages.

Ils ont d’abord cru qu’elle avait fait un malaise, mais elle venait en réalité de sauter. Malgré les massages cardiaques, les pompiers n’ont pas réussi à la réanimer. Le décès a été prononcé sur place à 16 h 39.

Après la découverte du corps, des policiers sont montés jusqu’à l’appartement familial. Ils ont été obligés de forcer la porte et ont découvert dans le logement les deux jeunes enfants de la famille, âgés de moins de dix ans, livrés à eux-mêmes.

« Il s’agit de deux jeunes enfants autistes, précise une résidente de l’immeuble, qui connaît bien ces voisins. C’est une famille adorable mais qui connaît quelques difficultés. La maman s’occupait de ses enfants tous les jours et pour elle le quotidien était parfois difficile à gérer… »

Il aurait été question depuis quelque temps, d’après un témoin, que ces enfants soient retirés à leurs parents. Cette éventualité a-t-elle un rapport avec le geste de la jeune femme ? D’après ce même témoin, cela faisait en tout cas plusieurs jours qu’elle semblait dans une situation de « fragilité » psychologique.

A Thiais, cette tour de quatorze étages était déjà tristement connue pour avoir abrité deux hommes condamnés en avril dernier pour leur participation à une filière d’acheminement de combattants vers la Syrie, en août 2013.

  leparisien.fr

1 juillet 2016

La justice face à l'autisme : une formation s'impose !

article publié sur handicap.fr

Résumé : Placements abusifs d'enfants autistes, parents accusés de maltraitance... La justice a parfois la main lourde lorsqu'elle est face à ces troubles méconnus. Le Gouvernement annexe donc au plan autisme des dispositifs pour former ses magistrats.

Par , le 23-06-2016

Depuis des mois, le cas de Rachel défraye la chronique et agite les tribunaux (article en lien ci-dessous). Cette maman s'est vu retirer la garde de ses trois enfants autistes sur décision de justice sous prétexte qu'elle provoquait leurs symptômes. Dès août 2015, la  situation de cette famille mobilise le milieu associatif (127 associations au total) qui y voit un cas emblématique de placement abusif dû à une méconnaissance de ce handicap.

Maltraités ou Asperger ?

Depuis, les trois enfants ont été diagnostiqués autistes Asperger par le Centre de ressources autisme Rhône-Alpes. Or, en janvier 2016, lors de l'audience d'appel, le ministère public a demandé le maintien du placement et de la séparation de la fratrie. Décision renouvelée le 24 juin. Les associations dénoncent les « dysfonctionnements » de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et une « vision préhistorique de l'autisme » basée sur une approche psychanalytique. Et, plus globalement, des « dérapages qui ont déjà fait l'objet de plusieurs rapports officiels depuis 15 ans », et qui touchent souvent des mamans seules. Comment, dans ce contexte, aider la justice à faire la différence entre des troubles neurologiques et la maltraitance parentale, voire les conséquences d'un syndrome de Münchhausen par procuration -ce dont des experts psychiatres continuent d'accuser Rachel- ? Ces suspicions ne concernent d'ailleurs pas seulement l'autisme ; certains parents d'enfants atteints par exemple de la maladie des os de verre (les os se brisent en morceaux) sont parfois suspectés de mauvais traitements. D'autres handicaps encore...

Des connaissances insuffisantes

Pour éviter ce genre de « malaise», en avril 2016, le gouvernement a souhaité ajouter au Plan autisme 2013-2017 une « Fiche nouvelle action » qui porte le N°38. Elle vise à prendre en compte les spécificités des troubles du spectre de l'autisme dans le processus de décisions en protection de l'enfance. En d'autres termes, à sensibiliser les magistrats et les professionnels concernés à ce type de troubles visiblement encore méconnus. Le texte affirme en effet « qu'ils ne disposent pas tous de la formation et des informations actualisées sur les troubles du spectre de l'autisme (TSA), ni des contacts, relais et ressources spécialisés et compétentes sur le territoire leur permettant de prendre en compte de façon éclairée les spécificités des TSA dans le cadre de leurs missions ». Cette situation peut alors conduire à des décisions en contradiction avec l'intérêt de l'enfant et générer des informations préoccupantes ou des signalements qui ne tiennent pas compte de son handicap et des difficultés rencontrées par les familles. Certains comportements peuvent en effet être interprétés comme la conséquence de maltraitance alors qu'ils sont spécifiques aux troubles du spectre de l'autisme. Comment faire la part des choses ?

Une carence dans l'offre d'accompagnement

Le texte constate également que les difficultés de comportement repérées peuvent s'expliquer par une carence de l'offre d'accompagnement adapté aux TSA, notamment les interventions recommandées par la Haute autorité de santé et l'ANESM en mars 2012, l'état des connaissances scientifiques en 2010 et les recommandations portant sur le diagnostic d'autisme chez l'enfant de 2005. L'objectif de cette annexe est donc, par ailleurs, de proposer pour l'ensemble des professionnels de la protection de l'enfance et de la justice des outils pour pouvoir soutenir les parents et répondre aux demandes éventuelles d'accompagnement de leur enfant avec TSA, tout en exerçant de façon éclairée leur mission d'identification de danger ou de danger potentiel. Tous les professionnels sont concernés par cette question : ceux impliqués dans le premier niveau d'informations préoccupantes, les services qui conduisent les mesures judiciaires, les magistrats, les enseignants, les experts judiciaires.

Onze actions au programme

Onze actions au total doivent être menées, notamment des programmes de formation continue sur l'autisme et le développement des connaissances des magistrats et juges pour enfants en matière de handicap et de santé. Pour ce faire, l'annexe prévoit d'organiser régulièrement une conférence sur l'autisme au sein des écoles de la magistrature. Les professionnels devront également pouvoir s'appuyer sur des outils communs, comme des grilles de signaux d'alerte ou un guide, qui permettront de faciliter le repérage de l'autisme et rendront ainsi plus fiables les signalements. Enfin, le texte prévoit la désignation d'un médecin référent protection de l'enfance au sein du département pour une meilleure prise en compte des besoins de l'enfant ; les parents pourront exprimer leur point de vue lors de l'évaluation et être assistés d'un tiers.

Un comité spécifique, interministériel, a été installé dès le mois de mai pour 2016 décliner ce plan et en assurer le suivi opérationnel. Le comité de suivi s'est réuni le 15 juin. Le Défenseur des droits a été associé à l'élaboration de cette annexe et peut, lui aussi, suivre sa mise en œuvre.

© Maria B./Fotolia


 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

Sur le web

1 juillet 2016

Isère : justice prolonge le placement de 3 enfants autistes

 

Résumé : Nouvelle étape dans la bataille judiciaire de Rachel, séparée de ses 3 enfants autistes. La justice confirme qu'ils doivent être "protégés de la représentation invalidante et alarmiste" que leur mère a d'eux. Son avocate fait appel.

Par , le 25-06-2016

Un juge des enfants du tribunal de Grenoble a confirmé le 24 juin 2016 le placement de trois enfants autistes, dont les associations ont fait un cas emblématique "de placement abusif" dû, selon elles, à une méconnaissance de ce handicap. "Les éléments de danger à l'origine de l'éloignement des mineurs ont été abondamment développés dans les décisions de justice (précédentes, ndlr) et conservent leur pertinence à ce jour. La demande (...) de voir lever les placements en cours ne peut donc qu'être rejetée", écrit le juge dans une décision consulté par l'AFP, en prolongeant le placement jusqu'au 30 juillet 2017. L'avocate de la mère, Me Sophie Janois, a indiqué qu'elle ferait appel de ce jugement. Les trois enfants, deux garçons de 5 et 7 ans et une fille de 10 ans, sont placés séparément en famille d'accueil et en pouponnière depuis l'été 2015. Leur mère, prénommée Rachel et qui réside à Saint-Marcellin (Isère), ne les voit que deux fois par mois lors de visites tenues en présence d'un tiers.

Un comportement maternel inquiétant

Dans un arrêt de février 2016, consulté par l'AFP, la cour d'appel de Grenoble avait estimé que les enfants devaient être "protégés de la représentation invalidante et alarmiste" que leur mère avait d'eux. Les magistrats décrivaient un "comportement maternel inquiétant", empreint de "nomadisme médical" parasitant la scolarité des enfants, leur mère s'obstinant "à vouloir confirmer sa perception d'un handicap chez ses enfants". La cour soulignait aussi la "bonne évolution globale des enfants" depuis leur placement, ce qui "pourrait venir d'ailleurs corroborer le diagnostic de syndrome de Münchhausen par procuration" (la mère rendant ses enfants malades). Les trois enfants ont pourtant été diagnostiqués autistes par l'équipe du Dr Sandrine Sonié, coordinatrice du Centre de Ressources Autisme Rhône-Alpes, selon les associations qui soutiennent Rachel. L'aînée est atteinte du syndrome d'Asperger, comme sa mère. Le cadet est atteint d'un trouble envahissant du développement non spécifié. Enfin, le benjamin présente les signes "d'un trouble du spectre de l'autisme", selon l'arrêt de la cour d'appel.

Une sensibilisation des magistrats ? 

Près de deux cents associations soutiennent le combat de Rachel. Le 25 janvier 2016, devant le congrès d'Autisme France, la secrétaire d'État aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, s'était dite "totalement mobilisée pour que cette maman puisse le plus rapidement possible retrouver ses trois enfants". Au coeur du problème, les associations dénoncent les "dysfonctionnements" de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et une "vision préhistorique de l'autisme" basée sur une approche psychanalytique. Pour faire face à ce genre de situation, le Gouvernement a décidé, en avril 2016, d'annexer au plan autisme une fiche qui vise à prendre en compte les spécificités des troubles du spectre de l'autisme dans le processus de décisions en protection de l'enfance. En d'autres termes, à sensibiliser les magistrats et les professionnels concernés à ce type de troubles visiblement encore méconnus (article complet en lien ci-dessous).

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

11 juin 2016

Je fais le procès de l'ignorance des symptômes de l'autisme

article publié dans place GRE'NET

TROIS QUESTIONS À – Une nouvelle audience s’est tenue le mercredi 8 juin au palais de justice de Grenoble, concernant l’avenir des enfants de Rachel, placés il y a près d’un an au motif que leur mère serait atteinte « d’aliénation parentale ».  Alors que celle-ci cherche à faire reconnaître leur autisme pour retrouver la garde de se enfants, le juge doit maintenant statuer sur ce point et sur une requête de placement chez les grands-parents maternels. Maître Sophie Janois, l’avocate de Rachel, revient sur cette affaire.

 

procès rachel autisme

Rachel et ses enfants dans une vidéo de soutien

RAPPEL DES FAITS – Rencontrant des difficultés avec l’un de ses enfants, Rachel, jeune mère de 29 ans avait pris la décision de se rendre en 2015 dans un centre de diagnostic de l’autisme, sur les conseils de Ghislaine Lubart, présidente de l’Association Envol Isère Autisme.

Face aux troubles du comportement de ses enfants, le juge des enfants avait alors demandé une enquête sociale et judiciaire.

Une pédopsychiatre, chargée d’expertiser tous les membres de la famille, avait conclu que Rachel était victime du syndrome de Münchausen et d’aliénation parentale. Elle serait donc seule responsable de ces troubles.

Le 10 juillet 2015, la justice décidait de retirer à Rachel la garde de ses enfants, les deux garçons les plus jeunes étant placés par l’Aide sociale à l’enfance à la pouponnière du Charmeyran à La Tronche, et l’ainée en famille d’accueil.

De son côté, l’avocate de Rachel, maître Sophie Janois, a fait diagnostiquer le cadet des enfants aux troubles du comportement manifestes. Le Dr Brigitte Assouline du Centre alpin de diagnostic précoce de l’autisme (Cadipa) a alors conclu à l’autisme, plus précisément à un trouble envahissant du développement non spécifié.

Le tribunal n’ayant pas pris en compte cette expertise, la défense a alors fait le choix de faire examiner les trois enfants par le Dr Sandrine Sonié, responsable du Centre de Ressources Autisme Rhône-Alpes. Celle-ci a conclu que les trois enfants avaient des troubles autistiques, ainsi que la mère, autiste Asperger.

 

Salle des pas perdus. © Véronique Magnin - Place Gre'net

Salle des pas perdus. © Véronique Magnin – Place Gre’net

Voilà maintenant près d’un an que la justice reste impassible malgré de nombreux documents scientifiques déposés par Maître Sophie Janois, l’avocate de Rachel, afin de convaincre les juges de son autisme et de celui de ses enfants. « On reproche toujours à Rachel d’avoir provoqué l’autisme de ses enfants. On lui dit qu’ils ne sont pas autistes du tout, et donc qu’ils vont très bien », explique Ghislaine Lubart, présidente de l’association Envol Isère Autisme, qui soutient Rachel dans son combat depuis le début de l’affaire.

Une situation paradoxale, selon elle, le tribunal semblant à mi-chemin entre la négation et la reconnaissance des troubles autistiques chez les enfants. « On reproche à Rachel les rééducations qu’elle avait décidées pour ses enfants [afin de les adapter à leur autisme, ndlr] et elles sont maintenues, donc c’est incompréhensible », déclare Ghislaine Lubart.

Depuis le 8 juin le délibéré est en cours. Le juge devra avoir statué sur le renouvellement du placement ainsi que sur la requête formulée avant le 24 juin, date à laquelle la décision de la justice sera rendue.

 

Maître Sophie Janois à la sortie de l'audience d'appel le 22 janvier 2016. © Véronique Magnin – Place Gre’net

Maître Sophie Janois à la sortie de l’audience d’appel le 22 janvier 2016. © Véronique Magnin – Place Gre’net

Quel ressenti avez-vous à ce stade de l’affaire ?

Me Sophie Janois : Cette affaire est emblématique de ce que peuvent subir les mamans seules ayant des enfants autistes. Cela a permis de faire avancer les choses, pas pour Rachel, mais au niveau national. Il y a une prise de position du défenseur des droits au regard du handicap. On va probablement avoir une annexe au troisième Plan autisme du gouvernement, qui va dans le sens d’une formation des personnels judiciaires et de l’Aide sociale à l’enfance, au regard des troubles autistiques.

Aujourd’hui, on croit encore qu’être autiste c’est se cogner la tête contre les murs, hurler, se balancer d’avant en arrière… Mais c’est beaucoup plus subtil que ça. On a autant de formes d’autisme qu’on a d’autistes. La situation de Rachel a permis de faire avancer cette cause, mais malheureusement, comme Jeanne d’Arc, j’espère qu’elle ne sera pas brûlée au bûcher.

Pour moi c’est significatif de l’ignorance. Je le dis régulièrement, je fais le procès de l’ignorance des symptômes de l’autisme. Aujourd’hui, ils nous disent que les enfants vont bien. Ils relèvent deux, trois petits détails qui sont vraiment propres à l’autisme mais ces petits détails, on accuse la mère d’en être à l’origine, même après un an de séparation. Il faudrait qu’on m’explique comment on provoque ce genre de choses par télépathie.

Le problème c’est que la justice n’écoute pas les scientifiques. Au lieu de ça, ils écoutent une pédopsychiatre qui n’y connaît rien. C’est ça le problème. Lors de cette dernière audience, j’ai déposé 44 pièces qui sont en majorité des éléments scientifiques. J’espère que le juge va en prendre connaissance et qu’on aura un miracle.

L’affaire est de plus en plus relayée par les médias. Les associations s’intéressent beaucoup au cas de Rachel, loin d’être unique en France. Comment réagit le tribunal face à cette médiatisation ?

Tout d’abord, j’ai eu une réflexion du procureur général au moment de l’appel. J’ai aussi reçu un courrier du premier président du tribunal pour avoir envoyé en délibéré la note de la ministre au cours d’une convocation à l’Agence régionale de santé. Selon cette lettre, je faisais pression sur les juges et il m’a été dit que je ne respectais pas la séparation des pouvoirs. Je suppose que c’était une manière de m’intimider, ce qui n’a absolument pas fonctionné.

Cette affaire mérite d’être médiatisée. Cela permet de faire prendre conscience aux gens de ce qui se passe. Si Rachel a pu tenir bon, c’est aussi grâce au soutien qu’elle a pu obtenir de la part des associations, par la médiatisation, le soutien populaire…

 

Message de soutien à destination de Rachel. DR

Message de soutien à destination de Rachel. DR

Si l’ordonnance rendue le 24 juin ne permet pas à Rachel de récupérer la garde de ses enfants, quelles autres voies seront possibles ?

On arrive en audience après un an de placement des enfants, et le juge devait statuer sur le renouvellement du placement et sur une requête faite de placement chez les grands-parents maternels. Il faudra sûrement faire appel et user de toutes les voies de droit avant d’envisager de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme.

J’avais l’intention d’écrire une lettre à François Hollande. Je ne l’ai pas fait en fin de compte car, entre temps, la ministre de la Santé a pris une position très claire via sa secrétaire d’État au handicap, Ségolène Neuville, qui a fait une déclaration de soutien à Rachel lors du congrès d’Autisme France. Elle la soutient ouvertement et publiquement.

Par ailleurs, j’étais aux Nation unies au moment des questions au gouvernement. On a pu discuter avec les rapporteurs. D’une part, dans leurs recommandations à l’État français, ils ont demandé de faire attention aux placements abusifs d’enfants autistes. D’autre part, j’ai eu l’occasion de parler individuellement avec le rapporteur auprès des Nations unies. Ce dernier m’a proposé de faire un recours selon le protocole numéro trois, ratifié très récemment par la France, qui permet de saisir le comité sur des questions individuelles. J’ai donc l’intention de le faire.

Julien Deschamps

10 juin 2016

Rachel, dont les trois enfants ont été placés en foyer, est-elle victime d'une incroyable erreur judiciaire ?

Mis à jour : 07-06-2016 17:18
- Créé : 07-06-2016 16:59

DROITS DE L’ENFANCE - Une jeune maman de 30 ans est séparée depuis plus d’un an de ses trois enfants, après avoir indiqué au corps médical qu’elle les pensait atteints d’autisme. Alors qu’on lui reproche d’avoir inventé ces troubles autistiques, elle se bat aujourd’hui pour récupérer son droit de garde. Une affaire complexe à nouveau examinée par le juge des enfants ce mercredi 8 juin au tribunal de Grenoble.
On reproche à Rachel, maman de 30 ans, d'avoir inventé les troubles autistiques de ses enfants. 

On reproche à Rachel, maman de 30 ans, d'avoir inventé les troubles autistiques de ses enfants. 

Photo d'illustration / Sipa Press

 

23 mai 2016

En défense des enfants autistes, une interview de Maître Sophie Janois

Publié: 23/05/2016 

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Il suffit de parcourir notre site avec notamment le mot-clé « autiste » pour se rendre compte que les enfants autistes font l’objet d’un traitement assez particulier par les pouvoirs publics en France. Nous avons donc demandé à Maître Sophie Janois, bien informée sur cette question, de nous accorder une interview à laquelle elle a bien voulu répondre de façon très exhaustive.

Les familles sont confrontées à des injustices multiples

CEDIF : Bonjour Maître Janois, vous êtes avocate spécialisée notamment dans le droit de la santé et on vous associe souvent à le défense des enfants autistes.

Quel cheminement vous a amené à vouloir sensibiliser à cette cause et à défendre plus particulièrement les familles de ces enfants ?

Maître JANOIS : J’ai toujours pensé que la place d’un avocat se trouvait là où l’injustice avait fait son lit.

Je ne me destinais pas particulièrement à la défense des enfants autistes. J’avais plutôt l’intention de m’attaquer au secteur psychiatrique que je savais être une zone de non droit particulièrement étonnante pour un pays comme le nôtre.

J’ai eu l’occasion, au cours de mes études de Master 2, de faire un stage pour l’association, initialement dénommée « Léa pour Samy », aujourd’hui « Vaincre l’Autisme ». À l’époque, j’avais rédigé le guide des droits des enfants autistes pour cette association dans le cadre de la rédaction de mon mémoire de fin d’études. Au vu des nombreux appels à l’aide des familles, j’ai pu me former à leurs problématiques et surtout, découvrir l’ampleur des injustices, multiples, auxquelles les familles étaient confrontées. Lorsque je suis devenue avocat, c’est naturellement et progressivement que ma « spécialité » s’est imposée à moi.

 L’ASE une institution que les parents d’autistes peuvent redouter

CEDIF : Comment les enfants autistes sont-ils traités par les institutions françaises ?

 Maître JANOIS :  De façon inacceptable. 

Avant toute chose il faut savoir qu’il est possible d’aider un enfant autiste et de le faire considérablement gagner en autonomie. Il est possible de l’aider à entrer dans les apprentissages et à réduire ses troubles du comportement.

Néanmoins aujourd’hui, il reste très difficile d’obtenir un diagnostic alors que tout médecin devrait être formé et être en capacité de l’établir, quitte à se tourner ensuite vers un centre spécialisé de type CRA pour affiner ledit diagnostic. Aujourd’hui, de nombreux CMP, CAMSP, hôpitaux de jour, refusent de porter un diagnostic d’autisme, soit parce que les professionnels qui y travaillent n’y connaissent rien, soit parce qu’ils sont encore persuadés que ce type de diagnostic « enferme » l’enfant dans une image invalidante. Ceci est particulièrement préjudiciable lorsque l’on sait qu’un diagnostic précoce permet la mise en place une prise en charge favorable à l’évolution de l’enfant.

Ensuite, il s’agit de se battre pour obtenir une prise en charge dite adaptée, soit « conforme » aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (mars 2012 – sont recommandées les méthodes éducatives, cognitivo-comportementales et développementales). Or il existe encore trop peu de professionnels compétents en la matière et beaucoup d’établissements médico-sociaux non seulement ne connaissent pas ces méthodes ou de façon très parcellaire, mais encore restent fermés au dialogue avec les familles (qui s’avèrent, elles, de très bons professionnels de l’autisme de « leur » enfant). Par ailleurs, le peu d’établissements offrant ces prises en charge adaptées n’ont aucune place à proposer tant la demande est forte. 

Encore, lorsqu’on pense établissement, on pense immédiatement à l’institutionnalisation du handicap, à l’enfermement, décriés et dénoncés par l’ONU. Beaucoup d’IME, FAM, MAS, fonctionnent encore en vase clos et n’offrent pas d’ouvertures vers le monde extérieur, l’école, la socialisation si importante aux personnes autistes. De plus, les familles sont souvent tenues à l’écart de ce qui s’y passe, ce qui est une forme de maltraitance.  

Les parents sont donc contraints de recourir à des professionnels exerçant en libéral, ce qui a un impact financier énorme. La secrétaire d’Etat au Handicap a récemment annoncé la mise en place d’un dispositif qui devrait permettre le remboursement de ces prestations mais de nombreuses questions d’application restent en suspens et pour l’heure, rien n’existe que les allocations décidées et octroyées par les Maisons départementales des personnes handicapées. 

Ces MDPH sont totalement débordées et traitent les dossiers avec une lenteur redoutable qui vont retarder d’autant la mise en place de la prise en charge de l’enfant. Et puis, quand elles ne perdent pas les dossiers ni n’exigent des éléments complémentaires, les MDPH restent encore peu enclines aux largesses, restrictions budgétaires obligeant. Même la plus élevée des allocations ne couvre pas les frais engendrés.

Autre institution qui maltraite les enfant autistes : l’Education nationale. Seulement 20% des enfants autistes seraient scolarisés, alors qu’une aide de type Auxiliaire de vie scolaire (les AESH), pour peu que la personne soit formée aux spécificités du handicap, permet à l’enfant de s’instruire et d’évoluer au contact d’autres enfants. Notre cabinet gère de véritables bras de fer avec l’EN et des parents seuls s’y épuisent. Lorsque l’enfant est scolarisé, il est encore difficile d’obtenir les aménagements scolaires adéquats, surtout dans la phase collège/lycée. 

Pour finir, l’Aide Sociale à l’Enfance est encore une institution que les parents peuvent redouter. Leurs professionnels sont formés à la psychanalyse et ont donc souvent perdu tout bon sens. Aussi nient-ils les diagnostics pour accuser les mères d’être à l’origine des troubles de l’enfant, ou considèrent que les parents ont forcément besoin d’une aide éducative alors même qu’ils ne sauraient mettre en oeuvre la moindre thérapie recommandée ! De fait, il arrive que des parents cachent leurs difficultés de peur qu’on leur enlève leur enfant ou qu’il soit placé en hôpital psychiatrique ou dans un établissement inadapté. 

À l’âge adulte, c’est la question de la tutelle qui peut être remise en cause si la famille entre en conflit avec l’établissement d’accueil et alors, ils peuvent perdre tous les droits sur leur enfant devenu adulte. Je peux témoigner de cas. Néanmoins il ne faut pas perdre de vue que je suis avocat, je n’ai connaissance que de situations problèmes et ne vois que rarement la jolie face des choses ! Sauf lorsque mes clients prennent le temps de revenir vers moi par la suite et me donnent de bonnes nouvelles !

L’arme de l’information préoccupante en question  

CEDIF : Voila un aperçu tout à fait complet des risques posés par négligence, incompétence voire pire encore. Pour revenir sur l’éducation nationale, nous avons trop souvent été saisis pour des affaires dans lesquelles des enfants autistes étaient victimes de harcèlement dans les cours de récréation et en classe sans que la direction ne reconnaisse ces faits. Dans de telles situations, les « professionnels » brandissent l’arme de l’information préoccupante. Ces situations sont-elles fréquentes, les avez-vous rencontrées ?

Maître JANOIS : Généralement, lorsque l’avocat s’en mêle, la Direction s’en mêle. C’est triste à dire, mais c’est ainsi. 

La question de « l’arme de l’information préoccupante » ne concerne pas que les établissements scolaires, elle concerne tous les établissements, qu’ils soient scolaires, médico-sociaux ou sanitaires. C’est un redoutable fléau, une injustice patente. Surtout lorsque l’on connaît la façon dont les services de l’ASE peuvent se saisir d’une situation, se persuader de sa dangerosité et « partir » au combat comme une partie adverse qu’elle n’est pas censée être.

En effet, un parent réfractaire aux méthodes utilisées et souhaitant quitter la structure devant le peu de progrès de son enfant, qui refuserait de faire hospitaliser son enfant par exemple, ou refuserait une médication intempestive, peut se voir menacer d’une information préoccupante. J’ai rencontré cette situation plusieurs fois. Il m’a parfois fallu rappeler à des pédopsychiatres d’obédience psychanalytique ce qu’était, pour un représentant légal, le droit fondamental de choisir son praticien.  

J’ai même pu connaître de dossiers dans lesquels la famille étant en désaccord avec leur pédopsychiatre, se voyait refuser tout rendez-vous chez d’autres praticiens de la région…

La dangerosité de l’ignorance de l’ASE 

CEDIF : Ces situations se rencontrent effectivement très souvent puisque les parents sont alors taxés de « refus de collaboration » avec les services de l’ASE, l’information préoccupante se transforme dès lors en signalement judiciaire avec intervention du juge des enfants et rapports à charge de pédopsychiatres de « dispensaires » à la clé. Peut-on penser que l’ignorance face à la réalité de l’autisme alimente des enquêtes sociales, des rapports socio-éducatifs à l’encontre des familles ?

Maître JANOIS : Bien sûr. Par exemple, chacun sait qu’il peut être très compliqué de couper les ongles ou les cheveux d’un enfant autiste, vous serez alors accusé de ne pas respecter l’hygiène élémentaire… Certains enfants ne supportent qu’un vêtement, qu’ils vont porter été comme hiver, ce sera analysé comme une faute parentale. D’autres encore souffrent de tri alimentaire et ne se nourrissent que d’un ou deux aliments que la maman doit préparer selon un rituel ordonné, vous nourrissez alors mal votre enfant voire vous manquez d’autorité… Et si par malheur l’enfant fait une crise (cris, pleurs, automutilations) et que vous appliquez la méthode qui consiste à faire « extinction » (il s’agit de ne pas encourager les comportements problèmes et donc de détourner votre attention), alors vous êtes un parent laxiste ou débordé ! 

Une mère qui se bat contre les institutions pour aider son enfant est une mère « fusionnelle » qui ne veut rien lâcher ! J’ai même pu lire qu’une mère qui avait peu de relations extérieures (et l’on sait à quel point il est difficile de conserver ses relations sociales lorsque l’on a un enfant handicapé), enfermait son fils dans une relation exclusive pour l’empêcher de grandir ! Tout cela est absurde et la dangerosité ne vient pas de la famille mais bien de l’ignorance de l’ASE. Je me permets ici de souligner que fort heureusement, dans la plupart des cas, le diagnostic, des films, de la documentation scientifique, me suffisent pour faire comprendre au juge la problématique de l’autisme et pour obtenir des non lieux à assistance éducative. 

CEDIF : Donc faute de faire comprendre la réalité de l’autisme, une AEMO peut dégénérer en placement ?

Maître JANOIS : Oui. Une AEMO c’est laisser l’ignorance entrer dans son foyer avec les débordements que j’explique plus haut. C’est ce que je plaide régulièrement. J’essaie, autant que possible, d’éviter à mes clients les AEMO. 

Seule la science devrait servir de fondement à la Justice 

CEDIF : La journaliste Sophie Robert, dans le documentaire « Le Mur » montre qu’une certaine psychanalyse de bazar accuse les mères de l’autisme de leurs enfants. Or nous avons vu quelques rapports dans lesquelles les mères étaient lourdement mises en cause reprenant cette approche psychanalytique invalidée. Comment comprendre que de tels torchons soient suivis d’effets ? 

Maître JANOIS : Il n’existe pas de psychanalyse de bazar, la psychanalyse est en soi un bazar. Seule la science prouvée devrait servir de fondement à la Justice. 

Malheureusement, nous sommes une société qui s’est culturellement construite sur des préceptes de type psychanalytique, on nous les enseigne dès le lycée ! Nous en sommes imprégnés et la Justice n’est pas épargnée. Par exemple, une maman qui se voit encourager par son fils lors d’un jeu de société et qui lui dit : « Vas-y maman ! », cela signifie que la mère n’a pas laissé sa place d’enfant à son fils ! C’est absurde ! Pourquoi le bon sens ne fait-il pas penser que cet enfant a tout simplement envie d’encourager sa mère comme elle a pu le faire pour lui auparavant ? Une mère qui demande plusieurs fois au téléphone à sa fille « Comment vas-tu ? », c’est soi-disant qu’elle veut entendre que sa fille va mal ! C’est absurde ! Pourquoi ne pas penser que cette maman qui est loin de sa fille est simplement inquiète de ne plus être à ses côtés ? Un enfant qui pleure après le coup de fil hebdomadaire de sa mère alors que le reste du temps il joue, c’est que sa mère le rendrait triste ! Pourquoi ne pas envisager simplement que toute personne qui est rappelée à notre souvenir nous manque plus cruellement que lorsque nous sommes occupés à notre quotidien ? Absurde !

Que pèse la parole des parents ?

CEDIF : Nous connaissons bien ces interprétations pour les lire dans des rapports sociaux, mais face à de tels rapports quelquefois d’une niaiserie confondante, que pèse la parole des parents ?

Maître JANOIS : Clairement rien. 

Si l’on est face à un juge par avance convaincu par le rapport, si l’on est sans preuve, sans soutien de médecins, de l’école, voire de personnes « bien placées », la parole des parents ne vaut rien.  

L’ASE est seigneur en son fief, elle est l’interlocuteur privilégié, l’oeil du juge. Si le juge doute de la bienveillance ou du professionnalisme de l’ASE, tout son système s’écroule. Il faut du courage au juge pour aller à l’encontre d’un rapport à charge et le rôle de l’avocat, c’est de lui apporter suffisamment d’éléments pour lui permettre d’être courageux et d’éviter une erreur judiciaire.

CEDIF : Nous avions abordé le contradictoire en matière de justice des mineurs en critiquant la position de l’association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF) à son égard, peut-on dire aujourd’hui que l’égalité des armes existe devant le JDE et que la voix de l’avocat des familles est entendue ?

Maître JANOIS : Dans la mesure où je traite d’un domaine très spécifique, que je connais bien mon sujet, je pense qu’il ne m’est pas trop difficile de mettre l’ASE face à son ignorance en audience. 

Je vis même parfois des situations cocasses où je cite le rapport en disant que cette phrase mériterait la page de couverture de mon futur bouquin sur « les bourdes de l’ASE en matière d’autisme ». J’ai pu demander à une éducatrice très virulente en audience contre une maman soi-disant trop « fusionnelle » (je hais ce mot) quelle était la fameuse « triade autistique » qui permet de soupçonner un autisme chez un enfant, (c’est le B.A.BA en la matière). Sa non réponse m’a permis d’obtenir la levée de l’AEMO.

Les conséquences dramatiques du placement d’enfants autistes 

CEDIF : C’est effarant mais guère étonnant puisque les travailleurs sociaux préconisent des placements à tour de bras, mais quelles sont les conséquences d’un placement d’enfant autiste.

Maître JANOIS : Dramatiques.  

Arrêt des prises en charge adaptées, perte des repères, régression. 

La régression se faisant dans les premières 24h, il est facile au service gardien d’imaginer que les enfants sont arrivés dans un état psychique lamentable et de voir ensuite de lents et petits progrès de l’enfant, grâce sa prise de repères, pour exiger ensuite le maintien du placement… 

Ce, alors que l’enfant se portait bien mieux lorsqu’il était chez son parent… C’est le cas dans l’affaire Rachel. 

CEDIF : En plus de cela, les enfants autistes subissent-ils d’autres atteintes graves en institution ? Vous avez parlé du Packing, de quoi s’agit-il et des autistes sont-ils victimes de telles pratiques ? 

Maître JANOIS : Dans la mesure où le secret fait foi dans les institutions, où les professionnels se soutiennent et ne savent que très rarement remettre leurs pratiques en question, il est très difficile de « découvrir » ce qu’il se passe exactement derrière les murs… Lorsque l’on a connaissance de probables maltraitances (viols, coups et blessures, malnutrition, contentions, surmédications etc.) il reste encore très complexe de les prouver. C’est la raison pour laquelle l’on envoie des détectives privés ou des journalistes sur place pour obtenir des preuves. Ensuite, il existe un autre problème récurrent en la matière, il s’agit du fait que la parole, voire les attitudes des enfants autistes, ne sont pas suffisamment prises en compte.

Le Packing est une méthode consistant à enrouler les personnes autistes auto ou hétéro-agressives, dans des draps humides et froids de façon à leur permettre de retrouver une « conscience de l’image de leur corps » (postulat ridicule – l’autisme est un trouble neurodéveloppemental, soit un trouble physique et non psychique). Cette méthode non évaluée, rejetée comme maltraitante par les Nations Unies, décriée par la communauté scientifique internationale et par les associations de parents, trouve ses défenseurs au sein de la communauté des psychanalystes français. Ils sont les seuls à dire que cela fonctionne, un coup de gourdin aurait le même effet je pense… 

Les services de l’ASE sont dans le déni des conséquences de leurs préconisations

CEDIF : En jouant les Candide on peut se demander comment il se fait qu’en dépit des régressions alarmantes d’enfants en institution, l’ASE et les juges des enfants n’ont toujours pas compris que les solutions qu’ils proposent ne sont pas les bonnes ?

Maître JANOIS : Je n’ai jamais lu un rapport concernant des enfants placés faisant montre de la moindre régression. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Cela veut dire que les professionnels de l’enfance, persuadés d’être de meilleurs parents que le meilleur des parents, sont incapables de se dédire et vont lutter avec acharnement contre la critique.

Si les parents perçoivent le mal-être de leur enfant et qu’ils l’expriment, ils sont alors encore davantage mis en cause.

Les quelques ouvertures qu’ils avaient pu obtenir, notamment par le biais des visites médiatisées, se ferment peu à peu.

Ce système fonctionne en vase clos. Combien de juges se déplacent pour rendre visite aux enfants dont ils ont ordonné le placement de façon à les entendre et à vérifier par eux-mêmes l’état de santé de ces derniers ? Combien de juges pour écouter la famille et accepter qu’un médecin spécialisé se déplace ? Ils sont débordés, n’ont pas suffisamment de temps ni de personnel, ils « dépendent » en quelque sorte, des retours du service gardien. J’ai eu connaissance de ce que certains professionnels de l’enfance souhaiteraient aujourd’hui se former sur l’autisme, reviendront-ils pour autant sur les erreurs passées ?

CEDIF : Aucun recours donc face aux dégâts occasionnés, même l’intervention du comité des droits de l’enfant de l’ONU  dans l’affaire Timothée n’a servi à rien puisque la magistrat qui avait décidé de ce placement l’a maintenu, comment en est-on arrivé là ?

Maître JANOIS : Les décisions de l’ONU n’ont, hélas, pas de valeur contraignante et notre démocratie repose sur un principe de séparation des pouvoirs. De telle sorte qu’il est presque impossible de revenir sur une erreur judiciaire en dehors de la grâce présidentielle qui ne concerne que la matière pénale.

CEDIF : Effectivement tel est bien le fonctionnement de nos institutions, pourtant les dommages créés du fait de l’enlèvement d’enfants autistes relèvent de la perte de chance. De telles actions au civil ont-elles été intentées contre les autorités publiques ?

Maître JANOIS : Je n’en ai pas connaissance mais si l’on imaginait sortir un enfant autiste d’un placement, prouver qu’il n’a bénéficié d’aucune prise en charge adaptée, que son état s’est dégradé ou qu’il n’a pas évolué favorablement, alors cette procédure devrait être envisageable. Nous l’envisageons bien aujourd’hui à l’encontre des Hôpitaux de jour, CMP et CAMSP qui refusent de poser des diagnostics ou qui proposent des prises en charge inadaptées.

CEDIF : Mais si une telle procédure n’aboutit pas, que pourra-t-on en déduire ?

Maître JANOIS : Je pense que lorsque l’on a vécu, en tant que parents, le placement de son/ses enfants et qu’après une longue bataille judiciaire on le/les retrouve, l’on souhaite avant tout tourner la page, oublier, profiter de sa vie de famille et surmonter le traumatisme. Parmi les parents d’enfants que j’ai pu récupérer aucun n’a souhaité demander réparation. 

Concernant le placement lui-même (et non les conséquences du placement sur l’enfant), il faut souligner qu’il est très rare d’obtenir un jugement de mainlevée dans lequel un juge reconnaît l’erreur commise, disculpant de façon absolue les parents. Cela ne m’est arrivé qu’une fois.

CEDIF : Nous vous remercions de vos réponses très complètes, tout à fait édifiantes et qui seront très utiles aux familles d’enfants autistes qui nous lisent. Vous avez d’ailleurs un site dédié  à votre pratique professionnelle en matière notamment de défense des familles d’enfants autistes permettant de vous contacter  (http://www.sophiejanois.fr/)

29 avril 2016

Josef Schovanec. L'autisme et ses qualités

28 avril 2016 à 11h02 1

Josef Schovanec a profité de son escale brestoise pour dédicacer, chez...
Josef Schovanec a profité de son escale brestoise pour dédicacer, chez Dialogues, son nouveau livre, « De l'amour en Autistan ».
Josef Schovanec, 34 ans, était ce mercredi, à Brest. L'occasion pour ce philosophe, atteint du syndrome d'Asperger, de parler de cette mission confiée par Ségolène Neuville, secrétaire d'État en charge du Handicap, sur l'emploi et l'autisme. Interview.

Êtes-vous heureux de vous retrouver à Brest ?


Josef Schovanec : « Il y a un tissu associatif remarquable en ce qui concerne l'autisme dans le Finistère, j'y suis venu à de nombreuses reprises. Ce qui est amusant, c'est que les journées de l'autisme, comme celles organisées ici ou demain à Lorient, intéressent de plus en plus les gens. Les organisateurs sont presque dépassés ».

Ségolène Neuville, secrétaire d'État chargée du Handicap, vous a confié une mission, quelle est-elle ?


« Ce n'est pas encore officiel. D'ici la fin de cette année, nous présenterons des mesures pour le quatrième plan Autisme. Nous avions la crainte, vu l'actualité politique qui se profile l'année prochaine, que ce plan soit repoussé. Normalement, François Hollande devrait annoncer officiellement mon rôle fin mai, lors de la Conférence nationale sur le handicap à l'Élysée. Il sera consacré à l'emploi chez les autistes adultes, qui a longtemps été négligé en France. Tous les autistes devraient travailler, car il y a des compétences et trop de vies gâchées ».

Est-ce différent ailleurs ?


« Oui ! À Wall Street, par exemple, être autiste est un plus sur un CV. C'est une question de rationalité économique. Un fonds d'investissement qui embauche un autiste sait que ce dernier est passionné et travaillera sans compter. En Grande-Bretagne, depuis 1994, il y a un programme pour l'emploi des autistes. Je ne dis pas que c'est le paradis, mais il y a des efforts ».

Pourquoi une telle différence chez nous ?


« En France, nous avons très peu d'autistes qui font du militantisme, à la différence des États-Unis ».

La médecine a-t-elle sa part de responsabilité ?


« Longtemps, la médecine a pensé qu'il y avait des sous-syndromes, pour expliquer les différences entre autistes. Alors qu'il ne s'agit, au final, que des fruits des expériences de vie, des parcours ».

La question de la scolarisation est donc fondamentale...

« Oui. Au Canada, c'est très banal d'accueillir un enfant autiste. En France, certains croient que c'est contagieux ou que c'est à cause des parents qui éduquent mal leurs enfants ! ».

Vraiment ?

« Oui, il y a pire. Depuis environ un an, il y a une "épidémie" de placements d'enfants touchés par l'autisme. Il y a des cas où les parents sont suspectés de violences. Lorsque ces derniers préfèrent scolariser leur enfant plutôt que de l'envoyer en psychiatrie, ils sont dénoncés pour refus de soins ! Et, dans ces cas-là, il vaut mieux être riche, parce que le combat est très dur. J'ai entendu des procureurs expliquer que l'autisme n'existe pas ! Véridique ! ».

Comment vivez-vous ce statut de « porte-parole » de l'autisme ?

« Je ne suis vraiment pas un modèle de succès, c'est même le contraire. Beaucoup de personnes autistes de la nouvelle génération, qui n'ont pas connu les errements psychiatriques d'antan, se débrouillent infiniment plus que moi. Lorsqu'ils me rencontrent, au bout de 20 minutes, ils voient que je suis nul, que je ne sais pas conduire, que je ne vais pas chez le coiffeur, etc. ».

Comment expliquez-vous votre succès ?

« J'ai appris le jeu de scène, l'art du "speech", le bla bla ! ».

De là à vous imaginer dans un gouvernement, un jour ?

« Oh non. Le Politique et l'Autiste sont antagonistes. Le premier cherche à se montrer, à parler au plus grand nombre ; le second, c'est l'inverse. Je connais un peu le monde politique et ce n'est pas pour moi. J'ai même écrit des livrepour le compte de certains politiques, qui ne faisaient que signer l'ouvrage ! ».

Des noms !

« Je n'en citerai qu'un, car il est décédé : Stéphane Hessel. Mais ce n'est pas "Indignez-vous !" ».

Que répondez-vous, lorsqu'on vous parle de « vie normale » ?

« Qu'est-ce qui est normal ? Il y a des non-autistes suicidaires, alcooliques. La vie statistiquement normale est loin d'être idéale ! ».
 
Journées de l'autisme, du 1e r au 4 mai, avec l'association Asperansa. Renseignements sur le site internet www.asperansa.org De Josef Schovanec : « De l'amour en Autistan (éditions Plon).

28 avril 2016

Commentaire du Comité Autisme du 21 avril 2016

Publié sur le site d'Autisme France

Commentaire Autisme France du Comité Autisme du 21 avril 2016

tiret VIVRE FM

Lire le pdf

 
23 avril 2016

Un plan d'action pour a prise en compte de l'autisme par l'ASE présenté

article publié dans la Gazette des Communes

Publié le 22/04/2016 • Par Isabelle Raynaud • dans : France

© Brandon and Kaja Geary / Flickr CC

Après le rapport du Défenseur des enfants et la polémique en Isère, les attentes sur la prise en compte de l'autisme par les services de l'aide sociale à l'enfance étaient grandes. La réponse reste vague.

 

« Jamais aucun plan autisme n’a eu un telle ambition de changement », a assuré la secrétaire d’Etat Ségolène Neuville lors de son bilan d’étape sur le plan autisme 2013-2017, le 21 avril 2016 devant le comité national autisme. Elle est revenue sur les engagements qu’elle avait pris en 2015 pour « faire le point » : « je veux vous le dire d’emblée : tous ces engagements ont été tenus ! », s’est-elle félicitée.

Dans les faits, si la plupart des points du plan ont connu des avancées (dépistage précoce, soutien aux famille, scolarisation…), la mise en route est parfois très récente.

La formation initiale des travailleurs sociaux est en cours d’audit pour déterminer si des besoins d’améliorations des contenus sont nécessaires. Si des carences existes, les jeunes diplômés qui sortent des écoles en juin ne seront donc toujours pas au niveau.

Le guide pratique pour aider les équipes pluridisciplinaires des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) n’est lui distribué que depuis le 21 avril, jour de l’annonce par la secrétaire d’Etat…

Concernant les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), les attentes étaient importantes, autant de la part des familles que des agents. Les parents d’enfants autistes rapportent régulièrement des pressions pour accepter placements ou traitements, sous peine d’être signalés aux services sociaux qui seraient alors susceptibles d’ordonner le placement de l’enfant.

D’ailleurs, une violente polémique avait éclaté en août 2015 : 127 associations avaient lancé une campagne de soutien à une mère après le placement de ses trois enfants, dont l’un diagnostiqué autiste.
Les associations accusaient l’ASE de l’Isère de « placement abusif », ce que le département réfutait.

« Le département de l’Isère n’a pas d’autre possibilité que de respecter la décision du juge en opérant le placement », expliquait un communiqué, soulignant une situation « plus complexe ».

La secrétaire d’Etat s’était pourtant dit « choquée par ce que vit actuellement cette maman vivant à Grenoble », en janvier. Et alors que la décision de placement était contestée en justice et la décision pas encore rendue, elle ajoutait : « je ne commente pas [la décision pas encore prise]. Mais je suis surprise, et même choquée, qu’un magistrat puisse remettre en cause un diagnostic qui n’est pas de sa compétence. » La justice a finalement confirmé le placement. Mais la ministre n’a pas été plus loin dans sa prise de position.

Comité de suivi en mai

Un plan d’action portant sur « la prise en compte des spécificités de l’autisme dans les prises de décisions en protection de l’enfance », avec une fiche-action, a été ajouté au plan autisme. Elle précise :

« Au travers de l’ensemble de ces actions, il s’agit d’un point de vue opérationnel de pouvoir :

  • Mieux prendre en compte les spécificités de l’autisme dans les procédures de protection de l’enfance, depuis la manifestation d’une information préoccupante, jusqu’aux investigations judiciaires, une fois l’autorité judiciaire saisie ;
  • Renforcer les connaissances et l’appui aux professionnels en matière d’autisme (formations, outils partagés) ;
  • Favoriser les approches pluri institutionnelles et s’appuyer davantage sur les représentants des usagers et les associations pour accompagner les enfants autistes et leurs familles (hors et dans le champ de la protection de l’enfance). »

Un comité interministériel sera installé en mai pour assurer le suivi opérationnel.

Le Défenseur des droits pourra en suivre la mise en œuvre, a précisé Ségolène Neuville.

Le dernier rapport de la Défenseure des enfants, sous l’autorité du Défenseur des droits, était en effet consacré aux enfants en situation de handicap pris en charge par les services de la protection de l’enfance. 70 000 enfants suivis par l’ASE seraient handicapés : « ils sont « invisibles » dans les politiques publiques d’accompagnement du handicap, comme dans celles de protection de l’enfance, car oubliés des systèmes d’information existants, et donc ni quantifiés ni identifiés », affirmait alors Geneviève Avenard, la défenseure des enfants.


 

Focus

Si des annonces sont à faire, ce sera par François Hollande

Pour les grandes annonces, il faudra repasser. La secrétaire d’Etat Ségolène Neuville n’a fait aucune annonce pour les autistes ou leur famille. « La course en avant pour sans cesse annoncer de nouvelles mesures, sans le suivi sur l’application, c’est cela qui décribilise la parole politique », a affirmé la secrétaire d’Etat… Ajoutant néanmoins que la Conférence national du handicap, sous l’autorité de François Hollande, aurait lieu d’ici fin mai et que ce sera « un rendez-vous important pour l’autisme ». Pour les annonces, il faudra donc attendre la parole présidentielle.

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