la récréation : un temps particulièrement difficile pour un autiste
Je vous propose aujourd'hui un extrait (à base de dialogue) du site "Intégration scolaire et partenariat" de Pierre Baligand qui est révélateur des difficultés que rencontrent les jeunes autistes scolarisés en milieu ordinaire notamment lors des récréations et des repas pris à la cantine. Un site très riche :
http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page788.htm#recreation
Extrait :
Farida |
J'ai eu l'occasion d'observer mon
fils, 4ans, en cours de récréation ce matin. Je l'ai vu s'autostimuler
pendant une grande partie de la récréation (courir sur le côté, sauter, s'allonger au sol, grimacer, se faire taper par d'autres enfants avec des coups de pieds alors qu'il était allongé ,sans réagir...). J'ai beau avoir expliqué l'importance de la présence de l'avs dans la cour de récréation, ils ont du mal à comprendre |
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Je suis donc intervenue en pleine récréation quand mon fils s'est dévêtu (nu
comme un vers). grosse erreur, je l'admets, mais réaction tout à fait naturelle je penses quand on voit son fils se dévetir à chaque fois par difficulté de communiquer, de jouer et par manque d'accompagnement. J'ai incité mon fils à se revêtir seul puis je lui ai demandé de retourner "jouer". Ma place n'étant pas en cour de récréation |
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L'objet de mon mail est de
savoir si vous êtes d'accord avec les nouveaux
conseils que je vais donner au maître et à l'AVS (par exemple) : (...)
faire un emploi du temps visuel avec plusieurs activités (le jeux
du chat et de la souris, le petit train, cache-cache... à proposer en
cours de
récréation pour qu'il ne soit pas livré à lui même... ; faire cesser
toutes auto stimulations immédiatement (mais je crois que ça ils
ont beaucoup de mal a comprendre...). |
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Eleonora |
Je suis instit, vos p'tits tuyaux me paraissent plutôt pas top dur à respecter
pour une équipe péda qui fonctionne bien. Il me semble que normalement dans les
textes, l'avs doit être dans la cours avec l'enfant, c'est sa place. Maintenant, ce sont les instit.
de service dans la cours qui sont responsables, donc normalement c'est eux qui
doivent jeter un oeil tout particulier à votre enfant, avec aide le l'avs...
Donc à partir de là vos propositions font parties des adaptations qui entrent dans le PPS et que l'équipe d'enseignants peut avoir à l'esprit, notamment los de la surveillance des cours de récré. |
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ISP |
La plupart des directives
départementales rappellent d'abord que les AVS n'ont pas vocation à
surveiller une récréation en lieu et place des enseignants. Mais bien entendu, l’AVS a sa place en récréation. La circulaire 203-093 du 11 juin 2003 précise bien, sans mentionner explicitement les récréations, que l’AVS peut être amené à effectuer « des interventions dans la classe définies en concertation avec l’enseignant (aide pour écrire ou manipuler le matériel dont l’élève a besoin) ou en dehors des temps d’enseignement (interclasses, repas, ...). (Circ. du 11 juin 2003 - II). A lui de trouver, avec l’aide des enseignants et des autres intervenants, la bonne distance par rapport à l’enfant, en fonction de l’autonomie de l’enfant, de son intégration dans le groupe etc. |
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Ces temps de récréation ou
d’interclasses sont certainement extrêmement importants et
particulièrement délicats concernant l’intégration sociale. On n’y fait
sans doute pas assez attention. Ils peuvent poser des problèmes
notamment parce que la récréation c’est tout de même un temps de
liberté pour les enfants, ils peuvent jouer à quoi ils veulent, avec
ceux qu’ils veulent. On trpouive ailleurs dans ce site les
observations très judicieuses d’une éducatrice qui accompagnait dans une
école ordinaire les enfants d’un IME. Voir : une éducatrice en récréation Elle notait par exemple que les enfants handicapés, souvent, n’avaient pas été habitués à se retrouver dans un groupe iomportant... Sa conclusion était que l’éducatrice avait un rôle particulier à jouer en récréation… |
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Je reviens aux propositions de Farida à l’intention des institutrices. Ce sont certes des propositions sans doute de bon sens et Eleonora observe qu’elles lui paraissent faciles à respecter et qu’elles pourraient être intégrées dans le PPS. Ce dernier point me paraît capital. L'intervention et les propositions de Farida peuvent peut-être être utiles, une fois, ponctuellement, mais je ne pense pas que ce soit la bonne méthode. Les parents qui viennent donner des conseils aux enseignants pour le bien de leur cher petit sont souvent assez mal écoutés. Il est toujours préférable de suivre les procédures officielles : les conseils passent beaucoup mieux quand ils sont présentés par les professionnels ; l’une des raisons d’être du PPS et des équipes de suivi de la scolarisation, c’est précisément de permettre des échanges école/parents/professionnels. Je conseille donc à Farida de demander ujne réunion de l’équipe de suivi de la scolarisation, qui pourraut être conbsacrée plus spécialement aux récréations, pour faire le point sur la scolarisation de son fils, sur le rôle de l'avs, et pour compléter éventuellement le PPS en ce qui concerne les récréations. | ||
Marie-Christine B. |
Et même pour les enfants habitués à vivre en groupe et au contact social assez ouvert, la récréation est un univers agressif. Surtout au collège. Je pense à mon fils par exemple, qui vient d'entrer au collège en 6e. A chaque récré c'est 800 élèves dans la cour..... Valentin n'est pas un enfant sauvage ou isolé. Malgré tout, la récréation reste un moment difficile à gérer. Il subit les agressions verbales des plus grands qui repèrent dans les petits nouveaux, les plus faibles qui ne sauront pas se défendre (...). | |
Frédéric C. |
Marie christine a raison : les 2 moments délicats à gérer ( pour des AVS ou des professionnels des SESSAD ) : cantine et récréations !! |
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Eleonora |
Ce que vous dites Pierre est tout à fait juste, c'est vrai aussi que les parents sont souvent mal perçus quand ils donnent des conseils, et il est nécessaire de se référer aux indications officielles. Mais après, tout dépend comment on communique avec les enseignants. Les parenst font partie de la communauté éducative et il peut y avoir, non pas forcémement conseils mais échanges de points de vues, les parents ont aussi des choses à apporter. J'ai toujours précédé de cette façon avec les enseignants de mon fils (et avec les parents de mes élèves) , et sa maîtresse de l'année dernière m'a dit que cela avait été très enrichissant... | |
ISP |
Bien sûr, et je ne dis pas le
contraire. Dans mon site j'ai cité quelque part Jean Monnet : "
Rien n'est possible sans les hommes,
rien n'est durable sans les institutions". |
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Francine |
Pour le problème de la récréation, il
existe un ouvrage "Apprivoiser la jungle de la cour de récréation"de
Carole Gray, basé sur le principe des scénarios sociaux, qui peut aider
les parents à parler à leurs enfants de ce temps spécial de la récré,
temps qui devrait permettre une socialisation. Mais en primaire ce n'est rien à côté du collège ! Les pré-ado sont majoritairement très méprisants envers le handicap et en même temps ont honte de parler à un handicapé (surtout s'il est autiste) devant d'autres camarades. |
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Témoignage d'un AVS |
Ex-AVSi, je viens apporter mon témoignage d'accompagnement en cours de récréation de
Collège. Ce temps a effectivement été l'un des plus difficiles à accompagner parce qu'il fallait imaginer un "cadre" qui soit compatible avec l'absence de cadre caractéristique d'un temps de détente pour les jeunes de cet âge. Vient effectivement s'ajouter le regard des autres élèves et l'image qu'ils veulent renvoyer aux copains, le souci de "paraître"étant à cet âge particulièrement marqué. Au cours de mon expérience, j'ai tenté d'établir une complicité avec les autres élèves, sans pour autant tomber dans la camaraderie : un dosage complexe et à affiner chaque jour ! Vous dire que cela a été un franc succès serait mentir mais j'ai fait de mon mieux avec les contraintes que je viens de décrire. La cour est devenue un endroit "supportable". |