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"Au bonheur d'Elise"
asperger
28 septembre 2010

la récréation : un temps particulièrement difficile pour un autiste

Je vous propose aujourd'hui un extrait (à base de dialogue) du site "Intégration scolaire et partenariat" de Pierre Baligand qui est révélateur des difficultés que rencontrent les jeunes autistes scolarisés en milieu ordinaire notamment lors des récréations et des repas pris à la cantine. Un site très riche :

http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page788.htm#recreation

Extrait :


                                           

Farida
         
    18-09-10

J'ai eu l'occasion  d'observer mon fils, 4ans, en cours de récréation ce matin. Je l'ai vu s'autostimuler pendant une grande partie de la récréation (courir
  sur le côté, sauter, s'allonger au sol, grimacer, se faire taper par d'autres enfants avec des coups de pieds alors qu'il était allongé ,sans réagir...). J'ai beau avoir expliqué l'importance de la présence de l'avs dans la cour de récréation, ils ont du mal à comprendre
Je suis donc intervenue en  pleine récréation quand mon fils s'est dévêtu (nu comme un vers). grosse erreur, je l'admets, mais réaction tout à fait naturelle
je penses quand on voit son fils se dévetir à chaque fois par difficulté de communiquer, de jouer et par manque d'accompagnement. J'ai incité mon fils à se revêtir seul puis je lui ai demandé de retourner "jouer". Ma place n'étant pas en cour de récréation
L'objet de mon mail est de savoir si vous êtes d'accord avec les nouveaux conseils que je vais donner au maître et à l'AVS (par exemple) : (...) faire un emploi du temps visuel avec plusieurs activités (le jeux du chat et de la souris, le petit train, cache-cache... à proposer en cours de récréation pour qu'il ne soit pas livré à lui même... ;  faire cesser toutes auto stimulations immédiatement (mais je crois que ça ils ont beaucoup de mal a comprendre...).

Eleonora
   
    19-09-10

Je suis instit, vos p'tits  tuyaux me paraissent plutôt pas top dur à respecter pour une équipe péda qui fonctionne bien. Il me semble que normalement dans les textes, l'avs doit être dans la cours avec l'enfant, c'est sa place. Maintenant, ce sont les  instit. de service dans la cours qui sont responsables, donc normalement c'est eux qui doivent jeter un oeil tout particulier à votre enfant, avec aide le l'avs... Donc à partir de là vos propositions font parties des
adaptations qui entrent dans le PPS et que l'équipe d'enseignants peut avoir à l'esprit, notamment los de la surveillance des cours de récré.

ISP
         
    21-09-10

La plupart des directives départementales rappellent d'abord que  les AVS n'ont pas vocation à surveiller une récréation en lieu et place des  enseignants.
  Mais bien entendu, l’AVS a sa place en récréation. La circulaire 203-093 du 11  juin 2003 précise bien, sans mentionner explicitement les récréations, que  l’AVS peut être amené à effectuer « des interventions dans la classe définies  en concertation avec l’enseignant (aide pour écrire ou manipuler le matériel  dont l’élève a besoin) ou en dehors des temps d’enseignement (interclasses,  repas, ...). (Circ. du 11 juin 2003 - II).  
  A lui de trouver, avec l’aide des enseignants et des autres intervenants, la  bonne distance par rapport à l’enfant, en fonction de l’autonomie de l’enfant,  de son intégration dans le groupe etc.
 
Ces temps de récréation ou d’interclasses sont certainement extrêmement  importants et particulièrement délicats concernant l’intégration sociale. On n’y fait sans doute pas assez attention. Ils peuvent poser des problèmes notamment  parce que la  récréation c’est tout de même un temps de liberté pour les enfants, ils peuvent  jouer à quoi ils veulent, avec ceux qu’ils veulent. On trpouive ailleurs dans ce site   les observations très judicieuses d’une éducatrice qui accompagnait dans une   école ordinaire les enfants d’un IME. Voir : une éducatrice en récréation
  Elle notait par exemple que les enfants handicapés, souvent, n’avaient pas été  habitués à se retrouver dans un groupe iomportant... Sa conclusion était que l’éducatrice avait un rôle  particulier à jouer en récréation…
 
Je reviens aux propositions de Farida à l’intention des institutrices. Ce sont  certes des propositions sans doute  de bon sens et Eleonora observe qu’elles lui paraissent  faciles à respecter et qu’elles pourraient être intégrées dans le PPS. Ce dernier point me paraît capital. L'intervention et les propositions de Farida peuvent peut-être être utiles, une fois, ponctuellement, mais je ne pense pas que ce soit  la bonne méthode. Les  parents qui viennent donner des conseils aux enseignants pour le bien de leur  cher petit sont souvent assez mal écoutés. Il est toujours préférable de suivre les procédures officielles : les conseils passent beaucoup mieux quand ils sont  présentés par les professionnels ; l’une des raisons d’être du PPS et des  équipes de suivi de la scolarisation, c’est précisément de permettre des  échanges école/parents/professionnels. Je conseille donc à Farida de demander  ujne réunion de l’équipe de suivi de la scolarisation, qui pourraut être conbsacrée plus spécialement aux récréations, pour faire le point sur  la scolarisation de son fils, sur le rôle de l'avs, et pour compléter éventuellement le PPS en ce qui concerne   les récréations.

Marie-Christine B.       
    22-09-10

Et même pour les enfants habitués à vivre en groupe et au contact social assez ouvert, la récréation est un univers agressif. Surtout au collège. Je pense à mon fils par exemple, qui vient d'entrer au collège en 6e. A chaque récré c'est 800 élèves dans la cour..... Valentin n'est pas un enfant sauvage ou isolé. Malgré tout, la récréation reste un moment difficile à gérer. Il subit les agressions verbales des plus grands qui repèrent dans les petits nouveaux, les plus faibles qui ne sauront pas se défendre (...).

Frédéric C.
         
        22-09-10

Marie christine a raison :     les 2 moments   délicats à gérer ( pour des AVS ou des professionnels des SESSAD ) :  cantine et récréations !!

Eleonora
      
    22-09-10

Ce que vous dites  Pierre est tout à fait juste, c'est vrai aussi que les parents sont souvent mal perçus quand ils donnent des conseils, et il est nécessaire de se référer aux indications officielles. Mais après, tout dépend comment on communique avec les enseignants. Les parenst font partie de la communauté éducative et il peut y avoir, non pas forcémement conseils mais échanges de points de vues, les parents ont aussi des choses à apporter. J'ai toujours précédé de cette façon avec les enseignants de mon fils (et avec les parents de mes élèves) , et sa maîtresse de l'année dernière m'a dit que cela avait été très enrichissant...

ISP
      
    23-09-10

Bien sûr, et je ne dis pas le contraire. Dans mon site j'ai cité quelque part Jean Monnet :        " Rien n'est possible sans   les hommes,       rien n'est durable sans les institutions".
      Disons que les procédures officielles constituent des garde-fous, parfois bien nécessaires.
       

   

Francine
      
    23-09-10

Pour le problème de la  récréation, il existe un ouvrage "Apprivoiser la jungle de la cour de  récréation"de Carole Gray, basé sur le principe des scénarios sociaux, qui  peut aider les parents à parler à leurs enfants de ce temps spécial de la  récré, temps qui devrait permettre une socialisation.
  Mais en primaire ce n'est rien à côté du collège ! Les pré-ado sont majoritairement  très méprisants envers le handicap et en même temps ont honte de parler à un  handicapé (surtout s'il est autiste) devant d'autres camarades.
 

Témoignage d'un AVS
         
    23-09-10

Ex-AVSi, je viens apporter  mon témoignage d'accompagnement en cours de récréation de Collège.
Ce temps a effectivement été l'un des plus difficiles à accompagner parce qu'il fallait imaginer un "cadre" qui soit compatible avec l'absence de  cadre caractéristique d'un temps de détente pour les jeunes de cet âge. Vient effectivement s'ajouter  le regard des autres élèves et l'image qu'ils veulent renvoyer aux copains, le souci de  "paraître"étant à cet âge particulièrement marqué. Au cours de mon expérience, j'ai tenté  d'établir une complicité avec les autres élèves, sans pour autant tomber dans la camaraderie : un dosage complexe et à affiner chaque jour ! Vous dire que cela a été un franc  succès serait mentir mais j'ai fait de mon mieux avec les contraintes que je viens de  décrire. La cour est devenue un endroit "supportable".
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15 septembre 2010

article paru dans Rue89 du 13 septembre 2010

Témoignage

Sans AVS, pas de rentrée scolaire pour les enfants handicapés                    

Le 2 septembre, pour tout le monde le jour de la rentrée, mon fils, 12 ans, autiste asperger, n'était pas accueilli dans la classe du collège gersois qu'il devait intégrer. Par décision de l'Education nationale.

Mais tout va bien, n'est-ce pas ? La rentrée se passe bien, malgré les suppressions de postes et de classes à tout va. C'est l'Education nationale qui l'affirme.

Cette même Education nationale refuse de recevoir mon fils car il n'a pas d'auxiliaire de vie scolaire (AVS), cette personne chargée d'aider l'enfant dans sa démarche d'intégration avec ses camarades, son travail scolaire, et qui permet à l'enseignant de gérer, non seulement l'enfant handicapé, mais aussi le groupe classe.

En orientant mon fils, l'administration SAVAIT qu'elle refuserait l'attribution de l'AVS. Et donc qu'il ne serait pas accueilli en temps et en heure au collège Condorcet d'Auch avec lequel, pourtant, tout avait été entrepris et ce, depuis le mois d'avril.

J'ai appris à mon fils à lire, écrire et compter

L'Education nationale considère qu'un enfant est scolarisé lorsqu'il a au moins une heure de classe hebdomadaire. A partir de là, les statistiques deviennent moins gênantes : TOUS les enfants sont accueillis, n'est-ce pas ?

Une heure d'école… Pensez-vous que ce soit suffisant pour un enfant « normal » ? Ça l'est encore moins pour un enfant handicapé.

C'est moi qui lui ai appris à lire, écrire et compter, quand ce n'était pas mon rôle. Ceux qui auraient dû s'en charger ne l'ont pas fait, ne pouvaient pas le faire. Je suis enseignante, j'en ai les capacités. Combien de parents ne les ont pas ? Combien d'enfants n'accèdent pas au savoir qu'ils auraient pu maîtriser et seront pour toujours des assistés ?

Dans le Gers, 80 dossiers d'attribution d'AVS traînent sur les bureaux de l'administration. Quatre-vingts enfants, comme mon fils, ont raté la rentrée scolaire aux alentours de la bonne ville d'Auch. Les réunions ne sont pas fixées, seulement « prévues ». Ces enfants auront de la chance si, dans un mois, ils sont tous en classe.

Enseignante, je sais les dégâts qu'une rentrée retardée peut faire sur un enfant : il n'intègre pas le groupe comme ses camarades. Handicapé, il l'est encore plus par son arrivée tardive.

Six heures pour apprendre le monde, pas celui du « soin »

L'an dernier, mon fils avait six heures d'école, en plus de sa prise en charge dans une institution spécialisée. Six heures pour apprendre le monde, le vrai monde, pas celui du « soin ». Malgré toutes nos batailles, seulement trois heures sont prévues cette année.

La maison du handicap du Gers est censée régler ces problèmes -cette même maison du handicap qui s'est permis de contacter les associations de parents d'autistes afin de leur suggérer de payer les AVS. A quand les professeurs « normaux » payés par les les fédérations de parents ?

L'école est un droit ET une obligation. On se borne parfois à constater et à parler de « réalités de terrain ». Moi, je parle de la réalité d'une loi qui n'est pas respectée et, si elle l'est parfois à la lettre, elle ne l'est jamais dans l'esprit. Je parle de la réalité de l'humain.

Y aura-t-il quelqu'un qui acceptera de parler pour mon fils, et pas seulement pour lui, mais pour tous les autres qui cette année se retrouvent encore confrontés à une insupportable exclusion qui, au final, les conduira à l'internement ? Il y a 80 enfants qui attendent dans le Gers. Combien sont-ils en France ?

http://www.rue89.com/2010/09/13/gers-80-eleves-handicapes-attendent-des-avs-combien-en-france-166045   

7 février 2010

article paru dans le magazine Déclic

Autisme : « le diagnostic tardif reste un fléau » Version imprimable Suggérer par mail
06-07-2009
 Quinze ans après un premier rapport sur la situation des personnes autistes en France, la fédération Autisme France repart au combat avec son « livre blanc de l’autisme ». Un état des lieux émaillé de témoignages de familles. S’y ajoutent un répertoire des textes de loi incontournables et les propositions portées par l’association pour améliorer les conditions de vie des enfants et adultes autistes. Trois questions à Mireille Lemahieu, présidente d’Autisme France.

Quel est votre objectif en publiant ce livre blanc sur les conditions de vie et les conditions de prise en charge des personnes autistes ?
Mireille Lemahieu : Il y a 15 ans, un premier ouvrage sur les conditions de vie des personnes autistes a fait prendre conscience aux autorités publiques du retard de la France. Concrètement, cela s’est traduit par la mise en place d’une circulaire sur la prise en charge de l’autisme, mais aussi la création de comités techniques régionaux, puis quelques années plus tard, l’adoption du premier plan autisme (2005). Depuis, la situation s’est améliorée mais beaucoup trop lentement. Ainsi, il nous a paru nécessaire de relancer la dynamique en témoignant une nouvelle fois des difficultés toujours dramatiques rencontrées par les familles pour faire diagnostiquer et accompagner les personnes autistes à tout âge de manière conforme à leurs besoins.

Selon vous, quelles sont les problématiques les plus urgentes auxquelles il faut répondre afin d’obtenir des progrès significatifs ?
Un diagnostic précoce posé suivant les critères reconnus par la communauté scientifique internationale, voilà une première urgence. Il est révoltant que l’on continue à perdre du temps dans la mise en place d’un accompagnement adapté parce que les médecins sont mal formés et les parents mal aiguillés. Dans l’ouvrage, on découvre une jeune femme de 30 ans dont le diagnostic de syndrome d’Asperger avec X fragile vient d’être posé après que sa mère a vu une émission de Jean-Luc Delarue… Comment cette situation est-elle encore possible en France en 2009 ? Le diagnostic précoce est indispensable. Autisme France fait d’ailleurs des propositions pour améliorer la situation : par exemple, nous réclamons la diffusion à l’ensemble des médecins généralistes et des pédiatres d’un document synthétique de dépistages de TED (troubles envahissants du comportement). Nous demandons aussi que toutes les équipes des CRA (centres de ressources autisme) soient formées au dépistage et au diagnostic des TED. Le diagnostic est indispensable quel que soit l’âge d’ailleurs et pour les adultes non diagnostiqués, il n’est jamais trop tard pour agir.

Quel est votre message en matière de prise en charge à proprement parler ?
Là encore, nous dénonçons un retard invraisemblable. Trop d’établissements français ignorent encore les stratégies éducatives efficaces utilisées partout dans le monde occidental (TEACCH, ABA, PECS). Résultat, un décalage s’opère entre ces stratégies mises en place à la maison et leur absence en établissement, ce qui crée des difficultés de communication chez la personne autiste et souvent des comportements inadaptés. Les bonnes pratiques existent déjà ici ou là : à nous de les diffuser et de les faire diffuser, et à nous mobiliser pour qu’elles soient appliquées.

Propos recueillis par Emilie Gilmer


Le livre blanc de l’autisme, deuxième rapport sur les conditions de vie des personnes autistes 10 € + 3,80 € de frais de port ou 8 € pour colissimo suivi.
Contacter Autisme France pour les frais de port, à partir de 5 exemplaires
Pour se procurer le guide, adressez votre règlement à Autisme France – lot 110/111 – voie K 460 avenue de la Quiera – 06370 Mouans-Sartoux

Plus d’infos : www.autismefrance.org

http://www.magazine-declic.com/autisme-diagnostic-tardif-livre-blanc.html
23 décembre 2009

article paru dans Parismatch.com du 23 décembre 2009

Rain Man s'est éteint               

                        Rain Man s'est éteint

Il savait lire à 16 mois, et n'a pas su marcher avant ses quatre ans. Kim Peek, qui avait inspiré le personnage de Dustin Hoffman dans «Rain man», est décédé. Portrait d'un génie qui ne pouvait pas s'habiller seul.                         

                            Clément Mathieu                                 - Parismatch.com                                                            

C’était quelqu’un d’unique. Jamais terme aussi galvaudé n’a si justement était utilisé. Kim Peek avait inspiré le personnage de «Rain man», le génie autiste Raymond Babbit, dont l’interprétation avait valu un Oscar à Dustin Hoffman. Kim, handicapé mental et savant extraordinaire, est mort samedi à Salt Lake City, dans l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis. Il a succombé à un arrêt cardiaque, après avoir souffert pendant plusieurs semaines d'une infection des voies respiratoires, a expliqué son père Fran, en annonçant la nouvelle au Salt Lake City Tribune. Il avait 58 ans.                            

Kim Peek était doté d’une mémoire pratiquement sans limite et d’une capacité hors normes de calcul mental. «Il était unique. Je ne sais pas s’il y aura quelqu’un d'autre comme lui», s’est interrogé Daniel Christensen, de l’Institut neuropsychiatrique de l'université d'Utah, dans les colonnes quotidien local. «Il avait une profonde et large connaissance des choses et une mémoire tout simplement incroyable», a expliqué le professeur avec qui il avait travaillé. Comparé à Google, surnommé «Kimputer», Kim a été l'objet de nombreuses études, par les plus grands scientifiques et jusqu'à la Nasa, tant son cas est resté une énigme.                           

Né en 1951 à Murray, en banlieue de Salt Lake, ce fils de mormons est venu au monde avec de graves dégénérescences au cerveau. Son crane était un tiers plus grand que celui d’un bébé normal, il avait le cervelet endommagé - ce qui détériore gravement ses fonctions motrices - et pas de corps calleux – le tissu liant les deux hémisphères du cerveau. Kim était un bébé lent, qui pleurait énormément. A neuf mois, le terrible verdict tombe: son handicap mental ne lui permettra jamais de marcher ou de parler. Les médecins conseillent à ses parents de le placer dans un centre spécialisé, ce qu’ils décideront de ne pas faire, pour garder leur enfant avec eux. Mais à ses 16 mois, les choses changent. Kim parvient, seul, à apprendre à lire. Il peut alors mémoriser tout les livres pour enfants qu’il parcourt.                        

A sept ans, il avait lu tout Shakespeare                           

Un jour, le petit garçon cherche dans le dictionnaire le sens du mot «confidentiel». Subjugué, ses parents réalisent alors que leur fils, non seulement connait l'ordre alphabétique, mais lit le journal seul. Il a trois ans. A quatre ans, il marche seulement pour la première fois. A la même époque, il est aussi obsédé par les chiffres et s’amuse à faire l’addition de numéros de téléphone ou de plaques d’immatriculation, en une fraction de seconde. A sept ans, Kim avait lu la Bible en entier (Ancien et Nouveau Testament), ainsi que tout Shakespeare. Selon son père, qui s'est occupé de lui toute sa vie, et l'accompagnait dans chaque déplacement, Kim lisait constamment des livres, parfois en une heure de temps, les mémorisant instantanément. Il achève le lycée à 14 ans, l'âge où l'on y rentre, mais se voit refuser son certificat par une administration qui ne reconnaît pas le génie de l'handicapé mental. Pourtant, il est incollable sur l'Histoire du monde. Plus tard, Kim trouvera un travail dans un centre de jour pour handicapés, où il calculera les feuilles de salaires, de tête évidement…                         

Le film «Rain Man» l’amènera à quitter ce travail. Le film, dont le scénariste Barry Morrow avait créé le personnage après sa rencontre avec Kim, est un énorme succès et remporte quatre Oscars. Devenu une vedette, Kim, qui a alors 37 ans, est invité sur les plateaux de télévision et dans les universités du monde entier. Il émerveille les gens par ses calculs et ses connaissances, lui qui peine à nouer ses lacets, ou à brosser ses dents tout seul. Cette célébrité permet au génie de sortir de sa coquille. C'est un garçon doux et gentil, mais terriblement introvertie, qui n'arrive pas à regarder quelqu'un dans les yeux, selon son propre aveu. Au contact des autres, Kim développe une confiance nouvelle face au gens. Pendant ces vingts dernières, il a parcouru la planète et donné des conférences pour des millions de personnes. Mais le savant «attardé» n'était pas une bête de foire. En montrant son handicap, comme ses capacités, Kim voulait que l'on se rappelle d'une chose, un message qu'il dit à un enfant dans le documentaire que lui a consacré Discovery Chanel en 2006: «On n'a pas besoin d'être handicapé pour être différent, nous sommes tous différents».

Point final

23 décembre 2009

Article paru dans Sud Ouest Gironde actualité du 22 décembre 2009

CHU CHARLES-PERRENS. Des parents d'enfants autistes Asperger sont associés à un service en pointe au CHU de Bordeaux pour créer un projet d'insertion adapté, unique en France

Parents d'autistes : « On aperçoit le bout du tunnel »

Le service du professeur Bouvard à Charles-Perrens traite l'autisme chez l'enfant. (photo fabien cottereau )
Le service du professeur Bouvard à Charles-Perrens traite l'autisme chez l'enfant. (photo fabien cottereau )

Asperger : forme d'autisme classé de haut niveau. Nicole Duboy mère d'un petit garçon étrange a cherché longtemps d'où venait son « handicap ». « Il savait lire, parlait comme un livre, comprenait tout. Mais il ne communiquait pas. Du tout. Dans une bulle. » Christophe Caillierez à l'autre bout de la France vivait le même combat. Un petit Gabriel intelligent comme tout et complètement désocialisé. Ces petits garçons, nés dans les années 80, n'ont pu suivre une scolarité classique. Placés en institut spécialisé, ils ont grandi entourés de handicapés, régressant, nourrissant leur angoisse.

« Nous n'avons jamais dormi une nuit complète. L'inquiétude d'abord, mais aussi les cris de Gabriel qui déchiraient la nuit. Plusieurs fois, trois ou quatre fois. Il était en proie à des angoisses terribles. Nous ne savions pas quoi faire. »

Mauvaise orientation

Itinéraire douloureux, chemin de croix, les parents tiennent l'enfant par la main et cherchent un diagnostic, à mettre un mot sur cette bizarrerie. Ils sont à peine sortis de l'enfance lorsque le professeur Manuel Bouvard diagnostique pour les deux garçons le syndrome d'Asperger. Autisme de haut niveau.

« Avant, il avait été déclaré psychotique, avait été placé en hôpital de jour et y a perdu beaucoup de temps, regrette Christophe Caillierez Il a souffert de cette mauvaise orientation, alors qu'il aurait pu progresser. » Ils racontent les crises d'angoisse, les hurlements, les emplois du temps de la famille complètement fracturés, le combat au quotidien, les frères et soeurs déboussolés. Mais avant tout, ils disent la souffrance de leur enfant : « Les autistes sont des machines à fabriquer de l'angoisse. »

Le professeur Manuel Bouvard est responsable du pôle universitaire de psychiatrie enfant-adolescent du CHU de Bordeaux et responsable du Centre ressource autisme d'Aquitaine. « La prise en charge de l'autisme se limite aux formes sévères. Il existe des structures adaptées aux grands dépendants. Les autres ? Soit ils sont placés en hôpital de jour, soit ils ne bénéficient d'aucune prise en charge particulière.

Un avenir possible

« Ces troubles autistes ne sont souvent pas identifiés, parce que ces personnes ont des compétences. Avec les parents, grâce à leur ténacité, nous avons monté un projet d'accompagnement, les familles sont actives désormais, elles ne subissent plus. » C'est le premier projet du genre en France, ou pas loin. Un modèle donc, qui servira de référence. En Gironde, il existerait une centaine d'enfants, d'ados ou de jeunes adultes atteints par le syndrome Asperger mais tous ne sont pas repérés. Ils sont une quarantaine à Bordeaux, suivis au CHU au sein du service du professeur Bouvard.

« Parents et professionnels travaillent ensemble, ajoute le professeur Bouvard. C'est récent, désormais ils sont respectés. Les stratégies d'accompagnement des patients impliquent les parents, nous avons besoin de leur connaissance de la maladie et de ses symptômes notamment. Une conférence a été organisée, le 5 novembre à Bordeaux, qui a accueilli 300 personnes, des professionnels de la santé mais aussi, beaucoup de familles de malades. Le professeur Théo Peeters, spécialiste Belge de ce syndrome était présent. » L'association de parents d'Asperger à Bordeaux est donc au travail afin d'ouvrir un Service d'aide médico-social pour adulte handicapé (SAMSAH) conçu pour les patients atteints du syndrome d'Asperger.

Besoin d'interface

« Ce projet a été présenté devant une commission du ministère de la Santé et a reçu un avis favorable, se réjouit Nicole Duboy. Il est pilote. Il s'adresse aux jeunes adultes entre 18 et 25 ans, devrait ouvrir en 2011. Sa mission ? Favoriser l'insertion et l'accompagnement dans la vie sociale et professionnelle. » Ce SAMSAH trouve sa place dans le fameux « plan autisme » mis en place par le gouvernement. Réalisé en partenariat avec Innovation, une association médico-sociale qui gère des établissements pour handicapés, par le biais d'une convention.

Nicole Duboy et Christophe Caillierrez n'en reviennent pas. Leur ténacité a porté ses fruits. « Éviter les institutions pour nos enfants, leur permettre de progresser selon leurs compétences. On respecte leur parcours de vie, leur niveau intellectuel, leur affect. Pour nous, c'est un grand pas, on aperçoit enfin le bout du tunnel. »

Dans l'immédiat le premier SAMSAH comptera dix petites places, mais petit à petit, les parents espèrent élargir l'offre. Provoquer l'ouverture de structures du même type dans d'autres départements. La voie est ouverte.

Contact : asper33.free.fr Tél. 06 12 01 87 09.

Auteur : ISABELLE CASTÉRA
i.castera@sudouest.com

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13 février 2009

article paru dans Ouest France du 13 juin 2007

Daniel Tammet, 28 ans, autiste surdoué


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Daniel Tammet dans le jardin de sa maison, qu'il a pu acheter grâce aux ventes de son livre, dans le Kent, comté cossu du sud-est de l'Angleterre. « Je ne calcule pas, je danse avec les nombres », déclare cet autiste. : Ouest-France

Aucun signe de nervosité ne semble percer derrière ses lunettes rondes. Si ce n'est, peut-être, le large sourire qui ne quitte pas son visage ou son empressement à ne pas laisser trop de temps morts s'immiscer dans la conversation... « Je suis comme un cygne », explique dans un français légèrement teinté d'accent britannique ce polyglotte qui parle en tout dix langues, dont l'islandais et le roumain. « D'extérieur, on le voit glisser majestueusement sur un lac, mais sous la surface, ses pattes s'agitent très vite. »
Daniel Tammet souffre du syndrome d'Asperger, une forme relativement modérée d'autisme qui affecte environ 25 personnes sur cent mille dans le monde et se caractérise souvent par une intelligence supérieure à la moyenne. Pour lui, comme pour la plupart des individus qui en sont atteints, discuter n'a rien de naturel. Il faut veiller à écouter son interlocuteur, à le regarder dans les yeux, à ne pas s'offusquer quand celui ou celle-ci l'interrompt...Aîné d'une famille très modeste, élevé à Londres par un père ouvrier et une mère secrétaire forcés de quitter leur emploi pour s'occuper à plein temps de leurs neuf enfants, Daniel a très vite ressenti sa « différence ». Petit, il préfère la compagnie des nombres et des livres à celle de ses camarades de classe, passe des heures à la bibliothèque à chercher un ouvrage qui porterait son nom : « Je pensais que chaque livre racontait l'histoire de son auteur et qu'on pouvait découvrir l'avenir de cette personne en le lisant. J'espérais trouver mon nom pour voir si la vie ne serait pas trop difficile pour moi, si j'y étais préparé. C'est une idée très romantique, qui me fait rire un peu maintenant. »« Plus que tout, je voulais être normal », insiste-t-il dans sa biographie, Je suis né un jour bleu, à paraître demain en France. Il l'a écrite il y a deux ans pour témoigner de ses capacités à avoir « une vie heureuse et beaucoup de succès ». Se faire des amis, partir un an enseigner l'anglais à Kaunas en Lituanie, s'installer avec son ami Neil, qu'il a rencontré sur Internet et « encore plus timide que moi, peut-être »... Autant d'étapes difficiles à franchir, même pour une personne douée de facultés impressionnantes : il a mémorisé 22 514 décimales (chiffres après la virgule) du nombre « pi » (le fameux 3,14) en l'espace de trois mois, pour un défi au profit d'une organisation britannique pour les autistes et leurs familles. Est capable de calculer rapidement de tête des opérations aussi compliquées que 37x37x37x37x37 (soit 69 343 957). « Je visualise directement le résultat. C'est comme faire des mathématiques sans y penser. »Son cerveau associe chaque nombre à une couleur, une forme, un état d'esprit. 1 brille d'un blanc éclatant, 89 lui fait penser à la neige qui tombe. Pour partager la tristesse d'un ami, il s'imagine « au creux de la cavité noire d'un 6 ». Il en va de même pour les mots. « Jardin » - en français - lui apparaît comme un terme jaune, avec la « texture de l'herbe fraîchement tondue ». Ladybird (coccinelle), un de ses favoris, est rond, mais « malheureusement pas rouge ». Les scientifiques appellent synesthésie ce trouble sensoriel. Que cette approche particulièrement poétique du langage « puisse intéresser les autres » l'étonne : « Ce sont des images qui me viennent naturellement. »Aujourd'hui, ce passionné d'histoire, maniaque de l'ordre, a trouvé un équilibre entre le monde extérieur, qu'il a toujours considéré comme « bizarre mais beau » et son monde à lui. Grâce à des rituels quotidiens : réveil tardif, 45 g de porridge au petit-déjeuner, du thé consommé régulièrement. « La routine n'est pas une cage pour moi. Je perçois le passage des heures comme une sculpture, chaque jour différente. »Son compagnon crée des programmes informatiques à l'étage ; lui répond au rez-de-chaussée à des e-mails venant d'un peu partout dans le monde, actualise son site - en partie payant - de cours de langues (www.optimnem.co.uk), prépare son prochain livre, sur la foi. Pour montrer qu'un autiste peut parfaitement être chrétien. Comme ressentir des émotions. « Je sais que je peux en avoir de très fortes, mais c'est encore un peu étranger pour moi. » Sauf quand il raconte que la revue américaineBooklist a comparé son style à celui d'Hemingway. Son « whow ! » ne laisse aucun soupçon sur l'authenticité de sa joie. Florence LE MEHAUTÉ. Je suis né un jour bleu, de Daniel Tammet, aux éditions Les arènes (240 p, 21 €).

13 octobre 2008

« Zone Interdite » : Autisme : le scandale des enfants oubliés

Dimanche 12 octobre à 20:50 sur M6 Mélissa Theuriau a présenté un numéro du magazine « Zone Interdite » consacré aux enfants souffrant d'autisme.

« Autiste », dans le langage courant, c’est un adjectif qui désigne une personne silencieuse et renfermée. Mais pour 180 000 familles en France, c’est le handicap de leur enfant. Une déficience grave avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Un diagnostic souvent trop tardif. Comment communiquer avec cet enfant incompréhensible et ingérable ? Quelles sont les meilleures méthodes pour le soigner ? Comment lui trouver une place à l’école, puis dans un centre spécialisé ?

Les équipes de « Zone Interdite » ont suivi des parents, des frères et sœurs brutalement confrontés à la réalité de l’autisme, au regard des autres et aux problèmes de la prise en charge. Angoisse, émotion, culpabilité, espoir… ils leur ont fait partager leur quotidien. Il existe également des autistes surdoués. Exceptionnellement, ils ont accepté de sortir de l’ombre pour témoigner.

Sujets diffusés :

Les parents de Jonathan vivent un enfer. à 3 ans, leur fils ne parle pas, refuse de manger, dort très peu la nuit et se met en colère au moindre changement. Diagnostic : autisme. Au centre Mosaïque, à Lille, des spécialistes vont lui apprendre à communiquer.

A Longwy, Titouan, 7 ans, est scolarisé. Grâce à une thérapie fondée sur la stimulation permanente, il a appris à parler et peut suivre la classe avec une auxiliaire de vie scolaire. Un suivi efficace, mais très lourd financièrement pour la famille.

Antoine, 21 ans, passe ses journées en hôpital psychiatrique et rentre tous les soirs chez ses parents, dans les Cévennes. Il a besoin d’une surveillance permanente. Depuis 3 ans, il attend une place dans un centre spécialisé.

On les appelle « Asperger » ou autistes de haut niveau… Malgré leurs difficultés relationnelles et leurs troubles du comportement, ils font figure de privilégiés, car ils s’expriment avec éloquence et déploient des talents extraordinaires. Damien, 33 ans, fasciné par l’architecture, a dessiné les plans des villes du monde entier. Josef, 26 ans, bac S mention très bien, Sciences Po, prépare une thèse sur Heidegger. Emmanuel, calculateur prodige et surdoué des langues, est informaticien à Bruxelles. Comment vivent-ils leur différence ?

19 mai 2008

article paru dans le Mag.net le 18 mai 2008

« Les Montgolfières de l’Espoir », journées nationales de l’Autisme par Frédéric Vignale

       

Même si cela apparaît comme scandaleux et inadmissible, en 2008, de nombreux parents se voient retirer leurs enfants autistes suite à des enquêtes ou dénonciations, on culpabilise les familles et certains médecins ou psychologues sont tout à fait incapables de faire un diagnostics justes sur de nombreux cas.

Il est scandaleux que la psychiatrie ait la mainmise sur ce handicap et que la France ne suive pas l’OMS dans sa classification de l’autisme au rang des TED.

La France s’obstine à considérer l’autisme comme une psychose infantile précoce alors que c’est une maladie neurobiologique et, ainsi, à envoyer à l’asile des enfants qui n’ont rien à y faire ! Jamais un autiste ne sera soigné dans de tels établissements. La France a toute une culture et une mentalité à changé à ce niveau-là.

Un débat très pertinent a eu lieu sur ces thèmes dans le bus anglais de l’association "ASPERGER AIDE" entre le Dr Anne PHILIPPE (Généticienne de l’Hôpital Salpétrière ), le Président du Comité d’éthique de l’Inserm Monsieur Jean Claude AMEISEN et les enfants et familles souffrant de troubles. Il y eut aussi l’intervention téléphonique de Belgique Peter VERMEULEN qui nous éclaira sur la situation dans son pays qui nous a semblé bien plus favorable à un travail serein.

Malgré le temps épouvantable, un orage, et une pluie glaciale, l’échange entre tous les intervenants fût riche, fort et respectueux. Jean-Claude AMEISEN a rappelé que le combat des associations était primordiale et qu’il faisait changer la perception du monde médical.

Ce que nous avons retenu c’est que l’Ecole doit être l’épicentre de la réflexion et de l’application concrète des avancées sur l’autisme. Les autistes doivent trouver leur place dans l’Ecole traditionnelle et ne jamais en être exclus, c’est vital pour que les enfants ne sombrent pas dans un autisme plus lourd et pour éviter tout isolement du monde social.

Merci à Elaine, Cécile, Josef, véronique... et toute l’équipe de l’Association "Asperger Aide".

Lien vers l'article du journal : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article4863

 

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