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"Au bonheur d'Elise"
recherche
27 février 2016

Autisme : l'aprentissage son par son mène à la parole et à l'interaction

Université de Göteborg

Cette thèse de chercheurs de l’Université de Göteborg apporte un espoir aux enfants atteints d'autisme qui éprouvent des difficultés dans différents aspects de la communication. Ces enfants atteints d'autisme, en particulier du syndrome d'Asperger ont des problèmes avec la parole, l’intonation et les gestes. Mais, a contrario, ils ont souvent un sens aigu des détails. Cette équipe montre qu’en capitalisant sur la pratique progressive de sons et de syllabes et sur une différence entre 2 sons chaque fois, il est possible pour ces enfants de parvenir à une interaction et de développer certaines capacités linguistiques.

Un enfant fait l’apprentissage de la parole pendant la petite enfance lorsqu’il parvient à distinguer les différents sons et syllabes dans le flux de la parole. C’est cette capacité de distinction qui semble souvent problématique chez les enfants atteints de syndrome d’Asperger.

Les chercheurs ont donc mené plusieurs expériences avec deux enfants atteints du syndrome d’Asperger. Les chercheurs ont introduit progressivement des paires de mots entre lesquels différait un seul son puis ont progressivement augmenté le nombre de paires, afin de favoriser la prise de conscience des contrastes phonétiques et des représentations symboliques des mots. Les résultats s’avèrent probants car ces enfants parviennent petit à petit à construire une relation entre la structure du mot, son intonation et les gestes.

Un mécanisme « miroir » : L'hypothèse derrière cet apprentissage est que les zones du cerveau impliquées dans la reconnaissance et la production de la parole sont stimulées par l'écoute et peuvent conduire à l'élaboration de la production sonore en général, puis à l’assemblage de syllabes jusqu’à l’apprentissage et l'utilisation de nouveaux mots. Ce même mécanisme « miroir » vaut, expliquent les auteurs, aussi pour l’intonation ou les gestes de l’enfant. Car l’expérience montre que ces enfants finissent par « mettre » l’intonation, même si ce n’était pas l’objectif de l’étude. « Un des enfants a également développé son utilisation des gestes, en dépit du fait qu'aucune formation directe ne lui était apportée dans cet objectif ».

Bref, un protocole qui apparaît ici comme bénéfique, à tester dans des interventions plus larges.

Source: Göteborgs Universitet Feb, 2016 From sounds to speech and gestures Case studies of linguistic interaction in children with ASC

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25 février 2016

Les présentations du Congrès sortir de l'autisme des 30 & 31 janvier 2016 sont disponibles ...

 

Congrès sortir de l'autisme

Télécharger la présentation du Dr. Didier GRANDGEORGE (en Pdf) Télécharger la présentation du Dr. Joël Spiroux de Vendômois (en Pdf) Télécharger la présentation du Dr. Maria Jesus Clavera (en Pdf) Télécharger la présentation du Dr. Natasha Campbell-Mc Bride (en Pdf) Télécharger la présentation du Dr. Olivier Soulier (en Pdf) Télécharger

http://www.congressortirdelautisme.com

 

19 février 2016

Approches psychothérapiques de l'autisme : A propos d'une étude française de 50 cas

article publié sur FRblog le blog de Franck Ramus

vendredi 19 février 2016

En mars 2012, la Haute Autorité de Santé a publié une recommandation de bonne pratique concernant les interventions proposées aux enfants avec troubles du spectre autistique (TSA). Faisant le bilan de tous les essais cliniques de telles interventions, ce rapport soulignait le manque criant d'évaluations des pratiques inspirées de la psychanalyse et dites de psychothérapie institutionnelle, ayant majoritairement cours en France. A tel point que la HAS déclara de telles interventions "non consensuelles", du fait non seulement de l'absence totale d'évaluations, mais également des avis divergents des professionnels consultés à ce sujet. Lorsque le rapport de la HAS fut publié, le Landernau de la pédopsychiatrie française s'émut de ce que son génie ne fut pas reconnu à sa juste valeur. Parmi les arguments répétés à de multiples reprises, figurait celui d'une recherche en cours de l'Inserm sur les interventions psychanalytiques, dont les résultats auraient été injustement ignorés par la HAS. Par exemple, interrogé le 8/03/2012 sur les recommandations de la HAS dans le magazine de la santé, Bernard Golse indiquait "je tiens à dire que les méthodes psychothérapeutiques sont en phase de validation par l'Inserm".

Bien évidemment, l'étude étant en cours et les résultats n'en étant pas publiés, il était bien normal que la HAS ne puisse en tenir compte. Rappelons que pour des raisons de rigueur élémentaire et étant donnée la nature particulière de la publication scientifique, la HAS ne peut fonder ses recommandations sur des on-dits, sur des rapports verbaux, ni même sur des livres ou des articles publiés en français dans l'édition classique. Ses avis doivent  impérativement se baser sur des articles publiés dans des revues scientifiques internationales expertisées par les pairs (cf. mon article à ce sujet).


Autisme et psychanalyse: Résultats

Début 2014, les premiers résultats de cette fameuse étude dite "de l'Inserm" ont été publiés, dans un article signé par Jean-Michel Thurin, Monique Thurin, David Cohen et Bruno Falissard, paru dans la revue française Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence (Thurin et coll. 2014). Cette étude a fait l'objet d'une publicité importante dans le monde de l'autisme en France. Par exemple, sur le site de la CIPPA, la publication de l'étude est annoncée avec la mention "Les résultats sont tout à fait positifs concernant les psychothérapies psychanalytiques". Lacan Quotidien de décembre 2014 en a fait un article triomphant intitulé "Autisme: L'Inserm valide la psychothérapie psycho-dynamique". Même sur la page Wikipedia "Méthodes de prise en charge de l'autisme", dès le premier paragraphe, il est écrit "D'après les résultats préliminaires, dans le cadre du réseau INSERM, d'une étude scientifique de long-terme, l'approche psychothérapeutique de l'autisme, principalement d'inspiration psychanalytique, donne également des améliorations significatives de l'état des enfants autistes" (consultée le 10/02/2016). Voir également un texte de Jean-Claude Maleval... Enfin, il semble que cette étude soit utilisée pour défendre l'intérêt de la psychanalyse pour l'autisme auprès des pouvoirs publics. Il paraît donc important d'examiner cette étude et les données qui y sont rapportées. C'est l'objet du présent article.

Introduction et philosophie générale

La longue introduction de l'article de Thurin et coll. entend nous convaincre que la recherche en psychiatrie est entrée dans une nouvelle ère. La question de savoir si une forme de psychothérapie est, ou non, plus efficace qu'un placebo ou qu'une autre forme de psychothérapie, serait devenue caduque. L'efficacité des psychothérapies dans leur ensemble serait déjà démontrée, et il serait temps maintenant d'étudier les mécanismes de cette efficacité. D'après les auteurs, "Lerner et al. constatent que la question clé en recherche sur les interventions psychosociales efficaces dans l'autisme commence à se déplacer de "ce qui marche" vers les questions plus nuancées du "pourquoi et comment, pour qui, dans quelles conditions et quand" (...) ça marche?" A l'appui de cette nouvelle tendance, les auteurs citent également des recommandations de l'American Psychological Association, ainsi que les articles d'Alan Kazdin, un éminent psychologue reconnu internationalement.

Par quel tour de passe-passe ne serait-il plus pertinent d'établir l'efficacité d'une psychothérapie? Les auteurs font ici référence à l'idée que toutes les formes de psychothérapies se valent, en vertu des facteurs qu'elles partagent toutes. C'est ce qu'on appelle communément le verdict du dodo ("tout le monde a gagné"). Le problème, c'est que ce verdict est faux. Toutes les psychothérapies ne se valent pas. L'expertise collective de l'Inserm (2004) avait bien mis en évidence que les thérapies cognitives et comportementales (TCC) avaient une efficacité significativement supérieure aux thérapies psychanalytiques pour la quasi-totalité des troubles mentaux. Les études ultérieures n'ont fait que confirmer ce verdict (cf. par exemple Smit et coll. 2012).

La citation de Lerner et al. ci-dessus mentionnant "les interventions psychosociales efficaces dans l'autisme" est littéralement correcte. Mais dans leur esprit comme dans leur article, il s'agit de l'ABA, TEACCH et l'ESDM, qui ont déjà fait la preuve d'une efficacité supérieure au placebo. De plus, ces trois types d'interventions sont basés sur des principes communs issus du comportementalisme, et sont essentiellement des variantes les unes des autres. Il est donc parfaitement légitime de penser qu'il ne s'agit maintenant pas tant de déterminer si tel programme parmi ceux-là est plus efficace que tel autre, mais plutôt quels ingrédients de chaque programme font progresser quels enfants dans quelles conditions. Mais les interventions psychanalytiques n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité dans l'autisme, et par conséquent la citation de Lerner et al. ne s'applique pas à elles. De fait, dans leur synthèse des interventions pour l'autisme, ces auteurs n'en font pas la moindre mention. Peut-être ignorent-ils, comme l'immense majorité de leurs collègues, que quelques irréductibles gaulois promeuvent encore la psychanalyse pour l'autisme. Ils seraient certainement choqués d'apprendre que leurs propos ont été détournés pour suggérer qu'ils puissent s'appliquer à des thérapies psychanalytiques.

Si la recherche internationale sur les psychothérapies est en train de se déplacer vers l'étude des mécanismes médiateurs de l'efficacité, c'est bien parce que certaines formes de psychothérapies ont fait la preuve de leur efficacité. Mais certainement pas toutes. Ce n'est notamment pas le cas des psychothérapies psychanalytiques, ni d'autres thérapies proposées pour l'autisme (Sonrise, floortime, Feuerstein, packing... cf. HAS). Pour toutes ces thérapies à l'efficacité incertaine, il serait totalement prématuré de sauter l'étape de l'évaluation de l'efficacité pour se focaliser sur d'hypothétiques mécanismes. C'est pourtant ce que Thurin et coll. essaient de nous faire avaler dans l'introduction de leur article.

Méthodologie

L'étude porte sur 50 enfants ayant reçu un diagnostic clinique d'autisme ou de trouble envahissant du développement de la part d'un psychiatre, sans que ce diagnostic n'ait été validé par des outils standardisés, comme il est d'usage pour les recherches cliniques. Les enfants sont pris en charge par autant de thérapeutes (50, donc), et suivis pendant une période de 12 mois avec des évaluations tous les 4 mois, certaines avec des outils relativement standards (par exemple, l'Echelle des comportements autistiques, ECA-R), d'autres avec des outils plus idiosyncrasiques propres à la psychanalyse française (par exemple, l'Echelle d'évaluation psychodynamique des changements dans l'autisme, ECPA). D'autres outils décrivent l'environnement de l'enfant et les "processus psychothérapiques" (le CPQ). Enfin, "parmi les 50 thérapeutes (...),  41 sont de référence psychanalytique, 5 sont de référence cognitivo-comportementale, 3 de référence psychomotrice et 1 se réfère à la thérapie par le jeu."

La plus grande faiblesse méthodologique de l'étude, qui découle de la posture annoncée en introduction, est de n'inclure aucune condition contrôle à laquelle puissent être comparés les progrès accomplis par les enfants au cours des 12 mois du suivis. Le problème est classique: la plupart des patients voient leur état s'améliorer avec le temps, indépendamment de tout traitement. A fortiori, la quasi-totalité des enfants, même autistes, se développent, apprennent, leurs facultés cognitives et leurs comportements évoluent considérablement en l'espace d'un an, y compris sans l'aide du moindre psychiatre. Dans cette étude, comme dans la plupart des études interventionnelles, la stratégie d'analyse principale constitue à comparer les mesures effectuées sur l'enfant à la fin et au début du suivi. Mais là où les essais cliniques habituels vont comparer l'évolution de l'état des enfants ayant subi le traitement qui fait l'objet de l'étude, à l'évolution de l'état d'autres (ou des mêmes) enfants subissant un traitement différent (voire placebo, voire aucun) pendant la même durée, de manière à distinguer les effets du traitement de ceux du temps et du développement normal, cette étude n'effectue aucune comparaison de cette nature. Elle tient pour acquis que les progrès des enfants reflètent au moins partiellement l'intervention du clinicien, et recherche parmi les mesures intermédiaires (les processus psychothérapiques) les mécanismes médiateurs des progrès. En l'absence de la moindre preuve que les progrès des enfants doivent quoi que ce soit à l'intervention, cettre recherche de mécanismes revient à mettre la charrue avant les boeufs. Par ailleurs, la méthodologie ne mentionne aucune des méthodes analytiques usuelles permettant de tester rigoureusement des effets de médiation entre deux variables.

Non seulement l'étude ne comporte pas de groupe de comparaison, mais les méthodologies alternatives qui pourraient être employées ne le sont pas non plus. En particulier, les recommandations de Kazdin, dont il est fait grand cas dans l'introduction, ne sont pas respectées. Regardons plus spécifiquement les recommandations de Kazdin & Nock (2003) telles qu'elles sont listées dans l'encadré 1 de l'article (puis répétées dans l'encadré 2, ça doit donc être important!):

Recommandation de Kazdin & Nock (2003) Commentaire sur son application dans cette étude
1. Inclure des mesures de mécanismes potentiels de changement dans les études de psychothérapie.  On peut discuter la pertinence des mécanismes potentiels mesurés dans cette étude, mais on admettra qu'un effort a été fait pour en mesurer.
2. Évaluer plus d’un mécanisme potentiel, ainsi que les variables confondantes possibles. Dans cette étude, beaucoup de mécanismes potentiels sont mesurés. En revanche des variables confondantes ne sont pas prises en compte.
3. Évaluer si de plus grands changements dans les mécanismes proposés sont liés à des changements subséquents et à de plus grands résultats.  Non évalué dans cette étude.
4. Intervenir pour changer le mécanisme proposé du changement.  Non effectué dans cette étude.
5. Établir une ligne de temps en utilisant une mesure continue des mécanismes proposés et des résultats d’intérêt.  Il y a des mesures à 4 temps distincts, ce qui peut constituer une ligne de temps rudimentaire. Mais celle-ci n'est pas exploitée pour analyser les covariations temporelles entre mécanismes proposés et résultats d'intérêt.
6. Répliquer les effets observés dans différentes études, échantillons, et conditions (par exemple, configurations naturalistes et de laboratoire).  Non effectué dans cette étude.
7. Utiliser la théorie comme guide des mécanismes potentiels choisis pour le focus de l’étude, ainsi que pour expliquer les effets observés et les intégrer dans une base de connaissances plus large.  Les mécanismes potentiels ne sont pas choisis en fonction d'hypothèses théoriques, puisque les 100 items inclus dans le CPQ sont analysés. Néanmoins cette relative neutralité est cohérente avec l'hétérogénéité des pratiques thérapeutiques incluses dans l'étude.

Un autre problème est qu'il y a autant de thérapeutes (et potentiellement autant de pratiques) que de patients (soit 50), ce qui empêche rigoureusement de distinguer les effets qui pourraient être dus aux pratiques d'un thérapeute des effets qui pourraient être dus aux caractéristiques intrinsèques d'un patient (qui pourraient déclencher, en retour, certaines réponses de la part de son thérapeute).

Un autre reproche qui peut être fait est que cette étude s'abstient étonnament d'évaluer les enfants de l'étude à l'aide des outils les plus couramment utilisés dans les études interventionnelles, que sont les échelles ADOS, Autistic behavior, Social responsiveness, Clinical global impression, Vineland adaptive behavior, Repetitive behavior, Wechsler... L'ECA-R est ce qui s'en rapproche le plus mais est très peu utilisée en dehors de France. Du coup il est quasiment impossible de comparer les progrès effectués par les enfants dans cette étude, aux progrès observés dans d'autres études portant sur d'autres interventions (comme je l'avais fait dans cet article). Par ailleurs, ces évaluations ont été faites sur la base des observations du thérapeute lui-même, plutôt que par une personne indépendante, comme il est d'usage dans les études interventionnelles afin de garantir l'objectivité de la mesure.

Enfin, on notera que le nombre très faible de thérapeutes ne se réclamant pas de la psychanalyse rend toute comparaison entre différents types de thérapie impossible. De plus, il est indiqué que les thérapeutes assimilés aux TCC "pratiquent des thérapies d'échange et de développement" (TED). Ces thérapies, développées en France, n'ont jamais fait l'objet d'un essai clinique contrôlé ayant pu établir leur efficacité (même si on peut considérer qu'elles sont très proches, voire à l'origine, d'ESDM). C'est pour cette raison que le rapport de la HAS de 2012 leur accordait seulement un "accord d'experts", là où ABA, TEACCH et ESDM bénéficiaient d'un niveau de preuve plus tangible. Ainsi, quand bien même, à une étape ultérieure de l'étude impliquant un plus grand nombre de thérapeutes, une comparaison entre psychanalyse et TED serait effectuée, il conviendrait de se souvenir que la thérapie psychanalytique est comparée à une intervention à l'efficacité inconnue, plutôt qu'à l'une des interventions ayant une efficacité bénéficiant d'un réel niveau de preuve.

Pour terminer, notons qu'il n'est fait mention d'aucun pré-enregistrement de l'étude, démarche pourtant importante pour les essais cliniques, et requise depuis 2005 pour la publication dans les grandes revues médicales internationales.

Résultats

La plupart des résultats présentés sont descriptifs et montrent l'évolution des différentes mesures entre le début et la fin du suivi, avec parfois des mesures intermédiaires. Sans grande surprise, des progrès sont observés en moyenne dans à peu près tous les domaines. Comme expliqué dans l'analyse de la méthodologie, rien ne permet d'attribuer ces progrès à l'intervention des thérapeutes plutôt qu'exclusivement au temps et au développement de l'enfant. Les auteurs le reconnaissent à demi-mot dans la discussion: "l'effet propre du développement ne peut être complètement apprécié". Ils avancent cependant que "tous les enfants du même âge n'avancent pas au même rythme et que ceux qui commencent leur psychothérapie tardivement sont moins avancés au niveau du développement que des enfants plus jeunes après 2 ans de psychothérapie". Cette affirmation est purement gratuite, n'étant étayée par aucune comparaison statistique entre groupes d'enfants, et une telle comparaison serait de toute façon invalidée par l'absence de randomisation entre groupes d'enfants à comparer.

Le but affiché de l'étude étant d'identifier des mécanismes psychothérapiques, l'étape-clé des analyses est celle concernant les items du CPQ (child psychotherapy process Q-set), qui sont censés refléter l'attitude et les actions du psychothérapeute au cours de l'intervention. Leur nombre très élevé (100) rend impossible une analyse exhaustive et nécessite donc une réduction des données. Dans un premier temps, les auteurs identifient les 20 items les plus fréquement mentionnés par les thérapeutes, aux différents temps de l'évaluation (2, 6 et 12 mois). Une analyse factorielle complète cette description et identifie 4 composantes principales (regroupement d'items fréquemment associés). A partir de là, les auteurs proposent une interprétation des items les plus fréquents du CPQ, en temps que médiateurs potentiels des changements observés chez les enfants. Il est important de souligner qu'aucune analyse statistique de médiation n'est effectuée dans le but de tester véritablement si les processus psychothérapiques identifiés pourraient jouer un rôle de médiateur entre les évaluations initiales et finales. Les interprétations proposées sont donc de la pure spéculation.

A la décharge des auteurs, une véritable analyse de médiation sur les items du CPQ serait vouée à l'échec. En effet, le nombre de variables dans cette étude est bien supérieur au nombre de participants: l'ECA-R comporte 29 items, l'EPCA 147, et le CPQ 100. Même après analyse factorielle et réduction des données à un petit nombre de facteurs, la puissance d'une analyse de médiation serait limitée et le nombre de tests statistiques serait important, ce qui nécessiterait des corrections drastiques, dans la mesure où, l'étude n'ayant pas été pré-enregistrée, aucune hypothèse a priori n'a été spécifiée à l'avance. Une analyse de médiation aurait donc toute les chances, soit de n'aboutir à aucun résultat, soit d'aboutir à des résultats statistiquement significatifs du seul fait du hasard, et donc non fiables. On comprend donc que les auteurs n'aient pas jugé utile de conduire une telle analyse (ou l'aient conduite mais pas rapportée dans l'article), et analysent leurs données de manière purement exploratoire et descriptive. La conséquence, c'est que rien ne leur permet de conclure que des processus psychothérapiques identifiés dans le CPQ soit des médiateurs de changement. Aucun lien n'est établi entre les variables.

Afficher l'image d'origine
Le Mur, Sophie Robert, 2011

Conclusion

Cette étude ne permet de strictement rien conclure, ni quant à l'efficacité de la prise en charge psychothérapique, ni quant à des mécanismes qui pourraient expliquer une éventuelle efficacité. Ici, l'efficacité de la prise en charge n'est pas prouvée, elle est supposée a priori. L'analyse de mécanismes psychothérapiques est purement spéculative.

L'absence de conclusion possible n'est pas due à un trop faible nombre de participants ni à des imprévus dans la collecte des données: elle tient à la conception même de l'étude, qui ne comporte aucune condition contrôle, et n'a spécifié aucune hypothèse a priori. Les auteurs défendent la conception de l'étude en se référant à de soi-disantes évolutions dans la recherche sur l'évaluation des psychothérapies, qui inciteraient à analyser les mécanismes des psychothérapies sans utiliser la méthodologie des essais cliniques contrôlés. S'il est vrai que des méthodologies alternatives sont proposées afin d'analyser les cas individuels et les séries de cas, la présente étude n'en respecte pas les principales recommandations, et s'en réclame donc à tort. Sa méthodologie ne permet simplement pas de répondre aux questions posées. En résumé, c'est la conception même de cette étude qui l'empêche de prouver quoi que ce soit.

Finalement, le principal problème avec cet article, c'est qu'il ressemble à un article scientifique, il a une présentation scientifique, des graphiques et tableaux comme dans une étude scientifique, il est publié dans une revue qui se dit scientifique, mais en fait ce n’est pas une étude scientifique visant à évaluer les approches psychothérapeutiques de l'autisme. Il s'agit plutôt d'un exercice rhétorique destiné à conforter les psychanalystes dans leurs croyances, et à jeter de la poudre aux yeux des familles d'enfants autistes et des décideurs. Il s'agit notamment de faire croire aux pouvoirs publics que la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle ont un effet positif sur le développement des enfants autistes, et que ces méthodes doivent donc être reconnues au même titre que celles ayant reçu une évaluation positive de la HAS. On ne peut qu'espérer que les pouvoirs publics ne seront pas dupes.

Perspectives

Cette mascarade d'évaluation scientifique de la psychothérapie psychanalytique de l'autisme ne condamne pas pour autant toute tentative future. Si les psychanalystes français souhaitaient réellement évaluer une forme de psychothérapie institutionnelle de l'autisme, et avoir ainsi une chance de prouver son éventuelle efficacité, ils pourraient encore le faire -- et le feront peut-être. De tels efforts ne sont absolument pas à rejeter a priori. Il n'est donc pas inutile de s'interroger sur les caractéristiques que devraient avoir une telle étude pour être en mesure de répondre à la question posée. En voici donc les principales:
  • Cette étude devrait impérativement comparer plusieurs groupes d'enfants autistes: l'un recevant le traitement psychothérapique jugé optimal par les psychanalystes français; l'autre recevant idéalement pendant la même période une autre forme d'intervention à l'efficacité déjà connue: ABA, TEACCH, ou ESDM. A défaut, l'autre groupe pourrait continuer sa prise en charge habituelle sans intervention supplémentaire ("treatment as usual"), ou bien être simplement sur liste d'attente pour l'intervention-cible (dans ce cas, il conviendrait de comparer un groupe d'enfants pendant une période avec puis une période sans intervention, à un autre groupe pendant une période sans puis une période avec intervention). Il est possible bien sûr de comparer plus de 2 groupes recevant différents types d'intervention, c'est encore mieux. Contrairement à ce qui est souvent dit, les groupes contrôles ne posent pas de problèmes éthiques insurmontables, différents protocoles expérimentaux permettant de s'assurer que tous les enfants reçoivent à un moment donné l'intervention jugée optimale (s'il y en a une), dans la limite des ressources qui peuvent être offertes.
  • L'attribution des enfants aux différents groupes devrait être aléatoire ou pseudo-aléatoire. L'absence de différence entre les groupes en termes, d'âge, QI, et symptômes austiques devrait être vérifiée a priori ou a posteriori. 
  • L'inclusion dans chacun des groupes devrait être associée à la communication d'un espoir égal d'amélioration pour les enfants (simple aveugle), de manière à éviter la démotivation des groupes contrôles. De fait, des attentes égales pour les différents groupes sont parfaitement légitimes tant qu'aucune des interventions en jeu n'a vu son efficacité prouvée. C'est évidemment plus délicat à mettre un oeuvre si l'un des groupes bénéficie d'une intervention déjà validée telle qu'ABA intensif.
  • Les enfants devraient être évalués avant et après chaque phase de l'intervention en utilisant des outils validés au niveau international et utilisésdans les autres études d'intervention pour l'autisme.
  • Les effectifs devraient être au moins de 35 enfants par groupe (et de préférence 50) à la fin de l'étude. Faute de quoi, la puissance statistique serait trop faible pour avoir une chance raisonnable de détecter des différences entre les groupes, et l'étude serait considérée de trop faible qualité pour être incluse dans une méta-analyse future (cf. par exemple cet article de Coyne et al. 2010).
  • Rien n'interdirait bien entendu de mesurer en cours d'intervention des "processus psychothérapiques", dans le but d'identifier des mécanismes de changement, dans le cas où des changements pourraient être attribués à une intervention particulière. Il conviendrait dans ce cas de faire des études de puissance statistique permettant de déterminer les effectifs nécessaires à la conduite d'analyses de médiation.
  • L'étude devrait être pré-enregistrée avant son démarrage, sur un site tel que Clinicaltrials.gov, en spécifiant soigneusement les hypothèses, les effectifs, toutes les variables qui seront analysées, les plans d'analyse et les corrections pour tests multiples éventuelles.
  • L'article résultant devrait être publié dans une revue internationale expertisée par les pairs (peer-reviewed).

Considérations annexes

Publication et diffusion

L'article est publié dans la revue Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, une revue française de pédopsychiatrie qui n'a aucune audience internationale. On peut s'en convaincre en consultant les données bibliométriques de la base Scimago. Pour donner un exemple, chaque article publié dans cette revue est citée en moyenne 0,3 fois dans les 4 ans qui suivent sa publication. 80% des articles publiés dans cette revue ne sont pas cités une seule fois sur une période de 3 ans. C'est dire que publier dans cette revue n'offre aucune chance d'avoir un impact sur le cours de la science en pédopsychiatrie. En revanche cela a un impact certain sur la formation des étudiants en psychologie et psychiatrie, et sur les pratiques des cliniciens qui, pour la plupart, ne lisent pas les revues scientifiques internationales.

Le choix même de publier dans une revue en français est un aveu de la modestie des résultats de l'étude. Si les résultats obtenus avaient un quelconque intérêt pour le traitement de l'autisme, il est bien évident que les auteurs auraient tenu à le communiquer au-delà de nos frontières, afin de diffuser la bonne nouvelle aux psychiatres du monde entier, en faire profiter les enfants autistes du monde entier, et jouir pleinement du crédit de leur découverte. Le fait de publier dans une revue en français (langue lue par 2% des psychiatres du monde) montre que les auteurs ne s'adressent aucunement aux chercheurs scientifiques en psychiatrie (qui auraient tôt fait de détecter la supercherie). Ils ont écrit cet article avant tout à destination du lectorat francophone, dans le but d'influencer directement les pouvoir publics, les psychiatres et les familles français, tout en court-circuitant le processus d'évaluation scientifique international par les pairs.

De fait, les limites méthodologiques de l'étude sont telles qu'il est évident que cet article, même traduit, n'aurait eu aucune chance d'être accepté dans une revue internationale de psychiatrie faisant preuve d'un minimum d'exigence scientifique.

On peut enfin souligner que deux des quatre auteurs de l'article sont également impliqués dans le comité éditorial de la revue, l'un en tant qu'éditeur en chef (David Cohen), l'autre en tant que consultant en statistiques (Bruno Falissard). Dans une revue scientifique internationale, cela serait normalement considéré comme un conflit d'intérêt. Dans le cas présent, étant donné le faible impact de la revue, il n'y a pas vraiment lieu de retenir le conflit d'intérêt contre les auteurs, tout juste une faute de goût. Il est probable que l'article ait pu être accepté sans interférence de ces auteurs, de même qu'il aurait pu être accepté dans n'importe quelle autre revue de psychiatrie française d'accointance psychanalytique.

Financement

D'après les indications données dans l'article, cette étude a reçu des financements de l'Inserm, de la Fondation de France, et de la Direction générale de la santé. On peut s'étonner que ces institutions aient financé une telle étude. Néanmoins, il n'y a rien d'anormal au fait de financer des recherches cliniques sur l'efficacité de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle pour l'autisme. Puisqu'il a été reproché aux psychanalystes de n'avoir aucunes données dignes de ce nom à l'appui de leurs affirmations, on ne peut pas leur reprocher de vouloir enfin réaliser une évaluation de leurs pratiques, et leur projet doit être tout autant éligible à un financement public que n'importe quel autre projet de recherche clinique (si tant est que l'on se convainque du rationnel scientifique de la psychanalyse pour l'autisme - c'est évidemment discutable).

Simplement, la décision de financer une étude (plutôt que plein d'autres qui ont postulé au même programme, dans un contexte budgétaire restrictif) doit être fondé sur un examen minutieux du projet et de la méthodologie proposée, afin de s'assurer que le fait de financer le projet va réellement permettre de répondre à la question posée. Or, si la méthodologie qui était décrite dans le projet soumis est bien la même que celle qui est décrite dans l'article, j'ai du mal à m'expliquer que les experts qui ont évalué le projet n'aient pas vu qu'elle était totalement inadéquate pour répondre à la question posée. A moins que la méthodologie décrite dans le projet initial n'ait été différente de celle finalement employée? Dans un cas comme dans l'autre, je serais bien curieux de comprendre le processus qui a conduit, à trois reprises, au financement de cette étude. Ma curiosité ne sera sans doute jamais satisfaite car les expertises des agences de financement sont confidentielles. Néanmoins, les trois institutions en question pourraient légitimement se poser la même question et vouloir réexaminer leur processus d'évaluation scientifique afin d'en identifier la faille.

16 février 2016

Vidéo : Congrès sortir de l'autisme ... pour ceux qui veulent y croire.

9 février 2016

Un nouveau traitement contre l'X fragile ?

article publié dans LA DEPECHE.fr

Publié le 08/02/2016 à 16:42, Mis à jour

Un nouveau traitement contre l’X fragile ?

Un nouveau traitement contre l’X fragile ?

 

Une toute nouvelle molécule efficace dans le traitement du syndrome de l’X-fragile a reçu l’aval de la Food and Drug Administration (FDA). L’équivalent américain de l’agence du médicament en France. Une avancée dans la prise en charge de cette maladie rare qui ne dispose aujourd’hui d’aucun traitement spécifique.

Elle porte un nom barbare et serait efficace contre une maladie génétique rare. De qui parle-t-on ? De la molécule BMS-204652, candidat médicament pour le traitement du syndrome de l’X-fragile et qui vient d’être reconnue par la FDA. Cette autorisation va faciliter « le développement pharmaceutique de la molécule (dispense de frais, accords réglementaires…) et sa commercialisation (accès rapide au marché…) », explique le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En France, une demande de brevet pour cette molécule a été déposée en 2011.

Qu’est-ce que le syndrome de l’X-fragile ?

Cette maladie génétique rare touche 1 nourrisson sur 4 000. Les principaux symptômes répertoriés sont un déficit intellectuel la plupart du temps associé à des troubles du comportement. Ils « peuvent être discrets (humeur instable) ou sévères, de type autisme (battements de mains, contact oculaire pauvre, évitement du regard, morsures de mains, défense tactile et désinhibition) ». Des signes physiques sont aussi caractéristiques du syndrome de l’X-fragile : « visage étroit et allongé, oreilles et front proéminents, hyperlaxité des doigts, pieds plats et macro-orchidie chez le garçon après la puberté ».

A ce jour les patients diagnostiqués ne bénéficient d’aucun traitement spécifique. Mais la molécule BMS-204652 est porteuse d’espoir. Son efficacité a été prouvée in vitro sur des cultures de neurones du syndrome de l’X-fragile. Résultat, elle active des canaux potassiques (sièges de la maladie). En poursuivant les essais in vivo sur un modèle de murin de la maladie, les chercheurs ont également obtenu de bons résultats. Au terme de l’étude, « les souris modèles du syndrome de l’X-fragile possèdent un comportement cognitif, émotionnel et social similaire à ceux des souris sauvages, témoins de l’étude ».

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5 février 2016

Une start-up niçoise crée un logiciel de lecture pour autistes

article publié sur France 3 région Côte d'Azur

Publié le 04 février 2016 à 11h39, mis à jour le 04 février 2016 à 11h40

Logiciel de lecture
© France 3 Côte d'Azur
Catherine Lioult

Apprendre à lire, à parler est compliqué pour les enfants autistes. La Fondation Lenval à Nice, utilise un logiciel imaginé par une start-up des Alpes-Maritimes. Les résultats sont spectaculaires.

 

Il s'appelle Sema-tic. Imaginé par une start-up niçoise, cet outil numérique permet d’apprendre  aux enfants autistes, qui ne parlent quasiment pas, de décoder les mots, et de les prononcer. Le  support est motivant, tout se fait sur ordinateur, et la fondation Lenval expérimente ce mode d'apprentissage, avec succès.
 

Logiciel de lecture
© France 3 Nice


Apprendre à lire, à parler, enfin, Luisa Usson en rêvait pour sa petite fille. Enfin, elle entend le son de sa voix.

Elle disait juste quelques mots, chaque fois que je l'entends, c'est une fierté.


Le logiciel est désormais en vente et disponible pour les écoles ou les particuliers.

Logiciel de lecture
© France 3 Nice


Logiciel lecture

2 février 2016

Des robots aident de jeunes autistes à exprimer leurs émotions

article publié dansLa Croix

Depuis un an, six adolescents souffrant de troubles du spectre autistique suivent des ateliers avec les robots Nao.L’expérience, concluante, fait désormais l’objet d’une recherche scientifique.

Un enfant autiste face au robot Nao.  

Un enfant autiste face au robot Nao.  / Patrick Gaillardin/Look at sciences

« Avant, j’étais la main de Benjamin. Aujourd’hui, c’est Nao ! » Mère d’un adolescent de 12 ans souffrant de troubles envahissants du développement, Virginie s’émerveille des progrès de son fils depuis sa mise en contact avec ce robot bleu et blanc de 58 centimètres.

À lire  : Les Japonais prennent le contrôle du robot français Nao

« Sa rentrée au collège s’est parfaitement passée alors que ce n’était pas gagné, raconte-t-elle. À la maison, on parvient à assouplir certain rituels, comme manger à la même place avec les mêmes couverts ou seulement avec moi. Il arrive aussi à s’habiller seul et fait du foot avec des copains de son âge. Tenir un match entier devient de moins en moins compliqué. Il est dans une belle dynamique. »

À lire  : La lutte quotidienne des parents d’enfants autistes

Un CHU, une école d’ingénieurs et un lieu culturel

Durant un an, Benjamin a suivi, avec cinq autres jeunes présentant des troubles du spectre autistique, des ateliers utilisant des robots humanoïdes. Une expérimentation qui va être reconduite cette année et fait l’objet d’une recherche scientifique pour mieux en évaluer les effets.

Elle a la particularité de réunir des acteurs peu habitués à travailler ensemble : le CHU de Nantes, l’école d’ingénieurs Centrale Nantes et un lieu culturel, Stereolux, soucieux de rendre la création accessible à tous. « L’expérience s’est révélée très riche. On se doutait que ces adolescents seraient à l’aise avec cet outil. Mais ils s’en sont spontanément servis pour s’adresser à l’autre », souligne Laura Sarfaty, pédopsychiatre à l’hôpital de jour Samothrace, qui accueille des enfants de 11 à 18 ans ayant des troubles de la relation.

Le robot, « une transition entre soi et l’autre »

La première année, le petit groupe a alterné chaque semaine un atelier de création sonore et un atelier de robotique autour d’un album jeunesse, « Une histoire à quatre voix », d’Anthony Browne. Objectif : enregistrer les voix des adolescents puis leur faire programmer les robots pour qu’ils content cette histoire en sons et en gestes. « Le premier qui a voulu leur prêter sa voix était un jeune d’ordinaire très inhibé. Cela nous a surpris. Cet atelier les rend vraiment acteurs », salue Gwenaëlle Parchantour, infirmière à l’hôpital de jour.

Pour son collègue Renald Gaboriau, orthophoniste, « cet humanoïde à la bonne bouille est à la fois ludique et rassurant. Mais c’est aussi une vraie transition entre soi et l’autre. » Ainsi, au-delà du plaisir que les adolescents prennent à manipuler cette machine, commandée par ordinateur, ils se l’approprient pour exprimer leurs émotions. « Je pense à un jeune qui allait bientôt déménager, confie l’infirmière. Il a fait perdre à son robot sa femme, son chien… C’était un moyen de traduire ses propres angoisses. »

Un spectacle en conclusion

Les ateliers, qui se tiennent à Stereolux, sont toujours organisés de la même manière : les adolescents travaillent en binôme avec un ordinateur et un androïde, en présence de l’équipe soignante. Ils suivent durant une heure les instructions bienveillantes de Sophie Sakka, professeur à Centrale Nantes et présidente de l’association « Robots ! », qui entend diffuser la culture robotique au plus grand nombre.

À lire  : Les robots vont-ils nous mettre tous au chômage ?

« La première fois que j’ai vu ces jeunes, ils m’ont serré la main pour me dire bonjour, mais sans aucun contact visuel. Ils étaient là sans être là, décrit-elle. À chaque séance, ils allaient directement vers les robots. Jusqu’à ce jour où, quand j’ai montré quelque chose à l’ordinateur, l’un d’eux a posé sa tête sur mon bras… » La dernière séance a même fait l’objet d’une restitution devant un public restreint. « Cette année, ce sont eux qui ont demandé à refaire un spectacle. Cela peut sembler peu important mais c’est énorme. »

À lire  : Autisme, la recommandation favorable à l’approche comportementale validée

« Le robot n’est pas un ami mais un outil »

L’équipe a d’ailleurs choisi de laisser davantage la main aux adolescents. « Ils ont déjà lancé des idées de thèmes. L’une veut faire chanter les automates, un autre veut parler des superhéros et un autre des vacances. On va donc monter des saynètes. »

L’aspect primordial de cette expérience réside dans la grande latitude offerte à ces jeunes. « Le robot n’est pas un ami mais un outil. Ailleurs, on utilise des robots déjà programmés pour discuter avec des patients. Ici, ce sont eux qui les commandent. » Ce qui n’empêche pas de belles interactions. « Lors de la dernière séance, ils les ont couchés dans leur boîte avec une délicatesse infinie », sourit Sophie Sakka.

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De nouvelles mesures attendues

Le 23 janvier dernier, au Congrès Autisme France, Ségolène Neuville, secrétaire d’État aux personnes handicapées, a annoncé un certain nombre de mesures. La Haute autorité de santé (HAS) a été sollicitée pour actualiser les recommandations relatives au diagnostic d’autisme qui datent de 2005. Par ailleurs, le fonctionnement des Centres ressources autisme (CRA) sera amené à évoluer en fonction des conclusions d’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), attendues fin février. Enfin, une campagne nationale grand public sur l’autisme, accompagnée de la création d’un site Internet, va être lancée.

À lire  : Le robot Zora anime les maisons de retraite

Florence Pagneux (à Nantes)
26 janvier 2016

Des chercheurs chinois créent des singes autistes

article publié dans 20 MINUTES

RECHERCHE Ils espèrent ouvrir des perspectives thérapeutiques pour ce trouble du développement cérébral encore mal éclairci…

Des singes Macaca fascicularis en Indonésie. Illustration

Des singes Macaca fascicularis en Indonésie. Illustration - Nurcholis / Rex Feature/REX/SIPA

20 Minutes avec AFP

Les singes vont peut-être nous permettre d’en savoir plus sur l’autisme. Des chercheurs chinois ont créé des singes « autistes », porteurs d’un gène humain associé à cette maladie, en espérant ouvrir des perspectives thérapeutiques pour ce trouble du développement cérébral encore mal éclairci.

Les singes transgéniques (modifiés génétiquement afin d’intégrer le gène associé à certaines formes d’autisme) présentent des comportements similaires à ceux des humains atteints de ce trouble, notent les chercheurs dans la revue Nature lundi, citant des gestes répétitifs, de l’anxiété et une interaction sociale altérée.

Des comportements évocateurs d’autisme

Les primates non-humains sont susceptibles de représenter de meilleurs modèles d’étude de ces troubles complexes du spectre autistique que les autres modèles animaux déjà disponibles, comme les rongeurs, d’après la revue. Ces travaux pourraient contribuer à l’élaboration de stratégies thérapeutiques pour traiter les symptômes de l’autisme, suggèrent les auteurs. Zilong Qiu, de l’Institut des neurosciences de Shanghai, et ses collègues ont développé un modèle primate porteur du syndrome de la duplication du gène MECP2, un trouble du développement neurologique de l’enfant.

Ils ont obtenu huit singes cynomolgus (Macaca fascicularis) modifiés et 5 petits porteurs du gène humain hérité d’un singe mâle modifié. Les auteurs ont relevé des comportements évocateurs d’autisme : déplacements en rond à répétition, réactions d’anxiété, ainsi qu’une diminution des interactions sociales avec leurs congénères. Les petits macaques présentaient également des interactions sociales réduites.

L’équipe va tenter d’identifier les déficiences du circuit cérébral de ces singes. Une fois le problème de circuit associé aux anomalies du comportement identifié, les chercheurs veulent tester des traitements potentiels chez les macaques transgéniques, y compris « en utilisant les techniques d’édition de gène » pour apporter les modifications voulues. Le chercheur Zilong Qiu précise que les méthodes de l’équipe sont conformes aux normes éthiques internationales.

Améliorer notre compréhension de l’autisme

« Cette excellente recherche a développé un modèle plus sophistiqué d’autisme qui pourrait améliorer notre compréhension de l’autisme, et éventuellement conduire à la mise au point de traitements plus adaptés », estime le Dr James Cusack, directeur de recherche de l’association Autistica.

Néanmoins, vu la grande diversité de situations que recouvre le terme d’autisme, « l’élaboration d’un modèle animal unique de l’autisme pourrait être difficile à réaliser », relève-t-il.

Chez l’humain, les troubles du spectre autistique (TSA) ou troubles envahissants du développement (TED) recouvrent un large éventail d’anomalies du comportement, de capacités intellectuelles (du retard mental aux sujets doués en maths, en informatique…) ainsi que des aptitudes variables du langage.

24 janvier 2016

Congrès ANCRA 2016 - 26 & 27 mai 2016 au Palais des Congrès d'Arcachon

site du Centre Ressources Autisme Aquitaine

=> Voir la page FB dédiée

affiche congres1 ancra Bordeaux 26 & 27 mai 2016

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        Le Centre Ressources Autisme Aquitaine accueille au mois de Mai 2016 les journées scientifiques de l'ANCRA au Palais des Congrès d'Arcachon. Ces journées sont un rendez-vous important de la communauté professionnelle et des familles impliquées dans l'accueil et l'accompagnement des personnes avec Troubles du Spectre de l'Autisme.

C'est une occasion unique de rencontres, d'échanges, de partage de connaissances et d'expériences.

Les professionnels ont, dans le domaine des TSA en 2016, de nombreux défis à relever : actualiser les connaissances, faire évoluer les prises en charge, favoriser et accélérer le transfert des connaissances de la recherche à la pratique. L'enjeu du diagnostic reste aujourd'hui majeur, non seulement en terme de dépistage précoce mais tout au long de la vie.

Les limites du spectre de l'autisme, tant au cours du développement de la vie que dans les liens avec les autres troubles du développement restent à explorer. Cela a donné à ces journées leur thématique : les TSA d'où à où, de quand à quand?

Ces journées permettront de recevoir des intervenants renommés sur le plan national et international autour de conférences et d'ateliers et au-delà, d'espaces de communication et de dialogues.

L'équipe du CRA Aquitaine est très heureuse de vous accueillir pour faire aussi de ces journées des instants de convivialité et dans cette période marquée d'évènements tragiques, un moment d'humanité.

 

 Professeur Manuel BOUVARD


 

 Dr Anouck AMESTOY

 

 

 

19 janvier 2016

Les avantages de l'exercice physique pour les individus avec un syndrôme de l'X fragile chez les humains

article publié sur le site Autisme Information Sciences

18 janvier 2016
Traduction: G.M.
 
J Lifestyle Med. 2015 Sep;5(2):35-8. doi: 10.15280/jlm.2015.5.2.35. Epub 2015 Sep 30.
Benefits of Physical Exercise for Individuals with Fragile X Syndrome in Humans
Author information
  • 1Department of Rehabilitation Science, Graduate School, Inje University, Gimhae, Korea; Ubiquitous Healthcare & Anti-aging Research Center (u-HARC), Inje University, Gimhae, Korea; Biohealth Products Research Center (BPRC), Inje University, Gimhae, Korea.
  • 2Ubiquitous Healthcare & Anti-aging Research Center (u-HARC), Inje University, Gimhae, Korea; Biohealth Products Research Center (BPRC), Inje University, Gimhae, Korea; Department of Physical Therapy, College of Biomedical Science & Engineering, Inje University, Gimhae, Korea.
  • 3Institute of Animal Medicine, College of Veterinary Medicine, Gyeongsang National University, Jinju, Korea.
  • 4Department of Rehabilitation Science, Graduate School, Inje University, Gimhae, Korea; Ubiquitous Healthcare & Anti-aging Research Center (u-HARC), Inje University, Gimhae, Korea; Biohealth Products Research Center (BPRC), Inje University, Gimhae, Korea; Department of Physical Therapy, College of Biomedical Science & Engineering, Inje University, Gimhae, Korea.

Abstract

Fragile X syndrome (FXS) is the most common known genetic cause of autism spectrum disorder, and is also linked to other neurologic and psychiatric disorders. The purpose of this review article is to examine a variety of recent studies on the correlation between physical exercise and autistic behavior in individuals with fragile X syndrome. Additionally, we discuss promising approaches for further investigation of the benefits of physical exercise for autism spectrum disorder (ASD) patients. A systematic search of the PubMed digital library database for pertinent articles published from 1995 to 2011 was conducted. Individuals with ASD who experience exercise tend to exhibit improvement in physical function. In addition, exercise promotes neurotrophic factors and boosts the growth of new brain cells. The collected review articles describe how physical exercise has particular effects on stereotypic behavior and cognition among ASD patients. Finally, physical exercise may benefit patients with autism spectrum disorder through the improvement of muscular strength for increased physical capability. 
Le syndrome de l'X fragile (FXS) est la cause génétique connue la plus courante de trouble du spectre de l'autisme, et est également liée à d'autres troubles neurologiques et psychiatriques. Le but de cet te revue d'articles est d'examiner une variété d'études récentes sur la corrélation entre l'exercice physique et le comportement autiste chez les personnes avec un syndrome de l'X fragile. En outre, nous discutons des approches prometteuses pour une enquête plus approfondie des bienfaits de l'exercice physique pour les personnes avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA) . Une recherche systématique de la base de données numérique PubMed pour les articles pertinents publiés entre 1995et 2011 a été menée. Lersonnes avec un TSA qui pratiquent l'exercice physique ont tendance à présenter une amélioration de la fonction physique. En outre, l'exercice favorise les facteurs neurotrophiques et stimule la croissance de nouvelles cellules cérébrales. Les articles de revue recueillies décrivent comment l'exercice physique a des effets particuliers sur les comportements stéréotypés et la cognition chez les patients avec TSA. Enfin, l'exercice physique peut bénéficier aux personnes avec un trouble du spectre de l'autisme grâce à l'amélioration de la force musculaire pour une capacité accrue physique.
PMID: 26770889

14 janvier 2016

Le cri du canari !

article publié sur web side stories


Il y a toujours une forme de pensée magique autour de l’autisme. Pendant longtemps l’autisme a été une fatalité, dont la cause était les parents. Si le fils était autiste, c’est qu’il avait une mauvaise mère [1]. Et comme l’on ne change pas sa maman, il n’y avait rien à faire.

Récemment la génétique a remplacé la mauvaise mère. L’autisme était une histoire de gènes dégénérés. Là encore, c’était sans issue puisque l’espoir ne pouvait venir que d’une hypothétique recherche sur la génétique. On a donc remis les autistes entre les mains des psychiatres et des psychologues et relégué cette maladie au rang des maux incurables, tout en promettant (les promesses n’engagent que ceux qui y croient) que la recherche en génétique résoudrait bientôt le problème.

 

Le cri du canari !
Institut pour la Protection de la Sante Naturelle





Des chiffres inquiétants…

L’évolution des chiffres aurait dû faire douter les tenants de l’hypothèse génétique. En effet, à moins qu’il n’y ait eu en deux générations une mutation génétique invraisemblable, l’explosion de cas d’autisme à laquelle nous devons faire face ne saurait s’expliquer ainsi. L’amélioration du diagnostic et du dépistage n’expliquent pas non plus l’évolution actuelle : d’abord parce qu’elle est exponentielle ; ensuite parce qu’elle s’est confirmée dans les dernières années et qu’on ne peut pas dire qu’il y ait eu une différence majeure dans les méthodes de dépistage entre 2010 et 2016 !

Certains estiment que l’autisme est passé d’une incidence de 1/3000 à 1/150 en 50 ans en Amérique du Nord [2]. Si les chiffres officiels ne sont pas si élevés, ils restent préoccupants : en 10 ans, aux Etats-Unis, on est passé d’une incidence de 1 sur 150 en 2000 à 1 sur 68 en 2010 [3] et 1 sur 50 en 2014, soit une multiplication des cas par trois ! Tous les pays industrialisés ont connu une évolution similaire, la Corée du sud ayant la palme : dans une étude de 2011, les chercheurs y signalaient une prévalence de 1 enfant sur 38 [4]. A ce rythme, le Docteur Olivier Soulier, qui organise sur le sujet un événement à Paris les 30 et 31 Janvier 2016 (http://www.congressortirdelautisme.com/), craignait lors du congrès IPSN (3 et 4 octobre 2015), que nous risquions si rien n’était fait dans les 30 prochaines années, de voir un enfant sur 2 atteint d’autisme…

Vers une nouvelle approche de l’autisme

Les scientifiques se sont tournés vers les neurologues pour qu’ils expliquent l’autisme et qu’on trouve des solutions à cette maladie. Leurs études n’ont pas donné de grands résultats sur le plan de la génétique. En revanche, elles ont permis grâce à l’imagerie cérébrale de montrer que l’activité chimique du cerveau était altérée chez les autistes. Devant toutes ces données accumulées, certains scientifiques ont émis une nouvelle hypothèse : l’autisme ne serait pas une maladie psychiatrique ayant des conséquences sur le corps, mais une maladie physique ayant une incidence sur le cerveau. La définition de l’OMS, pour qui l’autisme est un trouble envahissant du développement qui affecte les fonctions cérébrales est à mi-chemin entre ces deux conceptions.

Le Dr Martha Hebert, issue de l’école médicale de Harvard, est depuis plusieurs décennies considérée comme la pionnière de la nouvelle théorie. Elle estime que l’autisme, bien que lié à des facteurs génétiques, est lié à d’autres facteurs, notamment la biologie. C’est une maladie du corps et non du cerveau. Cette réflexion est née de l’observation des effets dits « secondaires » qui se manifestent de manière répétée chez les autistes : tous ont des troubles de l'appétit ou des problèmes digestifs. Par ailleurs les enfants autistes se portent mieux quand ils ont de la fièvre ce qui est une réaction typiquement biologique. Ainsi, cette maladie affecterait la chimie du cerveau. Comme lorsque l'on a trop bu : le cerveau ne fonctionne plus aussi bien mais on garde bon espoir de retrouver toutes ces fonctions le lendemain.

Après avoir passé en revue l’essentiel de la littérature scientifique sur le sujet, ses conclusions sont que :

L’origine est essentiellement biologique. Par exemple une étude effectuée sur des jumeaux dont l’un est autiste, montre que le deuxième est également autiste dans 60% des cas s’il s’est développé dans le même placenta. Mais s’il y avait deux poches, le deuxième jumeau n’est autiste que dans 11% des cas.

L’autisme ne « casse » pas le cerveau mais le « bloque ». Si l’on trouve un moyen de « débloquer » le cerveau, on parvient à des résultats spectaculaires.

L’autisme est causé par différents co-facteurs environnementaux et médicaux : pollution de l'air, pesticides, retardateurs de flammes, un terrain fragile, bas niveaux de vitamines, antibactériens dans les savons et métaux lourds.

Aux facteurs environnementaux s’ajoutent des facteurs médicaux : obésité, hypertension ou diabète maternels, infection pendant la grossesse, maladie auto-immune et antibiotiques.

Ces co-facteurs affectent le système immunitaire, les hormones, le sommeil, et d’autres fonctions créant un deficit de communication entre les systèmes du corps humain et une frustration chez l’enfant. C’est un cercle vicieux.

En travaillant sur ces co-facteurs on peut obtenir des résultats remarquables.

La perspective ouverte par le Dr Martha Herbert s’est trouvée confirmée par les travaux du Professeur Luc Montagnier. Son hypothèse est que de nombreuses maladies chroniques, dont l’autisme, sont d’origine bactérienne ou virale. Il a montré que certains ADN de virus ou de bactéries émettent des ondes électromagnétiques. Ces ondes nous permettent de savoir chez un patient s’il est gêné par des agents pathogènes. Et c’est exactement ce que l’on observe chez les autistes : leur plasma sanguin émet des ondes, qui correspondent à celles de bactéries.

Cela explique pourquoi, chez 50% des autistes, les traitements antibactériens donnent des résultats satisfaisants.

Le petit canari

Le chercheur danois Olav Albert Christophersen a publié en 2012 [5] un article intitulé : “Doit-on considérer l’autisme comme un canari en train d’alerte l’homo sapiens qu’il court à sa perte ?” [6]

Il développe une thèse proche de celle de Martha Herbert. Il explique que l’autisme regroupe un ensemble de maladies dont les symptômes se recoupent. Pour lui, les mutations rapides de l’environnement liées aux révolutions industrielles ont une incidence directe sur les organismes vivants dont les humains. Les polluants en tout genre ont une incidence sur l’ADN humain et le font muter. Les autistes ne seraient en réalité que les premières victimes d’une tendance de fond qui finira par s’étendre à l’ensemble de l’humanité.

L’inquiétude des scientifiques par rapport à l’environnement et la santé n’est pas nouvelle. Dans les années 2000 déjà un rapport de l’ONU, réunissant les avis de 1360 chercheurs, estimait qu’au rythme actuel de destruction des écosystèmes, l’humanité n’aurait pas plus de deux générations à vivre.

Depuis, les alertes se sont multipliées. Nous savons que les substances chimiques injectées massivement dans la nature ont des effets désastreux et durable. Les efforts sont à faire dans de nombreux domaines : agriculture (pesticides, herbicides, OGMs), industrie (peintures, retardeurs de flammes, etc.), cosmétiques, agroalimentaire (additifs, conservateurs, pesticides, etc. Cf l’interview de Gilles-Eric Séralini ici : bâtiment, santé (médicaments, traitements aux hormones etc.) et j’en oublie sûrement. Le chantier, nous le savons, est énorme. Les Chinois dont l’environnement s’est considérablement dégradé ces dernières années commencent à le comprendre.

Sortir de l’autisme

En attendant, il est possible de voir le côté positif de ces découvertes. L’origine bactérienne de la maladie et l’importance des facteurs environnementaux indiquent qu’il est possible de travailler sur le terrain du patient atteint d’autisme.

Sans entrer dans le détail d’une méthodologie qu’il conviendra de définir avec un thérapeute spécialisé, on peut retenir quatre grands axes de travail :

Renforcer le terrain. L’autisme, c’est d’abord un terrain affaibli, manquant de vitamines, de nutriment et généralement intoxiqué ;

Détoxifier le corps. Les études montrent notamment des résultats avec le glutathion. Le glutathion fabriqué par le foie est essentiel pour détoxifier l’organisme. Or, chez les autistes, le niveau de glutathion est nettement plus faible que la normale [7].

Un traitement antibactérien.

Un accompagnement psychologique : dans l’autisme, le patient est soumis à un stress important lié à la frustration qu’il a de ne pas pouvoir communiquer. Les conséquences psychologiques de la maladie méritent donc un traitement approprié.


Bien à vous,

Augustin de Livois

 

N.D.L.R

Contrairement à tout ce qu'on vous raconte l'autisme est une MNT (Maladie Non Transmissible) en l'occurrence une maladie liée essentiellement à l'environnement épouvantable dans lequel nous a plongé la société dite moderne. Ce n'est pas la faute aux mères, ce n'est pas la faute à la génétique, c'est la faute, encore une fois, à la société de merde dans laquelle nous vivons depuis quelques décennies.

De plus, comme les médecins et l'industrie pharmaceutique ne comprennent rien à l'autisme et qu'en ce qui concerne les seconds, il n'y a, pour l'instant, rien à gagner avec l'autisme et tout le monde s'en fout, sauf ceux qui sont concernés bien sûr. Encore une preuve de la collusion des gouvernants avec le fric, l'Etat, notamment français, traite le problème de l'autisme par dessus la jambe, et je reste poli.

Par ailleurs, l'autisme a été confisquée par la psychiatrie et la psychanalyse ! La majorité des crédits publics sont affectés aux hôpitaux de jour et aux psychiatres, qui ne veulent pas reconnaître que l'autisme est une M.N.T et qui, depuis qu'ils ont le "monopole" de cette maladie, n'ont aucunement fait avancer les choses.

600 000 autistes en France et seulement quelques dizaines d'établissements spécialisés dans notre pays! Des parents obligés d'aller en Belgique pour trouver des structures pour leurs enfants. Un scandale de plus.

Pour un étude approfondie de la situation de l'autisme en France je vous conseille la lecture de ce rapport :
13 janvier 2016

L'autisme se cache-t-il dans un pli du cerveau ?

Communiqué de presse du CNRS

Paris, 12 janvier 2016

Des chercheurs du CNRS, d'Aix-Marseille Université et de l'AP-HM ont identifié un marqueur cérébral spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dès l'âge de deux ans. L'anomalie repérée consiste en un pli moins profond au niveau de l'aire de Broca, une région du cerveau spécialisée dans le langage et la communication, des fonctions altérées chez les patients atteints d'autisme. Cette découverte pourrait aider au diagnostic et à une prise en charge plus précoces de ces patients. Elle a été rendue possible par les compétences en traitement d'imagerie médicale de l'Institut de neurosciences de la Timone (CNRS/Aix-Marseille Université) et par l'accès à une cohorte de patients homogène, diagnostiqués très jeunes et ayant tous été évalués selon le même protocole au Centre de ressources autisme PACA. Les résultats de leur collaboration sont publiés le 12 janvier 2016 dans la revue Biological Psychiatry: Cognitive Neurosciences and Neuroimaging.
Les troubles du spectre autistique sont un ensemble de troubles neurodéveloppementaux (autisme typique, syndrome d'Asperger ou encore trouble envahissant du développement non spécifié) qui affectent principalement les relations sociales et la communication. Ils sont associés à un développement anormal du cerveau. Les données récentes en neuro-imagerie suggèrent notamment l'existence d'anomalies dans le plissement du cortex cérébral (la formation des circonvolutions à la surface du cerveau). Cependant, les mesures classiques de neuro-anatomie avaient échoué, jusqu'à maintenant, à mettre en évidence des marqueurs spécifiques de chacune de ces troubles, et notamment de l'autisme typique.

Des chercheurs de l'Institut de neurosciences de la Timone se sont intéressés à un nouveau marqueur géométrique, appelé « sulcal pit ». Il s'agit du point le plus profond de chaque sillon du cortex cérébral. C'est à partir de ces points que se développent les plis présents à la surface du cerveau. Ils sont donc mis en place très tôt au cours du développement, probablement sous influence génétique, ce qui en fait des indicateurs adaptés aux comparaisons entre individus.

A partir de résultats d'IRM, les chercheurs ont observé les sulcal pits chez 102 jeunes garçons âgés de 2 à 10 ans, classés en trois groupes (enfants atteints d'autisme typique, enfants atteints de trouble envahissant du développement non spécifié et enfants dépourvus de troubles du spectre autistique). En comparant les trois groupes, ils ont découvert que, dans l'aire de Broca (une région connue pour être impliquée dans le langage et la communication), la profondeur maximale d'un sillon était moindre chez les enfants atteints d'autisme par comparaison aux deux autres groupes. De manière intéressante, cette atrophie très localisée est corrélée aux performances de communication chez le groupe d'enfant autistes : plus le sulcal pit est profond, plus les compétences en termes de production de langage sont limitées.

Cette anomalie spécifique aux enfants atteints d'autisme pourrait donc constituer un biomarqueur de la pathologie qui pourrait aider à un diagnostic et à des prises en charge plus précoces, dès l'âge de deux ans. En effet, à l'heure actuelle, l'autisme est diagnostiqué sur la base uniquement de signes cliniques, à partir de l'observation des enfants et d'entretiens avec leurs parents et le diagnostic est posé en moyenne à 4 ans et demi en  France.

Cette étude a aussi débouché sur une découverte concernant le développement du cerveau. Alors que l'on pensait que le plissement du cortex était achevé à la naissance, les chercheurs ont observé que certains sillons (les plus superficiels) continuent à se creuser avec l'âge. Et ce, de manière identique chez les enfants atteints d'autisme et chez les autres. La recherche biomédicale peut donc également nous éclairer sur la compréhension des mécanismes du vivant.

sillons

© équipe SCALP / INT

Cartographie de la profondeur des sillons du cortex. En vert : sulcal pits (point le plus profond de chaque sillon). En rouge : localisation de l'anomalie détectée chez les enfants autistes (dans l'aire de Broca).




Références :

Localized misfolding within Broca's area as a distinctive feature of autistic disorder, Lucile Brun, Guillaume Auzias, Marine Viellard, Nathalie Villeneuve, Nadine Girard, François Poinso, David Da Fonseca et Christine Deruelle. Biological Psychiatry: Cognitive Neurosciences and Neuroimaging, 12 janvier 2016. DOI : 10.1016/j.bpsc.2015.11.003

Contacts :

Chercheur CNRS l Christine Deruelle l T 04 91 32 40 36 l christine.deruelle@univ-amu.fr
Presse CNRS l Véronique Etienne l T 01 44 96 51 37 l veronique.etienne@cnrs-dir.fr

 

10 janvier 2016

Une avancée scientifique majeure dans la compréhension de l'autisme

Marion Degeorges / Journaliste | Le 10/01 à 12:03

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Pour la première fois, des scientifiques ont établi un lien entre le comportement autistique et un neurotransmetteur.

Il s’agit d’une découverte importante : certains symptômes de l’autisme proviendraient d’une difficulté à assimiler l’acide gamma amino butyrique, abrégé « GABA ». C’est en tout cas ce qu’affirment des scientifiques d’Harvard et du MIT dans une étude publiée dans la revue Current Biology .

Mais qu’est-ce que le GABA ? Il s’agit du principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. En quelques mots : il empêche les cellules du cerveau de réagir aux informations reçues par les sens.

Déluge des sens

Et justement, « l’autisme est souvent décrit comme un trouble où toutes les données sensorielles déferlent simultanément », explique Caroline Robertson, la chercheuse principale de cette étude, au site Mother Jones .

Là où la majorité des humains peut très simplement faire abstraction de n’importe quel son ou image dans la vie de tous les jours, ceux atteints d’autisme sont inondés par un déluge d’informations sensorielles qui peuvent transformer leur environnement quotidien en une expérience douloureuse.

L’autisme en chiffres

Aux Etats-Unis, selon les derniers chiffres des Centers for Disease Control, le taux de prévalence de l’autisme serait passé de 1 sur 150 en 2000, à 1 sur 68 en 2010.
Pour la France, la Haute Autorité de la santé retient le chiffre de 1 nouveau-né sur 150 concerné par l’autisme. Mais les spécialistes estiment ce taux largement sous-estimé.

Le rôle du GABA

Pour mener cette étude, les scientifiques ont demandé à un panel de participants de regarder dans une paire de jumelles. A droite, une image, par exemple, un chat ; et à gauche, une autre image, par exemple, une pomme. L’humain est capable de se concentrer sur une image pour délaisser l’autre. Puis inverser.

En fait, le neurotransmetteur inhibiteur GABA permet au cerveau de traiter les informations de façon digeste, plutôt que de tout prendre en compte en même temps. Ensuite, des tests d’imagerie cérébrale ont permis de confirmer une hypothèse : plus les participants réussissaient à traiter correctement les deux images différentes, plus ils avaient un taux de GABA élevé.

Ce qui fait défaut aux personnes autistes

Confrontées à ce test, les personnes autistes ont présenté des difficultés : l’oscillation entre les deux images s’avérait plus lente, et la concentration sur une seule image moins bien dirigée. Ensuite, l’imagerie cérébrale a révélé que les personnes autistes qui étaient meilleures au test, n’avaient pas pour autant un taux de GABA plus élevé que les autres personnes autistes... Ce qui suggère qu’il y a un problème général chez les autistes avec l’assimilation et la gestion de ce neurotransmetteur inhibiteur.

« Ce n’est pas qu’il n’y a pas de GABA dans le cerveau » d’une personne autiste, explique Caroline Robertson, « c’est qu’il y a quelque chose de cassé sur son chemin ». L’espoir est grand, car le GABA inhibe toutes les sortes de simulations sensorielles, pas seulement la vue. Donc en théorie, un médicament qui « sécuriserait » le trajet du GABA dans le cerveau pourrait réduire tous les symptômes sensoriels dûs à l’autisme.

10 janvier 2016

La révolution de l'Epigénétique

Vendredi, 08/01/2016 -
La révolution de l'Epigénétique

Il a fallu presque un demi-siècle entre la découverte de la structure de l’ADN en 1953 et la première cartographie quasi-complète du génome humain en 2001. Grisés par cette extraordinaire avancée scientifique, de nombreux chercheurs ont succombé au début de ce siècle à la « dictature du génome ». Il paraissait en effet raisonnable de penser qu’à partir du moment où l’on connaissait enfin l’emplacement et le rôle des quelque 25 000 gènes qui composent notre génome, on pourrait expliquer et guérir par le seul biais de la génétique et de la génomique la plupart des grandes pathologies qui nous affectent, qu’il s’agisse du cancer, des maladies cardio-vasculaires, des maladies métaboliques ou encore les maladies neurodégénératives, comme Parkinson ou Alzheimer.

Mais depuis une dizaine d’années, les scientifiques sont allés de surprise en surprise et ont découvert que non seulement les mêmes gènes ne semblaient pas du tout fonctionner de la même façon selon les individus mais que la structure même de notre génome pourrait être modifiée, soit de façon transitoire soit de façon permanente, sous l’effet de l’environnement : l’épigénétique était née.

Nous ne rentrerons pas ici dans le détail des mécanismes extrêmement complexes et subtils qui permettent ces modifications plus ou moins profondes, transitoires ou définitives, de nos gènes sous la pression de l’environnement. Rappelons simplement, pour mémoire, que ces modifications peuvent utiliser plusieurs voies, dont les principales sont les modifications des histones, la méthylation de l’ADN et les ARN non codants.

De manière remarquable, il semble qu’une multitude de facteurs environnementaux, activité physique, alimentation, stress, méditation, soient en mesure de transformer, parfois de manière irréversible, non seulement le fonctionnement mais également la structure de certains de nos gènes. Récemment, des chercheurs américains de l'Université d'Etat de l'Oregon ont ainsi montré qu’une consommation régulière d’un composé appelé sulforaphane (présent dans certains choux, dont le brocoli) pouvait activer l’expression d’un gène dit « suppresseur de tumeur » et prévenir ainsi le développement de certains cancers (côlon et prostate). Cette étude est d’autant plus intéressante qu’elle montre également que cet effet épigénétique semble persister assez longtemps même si les sujets cessent de consommer du sulphoraphane (Voir Clinical Epigenetics).

Comme le souligne Susie Mossman Riva, docteur en sciences sociales et chercheuse à la Haute Ecole de Santé La Source à Lausanne, « Il nous appartient de tirer le meilleur parti de notre capital génétique en optant pour une vie saine, axée sur une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une vie sociale intense. »

Il y a quelques semaines, une nouvelle étude a confirmé cette influence de l’environnement sur nos gènes en montrant chez l’animal que les choix de vie des futurs pères pouvaient influer sur la vie de leur descendance (Voir Science).

Ces recherches ont notamment montré que l’administration d’éthanol à des souris mâles affectait les signatures épigénétiques du cerveau de leur progéniture sur plusieurs générations et il est probable que les mécanismes épigénétiques équivalents soient à l’œuvre chez l’homme… 

Au début de l’année 2015, une équipe internationale de recherche a publié les données les plus complètes disponibles à ce jour sur l'épigénome humain. Présentées comme la "première carte exhaustive de l'épigénome d'un grand nombre de cellules humaines", ces données ont été regroupées dans une vingtaine d’études publiées, dans le cadre du programme Epigenomics, dans la prestigieuse revue Nature (Voir Nature).

Ces études ont notamment décrit l'épigénome de 111 types de cellules cardiaques, musculaires, hépatiques, dermatologiques et fœtales. Ce travail rappelle que nos gènes représentent à peine 1,5 % du génome humain. Le reste, appelé « ADN-poubelle » a longtemps été considéré comme sans fonction particulière mais on sait à présent que cet « ADN-poubelle » joue un rôle essentiel, via les mécanismes épigénétiques, dans la régulation de l'activité des gènes. "Il s'agit d'un progrès majeur dans les efforts en cours pour comprendre comment les trois milliards de lettres figurant dans le livre de l'ADN d'un individu peuvent entraîner des activités moléculaires très diverses", relève Francis Collins, chef de l'Institut National de Santé américain (NIH). William Cockson, professeur de l'Imperial College de Londres, estime que "la manière dont les gènes sont lus est sans doute bien plus importante que le code génétique lui-même".

Mais ce qui est vrai au niveau d’un individu l’est également au niveau d’une population, comme vient de le montrer une passionnante étude réalisée par le CNRS et l’institut Pasteur. Dans ce travail, les chercheurs ont essayé de comprendre comment l’espèce humaine parvient à s’adapter à des changements parfois brutaux de son environnement, par exemple en matière de climat, d'habitat ou de mode de vie. 

Ces recherches, dirigées par Luis Quintana-Murci, ont montré que ces différents types de changements des conditions de vie des populations humaines peuvent aussi agir au niveau épigénétique, c’est-à-dire par des modifications modulant l’expression des gènes. Pour mesurer l’influence de l’environnement sur l’épigénome, les chercheurs ont travaillé sur l’analyse comparative de deux populations d’Afrique centrale aux modes de vie et aux habitats différents : les Pygmées, peuple de chasseurs-cueilleurs nomades vivant dans la forêt, et les Bantous, agriculteurs sédentarisés dans des habitats urbains, ruraux ou forestiers. 

Les chercheurs ont notamment comparé le niveau de méthylation génomique de cette population de Bantous des forêts avec celui des Bantous urbains ou ruraux. Ils ont observé que le changement récent d’habitat avait provoqué des modifications de l’épigénome concernant principalement les fonctions du système immunitaire. Les scientifiques ont également comparé les méthylations du groupe de Bantous forestiers avec celles des Pygmées, afin d’étudier l’impact de leur mode de vie sur leur génome. Ils ont alors constaté des différences de l’épigénome, relatives cette fois au développement (la taille, la minéralisation osseuse).

Ces recherches ont finalement permis de montrer que les changements les plus récents de l’épigénome qui affectent l’immunité étaient dépourvus de contrôle génétique, alors que les différences épigénétiques les plus anciennes, que l'on peut qualifier d'« historiques », étaient devenues héritables, stables et transmissibles, ce qui éclaire d’une lumière nouvelle l’apparition de prédispositions aux maladies. En conclusion, Luis Quintana-Murci affirme "Notre étude montre que les changements de mode de vie et d’habitat influencent fortement notre épigénome, et que l’urbanisation a un impact important sur les profils épigénétiques du système immunitaire, ce qui confirme le rôle majeur des changements épigénétiques dans le développement de nombreuses pathologies, maladies auto-immunes, allergies, inflammations..."

L’épigénétique est également en train de bouleverser et d’élargir les grilles scientifiques et conceptuelles de compréhension du cancer. On sait par exemple que la mutation BRCA1 hérité d'un parent est à l'origine d'au moins 10 % des cas de cancer du sein mais on ignore les causes impliquées dans les 90 % de cancer restant. Une étude britannique réalisée l’année dernière (Voir Genome Medicine) s’est intéressée à la méthylation de l’ADN (l’un des principaux mécanismes épigénétiques) de certaines cellules sanguines (leucocytes ou globules blancs) chez 72 femmes porteuses de la mutation BRCA1 et 72 femmes sans mutations de BRCA1/2. En se basant sur l’âge, la survenue de cancer et le statut BRCA1, ils ont pu en extraire une "signature spécifique" des femmes porteuses de BRCA1 sur cet échantillon réduit.

Pour tester leur hypothèse, ils se sont appuyés sur un très grand nombre d’échantillons de sang de femmes, recueillis plusieurs années avant le développement d’un cancer du sein (ces échantillons sont issus de deux grandes cohortes britanniques MRC National Survey of Health and Development and the UK Collaborative Trial of Ovarian Cancer Screening). Résultat : les femmes qui ont développé des cancers non héréditaires se sont révélés avoir la même signature de méthylation d'ADN que les femmes porteuses de la mutation BRCA1. Ce test permet ainsi d’évaluer le risque de cancer du sein et de décès lié à la maladie, plusieurs années avant sa survenue. 

Le Professeur Martin Widschwendter, principal auteur de l'étude, résume les résultats de ces travaux : « Nous avons identifié une signature épigénétique chez les femmes avec une mutation du gène BRCA1 qui a été liée à un risque accru de cancer et un taux de survie réduit. De manière surprenante, nous avons trouvé la même signature au sein de grandes cohortes de femmes sans cette mutation et cette signature était capable de prédire le risque de cancer du sein plusieurs années avant le diagnostic ». Concrètement, ce nouveau type de test épigénétique pourrait être proposé aux femmes à l’âge de la ménopause, puis tous les 5 ans. Il serait alors possible de proposer à chaque patiente des mesures préventives personnalisées, axées sur une surveillance particulière et l’hygiène de vie, pour réduire le risque de ce cancer.

Cette découverte est majeure car elle confirme de manière très solide l’hypothèse selon laquelle l’expression des gènes des cellules immunitaires jouant un rôle important est peut être décisif dans le déclenchement du cancer. Ce mécanisme épigénétique pourrait expliquer l’extinction de certains gènes dans les cellules du système immunitaire, ce qui empêcherait ce dernier de prévenir et de combattre le développement du cancer du sein…

Une autre étude dirigée par Semira Gonseth, à l’Université de Californie à San Francisco et publiée il y a quelques jours dans la revue « Epigénétics » (Voir Taylor & Francis online) a montré, à partir de l’analyse de l’ADN de 347 enfants en bonne santé, que certaines modifications épigénétiques étaient impliquées dans l’apparition d’un cancer du sang très rare chez l’enfant. Cette étude a notamment pu montrer que la consommation de certaines vitamines, notamment l’acide folique (vitamine B9) par les futures mères jouait un rôle essentiel dans le déclenchement de certains mécanismes épigénétiques pouvant prévenir l’apparition de ce cancer du sang. « Il se pourrait que l’acide folique protège l’enfant à naître de modifications épigénétiques défavorables pouvant également provoquer un cancer », précise Semira Gonseth.

Il faut enfin évoquer une étude réalisée en 2013 par une équipe californienne du Salk Institute for Biological Studies en collaboration avec l’Université de Barcelone. Ces travaux dirigés par Joseph R.Ecker ont montré comment l’activation ou l’extinction de certains gènes via la méthylation de l’ADN (l’un des principaux mécanismes épigénétiques) joue un rôle central pendant l’enfance et l’adolescence dans la construction et l’enrichissement du réseau de communication synaptique dans notre cerveau (Voir Medical Xpress).

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont comparé les sites exacts de méthylation dans l’ensemble du génome cérébral à différents âges de la vie, chez des nouveau-nés, des adolescents âgés de 16 ans et des adultes âgés de 25 à 50 ans. Les chercheurs ont découvert qu’il existe une forme de méthylation dans les neurones et la glie dès la naissance. Ils ont également mis en lumière la présence d’une autre forme de méthylation qui semble être à l’œuvre uniquement dans le processus d’interconnexion des neurones qui accompagnent la maturation cérébrale de l’enfant et l’adolescent.

Ces découvertes permettent non seulement de mieux comprendre le mécanisme tout à fait remarquable de plasticité cérébrale qui nous permet d’apprendre et de nous adapter à des situations changeantes tout au long de notre vie mais ouvrent également de nouvelles pistes dans la compréhension des bases biologiques de certaines pathologies psychiatriques qui nécessitent la rencontre d’une prédisposition génétique et d’un ensemble de facteurs environnementaux particuliers.

Comme le souligne Ryan Lister, l’un des chercheurs impliqués dans cette étude, « Le cerveau humain est considéré comme l’objet le plus complexe connu dans l’Univers et nous ne devons donc pas être surpris que cette complexité se prolonge au niveau de l'épigénome du cerveau. Ces caractéristiques uniques de méthylation de l'ADN qui se dégagent pendant les phases critiques du développement du cerveau suggèrent la présence d’un mécanisme épigénétique puissant non seulement nécessaire au bon fonctionnement de notre cerveau mais très probablement impliqué dans bon nombre de pathologies psychiatriques ».

L’ensemble de ces avancées tout à fait décisives dans ce champ scientifique encore largement inexploré de l’épigénétique rend définitivement caduque la vieille opposition scientifique et idéologique entre causes génétiques et facteurs environnementaux, inné et acquis. Nous savons à présent que le pouvoir de nos gènes, s’il ne peut être nié, ne peut être compris et n’a de sens que dans le cadre conceptuel d’une interaction dynamique et permanente avec les innombrables facteurs qui composent notre environnement.

Loin de nous déterminer et de nous réduire à une dimension biologique réductrice et prévisible, nos gènes deviennent paradoxalement le cadre de déploiement de notre liberté. Ils traduisent  l’expression biologique stable mais néanmoins modifiable et adaptable, selon certaines lois qui commencent à être éclaircies, de nos comportements individuels et de notre évolution, à la fois au sein de notre espèce et de nos sociétés humaines, riches de leurs foisonnantes et irremplaçables diversités.

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

26 décembre 2015

Congrès Sortir de l'autisme Paris les 30 & 31 janvier 2016

information publié sur le site dédié

affiche congrès sortir de l'autisme

Recherches & témoignages de pratiques médicales efficaces

Ce premier congrès européen s’adresse aux personnes et aux responsables d’adultes ou d’enfants souffrant d’autisme, ainsi qu’aux médecins et à toute personne intervenant dans le domaine de l’autisme.

Avec un enfant autiste sur 50 aux Etats-Unis, selon les chiffres officiels du Center for Disease Controlet entre 1 sur 100 ou 150 dans la plupart des pays européens, la situation est alarmante. Malgré l’abondante recherche scientifique et de nombreux témoignages encourageants, la prise en charge des troubles médicaux sous-jacents à l’autisme reste largement négligée.

L’objectif : faire connaître les pratiques médicales efficaces

Ce congrès réunira des conférenciers parmi les médecins les plus engagés et les plus expérimentés d’Europe, ainsi que des parents pouvant témoigner de leur expérience.

L’objectif principal est de confirmer l’existence de pratiques médicales efficaces, soutenues par la recherche, pour qu’un plus grand nombre de familles et de praticiens puissent les mettre en œuvre. Ensuite, les points de rencontre et de divergences seront abordés, afin d’éclairer le public quant aux différents choix thérapeutiques existants et de faire progresser la réflexion sur les questions les plus pointues. Enfin, nous souhaitons que cet évènement soit un enrichissement par la rencontre patients-parents- médecins et intervenants, et le départ de nouvelles collaborations efficaces.

Les moyens :

Ce week-end de congrès alternera conférences, témoignages, tables rondes, présentation de livres et d’associations. Il sera enregistré en DVD, afin de poursuivre la diffusion de l’information.

L’esprit :

Pluralité d’opinions, liberté de parole, expériences concrètes et remises en questions forment l’esprit et la force de ce congrès. Les controverses actuelles seront exposées sans tabou et débattues de manière constructive, afin de nourrir une réflexion ultérieure. Une attention particulière sera accordée à la participation du public.

Les organisateurs :

Dr. Olivier Soulier, auteur de la « médecine du sens », spécialisé dans le traitement des maladies chroniques et Senta Depuydt, journaliste, coach et mère d’un enfant sorti de l’autisme, sont tous deux engagés dans la recherche des nouveaux traitements de l’autisme, et la diffusion de l’information et des dernières découvertes en la matière.

25 décembre 2015

Vidéo -> l'épigénétique par Joël de Rosnay

 

Posté par Pierre Perant sur mercredi 17 septembre 2014
Vidéo complète de l'évènement ...

Jacques Attali, Etienne Klein, Joël de Rosnay

Ajoutée le 12 mars 2013

" Comment construire un nouveau futur?"
Débat dirigé par Eric Jouan.
www.universitedelaterre.com

24 décembre 2015

Une défaillance dans la neurotransmission pourrait expliquer l'autisme, selon Harvard

neurotransmission autisme Harvard

Altération de l’action du GABA (à droite).


 
Pour la première fois au monde, des scientifiques de l’université d’Harvard ont établi un lien entre la défaillance d’un neurotransmetteur spécifique et le comportement autiste. Cette découverte pourrait s’avérer cruciale à la fois pour diagnostiquer, expliquer et traiter l’autisme.

La défaillance dans la neurotransmission du GABA pourrait expliquer l’autisme

Pour aboutir à ce constat une équipe dirigée par Caroline Robertson a utilisé le test de la rivalité binoculaire qui force chacun des yeux à recevoir une image différente, contrairement à la représentation cérébrale de la vision qui est une résultante moyenne des images légèrement différentes d’une même réalité perçues par les deux yeux. Les résultats de ce test lui ont permis d’expliquer que les différences de réaction entre un cerveau normal et celui d’une personne autiste sont liées à une déficience d’une voie de signalisation utilisée par l’un des principaux neurotransmetteurs-inhibiteurs cérébraux, à savoir l’acide gamma-aminobutyrique ou GABA.

De l’autisme animal à l’autisme humain : Harvard a franchi le pas

Jusqu’à présent, la théorie des voies de signalisation GABA pour expliquer des cas d’autisme avait été prouvée chez les animaux. En revanche, chez l’homme, il avait été extrêmement difficile d’attester ce rôle du GABA dans les cas d’autisme jusqu’à cette récente découverte.
 
Par ailleurs, Caroline Robertson fait remarquer que l’autisme est souvent décrit comme un désordre qui affecte le traitement des informations perceptives, celles-ci affluant d’un seul coup au cerveau. Dès lors, la piste du neurotransmetteur-inhibiteur est apparue comme essentielle dans les observations cliniques. D’autant plus que les personnes autistes sont également sujettes à des crises épileptiques, la relation entre épilepsie et autisme étant bien connue. Les scientifiques de Harvard ont alors supposé que les crises épileptiques pouvaient être une forme d’excitation cérébrale échappatoire.
 
La découverte de Caroline Robertson et de son équipe suggère également que des tests visuels analogues pourraient être utilisés pour détecter des symptômes d’autisme chez les jeunes enfants de manière à permettre une prise en charge, voire un traitement précoce par les spécialistes.

Nicklas Pélès de Saint Phalle
23 décembre 2015

Autisme : l'appli qui aide les aidants

article publié par Bordeaux 7

Lundi, 21 Décembre 2015 05:00

tsara1

Comment se comporter face à une personne autiste ? Alors que les organismes de prise en charge et d’accompagnement font encore cruellement défaut en France, une équipe bordelaise vient de créer Tsara, un jeu video pédagogique («serious game») qui vise à donner quelques clés sur la façon de se comporter face à des personnes - enfants ou adultes - atteintes de troubles du spectre de l’autisme.

Alors qu’on estime aujourd’hui qu’un enfant sur 150 souffre de troubles autistiques, la question concerne bien plus que les seuls parents : Proches, enseignants, professionnels de santé non spécialistes, collègues de travail...

Entièrement gratuit
Tsara est en fait une appli disponible gratuitement pour le plus grand nombre (ou en version web). Sous la forme de scénarios animés, elle simule des situations courantes dans lesquelles il faut accompagner Adam, un jeune autiste : à l’école, chez le dentiste, dans un magasin... Le tout est présenté de façon ludique, avec des quizz sur les bonnes attitudes à adopter. « Notre objectif est de diffuser les recommandations de bonnes pratiques de manière ludique et facilement lisible. Selon les phases de sa vie, il va être confronté à différentes situations, et son trouble va aussi évoluer », explique Alexanda Struck, du CREAI (Centre Régional d’Etudes, d’Actions et d’Information, en faveur des personnes en situation de vulnérabilité). C’est elle qui est à l’origine du projet, né de son mémoire de Sciences Po Bordeaux consacré en 2012 aux politiques de l’autisme en France. Décidée à approfondir le sujet, elle rejoint le CREAI et propose le projet Tsara.
Les scénarios ont été élaborés avec des groupes d’experts, des centres spécialisés et des personnalités qualifiées. Le développement a été réalisé en partenariat avec deux écoles d’ingénieurs bordelaises. Quant au financement, il a d’abord été assuré par l’ARS (Agence régionale de santé) et le Conseil Régional d’Aquitaine dans le cadre d’un appel à projet sur les serious games. Et récemment, le projet Tsara a été choisi par la Fondation Orange, dont la cause de l’autisme est un des grands domaines d’intervention depuis 1991.

Mécène privé
« Nous soutenons des structures d’accueil, nous aidons à l’équipement, et depuis deux ans nous avons souhaité prendre aussi une inflexion sur le numérique, explique Bruno Aujard, délégué régional de la Fondation Orange. Ce projet nous a convaincu car il permet de s’adresser au plus grand nombre, avec une approche basée plus sur la différence que sur le handicap.»
Pour les porteurs du projet, le soutien de ce mécène privé à hauteur de 150 000€ est une chance immense. Car Tsara est entièrement gratuit pour tous et ne repose sur aucun modèle de rentabilité économique. Une fois lancé dans sa version finale, l’objectif est de le traduire pour pouvoir l’exporter ailleurs dans le monde. Ensuite il faudra le faire vivre, assurer la maintenance... Et pour cela sans doute trouver d’autres soutiens. Mais en attendant, Tsara espère aider le plus de personnes possibles : ses créateurs estiment à 3 millions le nombre d’aidants et personnes plus ou moins directement concernées. La version beta sera mise en ligne en toute fin d’année puis, après les derniers ajustements techniques, une version finale en mars.• S.L

www.tsara-autisme.com

18 décembre 2015

Autisme : des expertes nuancent une étude récente

article publié sur la presse.ca

Publié le 18 décembre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 06h18

Une étude publiée lundi par des chercheurs montréalais qui associe la prise... (PHOTO ARCHIVES, LA PRESSE)

Une étude publiée lundi par des chercheurs montréalais qui associe la prise d'antidépresseurs par une femme enceinte à un risque accru que son enfant soit atteint d'autisme a semé l'inquiétude chez de nombreuses patientes de l'hôpital Sainte-Justine. Or, ces femmes ne courent pas nécessairement 87% plus de risque de mettre au monde un enfant autiste, soutiennent des expertes.

«Je faisais ma clinique de grossesse à risque aujourd'hui et une cliente m'a avoué avoir lu ça et s'être mise à pleurer et se sentir coupable. Elle a arrêté lundi matin ses médicaments après l'avoir lu», s'inquiète Dre Louise Duperron, chef du département d'obstétrique-gynécologie du CHU Sainte-Justine, en entrevue avec La Presse dans l'établissement hospitalier.

Les infirmières de son service ont dû répondre à plusieurs appels de femmes enceintes inquiètes cette semaine, raconte-t-elle. Ce vent de panique au sein d'une «clientèle très fragile» la préoccupe au plus haut point. «Ce n'est surtout pas une raison d'avorter!», martèle la professeure adjointe à la faculté de médecine de l'Université de Montréal.

Il est également crucial que les femmes enceintes inquiètes ne cessent pas leur traitement sans avertir leur médecin, renchérissent Ema Ferreira, vice-doyenne aux études de premier cycle à la faculté de pharmacie de l'Université de Montréal, et la pharmacienne Brigitte Martin, assises à la même table. «[En général], c'est au moins la moitié des femmes qui arrêtent en apprenant qu'elles sont enceintes», déplore Mme Martin.

Cette étude publiée dans le Journal of the American Medical Association se base sur une cohorte de 145 456 enfants québécois nés entre 1998 et 2009. Les chercheurs ont découvert que 0,7% des enfants de cette population générale étaient atteints d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA), contre 1,2% des enfants nés de femmes traitées avec des antidépresseurs pendant les 2e et 3e trimestres de leur grossesse. Cela représente 31 enfants autistes sur 2532 enfants nés dans ces circonstances. Cette proportion augmente toutefois à 1,87 en tenant compte du rapport de risque (hazard ratio). Or, la prévalence des TSA est d'environ 1% selon la communauté scientifique.

Pas de lien causal démontré

Brigitte Martin, responsable du Centre IMAGe, un centre d'information qui étudie les risques liés aux médicaments durant la grossesse, reconnaît qu'il existe un rapport entre la prise d'antidépresseurs et la possibilité d'avoir un enfant autiste. Or, aucune étude n'est encore venue démontrer l'existence d'un lien causal entre ces deux variables. «Qu'est-ce qui fait augmenter ce risque-là? Ici, les chercheurs proposent que ce soit les antidépresseurs. C'est possible, mais c'est très difficile à déterminer avec ces données-là. Mais c'est possible, il ne faut pas écarter cette possibilité. Mais c'est possible aussi qu'il y ait d'autres facteurs et que ce soit un mélange», explique-t-elle.

Selon l'experte, les résultats obtenus ne peuvent pas nécessairement s'appliquer à l'ensemble des Québécoises puisque les 4724 femmes de l'étude traitées par des antidépresseurs durant leur grossesse sont forcément différentes de la population générale. «Pourquoi? Parce qu'elles prennent des antidépresseurs. Mais pourquoi elles prennent des antidépresseurs? Parce qu'elles ont une pathologie sous-jacente. Si vous prenez le tableau qui compare les deux populations, elles sont très différentes en termes de tabagisme, de l'âge maternel et du niveau d'école complété. De prendre des antidépresseurs, c'est une de ces différences-là.»

Selon Brigitte Martin, Ema Ferreira et les deux autres signataires d'une «mise en contexte» publiée hier sur le site web du CHU Sainte-Justine, les chercheurs ont ajusté leurs données pour plusieurs variables, mais pas pour d'autres comme le tabagisme et la prise d'autres médicaments. Ils ont aussi fourni bien peu de données sur les variables génétiques. «Il se peut que les associations trouvées soient le fruit du hasard», soutiennent-ils. Les autres signataires sont Josianne Malo, pharmacienne au Centre IMAGe, et le pédopsychiatre Martin St-André, professeur agrégé de clinique à l'Université de Montréal et au CHU Sainte-Justine et responsable de la Clinique de psychiatrie périnatale et du jeune enfant.

Sollicitée par La Presse hier, une des auteures de l'étude, la Dre Anick Bérard, n'a pas accordé d'entrevue.

9 décembre 2015

Peut-on réellement prétendre guérir l'autisme ?

article publié sur le Huffington Post Québec

Marie Josée Cordeau Headshot

 

Publication: 08/12/2015 10:41 EST Mis à jour: 08/12/2015 10:44 EST

 

En matière d'autisme, on pointe sans arrêt un index accusateur en direction de tout ce qui tombe mollement sous la main droite: les vaccins ROR, le bagage génétique, l'âge du père au moment de la conception, les bactéries intestinales, la pollution environnementale de plus en plus omniprésente, certains agents de conservation alimentaires, quand ce ne sont pas les aliments eux-mêmes qui sont mis au banc des accusés. Mais de réponse claire et affirmée, nous n'en avons toujours aucune à ce jour de la part de la communauté scientifique. D'où vient l'autisme? Où va-t-il? Ce sont autant d'intrigantes questions qui demeurent en suspens...

Surgissent alors des hypothèses variées, multipliées à l'infini, auxquelles on ajoute sporadiquement de nouvelles tendances et variantes. Avec quelques adultes autistes de mon entourage, nous avons également fait notre constat personnel plutôt ludique : plusieurs d'entre nous ont abusé des divins biscuits parsemés de pépites de chocolat durant notre tendre enfance. Peut-être devrions-nous mettre alors en alerte des chercheurs bien intentionnés afin de les aiguiller sur cette singulière piste actuellement non explorée? Je badine, bien entendu...

Cependant, même sans connaître les sources de l'augmentation exponentielle de personnes autistes, déjà, milles et deux thérapies sont proposées sans arrêt aux parents en quête d'une salvatrice solution leur permettant de guérir leur enfant. Est-il bien raisonnable de chercher à soigner à tâtons une condition dont on ignore à peu près tout, tant au niveau de l'origine et dont on peut observer à l'œil nu la diversité des manifestations d'un individu à l'autre? Que ce soit la vitaminothérapie, le régime sans gluten et sans caséine, les traitements énergétiques avant l'âge de 5 ans ou l'exorcisme, rien n'a jamais guéri de manière sûre un autiste. En France encore aujourd'hui, le packing, c'est-à-dire envelopper subitement un enfant dans un drap mouillé à plus ou moins 4°C, est utilisé dans certaines institutions médicales. Il ne manque plus que les saignées aux chevilles et le recouvrement à l'aide de gluantes sangsues et le tour du chapeau sera complété.

J'ai été particulièrement interpellée, il y a quelque temps, lorsque j'ai appris l'existence d'un traitement contre l'autisme disponible sur le marché européen constitué en partie d'eau de javel, à utiliser sous forme de lavement. Est-ce là un nouveau moyen de lessiver les parents gorgés d'espoir, de les blanchir au niveau financier, ou tout simplement, au lieu de tenter d'enrayer l'autisme, de s'en prendre à l'autiste directement? Car tous les moyens, raisonnables ou non, semblent bons pour les marchands d'illusions. Les parents étant bien évidemment prêts à tout faire avec bonne volonté pour mieux armer leur progéniture vers l'autonomie et leur offrir une vie saine et meilleure. Les motivations parentales sont toujours louables. Celles des trouveurs de solutions sont par contre discutables.

Puis il y a le gluten. Ce cher damné gluten. Décriés par certains ennemi numéro 1 à abattre, de nombreux parents ont rédigé au tricot des ans quantité de best-sellers. Ils déclarent que d'enrayer entièrement le gluten du régime alimentaire de leur enfant autiste l'a guéri à tout jamais. Je ne suis pas nutritionniste, c'est bien vrai. Ce que je sais cependant, c'est que de nombreux adultes autistes de ma connaissance ont éradiqué le gluten et la caséine de leur alimentation depuis maintes années. Nombre d'entre eux se sont mieux sentis et ont vu quelques-unes de leurs problématiques reliées à l'autisme s'alléger, tout en demeurant néanmoins actives. D'autres n'ont vu que des améliorations au niveau de leur système digestif. Mais ils sont tous encore bel et bien autistes et ils le confirment sans la moindre hésitation.

Mais comment un parent en arrive-t-il à conclure sans l'ombre d'un doute que son enfant n'est plus du tout autiste? A partir du moment où il parait extérieurement moins anxieux? Quand il développe un comportement plus acceptable au regard de l'entourage? Ou bien lorsqu'il s'ouvre à une certaine sociabilité de prime abord inexistante? Car l'autisme est bien davantage que ce qui est facilement observable. Le comportement n'est que la lilliputienne pointe visible d'un iceberg immense comme le Groenland. Car lorsqu'on me regarde aujourd'hui, en comparaison avec la femme renfermée et agressivement sauvage que j'étais il y a à peine une décennie, on pourrait croire à une miraculeuse guérison spontanée. Mais tout au fond de moi, je suis sensiblement la même personne, avec les mêmes différences sociales, la même manière singulière de penser. Du dehors, il n'y a plus de grands écriteaux fluorescents qui annoncent à une pupille non avertie ma différence. Mais elle est là.

Je ne dis pas que certains traitements n'aident pas à pallier certaines difficultés et à amoindrir des manifestations désagréables de l'autisme. Il est souhaitable de transcender certaines limitations qui bloquent la personne dans un cheminement personnel gratifiant lorsque c'est possible. C'est le même but que pour tout être humain de quelque condition qu'il soit. Le but réel de l'exercice est davantage d'améliorer les conditions de vie de l'autiste et celles de ses proches et c'est donc à chacun de voir le bien retiré par une thérapie ou un régime pour l'enfant comme pour l'adulte autiste. Cependant, je ne crois pas en une guérison totale possible de l'autisme, car l'état autistique n'est pas une maladie. On nait autiste, on meurt autiste. Entre les deux, on fait de notre mieux, comme tout le monde.

Mais qu'en est-il de moi, femme autiste, dotée d'un sens aigu de l'obstination? Oui, je consomme des aliments contenant du gluten, car des tests médicaux ont infirmé une intolérance dans mon cas. J'ai développé des stratégies d'adaptation sociales, je pratique la méditation pour me recentrer et réduire mon anxiété, je suis activement à l'écoute de mes besoins, tout autant que de mes aversions. Je me suis extraite partiellement de l'isolement, mais j'apprécie toujours autant la douce solitude qui n'est pour moi jamais vide et fade. Je tolère plus facilement certaines surcharges sensorielles, mais elles me rongent encore intérieurement par leur abrasive agression, même si je les combats avec ardeur. Et l'aspect rationnel chez moi demeure toujours de garde, en première ligne, devant l'émotivité pure. Car l'autisme et moi, nous sommes ligotés, soudés, amalgamés à la vie, à la mort. J'en ai l'intime conviction, car nous sommes mariés déjà depuis près d'un demi-siècle...

Marie Josée Cordeau est l'auteure du livre Derrière le mur de verre aux Éditions Cornac. Pour suivre les activités et conférences de Marie Josée Cordeau, vous pouvez consulter son site internet.

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