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"Au bonheur d'Elise"
20 octobre 2017

Rapport IGAS sur l'AEEH : en général et en détail

Blog : Le blog de Jean Vinçot

Rapport de l'IGAS sur la PCH. Le point sur quelques aspects : compléments d'AEEH, information, AJPP, PCH, RSA, ASE, retraite, renouvellement des droits,

L'IGAS (inspection générale des affaires sociales) a pondu, comme c'est sa mission, un rapport sur l'AEEH (allocation d'éducation de l'enfant handicapé). Mieux, elle l'a publié. Il est très technique, mais que serait l'IGAS sinon ? Et bien que technique, il est d'excellente facture.

Il rejoint les critiques des associations, de ce que nous rencontrons tous les jours sur le terrain :

  • difficultés à comprendre les différents compléments ;
  • articulation délicate avec la PCH et l'AJPP ;
  • hétérogénéité d'application entre les départements ;

Revue sur quelques points essentiels ou de détail.

Evolution des compléments d'AEEH

Le rapport préconise, en option 1, une séparation entre les compléments qui tiennent compte du recours à une tierce personne (parent ou salarié) et ceux qui tiennent compte des frais.

Cela assurerait une meilleure lisibilité des décisions de la CDAPH et des droits à l'AEEH.

Le rapport propose donc qu'il y ait :

- un complément par rapport à la réduction d'activité des parents (ou à l'embauche d'un salarié) ;

- un autre complément lié aux frais .

Cette proposition me semble simple à mettre en œuvre et de nature à faciliter les décisions des CDAPH et la compréhension de leurs décisions.

L'IGAS propose de rendre le complément lié à la réduction d'activité des parents proportionnel à cette réduction, en supprimant les effets de seuil. C'est tout à fait justifiable et faisable, la question se portant parfois sur 1 % de temps partiel. Il me semble qu'il faudrait aussi que la CNSA diffuse, comme CNAF et CCMSA, des modalités d'appréciation du temps partiel ou de l'absence d'activité. Au niveau des prestations familiales, il y a des règles pour les assistantes maternelles, pour les employés de maison, pour les entreprises n’appliquant pas les 35 heures, pour les tresseurs d'échalottes etc … Par souci de cohérence, il faudrait que les mêmes règles s'appliquent pour les compléments d'AEEH dans les décisions de la CDAPH.

L'information

L'IGAS insiste à juste titre sur la nécessité d'une meilleure information des bénéficiaires potentiels.

Curieusement, elle se plante à deux reprises au moins sur les conditions d'ouverture du droit à l'AEEH. Comme c'est dans des notes en bas de page, il lui sera facilement pardonné.

Note 3 page 13, page 41 note 27: erreur sur les conditions d'ouverture du droit à l'AEEH lorsque le taux de handicap est compris entre 50 % et moins de 80 %. La condition de suivi par un service d'éducation spéciale ou de soins à domicile a été supprimée par la loi de 2005.

Malheureusement, c'est une erreur commune, qui se retrouve sur les sites et dépliants d'information des CAF et MSA !! Depuis longtemps, la CNAF et la CCMSA en ont été averties, mais n'ont toujours pas mis leurs sites à jour, alors que le site service public l'a fait en moins de 3 jours.

L'AEEH peut être attribuée lorsqu'il y a des mesures d'accompagnement (comme l'octroi d'un.e AVS, ce qui est un mode d'entrée très fréquent dans la prestation) ou des soins considérés comme justifiés par la CDAPH.

Voir Post Scriptum

Le rapport reproduit un tableau de la direction de la sécurité sociale sur les montants et conditions d'ouverture du droit à l'AEEH et ses compléments. J'avais fait un tableau semblable pour le site internet de la MSA d'Armorique quand j'y travaillais, mais ce qu'on appelle la rationalisation (que pas une page internet soit différente) l'a fait disparaître. Le webmestre d'Asperansa a fait une page mise à jour tous les ans.

aeeh

Il est vraiment dommage qu'il n'y ait pas d'applicatif disponible permettant aux parents de simuler leurs droits potentiels à l'AEEH, ses compléments, la PCH, l'AJPP et les autres prestations possibles.

Complément d'AEEH, AJPP et PCH aide humaine

Avec beaucoup de mérites, l'IGAS a voulu résumer dans deux schémas les conditions d'attribution de différentes prestations (AEEH, PCH, AJPP).

L'une d'elles a échappé : c'est le complément libre choix d’activité de la PREPARE (pour une enfant de moins de 3 ans), qui est cumulable avec la PCH aide humaine.

Mais l'articulation de l'AJPP avec les autres prestations ne me semble pas complètement décrite.

Page 28 : En effet, dans le cas d'attribution de l'AJPP et de droit à un complément d'AEEH, l'organisme débiteur (CAF ou MSA) compare chaque mois le montant du, et verse la prestation d'un montant le plus élevé. Cela ne pose pas de problème, car c'est automatisable et l’information figure dans les fichiers de l’organisme débiteur.

Par contre, lorsqu'il y a attribution de la PCH aide humaine (ce qui se fait à titre rétroactif), cela supprime le droit à l'AJPP, à titre rétroactif. Outre les problèmes posés par l'absence de compensation légale entre un rappel de PCH payé par le Conseil Départemental et un indu notifié par la CAF ou la MSA – mais qui peut faire l'objet localement d'arrangements - , il peut se faire que l'AJPP soit d'un montant supérieur à la PCH aide humaine. Cela implique donc de ne pas faire de demande de PCH aide humaine tant qu'un droit est ouvert à l'AJPP, et que la MDPH admette ensuite une révision du dossier quand l'AJPP est terminée.

Il serait préférable de permettre au parent allocataire de choisir l'AJPP jusqu'à la fin de la période de droits possibles, et que la PCH aide humaine prenne ensuite le relais (comme le complément d'AEEH).

Je ne suis pas d'accord avec la deuxième option proposée par l'IGAS, conduisant à supprimer l'AJPP pour les enfants handicapés.

Il y aurait ainsi deux régimes pour les personnes en congé de présence parentale : un régime plus favorable s'il s'agit d'une maladie ou d'un accident « provisoire » par rapport à un handicap qui a un caractère plus permanent. Difficilement justifiable.

Mais le premier danger que j'y vois est de dissocier le congé de présence parentale (improprement appelé congé parental ou congé parental d'éducation dans le rapport, alors que ce congé ne concerne que les enfants de moins de 3 ans) de l'AJPP. Sous prétexte que c'est permanent, l'indemnisation devrait être plus faible ?

Que l'AJPP soit relayée par un complément d'AEEH ou la PCH ne pose pas problème. Le premier problème est que le congé de présence parentale (que l'employeur ne peut refuser) n'est pas suivi , au-delà de 14 mois à temps plein ou de 310 jours sur 3 ans, d'autres droits à congé, ce qui entraîne la démission du parent concerné.

Le code du travail prévoit que l'employeur doit prendre en compte les aménagements d'horaires liés aux obligations familiales du salarié, mais c'est une disposition trop floue pour avoir des effets significatifs. Il faudrait que des dispositions, applicables dans toutes les entreprises, soient prévues : si l'entreprise a été obligée de s'adapter pendant 3 ans, elle devrait pouvoir le faire dans les années suivantes.

Quand on compare droit à l'AJPP et à un complément d'AEEH, on constate d'abord que pour l'AJPP, il est fait mention d'un handicap d'une particulière gravité. Quand un médecin-conseil de la CPAM ou de la MSA s'oppose, à titre rétroactif, au versement de l'AJPP, il est possible que c'est sur cette notion qu'il se base, mais on ne peut pas le savoir, parce que ces avis ne sont pas motivés ni communiqués au parent concerné, contrairement aux principes généraux de la motivation des décisions des organismes de sécurité sociale.

L'AJPP a un avantage : elle est très souple à mettre en œuvre. L'allocation peut être versée sans attendre un avis favorable d'un médecin (il y a un délai maximum pour qu'un médecin s'oppose). Alors que la décision de la MDPH prendra beaucoup plus de temps. Et surtout, tant qu'il n'y a pas d'opposition dans les délais d'un médecin de la CPAM ou de la MSA, c'est à la personne de déterminer son temps d'absence (il est beaucoup plus aléatoire de savoir quel complément sera décidé par la CDAPH).

Je ne vois pas d'inconvénient à maintenir le régime actuel concernant l'AJPP, si ce n'est les modalités avec la PCH.

La retraite des parents

La mission IGAS n'a pas voulu se pencher sur le sujet. Page 19 note 18 : il est noté qu'il y a problème sur le complément. A mon avis, c'est le taux de 80 % qui pose problème.

Il faut distinguer majoration de trimestres et AVPF (assurance vieillesse des parents au foyer).

Pour l'AVPF , CAF et MSA doivent verser des cotisations retraite chaque année à la CNAVTS. Les règles ont été assouplies récemment (2011 + suppression des de conditions de ressources de la famille, temps partiel possible). Une condition reste : taux de 80 % de handicap. C'est assez incohérent, car si un complément (au moins de catégorie 2) a été attribué en fonction d'une réduction d'activité d'un parent, il serait logique que ce parent bénéficie d'une cotisation supplémentaire à l'assurance vieillesse (de base, pour les régimes complémentaires, c'est aussi à voir).

A noter aussi que l’affiliation à l'AVPF pour un enfant ou un adulte handicapé se fait à partir du trimestre civil qui suit le moment où les conditions d'attribution sont réunies. Quand l'AEEH est versée pour les périodes de retour au foyer (il y a deux modalités : mois par mois si l'allocataire le demande, ou de façon groupée chaque année), j'ignore comment les organismes font l’affiliation.

Ayant fait ma carrière en MSA, je sais que l'affiliation des parents d'un enfant handicapé n'est pas automatisée, et qu'elle n'est pas réalisée la plupart dfu temps. Il suffirait de comparer par caisse les statistiques de parents d'enfants ayant l'AEEH (avec un taux de 80%) et de ceux qui sont affiliés à l'AVPF à ce titre pour s'en rendre compte.

La mention d'un complément est, elle, prévue pour la majoration de trimestre des parents d'un enfant handicapé. Prises par leur élan, CNAVTS et service Prestations Vieillesse de la CCMSA ont écrit que la condition était remplie lorsqu'il y avait un complément d'AEEH, alors qu'il faut strictement en plus un taux de 80 %. Il faut faire avec cette interprétation – ou plus simplement modifier la loi.

Pour le réexamen des droits à l'AVPF, il ne faut pas hésiter à contacter CAF et MSA pour faire revoir les droits, sans qu'il soit question de prescription. Mais la première démarche est de vérifier auprès de sa caisse régionale vieillesse quels sont les droits inscrits dans son compte individuel.

Pour obtenir des trimestres supplémentaires, à partir du moment qu'un élément de preuve est fourni, les caisses de retraite acceptent des déclarations sur l'honneur sur la période considérée. Contrairement à ce qu'elles disent souvent, MDPH, CAF et MSA ont des archives qui permettraient de prouver le droit : elles sont tenues de répondre, au titre de la loi informatique et libertés et de la loi d'accès aux documents administratifs, si elles ont conservé documents ou fichiers.

PCH, impôts et RSA

Le rapport se prononce, comme l'IGAS l'avait déjà fait, pour que la PCH aide humaine ne soit pas imposable.

Le législateur l'a écrit dans la loi . Mais l’administration des impôts a considéré que cela devenait un revenu de l'aidant familial (qui est le même – son parent - quand elle est versée pour un enfant), et donc un bénéfice non commercial non professionnel

Mieux, elle considère que c'est un revenu du patrimoine, pour la CSG et RDS. D'où l'augmentation de 1,7 % de la CSG prévue l'année prochaine !

Mais l’inventivité de l'administration des impôts est égalée par la CNAF et la CCMSA. Celles-ci, dans la douceur de l'été 2012, ont décidé, sans tambour ni trompette, d'aligner la prise en compte de la PCH aide humaine des enfants sur celle des adultes pour le calcul du RSA.

Depuis 1988 (RMI), il n'est pas tenu compte du complément d'AEEH pour le calcul du RSA. Logiquement, lorsqu'en 2008, il y a eu possibilité d'option entre complément d'AEEH et PCH, cela a été reconduit. Et puis, en 2012, cela a été subrepticement modifié.

Aucune information publique ne le signale pour permettre aux personnes concernées de choisir en conséquence.

Cela se complique avec la prime d'activité : le dédommagement aidant familial n'est pas considéré comme un revenu d'activité par les impôts, par la sécurité sociale, mais il y a application de la pente de 62 % pour le RSA et la prime d'activité !

Une chatte n'y retrouverait pas ses chiots.

Le Conseil d’État a mis les choses au point cette année. On a connaissance d'un référé de tribunal administratif dans le même sens. Mais malgré l'intervention d'un cabinet ministériel, la CNAF continue à donner la consigne de faire prendre en compte la PCH aide humaine pour le calcul du RSA.

AEEH, PCH et ASE

Lorsqu'un enfant est « confié» à l'Aide Sociale à l'Enfance, celle-ci peut demander à la CAF ou à la MSA de percevoir un pro-rata des allocations familiales concernant cet enfant. Elle ne peut pas demander de percevoir d'autres prestations familiales que ces allocations.

Si la famille a conservé des « liens affectifs », elle conserve le droit aux autres prestations. Le but est de faciliter les liens entre l'enfant et sa famille d'origine.

Mais une zone de non-droit s'est créée, où chaque organisme décide de verser ou non les prestations suivant sa conception de leur objectif.

Lorsqu'un enfant est pris en charge par l'ASE, il y a notamment deux situations :

  • placement en famille d'accueil (qu'il soit volontaire ou judiciaire);
  • placement en établissement.

Dans le deuxième cas, les règles semblent être claires : versement de l'AEEH pour les périodes de retour au foyer, versement de la PCH établissement.

Dans le premier cas, il me semble que l'AEEH et la PCH doivent continuées à être versées à la famille, en tenant compte néanmoins des règles applicables.

La législation prestations familiales prévoit le maintien des droits aux autres prestations1 lorsque l'enfant garde des liens affectifs. D'autre part, lorsque le parent finance des soins ou autres, on ne peut considérer que l'enfant est pris en charge complètement par l'aide sociale à l'enfance. Dans ce cas, toutes les conditions sont réunies pour le maintien des droits à l'AEEH et à ses compléments.

En théorie pourtant, l'Aide Sociale à l'Enfance doit prendre en charge tous les soins : mais il n'est pas difficile d'imaginer que pour des enfants autistes, elle ne le fasse pas !

A noter le caractère ridicule d'un maintien d'un complément d'AEEH pour les périodes de retour au foyer, en raison des soins pris en charge par les parents – ce qui conduit à ne les indemniser que très partiellement (par exemple 2/7ème des frais).

Sur l'impact d'un placement en famille d’accueil d'un enfant sur la durée d'activité d'un parent, on imagine mal qu'un parent puisse du jour au lendemain retrouver une activité grâce à ce placement, tout en restant disponible pour accueillir de nouveau l'enfant, ce qui est l'objectif premier de l'ASE.

Pour la PCH, cela peut être plus simple. La PCH aide humaine (hors PCH établissement) est versée en fonction du nombre de jours réels dans la famille, les autres éléments de la PCH étant versés pour les parents s'ils assurent les dépenses.

La CNSA aborde aussi la question des droits des familles d'accueil, qui font parfois des choses exceptionnelles !

Pour le dire comme le Président de la République, mettre un enfant en famille d'accueil, c’est foutre le bordel dans les prestations ...

Renouvellement des droits

Il est dommage que les stats des MDPH ne distinguent pas les délais pour l'attribution des premiers droits de ceux pour les renouvellements.

Je rigole d'ailleurs (jaune) d'apprendre que les délais affichés concernent ceux entre le dossier recevable et celui de la décision. Le délai réel est entre l'envoi du dossier et le paiement de la prestation !

Les organismes débiteurs avertissent en général 6 mois avant qu'il faut demander le renouvellement de l'AEEH ou de l'AAH. Cela devrait devenir obligatoire : c'est trop tentant de supprimer cette information, génératrice de courriers ! Les Conseils départementaux devraient aussi le faire, pour la PCH. A moins de confier cette information aux MDPH.

CAF et MSA peuvent maintenir l'AAH en attente d'une décision de la CDAPH. Il est dommage que ce ne soit pas possible pour l'AEEH.

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18 octobre 2017

Accès aux activités dans un centre aéré - Décision du Défenseur des droits 4.7.2017

 

 

18 octobre 2017

11 et 12 janvier 2018 à Paris - Etats généraux de la déficience intellectuelle organisés par l'UNAPEI

 

Actualités - Etats généraux de la déficience intellectuelle - Inscription - Unapei

Actualités - Etats généraux de la déficience intellectuelle - Inscription - Les Etats Généraux de la Déficience Intellectuelle se dérouleront les 11 et 12 janvier 2018 à la Maison de l'UNESCO à Paris. - Pour une société inclusive et solidaire

http://www.unapei.org

 

18 octobre 2017

INTÉGRATION DU HANDICAP EN ENTREPRISE - Guide de bonnes pratiques -

 

 

18 octobre 2017

Observations préliminaires de Mme Catalina Devandas-Aguilar, Rapporteuse spéciale de l'ONU, suite à sa Visite en France

 

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article publié sur le site de l'ONU

Observations préliminaires de la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Catalina Devandas-Aguilar au cours de sa visite en France, du 3 au 13 octobre 2017

Paris le 13 octobre 2017

Mesdames et Messieurs,
Membres de la presse,

En ma qualité de Rapporteur Spécial des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées, je conclus aujourd’hui ma première visite officielle en France, laquelle a eu lieu du 3 au 13 octobre 2017. Je suis experte indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme et l'Assemblée Générale des Nations Unies pour formuler des avis sur les avancées, opportunités et défis rencontrés dans la mise en œuvre des droits des personnes handicapées dans le monde entier.

J’aimerais, pour commencer, remercier chaleureusement le Gouvernement français de son invitation à visiter son pays afin d’évaluer, dans un esprit de dialogue et de coopération, le degré de réalisation des droits des personnes handicapées, ainsi que les opportunités et difficultés existantes. Je le remercie également pour la transparence, l’ouverture et l’excellente coopération dont j’ai bénéficié en amont et au cours de mon séjour. Je tiens, en particulier, à exprimer ma reconnaissance à la Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargée des personnes handicapées, ainsi qu’au Secrétaire Général du Comité Interministériel du Handicap (CIH), chargé de coordonner ma visite.

Je remercie particulièrement toutes les personnes handicapées, et les organisations qui les représentent, d’avoir bien voulu me rencontrer. Merci notamment aux personnes autistes et aux personnes avec handicaps psychosociaux qui m’ont transmis leurs difficultés, préoccupations et désirs de changement.

Au cours de ma visite, je me suis entretenue avec de nombreux hauts fonctionnaires du Gouvernement et représentants d’administrations diverses : départements et collectivités territoriales, Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), le Défenseur des Droits (DDD), certaines institutions administratives indépendantes (CGLPL, CSA), diverses organisations de de personnes handicapées ou œuvrant en faveur de celles-ci, ainsi que des prestataires de services. J’ai visité, à Lyon et Avignon, deux centres hospitaliers équipés de services psychiatriques et autres pour personnes handicapées, l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture de Police de Paris, un institut médico-éducatif à Lyon, un collège avec des pratiques inclusives à Paris et un projet de logement inclusif à Marseille.

Je vais maintenant vous présenter quelques observations et recommandations préliminaires fondées sur les informations officielles portées à mon attention. Ces conclusions seront développées plus en détail dans un rapport que je présenterai à Genève lors de la 40ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en mars 2019. Ces observations préliminaires ne constituent pas une liste exhaustive des problématiques portées à mon attention ou des mesures prises par l’Etat français dans le domaine du handicap.

Cadre juridique et d'orientation

A l’échelon international, la France a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) et son Protocole facultatif en 2010, ainsi que tous les autres traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, à l'exception de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles. J’engage la France à ratifier cette Convention, ainsi que le " Traité de Marrakech visant à faciliter l’accès des aveugles, des déficients visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture des textes imprimés aux œuvres publiées ". J’invite également l’Etat français à envisager le retrait de sa déclaration interprétative s’agissant des articles 15 et 29 de la CDPH.

En mars 2016, la France a soumis son premier rapport d’Etat au Comité des droits des personnes handicapées, qui l’examinera prochainement. La France a fait l’objet d’examens récents auprès du Comité des droits de l’homme (2015) et du Comité des droits de l’enfant (2016), qui ont formulé des recommandations spécifiques concernant les droits des personnes handicapées. En 2013, le pays a été évalué au titre de l’examen périodique universel, notamment en matière de handicap, et sera soumis à une nouvelle évaluation en janvier 2018. La France a adressé aux procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme une invitation permanente à se rendre sur son territoire et accueille régulièrement la visite d’experts indépendants.

A l’échelon régional, la France a ratifié la Convention européenne des droits de l’homme ainsi que d’autres traités relatifs aux droits de l’homme adoptés par le Conseil de l’Europe. La France est liée par la Stratégie du Conseil de l’Europe sur le Handicap 2017-2023 et par la Stratégie 2010-2020 de l’Union Européenne en faveur des personnes handicapées. L’article 55 de la Constitution française consacre la primauté sur le droit national des conventions internationales, notamment la CDPH, qui sont directement mobilisables devant les tribunaux.

Le cadre législatif et normatif français en matière de handicap repose sur la " Loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ". La France a accompagné l’adoption de cette loi, antérieure à la CDPH, de mesures visant à favoriser l’accès des personnes handicapées à l'information et à la communication, à la protection sociale, la santé, l’emploi et l’éducation. Cependant, cette législation n’est pas pleinement conforme à la CDPH. A titre d’exemple, la définition du handicap au titre de la Loi de 2005 ne correspond pas à la Convention et nécessiterait d’être révisée. De plus, cette loi ne reconnaît pas le droit à des aménagements raisonnables.

Malgré ce cadre, comme je l’expliciterai tout à l’heure, je constate avec préoccupation que certaines dispositions ne sont pas conformes à l’article 12 de la CDPH, qui reconnaît la pleine capacité juridique des personnes handicapées. C'est le cas, notamment, du Code Electoral, du Code Civil et de la loi sur la santé mentale. Je souhaite encourager les autorités législatives compétentes à entreprendre un examen global de leur cadre normatif afin de finaliser le processus d’harmonisation juridique, conformément à l’article 4 de la CDPH.

L’Etat-providence constitue en France une tradition séculaire, qui imprègne ses politiques d’action et de protection sociale, lesquelles reçoivent des moyens financiers et humains considérables. Ces dernières années, le Gouvernement s’est attaché à redresser les inégalités d’accès aux différents droits de l'homme pour les personnes handicapées, par l’adoption de lois, d’orientations, de programmes et d’initiatives publiques. Tout récemment, le gouvernement du Président Macron s’est engagé à faire des droits des personnes handicapées une priorité de son quinquennat. A titre d’exemple, le poste de Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées a été rattaché au Premier ministre, et le Comité Interministériel du Handicap a récemment adopté une feuille de route sur le handicap assortie d’objectifs clés pour les cinq prochaines années. Les consultations sur le 4ème Plan Autisme ont démarré et une Conférence Nationale du Handicap est prévue pour 2018.

Si je me réjouis de ces évolutions positives, j’engage les autorités françaises à s’assurer que toute politique publique, notamment en matière de handicap, adopte une approche fondée sur les droits de l’homme. L’objectif est de faire tomber les obstacles qui empêchent la participation pleine et effective des personnes handicapées sur la base de l’égalité avec les autres.

Mise en œuvre et suivi de la CDPH

L’adoption d’une feuille de route nationale du handicap constitue une avancée notable, qui devrait s’assortir d’une politique globale nationale en la matière, d’un calendrier de référence, de plans d’action effectifs à l’échelon départemental et territorial, ainsi que de mesures fiscales et budgétaires. Il faudrait avant tout renforcer la coordination entre les ministères compétents chargés de généraliser et de mettre en œuvre les dispositions relatives au handicap au sein de leurs propres institutions. Cela nécessiterait, notamment, de nommer sans plus attendre des référents handicap et accessibilité au sein de chaque ministère, cabinet et département.

Le Gouvernement a désigné le Défenseur des Droits comme mécanisme indépendant chargé du suivi de l’application de la Convention, conformément à son article 33, paragraphe 2, en coopération avec la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, la société civile et le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH).

Collecte de données

De manière générale, je constate un manque cruel de données et de statistiques sociodémographiques ventilées par handicap. A titre d’exemple, le recensement national ne comporte aucune question sur le handicap et la dernière enquête Handicap-Santé remonte à 2008. On m’informe également que les données relatives aux personnes autistes en France sont limitées, voire inexistantes, ce qui permet difficilement d’alimenter la conception d’orientations et de solutions appropriées fondées sur les droits.

Réflexions d'ordre général sur le cadre et la prise en charge actuelle du handicap

Durant mon séjour, de nombreux interlocuteurs chargés du handicap ont exprimé leur point de vue selon lequel les personnes handicapées devraient bénéficier de services spécialisés distincts, notamment dans le cadre d’établissements résidentiels, de façon à leur fournir les meilleurs soins, les protéger de toute atteinte, stigmatisation ou discrimination éventuelles, et assurer leur sécurité en compagnie de leurs pairs handicapés. Conformément à ce point de vue, les tentatives actuelles pour répondre aux besoins des personnes handicapées sont extrêmement spécialisées, isolées et cloisonnées. L’accent est mis sur la déficience de l’individu et non pas sur la transformation de la société et de l’environnement pour assurer des services accessibles et inclusifs ainsi qu’un accompagnement de proximité.

Non seulement ce type de réponses isolées perpétue la méprise selon laquelle les personnes handicapées seraient " objets de soins " et non pas " sujets de droits ", mais il accentue leur isolement face à la société et entrave et/ou retarde les politiques publiques visant à modifier l’environnement de façon radicale et systématique pour éliminer les obstacles, qu’ils soient physiques, comportementaux ou liés à la communication.

A mon sens, la France doit revoir et transformer son système en profondeur afin de fournir des solutions véritablement inclusives pour toutes les personnes handicapées, assurer une gestion et une répartition plus efficaces des ressources, et permettre un accompagnement et des services spécialisés de proximité sur la base de l’égalité avec les autres. Pour prendre ce virage, la France doit faire siens l’esprit et les principes de la CDPH, en adoptant une politique du handicap fondée sur les droits de l’homme. Cette démarche devrait imprégner tous les programmes, orientations, stratégies et solutions à tous les niveaux, du local au national, de façon à transformer la société dans son ensemble et rendre tous les droits de l'homme inclusifs et accessibles aux personnes handicapées.

Au cours de ma visite, j’ai constaté un besoin urgent de renforcer les capacités du Gouvernement, de la fonction publique, des prestataires de service et de la société civile, à mettre en œuvre la CDPH. Il est également urgent de lancer une campagne de sensibilisation à grande échelle sur une politique du handicap fondée sur les droits. La majorité des autorités publiques et prestataires que j’ai rencontrés se réfèrent d’office aux dispositions de la Loi du 11 février 2005, et ne sont pas informés des dispositions novatrices de la CDPH. De plus, comme indiqué ci-dessous, il est essentiel de prendre directement en compte la voix et l’avis des personnes handicapées, lesquelles sont insuffisamment représentées dans les processus décisionnels actuels.

Accessibilité de l'environnement physique, de l'information et de la communication

Durant mon séjour, j’ai pu constater que les infrastructures publiques et privées ainsi que les transports en commun ne sont toujours pas entièrement accessibles aux personnes handicapées. Il existe de fortes disparités entre les régions. L’adoption d’une série d’amendements à la Loi de 2005 a, de facto, repoussé de quelques années l’échéance initiale de 2015 pour l’obligation d’accessibilité totale des transports et infrastructures. Certaines dérogations sont même prévues dans un cadre privé. J’ai reçu de nombreuses plaintes de personnes handicapées pour qui les déplacements et l’accès aux services de base comme la santé constituent un véritable défi au quotidien. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 sont l’occasion idéale de rendre la capitale pleinement accessible à toutes les personnes handicapées. Cependant, les actions dans ce domaine doivent s’étendre au pays tout entier, y compris les Départements et Régions d'Outre-Mer. J'exhorte le Gouvernement à accélérer et finaliser dès que possible le processus de transformation de l’environnement physique.

S’agissant de l’accès à l’information et à la communication, je me réjouis des efforts déployés par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour introduire le sous-titrage et l’audiodescription sur les chaînes de télévision nationales, qu’elles soient publiques ou privées. On m’informe également que les journaux télévisés sont proposés en langue des signes française (LSF) plusieurs fois par jour. Malgré cette reconnaissance officielle, il est préoccupant de constater un usage très limité de la LSF sur le terrain, notamment dans les services de base. De plus, les campagnes de sensibilisation essentielles, qu’il s’agisse de la prévention du cancer et des maladies transmissibles, de santé publique ou de droits reproductifs, ne sont généralement pas accessibles à l’ensemble des personnes handicapées, notamment aux personnes sourdes-aveugles, autistes ou avec handicaps intellectuels. L’usage de technologies alternatives et augmentatives demeure extrêmement limité. Je suis aussi préoccupée que, en raison du développement des technologies de l’information et de la communication tels que les lecteurs d’écran, l’usage et l’enseignement du Braille est de moins en moins répandu, ce qui crée un risque d’analphabétisme parmi les personnes aveugles.

Protection sociale

La France consacre des moyens financiers et humains conséquents aux services et programmes de protection sociale destinés aux personnes handicapées. Son système de protection sociale couvre un large spectre de prestations contributives ou non-contributives, telles que l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) et la Prestation de compensation du handicap (PCH). La MDPH est responsable de l’évaluation et de la détermination du handicap, du développement du plan personnalisé de compensation et d’accompagnement, ainsi que du soutien financier pour l’accès aux services.

Au cours de ma visite, j'ai pu constater la complexité et l’éclatement extrêmes du système français de protection sociale. D’une part, l’abondance de prestations, services et structures est telle qu’il est difficile pour les personnes handicapées de s’y retrouver. D’autre part, le fort cloisonnement des différentes mesures, et leurs chevauchements fréquents, empêchent une gestion efficace des ressources et l’offre de solutions appropriées aux besoins des personnes handicapées. Lorsqu’une lacune est identifiée, le système réagit par la création de nouveaux services plutôt que d’intégrer l’offre existante ou d’étendre son maillage. Ceci ne facilite guère la coordination entre les différents acteurs, malgré les tentatives pour transformer les Maisons Départementales des Personnes Handicapées en guichets uniques pour tous les services. De plus, près de 90% des établissements et services sont gérés par des associations à but non lucratif, avec un minimum d’orientations et directives publiques. La majorité de ces associations privilégient des solutions de placement en institution plutôt que l’inclusion et la vie en société.

Si je me réjouis de l’investissement social croissant consenti par l’Etat français et du regain d’attention portée aux personnes handicapées, je souhaite recommander une simplification du système actuel de protection sociale afin de fournir aux personnes handicapées un accès de proximité aux services, dispositifs et autres formes d’accompagnement dont elles ont besoin. Surtout, le système français de protection sociale doit remplacer son approche paternaliste d’isolement des personnes par des mesures favorisant une citoyenneté active, l’inclusion sociale et la participation à la collectivité.

 

Education

La Loi du 11 février 2005 et le Code de l’Education reconnaissent le droit de chaque enfant à une éducation inclusive et ont permis la mise en œuvre de mesures pour améliorer l’accès des enfants handicapés à l’enseignement général. D’après les données du Ministère de l'Education Nationale, il y avait en 2016 quelque 300,000 enfants handicapés inscrits dans des établissements du premier et du second degré, dont 87,840 bénéficiaient du soutien d’une Unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS), et 137,600 enfants d’une Auxiliaire de vie scolaire (AVS). D’autres enfants handicapés bénéficient de l’accompagnement d’associations à but non lucratif telles que le Service d’éducation spéciale et des soins à domicile (SESSAD). Quelque 81,000 enfants supplémentaires étaient inscrits en Etablissements et services médico-sociaux (ESMS), lesquels sont financés par le Ministère des Solidarités et de la Santé et gérés par des associations à but non lucratif. On m’a également signalé une initiative récente visant à intégrer des enfants autistes dans des classes de maternelle inclusives.

Malgré ces mesures, les enfants handicapés inscrits dans des établissements d’enseignement général sont à butte à de multiples obstacles qui empêchent l’égalité d’accès à l’éducation. En effet, au manque d’infrastructures accessibles s’ajoute l’absence de formation spécialisée pour les enseignants et les AVS, de programmes scolaires adaptés et d’aménagements en salle de classe. De plus, la multiplication des acteurs et associations fournissant un accompagnement scolaire aux enfants handicapés entraîne des chevauchements et un manque de coordination. Afin de surmonter ces difficultés, j’encourage le Gouvernement à changer de politique: au lieu de cibler l’individu en forçant les enfants handicapés à s’adapter au milieu scolaire, je recommande une politique globale de transformation du système éducatif pour assurer un accueil inclusif des enfants handicapés.

Je m’inquiète particulièrement du sort des enfants handicapés placés et isolés dans des établissements médico-sociaux de type résidentiel, où ils ne bénéficient pas d'une égalité d’accès à une éducation de qualité, sans parler des enfants soit disant " sans solution ", qui ne reçoivent aucune éducation. Je constate avec préoccupation l’absence de données officielles sur le nombre d’enfants handicapés exclus du système scolaire. En effet, une fois que l’enfant est envoyé en établissement médico-social, le Ministère de l'Education Nationale n’en assure plus le suivi. J’encourage vivement les autorités à transformer les instituts médico-éducatifs actuels en centres de ressources non résidentiels pour enfants handicapés. De plus, il serait important que l’ensemble des moyens humains et financiers actuels soient placés sous la responsabilité du Ministère de l'Education Nationale.

Je me réjouis de l’engagement fort du Ministre de l’Education Nationale à poursuivre le processus de transformation visant à établir une éducation inclusive. Je salue également son initiative pour engager avec moi un processus de dialogue, de coopération technique et de suivi au cours de cette transformation.

Autonomie et vie en société

Je m'inquiète fortement du très grand nombre de personnes handicapées vivant en établissements en France. Environ 100,000 enfants et 200,000 adultes handicapés résident dans des institutions de toutes sortes. La majorité de ces établissements bénéficient d’aides publiques et sont gérés par des organismes à but non lucratif, notamment des associations de parents. Malgré leur hétérogénéité en termes de taille, d’appellation et d’organisation, ils ont en commun le fait de séparer et d’isoler les personnes de la communauté, violant leur droit de choisir et maîtriser leur mode de vie et d'accompagnement, tout en limitant considérablement leur décision au quotidien.

Malgré ces chiffres, on m’informe que la demande de places en établissements excède l’offre existante. De ce fait, quelque 6,500 Français handicapés, dont 1,500 enfants, bénéficient actuellement de solutions de placement dans des établissements en Belgique, sans que les autorités françaises n'assurent le moindre suivi. La demande toujours croissante de places en établissements traduit une carence quantitative et qualitative en France en matière d’accompagnement de proximité. De même, la société française est peu sensibilisée au droit des personnes handicapées à vivre en son sein en toute autonomie.

J’aimerais insister sur le fait qu’il n’existe pas de " bons établissements " dans la mesure où tous imposent un mode de vie donné, qui entrave la capacité de l’individu à mener une vie décente sur la base de l’égalité avec les autres. Les personnes handicapées, y compris celles nécessitant un fort accompagnement, doivent pouvoir vivre en société et choisir elles-mêmes leur lieu et mode de résidence. Comme en témoigne le programme pilote " Un chez-soi d'abord ", que j’ai pu visiter à Marseille, il est possible de fournir des solutions de logement personnalisées assorties d’un accompagnement de proximité, dans le respect des droits de l’individu, tout en assurant un degré de satisfaction plus élevé et une répartition plus efficace des ressources publiques.

A cet égard, j’exhorte le Gouvernement à adopter un plan d’action concret pour assurer la fermeture progressive de tous les établissements existants et transformer l’offre actuelle de services pour personnes handicapées en solutions d’accompagnement et de logements de proximité. La désinstitutionalisation des enfants handicapés doit constituer une priorité politique et le Gouvernement devrait envisager un moratoire pour suspendre toute nouvelle admission.

Capacité juridique

En France, un très grand nombre de personnes handicapées se voient retirer ou restreindre leur capacité juridique. D’après les données du Ministère de la Justice, il y avait en 2015 quelque 385,000 personnes handicapées mises sous tutelle et 360,000 sous curatelle. Les individus placés sous tutelle ne sont plus en capacité d’exercer leurs droits et nécessitent d'être représentés par le tuteur pour accomplir les actes de la vie civile. Les personnes sous curatelle conservent la capacité d’exercer la plupart de leurs droits mais nécessitent l’assistance ou l’autorisation d’un tiers pour accomplir certains actes civils. Si les principes juridiques de nécessité, subsidiarité et proportionnalité régissent en théorie le recours à ces mesures, on m’informe que les personnes handicapées, notamment les personnes autistes ou celles avec handicap intellectuel et psychosocial, sont placées sous tutelle ou curatelle de façon systématique afin, notamment, de faciliter les procédures d’accès aux prestations sociales ou le placement en institution.

Il est important de souligner que le cadre juridique français pour la protection des majeurs, réformé par la Loi no 2007‑308 du 5 mars 2007, envisage d’autres mesures moins restrictives telles que la sauvegarde de justice, le mandat de protection future, la mesure d’accompagnement social personnalisé, et la mesure d’accompagnement judiciaire. Bien que ces mesures de protection constituent une alternative à la mise sous tutelle ou curatelle, et soutiennent les personnes handicapées dans l’exercice de leur capacité juridique, on m’informe qu’elles sont peu utilisées en raison du manque de formation et de sensibilisation chez les juges, les avocats, les familles et la population en général.

J’aimerais rappeler que l’égalité de reconnaissance s’agissant de la capacité juridique des personnes handicapées constitue une obligation fondamentale au titre de l'article 12 de la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées, qui reconnaît d’une part leur statut de détenteurs de droits et d’autre part leur capacité à agir conformément au droit. En réalité, loin d'assurer leur protection, la mise sous tutelle prive les personnes de leurs droits et entraîne un risque d'abus et d'institutionnalisation. J’exhorte la France à revoir sa législation afin d'éliminer tout régime de prise de décision au nom d’autrui. A la place, toutes les personnes handicapées doivent pouvoir bénéficier d’une prise de décision accompagnée, quel que soit le degré d'accompagnement nécessaire, afin qu'elles puissent décider par elles-mêmes, en toute connaissance de cause.

Privation de liberté et traitement sans consentement

Le droit français permet l’hospitalisation et le traitement sans consentement des personnes avec handicap psychosocial. Le Code de Santé Publique, modifié par la Loi No 2011-803 du 5 juillet 2011, régit les conditions et procédures relatives aux soins psychiatriques sans consentement, que ce soit en ambulatoire ou sous forme d’hospitalisation complète ou partielle, à la demande d’un tiers ou d’un représentant de l'Etat. Le juge des libertés et de la détention doit statuer sur la nécessité de maintenir toute mesure d'hospitalisation complète avant l'expiration d’un délai de douze jours après admission.

Au cours de ma visite, il m’a été rapporté que de nombreuses personnes autistes ou des personnes avec handicap psychosocial font l’objet de soins psychiatriques sans consentement. Il semble également que les occasions de s’opposer à leur hospitalisation soient limitées. En effet, les juges se fient principalement à l'avis des médecins et les personnes handicapées redoutent de rencontrer le juge, n’étant pas suffisamment informées du but de l’entrevue. De ce fait, de nombreuses personnes handicapées demeurent en hôpital psychiatrique pendant de longues périodes. L’absence d’accompagnement de proximité fait que certaines d’entre elles sont, par la suite, placées en établissements de long séjour, où elles finiront leurs vies.

De surcroît, j'ai reçu de graves allégations d’abus et de traitements dégradants à l’encontre de personnes handicapées faisant l’objet de soins psychiatriques sans consentement. On m'a, notamment, signalé des cas d’abus sexuels et psychologiques, le recours à l'isolement et à la contention, la pratique du "packing" pour les personnes autistes et des menaces d’hospitalisation sans consentement émanant du personnel soignant. A titre d'exemple, des personnes recevant un traitement psychiatrique en ambulatoire rapportent l’imposition de couvre-feux et la restriction de leur mobilité sous peine d'hospitalisation forcée. Pourtant, les traitements sans consentement en ambulatoire ne font pas l'objet d'un contrôle judiciaire.

Dans ce contexte, je salue les initiatives portées à ma connaissance notamment le programme " Un chez-soi d'abord ", qui fournit des solutions de logement et d’accompagnement individualisées aux personnes avec handicap psychosocial, ainsi qu’une maison de répit accueillant le même public à Marseille. J’engage le Gouvernement à renforcer son soutien et permettre la montée en puissance de ces initiatives, ainsi que d’autres solutions alternatives de proximité, qui respectent les droits et la dignité des personnes handicapées conformément à la CDPH. De plus, j’exhorte la France à revoir son cadre juridique relatif aux soins psychiatriques sans consentement de façon que toute intervention thérapeutique soit fondée sur un consentement libre et éclairé.

Emploi

D'après les données officielles du Ministère du Travail, le taux de chômage des personnes handicapées est estimé à 18%, soit deux fois plus que la moyenne nationale, et les personnes handicapées en recherche d'emploi sont généralement moins qualifiées et plus âgées que les demandeurs d’emploi non handicapés. La Loi de 2005 impose une obligation d’emploi égale à 6% de l'effectif salarié au bénéfice des travailleurs handicapés. Si le secteur public a presque atteint ce quota (5,17%), ce n’est pas le cas du secteur privé (3,3%).

A cet égard, je me félicite des mesures prises par les autorités pour améliorer l’accès à l’emploi des personnes handicapées, notamment l’adoption d'accords nationaux et de plans régionaux pluripartites, sans oublier l’offre de services d’insertion professionnelle.

Je constate avec étonnement que le concept d’aménagements raisonnables, prévu à l’article 2 de la CDPH, n’est pas reconnu en matière d'emploi. De plus amples efforts sont nécessaires afin d’assurer l'inclusion effective des personnes handicapées sur le lieu de travail, notamment par le biais d'aménagements permettant leur recrutement et leur évolution professionnelle.

Participation des personnes handicapées

S’agissant de la participation aux processus décisionnels, le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) assure la coordination du processus de consultation sur toute mesure liée au handicap. J’ai pris note des efforts déployés récemment par le CNCPH pour rendre ces consultations plus inclusives en y intégrant des organisations de personnes handicapées, en plus des consultations habituelles auprès de prestataires de services et associations de parents représentant leurs intérêts. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer la consultation et représentation directes de toutes les personnes handicapées, notamment dans les zones rurales et Départements et Régions d’Outre-Mer. J’espère que la Conférence Nationale du Handicap prévue en mai 2018 fera preuve d’une meilleure inclusion.

Je souhaite encourager le Gouvernement à favoriser et soutenir la création d’organisations représentant toutes les personnes handicapées, notamment celles présentant un polyhandicap ou un déficit intellectuel, psychosocial ou de développement. En effet, ces personnes ne sont pas représentées par les organisations existantes, ce qui est contraire à l’article 29 de la CDPH. Je trouve préoccupant, cependant, que le CNCPH ne dispose pas de budget d’exploitation permettant d’assurer son bon fonctionnement. De plus, il serait important d’agir en faveur de la participation des personnes handicapées dans la fonction publique. Il faut également renforcer la participation effective des femmes et enfants handicapés au processus décisionnel pour toute décision pouvant les affecter.

S'agissant de la participation à la vie politique, je trouve particulièrement inquiétant le fait que 17% des personnes handicapées mises sous tutelle soient privées de leur droit de vote. L’article correspondant du Code Electoral doit être révoqué (article L5 relatif à la suspension du droit de vote pour certaines personnes sous tutelle). On m'a également signalé que les bureaux de vote et campagnes électorales ne sont pas systématiquement accessibles à l’ensemble des personnes handicapées. J'encourage le Gouvernement à rendre l'intégralité du processus électoral pleinement inclusif et accessible aux personnes handicapées.

Coopération internationale

Conformément à l’article 32 de la CDPH, l'Aide Publique au Développement (APD) française devrait être inclusive et accessible aux personnes handicapées. D'après les informations portées à ma connaissance, ce n'est pas le cas actuellement. Je souhaite encourager le Gouvernement à faire des droits des personnes handicapées une conditionnalité transverse en matière d'APD.

Mesdames et Messieurs,
Membres de la presse,

La France est un pays de traditions fortes et de valeurs démocratiques et républicaines. L'idéal du modèle républicain français " Liberté, Egalité, Fraternité " doit présider à l’inclusion pleine et entière des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie. La politique du handicap en France doit faire sien cet idéal, et fournir à toutes les personnes handicapées davantage de possibilités pour vivre comme elles l'entendent.

J’aimerais conclure en exprimant de nouveau toute ma reconnaissance à l’Etat français pour son invitation. Ma visite m’a permis de mieux comprendre la situation des personnes handicapées en France. Cette invitation officielle, et les informations glanées au cours de mon séjour, indiquent un fort engagement et une volonté politique au plus haut niveau pour assurer la protection et l’effectivité des droits des personnes handicapées en France. Je suis convaincue que le nouveau Gouvernement œuvre dans le bon sens, mais une transformation plus profonde est nécessaire afin d’assurer l’exhaustivité et la pérennité des solutions apportées. J'espère que ma visite et mon rapport seront utiles à la France dans son cheminement futur, et l'aideront à prendre le virage nécessaire pour créer une société véritablement inclusive.

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18 octobre 2017

Les unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS)

 

Scolarisation des élèves handicapés - Les unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS) - Éduscol

Les élèves scolarisés au titre des ULIS présentent des troubles des fonctions cognitives ou mentales, des troubles spécifiques du langage et des apprentissages, des troubles envahissants du développement (dont l'autisme), des troubles des fonctions motrices, des troubles de la fonction auditive, des troubles de la fonction visuelle ou des troubles multiples associés (pluri-handicap ou maladies invalidantes).

http://eduscol.education.fr

 

16 octobre 2017

Selon la rapporteuse de l’Onu, l’État français doit fermer progressivement tous les établissements

Selon la rapporteuse de l’Onu, l’État français doit fermer progressivement tous les établissements
Catalina Devandas-Aguilar, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, engage la France à faire de la désinstitutionnalisation une priorité.

Publié le 16 octobre 2017

La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées dénonce le “système de ségrégation” dont sont victimes, en France, 300 000 enfants et adultes vivant en établissement.

Elle est « les yeux et les oreilles » du Conseil des droits de l’homme à l’Onu. Catalina Devandas-Aguilar, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées vient d’achever une première visite de dix jours en France. Sa mission (1) : évaluer les dispositions prises par l’État pour respecter la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), qu’il a ratifié le 31 décembre 2009.

Reconnaître la capacité juridique de tous

« La Convention dispose d’une primauté sur le droit français », a commencé par rappeler cette juriste de formation à l’occasion, vendredi 13 octobre, d’une conférence de presse pour détailler ses observations préliminaires. Or, une partie de la législation française n’est toujours pas en accord avec ce texte. La loi handicap de février 2005 ne reconnaît pas, ainsi, la capacité juridique pleine et entière des personnes handicapées.

En 2015, 385 000 personnes sous tutelle en France étaient toujours privées de cette capacité, en violation de l’article 12 de la CDPH. « Placer les personnes sous tutelle ne les protègent pas, au contraire : cela augmente les risques d’abus et d’institutionnalisation » a-t-elle souligné.

Trop de personnes en milieu fermé

La question de l’institutionnalisation aura, de fait, été au cœur du travail d’enquête de Catalina Devandas-Aguilar pendant son  séjour. « Extrêmement inquiète » de constater le nombre élevé d’enfants (100 000) et d’adultes (200 000) résidant en milieu fermé, la rapporteuse a engagé l’État à adopter un plan pour fermer progressivement tous les établissements existants.

« La désinstitutionnalisation des enfants devrait être une priorité » a-t-elle estimé. Elle préconise de transformer les IME en centres de ressources non résidentiels. Et de les placer sous le ministère de l’Éducation nationale pour que ces enfants bénéficient d’une éducation.

Ces enfants « sans solution » sont la face cachée d’un autre phénomène : leur situation atteste que, malgré l’augmentation du nombre d’élèves en situation de handicap en milieu ordinaire, « on oblige encore les enfants handicapés à s’adapter à l’école, et non l’inverse. Avec des infrastructures inaccessibles et des enseignants et des AVS peu formés. »

Ségrégation systématique

«La vie en établissement engendre une ségrégation systématique. Par définition, l’institutionnalisation interdit aux personnes l’exercice plein et entier de leurs droits », a martelé Catalina Devandas-Aguilar. Qui constate « l’absence de conscientisation de la société française » sur ce sujet.

La question d’une journaliste est venue confirmer son propos :« La désinstitutionnalisation, notamment pour les personnes polyhandicapées, est-elle possible ? »  « Les éléments de preuve abondent dans tous les pays qui sont en cours de désinstitutionnalisation », a répondu la spécialiste du sujet. Le dispositif expérimental “Un chez-soi d’abord” (Housing first) va dans ce sens, a-t-elle salué.

Toutes les personnes, quelle que soit l’importance de leur déficience, devraient bénéficient de services différenciés ancrés dans la collectivité. Notamment dans le cadre résidentiel. La rapporteuse observe, a contrario, le fort cloisonnement des services spécialisés sur le territoire.

Et ils « se concentrent trop sur les déficiences des individus. Cela perpétue l’image de personnes considérées comme des objets de soins et non des sujets de droits. Ces services doivent épouser l’esprit et les principes de la CDPH. Ce n’est qu’à cette condition que pourra advenir une société réellement inclusive. »

Transformer la vision de la société

Aussi recommande-t-elle de lancer une campagne de sensibilisation à grande échelle. Dans l’objectif de transformer cette image des personnes handicapées dans la société. Elle-même atteinte de Spina-Bifida, la rapporteuse originaire du Costa-Rica s’est néanmoins dite optimiste quant à la volonté du gouvernement de respecter ses engagements vis-à-vis de la Convention.

Et de s’appuyer sur la promesse du président Macron de faire du handicap « la priorité du quinquennat ». « La France est connue internationalement pour être la patrie des droits de l’homme. Elle se doit de veiller à ce que ceux des personnes handicapées soient respectés sur son sol », a-t-elle conclu. Aurélia Sevestre

(1) Son rapport définitif sera remis au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mars 2019.

14 octobre 2017

Boris Cyrulnik, “demi-analyste”, publie la “Psychothérapie de Dieu”

12 oct. 2017
Par Blog : Le blog de Jacques Van Rillaer

Analyse de l’ouvrage “Psychothérapie de Dieu” (Odile Jacob 2017), de Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et « demi-analyste ».
cyrulnik-dieu

Le mot « psychanalyse » désigne des théories et des pratiques fort différentes. On peut parler à ce sujet d’un “capharnaüm” [1]. Toutefois, beaucoup de personnes qui se disent (psych)analystes se réfèrent essentiellement à Freud. Celui-ci déclarait: “Je me trouve autorisé à soutenir que personne mieux que moi ne peut savoir ce qu'est la psychanalyse, par quoi elle se différencie d'autres manières d'explorer la vie d'âme et ce qui doit être couvert de son nom ou ce qu'il vaut mieux nommer autrement” [2]. Il qualifiait Adler, Jung et d’autres dissidents de « demi-analystes » et parfois de “non-analystes” [3].

Boris Cyrulnik, qui se présentait autrefois comme “psychiatre-psychanalyste” [4], se qualifie “neuropsychiatre” dans ce dernier ouvrage. En fait il adhère encore à certaines conceptions freudiennes. Il apparaît, au sens freudien, comme un “demi-analyste”.

Il commence et termine son ouvrage “Psychothérapie de Dieu” (Odile Jacob, 2017) par l’affirmation que Dieu souffre. Il cite Élie Wiesel qui, au retour d’Auschwitz, “a compris que Dieu était souffrant puisque le mal existe” (p. 8). Il conclut à sa dernière page : “Dieu souffre quand le mal existe”. Toutefois, son ouvrage ne traite guère de la façon d’atténuer la souffrance de Dieu ou de faire sa psychothérapie, mais du fait que la croyance religieuse peut avoir des effets thérapeutiques.

La principale thèse centrale de Cyrulnik

Conformément à la tradition freudienne, la plupart de ses explications renvoient au passé, à ceci près qu’il use et abuse du concept mis à la mode par John Bowlby : l’attachement. Ainsi “Dieu est une figure d’attachement” (p.96). Notre attachement à Dieu dépend du type d’attachement dont nous avons bénéficié dans l’enfance. Il y a, dit Cyrulnik, “transfert d’attachement”. Ceux qui ont bénéficié d’un bon attachement sont ouverts à d’autres croyances que celles de leur milieu d’origine. Ceux qui ont eu un développement difficile ont besoin de certitudes et sont fermés à toute autre croyance. La radicalisation des islamistes est due à un mode d’attachement particulier. Le rapport à la femme est une question d’attachement : « La vue du corps d’une femme déclenche chez l’homme qui a acquis un attachement sécure : ”La simple présence d’une femme est un moment de bonheur”. Mais s’il a acquis un attachement insécure, il risque de juger : “Cette femme déclenche en moi un désir qui m’angoisse. Si, par malheur, je me laisse aller à l’immanence sexuelle, cette femme me mènera à la souffrance éternelle” » (p.164). L’autisme : idem. “Il n'y a pas d'autisme initial, comme le soutenaient les psychanalystes, mais au contraire il y a une perception privilégiée de signaux émis par sa figure d'attachement dans une relation intersubjective” (p.233). Le plaisir de retrouver un objet utile ? Une affaire d’“attachement” : “Il suffit de constater le bonheur qu’on éprouve en retrouvant les clés de sa voiture qu’on cherchait depuis une demi-heure. Quel plaisir donne ce rebond d’attachement” (p.203).

D’autre part, Cyrulnik répète à longueur d’ouvrage les bénéfices psychologiques de la religion : donner un sens à la vie, sécuriser, clarifier l’identité, favoriser l’estime de soi, donner une explication cohérente des événements, indiquer la direction du bonheur, donner le sentiment de pouvoir influencer Dieu et donc des événements par des prières et des sacrifices, faire croire qu’il suffit de bien obéir pour aller au Paradis. Pour détailler ces effets, Cyrulnik s’est largement inspiré de l’excellent ouvrage Psychologie de la religion. De la théorie au laboratoire de Vassilis Saroglou et 25 collaborateurs [5], qu’il a l’honnêteté de citer abondamment.

Erreurs factuelles concernant la religion

Parmi les erreurs, celle concernant l’Inquisition est peut-être la plus étonnante. Cyrulnik écrit : “L’Inquisition a été déclenchée en 1066 pour récupérer le Tombeau du Christ volé par les Arabes” (p.198). En réalité, l’Inquisition est un organisme judiciaire ecclésiastique créé pour lutter contre les hérésies. Son règlement a été formulé par le Pape Grégoire IX en 1229, quoique des persécutions et des mises à mort d’hérétiques avaient eu lieu bien avant [6]. Le Dictionnaire historique de la langue française signale que le mot (du latin inquisitio, enquête) apparaît en français vers 1175 et que le sens d’“enquête concernant la foi” date du XIIIe siècle [7]. L’expédition militaire destinée à permettre l’accès à la Palestine, lieu de pèlerinage rendu difficile par les Turcs, est la croisade. La première a été décidée par le Pape Urbain II en 1094 et s’est déroulée de 1069 à 1099 [8].

Cyrulnik n’est pas à une contradiction près. Une cinquantaine de pages plus loin, il écrit : “L’Inquisition a fait cesser les guerres intestines (1231-1233) et a rassemblé la chrétienté” (p.250). En fait, les « guerres intestines » de la chrétienté, loin d’avoir cessé grâce à l’Inquisition après trois ans (!), ont duré des siècles.

Cyrulnik cite (p.262) l’Évangile selon St-Matthieu comme suit: « Quiconque regarde une femme […] a déjà commis l'adultère avec elle » et donne cette référence: « cité in Rauch, p. 25 ». Il met des crochets signalant l’absence de mots. Les connaît-il (il cite l’Évangile de seconde main) ou les a-t-il volontairement éliminés ? Six mots manquent par rapport à la phrase de l’Évangile : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle » (Mt 5 :28). Ainsi, ce qui est évoqué dans l’Évangile, ce n’est pas un péché qui résulterait d’un simple regard, mais le péché par intention ou en imagination.

Affirmations sans références

Cyrulnik donne régulièrement des références : c’est le plus souvent pour des idées banales. Par contre, quand il affirme des choses étonnantes, les références manquent souvent. On se demande alors s’il s’agit de ses propres observations. Exemples :

- « La musique est un outil étonnamment efficace. Le rythme des tambours est une hypnose qui mène les soldats à une mort sans angoisse. Il suffit de marcher au pas cadencé, de ne pas réfléchir, de se laisser emporter » (p.220). « Quand les soldats marchent côte à côte en chantant face à la mort, la peur s'estompe ou se transforme en extase » (p.222). « Sans angoisse… en état d’extase » : les témoignages sont-ils nombreux ? À lire Cyrulnik ce semble serait la règle.

- A propos des « récit collectifs qui mettent de l’ombre à des faits » : « Dans les années d’après-guerre, il n’y avait pas de Juifs à Auschwitz. La religion préoccupait si peu les récits de l'époque qu'il n'y avait, dans ce camp d'extermination, que des Roumains, des Hongrois, des Allemands ou des Français, mais pas plus de Juifs que de Bouddhistes. Le faible souci du sacré dans les années 1945-1960 ne mettait pas en lumière la mémoire religieuse. En revanche, la glorification des héros russes et des résistants remplissait les films, les romans et les
conflits politiques » (p.239s).

De la poudre aux yeux pro-psychanalyse

Cyrulnik écrit : « Un groupe de vingt-quatre dépressions majeures a passé une résonance magnétique avant de se rendre à une série de séances de psychothérapie : l'atrophie du cortex préfrontal était nette et l'amande rhinencéphalique hypertrophiée s'allumait à la moindre émotion. Après quelques mois de travail en psychothérapie, ces dysfonctionnements ont disparu. Mieux même, le gyrus denté, une zone médiane du circuit limbique, était hypertrophié sous l'effet du travail de la réflexion et des émotions associées. Un autre groupe de dépressifs majeurs avait refusé la psychothérapie. Quand, quelques mois plus tard, ils ont accepté de passer un scanner de contrôle, l'atrophie préfrontale et les vives réactions de l'amygdale étaient inchangées. C'est bien le travail psychique qui avait modifié le fonctionnement et la structure de ces zones cérébrales. La vulnérabilité neuro-émotionnelle acquise lors d'un malheur de l'existence avait été remaniée par le travail de la parole. L'exercice qui consistait à, intentionnellement, aller chercher dans son passé des images et des mots pour en faire un récit adressé à un psychothérapeute avait modifié le circuitage [sic] des neurones de ces zones cérébrales » (p. 152s).

Cyrulnik suggère clairement qu’il s’agit ici d’un traitement psychanalytique (« travail de la parole », « rechercher dans le passé … »). Or il n’en est rien. Cyrulnik donne cette référence en bas de page : « Beauregard, M. “Functional neuroimaging studies of the effects of psychotherapy”. Dialogues in Clinical Neuroscience, 2014, 16: 75-81 ». Quand on examine cette référence (ce qui est très facile avec Google Scholar), on constate que la recherche n’est pas de Mario Beauregard, qui n’a fait que la résumer. La recherche a été réalisée par Arthur Brody et al. à l’université de Californie (Los Angeles). Beauregard donne évidemment la référence : « Regional brain metabolic changes in patients with major depression treated with either paroxetine or interpersonal therapy : preliminary findings. Archives of General Psychiatry, 2001, 58: 631–640 ». Le titre de l’article indique clairement qu’il s’agit de « psychothérapie interpersonnelle », ce que d’ailleurs Beauregard a pris soin de souligner dans son résumé. Or ce type de thérapie ne se contente pas de récits du patient au thérapeute et évite précisément les ruminations que constitue « la recherche de mots et d’images dans le passé » [9]. La « thérapie interpersonnelle » est une thérapie courte (dans cette étude-ci, le traitement a duré 12 semaines), qui se caractérise par la centration sur le fonctionnement des relations des patients. Ceux-ci apprennent comment résoudre des conflits interpersonnels, comment développer de nouvelles relations et activités. La démarche s’apparente à celle des TCC [10].

À lire Cyrulnik, on croit que tous les patients sont sortis de leur état dépressif. Brody et al. précisent qu’après 12 semaines il y a eu 38% d’amélioration (évaluée par l’échelle de dépression de Halmilton), c’est-à-dire moins de la moitié ! La façon dont Cyrulnik rapporte la guérison par une thérapie de type freudienne rappelle les contes de Freud sur les résultats de ses traitements. Cyrulnik écrit très joliment, c’est un merveilleux conteur. Sa rigueur hélas est toute « freudienne » [11].

Autre exemple. Cyrulnik écrit : « Le Soi des religieux est facilement “océanique” puisqu’il accède à un au-delà éternel ». Il donne pour référence : « Freud, S. “Le malaise dans la culture” (1927) ». En fait, dans cet ouvrage publié en allemand en 1930 (et non 1927, date de “L’avenir d’une illusion”), Freud relate que Romain Rolland lui a écrit que « la source véritable de la religiosité est un sentiment qu’il appellerait volontiers la sensation de l’“éternité”, sentiment comme de quelque chose de sans frontière, sans borne, pour ainsi dire “océanique” » [12]. Freud ajoute qu’il ne reconnaît pas ce sentiment en lui, mais ne conteste pas qu’il puisse se trouver chez d’autres. Relisons. Freud n’a pas écrit que « le Soi des religieux est facilement “océanique” ». Il disait seulement que, selon Rolland, la source de la religiosité est un sentiment pour ainsi dire océanique. À plusieurs reprises on a l’impression que Cyrulnik a lu Freud en diagonale. Quant à Lacan, on peut se réjouir qu’il semble l’ignorer. Il n’en cite qu’une phrase (sans référence), pour dire une banalité : « Pour un pervers, seule compte la jouissance ».

Thèses freudiennes modifiées ou refusées

« Freud avait dit que Dieu était une figure paternelle. Les psychologues de la religion parlent plutôt aujourd'hui de figures d'attachement qui prennent des formes variables selon la religion, mais qui toutes ont pour fonction de sécuriser et de dynamiser » (p.103).

Freud écrivait : « Ce n'est pas sans de bonnes raisons que la tétée du sein de la mère par l'enfant est devenue le prototype de toute relation amoureuse. La trouvaille de l'objet est, à proprement parler, une retrouvaille [Wiederfindung]. […] l'enfant apprend à aimer d'autres personnes qui lui apportent de l'aide dans son désaide [Hilflosigkeit] et satisfont ses besoins, et cela tout à fait sur le modèle et dans la continuation de son
rapport de nourrisson à sa nourrice » [13]. Cyrulnik pense que « le mot “aimer” nous oriente vers des buts à chaque fois différents : on n'aime pas notre mère comme on aime notre femme, nos enfants, la cuisine ou Dieu. Cette orientation affective universelle organise vers chaque objet une structure différente » (p.55).

On lit avec plaisir la prise de distance à l’égard des Maître-penseurs : “Entre celui qui croit en Dieu et celui qui n’y croit pas, nous pouvons situer celui qui croit aux super-penseurs, comme Marx, Staline, Freud et bien d’autres. Ces hommes jouiraient d’une intelligence surhumaine qui nous permettrait de comprendre la condition humaine, à condition de bien apprendre leurs idées” (p.171).

Par contre, on lit avec stupeur que Cyrulnik prend encore au sérieux ce que Freud a raconté dans Totem et Tabou pour expliquer la genèse de la civilisation et de la religion. Il écrit : « La mémoire du meurtre initial qui a lancé le processus de civilisation persiste à travers les générations » (p.169). Rappelons que Freud avait imaginé que les premiers hommes avaient tué le père primitif, l'avaient dévoré, puis avaient éprouvé de la culpabilité et s’étaient mis à lui obéir. L’effet de ces événements se serait transmis jusqu’à nous. Lacan, en l’occurrence, était moins naïf que Cyrulnik. Il écrivait : « Totem et Tabou, il faut étudier sa composition, qui est une des choses les plus tordues qu'on puisse imaginer. Ce n'est tout de même pas parce que je prêche le retour à Freud, que je ne peux pas dire que Totem et Tabou, c'est tordu » [14].

Généralisations & dichotomisations

Cyrulnik écrit joliment, mais il a le défaut de généraliser et d’absolutiser. C’est notamment le cas quand il caractérise, en les opposant, les croyants et les incroyants. Exemples:

- « Les religieux sont avides de certitudes et de traditions. Pour eux, tout changement est une agression, alors que pour un incroyant, c’est une aventure stressante et amusante, qui donne la sensation d’exister » (p.179).

- « Les incroyants font l'effet d'agresseurs puisque leur simple existence expose au doute qui empêche d'aimer ce Dieu thérapeute dont les désespérés ont le plus grand besoin » (p.67).

- « Les non-religieux n’ont pas de limites à leur empathie, alors que les religieux éprouvent un élan vers leurs frères en religion et un mépris craintif pour ceux qui vivent sans dieu » (p.193).

- « Les sans-dieu acceptent volontiers l'incertitude, ils sont plus autonomes, moins conformistes, aiment la réflexion incitée par le doute, n'emploient jamais le mot “tolérance” puisqu'ils n'ont pas à tolérer la présence d'un autre qui vit simplement avec eux » (p.297).

- « La joie religieuse est dépourvue d'humour. Celui qui éprouve “l’euphorie d'être” s'oriente en souriant vers l'autre, il ouvre ses bras, dit des mots gentils mais ne rigole pas » (p.300).

- « René Girard, le grand anthropologue a théorisé le concept de “désir mimétique”, où tout désir est une imitation du désir de l’autre » (p.236). Soulignons « tout » désir. C’est la thèse de Girard, mais Cyrulnik la reprend naïvement à son compte [15]. Il y a évidemment des désirs par imitation, mais il y en a bien d’autres. Un enfant peut désirer une glace parce qu’il voit un autre enfant en lécher une, mais il peut aussi désirer une glace en voyant un glacier…

 Références

[1] http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1538

[2] Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique. Œuvres complètes. PUF, XII, p. 249.

[3] Lettre de Freud à J.J. Putnam au sujet du conflit avec l’École de Zurich. Cité par M. Borch-Jacobsen & S. Shamdasani (2006) Le dossier Freud. Les Empêcheurs de penser en rond/Seuil, p. 131).

[4] Voir p.ex. son débat avec Onfray sur Le Livre noir de la psychanalyse https://www.youtube.com/watch?v=CrGcl1-CjlM

[5] Préface de Laurent Bègue. Éd. De Boek, 2015, 350 p.

[6] Voir p.ex. Testes, G. et J. (1990) L’Inquisition. Que sais-je ?, 128 p.

[7] Rey, Alain (1992). Dictionnaires Le Robert, vol. 1, p. 1030.

[8] Le Petit Robert 2. Dictionnaire universel des noms propres, 1987, p. 471.

[9] La centration sur le passé, qui caractérise la cure freudienne, favorise de longs trains de ruminations pénibles et dès lors un état dépressif. Voir : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2723

[10] Pour des détails, voir : Cottraux, J. (2011) Choisir une psychothérapie efficace. Odile Jacob, chap. 5. —  http://www.psycom.org/Soins-accompagnements-et-entraide/Therapies/Therapie-interpersonnelle-TIP

[11] Cf. J. Van Rillaer : “Le freudisme : un conte scientifique” (2014) : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2347

[12] Le malaise dans la culture. Œuvres complètes, PUF, XVIII p. 249.

[13] Trois essais sur la théorie sexuelle (1905). Œuvres complètes, PUF, VI, p. 161.

[14] Le Séminaire. Livre XVII. L’envers de la psychanalyse. Seuil, 1991, p. 128.

[15] Sur Girard, voir : Pommier, R. (2010) René Girard. Un allumé qui se prend pour un phare. Kimé, 134p. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1629

Deux sites pour d’autres publications de J. Van Rillaer sur la psychologie, la psychopathologie, l'épistémologie, les psychothérapies, les psychanalyses, etc.

1) Site de l'Association Française pour l'Information Scientifique:  www.pseudo-sciences.org

2) Site de l'université de Louvain-la-Neuve

1° Taper dans Google : Moodle + Rillaer + EDPH

2° Cliquer sur : EDPH – Apprentissage et modification du comportement

3° A la page suivante, cliquer “Oui” à : "Règlement"

ou bien cliquer sur : https://moodleucl.uclouvain.be/course/view.php?id=9996

et cliquer “Oui” à : "Règlement"

13 octobre 2017

Handicap : l'experte de l'ONU ne mâche pas ses mots

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Sans langue de bois, saluant les avancées mais aussi affichant ses inquiétudes, une experte de l'ONU vient d'achever sa 1ère visite en France. Notre pays doit faire de gros efforts pour accorder aux personnes handicapées leur pleine citoyenneté.

Par , le 13-10-2017

« Par définition, un bon établissement n'existe pas », lance l'experte de l'ONU en matière de handicap, nourrissant l'ensemble de son discours d'une volonté farouche d'accorder aux personnes handicapées leur pleine citoyenneté au sein de la société. Elle parle de ségrégation, de non-respect des droits, de privation de liberté mais aussi d'efforts, d'optimisme, d'initiatives vertueuses dans une France « Etat providence qui attribue des ressources importantes aux personnes handicapées ».

Sans langue de bois

Cette femme sans langue de bois qui décortique les avancées comme les retards, c'est Catalina Devandas-Aguilar, la rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées. A l'issue de sa première visite officielle dans notre pays, le 13 octobre 2017, elle rend son rapport préliminaire, qu'elle a présenté au gouvernement le matin même. Celle qui se définit comme « les yeux et les oreilles du Conseil des droits de l'homme » et enquête de manière indépendante, a, durant dix jours, été reçue par les pouvoirs publics mais également des associations de personnes handicapées, des prestataires de services, des établissements, des écoles, des hôpitaux, des logements inclusifs…

10 jours en France

Devant la presse (très peu de médias généralistes et aucune télé), durant une heure, elle fait part de ses « inquiétudes » sur la prise en charge des personnes handicapées en France et déplore qu'elles soient trop souvent perçues comme « des objets de soins et pas de droits ». Pourtant, elle rappelle que la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), ratifiée par la France en 2006, doit primer sur le droit français. « Malgré l'existence d'un cadre juridique », elle se dit « inquiète car une partie de la législation française n'est pas en accord avec cette convention ».

Stop à l'isolement

L'experte bénévole souligne le nombre « très élevé » d'enfants et adultes handicapés résidant dans des institutions où ils se retrouvent isolés du reste de la société. Elle appelle le gouvernement français à lancer « un plan d'action pour fermer progressivement ces institutions et les transformer en services implantés dans la communauté ». Selon elle, une option possible même pour les personnes polyhandicapées. « D'autres pays ont mis en œuvre des processus de désinstitutionnalisation qui fonctionnent », assure-t-elle. Mme Devandas-Aguilar exprime également ses « inquiétudes » sur le manque d'accessibilité des lieux ouverts au public et des transports en commun. « Les jeux Olympiques de 2024 seront une occasion en or de rendre la capitale française plus accessible », a-t-elle estimé en soulignant que les efforts devront également porter sur le reste du pays et sur l'outremer.

Des abus et mauvais traitements

Elle recommande par ailleurs une « simplification » des différentes aides auxquelles ont droit les personnes handicapées, décrivant un système de protection sociale « très complexe » dans lequel il est « très difficile » de se retrouver. Elle encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts pour scolariser en milieu ordinaire davantage d'enfants handicapés et déplore que les personnes placées sous tutelle soient « dépourvues du droit de vote ». L'experte a également mentionné des « abus et mauvais traitements à l'encontre de personnes souffrant de troubles mentaux et pouvant être hospitalisées sans leur consentement ».

Rapport définitif en 2019

Son rapport définitif sera rendu en mars 2019. Ces recommandations ne sont pas contraignantes pour les Etats « mais, lorsque plusieurs organisations en charge des droits de l'Homme insistent dans le même sens, cela donne quand même plus de poids », tente-t-elle de rassurer. Elle se dit néanmoins « optimiste » face à l'effort engagé par le Gouvernement Macron, citant entre autres, le CIH (Comité interministériel du handicap), la concertation autour du 4ème plan autisme et la tenue d'une Conférence nationale du handicap en mai 2018. Le gouvernement va « dans la bonne direction » mais « les changements doivent être plus profonds pour aller vers une société véritablement inclusive », conclut-elle.

Un compte-rendu plus complet sera proposé par Handicap.fr dans les jours à venir…

 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

13 octobre 2017

Sophie Thalmann, l'ancienne Miss France à l'hôpital Brabois de Nancy avec le Rire Médecin

article publié sur le site de France 3

© France 3 Lorraine

© France 3 Lorraine

Par Morgane HeckyPublié le 09/10/2017 à 14:44Mis à jour le 09/10/2017 à 15:39

En France un enfant sur deux est hospitalisé avant l'âge de quinze ans. Le Rire Médecin et ses clowns hospitaliers ont pour mission d’aider ces enfants et leurs parents à dépasser leur angoisse et leur solitude. C'est grâce à près de cent comédiens-clowns professionnels qui interviennent en duo deux jours par semaine dans les services pédiatriques que cet objectif est assuré. Chaque année 80 000 spectacles personnalisés sont proposés dans quinze hôpitaux comme ceux de Tours, Orléans, Marseille ou encore Nancy. 

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© Le Rire Médecin Sophie Thalmann a rejoint ce lundi 9 octobre les équipes de l'hôpital Brabois pour une visite particulière, au plus près des malades. Lorsque l'occasion s'est présentée c'est tout naturellement qu'elle a accepté de passer un moment privilégiés avec les jeunes patients de Nancy, étant elle même maman. Les engagements associatifs de l'ancienne Miss France sont nombreux: elle soutient l'association ELA depuis 1998 et est également la marraine de la manifestation Octobre rose qui vise à dépister le cancer du sein. 

Depuis 2008 le Centre hospitalier universitaire de Nancy - Hôpital Brabois a rejoint le Rire Médecin avec quatre services:

  • Service d’Onco-hématologie pédiatrique et de transplantation médullaire - Pr. Chastagner
  • Service de Réanimation médicale et chirurgicale pédiatrique
  • Service de Neurochirurgie pédiatrique - Pôle Neurologie et cardiologie - Pr Marchal
  • Service de chirurgie orthopédique - Pr. Journeau
12 octobre 2017

La hausse de la CSG ne fera rien perdre aux travailleurs d’Ésat

article publié dans faire-face

La hausse de la CSG ne fera rien perdre aux travailleurs d’Ésat
Pour les travailleurs en Ésat, le gain de pouvoir d'achat ne viendra pas de la baisse des charges salariales mais de la hausse de l'AAH. © Franck Seuret

Publié le 11 octobre 2017

Pour compenser la hausse d’1,7 % de la CSG sur tous les revenus le 1er janvier 2018, la rémunération garantie des travailleurs en Ésat va augmenter d’un montant équivalent. Ils vont aussi bénéficier de la hausse de l’AAH et de la prime d’activité. 

Une baisse par ci, un coup de pouce par là… Au final, la hausse de la CSG devrait être neutre pour les travailleurs d’établissements et services d’aide par le travail (Ésat). Le 1er janvier, la contribution sociale généralisée (CSG), qui s’applique sur tous les revenus (salaires, intérêts, pensions, etc.), va augmenter d’1,7 point, comme Faire-face.fr l’a expliqué dans un précédent article. Pourquoi ? Pour alléger les charges pesant sur le travail.

Un gain de pouvoir d’achat pour les salariés…

Les cotisations sociales payées par les salariés du secteur privé vont en effet baisser de 2,2 points au 1er janvier 2018 puis de 0,95 point en octobre 2018, soit 3,15 points au total. Concrètement, ils ne paieront plus les cotisations chômage (2,4 %) et maladie (0,75 %) (2,4 + 0,75 = 3,15). Pour eux, ce transfert d’une partie du financement de la protection sociale vers la CSG va donc se traduire par un gain de pouvoir d’achat. 260 € par an pour un employé payé au smic selon le gouvernement.

… mais pas pour les travailleurs en Ésat

Pour les travailleurs en Ésat, par contre, l’opération s’avère moins avantageuse. En effet, ils sont déjà exemptés de cotisations chômage. Ils vont donc payer le 1,7 % de CSG supplémentaire sur leur rémunération garantie. Mais ils ne vont pas voir leurs charges salariales baisser de 2,4 %.

Pour éviter que ce basculement ne leur coûte donc plus qu’il ne leur rapporte, le dossier de presse du projet de loi de finances prévoit « la compensation de l’impact de la hausse de la CSG pour les travailleurs handicapés en Ésat ».

« Garantir la neutralité de la mesure. »

Interrogé par Faire-face.fr, le secrétariat d’État aux personnes handicapés se montre plus précis. « Leur rémunération garantie va augmenter d’un montant équivalent à la hausse d’1,7 point de la CSG pour garantir la neutralité de la mesure », explique le cabinet. À la différence des autres salariés du secteur privé, cette réforme ne leur fera donc pas gagner de pouvoir d’achat. Mais au ils n’en perdront pas.

« Nous n’avons pas d’autres éléments rassurants que les engagements pris par la secrétaire d’État, commente Didier Rambeaux, administrateur d’Andicat, l’association nationale des directeurs et cadres d’Ésat. Nous veillerons à leur application dont nous ne connaissons pas encore les modalités concrètes. » Une revalorisation de l’aide au poste, versée par l’État aux Ésat, a toutefois été intégrée à la dotation de l’année prochaine, dans le projet de loi de finances 2018, pour un coût global de 15 millions d’euros.

+ 90 € grâce à l’AAH fin 2019

Par ailleurs, les travailleurs bénéficieront de la hausse programmée de l’AAH, sauf s’ils sont en couple comme l’a déjà expliqué Faire-face.fr. Son montant à taux plein va passer à 860 € le 1er novembre 2018 et à 900 € le 1er novembre 2019. Un célibataire sans autres ressources que sa rémunération garantie va donc voir son AAH augmenter de presque 50 € par mois dans un premier temps, puis 90 € dans deux ans.

À cela s’ajoute la hausse de la prime d’activité à laquelle ils ont droit depuis janvier 2016 : +20 € par mois à partir d’octobre 2018 et une nouvelle hausse est prévue en 2019. De quoi doper leur pouvoir d’achat. Franck Seuret

Combien gagne un travailleur en Ésat ?

La rémunération garantie du travailleur en Ésat doit être comprise entre 55 et 110% du smic net, soit entre 632 et 1 232 €. Une somme complétée par l’AAH différentielle, s’il y a droit. Dans cet Ésat où Faire-face.fr s’est renseigné, les travailleurs à temps plein touchaient 743 € net par mois et 548 € d’AAH, soit 1291 € par mois. S’y ajoute une prime d’activité de 39 € par mois, selon le simulateur de la Caf. Le 1er novembre 2018, leur AAH devrait augmenter de 50 € et leur prime d’activité de 20 €.

12 octobre 2017

Le guide VB-MAPP Evaluation du comportement verbal & programme d'intervention

Guide VB MAPP traduit en français

12 octobre 2017

Les Soeurs Lampions -> Des spectacles pour les enfants, adolescents et adultes en situation de handicap

11 octobre 2017

Allocation adultes handicapés : Sophie Cluzel répond aux associations

Mercredi 11 Octobre 2017 - 13h36

article publié sur Vivre FM

La secrétaire d'état en charge des personnes handicapées, Sophie Cluzel répond aux associations qui dénoncent les conditions de l'augmentation de l'AAH. Dans un communiqué, elle reprend point par point les questions soulevées.

Sophie Cluzel répond aux questions de la presse lors de la réunion du CIH (20 septembre)

 

La secrétaire d'état explique que la revalorisation annoncée à l’issue du Comité Interministériel du Handicap (CIH) du 20 septembre dernier va permettre de porter le niveau de l’AAH à 900 € en deux étapes : le 1er novembre 2018 l'AAH sera portée à 860 €, puis le 1er novembre 2019 elle arrivera à 900 €. Ces deux revalorisations "exceptionnelles" vont compléter les  revalorisations traditionnelles selon le montant de l’inflation qui ont lieu chaque année le 1er avril.

La ministre rappele que "cette revalorisation correspond à une hausse de plus de 11% du montant de l’allocation pour une personne isolée et sans autre ressource".

Le gouvernement a fait ses calculs et conclut : cette revalorisation "va permettre un gain mensuel de 48 € dès la fin 2018.  Fin 2019, le gain mensuel sera porté à 90€." Sophie Cluzel affirme que "c’est l’équivalent de plus d’un 13e mois d’AAH. Il bénéficiera à 876 500 ménages. La mesure représente une dépense nouvelle d’un montant cumulé de 2,5 milliards d’euros d’ici à 2022".

Puis le communiqué du gouvernement répond point par point aux interrogations exprimées par les associations dans un style quesTions/réponses. Il est faux, selon le gouvernement, de dire que "la revalorisation de l’AAH fait des perdants chez les couples". Sophie Cluzel explique : "la revalorisation s’accompagne d’un rapprochement des règles de prise en compte de la situation familiale des bénéficiaires avec celles applicables à d’autres minima : le coefficient multiplicateur du plafond de ressources pour les couples sera fixé à 1,9 au 1er novembre 2018 puis à 1,8 au 1er novembre 2019. Il reste supérieur au coefficient applicable aux bénéficiaires d’autres minimas. Le niveau de ressource garanti aux couples est ainsi stabilisé à 1 620€. Ce niveau est supérieur de plus de 7% au seuil de pauvreté pour les couples (1 512 €)".

"Seuls 7,5% des bénéficiaires de l’AAH en couple ont des ressources au-dessus du plafond de 1 620 € ; leur situation sera strictement inchangée". explique le communiqué de la ministre qui précise : "plus de 155 000 bénéficiaires de l’AAH en couple ont des ressources situées en dessous de ce seuil : ils vont bénéficier pleinement de la mesure de revalorisation".

Et pour preuve le gouvernement prend un exemple : "deux bénéficiaires de l’AAH en couple, sans autre ressource d’existence que ce minima, bénéficieront pleinement de la revalorisation ; elle va représenter un gain mensuel de + 180 €". De même pour un couple de deux bénéficiaires de l’AAH travaillant chacun à mi-temps au smic la revalorisation jouera à plein (+180 €)".

 Autre point de friction entre les associations et le gouvernement: les compléments de ressources. La aussi les associations pointent des pertes de pouvoir d'achat. "Faux" affirme la secrétaire d'état. Les droits des personnes qui en bénéficient aujourd'hui seront maintenus, et les nouveaux modes de calcul ne concerneront que les nouvelles demandes. Et Sophie Cluzel détaille les conditions de cette réforme : "Contrairement à l’objectif de la loi de 2005 qui visait à ne maintenir qu’un seul complément de l’AAH, le bénéfice de l’AAH peut être complété, pour des personnes placées dans la même situation (personnes handicapées qui ont un taux d’incapacité égal ou supérieur à 80% et qui bénéficient d’une allocation à taux plein) par l’un ou l’autre des 2 compléments :

-  un « complément de ressources » de 179 € lorsqu’elles ont une capacité de travail inférieure à 5%. Seuls 6% des bénéficiaires de l’AAH en sont aujourd’hui bénéficiaires.
- par une « majoration pour la vie autonome » de 105 € qui vient, elle, rehausser le niveau des allocations logement de droit commun. 14% des allocataires bénéficient de cette majoration.

La coexistence de ces deux compléments, dont le bénéfice est soumis à des conditions partiellement communes, et qui peuvent, ou pas, s’articuler avec les prestations logement de droit commun, nuit à la lisibilité des dispositifs et concourt à l’engorgement des MDPH par des demandes d’évaluations spécifiques.

Dans une perspective de rationalisation et de simplification, une fusion de ces compléments va être engagée. Elle ne sera pas effective avant le début 2019. Le complément de ressources (CR) qui implique une évaluation particulière de la capacité au travail des bénéficiaires, en sus de l’évaluation de son incapacité, disparaitra. Subsistera la majoration pour la vie autonome (MVA).

En conclusion, le gouvernement rappelle son engagement en faveur des personnes handicapées :

La revalorisation sans précédent de l’AAH permet de renforcer le soutien de la solidarité nationale à ceux qui en ont le plus besoin afin de lutter contre la pauvreté subie des personnes. Elle s’inscrit dans le cadre de la priorité que le gouvernement souhaite accorder au handicap durant tout le quinquennat afin d’améliorer la vie quotidienne des personnes avec handicap. L’ensemble des ministères sont mobilisés dans cet objectif, comme présenté dans le cadre du comité interministériel du handicap du 20 septembre dernier. Ils élaboreront des plans d’action ministériels d’ici à la fin de l’année."

La rédaction

10 octobre 2017

Meuphine, Forum de l'orientation du handicap samedi 14 octobre à Tournan-en-Brie (77)

article publié sur Vivre FM

Mardi 10 Octobre 2017

Invité : Nadine Vallet, présidente de l'association Meuphine, mère d'un enfant en classe CLIS (classe d'intégration scolaire)

00:00

Affiche du forum de l'association du handicap

 

Ils vont handiscuter! Samedi 14 octobre, pour le forum Handi'cap avenir, les familles, les personnes handicapées, enseignants, éducateurs et AVS ont rendez-vous à Tournan-en-Brie (77). Scolarisation, formation, enseignement, tout sera détaillé afin de réfléchir à l'orientation des personnes handicapées.

Contact :

Association Meuphine

Forum de l'orientation du handicap de 10h - 17h30

Entrée libre à la salle des fêtes Claude Santarelli

9 octobre 2017

Samedi 14 octobre à Paris. Autisme : au-delà des clichés

 

Autisme : au-delà des clichés

Quel regard porter sur l'autisme aujourd'hui ? De nombreux clichés demeurent sur ce syndrome neuro-développemental qui débouchent sur un grand nombre de...

https://www.facebook.com

 

8 octobre 2017

LA RUFFINERIE 13-16 octobre : 19e Portes ouvertes des ateliers d'artistes de Montreuil

C'est à la Ruffinerie le nouveau lieu à la mode !

La Ruffinerie du 13 au 16 octobre 2017. L'affiche, en pièce jointe, vous donnera le programme des festivités... Venez nombreux et amenez vos amis !

Affiche Ruffinerie octobre 2018

3 octobre 2017

Lettre ouverte au Président de la République de la Ligue Française des Droits de l'Enfant

 

NOTRE LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

La Ligue française des droits de l'enfant adresse une lettre ouverte au Président de la République Emmanuel Macron afin qu'il prenne les mesures nécessaires pour mettre un terme aux placement abusifs et au harcèlement criminel en réseau qui en découle.

https://www.ligue-francaise-droits-enfant.fr

 

2 octobre 2017

« Plongez En Nos Troubles » webdocumentaire sur la scolarité des enfants TDAH

extrait du site plongez en nos troubles le webdocumentaire "Les enfants avec TDAH vous parlent de leur scolarité"

Le projet

Dernier ajout : 24 septembre.

samedi 16 septembre 2017, par Benjamin Laurent

« Plongez En Nos Troubles » (PENT) est un webdocumentaire sur la scolarité des enfants présentant un Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) produit par HyperSupers TDAH France.

Il s’attache à travers une narration interactive à répondre aux questions :

  • Comment s’exprime le TDAH en classe ?
  • Quelles sont les difficultés liées à l’inattention ?
  • Quelles sont les solutions ?

« Plongez en nos troubles » sera visible gratuitement à l’adresse : www.plongezennostroubles.com

« Plongez en nos troubles » vous invite à suivre le quotidien de Lalie, Jules, Matéo, Mélissa, Alexandre, Lucas, Enzo, Marius, et Bastien, pour nous aider à comprendre ce trouble qui concerne 1 à 2 enfants par classe.
De l’école primaire au lycée, "Plongez en nos troubles" décrit le quotidien de ces enfants avec des entretiens et scènes de vie captées sur « le vif ».
C’est également un outil de formation via sa chaîne thématique dont les vidéos permettent d’informer les parents, les professionnels de l’éducation et de la santé. A travers ces vidéos, les professionnels de santé apportent un éclairage scientifique et une meilleure compréhension des mécanismes en jeu dans le trouble.

Véronique Le Normand est écrivaine. Auteure de nouvelles, de récits de voyages et de romans pour la jeunesse, elle est connue aussi

véronique le normand

sous le nom de Minne, avec lequel elle signe des albums pour les enfants.

Elle vit à Paris et travaille aussi comme tuteur à Ecriture Factory, l’atelier d’écriture en ligne.
Pour en savoir plus, l’écouter et la voir : rendez-vous sur son site :
www.veroniquelenormand.com

 

1 octobre 2017

Création d'unités renforcées d'accueil de transition Autisme | Agence régionale de santé Ile-de-France

 

Création d'unités renforcées d'accueil de transition Autisme | Agence régionale de santé Ile-de-France

Les unités renforcées seront réparties ainsi : - une unité à vocation régionale pour adolescents et jeunes adultes - deux unités pour .

https://www.iledefrance.ars.sante.fr

 

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