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"Au bonheur d'Elise"
hopital de jour
3 novembre 2013

Les enfants autistes au ban de l'école en France, pas en Italie

Le constat est de 2011 mais cela a-t-il beaucoup changé ? (jjdupuis)

article publié dans myeurop

NATARIO NADIA/SIPA

Mar, 05/04/2011 - 11:20

Par  

Alors qu'en Italie tous les enfants autistes sont scolarisés dans une classe ordinaire, ils sont à peine 20% en France. Un retard considérable, faute de méthodes éducatives adaptées et de personnel qualifié.

Mars 2004 : la France est condamnée par le Conseil de l'Europe pour non-respect de ses obligations en matière d'accès à l'éducation des personnes autistes.

Décembre 2007 : le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qualifie de "dramatique" la situation des autistes, et précise:

La scolarisation doit cesser d'être fictive et de se réduire à une inscription: elle doit pouvoir être réalisée dans l'école proche du domicile, ou, si l'état de l'enfant le nécessite, dans une structure de prise en charge éducative adaptée proche du domicile.

Depuis, pas grand-chose, peu de progrès, en dépit de la loi de 2005 censée renforcer l'accueil des enfants handicapés par l'Éducation nationale. A l'époque, 64% des enfants autistes n'avaient accès à aucune forme d'apprentissage. D'après le collectif Autisme (qui regroupe cinq associations et fédération de familles concernées), "on en dénombre toujours plus de 50% aujourd'hui".

20% des enfants autistes scolarisés

Un tiers des 80 à 90 000 enfants atteints de troubles autistiques sont accueillis dans des instituts médico-éducatifs, en hôpital de jour ou dans une école spécialisée. Moins de 20% (environ 11 500 enfants) sont scolarisés en milieu ordinaire, la plupart du temps quelques heures par semaine seulement, et à la condition d'être accompagné d'une assistante de vie scolaire. Des résultats bien loin de ceux de l'Italie où tous les enfants autistes sont accueillis dans des classes ordinaires depuis 1992.

Comment expliquer ce retard français? Quelques exemples ailleurs en Europe montrent pourtant que la scolarisation à grande échelle des enfants autistes est possible. Si plusieurs conditions sont remplies:

Des méthodes éducatives adaptées

Le Collectif autisme à 2 000 le nombre de petits Français "exilés" en Belgique, "pour beaucoup dans des établissements spécialisés leur permettant d'être scolarisés". Une des principales raison invoquées:

une prise en charge pragmatique et précoce axée sur des méthodes éducatives comportementales, cognitives ou développementales.

Ces méthodes éducatives mises au point à l’attention des personnes autistes ont d'abord été développées dans les pays anglo-saxons et sont aujourd'hui largement employées aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne ou encore dans les pays scandinaves. Les plus connues sont la méthode TEACCH [en français : traitement et éducation des enfants avec autisme et autres handicaps de la communication] et ABA. Elles sont généralement refusées par les pédopsychiatres français.

En France, l'approche psychanalytique de l'autisme, cette vision archaïque qui consiste à expliquer l'autisme par une relation dégradée entre la mère et l'enfant, a perduré jusqu'à aujourd'hui,

dénonce le Collectif autisme.

Ce n'est en effet qu'en 2010 que la Haute Autorité de Santé (HAS) reconnait l'autisme comme un "trouble envahissant du développement", et non plus comme une psychose enfantine.

 Il n'y a que dans notre pays que la psychologie est reconnue comme une méthode de prise en charge de l'autisme. Avec pour conséquence un retard considérable,

insiste Michel Favre, le président de Pro Aid Autisme. "Pourtant, lorsque l'on emploie les méthodes adaptées, les progrès sont considérables". Il poursuit: "le plan autisme 2008 – 2010 a reconnu qu'il puisse exister des programmes éducatifs dans les écoles des autres pays européens. Mais, ils sont encore considérés comme des "méthodes innovantes" qu'il faut évaluer [pendant cinq ans] dans des classes pilotes alors qu'ils ont déjà largement faits leurs preuves". Seule une vingtaine de projets expérimentaux, qui ne concernent qu'un petit nombre d'enfants, ont pour l'heure été validés.

Des modes de prise en charge diversifiés.

En Espagne, des spécialistes déterminent, après examen, quel type de scolarisation est le mieux adapté à l'enfant autiste: selon le diagnostic, il doit aller dans un centre spécialisé (il en existe spécifiquement créés pour les enfants autistes), bénéficie d'une scolarisation "ordinaire" ou bien d'une "scolarisation ordinaire avec soutien spécial".

Dans ce dernier cas, il recevra l'aide ponctuelle de spécialistes que ce soit pour ses déplacements, sa formation ou pour toute autre activité pour laquelle il a besoin d'aide. Les associations se plaignent toutefois du manque de moyens alloués, notamment en matériel scolaire.

En Grande-Bretagne aussi les parents peuvent choisir entre différents modes de scolarisation : écoles spécialisées, classes spécialisées, classes ordinaires avec soutien spécifique.

Ainsi, alors qu’en France la plupart des enfants autistes ne bénéficient d’aucune forme de scolarisation, la difficulté rencontrée en Grande-Bretagne par les parents est plutôt celle du choix d’une école parmi les différentes propositions qui leur sont faites. Ce simple constat permet de mesurer la différence qui existe en matière de scolarisation des enfants autistes au sein de ces deux pays,

écrivent les auteurs d'une étude de 2006 réalisée pour Autistes sans frontière.

La scolarisation en école spécialisée n'est toutefois pas automatique et les parents doivent parfois affronter les autorités scolaires jusqu'au tribunal pour y parvenir et obtenir un soutien financier. Par ailleurs, 50% des parents estiment que leur enfant autiste ne dispose pas d'une éducation appropriée.

La National Autistic Society, la plus importante association britannique, souhaiterait également que l’ensemble du personnel enseignant reçoive une formation relative à l’autisme, puisque tout enseignant est susceptible d’accueillir un enfant autiste dans sa classe.

Du personnel qualifié

En Italie, tous les enfants autistes sont scolarisés dans les classes ordinaires des établissements scolaires ordinaires jusqu’à 16 ou 18 ans. Depuis 1992. "Les écoles n’ont pas le droit de refuser les enfants autistes dans leurs bâtiments ; elles doivent se doter des ressources humaines et technologiques favorisant leur insertion et leur apprentissage", précise le Collectif autisme.

Le modèle est, de toute façon, très incitatif puisque la classe qui accueille un enfant autiste voit son effectif divisé par deux. L’enseignant est plus automatiquement assisté d’un enseignant de soutien.

En France, les auxilliaires de vie scolaire, qui accompagnent les enfants scolarisés en milieu ordinaire sont souvent "des jeunes précaires et sans formation", assure Michel Favre. "Trois heures en moyenne seulement sont consacrées à l'autisme" lors de la formation des AVS, précise le Collectif autisme. Ils sont de toute façon trop peu nombreux. Par ailleurs, seuls une centaine de personnes sont formées chaque année aux traitement éducatifs adaptés. Quand 8 000 enfants autistes naissent chaque année.

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13 octobre 2013

Psychoses infantiles, dysharmonies psychotiques, trouble de la personnalité ... par le Dr G. Macé

Par Dov Botturi le dimanche 13 octobre 2013, 10:04

Le diagnostic de psychose infantile n'existe qu'en France.

La classification internationale des maladies de l’OMS (organisation mondiale de la santé) ne retient le diagnostic de psychose que pour les adultes.

En effet, le diagnostic de psychose implique 3 conditions : la survenue de troubles mentaux sur un sujet dont le psychisme est préalablement normal, un retrait par rapport au réel avec souvent délires et ou hallucinations et, finalement une amélioration de ces troubles (en particulier les délires) par l'utilisation de médicaments que l'on appelle neuroleptiques ou antipsychotiques.

Le modèle de ces psychoses est la schizophrénie qui survient après la puberté sauf exceptions rarissimes, mais jamais avant huit ans, ce qui laisse le temps à la personne atteinte d'acquérir un langage et un développement social normal. Les autres psychoses (psychoses maniaco-dépressives, délires, etc.) interviennent toujours plus tardivement. Ce qui, en France, est appelé psychose infantile (autistique ou non autistique) est appelé par la communauté internationale " Troubles envahissants du développement ". Ils sont appelés ainsi pour les raisons suivantes :-- il y a, pendant la période de développement, des difficultés à construire une représentation du monde et non pas un retrait parrapport au monde

  • il n'y a pas de délire et d'interprétation. Au contraire l'imagination est pauvre
  • les neuroleptiques, qui ont permis à tant d'adolescents ou d'adultes psychotiques de sortir de leurs délires n'ont pas d'action sur la symptomatologie de l'autisme et des troubles envahissants du développement.

Dans ces troubles envahissants du développement on distingue l'autisme typique et les autismes atypiques. Ils ont en commun la même triade symptomatique : trouble dela communication (et pas seulement du langage), troubles de la compréhension et de la gestion de la relation sociale et intérêt étroit et répétitif avec déficit de l'imagination.

Bien sûr, comme dans toutes les maladies, il existe des formes typiques et d'autres légères ou encore d'autres compliquées. Le fait que certaines personnes atteintes de poliomyélite soient sous respirateur alors que d'autres neprésentent qu'une simple boiterie ne retire rien à la légitimité du diagnostic de polio qui leur est commun. Quelques psychiatres français, qui deviennent minoritaires, s'entêtent à ne pas adopter la classification internationale et sa terminologie, et continue à appeler les troubles envahissants dudéveloppement, psychose.

Ceci est grave pour quatre raisons :

Premièrement: ils augmentent l'angoisse des parents qui, pour le même enfant ont souvent reçu, lors de leur pèlerinage diagnostique, toutes sortes de diagnostics différents, psychose dysharmonique, autisme, traits autistiques, dysharmonies évolutives etc.. La plupart des enfants autistes, en particulier ceux qui sont considérés comme " de haut niveau " ou atteints du syndrome d'Asperger ont reçu, en France, un premier diagnostic de psychose….

Deuxièmement cette distinction est un obstacle à la recherche scientifique.Au niveau scientifique, les études internationales ont montré une liaison très significative entre les troubles envahissants du développement et un marqueur génétique. Ces résultats ont été obtenus en étudiant des familles présentant deux enfants atteints de troubles du développement, soit autisme typique soit autisme atypique. Le même marqueur génétique a été retrouvé aussi avec une fréquence anormalement élevée aussi bien chez ceux que les Français appellent autistes de ceux qu'ils sont les seuls à appeler psychotiques. On comprend pourquoi la contribution de la France dans cette recherche est restée aussi faible. Pourtant ces recherches sont la source d'immenses espoirs car la génétique nous permettra de mieux comprendre le mécanisme de ces atteintes et peut-être de trouver destraitements spécifiques dans l'avenir. Cela peut aussi constituer un outil intéressant de prévention.

Il est grave que la psychiatrie française ne participe pas (à quelques exceptions notables près) à cette recherche qui représente un grand espoir pour le futur. (On ne peut participer à une recherche et donc l'aider à évoluer que si on donne la même définition aux même entités diagnostiques).

Troisièmement cela constitue un obstacle aux prises en charge adaptées. Les prises en charge de personnes atteintes d'autisme et de troubles envahissants du développement sont bénéficiaires de la loi de 75 qui leur reconnaît le droit à une prise en charge éducative, pédagogique, sociale, rééducative et thérapeutique. Le diagnostic de psychose, considéré comme une maladie et non comme un handicap, exclut le plus souvent ces enfants d'une prise en charge pédagogique et éducative. Le diagnostic de psychose infantile conduit dans beaucoup trop d'endroits la commission d'éducation spéciale (CDES) à se récuser en conseillant une prise en charge à l'hôpital au lieu de mettre en œuvre, pources enfants victimes d'une déficience handicapante, un programme individualisé d'éducation – seul projet susceptible, à l’heure actuelle, de leur donner une meilleure chance d’intégration, de compenser leurs difficultés de communication et de socialisation, d'éviter leurs comportements violents, et entraîne leurs parents dans des années d'inutiles remises en cause et de culpabilisation. 

Quatrièmement, la volonté affichée de séparer les psychoses infantiles de l'autisme ressemble malheureusement à la dernière tentative de la pédopsychiatrie psychanalytique, dont les pratiques sont très largement remises en cause en France après avoir été abandonnées partout ailleurs dans le monde. Cela afin de conserver un pré carré d'action avec la même irresponsabilité quant aux conséquences à l'âge adulte pour ces enfants, que celle qu’elle amontrée au cours des vingt dernières années dans le domaine de l'autisme "pur " dit de Kanner. Finalement, cette différenciation, qui rappelons-le n'est articulée que sur une classification française fortement sujette à caution, sépare les familles, fait croire à certaines que leurs intérêts et besoins de prise en charge sont différents de ceux d’un autre groupe,affaiblissant par là même les mouvements associatifs dans leurs actions pour l'obtention des réformes nécessaires de la part des pouvoirs publics. Que l'on se comprenne bien, Il ne s'agit aucunement de vouloir s'attribuer tel ou tel syndrome, mais tout simplement de privilégier l'avenir des enfants. On peut s’interroger sur les raisons de cette " rigidité " spécifiquement française. Il semble qu’elle provienne, en grande partie de la séparation entre la pédopsychiatrie et la psychiatrie adulte, qui fait que la plupart despédopsychiatres n'ont pas de connaissances du futur de leurs patients. Ce qui est particulièrement atterrant, dans les systématiques démonstrations de lapédopsychiatrie psychanalytique, c'est qu'elle fait systématiquement référence à " une amélioration à l'adolescence ", situation observée dans de nombreux cas, même avec une prise en charge légère, mais sans préciser que cette amélioration à l'adolescence n'entraîne jamais de guérison à l'âge adulte. Nous, nous restons parents de nos enfants quel que soit leur âge. Je voudrais dire -- mais c'est terrible -- aux parents de " psychotiques" infantile qu'ils deviendront parents d'adultes autistes, et qu'à cemoment-là les pédopsychiatres ne seront plus là pour jouer à l'interprétation de leurs relations.

Enconclusion je souhaiterais conseiller à toutes les familles dont les enfants ont reçu un diagnostic de psychose infantile, de contacter l'un des cinq centres de ressources sur l'autisme (Tours, Montpellier, Reims ou Toulouse) afin d'obtenir une confirmation de ce diagnostic.

Dr. G. Macé  

 

22 septembre 2013

la chronique du scandale ordinaire d'Autisme France se nourrit ...

Chronique du scandale ordinaire (Autisme France)

Pour protéger les familles, les dossiers figurent avec des initiales, il n'y a que le numéro du département, et quelques lignes pour résumer. L'autisme en France, une honte nationale.

 


► 21/09/2013 - Département 84 : refus de diagnostic fait en libéral, refus de notification service d'intervention précoce par la MDPH

 

Enfant de 3 ans, pourrait avoir une place dans un service d'intervention intensive, mais la MDPH et le CAMSP refusent le certificat du pédopsychiatre libéral et la MDPH exige un certificat du CRA.


 

► 20/09/2013 - Département 91 : refus de l'ESAT d'aménager l'accompagnement, pour ne pas devenir un établissement pour adultes autistes, chantage pour qu'il aille en HP ou CATTP.

 

Adulte de bon niveau, mais qui n'a jamais eu d'aide éducative, rejeté par l'ESAT. La maman cherche un emploi en milieu ordinaire. Elle refuse la médicamentation et la psychiatrisation.


 

► 20/09/2013 - Département 37 : refus de diagnostic, signalement abusif à l'ASE

 

C. P. Maman seule, deux enfants autistes. Le CMP récuse les diagnostics du CRA et invoque des troubles psycho-affectifs ; il fait un signalement à l'ASE.


 

► 20/09/2013 - Département 37 : refus de diagnostic, signalement abusif à l'ASE

 

Maman seule. Accusée de syndrome de Münchhausen par procuration. Un an et demi de procédure pour se sortir de là.

2 enfants TDAH et un TED. Signalement abusif à l'ASE. MJIE. Le CAMSP a toujour récusé les diagnostics et c'est lui qui a fait le signalement.


 

► 20/09/2013 - Département 45 : refus de diagnostic, refus de la MDPH de proposer et financer  les interventions éducatives nécessaires

 

Le CAMSP n'a cessé de récuser le diagnostic du CRA. La MDPH refuse de financer les interventions éducatives nécessaires. La famille a dû payer de ses deniers l'accomapgnement en libéral.


 

 

► 20/09/2013 - Département 50 : Déscolarisation, défaut d'accompagnement

 

Bonjour, ma fille 16 ans et demi à ce jour, est autiste asperger ....Déscolarisée et en dépression depuis le 12 Décembre 2012 , sans aucune solution pour elle, rien n'est adapté, le monde du travail ordinaire est exclu pour elle, personne n'a le temps de l'accompagner .....Aucune structure n'existe pour elle, trop jeune, trop âgée, trop handicapée, pas assez ; bien qu'elle n'ait aucune déficience intellectuelle, l'autonomie est très difficile .Une personne l'accompagne , mais qui n'a aucune formation, ma fille stagne, n'’évolue plus, je paie donc de ma poche une psychologue formée autisme qui elle forme la personne accompagnant ma fille .....il faut toujours payer et encore et encore, je suis en colère, révoltée, ma fille n' a aucun droit dans ce pays.


 

► 20/09/2013 - Département 38 : Difficulté d'accès au diagnostic, signalement abusif à l'ASE

 

R.D. Un enfant de 4 ans. La maman se bat pour accéder au CADIPA. Le CMP a fini par adhérer à la démarche, mais la PMI récuse ce diagnostic et veut séparer l'enfant de sa mère. Information préoccupante toujours en cours.


 

► 20/09/2013 - Département 74 : Difficulté d'accéder à une école ABA, impossibilité de trouver un logement social à proximité, signalement abusif à l'ASE.

 

Maman seule avec deux enfants autistes. Brimades et difficultés multiples. A une notification pour un service expérimental mais pas de logement social à proximité. Subit l'acharnement de l'ASE.


 

► 30/08/2013 - Département 67 : Erreur de diagnostic, maltraitance, perte de chance

 

L.K. Bientôt 18 ans, hospitalisé en CMP dès l'âge de neuf mois pour "dépression grave du nourrisson liée à des difficultés affectives avec la mère" , placé en famille d'accueil à 18 mois après signalement du CMP aux services sociaux avant d'être diagnostiqué autiste sévère après ses 3ans. A l'age de 7 ans, il atterrira en internat dans un I.M.E. où sont pris en charge des handicapés moteurs et mentaux lourds, l'enfant est abruti par des traitements à base de psychotropes, le centre ne lui propose pas d'activités, ce qui va le sur-handicaper. La maman, après s'être renseignée sur les dérives liées à la prise en charge de l'autisme, mettra fin à son cauchemar en le retirant de cette structure inadaptée à l'age de 12 ans, non sans être victime à nouveau d'un signalement abusif auprès du juge des enfants. Un non-lieu a été prononcé depuis. Aujourd'hui, L.K.est pris en charge en journée dans un I.M.Pro mais son futur reste sombre et précaire quant à la prise en charge dont il bénéficiera à l'age adulte, du fait de l'énorme retard qui a été pris dans la prise en charge de son handicap.



► 30/08/2013 - Situation actuelle en Belgique.
Lire le pdf

 



► 29/08/2013 - Département 44 : signalement abusif à l'ASE
A.D. Fin juin 2013 une information préoccupante a été lancée par l'inspectrice pour mon fils : ce dernier etait scolarisé sans avs car la psychologue scolaire, la maitresse qui etait aussi directrice ne voyaient pas l' intérêt pour mon fils.
Mon fils est suivi en psychothérapie depuis novembre 2011, j ai commencé un suivi dans un cmp conseillé par l'école. Devant l'incompétence du cmp, j'ai contacté un pédopsy libéral que j'ai rencontré avant de suspendre les soins au cmp.
Je suis convoquée par les assistantes sociales, j'explique la situation de mon fils les pourquoi des changements et là j'apprends avec stupeur que ce qui les inquiète ce n' est pas qu'il ait tapé l'enseignante remplaçante mais le fait que je plaque le cmp, que je veuille remettre mon fils à temps plein à l'école vu que rien ne m'était proposé pour lui juste une heure de psychomotricité par semaine.
Je viens de recevoir un courrier me disant que mon fils n'était pas en danger.
Je vous raconte mon histoire pour que les choses bougent, il y a beaucoup de parents victimes de signalements abusifs et qui malheureusement n'ont pas la chance que j ai eue de tomber sur des professionnels compétents.

 


 

27/08/13 - Département 59 : Packing obligatoire, scolarisation impossible

 

F.B. Enfant de 8 ans. Parcours HDJ, CMP, CAMSP. Pressions pour subir le packing. Maman culpabilisée parce qu'elle parle sa langue maternelle étrangère à la maison. Scolarisation à peu près interdite par l'HDJ. On lui conseille un ITEP (voir circulaire mai 2007 EN, l'ITEP est inadapté aux enfants autistes) pour aller en Belgique dans une officine lacanienne, le Courtil. Les parents ont choisi une école en Belgique.

 


 

► 27/08/2013 -Département 38 : 20 ans d'HP dont 15 en UMD

 

D.F. Adulte 41 ans. 15 ans d'UMD auquel le renvoie systématiquement l'HP local. A fait un AVC et a dû être mis sous dialyse. A cause de la loi sécuritaire de 2011, on ne peut sortir d'UMD que pour retourner en HP ou en prison. Situation ubuesque. Cet adulte est en danger pour sa vie.


 

► 26/08/2013 - Département 92 : refus de diagnostic, signalement abusif à l'ASE

 

C.L. seule avec 3 enfants, 2 TED, 1 TDAH. Aucun diagnostic, aucun dossier MDPH, aucune aide. Le CAMSP a refusé les diagnostics faits par Robert Debré et voulait retirer lesenfants à leur mère.

 

22 septembre 2013

Spirale de l'exclusion publié dans l'express dans le blog the autist de Magali Pignard

tiret vert vivrefm top

clic sur le tableau pour meilleure lecture en pdf

 

autisme et autres handicaps voilà ou va votre argent

13 septembre 2013

Chronique du scandale ordinaire : une nouvelle page sur le site d'Autisme France

Chronique du scandale ordinaire

Pour protéger les familles, les dossiers figurent avec des initiales, il n'y a que le numéro du département, et quelques lignes pour résumer. L'autisme en France, une honte nationale.

 


 

► 30/08/2013 - Département 67 : Erreur de diagnostic, maltraitance, perte de chance

 

L.K. Bientôt 18 ans, hospitalisé en CMP dès l'âge de neuf mois pour "dépression grave du nourrisson liée à des difficultés affectives avec la mère" , placé en famille d'accueil à 18 mois après signalement du CMP aux services sociaux avant d'être diagnostiqué autiste sévère après ses 3ans. A l'age de 7 ans, il atterrira en internat dans un I.M.E. où sont pris en charge des handicapés moteurs et mentaux lourds, l'enfant est abruti par des traitements à base de psychotropes, le centre ne lui propose pas d'activités, ce qui va le sur-handicaper. La maman, après s'être renseignée sur les dérives liées à la prise en charge de l'autisme, mettra fin à son cauchemar en le retirant de cette structure inadaptée à l'age de 12 ans, non sans être victime à nouveau d'un signalement abusif auprès du juge des enfants. Un non-lieu à suivi a été prononcé depuis. Aujourd'hui, L.K.est pris en charge en journée dans un I.M.Pro mais son futur reste sombre et précaire quant à la prise en charge dont il bénéficiera à l'age adulte, du fait de l'énorme retard qui a été pris dans la prise en charge de son handicap.



► 30/08/2013 - Situation actuelle en Belgique.
Lire le pdf

 



► 29/08/2013 - Département 44 : signalement abusif à l'ASE
A.D. Fin juin 2013 une information préoccupante a été lancée par l'inspectrice pour mon fils : ce dernier etait scolarisé sans avs car la psychologue scolaire, la maitresse qui etait aussi directrice ne voyaient pas l' intérêt pour mon fils.
Mon fils est suivi en psychothérapie depuis novembre 2011 , j ai commencé un suivi dans un cmp conseillé par l'école. Devant l'incompétence du cmp, j'ai contacté un pédopsy libéral que j ai rencontré avant de suspendre les soins au cmp.
Je suis convoquée par les assistantes sociales j'explique la situation de mon fils les pourquoi des changements et la j'apprends avec stupeur que ce qui les inquiète ce n' est pas qu il ait tapé l'enseignante remplaçante mais le fait que je plaque le cmp, que je veuille remettre mon fils à temps plein à l'école vu que rien ne m'était proposé pour lui juste une heure de psychomotricité par semaine.
Je viens de recevoir un courrier me disant que mon fils n était pas en danger.
Je vous raconte mon histoire pour que les choses bougent, il y a beaucoup de parents victimes de signalements abusifs et qui malheureusement n'ont pas la chance que j ai eue de tomber sur des professionnels compétents.

 


 

27/08/13 - Département 59 : Packing obligatoire, scolarisation impossible

F.B. Enfant de 8 ans. Parcours HDJ, CMP, CAMSP. Pressions pour subir le packing. Maman culpabilisée parce qu'elle parle sa langue maternelle étrangère à la maison. Scolarisation à peu près interdite par l'HDJ. On lui conseille un ITEP (voir circulaire mai 2007 EN, l'ITEP est inadapté aux enfants autistes) pour aller en Belgique dans une officine lacanienne, le Courtil.

 


 

27/08/13 -Département 38 : 20 ans d'HP dont 15 en UMD

D.F. Adulte 41 ans. 15 ans d'UMD auquel le renvoie systématiquement l'HP local. A fait un AVC et a dû être mis sous dialyse. A cause de la loi sécuritaire de 2011, on ne peut sortir d'UMD que pour retourner en HP ou en prison. Situation ubuesque. Cet adulte est en danger pour sa vie.

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1 septembre 2013

Le combat pour intégrer Alexandre, enfant autiste exclu de la société

Mardi 27 août 2013
 
 
08 Décembre 2004, peut être l’un des plus beaux jours de notre vie, Alexandre pousse ses premiers cris. Quelques difficultés mineures, une hospitalisation pour une suspicion d’occlusion intestinale, puis le retour à la maison… Tout va pour le mieux, 1 biberon toutes les 3H00, des nuits courtes, bref la vie de jeunes parents.

L’été suivant, test positif, petit frère ou petite sœur montrera le bout de son nez dans 9 mois.

Bref une vie de parent ordinaire.

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Vers l’âge d’un an, tout commence à changer timidement. Alexandre ne répond pas toujours à nos appels, rien de dramatique. Alors que je passais rechercher les enfants à la halte garderie, la responsable nous interpelle, « C’est bizarre, nous avons l’impression qu’Alexandre redécouvre les jeux à chaque fois », il faudrait peut être consulter un médecin, Mme Duval au CAMSP (Centre d'Action Médico Sociale Précoce)». Pour quoi faire ? Il va bien Alexandre ! Nous prenons rendez-vous, puis une timide prise en charge psychomotricienne pédopsychiatre, psy quelque chose. D’autres parents, nous font part de leur soucis : l’handicap de leur enfant… Qu’est ce que l’on fait là ???

A la maison, on commence à se poser quelques questions, Alexandre crie, répond de temps en temps et ne parle pas, puis viennent des comportements bizarres, mais surtout il ne parle pas.

En discutant, avec un ami, il me confie que son garçon ne parlait pas non plus avant de rentrer à l’école, une sorte de blocage, puis tout est rentré dans l’ordre quelques temps après. Pas de quoi « trop s’inquiéter », mais quand même, nous n’étions pas convaincus. Il se postait devant l’armoire ou le réfrigérateur et il poussait des cris sans cesse. Ma femme s’est demandé pourquoi il criait comme ça ? Avant de comprendre qu’en fait, il voulait quelque chose… Mais quoi ? Elle sortait donc tout ce qu’il y avait dedans et il finissait par prendre ce qu’il voulait sans lui parler et la regarder ! Il pouvait passer des heures sur les premières marches de l’escalier les yeux fixes, dans le vide. Nous pouvions l’appeler, il ne répondait pas ! (Nous ne comprenions vraiment pas ce qui clochait car c’était un bébé souriant, qui gazouillait, nous regardait… ).

Jamais, il ne pleurait. Les mois passent, son comportement change, nous ne comprenons rien à rien. Un soir pendant un repas, Alexandre part éteindre les lumières, je le gronde, me lève pour allumer, il éteint à nouveau, puis continue, éteint, ré-éteint, ça devient énervant, je le réprimande… (Au coin, une clique sur les fesses, au lit en sautant le repas), … on se sait plus quoi, on ne comprend pas ce qui se passe ! En discutant avec un psy-machin, on essaye d’analyser la situation, de trouver ce qu’il cherche, Alexandre veut nous faire réagir !!! Quelles que soient les conséquences… ! Le lendemain, on tente une expérience. Il éteint comme toujours, mais là, on ne réagit pas, on mange à la lumière de la télé, Marine n’est pas contente ! Ben oui, il n’y a pas qu’Alexandre, Marine est là aussi. En deux jours, il a arrêté de toucher aux lumières. Qu’est ce que ce « comportement » ? Il crie toujours. Lors d’une visite ORL, le médecin constate une otite séreuse. Notre bout de choux n’entend pas toujours bien, via internet, on s’aperçoit que ce type d’otite non douloureuse, donc difficilement décelable provoque chez certains patients, des troubles et des retards de langage, un sens manque : l’ouïe.

Super, on a trouvé son problème ! Malheureusement, rien n’y fait.

Un jour, lors d’une visite avec Mme DUVAL (qui le suit au CAMPS), elle évoque les TED et TEC, (les fameux troubles envahissants du développement et du comportement). Largués, on continue à chercher sur le net, on découvre l’autisme !

Un jour, il faut penser à scolariser notre garçon… mais il n’est pas propre ! La première matinée, on la joue « bêbête » avec du rechange, (1 « caca » et 2 « pipi ») ! Le scandale, « on ne peut pas prendre votre fils, vous vous rendez bien compte ! » (Limite à dire… Vous n’êtes pas capable d’apprendre à votre fils à être propre…). Ok, on fait quoi ? Les réflexions vous mettent à bout… Un jour, je lâche : « Vous savez le plus gros handicap avec un enfant autiste ? C’est le manque de tolérance et imbécillité des gens ! »

Viens le temps où le CAMPS ne peut plus le prendre en charge ! L’hôpital de jour de St Venant est envisagé, « l’hôpital des fous » comme il se dit depuis bien longtemps. Nous partons avec une boule au ventre… Nous allons visiter tout de même. L’établissement parait bien, la structure d’accueil adapté, nous voyons une affiche avec les comportements d’enfants mois pas mois, ça colle jusque 1 ans, après notre bonhomme ne suit plus le schéma ! En sortant, nous nous écroulons tout les deux, mais la vie continue.

Dossier MDPH, 1h30 d’AVS par semaine accordée, le luxe, on conduit Alexandre une journée par semaine, à 8H30, puis on va le rechercher à la récréation. Il n’est toujours pas propre. Le lendemain, il part en taxi-ambulance à Saint Venant, à la rencontre d’une équipe éducative extraordinaire !

Qu’est ce qui nous arrive ? On comprend de moins en moins son comportement ! Les réflexions en famille ! Et des : « Ce n’est pas si terrible que ça, il va grandir ça va aller mieux ! ». Des heures passées sur internet, des livres, puis un jour, lors d’un congrès sur l’autisme, on commence à comprendre ce qui se passe. Des intervenants belges, venus du Québec, les organisateurs, l’intervention d’un adulte autiste, qui nous parle des personnes neuraux standards (neurotypiques), nous et vous en somme. Merde, on a 20 ans de retard en France ! On découvre le TEACCH, l'ABA, avec des prises en charge annoncées entre 2000 et 3000 euros par mois, puis des associations régionales. Au passage, cela fait un an que ma chérie est en dépression…

Alexandre grandit, fait des progrès commence à parler, ou s’exprimer, il sait ce qu’il veut, il commence à provoquer, il est dans le conflit, si maman pleure, il rit. Lorsque il prend un jeu, il détourne son utilité, ne joue pas comme tout les enfants, et finit par casser son jouet. Lorsque il fait quelque chose, c’est calculé.

Il n’est toujours pas propre, jamais il ne pleure. S’il se fait mal, il ne dit rien, même si il revient la joue en sang. La rentrée suivante, il obtient 3h puis 6 h, puis 9 h d’AVS les années après, avec une maman formidable, mais qui ne n’a jamais entendu parler de TED, de TEC, d’autisme etc.

Une maman ordinaire en somme, mais formidable ! Après quelques mois de la lecture, des échanges, des discussions, des idées, elle commence à travailler avec Alexandre, à l’apprivoiser. Une formation est prévue dans 6 mois, la France à bien 20 ans de retard, au moins. Pendant ce temps, nous nous apercevons qu’Alexandre a une mémoire terrible. Les troubles continuent… il est fasciné par les clefs, cela devient une obsession ! Lorsque l’on va quelque part, il ne peut pas s’empêcher de repartir avec des clefs, si on lui fait les poches en sortant, il les planque dans la veste de maman, pour les récupérer ensuite. Les clefs, les clefs, encore et toujours les clefs. S’il en a une dans les mains, plus rien d’autre n’existe. Lorsqu’il veut faire quelque chose, il développe des ressources inimaginables. Il est intelligent, pas de soucis.

Mais il s’installe dans la provocation, le conflit, regarde si vous le voyez avant de faire une bêtise. Léa, adorable fille de sa classe l’a bien compris, lorsqu’Alexandre prévient qu’il va lui casser les lunettes, il le fait ! Il passera la journée à l’affut du moment où il aura 3 secondes pour agir et arriver au but qu’il s’est fixé. Par trois fois, la gamine est revenue sans lunettes à la maison. Ces troubles sont bien envahissant, le message est passé !

La maternelle passe. Et le CP, qu’est ce que l’on fait ? On nous annonce : « ça ne va pas aller ! Il n’y arrivera pas. Il faut envisager un IME, dossier MDPH et compagnie, Visite de l’IME de Longuenesse, impressionnant ce qu’ils font là bas. Ok, on essaye. Septembre arrive, pas de notification, l’AVS ? Bien, on verra le jour de la rentrée. Et oui les nouvelles ne vont pas vite en France… Concernant l’IME, notre bambin est en liste d’attente, on apprendra plus tard, que le dossier s’est égaré.

L’unité de Saint Venant nous avait assuré qu’ils ne lâcheraient pas sans solution, merci à eux. Christelle, l’AVS continue à travailler 6h00 par semaine avec Alexandre. Elle lui apprend à lire, à écrire, à compter. Alexandre nous épate, moi qui pensais le CP voué à l’échec…..

Fin 2011, lors d’une réunion, avec l’équipe éducative, enseignante référente, son instituteur, son AVS, on met en avant l’IME d’Isbergues, prés d’Aire-sur-la-Lys. En février, 15 jours d’essais sont programmés. A la fin de la première journée, une tornade nommée Alexandre est passée par là. Après dialogue avec l’équipe de l’IME, nous sommes à côté de la plaque ! Cet établissement est au top, mais avec une population d’enfants en retard, mais sages. Alexandre, le plus jeune et plus petit du groupe est le seul à lire, écrire et compter…. Mais également le seul autiste ayant des TED-TEC !

Aujourd’hui, une journée sur deux, on a envie de se battre, bouger des montagnes, puis le lendemain envie de baisser les bras, laisser tomber, le moral dans les chaussettes….

Jusque juin 2012, Alexandre était scolarisé 1 journée et demi avec une AVS, et pris en charge en hôpital de jour 2 jour et demi. Je vais me battre pour qu’il continue l’école à temps complet, ou au moins 3 jours sur 4 avec une journée à Saint venant.

L’autisme est une cause nationale en 2012, mais qu’est ce qu’il en est au quotidien ? On passe notre temps à se battre, essayer de se blinder contre le regard des gens ainsi que les diverses réflexions : « Vous ne pouvez pas le tenir votre gamin ? (Lorsqu’il pousse un cri à la caisse d’un supermarché), « Il faut l’enfermer, il est fou ! ». « Nous dire que notre enfant est débile mental ! » « Nous donner des leçons à comment éduquer notre fils alors que ces gens n’ont pas d’enfants ou en ont mais qui sont « normaux » ! Nous l’avons déjà entendu… que notre enfant n’était pas » normal » ! Je peux vous assurez que ça fait mal ! Ma femme rentrait un jour sur deux en pleurant ! Les « bêtises » qu’Alexandre faisait n’étaient as toujours bien perçues ! Des choses qu’ils ne comprenaient pas… (Du style, entourer le cou d’un petit garçon avec un morceau de laine venant d’un pompon trouvé dans la voiture d’un manège sans le serrer) et le papa de dire à ma femme que son autisme et ses troubles n’étaient pas une excuse et lui dire qu’un monstre pareil n’a rien à faire à la foire dans un manège » ! Ce monsieur allait s’en prendre à ma femme et la frapper ! Mais, il est parti car il y avait du monde autour.

Tout le temps, il faut trouver des solutions, lorsqu’on refuse votre gamin à la garderie, à la cantine. J’ai du me battre il y a deux ans pour accéder à la garderie, lorsque mon épouse a dû reprendre le travail et essayer de sortir de sa dépression !

Dans cette belle ville d’Arques, où l’on change 3 fois par an les fleurs des bacs, où l’on met en œuvre un camion avec 4 personnes et 3 tondeuses pour couper 40 m² de gazon…. J’exagère mais pas tant que ça ! Heureusement, il existe encore des gens formidables pour vous filer un coup de main… Les soi-disant amis vous tournent le dos et les membres de la famille sont impuissants et ne connaissent rien à la maladie (Ils ne la vivent pas au quotidien avec nous). Ils sont parfois blessants de leur parole ! Je peux vous dire que le tri s’est fait de soi-même ! Les gens ne viennent plus vous voir et vous n’êtes plus invités chez eux !

Aucun médecin n’a le cran de vous dire : « votre garçon est autiste ! », lorsque l’on dit le « mot », la réponse est : qui vous a dit ça ? A l’heure d’internet, des réseaux sociaux, de la communication, il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Je n’ai pas envie que mon fils soit placé dans un foyer, bourré de médicaments pour être « gérable », comme ce qui est sans doute arrivé à mon beau- frère. A 38 ans le « syndrome autistique » vient d’être abordé avec sa maman. J’ai lu quelque part, au sujet de l’autisme : «Nous sommes passés de la préhistoire au Moyen Âge ! », je crois bien que c’est juste.

Je vais continuer à me battre, car je n’ai pas envie de rester dimanche à la maison, à attendre qu’une camionnette arrive à la maison me déposer mon fils pour la journée, avant qu’il ne retourne dans son foyer, loin des siens.

Je vais continuer à me battre, car si l’on fait ce qu’il faut, Alexandre grandira, pourra peut être travailler, passer le permis, conduire, vivre tout simplement, et trouver sa place dans notre belle société….

D’ici là, nous continuerons à nous battre tant bien que mal.

C’est notre bataille de tous les jours !

16 juillet 2013

Le fantasme humaniste du Pr Delion, du Pr Golse (et des autres ...)

 article publié dans l'express

 

Sous couvert d’humanisme, on peut tout dire, tout justifier, tout imposer, semble-t-il. Ainsi lorsque les pédopsychiatres psychanalystes français se retrouvent acculés, ils se placent sous la bannière de ce grand mot, comme si cela devait immédiatement suffire à mettre un terme à toute polémique, comme si cela pouvait effacer leurs pratiques passées et présentes.

Cela me semble insupportable, parce que l’humanisme, c’est le fondement de ma culture d’homme, c’est ce vers quoi j’ai toujours aspiré.  Et l’humanisme,  dont ils se réclament aujourd’hui, je l’ai désespérément cherché à chaque étape du parcours de soin de  mon fils. En vain.

Où était l’humanisme dans les monologues des psychiatres, culpabilisant ma femme et stigmatisant notre couple ? Où était l’humanisme dans le regard porté sur mon fils, condamné d’office à une camisole chimique aussi bien que physique ?

Ainsi, on tente actuellement d’opposer dans une vision manichéenne d’un côté les psychiatres psychanalystes, et de l’autre, les tenants des prises en charge éducatives et comportementales. Les uns seraient de doux humanistes décidés à mettre le dialogue et la parole au centre de tout. Les autres seraient de dangereux ayatollah du dressage, forcément totalitaires et intolérants.

Evidemment, rien ne saurait être plus éloigné de la réalité.

En France, l’autisme est vu depuis toujours comme une maladie mentale. De Mélanie Klein à Bruno Bettelheim (« toute ma vie, j’ai travaillé avec des enfants dont la vie avait été détruite par une mère qui les détestait » La Forteresse vide), en passant par Jacques Lacan, les troubles autistiques ne sont compris qu’a la lumière de la névrose maternelle.

« Il y a rarement d’autisme, et encore il est tardif (après le sevrage), chez les enfants qui ont été nourris au sein. Par contre il est plus fréquent chez ceux dont la mère a calé le biberon dans les plis de l’oreiller et laissé le bébé boire tout seul. » Françoise Dolto, La cause des enfants, 1985.

Aujourd’hui, ces théories sont mises à mal par les connaissances acquises en neurologie, ou en génétique. Pour autant, elles infusent toujours la pratique des professionnels.

Voici par exemple ce qu’écrit le Pr Golse… (en 2013 !) :

« Les premiers signes avant-coureurs de risque autistique, dès les 12 premiers mois de la vie, est une conduite maternelle de surstimulation de l’enfant (ou parle parfois d’intrusivité maternelle) », Mon combat pour les enfants autistes.

Encore aujourd’hui,  les pédopsychiatres psychanalystes parlent  de « psychose infantile » et de « dépression infantile » en lieu et place d’autisme. Évidemment, cette psychose infantile trouverait sa source dans des carences de soin maternel, des carences d’amour. Chaque année, des centaines d’enfants autistes sont diagnostiqués ainsi, et des centaines de mères sont officiellement désignées responsables.

Certes, le discours des psychanalystes change. Du moins le discours médiatique. Il se fait plus policé. Sont inventées des notions plus ou moins fumeuses, telles que la psychogénétique, ou les prises en charge dites « intégratives ».  Cela ne veut rien dire, si ce n’est « ok pour admettre d’autres disciplines que la psychiatrie dans l’autisme, mais faut pas pousser, la psychanalyse doit avoir son bout de gâteau ». Je caricature à peine.

Car, enfin, les professionnels savent bien qu’à l’heure d’internet, la manipulation des familles est moins facile. Les informations circulent, et il devient de plus en plus difficile de justifier cette exception française.

Mais dans les faits, cette situation est ubuesque. Il arrive maintenant que des familles repartent avec deux diagnostics différents pour leur enfant, selon qu’elles s’adressent au service de neurobiologie ou au service de pédopsychiatrie, au sein d’un même hôpital !!! Quand une spécialité diagnostiquera des troubles du spectre autistique et orientera vers une prise en charge éducative et comportementale, l’autre diagnostiquera une « dysharmonie évolutive » ou une « psychose infantile » et ordonnera une orientation en hôpital psychiatrique pour enfant, dit « hôpital de jour ». C’est à cela que ressemble la pédiatrie en France.

Où est la médecine, dans tout cela ? Que font les autorités sanitaires ?

Pourquoi n’y a-t-il pas d’évaluation des pratiques ?

Stop aux fantasmes psychanalytiques dans le diagnostic et dans le traitement de l’autisme.

L’autisme, vu à travers le prisme de la psychanalyse, est une maladie imaginaire, fantasmée.

L’autisme, tel que décrit par psychanalyse, n’existe pas.

Que chaque enfant ait le droit de prétendre aux meilleurs traitements possibles, voilà ce qui, pour moi, relève de l’humanisme. Les enfants doivent être protégés, et cette protection sous-entend que les traitements dont ils doivent bénéficier soient efficaces et éthiquement irréprochables.

5 juillet 2013

L'article -> Autisme : quand les familles s'en mêlent. Profondément blessant ...

Madame Chamak

J’ai lu dans « Sciences Humaines »  votre article  « Autisme : quand les familles s’en mêlent »

J’ai été profondément blessée par la façon dont nous, les familles y sommes présentées.

 

Qui impose à qui ?

Vous écrivez, à propos des méthodes comportementales : « (…) de nombreuses associations de parents militent pour imposer ces approches. » 

Mais à qui donc imposons-nous quoi que ce soit ? Le terme « imposer » que vous utilisez est totalement inapproprié, puisque ce sont en réalité les professionnels de santé et d’éducation qui nous imposent le type d’accompagnement, d’interventions pour nos enfants. Qui font pression sur nous, qui nous culpabilisent, jusqu’à faire des signalements à l’Aide Sociale à l’Enfance si on refuse de mettre notre enfant dans tel établissement/hôpital de jour.

Mais c’est vrai au juste, de quoi se mêlent les familles ?

Ne me dites pas que j’exagère, j’aimerais seulement que ce soit le cas. Mais, des appels de mamans à qui on met la pression, les associations de parents en reçoivent très régulièrement. La routine, le quotidien.

 

À propos de maltraitance

Dans votre article, vous parlez de maltraitance en citant un cas dans une structure comportementaliste. Mais vous oubliez de citer les dizaines de milliers de personnes autistes maltraitées qui vivent dans des établissements publics et dans lesquels, en grande majorité, les professionnels font du gardiennage, les considérant comme des malades qu’il faut médiquer et non éduquer… Et oui, le défaut d’éducation relève de la maltraitance…

Au fond, que voulons-nous ? Que nos enfants aient leurs chances de recevoir de l’éducation, d’apprendre la vie en société, d’apprendre les relations sociales…

Avez-vous des enfants Madame ? Si oui, vous leur avez certainement donné les moyens d’apprendre, de comprendre, d’être en relation avec les autres : vous leur avez laissé l’accès à l’éducation, à l’inclusion dans la société.

En quoi alors notre demande est-elle surprenante, choquante ?

Vous voudriez peut-être, sous prétexte que nos enfants ont un fonctionnement cognitif particulier, que nous les laissions les yeux fermés dans des institutions psychiatriques, hors de la société, pour les récupérer dans un état bien pire qu’à leur arrivée ?

Vous voudriez que nous les laissions croupir comme ces adultes dans le film « Autisme, solutions d’espoir » ?

Finalement, qui sont les personnes qui tiennent à ce que nos enfants progressent ? Certainement pas les professionnels qui ont à portée de main des neuroleptiques pour les calmer en cas de troubles de comportement. Des troubles qu’ils ont laissés s’installer, en se disant « C’est pas grave, si ils s’agitent un peu trop, on les shoote et on a la paix. »

 

 

Notre péché :  demander à ce que nos droits soient respectés

Dans votre article, notre volonté d’implication dans les accompagnements proposés est présentée de manière très négative. Mais n’est-ce pas naturel de vouloir cela ? En plus d’être naturel, c’est légitime, puisque maintenant les lois sont claires sur ce point : les parents sont, sur le papier, au cœur des décisions pédagogiques, éducatives.

Vous reprochez à une association nationale d’avoir osé faire condamner (en  2003) la France par le conseil de l’Europe : comme si était un blasphème… Alors que nos revendications sont bien légitimes : le droit au diagnostic, le droit à l’éducation comme n’importe quel être humain, droit que l’état français ne permet pas. Si on privait vos enfants de ses droits les plus élémentaires, comment réagirez-vous, Madame ?

Dans vos reproches vous avez simplement omis de dire pour quelles raisons la France est condamnée : pour le non respect de ses obligations éducatives à l’égard des personnes autistes. Le droit à l’éducation est un droit fondamental, bien détaillé dans l’article 24 de la convention relatives au droit des personnes handicapées de l’ONU en 2006.

Vous avez aussi soigneusement omis de dire que c’est grâce à cette condamnation de l’Etat que les Centres Ressources Autisme (CRA) se sont développés.

 

 

À propos d’argent…

Vous nous rendez coupables de la privatisation de tout un secteur, qui soit-disant s’en mettrait plein les poches avec nos enfants. Mais avez-vous un peu cherché pourquoi les familles dépensent de l’argent avec ce genre de professionnels ? Parce qu’il y a des résultats. Parce que ces parents font confiance dans les professionnels qui apprennent à leur enfants les règles sociales, les règles de communication, les apprentissages académiques : ils sont prêtes à payer pour qu’il aient accès à cela.

Toutes ces choses qui, pour vos enfants si vous en avez, sont prises en charge par l’Etat.

Oui, les parents se tournent vers le secteur privé, mais ils aimeraient bien pouvoir se tourner vers le public, si ce qui était proposé donnait des résultats concrets, de l’espoir… Au lieu de pratiques datant des années 1980, sauf dans certains hôpitaux de jour que l’on compte sur les doigts d’une main, mais que vous présentez comme si il y en avait un grand nombre.

Vous accusez  une certaine catégorie de professionnels de vivre, profiter de l’autisme, mais vous-mêmes, de quoi vivez-vous ? Vous aussi gagnez votre vie grâce à l’autisme, c’est là-dessus que porte votre travail, l’Etat vous paye pour cela.

Mais que faites-vous concrètement pour les personnes autistes, à part essayer de casser dans cet article le formidable travail des familles ?

14 juin 2013

Autisme : nous en avons assez des polémiques ! (Danièle Langloys)

 Le Monde.fr | 14.06.2013 à 16h17

Par

L'autisme est devenu l'objet de propos d'une rare violence à l'égard de la ministre des personnes handicapées comme des associations de familles. La première paie son courage à viser la modification des pratiques dans le plan autisme 3, les deuxièmes leur refus constant de continuer à se plier à la pensée unique en matière d'autisme.

Bizarrement, ceux qui ont monopolisé le débat pour continuer à imposer une vision totalement dépassée de l'autisme semblent avoir oublié les premiers concernés : les personnes concernées par l'autisme et leurs familles.
Il est donc temps de rappeler quelques évidences.

Les parents d'enfants autistes sont les détenteurs de l'autorité parentale. A ce titre, ils veillent sur l'éducation et les soins de leurs enfants autistes. A voir le nombre grandissant de signalements abusifs pour retirer les enfants autistes à leurs familles, on mesure combien ce droit gêne certains professionnels, pas seulement de santé.

Les parents sont des usagers du système de santé et des services et établissements médico-sociaux. Ils ont donc droit au respect de la loi de 2002 garantissant leurs droits en la matière. Le libre choix des prestations y est affirmé. Ce sont ainsi les familles qui, assumant ainsi leurs responsabilités parentales, doivent choisir les programmes d'apprentissage et les formes d'éducation qui leur paraissent convenir à leurs enfants autistes, avec le soutien de professionnels compétents et formés, soucieux de partager savoirs et savoir-faire avec elles.

Les parents ont le droit d'exiger des informations sur la santé de leur enfant qui soient conformes aux données actualisées de la science. Ils ont le droit et le devoir de veiller à ce que leurs enfants, à tous les âges de leur vie, aient droit à des soins conformes à ces mêmes données. C'est rarement le cas.

Les parents sont des contribuables. Sur ce point, ils n'ont pas à payer deux fois : pour le maintien de pratiques obsolètes et coûteuses, dont ils ne veulent pas, et pour l'organisation à leurs frais de programmes éducatifs, qui ne sont pas financés par l'argent public, largement monopolisé par les pratiques obsolètes. Ils ont le droit de s'indigner que l'argent public finance l'exil forcé en Belgique de leurs enfants, à tous les âges de leur vie, sans aucun contrôle de la qualité de l'accueil.

Les parents sont des citoyens. Ils ont un droit de regard sur les politiques de santé publique. Ils ont le droit de demander des comptes à ceux qui monopolisent l'argent public pour garder, sans évaluation ni contrôle de leurs pratiques, leur pouvoir et leurs financements. Ils ont le droit de savoir où sont les personnes autistes et où est l'argent de l'autisme. Ils ont le droit de s'interroger sur les milliards employés chaque année à interner des "malades" en psychiatrie. Combien de personnes autistes parmi eux ? Combien en meurent, foie et reins détruits par l'administration à vie de neuroleptiques, pour le plus grand bénéfice des laboratoires pharmaceutiques ? Ils ont droit de s'interroger sur la condamnation de la France quatre fois de suite (2004, 2007, 2008, 2012) pour discrimination à l'égard des personnes autistes.

Les parents sont des êtres humains. A ce titre, ils n'ont pas à trouver acceptable l'atmosphère haineuse que des professionnels développent à leur égard. Ils n'ont pas à trouver acceptable que leurs enfants, rebaptisés "psychotiques", se voient proposer l'accueil de leur "folie" à vie en hôpital psychiatrique. Ils n'ont pas à trouver acceptable la dictature imposée aux familles et professionnels compétents, au nom d'une vision erronée et dangereuse de l'autisme.

Les personnes autistes sont porteuses d'un handicap, et à ce titre, doivent bénéficier de tous les programmes d'accompagnement nécessaires à leur inclusion sociale, conformément à toutes les conventions et directives européennes et internationales. Ces programmes commencent par le diagnostic et l'intervention très précoces, seule manière de limiter considérablement les surhandicaps.

Les personnes autistes ont droit à une vie digne, à développer des apprentissages, à bénéficier de programmes d'accompagnement personnalisés, centrés sur leurs goûts et leurs compétences, à vivre en milieu ordinaire, près de leurs familles, comme tout être humain.

Les droits de l'homme concernent aussi les personnes autistes et leurs familles.

Danièle Langloys (Présidente Autisme France)

14 juin 2013

Mise au point sévère mais justifiée de Danièle Langloys, présidente d'Autisme France

Tribune sur l'ambiance actuelle :

tiret vert vivrefm topLire le pdf

 
30 mai 2013

Excellente interview de Hugo Horiot sur Europe 1 qui donne les clés pour mieux comprendre

"Les enfants autistes ne sont pas inclus dans le monde"

tiret vert vivrefm top

http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Emmanuel-Maubert/Sons/Les-enfants-autistes-ne-sont-pas-inclus-dans-le-monde-1502799/

J'ai noté notamment le coût d'une journée à l'hôpital de jour pour le contribuable : 900 euros

et plus globalement : environ 49 milliards d'euros !

29 mai 2013

AUTISME et PSYCHANALYSE (2)

 

 

 

Préambule :  ce deuxième volet sur  le sujet cherche à compléter le premier en transcrivant presque intégralement les propos du documentaire, suivis s'une critique de ceux-ci, des théories et des pratiques passées et présentes de la psychanalyse au sujet de l'enfant autiste.

Introduction, la polémique

Une polémique existe autour du documentaire Le Mur, de Sophie Robert. De nombreux parents et des associations d'enfants autistes y voient un nouveau document à charge contre la légitimité de la psychanalyse à prendre en charge les enfants autistes.  Suite à la plainte de trois psys concernés, Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, la justice a ordonné le retrait du film en donnant raison aux plaignants, au prétexte que leurs propos auraient été dénaturés. On trouvera en attaché l'énoncé complet du jugement.
On entend un peu partout que les partisans de ce documentaire ne sont que dans le dénigrement, l'invective, la vengeance, qu'ils n'argumentent pas leurs critiques, qu'ils ne sont pas dans le logos mais dans le pathos, etc. Alors, nous allons essayer ici d'être de dignes contradicteurs.


Le jugement, la plainte d'Alexandre Stevens



Le jugement précité affirme que Sophie Robert "laisse faussement apparaître que pour Mr Stevens les parents sont désignés comme responsables ou fautifs. L'accusation se base sur des propos que la journaliste n'a pas retenu dans le film ceux où Stevens affirmerait le contraire des propos retenus dans le film. Les voilà :
"Elle est d'abord de la responsabilité du sujet lui-même. C'est lui qui a choisi - c'est étrange mais c'est comme ça. - de se tenir en retrait par rapport à une certaine dimension d'envahissement qu'il a connu. Il est vrai que ce choix va varier en fonction de ce qui vient de l'autre, d el'extérieur, des autres, mais je n'ai pas idée, moi, qu'il y ait une grande responsabilité des mauvais parents qui de ce fait font que leurs enfants soient autistes. Je ne mets pas la responsabilité, la faute de ça, sur les parents. "  

Remarquez qu'il est dit d'abord que les parents ont peu de responsabilité mais pas trop, puis qu'ils n'en ont pas du tout. En plus de ce flou, Stevens renforce son propos sur la responsabilité, sur la volonté du bébé (de l'embryon ?) dans la survenue de sa pathologie :  "c'est lui qui a choisi" .  Je ne sache pas que cette explication-là soit absente de la  polémique !  Nous voyons bien que la position de Stevens n'est pas moins contestable en prenant connaissance  de son intervention intégrale.

C'est le contraire, même, s'agissant de la responsabilité de l'enfant. Bon, le psy évacue ici celle des parents, et alors ? Il n'y a rien de nouveau. Léo Kanner, qui a décrit le premier l'autisme infantile les aurait déjà innocentés. Par contre, il les aurait décrits "remarquablement peu aimants, intellectuels, rigides et froids."
source : http://www.spp.asso.fr/main/extensions/items/12_autisme.htm

Ajoutons qu'il y a bien une question posée dans le film qui n'est pas la question de l'interview proprement dite, mais elles sont de même substance, donc aucunement trompeuse. Il y a aussi une formule abusive alléguant que pour  tous les psychanalystes,  l'autisme est une psychose résultant d'une mauvaise relation maternelle. La journaliste a eu tort, en effet, de ne pas nuancer son propos.

Le jugement, la plainte d'Esthela Solano-Suarez

Là encore, la journaliste fait un tour de passe-passe avec les questions. On ne peut pas l'approuver déontologiquement, c'est évident, mais en fait, on remarque que cette erreur dessert plus la journaliste que la plaignante (voir interview plus haut : "cette façon de concevoir...).  Alors qu'on demandait à cette dernière si des connaissances scientifiques sur l'autisme avaient enrichi sa discipline, qui se pique de s'occuper des autistes, Solano fait une réponse d'emblée en opposition qui donne une idée de sa disposition d'esprit envers la science. Pour la deuxième question tronquée, on constate que la réponse correspond davantage à la question initiale qu'à la question finale, mais aussi que cette réponse peut être désolidarisée de la question. Idem pour les autres questions. Par ailleurs, il n'est pas inintéressant d'entendre quelqu'un dire "la  loi de la mère est une loi de caprice", quel que soit le contexte. Cela signifie que la personne qui prononce ces mots admet qu'une mère respecte une loi, celle du caprice : et on est tout de suite plongé dans un imaginaire sexiste. Pour ma part, j'ai pensé à la Donna e mobile, de Verdi, la femme est changeante. On peut aussi penser à "Souvent femme varie", les exemples ne manquent pas.

 Le jugement, la plainte d'Eric Laurent

Il reproche à Sophie Robert l'image négative sur la science donnée par son propos retenu pour le film, isolé d'un long laïus de sept minutes, où il précisait en particulier que "la description de nous-mêmes comme mécanisme biologique se complexifie des hypothèses amenées par les neurosciences, par la biologie fondamentale...".  Dans l'extrait choisi par la réalisatrice, pourtant, on entend bien que l'interwievé est attentif aux progrès de  la biologie et des neurosciences, dont  il dit clairement qu'il s'informe des résultats. Ce n'est pas de la faute de la journaliste si Laurent expose au même moment, et de plusieurs manières, son scepticisme.
En conclusion, sans nier que la journaliste aurait dû s'astreindre à davantage de rigueur  dans son travail, il me paraît évident que ce dernier apporte un éclairage très intéressant  sur des idées et des pratiques de la psychanalyse sur l'autisme, et que le jugement du tribunal de Lille est empreint de partialité, donnant plus de poids à quelques erreurs qu'à  un ensemble riche de témoignages.

Le Mur

Pour juger au mieux le film, j'ai retranscrit presque intégralement les propos rapportés des thérapeutes interrogés afin de les analyser le plus objectivement possible

LA CAUSE DE L'AUTISME ET SA NATURE  :  L'ENFANT LUI-MÊME

Pierre Delion, psychanalyste :

"La distinction structurale qu'on peut faire entre l'autisme, d'une part, et la psychose de l'enfant d'autre part, qui est véritable, sur le plan de la description, et de la structure sous-jacente, ne résiste pas à l'analyse dans la continuité, entre cette première structure et la deuxième. Il me semble qu'il y a des passages entre la structure autistique et la structure psychotique, et la structure dysharmonique. Maintenant, si on dit ça, on fâche beaucoup les associations de parents d'enfants autistes, qui pensent qu'il n'y a rien à voir entre les autistes et les psychotiques. A mon avis c'est une erreur, il y a beaucoup de choses à voir..."

Alexandre Stevens, psychanalyste, psychiatre en chef de l'Institution pour enfants Le Courtil, à Tournai :

- Je pense que l'autisme, c'est un mode de réaction du sujet qui est évidemment très tôt dans l'histoire logique, si je puis dire, c'est quand même qu'au fond, en réponse à ce qui vient d'envahissement du monde et de l'autre, il se ferme. Il se met dans une bulle, et il refuse, au fond, de se mettre dans les méchanismes de la parole, encore que certains autistes parlent, n'est-ce pas ? donc c'est plus que de la parole, dans les mécanismes subjectifs, c'est à dire, parler d'accord, mais sans y être impliqués.
- Est-ce que vous faites une distinction structurale entre l'autisme et la psychose ? demande la journaliste.
- Non. Pour ma part, non.
- Les autistes sont psychotiques ?
- Oui. Si vous voulez, l'autisme dans le fond est une situation extrême de quelque chose qui est dans le cadre des psychoses.

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

- " Ce que nous pouvons constater quand nous nous occupons des enfants autistes, c'est précisément que les enfants autistes sont malades du langage. L'autisme est une façon de se défendre de la langue."

Professeur Bernard, Psychanalyste APF, chef de service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker à Paris.

- Parler à l'autre veut dire qu'on n'est plus confondu avec l'autre. Je veux dire, tant qu'on n'est pas séparés, tant qu'on est confondu dans l'autre, fusionné dans l'autre, ce qui est le problème des enfants autistes, justement, pour qui d'ailleurs l'autre n'existe pas. Mais après, quand l'autre commence à émerger, ils sont encore dans une distance tellement pathologique, qu'ils ne peuvent pas parler à l'autre.

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- On ne penser à l'autre, on ne peut parler à l'autre que si on a pris du champ. Tant qu'on est encore inclus, interpénétré, fusionné avec l'autre, on peut ni penser à l'autre, ni parler à l'autre, c'est presque un truisme. Si le langage nous touche tout au long de notre vie à ce point là, et la psychanalyse passe par le langage, c'est que le langage ne parle que de séparation. Et ça c'est une vision qui n'a.. très très... c'est une vision du développement si on veut, c'est une vision extrêmement spécifique de la vision psychanalytique des choses.
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Au fond, on essaye par tous les moyens, de faire sentir à l'enfant autiste qu'un autre existe. qu'il n'est pas menaçant.


LA CAUSES DE L'AUTISME ET SA NATURE  :  LA MÈRE, LE PÈRE.

Daniel Widlocher, Psychanalyste, ancien chef de service de psychiatrie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, professeur de psychiatrie à l'Université de Paris VI

La journaliste : Par rapport à la psychose aussi bien que l'autisme, il y a une explication qui est traditionnellement utilisée, c'est que  il y a une dépression maternelle pendant la grossesse ou pendant les premiers mois de la vie, qui aurait altéré la relation mère-enfant et pourrait être responsable de ces troubles graves.
-  Alors, c'est ce que des collègues sérieux nous disent. Par conséquent, moi je les écoute.
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- Pourquoi des autistes profonds ne parlent pas ? demande la journaliste.
- Je ne sais pas. Ma première idée c'est qu'ils ne parlent pas parce qu'ils ne sont pas stimulés à la parole, de même que des enfants qui sont très peu entourés par un bain de langage auront quand même des difficultés de langage même si ils ne sont pas autistes. Par conséquent, il y a une stimulation dans le langage, une stimulation parentale et de l'environnement qui est tout à fait importante.

Geneviève Loison, psychanalyste lacanienne, pédopsychiatre référente à Lille.

"L'autisme, c'est donc la fusion maternelle ?" demande la journaliste. "Attendez", répond la psy, "là il y a des tas de théories, hein. Pour moi, j'ai soit la fusion, soit l'abandon complet, le vide. Soit l'un, soit l'autre. Les deux pôles. Ce n'est pas pareil. Mais quand ils sont complètement dans le vide. Mais, moi ce que je rencontre ici, dans le cabinet, c'est plutôt les fusions. Les abandons complets je ne les vois pas ils vont en institution.
- Bruno Bettelheim dit que les autistes sont victimes de mères trop froides, et d'un autre côté on a Jacques Lacan qui théorise la psychose et l'autisme par la fusion maternelle, par une relation quasi-incestueuse  entre la mère et l'enfant..
- Oui, oui, tout à fait.
- ....voilà, donc d'un autre côté on a une mère trop chaude.
-  Oui. Trop froide ou trop chaude, ça ne va pas. Il faut une mère, comme dit Winnicott, suffisamment bonne, ni trop bonne trop chaude, ni trop vide complètement, évidemment. S'il n'y a pas de relation, ça ne donnera rien.
- Comment expliquer que deux attitudes complètement opposées puissent donner le même résultat ?
- Il y a des mécanismes différents. Nous c'est notre travail de remettre entre les deux."

 Pourquoi-voulez vous qu'ils communiquent ? ils sont en fusion. Ils communiquent sans parole. Il n'ont pas de raison d'acquérir la parole. La parole suppose l'accès au symbolique. L'accès au père. Je ne suis pas qu'avec ma mère, il y a un père qui m'a créé à l'origine, qui a été le fondateur avec sa puissance paternelle, qui a créé un enfant. Et l'enfant ne le découvrira que très progressivement, ça.
- En quoi le père incarne-t-il le symbolique ?
- ... Ah, c'est difficile, ça. ...Euh... Ben..c'est l'accès à l'abstraction, à la distance. L'accès... faut bien parler quand on n'est plus collé. Il vient s'interposer entre la mère et l'enfant.
                                                                                  
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- Les enfants autistes (c'est la journaliste qui parle), on dit que leur mère n'arrive pas à capter leurs regards.
-  Ben oui, ils ne sont pas dans la relation du tout. Ils sont restés dans un oeuf.
- Ils fuient la mère, alors, parce qu'ils sont fusionnés à la mère ?
- Ils n'ont pas décollé du tout. Moi ce que j'en dis, et c'est.. ils sont restés dans l'oeuf, dans l'utérus. Ils sont restés dedans, pourquoi voulez-vous qu'ils regardent ou qu'ils parlent ?


- Il n'a pas pu, hein. Souvent, vous savez, combien de fois on voit des pères qui auraient voulu, et c'est ce qu'on appelle la forclusion. La forclusion du nom du père.
-   Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Bonne question ! Ça veut dire que le père, en termes simples, a fait l'enfant mais qu'il n'existe pas. On nie son existence.
- La mère nie son existence ?
- Nie sa fonction, son existence, il n'y a qu'elle et l'enfant qui compte. Le père n'existe pas. Il est peut-être là pour apporter un peu d'argent, pour, pour.. il est là comme un figurant. Il n'a pas la fonction d'un mari aimé, considéré dans sa parole. Quand la mère considère la parole du père,  l'enfant découvre la parole.
- Si l'enfant ne parle pas, c''est que la mère déconsidère la parole du père.
- Ben, il n'y en a pas beaucoup, ici, hein, c'est en hôpital psychiatrique, en hôpital de jour que j'avais des autistes profonds.   

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Vous savez la folie..  oui, c'est les premiers mois de la vie. Mais le tout..on a tous été fous, puis.. Enfin ou presque.
(...)
La journaliste : Mais pourquoi qualifier cet instinct, cette relation, cette capacité hors langage, à la mère à comprendre son enfant hors-langage, pourquoi qualifier ça de folie ?
- Ben, parce que si on en restait là, l'enfant irait dans la folie, hein. Et la folie, c'est justement ce que vous demandiez tout à l'heure pour l'autisme : ils en sont restés là.

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"C'est le crocodile*, lance la dame en sortant un crocodile  en plastique d'un coffre à jouets. Voilà le crocodile. Alors, le crocodile nous indique tout de suite de quoi il s'agit. Il joue avec. Quand ils mettent la main dedans, je suis inquiète. Ou un objet dedans, je suis inquiète. Quand ils se mettent dessus ou quand ils tapent dessus, je suis rassurée !
- Pourquoi, qu'est-ce que ça veut dire le crocodile ? questionne la journaliste.
-  Le crocodile c'est la mère. Les dents de la mère.
(...)
- C'est ce que Lacan appelait la mère crocodile ?
-Oui. Alors, tout le but de notre travail, c'est de l'interdire de manger.
- De manger l'enfant ?
- Oui.
(...)  La psy tient le crocodile dans une main, un crayon dans l'autre.
- Et ce crayon, il représente quoi ?
- Et bien ça, c'est... (elle place le crayon en travers de la gueule du croco), voilà, tu ne peux plus. C'est la barre.
- C'est le phallus paternel ?
- Voilà. Tu ne peux plus.
- C'est la loi du père ? Qui barre l'enfant vers sa mère ?
- Voilà.
- Qui interdit à la mère de détruire l'enfant ?
- Voilà. Et de le dévorer.
- Est-ce que ça concerne les autistes ?
- Et oui. Mais oui. C'est une question de stade. Voyez, on prend l'enfant à un stade, parfois. Les autistes, c'est eux qui, souvent.. (elle sort une tortue en peluche, dans laquelle elle fourre une main).. ils nous mettent l'enfant là-dedans. Ils se mettent là-dedans. Là, on est  assez inquiets, hein !

*   « Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes, c'est ça la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère. Le rouleau qui est là en puissance au niveau du clapet, c'est ce qu'on appelle le phallus, c'est le rouleau qui vous met à l'abri si tout d'un coup ça se referme. »
 Jacques Lacan  : « Le Séminaire, livre XVII, L'envers de la psychanalyse ».
                                                                 
Laurent Danon-Boileau, psychanalyste, centre Alfred Binet à Paris :

"-  Il y a cette idée, bon il y a ce qu'on appelle familièrement la folie maternelle des premiers temps, c'est à dire grosso modo, il y a  un moment donné où la mère est tellement contente  d'avoir son lardon, elle fait un tout avec le lardon et puis il n'est pas question que quiconque  intervienne.
- Pourquoi appeler ça folie, d'ailleurs ?
- Euh... parce que il y a l'idée, disons, d'une espèce de totalité qui serait.. qui donne une espèce de toute puissance. Et à l'idée qu'on a fait une chose comme ça on est tout puissant, rien ne peut vous atteindre etc. etc."

- "La folie maternelle. Est-ce que la folie maternelle est un obstacle majeur à l'émergence du langage ? Dit sous cette forme-là bien entendu que oui."

Alexandre Stevens    :   
                                                
La journaliste :  -  Vous êtes d'accord avec la notion de folie maternelle ? Que toute femme, toute mère traverse les premiers mois après l'accouchement une phase de folie qui peut s'avérer problématique pour le nourrisson si elle se prolonge ?
- Oui, oui, non, moi ça ne me gêne pas du tout le terme de folie maternelle.
(...)
- Vous êtes psychiatre, la folie c'est quand même quelque chose de connoté. De manière assez négative, quand même.
-  Pas pour moi.
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- La fonction paternelle consiste à intervenir de deux façons. D'une part, çà un dire que  non à la fusion de la mère et de l'enfant. Le père est celui qui interdit la mère.
- Qui interdit sexuellement, c'est ça ?
- Qui interdit la jouissance de la mère.
- C'est à dire, c'est à entendre dans son équivoque. Il interdit aussi bien que l'enfant jouisse exclusivement de la mère, que le fait que la mère jouisse exclusivement de l'enfant.

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Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

- Fondamentalement, la fonction du père c'est une fonction symbolique, et des fois, le père réel ne porte pas cette fonction symbolique. Et il peut être absolument adorable et gentil, et néanmoins, l'enfant se trouve confronté à une carence symbolique du côté de la fonction paternelle. (...) Quand on parle de fonction paternelle, c'est quelque chose qui oriente dans  la vie. C'est une sorte d'autoroute. Une boussole.
- Pourquoi la mère, en tant que femme, ne pourrait pas donner une assise à l'enfant ? Même livrée à elle-même ?
-  Il y a des mères qui peuvent bien transmettre une fonction paternelle.
- Mais pourquoi ce n'est pas une fonction maternelle ? Pourquoi ce n'est pas une symbolique maternelle ? Pourquoi lui donner un sexe ?
(...)
- La loi de la mère, c'est une loi de caprice.

Yann Bokopolsky,  psychanalyste et criminologue.

- Il ne s'agit d'ailleurs pas que des mères. Il s'agit aussi de la place du père dans le désir de la mère, et il s'agit d'un certain nombre de données, ne serait-ce que celles déjà avec lesquelles l'enfant lui-même est venu au monde, et du lien qui s'est créé, ou des désirs de mort  que telle mère a pu avoir effectivement pour cet enfant nouveau-né, mais toutes les mères qui ont des désirs de mort pour leur enfant ne vont pas faire que...tous ces désirs-là ne vont pas faire  que l'enfant va être psychotique pour autant.
   
LA PSYCHANALYSE  ET  LA SCIENCE


Eric Laurent, psychanalyste, enseignant formateur en psychanalyse.

- Il y a des espoirs du côté de la biologie. Et ces espoirs, ça serait merveilleux d'y croire ! Si on peut croire nous demain, demain on va avoir les solutions. Et bien, la psychanalyse, comme discours coruscant [qui brille, étincelant*] envers toutes les croyances,  est d'essayer de pouvoir faire vivre l'humanité sans qu'elle croit à des lubies trop importantes, fait partie de son effort. Alors, le dialogue avec les neurosciences, c'est pas simplement nous-mêmes, nous informer des résultats, et de faire valoir que ça ne change pas ce qui est notre pratique fondamentale, l'orientation de notre pratique, c'est aussi d'essayer de pouvoir faire vivre l'humanité sans avoir de trop grands espoirs dans les différentes bonnes nouvelles qui sont publiées tous les jours, et qui sont faites pour essayer de maintenir, justement, un taux de bonnes nouvelles dans un environnement où il y en a fort peu

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

La journaliste :  le psychisme, il n'évolue pas indépendamment du cerveau, il ne se promène pas tout seul dans le vide. Si on a d'un côté le cerveau d'un enfant normal, qui fonctionne bien, d'un côté, et de l'autre un enfant autiste, par exemple,  dont le cerveau ne fonctionne pas bien, est-ce que ça ne fait pas une différence fondamentale dans sa capacité à communiquer avec le monde extérieur ?
[question originale : Je voulais savoir si la découverte des causes génétiques de l'autisme et des lésions neurologiques a pu modifier votre approche sur l'autisme en tant que psychanalyste.]
-  Cette façon de concevoir la causalité de l'autisme est très réductrice.

Geneviève Loison

 La journaliste :  - Est-ce qu'il ya une plus grande incidence des cas de psychoses, d'autisme dans  les pays en guerre, les favellas de Rio, dans toutes ces circonstances où les mères ont de bonnes raisons d'être déprimées ?
- Mmmh...Je ne suis pas au courant. Je n'arriverai pas à répondre. Je peux dire que ce que je vis au cabinet, vous voyez.

Alexandre Stevens

"Dans le monde francophone, l'envahissement par les techniques cognitivo-comportementales, est un envahissement nouveau, récent, mais très présent actuellement. La psychanalyse se bat contre cet envahissement. N'est-ce pas ? Un certain nombre de collègues, spécialement Jacques Alain Miller, ont pris la tête de cette lutte, de ce combat. D'autres aussi, dans d'autres mouvements. N'est-ce pas ? C'est un combat très important. Pour maintenir vivant, la dimension, au fond, de la subjectivité par... c'est à dire des singularités de chaque sujet, par rapport, au fond, à cette idée comportementale  du réglage par cases."

Professeur Bernard Golse, Psychanalyste APF, chef de service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker à Paris.

"Le bébé, une partie de ses chromosomes vient du père l'autre de la mère. Donc il y a une partie qui est comme la mère, celle-là elle ne pose pas de problème, et il y a une autre partie qui est comme le père, qui pose immédiatement un problème. Et d'ailleurs, dès que l'enfant est conçu, l'organisme maternel va immédiatement sécréter une vague d'anticorps très forte, pour expulser ce bébé qui est à demi étranger pour le corps de la mère. C'est un petit peu triste à dire à le dire comme ça, mais finalement, la première chose que biologiquement la mère ne supporte pas chez son bébé, c'est la partie qui vient du père. Alors ce qui est doublement anthropologique là-dedans, c'est le double-non. Non je ne reconnais pas le bébé je vais l'éjecter. Mais tout de suite, un non au non."



LA PRATIQUE PSYCHANALYTIQUE



Alexandre Stevens

- Vous voyez des auteurs comme Tustin ou Margaret Mahler, au fond, expliquer comment il s'agit d'abord d'apprivoiser l'enfant. Là on est en cabinet, mais c'est la même chose en inrtitution, ça. Apprivoiser l'enfant, c'est à dire... je ne sais plus laquelle décrit ça, il s'agit de se tenir un peu en retrait, pas dans la diretion de son regard, ne pas parler trop fort, suivre ce qu'il dit plutôt que d'essayer de le précéder etc.

Laurent Danon-Boileau, psychoanalyste, centre Alfred Binet à Paris.

Bon, moi je suis plutôt du genre à être disons, comme dans une attitude d'observation. C'est à dire, avec une enfant autiste, j'en fais très peu. Très peu, ça veut dire quoi? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j'attends qu'il se passe quelque chose. Et, j'oublie, j'essaie d'oublier tout. J'oublie le temps. J'oublie qu'on est pressés par le temps pour qu'il acquiert le langage, j'oublie tout. Parce que je me dis qu'à partir du moment où je suis dans cette espèce d'apesanteur, il risque de se passer quelque chose, que je ne peux pas prévoir.

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-  Moi, si l'enfant fait rien de toute la séance, si je somnole à côté de lui, ça m'est égal. Je suis habitué à ça dans mon travail de psychanalyste. Mais ça suppose un certain nombre de trucs. Ça suppose, un, ne pas s'emmerder quand on a des idées à soi, deux, ça suppose aussi de ramer à l'encontre de tout un fonctionnement social qui veut qu'on est pressé par le temps, qu'il faut faire des trucs, que etc. c'est bien gentil tout ça mais quand même si l'enfant est encore comme ça dans dix ans c'est pas vous qui allez... Tout ça est vrai.  Je me mets dans la position de psychanalyste. Ça veut dire de n'avoir ni mémoire, ni attente, et à partir de ce moment-là il se passe quelque chose; Et ça,  c'est une attitude, je pense, qui est une atitude psychanalytique. Profondément."

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"Si vous chantez une petite chanson et que l'enfant autiste s'y trouve pas mal, il y a quelque chose qui se passe. Alors vous allez me dire, il n'y a pas besoin d'être psychanalyste pour ça. Si. Si, vous n'en faites pas une méthode éducative. Si. Si,  vous vous dites : après tout, ce que l'enfant va en faire je m'en moque, visiblement ça a l'air de l'intéresser, on fait ça et puis on verra bien après. Ou on verra pas après. C'est vraiment...  Le point fondamental de mon attitude en tant qu'analyste vis-à-vis de ces enfants-là, c'est le fait d'abdiquer l'idée d'une progression. Et ça va pas de soi, hein, je vous prie de croire que... . Mon idéal analytique  me fait exigence d'abandonner cette dimension-là, mais il se trouve aussi que je suis, que  j'appartiens à une société dans laquelle je suis payé pour donner du soin. Par conséquent, je suis en conflit. Mais, ça, la situation de conflit, si un analyste n'est pas foutu de la vivre, il faut qu'il change de métier, parce que c'est le fondement même de la pratique analytique.

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La journaliste : - Qu'est-ce qu'un enfant autiste peut raisonnablement attendre d'un travail analytique. En terme de résultats ?
Le psy sourit, garde le silence, baisse la tête, on ne voit plus que ses cheveux, il se gratte la nuque. Il se passe de très longues secondes ainsi dans le silence. Soudain, la tête se relève. Et le bonhomme lâche :
              - Le plaisir de s'intéresser à une bulle de savon.
Long silence encore puis :
                  - Je ne peux pas vous répondre autre chose.

Eric Laurent, psychanalyste, enseignant formateur en psychanalyse.
                                                               
- Quel est l'impact de la psychanalyse sur les enfants autistes ? Qu'est-ce qu'un enfant autiste peut raisonnablement en attendre, en termes de résultats ? interroge la journaliste.
- "Mais ça, je peux pas répondre à ça. C'est pas une question de psychanalyste, ça".

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII
            
- Disons que lorsqu'on reçoit un enfant autiste, on pratique une psychanalyse qui est une pure invention. On se trouve en face d'un sujet qui, la plupart du temps, ne dispose pas du langage.
(...)  Aucune volonté de maîtrise. Aucune volonté éducative.  Aucune imposition de quoi que ce soit.
(...)  Il s'agit justement de prendre en compte les détails les plus insignifiants, et de s'apercevoir que ce détail insignifiant peut être interprété comme voulant dire un petit quelque chose, et donc, petit à petit, on peut intervenir en supposant que là il y a un signe , donc nous le prélevons de l'ordre d'en vouloir dire.



LE DISCOURS PSYCHANALYTIQUE AU-DELA DE L'AUTISME



Jacqueline Schaeffer, psychoanalyste, enseignante formatrice en psychanalyse.

- A la naissance de l'enfant, il y a une lune de miel, hein ? Quelquefois c'est pas si lune de miel que ça, ça peut être dramatique, mais il y a une lune de miel, il y a une fusion, il y a un extraordinaire.... bon, alors, quand vous dites ne faire qu'un, bien sûr il y a cette fusion, il y a en même temps un grand plaisir pris ensemble. Le bébé très rapidement, ce qu'on peut dire, bon, il n'y a pas de différence des sexes, mais il y a un grand plaisir érotique pris ensemble.  

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Dans les soins maternels, la mère peut très bien exciter le pénis d'un petit garçon.  Dans les soins maternels, les petits garçons ne s'en privent pas. On a beaucoup de petits garçons, qui, quand ils sont langés, quand ils sont, voyez, nettoyés par la mère, le petit pénis réagit.  

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- L'inceste paternel, ça ne fait pas tellement de dégâts. Ça rend des filles un peu débiles, mais l'inceste maternel, ça fait de la psychose, c'est à dire, c'est la folie. Il ne peut pas y avoir d'inceste maternel, d'un garçon avec sa mère, sans qu'il y ait un énorme trouble mental. C'est pas  possible. A cause, justement, de cette fameuse barrière, mais la fille avec le père, elle n'est pas issue du père, hein ? elle n'a pas été dans le ventre du père, donc  il y a quelque chose, vous voyez, c'est un inceste secondaire, je dirais ça, alors que l'inceste primaire, véritable, c'est  la mère, c'est pénétrer la mère. Et les garçons qui pénètrent leur mère, ils sont psychotiques. Alors que la fille, non.  Les filles peuvent... on a beaucoup d'expériences de filles avec un inceste paternel, qui se débrouillent pas trop mal. Bon, on ne peut pas dire que ça va très très bien, il y en a qui sont très très mal, il y en a qui sont moins mal, et puis il y en a qui se débrouillent en.. bon, autrement, ce que je disais un petit peu débiles, mais, mais.. c'est très différent.

Laurent Danon-Boileau, psychoanalyste, centre Alfred Binet à Paris.
                                                    
- Il y a des psychanalystes qui, il y a très longtemps, ont parlé de quelque chose qu'ils ont appelé "la censure de l'amante". Ça veut dire une chose très simple. Ça veut dire que, quand la mère est en train, disons, de changer le nourrisson, et pui que tout d'un coup, elle prend un peu trop de plaisir à son propre goût, dans le toucher qu'elle a du nourrisson. Et elle se dit ouh là là il y a une chose de bizarre, c'est pas logique, là je le traite pas comme...
- Un truc un peu incestueux ?
- Un truc un peu incestueux. Qu'est-ce qui se passe ? Et bien elle va penser à l'homme avec lequel elle l'a conçu. En d'autres termes, à son amant. Bon. Et du coup, ça va créer une distance entre elle-même et le nourrisson en question. C'est ce qu'on appelle la censure de l'amante.
- Il faut qu'elle ait un homme dans la tête pour qu'elle ne soit pas dans la relation incestueuse avec son enfant ?
- C'est pas : il faut que... C'est qu'on ne peut pas y échapper.

  Yann Bokopolsky,  psychanalyste et criminologue.

- Au début, l'enfant pense qu'il est le phallus de la mère, c'est à dire qu'il est cet objet qui viendrait tout donner, combler la mère, la faire jouir complètement.

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- Le père est là pour dire l'interdit, et, en même temps, euh, protéger l'enfant. C'est à dire protéger l'enfant du désir incestueux de la mère.
- Toutes les mères ont des désirs incestueux envers leur enfant ?
- Oh oui ! Qu'elles en aient conscience ou pas. Oui.
- D'où vous vient cette conviction ?
- Oh, ben déjà des écrits psychanalytiques, je veux dire le désir, il n'est pas interdit. C'est sa réalisation qui l'est.
- Mais que l'amour d'une mère pour son enfant ait des désirs incestueux, c'est...c'est....c'est...
-  Et bien, et bien... euh oui, parce que, euh, déjà elle a beaucoup de mal à se séparer de son enfant qui est né. Il y a là une unité qui se fait, qui, si, euh, le père de l'enfant, ou celui qui occupe cette place, qui n'est pas forcément le géniteur, ne vient pas dire à la mère que la jouissance ça se passe entre eux, ne vient pas rappeler son désir à la mère, et la jouissance qu'elle va pouvoir avoir par le truchement de ce désir qui  les lie tous les deux, la mère va avoir une jouissance à caresser son enfant, à pouvoir l'avoir sur le corps toute la journée que sais-je, enfin, va jouir, et c'est en cela, pour reprendre votre question de tout à l'heure, que le corps  est bien présent, et que la sexualité, pour autant qu'elle ait à voir avec la jouissance que donne le corps, et qui est reprise par le langage, est d'emblée présente dans les questions des psychanalystes.  

Dr Aldo Naouri, pédiatre, analyste, essayiste

- Et bien, la plupart du temps, le symptôme de l'enfant n'est ni plus ni moins que le symptôme qui lui est imparti d'avoir par l'inconscient maternel principalement.  Car les enfants sont dans une relation très très très perméable dans leur relation avec leur mère. La gestation conditionne littéralement un enfant, et le formate, et vraiment lui donne quelque chose  qui est entièrement fabriqué sur le corps, ce qui vient du corps de sa mère. Ça fragilise le terrain,  c'est à dire que ça met l'enfant dans un état où justement, sa résistance est altérée par les conditions qui lui sont faites de son environnement.
     
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"La mère se situe du côté de la nature, et de ce côté elle est animale, si vous voulez, tandis que le père, lui, a été celui qui a fondé la culture. Ce qui fait dire d'ailleurs à Levi-Strauss cette magnifique définition quand  il parle du couple, il dit : c'est l'union dramatique  de la nature et de la culture. D'accord ? Quand le droit soutient la culture, en disant : il y a du père, il dit : nous sommes dans la culture, le retour à la  nature ne doit pas se faire.
il dit : Nous sommes la culture, le retour à la nature ne doit pas se faire."

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- Dans ce cas, pourquoi la grande majorité des incestes sont-ils perpétrés par des hommes ?
- D'abord il faut vous signaler une chose, c'est que l'inceste père-fille est infiniment plus fréquent que l'inceste mère-fils. N'est-ce pas ? Et pourquoi il n'y a pas plus d'inceste mère-fils, pour une raison simple, c'est que l'attitude maternelle à l'endroit des enfants, qu'ils soient garçons ou filles, est une attitude d'essence incestueuse, spontanément. Le rêve de toute mère, c'est que son enfant ne manque de rien. La disposition maternelle à l'endroit de l'enfant  est une disposition incestueuse. Donc elle n'a pas besoin, elle n'a pas besoin de passer à l'acte. Dans son attitude, il ya suffisament de choses, elle ne passe pas à l'acte.



L'AUTISME, c'est quoi ?   



La recherche scientifique éclaire progressivement les causes des pathologies autistiques. Elle a mis en évidence la présence de nombreux désordres dans le cerveau des personnes autistes. Ces problèmes sont d'ordre : neurologiques, génétiques, métabolique, immunologique, principalement. Il existe aussi un certain nombre des facteurs environnementaux connus ou suspectés, tous liés à des agressions ou des mofifications physiobiologiques : virus, médicaments, métaux, malformations, âge des parents, procréation assistée, accidents prénataux, périnataux, effets climatiques, différences nutritionnelles, infections maternelles, etc.)  
Par ces découvertes,  la science apporte enfin les premières pierres à la connaissance des origines des pathologies autistiques. En mettant en évidence un faisceau de causes neurobiologiques, elle a commencé de démontrer rigoureusement les différents dysfonctionnements à l'oeuvre dans la survenue de ces pathologies. Sur ces causes, nous ne possédons pas d'autres éléments de connaissance, quoi qu'en disent les psychanalystes, nous y reviendrons. En conséquence, pour qui s'intéresse sérieusement à la question autistique, ces découvertes éclairent pour la première fois ses origines.
Les désordres constatés dans les pathologies autistiques sont très divers et très complexes non seulement dans leur fonctionnement  mais aussi parce qu'ils se combinent le plus souvent, formant tout un ensemble de causes. Si on rattache tous ces désordres à une même famille, c'est qu'ils handicapent la vie de tous les enfants touchés principalement dans le registre de la communication, de la sociabilité et du comportement. Selon, la gravité des causes, les autistes sont handicapés dans ces registres à des degrés très divers, d'où le terme de Troubles du Spectre Autistique (TSA), plus approprié à la réalité des handicaps, plutôt qu'autisme au singulier.



LA CRITIQUE DE LA PSYCHANALYSE, Les causes de l'autisme.

Introduction

Dans le documentaire de Sophie Robert, les psychanalystes assimilent à des degrés divers l'autisme à une psychose infantile. Cette définition a été abandonnée de par le monde.  L'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) classe les syndromes autistiques  parmi les Troubles Envahissants du Développement (TED).  Cette Classification Internationale des Maladies (CIM, CIM-10 à ce jour) est établie par un ensemble de médecins et de chercheurs du monde entier, à l'image du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux              (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders : DSM, à ce jour DSM-IV), dont la définition autistique est similaire. Précisons que toute référence à la psychanalyse a  été évacuée du DSM depuis le DSM-III, en 1980.  Les deux classifications médicales citées sont celles qui font autorité dans le monde entier, et il n'est pas étonnant que La Haute Autorité de Santé Publique française  (HAS) ait repris peu ou prou leur définition et leurs critères  de l'autisme.
Nous n'entrerons pas dans le débat plus ou moins technique de la critique que font de nombreux psychanalystes français au DSM. Primo, parce que celui-ci dépasse le cadre de notre sujet, qui est l'autisme, et secundo parce que la question de savoir si la psychanalyse a un rôle à jouer dans la prise en charge des autistes trouve sa réponse dans l'analyse critique des discours et des pratiques psychanalytiques : c'est ce que nous allons examiner. Toutefois, nous ne résistons pas à l'envie de reproduire ici les propos d'un théoricien prolixe, psychologue clinicien de son état,  Arthur Mary, à propos du DSM :
"Pour varier autour du thème de l’athéoricité du DSM, nous proposons de rapprocher de notre débat la question de la jouissance. Quelle modalité de jouissance (phallique ou autre) se révèle dans la volonté de noyer dans une équivalence des théories les différentes psychologies ? A première vue, le rejet d’une théorie qui dominerait toutes les autres relève d’un refus d’une jouissance phallique, c’est-à-dire un rejet de ce qui se soutiendrait d’un point d’exception. A l’opposé donc, l’idéal d’un livre qui serait totalement hors de la théorie unique mais dans toutes à la fois, renvoie à une modalité toute autre que phallique d’organiser la jouissance des lecteurs et utilisateurs de ce manuel. Soit, une autre façon d’exprimer qu’est forclose la dimension symbolique des théories englobées par un système prétenduement athéorique."
http://arturmary.wordpress.com/2008/10/07/le-dsm-est-il-atheorique/
Peu importe de savoir ici la nature des théories dont on parle, ni si une volonté existe bel et bien  de la part de quelqu'un à combattre telle ou telle, ce que nous retenons c'est l'affirmation répétée que le débat théorique, la polémique relèvent de la jouissance. On théorise dans un sens et on serait dans la jouissance phallique. On théorise dans un autre sens et on serait dans le refus de cette jouissance. Toute personne de bon sens sait bien qu'il y a dans le débat polémique une dimension affective, émotionnelle. Les convictions des uns et des autres peuvent s'accompagner d'indignation, de colère, de haine, parfois, exprimée ou non, c'est une évidence. Mais, sur quelle base donner au  sujet  une dimension de jouissance phallique ?  Je n'ai pas connaissance de la moindre observation, de la moindre connaissance pouvant appuyer cette allégation. Par ailleurs, elle s'articule autour d'un pôle sexuel unique qui ne rappelle que trop bien  l'histoire de la domination masculine, par idéologie faut-il le rappeler, et jamais par souci de vérité ou de justice. Cette obsession sexuelle  est partout dans le discours de la psychanalyse, et chacun sait que son fondateur en est le premier promoteur. Le principal problème de ce sujet, décliné par la psychanalyse sur de multiples modes pour parler des causes et de la nature de l'autisme est celui de sa validité, de sa véracité. C'est ce que nous proposons d'interroger ici.

La parole des psychanalystes interrogés

S'agissant des causes de l'autisme, que disent-ils  ? :

1)  L'autisme est un mode de réaction de l'enfant, une réponse à un envahissement du monde, une façon de se défendre de la langue. L'enfant autiste est lui-même "malade du langage". Il ne parle pas parce qu'il est "confondu", "fusionné dans l'autre".
 On est frappé par le rôle majeur que tient ici le langage. Rappelons que les troubles autistiques concernent principalement des troubles de communication, de comportement et d'interactions sociales. Le langage même, la parole,  n'est pas le principal obstacle à la compréhension et à la communication. Des sourds-muets ont une langue adaptée, et les autistes qui ne peuvent parler s'emparent des langages de substitution qu'on leur propose  (Makaton, Pecs, par exemple) quand leurs capacités cérébrales le leur permet. Alors, pourquoi cette obsession du langage chez les psychanalystes, alors que les troubles autistiques débordent de loin cette problématique ?  Bernard Golse, dans le film, nous donne un élément de réponse :
"Si le langage nous touche tout au long de notre vie à ce point là, et la psychanalyse passe par le langage, c'est que le langage ne parle que de séparation."
Dans le même ordre d'idées péremptoires et gratuites, nous pouvons citer Jacques Lacan définissant l'analyse comme "une partie entre quelqu'un qui parle, mais qu'on a averti que sa parlote avait de l'importance. Vous savez il y a des gens à qui on a affaire dans l'analyse, avec qui il est dur d'obtenir ça. Il y en a pour qui dire quelques mots ce n'est pas si facile. On appelle ça autisme. C'est vite dit. Ce n'est pas du tout forcément ça. C'est simplement des gens pour qui le poids des mots est très sérieux et qui ne sont pas facilement disposés à en prendre à leur aise avec ces mots. "
Jacques Lacan, conférences américaines, Revue Scilicet 5/6, p 46


Comment peut on être professeur et affirmer sans rougir que le langage, vecteur de mille et une richesses de la culture humaine "ne parle que de séparation" ? Comment Lacan peut-il parler sérieusement d'enfants au cerveau endommagé comme autant de personnages de salons qui soupèsent leurs mots avec gourmandise ? C'est une insulte aux handicapés. Ici, on pointe du doigt l'attitude constante des psychanalystes, nous y reviendrons souvent, qui consiste à affirmer des opinions avec une réthorique peut être séduisante, mais dont le rapport au réel est inexistant.  
Commençons par cette pseudo responsabilité du bébé, de son choix délibéré de devenir autiste. Une telle opinion confère à un embryon ou à un  nourrisson des capacités phénoménales d'action sur le fonctionnement de son cerveau, d'une manière ou d'une autre. Primo, l'opinion apparaît ridicule au sens commun a priori, s'agissant d'un être en gestation ou d'un nourrisson. Secundo,  si les "envahissements" divers et variés du monde (guerre, dépression maternelle, pauvreté, etc.)  autorisaient un enfant à s'auto-mutiler, la prévalence de l'autisme serait significative dans des lieux de graves conflits ou de situations sociales douloureuses. Il n'en est évidemment rien et il ne me semble pas que les psychanalystes aient jamais cherché à le mesurer. Surtout pas Geneviève Loison, qui ne sait que ce qui se passe hors de son cabinet. Une démarche très scientifique, là encore.  Tertio, surtout, aucune connaissance ne vient, de près ou de loin, étayer ces allégations . Au contraire. Toutes les découvertes sur le cerveau démontrent que l'enfant est seulement  une victime. Il ne choisit rien mais il subit toutes sortes d'agressions, comme n'importe quel handicapé, n'importe quel malade. Il ne choisit rien, mais des étapes de son développement peuvent mal se dérouler. C'est ce que l'on sait. Mais dire "qu'il se défend la langue" vient de l'imagination pure. C'est un non sens total. La capacité de produire du langage demande au moins un matériel cérébral, neuronal, adéquat. C'est le minimum requis. Sans ce minimum, il n'est même pas besoin de s'interroger sur les conditions de production de langage qui sont aussi sociales. Régulièrement, les recherches scientifiques pointent chez les autistes des problèmes de maturation de cerveau, de cellules nerveuses, de  neurotransmetteurs, la liste est longue et la cohorte de problèmes qu'ils engendrent, hélas, aussi.

2)  L'autisme est dû à une carence (dépression, folie, négation du père) ou, au contraire,  à une "fusion" maternelle;  Il peut s'y ajouter une carence paternelle, un manque de stimulation à la parole.  

Cette manière d'aborder les causes des troubles autistiques n'est en rien sérieuse. En rien rationnelle. Nous avons évoqué l'ensemble des dysfonctionnements neurobiologiques susceptibles de déclencher la venue de ces troubles. Elles ne concernent ni de près ni de loin les causes avancées par ces psychanalystes.
Devant les découvertes scientifiques et les progrès des méthodes éducatives, ces thèses dites psychogéniques ont depuis longtemps été abandonnées aux Etats-Unis, puis dans les pays Anglo-Saxons, et la France est un cas vraiment à part où les idées psychanalytiques les plus contestables continuent d'être enseignées. Ce qui signifie clairement qu'à l'heure où on parle, des psychanalystes reçoivent des parents dans les hôpitaux, des centres publics de soins (j'en suis le premier témoin)  en les incluant (surtout la mère) à part entière dans le "soin" de l'enfant, en les culpabilisant. Si vous êtes armés socialement, intellectuellement, vous possédez aujourd'hui assez d'arguments pour refuser un tel traitement, l'évolution des lois va dans ce sens, mais si vous êtes démuni, cette mise en cause peut être catastrophique pour la famille, on l'imaginera sans peine.


Que ceux-ci ne représentent pas toute la communauté psychanalytique, c'est un fait, et nous allons examiner plus loin d'autres points de vue de la discipline. Mais que l'on accuse Sophie Robert de caricaturer la psychanalyse  à travers le choix de leurs propos, n'est pas une position tenable. Pour le montrer, faisons même l'avocat du diable en tombant d'accord avec les psychanalystes que la documentariste a opté délibérément de fabriquer un document à charge. Les petites manipulations coupables de la réalisatrice, pointées par le jugement du tribunal de Lille, sont là pour en témoigner, ainsi que l'ensemble  des propos retenus pour  le film. Seulement, pour que ce parti pris puisse être assimilé à une caricature, il faudrait que les propos retenus des psychanalystes ne représentent que des points de vues marginaux de la discipline, que les idées et les pratiques dont le spectateur est témoin  sont à la fois rejetées et décriées par l'ensemble de la profession. Nous allons voir que c'est loin d'être le cas.


Par ailleurs, mettons en avant une critique touchant à la simplification réductive des théories psychanalytiques :
 "Toute personne qui connaît les travaux des psychanalytes de renom, tels que Lacan ou Winnicott qui sont cités, sera frappée par les simplifications faites: traiter de la notion lacanienne de forclusion en deux minutes est une aberration; aplatir celle de "préoccupation maternelle primaire" de Winnicott (extrêmement riche et tout à fait observable) sur l'expression "folie maternelle" (comme s'il avait soutenu que les mères, à la naissance de leur enfant, étaient folles!) en est une autre..."
http://maurice.villard.pagesperso-orange.fr/AUTLEMUR.htm
Ici, le psychanalyste nous explique qu'il y a simplification et caricature des notions psychanalytiques au prétexte qu'elle n'ont pas été exposées dans toute leur richesse. L'argument est parfaitement rhétorique. Certains énoncés ont une signification claire en dehors de tout contexte. Si un homme public dit  : "les Arabes sont des feignants", le racisme patent de la phrase est avéré quelque soit le contexte. C'est la même chose pour bon nombre de phrases imbuvables pronconcées dans le documentaire. Il faut les assumer.  Et comme nous le disions, nous allons montrer que toutes les prétendues caricatures sont bel et bien des idées et des pratiques de la psychanalyse dans son ensemble. Entrons dans le vif du sujet.

LA PSYCHANALYSE et la SCIENCE

L'AUTISME et LA PSYCHANALYSE CONTEMPORAINE

Commençons par le rôle de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme, selon deux grands noms de la discipline :
"Selon Hochmann* (2003), la psychothérapie d'inspiration psychanalytique appliquée aux enfants autistes consiste d'abord à les aider à « communiquer avec une personne étrangére à la famille » et à « mettre en relation les différents événements de leur vie présente et passée, en rapprochant ce qui se passe dans la cure et dans leur vie quotidienne  ». Houzel et Haag (1989) précisent que la « psychanalyse s'occupe des significations et non des causes.
Selon Haag et al. (1995). le psychanalyste a un double rôle auprés des enfants autistes. D'une part au sein du traitement individuel ou groupal, « il doit savoir repérer et travailler, dans les relations transférentielles et contre-transférentielles, les angoisses en arrière plan des aspects pathologiques des défenses » et,  d'autre part. « il doit communiquer suffisamment d'éléments de compréhension de la psychodynamique à l'oeuvre  aux équipes soignantes et aux familles ». Ainsi, l'entretien et le soutien aux parents sont aujourd'hui intégrés à la psychanalyse (Hoclnrarur. 1989 : Houzel et Haig. 1989)."
http://www.creai-bretagne.org/pdf/rapport%20baghdadli.pdf

* professeur émérite à l'Université Lyon I, Claude-Bernard, membre honoraire de la Société psychanalytique de Paris et médecin honoraire des hôpitaux de Lyon.
* Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste, théoricienne

"De nombreux psychanalystes considèrent la psychose comme la conséquence d’une interrelation qui ne permet pas, pour des raisons qualitativement diverses, la structuration normale du nourrisson et la construction d’une relation normale à la réalité. Cette interrelation est bien entendu celle qui lie le bébé à sa mère, c’est-à-dire son lien primaire, et relèverait donc d’un dysfonctionnement. Nous pouvons notamment évoquer Winnicott qui nous sensibilise à l’impact de la « défaillance de la fonction de la mère ordinaire normalement dévouée, à un moment donné ou pendant une période donnée »[1]. Cet auteur, qui a surtout cherché à théoriser le développement de la psyché chez le nourrisson et le petit enfant, met en exergue le caractère fragile des tous premiers liens en expliquant qu’une « sorte de communication s’établit avec force depuis le tout début de la vie de chaque individu, et quel que soit le potentiel, l’édification des expériences vécues – ce qui devient une personne – ne tient qu’à un fil, le développement peut être suspendu ou dévoyé n’importe quand, comme il peut… ne jamais se manifester »[2].  Winnicott attribue donc au lien primaire qui s’établit entre le nourrisson et son objet maternel une importance considérable dans le développement ou non d’un fonctionnement psychotique.
Dans leur définition de la psychose, Laplanche et Pontalis précisent que « fondamentalement, c’est dans une perturbation primaire de la relation libidinale à la réalité que la théorie psychanalytique voit le dénominateur commun des psychoses, la plupart des symptômes manifestes étant des tentatives secondaires de restauration du lien objectal. »[3]. D’une manière générale, les travaux psychanalytiques étayent donc l’hypothèse d’une perturbation dans le développement des toutes premières relations. Mais « il ne faut pas penser à propos des enfants souffrant de psychose infantile que ce sont des enfants normaux chez qui une mère émotionnellement dérangée aurait induit un processus psychotique. Ces enfants sont vulnérables de constitution et peuvent être prédisposés au développement de la psychose. C’est souvent l’existence même d’un défaut constitutionnel du moi de l’enfant qui tend à créer le cercle vicieux de la relation pathogène mère-enfant, en stimulant la mère à réagir vis-à-vis de l’enfant d’une manière nuisible à ses tentatives de séparation et d’individuation ».[4] Le sujet aurait donc une part active indéniable dans l’établissement de son lien à l’objet primaire et ne serait pas uniquement un petit être passif qui se laisserait entièrement modelé par sa mère.
Sans vouloir donc stigmatiser les mères d’enfants psychotiques comme « mauvaises », ce modèle psychanalytique de compréhension de la psychose a l’intérêt de se focaliser sur le lien primaire mère-bébé et donc d’axer son dispositif thérapeutique sur les mouvements transféro-contre-transférentiels qui réactualisent ce lien et permettent de le travailler.

A. Psychose autistique et identification adhésive

Intéressons nous à présent aux psychoses autistiques et précisément au lien mère-enfant lorsque celui-ci a un fonctionnement autistique. Dans la filiation de Bion, F. Tustin et D. Meltzer ont décrit un état antérieur à l’individualisation d’un self ayant constitué une séparation d’avec les objets, et une relation préalable à l’identification projective, l’identification adhésive. Meltzer (1984) décrit effectivement l’autisme comme une forme désespérée d’attachement de l’enfant à sa mère. Réputé pour son travail sur cette forme de psychose infantile, cet auteur considère que l’enfant autiste cherche à maintenir un lien exclusif et « omnipotent » avec un objet maternel. Il évoque la bidimensionnalité de la relation d’objet comme précédant la tridimensionnalité et l’identification adhésive comme une défense contre le ne-pas-cesser-de-tomber. Le mécanisme d’identification adhésive décrit initialement par E. Bick entre la mère et le nourrisson, dans le sens d’une identification narcissique primitive où sujet et objet sont en continuité corporelle, se manifeste par des mouvements de rapprochements momentanés, instantanés ou durables du bébé avec son environnement social et physique. G.Haag (1984) évoque elle le terme d’identité adhésive, sorte d’émotionnalité primitive à l’œuvre dans la fusion bidimensionnelle, de ” collé à ” fusionnel où le sentiment d’identité séparée est plus ou moins aboli.
Dans le cas d’un enfant au fonctionnement autistique, « ce mécanisme ne lui permettrait pas de rencontrer l’environnement dans ce qu’il comporte de lié et d’uni. Ces absences de liens constituent des trous de la psyché. Chaque sensation, perception, représentation est incomplète. L’enfant grandit avec cette impression constante de vide, de manque qui marque chacun de ses comportements. Il ne peut se constituer comme sujet, faute d’un soi complet et vivifié par des plaisirs liés à ses interactions et à ses perceptions. »[5] Pour Tustin (1989), un “trou noir”, vécu d’annihilation, d’”agonie primitive” pour reprendre l’expression winnicottienne, serait conséquent à la perte du sein alors que l’enfant n’a pas encore constitué la différenciation dedans/dehors et qui serait donc vécue comme un arrachement de la bouche avec le mamelon. Cet arrachement provoquerait alors une perte du sentiment d’existence.
On peut estimer que l’identification adhésive est une véritable conséquence, pour une part, de la vie utérine. En effet, le « fantasme de corps-unique, primordial chez tout être humain, a bien sûr son prototype biologique qui prend naissance dans la vie intra-utérine, où le corps-mère doit véritablement subvenir aux besoins vitaux des deux êtres. »[6] Si le développement de l’enfant est non pathologique, celui-ci va évoluer vers une réelle séparation et individuation, faisant parallèlement le deuil de ce fantasme de corps-unique. Par contre, on peut retrouver dans les fonctionnements psychotiques, autistiques et symbiotiques, cette illusion de n’être qu’un, d’être en fusion parfaite. L’identification adhésive est donc une manifestation de l’intolérance à la séparation. Si, pour l’enfant, seul existe ce qui est au contact de sa propre surface, la moindre modification dans l’environnement ou dans la surface de l’objet le plonge alors dans un profond désarroi. Adhérer est donc une défense primitive contre la perte mais le bénéfice est éphémère car cela exige un état immuable qui ne permet pas d’atténuer la souffrance des futures séparations.

[1] WINNICOTT, D.W. (1992). Le bébé et sa mère. Paris : Payot, p. 27.
[2] WINNICOTT. Ibid, p. 128.
[3] LAPLANCHE, J. et PONTALIS, J.-B. (2007). Vocabulaire de la psychanalyse. Paris : PUF, p. 356.
[4] MALHER, M. (1990). Psychose infantile : symbiose humaine et individuation. Paris : Payot, p. 139.
[5] ADRIEN, J.-L. (1996). Autisme du jeune enfant : développement psychologique et régulation de l’activité. Paris : Expansion scientifique française, p. 9.
[6] DELION, P. (2002). Corps, psychose et institution. Ramonville Saint-Agne : Érès, p.14."

Texte d'Aurélie Moreau

http://paradoxa1856.wordpress.com/2011/02/14/la-psychose-et-le-lien-mere-enfant-dans-la-theorie-psychanalytique-par-aurelie-moreau/

Cette synthèse de qualité nous présente des auteurs dont les travaux sont des références pour les psychanalystes dans la question de l'autisme. Elle nous montre que les préoccupations psychanalytiques accordent toujours une importance capitale aux premiers liens entre la mère et l'enfant dans la survenue des psychoses et de l'autisme (encore bien confondus ici) :  défaillance des mères,  relation libidinale, incestueuse, entre elle et son enfant, "la forme désespérée d’attachement de l’enfant à sa mère."," l'identification adhésive", etc.  

Tout cela fait encore un enfant troué, barré, etc, et sans cesse, nous est présenté comme dans le documentaire, des allégations, des formules dont la réalité ne rend absolument pas compte. Ni les théâtres de conflits, personnels ou sociétaux, nous l'avons dit, ni la science. L'observation clinique ? Elle ne permet pas de prononcer quoi que ce soit sur le désir ou la volonté supposée d'un embryon ou d'un nourrisson, comme le fait, on vient de le voir, Pierre Delion : ...le fantasme de corps-unique, primordial chez tout être humain, a bien sûr son prototype biologique qui prend naissance dans la vie intra-utérine. Un propos péremptoire et là encore, qui allègue des choses dont nous  n'avons pas le plus petit début de preuve.
Par ailleurs, il est frappant de voir que la  théorie psychanalytique est fondée pour une part sur un modèle archaïque de société, basé sur l'inégalité des sexes et une sexualisation des rôles. Au père la morale, la supériorité de la loi, la culture (cf les propos de Naouri,dans le documentaire), la puissance, la tempérance, qui lui permet de libérer son enfant, de tracer son chemin. A la mère, le concentré d'affects, de désordres et d'extrêmes.  Bien souvent, un être en perdition, du côté de la négation : elle nie le père, rejette l'enfant. Difficile de ne pas rapprocher tout cela de tout un imaginaire qui a stigmatisé les femmes durant des siècles et attribué aux sexes des rôles prétendument naturels. Là encore, le des vues de l'esprit font figure de vérité. Là encore, la dimension idéologique de la psychanalyse se trouve confirmée.
Rappelons que toutes ces croyances forment des piliers des théories freudiennes. Elles structurent l'histoire de la psychanalyse dès ses fondements. Il n'est donc pas inintéressant de s'y arrêter un moment.

La femme, dans la pensée de Sigmund Freud

“…l’infériorité intellectuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition requise pour la répression sexuelle.”

La Vie Sexuelle, 1969 (articles réunis, parus entre 1907 et 1931)

"C’est un fait connu, et qui a donné aux hommes ample matière à récrimination, que souvent le caractère des femmes s’altère singulièrement une fois qu’elles ont renoncé à leur fonction génitale. Elles deviennent querelleuses, tracassières et ergoteuses, mesquines et avares ; elles font ainsi montre de traits d’érotisme sadique anal qu’elles ne possédaient pas auparavant, durant leur féminité.”

La disposition à la névrose obsessionnelle 1913

“Derrière l’envie de pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers l’homme, amertume dont les productions littéraires des « émancipées » présentent les signes les plus évidents.”

Le Tabou de la Virginité,  1918

“[...] l’enfant ne se comporte pas autrement que la femme moyenne inculte, chez qui subsiste la même disposition perverse polymorphe. Dans les conditions habituelles, celle-ci peut rester à peu près normale sexuellement, mais sous la conduite d’un habile séducteur, elle prendra goût à toutes les perversions et en maintiendra l’usage dans son activité sexuelle. Dans son activité professionnelle, la prostituée met à profit la même disposition polymorphe et, par conséquent, infantile ; et, si l’on considère le nombre immense de femmes prostituées et de celles à qui il faut accorder des aptitudes à la prostitution bien qu’elles aient échappé au métier, il devient en fin de compte impossible de ne pas reconnaître dans l’égale disposition à toutes les perversions un trait universellement humain et originel.”

Trois Essais sur la Vie Sexuelle 1905


L'infériorité intellectuelle des femmes est indicutable, nous dit Freud. Les causes de cette infériorité ? Une inhibition mentale requise pour... une répression sexuelle. On le voit bien ici, un postulat gratuit, conditionné par des mentalités patriarcales , devient pour Freud un fait scientifique (indiscutable). Ce discours permettait en général de déduire que les femmes, de par cette infériorité, devaient rester au foyer, n'étaient pas à même d'accéder à de multiples métiers, ni de prendre part aux décisions importantes de la famille ou de la nation. Chez Freud, non, le postulat est lié d'emblée à des problèmes psychiques et sexuels  : inhibition, répression sexuelle. La stigmatisation des femmes est criante dans le deuxième extrait, qui est une collection de poncifs qu'on peut retrouver depuis l'antiquité. Par ailleurs, c'est quoi, renoncer à sa fonction génitale ? Ne plus avoir de rapports sexuels ? Ne plus avoir la moindre jouissance ? Qu'importe. Le problème est ailleurs. Il est encore dans cet esprit pseudo-scientifique (c'est un fait connu...). On dirait une conversation de bar. C'est connu que les hommes sont plus habiles en mécanique que les femmes. C'est connu que les Noirs courent plus vite que les Blancs. C'est connu que, dès que les femmes renoncent au sexe, elles deviennent des créatures insupportables. Mais pas seulement. Un nouveau symptôme apparaît, et il est sexuel, bien sûr. Il s'appelle "l'érostisme sadique anal".

Le troisième extrait confirme les deux autres. La femme inculte a comme l' enfant une disposition perverse polymorphe. En général, cette femme est "à peu près" normale sexuellement. Et juste après, on est plongé dans Don Giovanni. Le pôle positif, masculin de l'humanité apparaît : Il est habile. Il exerce de la séduction. Il est un initiateur. Les expériences sexuelles qu'un homme et qu'une femme vivent ensemble sont ici un ensemble de perversions mais celui qui les initie a le beau rôle Il n'est pas question de se demander si une femme peut initier un homme à de telles "perversions", il n'est pas question de se demander comment cela touche un homme (toujours cet aspect anecdotique du rôle des hommes dans la théorie psychanalytique) mais seulement la femme, si pervertie qu'elle peut avoir des dispositions de pute sans le savoir.

D'un condensé d'inepties, Freud tire une nouvelle fois des lois "universelles", celles-là même sur lesquelles se fondent toute sa théorie.  C'est ahurissant. Consternant de bêtise.  Nous pourrions multiplier à l'envi les propos de Freud et de ses suiveurs qui démontrent sans cesse l'indigence ou la vacuité des théories proposées, tel le fameux complexe d'Oedipe, que nous examinerons  ailleurs.


Une idéologie bien vivace

L'ensemble des croyances psychanalytiques que nous avons évoquées est toujours très présent dans l'enseignement actuel  :
"Fuller-Torrey, professeur de psychiatrie et longtemps haut responsable au National Institute of Mental Health des États-Unis, rappelle aussi que dans 125 articles de la littérature spécialisée en psychiatrie infanto-juvénile, inspirés par le dogme freudien de 1970 à 1982, les mères sont rendues responsables de 72 sortes de désordres mentaux chez leurs enfants ; aucune mère n’est déclarée émotionnellement intacte, alors que la plupart des pères le sont."
Jacques Bénesteau (Université de Toulouse-Rangueil)
http://www.psychiatrie-und-ethik.de/

Ce que confirment nombre de textes actuels d'enseignement psychanalytique :

"Une des fonctions du bébé est de restructurer sa mère. La femme déprimée qui trouve un bébé souriant en rentrant chez elle (un bébé qui répond et sollicite sa mère), pourra compter sur la relation induite par l'enfant pour restructurer le Moi défaillant, pour se réparer. Le bébé gratifie, satisfait narcissiquement la mère déprimée. On peut donc parler d'évènements circonstanciels d'où résulte l'autisme."
Formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/enfant/pathologie/autiste.htm
"Autisme: repli excessif sur soi-même, enfermement à l'intérieur d'une coquille relationnelle dont la principale conséquence est de protéger l'autiste des contacts extérieurs. Le sujet autistique privilégie dès lors une vie intérieure intense, refusant le vécu angoissant du monde qui l'entoure."

Source : Psychiatrie Infirmière :
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/autisme/autisme-theorie.htm

" On peut remarquer qu'il n'était pas psychanalytique de prendre l'histoire amenée par les parents comme vérité historique - il s'agit de l'élaboration par leur propre culpabilité d'une catastrophe insensée : la non-vie psychique de l'enfant qu'ils ont engendré."
(...)
La réalité d'une maladie autistique s'estompe devant : - soit des maladies autistiques ayant diverses origines, - soit un syndrome autistique témoignant d'une organisation psychique de survie indépendamment des facteurs internes et/ou externes ayant favorisés sa survenue.
La distinction nette entre facteurs de l'environnement et internes est devenue en toute rigueur impossible depuis que l'on prend en compte d'une part les compétences innées du nourrisson à la relation, et d'autre part l'importance des expériences faites par l'enfant dans la structuration de ses connexions neuronales. En revanche, un traitement psychique le plus précoce possible s'impose, surtout si on a la notion qu'une atteinte organique va compliquer la tâche de l'enfant.
L'autisme et son traitement psychanalytique, dégagé de la confusion des conséquences et des causes, imposent aussi de réévaluer d'une manière plus générale, qui concerne également les enfants déficitaires, l'apport à la construction psychique de l'établissement d'une relation non verbale qui prenne en compte l'économie pulsionnelle.
La problématique autistique dans sa spécificité et avec ses paradoxes continue aussi de représenter un défi pour notre compréhension, travail dans lequel nous avons beaucoup à apprendre sur les défenses mutilantes contre les douleurs psychiques extrêmes, sur les désinvestissements et les hyperinvestissements paradoxaux, sur la construction psychique et sa complexité, sur l'accès à l'être de l'humain."
Société Psychanalytique de Paris (SPP)
 source : http://www.spp.asso.fr/main/extensions/items/12_autisme.htm

"La rencontre clinique avec un enfant autiste convoque un sentiment de mort de plusieurs manières, dont certaines sont porteuses d’ambiguïté, ou peuvent entraîner le contre-transfert vers des impasses. Le temps semble arrêté pour cet enfant qui trouve dans ses stéréotypies une éternité de l’instant, avec toutes les conséquences dramatiques qui en résultent pour son développement psychique et affectif qui paraît condamné par le besoin d’immuabilité que soulignait déjà Leo Kanner. L’objet externe semble ne pas exister : la relation à l’autre est comme morte. L’absence d’espoir semble installée entre les parents et l’enfant. Nous discuterons les conséquences qui ont pu être trop hâtivement tirées de ce sentiment. Et pourtant, cet enfant est indiscutablement vivant, provoque des réactions considérables dans son environnement familial qui s’est centré sur lui, trouble souvent la communication à son sujet entre les parents et le psychiatre d’enfant ou l’analyste par son excitation, ou une crise de rage ou de désespoir déclenchée par une frustration, parfois minime – en tout cas par une impuissance à une maîtrise absolue du monde.
 Il y a donc des réactions à l’environnement, des liens pulsionnels à l’investissement par les parents, de l’excitation indiscutablement libidinale (possession érotique joyeuse de la mère par l’enfant que décrit Meltzer, masturbations qui ne semblent aucunement inhibées…) et des réactions défensives, quoi qu’en pensent les cognitivistes qui, comme Uta Frith, prétendent que les troubles autistiques ne découlent que de déficits de l’organisations cérébrale[1]
Le recours à la métapsychologie freudienne m’a été précieux pour penser cette coexistence du libidinal et du mortifère dans la clinique de l’autisme. Ceci impose de suivre l’évolution freudienne de 1920 vers un Au-delà du principe de plaisir qui se révèle très pertinent dans la tentative de compréhension de l’autisme infantile."

Denys Ribas, Psychiatre et psychanalyste, directeur de l’hôpital de jour pour enfants de l’Entraide universitaire, Paris XIIe.
http://www.cairn.info/revue-journal-francais-de-psychiatrie-2006-2-page-18.htm

"Ils ne sont pas comme ils devraient être à leur âge. Ils font preuve d'un mode d'être caractérisé par un hors lien, isolé dans leur monde, un monde clos. Ils témoignent de leur indifférence dès lors que la parole ne se noue pas à l'imaginaire c'est-à-dire au corps et, dans ces conditions, le signifiant ne représente pas le sujet pour un autre signifiant. Ils vivent dans un monde différent de celui de l'interprétation et de la signification.­Pour faire advenir une position de sujet désirant, le registre du Réel, Symbolique et Imaginaire, doivent être noués. Il n'en est pas ainsi pour le sujet autiste pour qui le registre du réel est premier.Bien qu'ils soient baignés dans le champ du langage, ils sont hors discours. Tout l'enjeu, En-Je, est qu'ils puissent s'inscrire dans un lien social, qui leur soit propre et faire advenir un Je qui les représente en accueillant leurs trouvailles infimes et difficilement repérables dont ils font preuve.
Béatrice Radigois"

source : http://www.radio-a.com/index.php?option=com_content&view=article&id=161&Itemid=155&13996e5e045b936f38f0dce4e9388e43=4d79eba91d2327379878c98072b01f28

"S'il y a bien une caractéristique principale de l'autisme, qui correspond à l'étymologie du mot, c'est bien l'absence de relation avec autrui, son ignorance, son évitement, voire l'état d'agitation et de destructivité que parfois les tentatives d'entrer en contact suscitent. Si l'on entend l'Autre avec la polysémie que Jacques Lacan a donné à ce terme (Adulte tutélaire pour l'infans, Langage, Symbolique, Inconscient, altérité radicale), c'est à tout cela que l'autiste ne peut avoir accès. Pour lui, cet Autre n'existe pas car, comme l'expriment Rosine et Robert Lefort (2003), il n'est pas troué. Dit autrement, il n'y a pas de signifiant et de ce fait tout est réel (Balbo et Bergès, 2001), rien n'est symbolisé. Pour saisir ce que cela signifie, une brève explicitation est nécessaire. L'adulte tutélaire de l'enfant est inscrit dans l'ordre symbolique du Langage, est porteur d'une histoire et investit cet enfant de projets, d'attentes, de désirs; faisant donc de cet enfant qui arrive au monde (et avant même son arrivée) un être situé dans le fantasme et dans une lignée. Enfant idéal ou imaginaire, dit-on souvent, pouvant prolonger ou compléter ceux qui l'ont précédé, enfant vécu comme plénitude potentielle."
http://maurice.villard.pagesperso-orange.fr/autisme6.htm

Tout ce catéchisme ne s'appuie jamais sur la réalité observée mais sur tout un fatras de théorie sans cesse asséné par les psys avec des mots abscons, vides de sens. Disséquons ces mots : L'autisme se caractérise par "une absence de relation avec autrui, son ignorance..." On ne peut pas écouter pareille fadaise passer sans indignation. Les autistes connaissent tous des problèmes de communication, mais ils sont extrêmement variables d'une personne à l'autre. Un grand nombre d'autistes communiquent à leur façon et ont une foule de relations. Je rencontre chaque jour des enfants très handicapés intellectuellement, qui me font des grimaces pour m'accueillir, qui me tendent l'index jusqu'à ce que j'y pose moi-même le mien en guise de contact. Mon propre enfant sans langage, avec une cognition très élémentaire, cherche à communiquer en permanence. Entre ses moments de repli, de jeu solitaire ou de stéréotypies, il cherche le regard, l'attention, de manière d'ailleurs si permanente parfois qu'elle en devient fatigante et étouffante. Mon fils aime beaucoup les câlins. Mon fils, toujours, aime faire des blagues. Par exemple, il vous lance le ballon assez haut pour que vous ne le rattrapiez pas et ça le fait rire. Dans certains cas, il trouve des moyens pour vous communiquer ses désirs. Ainsi, il tend un morceau de bois pour me dire qu'il a envie de faire un feu. Mais comme son handicap l'empêche de percevoir de manière complexe la relation sociale, l'altérité, il se sert (parfois) de mon corps comme d'un jouet, il malaxe mes joues, s'asseoit sur moi sans prévenir quand je lis, etc.


Nous le voyons bien, la relation à autrui est faussée, gênée par le handicap, mais, dans bien des cas, elle existe sous de multiples formes. Au lieu de partir de la réalité complexe du handicap, la seule réalité observable, les psychanalyses préfèrent leurs vieux discours idéologiques, dont les allégations sont fantaisistes et truffées de fausseté, nous venons de le voir. Dans le dernier extrait choisi, on le voit bien, on ne parle jamais de la vie complexe de l'enfant en relation avec le monde. Nous l'avons choisi car il représente bien tout le discours de la psychanalyse sur l'autisme. On emploie de grands mots pour dire que "l'adulte tutélaire de l'enfant est inscrit dans l'ordre symbolique de l'enfant... investit cet enfant... de désirs... faisant de cet enfant, avant même son arrivée, un fantasme... Enfant idéal ou imaginaire, dit-on souvent..." Ce discours est totalement artificiel. Il parle de symboles, de fantasmes, de désirs, d'angoisses, et leur confère chez les uns et les autres des dynamiques forgées par les théories psychanalytiques successives auxquelles la science, n'a jamais apporté le moindre fondement mais qui au contraire, ont commencé d'être sérieusement invalidées par elle.


On pourrait continuer ainsi ad nauseam, et on verrait que l'autiste de la psychanalyse ne cesse de nous rapproche de la mort ou de l'enfer relationnel,  choisit lui-même sa condamnation au silence, à la réclusion, que les parents ne se déferont jamais vraiment de leur culpabilité, que les mères auront beau faire, elles trimballeront  toujours des désirs coupables,  libidineux, incestueux, et malheur à elles quand ils les lieront à jamais à leur enfant, pour leur plus grand malheur. Et que dire de son géniteur,  séducteur d'un jour, souvent dindon d'une farce érotico-sado-anale dans laquelle il ne peut prétendre qu'à un rôle de figurant.
Nous avons évoqué jusqu'ici la frange très majoritaire de la psychanalyse qui continue de parler de l'autisme comme si la science n'avait rien dit depuis trente ans à ce sujet. Nous devons maintenant examiner le cas des ces psychanalystes "progressistes", qui seraient attentifs aux avancées scientifiques, qui travailleraient en collaboration avec les éducateurs aux méthodes "cognitivo-comportementales".  


Les  psychanalystes  new-look

http://www.risc.cnrs.fr/pdf/SH206_rencontre_hochmann.pdf
Ce sont ceux qui traitent Bettelheim de "has been", qui reconnaissent du bout des lèvres que la psychanalyse a pu faire des erreurs, que la science apporte ses connaissances aux côtés de la psychanalyse qui apportent les siennes, des éducateurs qui apportent la leur, et que tout ce petit monde doit collaborer pour un meilleur monde possible.
Nous allons donc parler de ces néos-psys au travers de praticiens reconnus. Commençons par Marie-Christine Laznik, au travers d'une interview qu'elle a accordée en novembre 2005 au site Oedipe, dédié à la psychanalyse. Elle est interpellée d'emblée  sur les  critiques adressées aux psychanalystes  :  "Par leur refus d'accepter les causes biologiques et génétiques, ils organiseraient une désinformation des parents et forceraient les parents à se sentir responsables de la maladie de leur enfant". Et Laznik est catégorique là-dessus :
" Personnellement, je suis évidemment en complet désaccord avec ces deux affirmations. Non seulement, un certain nombre d'entre nous souhaite l'avis des autres spécialistes notamment des généticiens, mais nous le réclamons car il est susceptible de nous aider dans notre travail. Il correspond de toute façon à une nécessité. (...) Il m'est arrivé même d'insister pour que l'on refasse un examen alors qu'un premier résultat avait écarté la piste génétique... (...)
Laznik n'a pas peur, non plus, d'affirmer que "Bettelheim était complètement à côté de la plaque. Les mères n’ont rien à voir avec l’origine de l’autisme*", ou que "Les psychanalystes ne sont pas sans reproches". Une psychanalyste moderne, donc, qui semble accepter les avancées  scientifiques, et travaille en collaboration avec d'autres spécialistes.
* pétition de psychanalystes contre le DSM
http://initiative-arago.org/fr/petition.html  

Dans le détail, c'est une toute autre affaire.

Tout d'abord, aucune voix s'élève chez les psychanalystes pour s'indigner et faire en sorte que les pratiques les plus néfastes soient abolies. Aucune révision de l'enseignement non plus, nous l'avons évoqué. La  CIPPA (La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme), dont  Dominique Amy est la présidente, reconnaît"la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien." Et nous l'avons vu dans les discours, dans les enseignements, chacun peut continuer de dire et de faire le pire comme Loison et des tas d'autres, sans être un seul instant ni interrogés, ni mis en cause, et encore moins mis hors de cause. Ce n'est pas une simple contradiction. C'est une contradiction qui prouve le désintérêt total pour les enfants autistes et leurs parents, un mépris caractérisé face à leurs souffrances et aux possibilités existantes de réel développement des enfants et une preuve de plus de l'aveuglement de la discipline psychanalytique.
Par ailleurs, nous allons le voir, les psychanalystes new-look n'ont aucune intention réelle de remettre en question leurs théories au vu des faits. Dans le documentaire, déjà, nous avons un bon aperçu de ce que j'appellerai un accomodement avec la science. Parfois il va de pair avec un évident mépris. Eric Laurent, par exemple,  exprime clairement son dédain de la science et le fait que ce qu'il pourra y trouver ne changera pas sa pratique fondamentale :  La psychanalyse prétend à l'humilité et elle est au contraire imbue d'elle-même. Le pompon c'est "la psychanalyse, comme discours coruscant envers toutes les croyances", elle qui se fonde, nous l'avons-vu et continuerons de le voir, sur un ensemble de propositions idéologiques. Laurent affirme à plusieurs reprises une espèce de condescendance envers toute une humanité qui se nourrit des espoirs de la science, pour lui vains, mais nécessaire à adoucir sa peine. C'est une insulte aux malades ou aux handicapés en général, qui apprennent au fur et à mesure de bonnes nouvelles qui améliorent ou sauvent leur vie.
Un autre type d'accomodement se lit à travers les propos de Bernard Golse. Un  vrai progressiste celui-là, nous le verrons plus loin. Au travers du patrimoine génétique, de phénomènes d''anticorps sécrétés à la naissance par la mère, il opère un glissement plus que grossier, inacceptable, du biologique vers une prétendue anthropologie. "C'est un peu triste à dire..." Il s'excuse d'apporter sa vérité anthropologique : dès la naissance la mère ne supporte pas chez son bébé une partie du père, elle ne reconnaît pas ce bébé alors elle va l'éjecter.  Ce qui est un procédé utilisé par le vivant est transformé ici en conflit  familial, c'est renversant de bêtise.


Revenons maintenant  à  M.C Laznik, qui  admet un consensus  entre psychanalystes, généticiens et "cognitivistes" sur le fait de distinguer psychose infantile et autisme, malgré un flou supposé du DSM IV d'inclure la psychose infantile dans  les TED. La psychose infantile ne fait plus partie des classifications internationales nous l'avons vu, mais passons,  ce qui nous intéresse ici est ailleurs, dans l'argument que la psychanalyse avance pour pemettre la distinction des deux pathologies :
"Si l'on pense avec Lacan – notamment dans le séminaire XI- que dans la constitution du sujet il y a deux temps l'aliénation et la séparation, c'est ce temps de l'aliénation qui manque dans la constitution du sujet autistique, alors que ce que manque le psychotique c'est le temps de la séparation. C'est cette séparation qui vient contrebalancer l'effet de l'aliénation imaginaire, symbolique, réelle, dans laquelle se construit l'appareil psychique de tout sujet."
http://www.oedipe.org/fr/interview/autisme
Et voilà comment tourner le dos à la science d'un seul coup de rein pour affirmer les vieux principes spiritualistes de la psychanalyse, ceux-là mêmes que nous avons dénoncés comme faisant partie de la croyance, de l'idéologie. Celle-ci est patente dans nombre de communications de cette psychanalyste :
..."pour les bébés à devenir autistique, la question est plus celle de la régulation de la jouissance, que celle de la reconnaissance de la place du sujet. Pour eux la jouissance orale dévorante serait hyper discriminée et entraînerait une fuite. Il s'agirait de dégager la place d'une possible jouissance phallique."

Source :  http://www.cairn.info/article.php?REVUE=journal-francais-de-psychiatrie&ANNEE=2006&NUMERO=2&PP=49

Laznik a créé avec d'autres confrères une association, appelée PréAut, dont le but principal est "de travailler dans le sens de la prévention à partir de signes  précurseurs du  syndrome autistique chez les bébés."  Avant de parler de ceux listés par l'association, voyons ceux qui sont décrits depuis près de trente ans et étudiés au travers des films familiaux :
"Entre 0 et 1 an, il faut prêter attention à une absence de sourire social (en réponse au sourire parental), un défaut d’attitude anticipatrice (l’enfant ne tend pas les bras quand son parent s’approche), une fuite du regard, une impression de surdité (défaut de réaction aux sons ou à l’appel du prénom), un défaut de vocalisations ou une absence d’angoisse de l’étranger (peur face aux non familiers qui apparaît vers 9 mois).
Entre 1 et 2 ans, l’absence de jeux de faire semblant, d’attention conjointe (suivre le regard de l’adulte pour regarder la même chose) et de pointage déclaratif (montrer du doigt ce qui intéresse) sont considérés comme de sérieux signes prédictifs. Il n’est pas rare d’observer aussi des attitudes contemplatives (de lumière, d’objets circulaires ) et des mouvements répétitifs (balancements, pianotage des doigts)."
Association Nationale des Centres Ressources Autisme (ANCRA)
 http://www.autismes.fr/fr/signes-precoces.html

Et voici ce qu'affirme en résumé  la "recherche" de l'association PREAUT :

"1)  le bébé ne cherche pas à se faire regarder par sa mère (ou son substitut), en absence de toute sollicitation de celle —ci (S1).
2)  le bébé ne cherche pas à susciter l'échange jubilatoire avec sa mère (ou son substitut), en absence de toute sollicitation de celle-ci (S2).
3)  L'évitement du regard est un signe grave et bien connu, qui peut s'observer plus généralement dans le cas de mères dépressives ou chaotiques. Il ne serait pas significatif d'un risque d'évolution vers des troubles graves de la communication que lorsqu'il se présente associé à la non capacité du bébé à susciter l'échange jubilatoire avec la mère (S2) viendrait corroborer le risque détecté par (S1).
4)  Beaucoup d'autres paramètres sont également en cours d'étude coordonné par le Pr C Bursztenj du CHRU de Strasbourg.
5)  Ce que nous a permis cette attention nouvelle à l'endroit de ces  enfants, bien avant trois ans, a le mérite de nous avoir amené à  prendre en charge un enfant et sa famille à un moment où les choses ne sont pas encore ou presque définitivement arrêtées, c'est à dire à un moment où ils n'ont pas pris des habitudes relationnelles qui isolent parents et enfant du même monde.
6)  Ce qu'il y a de remarquable chez les bébés et leurs parents quand leur bébé souffre de ces troubles-là, c'est que cette absence relationnelle vient remettre en question et de façon très grave les capacités maternelles et paternelles et, à la façon du bébé  (pas de répondant du côté du bébé), il peut arriver que le même évitement relationnel frappe parents et enfants et du même coup, l'absence de relations du bébé à son entourage cesse de surprendre les parents qui, malgré leur inquiétude, n'ont plus le ressort pour réagir.
l'Ecole Rhône Alpes d'Etudes Freudiennes et Lacanniennes se doit de soutenir une démarche qui, à notre sens, si nous arrivons à la mener jusqu'au bout, a des chances de nous permettre de soigner, dans le cadre d'une  prévention, bien plus efficacement ces enfants qui ne sont pas nombreux à souffrir de ce syndrome mais face auxquels nous sommes le plus souvent, quand, à trois ans, les choses se sont installées, bien en mal de leur éviter de devenir déficients. C'est une bataille contre ce risque qui est menée tous les jours dans nos institutions.
Alors, même si les sciences comportementalo-cognitivistes promettent avec comme seuls outils et comme seul souci l' éducatif,  nous avons du mal à considérer leurs résultats positifs tant ils réduisent à un unique sens, le sens même de la vie. Il n'est pas abusif de dire que, pour le coup, le projet actuel  est de « dresser » ces enfants, ce qu'il ne leur évite pas de devenir déficients ….)  
Le sens même de la vie n'est pas de renforcer une parfaite « autonomie » (ce mot est à la mode pas seulement pour ces enfants-là…) mais de vivre dans un rapport aux autres  (si singulier soit-il) , intelligent au bon sens du terme. "
http://www.ecole-freud-lacan.com/grenoble/clinique-psychanalytique/appel-de-l-association-preaut.html

Le basculement de la connaissance vers la croyance, une fois encore, est patente. D'un côté la neutralité clinique, athéorique, qui propose un outil  aux parents, aux médecins, etc., et de l'autre, une liste où le seul et unique regard clinique, le premier point, est un peu tordu : "le bébé ne cherche pas à se faire regarder".  Le deuxième point introduit une attente psychanalytique suspecte :  "échange jubilatoire"  (plaisir, libido..), là où l'observateur neutre devrait parler de multiples échanges avec son entourage (cris, regards, pointages, etc ), la jouissance (sourires, rires..) n'étant qu'un élément parmi toutes les manifestations du petit bébé où on pourrait parler de curiosité, écoute, attention etc.   L'évitement du regard, troisième point, et là encore la mère dépressive revient à la charge, avec une corrélation toute psychanalytique, toujours culpabilisatrice,  et aucunement scientifique. Les cinquième et sixième points mettent encore en défaut ces parents dans la relation : " habitudes relationnelles qui isolent parents et enfant du même monde", "qui n'ont plus le ressort pour réagir.", "cette absence relationnelle vient remettre en question et de façon très grave les capacités maternelles et paternelles", ou dans l'interview d'Oedipe : "Pour une mère, cela est assez terrible et va l'empêcher de devenir inventive".  
Envers et contre toute expérience clinique, on le voit, les psychanalystes continuent de responsabiliser d'une manière ou d'une autre les parents dans la survenue ou l'aggravation des troubles de leur enfant. Allez parler d'absence relationnelle, de remise en cause grave des capacités maternelles  à ces milliers de parents qui se battent pour comprendre et aider leurs enfants, et étonnez-vous ensuite de leur colère !  
On le voit sans cesse, donc, toute l'approche psychanalytique de l'autisme est anti-scientifique. On ne part jamais de ce qu'on sait, de ce qu'on voit, mais on est d'emblée et perpétuellement dans l'interprétation, celle qui collera le plus aux principes sacrés de la discipline : jouissance, désir, plaisir, libido, sexe, pulsion, etc.  Comme pour tous les psys new-look, M.C Laznik accomodent les recherches scientifiques à la sauce psychanalytique :
" Dans le cas de l'autisme ; le bébé est alors aux abonnés absents. Pour une mère, cela est assez terrible et va l'empêcher de devenir inventive. Cela va se répercuter sur sa prosodie, sa voix ne sera plus porteuse d'une pulsion invoquante capable d'aller chercher son bébé.
Un psychanalyste peux arriver à remettre en route ce circuit pulsionnel en jouant avec le bébé et sa mère. Dans ce lien transférentiel, la mère peut retrouver une voix porteuse de la pulsion invoquant que l'indifférence de son bébé avait éteint. Cette nouvelle pulsion, introduite par Lacan, joue un rôle essentiel dans toute cette affaire. J'essaye de démontrer dans mes recherches qu'il y a certaines dimensions prosodiques et rythmiques auxquelles nul ne peut se soustraire, pas même le bébé à risque autistique. S'il répond à la voix humaine, cela active des zones cérébrales qui dans le développement de l'autiste- comme cela a été montré récemment - ne sont pas normalement activées et périclitent.
Ce que je cherche à te montrer c'est au fond que nos concepts psychanalytiques, nos constructions méta psychologiques sont susceptibles d'aider et d'éclairer non seulement la clinique mais aussi la recherche des autres disciplines et d'aider à leur progrès comme leur progrès nous aident aussi à y voir plus clair."
http://www.oedipe.org/fr/interview/autisme
Bien sûr, le langage adressé au bébé développe des réseaux neuronaux, oui la prosodie maternelle  a de l'importance (mais aussi la lenteur du débit, l'accentuation des syllabes, etc.) mais aussi, plus généralement, l'attention au bébé, la réponse à ses sollicitations, etc.  Les carences de langage dans l'environnement influent sur la manière qu'a le cerveau de se structurer, mais dire que la "voix n'est plus porteuse d'une pulsion invoquante" ne signifie rien en termes scientifiques. Il s'agit d'entretenir, de développer le lien avec son enfant pour le conduire au mieux sur le chemin du développement personnel, de la  socialisation, et pas  "remettre en route ce circuit pulsionnel ", pas "un lien transférentiel", et on ne voit absolument pas comment, une fois encore, les "concepts psychanalytiques" et "constructions méta psychologiques" seraient "susceptibles d'aider et d'éclairer".  
Une autre interview permet de compléter ce regard sans cesse biaisé sur les sciences. Elle commence par de récentes recherches de Monica Zilbovicius, c'est elle qui parle :
"L’être humain naît avec une attirance particulière pour les stimuli humains, du coup, il se spécialise, il devient un expert pour la voix humaine et le visage. Il y a probablement chez les autistes quelque chose d’inné, ils ne naissent pas avec cette attirance […]. Du coup, ils ne deviennent pas experts, et le développement de la région corticale ne se fait pas de la même façon."
Mais chez Laznik, c'est "ce qui ne permet pas que la fonction Grand Autre vienne se constituer."
source :
http://www.cairn.info/article.php?REVUE=journal-francais-de-psychiatrie&ANNEE=2006&NUMERO=2&PP=49
Devant ce problème, la scientifique propose de trouver des moyens ludiques, dès quatre ans, qui donneraient envie à l'enfant d'écouter la voix humaine. Laznik, elle, prétend que "la psychanalyse peut avoir, dans sa praxis, de quoi donner cette envie, c’est l’essentiel de mon travail auprès des bébés et de leurs parents. Bien avant l’âge de 4 ans : il s’agit de savoir si un psychanalyste peut permettre à un bébé de découvrir le plaisir de susciter le plaisir chez l’Autre."
On perçoit ici une différence essentielle entre la psychanalyse et les sciences  : Ici, il y a des fonctions cognitives absentes ou en mauvais état de marche et la scientifique est pragmatique, comme le seraient des éducateurs. Elle cherche un outil qui  activerait, stimulerait cette fonction en suscitant l'intérêt  de l'enfant. Là où Laznik, pour la millième fois ne parle que de "plaisir" ou du "plaisir de susciter un plaisir".  Mais il y a pire :
"déjà, pourrions-nous penser à une volonté d’un proto-sujet de ne pas entendre cette voix humaine ? Y aurait-il un facteur d’hypersensibilité chez ces bébés, qui les mènerait à éviter une voix humaine pour peu que cette dernière soit porteuse du moindre signe dépressif ? Comme si cela ne pouvait pas ne pas engendrer chez le bébé une réponse de type dépressif intolérable."
* "Frances Tustin avait évoqué quelque chose d’analogue chez ces bébés, qui les mènerait à éviter une voix humaine" (note des intervieweurs).
Voilà, on retombe à nouveau dans les croyances pychanalytiques, avec cette fameuse "volonté d'un proto-sujet" à ne pas faire, pas voir, par la fuite devant la dépression, par une réponse dépressive du bébé. On n'en sort pas.
D'autres exemples de ce glissement perpétuel entre connaissance et croyance nous sont donnés  dans l'interview, où La psychanalyste parle à son confrère de ses patients. Il y a  d'abord Mourad, un autiste de haut niveau.
" Récemment, il a été privé de portable parce qu’il avait appelé tant et tant de fois par jour ses copains proches que ces derniers ont fini par aller se plaindre au proviseur, qui a interpellé les parents, qui, eux, ont dû retirer son portable à Mourad.
Quelle signification à cet épisode ?… sinon que Mourad n’entendait pas… Quand il appelait ses copains de façon répétitive, pour leur redire les mots qu’ils lui avaient dits au lycée, il n’a pas perçu, dans le ton du « arrête ! », le moment où cela a basculé vers l’insoutenable pour les autres. Il est tombé des nues quand les cinq se sont plaints."
C'est un exemple autistique typique , où la communication est mal interprétée, la réponse sociale inadéquate, et la neurologie nous explique que ces compétences sont altérées par un certain nombre de dysfonctionnements ou de malformations du   cerveau :
"Les études de tomographie par émission de positrons (TEP) chez des sujets autistes ont par ailleurs souligné des déficits dans l'interaction coordonnée entre les systèmes corticaux et sous-corticaux impliqués dans l'attention dirigée. Le dysfonctionnement des processus de l'attention, importants dans l'acquisition des habiletés de communication sociale, peut expliquer les troubles dans la socialisation rencontrés dans l'autisme."
http://www.autisme.qc.ca/TED/recherche/etiologie/etiologie-une-revue-des-progres-genetiques.html
Mais Laznik préfère expliquer les problèmes de Mourad autrement :
"C’est la question de l’énonciation dans l’énoncé, articulée bien sûr à la question pulsionnelle. Sur le graphe du désir dans le séminaire de Lacan, nous voyons que l’énonciation dessine une ligne allant du registre de la jouissance de l’Autre à la pulsion. C’est ce qui fait problème pour un autiste, même si par ailleurs il n’a pas de graves difficultés pour les études, liées en grande partie au registre des codes, c’est-à-dire dans le strict domaine de l’énoncé.
Ils sont là les problèmes de Mourad, les difficultés de Mourad avec ses copains. (...)
"Il ne peut pas repérer quelque chose de l’affect dans la voix… Quelque chose qui a trait au registre de l’énonciation dans l’énoncé. C’est la question de la pulsion…"
Je conseille au lecteur de lire l'interview en entier, Laznik et l'autre psy regardant des vidéos familiales et les commentant, ça ne s'invente pas :
"-  À partir de ce moment, je vais faire tout un travail psychique, il faut que je me trouve un moyen et de m’étonner et de m’émerveiller. Si je ne m’émerveille pas, ça n’ira pas. Je vais m’inventer un cinéma intérieur.
- Du fait que ce sont les pics prosodiques qui accrochent l’enfant, ce « Hum ! Miam ! » ne vient-il pas te représenter de façon signifiante pour cette petite fille, par ces signifiants « plaisir » justement dans la musicalité de ton propos ?
- Oui, le pic prosodique, ça n’est rien d’autre qu’une manifestation de sidération et lumière, surprise et plaisir, c’est articulé à la présence psychique de l’autre.
- Oui, tu l’expliques bien dans tes travaux.
-  Alors vous avez entendu, je lui dis : « Sens l’odeur ! » C’est complètement aberrant, on ne sent pas l’odeur ! C’est « sens l’odeur ! » ou « Regarde l’odeur ! » Je ne sais même plus ce que je lui ai raconté. Parce que moi pour me faire mon cinéma interne je m’imagine une plante, j’imagine la vanille que je n’ai jamais vue… j’ai découvert après que ça s’appelait le gardénia.
-  Le gardénia ? en plus c’était la fleur de Freud !
- De façon plus triviale, j’imagine cela parce que le yaourt est blanc et sent la vanille. J’imagine ce que je peux ! J’imagine l’odeur de la vanille, en fait je vois un grand gardénia, et je dis à Marine : « Regarde l’odeur ! » Parce que je suis en train de lui montrer le plant de gardénia. Elle se met donc à me regarder ! C’est gagné et ça tient le reste de l’entretien.
- C’est intéressant, ces deux pulsions liées là.
- Tout à fait, les deux pulsions sont liées, le regard et l’odorat, et du coup je suis ébahie. Je peux vous dire que je le vois mon plant avec sa feuille verte et ses grandes fleurs blanches, Je suis devant un gardénia géant… Je n’en ai jamais vu de ma vie, je sens l’odeur de la vanille, et là évidemment, je m’étonne. Je n’ai d’ailleurs jamais vu de gardénia.
- Tu es allée la chercher loin ta capacité à rêver.
- Il le fallait, ça a marché.
- On ne peut pas tricher…
- On ne peut pas tricher et en plus il faut parfois inventer !
- Les enfants autistes ne nous pardonnent pas de ne pas inventer quoi ? Un jeu de leurre ?"
Ça vaut son pesant de cacahuètes, non ? On se demande à qui Laznik veut faire du bien : à l'enfant ou à elle-même ?
Un autre exemple d'accomodement new-look, maintenant, avec Jean Rouillon,  issu de l'Ecole de la Cause Freudienne, psychanalyste à Clermont-Ferrand, directeur du Centre de  Nonette . A peu de réserve près, la première partie de son papier est une introduction  riche et claire sur le sujet de l'autisme :
"C’est en effet, à partir de la question de l’autisme, que la notion de maladie mentale, pour ce qui concerne les enfants, est devenue obsolète, qu’elle a laissé progressivement la place à la dimension du handicap.  Le handicap qui trouve sa cause hypothétique dans les profondeurs du corps, entre neurones et gènes, vient nommer un déficit, un dysfonctionnement qu’il s’agit de compenser par la voie d’apprentissages permettant à l’autiste d’accéder à l’autonomie, ce qui est un comble pour celui qu’on définit comme en retrait de tout lien social.
Dès son plus jeune âge, il s’agit de donner un diagnostic à ses troubles, il s’agit de le stimuler, de le soumettre à des apprentissages afin qu’il sorte de son monde, afin qu’il puisse vivre dans le nôtre en se sentant utile. On devine qu’il s’agit là d’une tâche infinie qui laisse peu de repos aux différents protagonistes de cette aventure qui se décline en livres, reportages et témoignages.
C’est l’autre versant que nous dévoile l’autisme. Il ne s’agit plus d’une question de spécialistes, il ne s’agit plus non plus d’une question dont se saisit la société pour s’interroger sur l’humaine condition."
(...)
Les élèves de Freud, dans leur volonté de nouer la psychanalyse à la psychologie, dans leur souhait d’effacer la dimension de scandale que présente l’invention de la psychanalyse, se sont d’abord livrés à une lecture développementale de l’autisme, trouvant alors son origine dans la relation, ou plutôt l’absence de relation de l’enfant à la mère. (...) Cette déviation de la voie psychanalytique devait d’ailleurs se payer au prix fort, par la mise en cause de la psychanalyse comme méthode inadaptée au traitement de l’autisme. "

On notera  le caractère "hypothétique" de "la cause" du handicap. Il n'y a pas une cause du handicap mais des causes, qui n'ont rien d'hypothétique. Mais passons,  car il est rare de lire des textes d'obédience psychanalytique où cohabitent remise en cause, mise en avant de l'importance des apprentissages, compréhension des familles, etc.
 Pourtant, on reste frappé tant la deuxième partie contraste avec la première. Elle nous explique d'abord que c'est Lacan qui a commencé de critiquer les dérives dont il vient d'être question. A partir de là, on va le voir, on bascule du réel dans l'imaginaire, et le discours magique de la psychanalyse, sans prise sur la réalité, se déroule avec sa propre logique, ses propres inventions :


"Ce qui le relie, c’est un mot « Le Loup », mot où la loi vient se présentifier sur son versant insensé. L’autiste a ainsi affaire au surmoi, non celui de l’Œdipe qui ordonne le désir à la loi, mais un surmoi féroce qui le livre à la jouissance de l’Autre. Ce signifiant insensé qui le soumet à tous les égarements est pourtant aussi bien celui qui va le soutenir dans son opération d’élaboration du monde dans lequel il a été jeté dès lors que l’analyste, Rosine Lefort, consent à l’incarner dans sa rencontre avec le sujet. Elle peut l’incarner en nommant les unes après les autres, les diverses tentatives de ce sujet pour faire trou dans le réel. C’est ce qui lui permet de se livrer à cette scène du baptême où son corps peut enfin prendre forme d’extraire l’objet qu’il était face à la gueule béante de l’Autre.
Le signifiant, dans l’autisme, ne se présente pas sur son versant d’articulation, sur son versant de sens. Il se présente comme unique, comme tout seul, aussi bien sur le versant du commandement que sur le versant d’une satisfaction liée à ce qui résonne de sa substance sonore. Quant au dire, il ne doit pas se situer dans les rivages du sens, mais ouvrir par la voie du redoublement à l’émergence d’une écriture singulière où ce qui s’entend peut trouver à se satisfaire dans une adresse à l’autre. C’est dans cette adresse à l’autre que vient se dessiner le lieu d’une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être. C’est cette voie qui permet au sujet autiste de construire un espace où s’appareiller dans son rapport au réel. Ce n’est pas le langage qui structure le monde de l’autiste, mais sa langue particulière, dès lors qu’elle lui donne matière à trouver une satisfaction dans un dialogue avec l’autre, satisfaction qui vient faire limite à l’exigence infinie de la jouissance.
Le psychanalyste ne doit pas reculer devant l’autisme. C’est en effet, à partir de ce qu’il a pu extraire de sa propre analyse, qu’il peut offrir au sujet autiste qui y consent, la chance d’un dialogue au cours duquel peut se tisser dans une adresse inédite, une voie enfin singulière au-delà de la pulvérulence des entendus."


 Le basculement de la réalité vers l'irréalité est stupéfiant, et toujours et encore porté par le charabia  habituel, totalement dépourvu de faits, de manifestations de vie  : aucun mot sur le comportement de l'enfant autiste, sur ses multiples difficultés, émotions, réactions, au quotidien.  A des degrés très variables, et selon les cas, les autistes ont des problèmes de sommeil, de repérage spatio-temporle, un spectre alimentaire réduit, de l'épilepsie, des intérêts restreints, des stéréotypies, etc. Selon les cas,  selon les jours, ils font des câlins, jouent  dans leur coin, frappent les choses ou les gens, ou eux-mêmes, embrassent, refusent le contact ou veulent être pris dans les bras, monopolisent votre regard, votre attention ou au contraire s'en détournent, aiment l'eau ou non, sont sensibles au bruit ou non, etc, etc.   Toute cette vie concrète n'apparaît jamais dans le discours psychanalytique, c'est une constante  et l'enfant (autiste ou pas) est réduit à  une âme éthérée où s'agitent des énergies contradictoires, libidineuses, mortifères,  avec des résonnances, des jouissances, des sacrifices, etc. Le tout toujours illustré par des métaphores ou des formules absconses  : "versant d'articulation... versant du commandement... rivages du sens.. voie du redoublement... lieu d'une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être...", etc.)
Ces paroles ne peuvent pas prétendre rapporter sérieusement le réel. Elles ne se confrontent pas à lui, n'en rendent pas compte, mais articulent des inventions propres à une pensée, un imaginaire, en les faisant passer pour vraies.  De cette manière, n'importe quel délire peut être pris pour la réalité. C'est un mode idéologique, dont la pensée, la logique fonctionne en vase clos avec son lot de propositions, de formules cryptées et accessibles seulement aux initiés. Si, comme dans les mathématiques ou la physique, par exemple, ces formules s'appliquaient à rendre compte de phénomènes existants (comme celui du volume d'une sphère ou de  la masse d'un objet dans sa chute), le bons sens leur accorderait une évidente légitimité. Mais elles ne rendent compte que d'imaginaires et d'inventions de toute une cohorte de gens depuis Freud. C'est tout le problème.

L'ÉDUCATION

La psychanalyse se bat contre l'envahissement des terchniques cognitivo-comportementales, nous dit Alexandre Stevens. En apparence, les psychanalystes "spiritualistes" et rétrogrades qui s'expriment ainsi semblent être opposés aux  psys new-look qui se sont adaptés à l'air du temps :  Dominique Amy, Geneviève Haag ou Bernard Golse ont signé un article en réaction au documentaire du Mur dans lequel "ils proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant." (...) Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique. "
http://www.rue89.com/2011/12/08/autisme-des-psys-alertent-sur-les-meconnaissances-227345


On se souvient des propos méprisants du même Golse, dans le documentaire, sur les avancées scientifiques, et on a vu la méthode des psys new-look de mettre un coup de ripolin sur leur discipline pour lui redonner du brillant. Ainsi, on lira ceci dans la présentation de l'association PréAut : "Alors, même si les sciences comportementalo-cognitivistes promettent avec comme seuls outils et comme seul souci l' éducatif,  nous avons du mal à considérer leurs résultats positifs tant ils réduisent à un unique sens, le sens même de la vie. Il n'est pas abusif de dire que, pour le coup, le projet actuel  est de « dresser » ces enfants, ce qu'il ne leur évite pas de devenir déficients ….)"
C'est très clair. Les psychanalystes  n'ont accepté de travailler avec d'autres parce qu'ils n'ont pas le choix. Ils se moquent de la science. Ils se moquent de l'éducation.  Mais les résultats sont là et démontrent l'aveuglement des psychanalystes de tous bord :
" Les premiers travaux sur la prise en charge précoce sont ceux de Lovaas (Lovaas, 1987) et de Strain et collaborateurs (Strain et Hoyson, 1988 ; Strain, Hoyson et Jamieson, 1985). Ces deux équipes ont mis en place des programmes reposant sur l'approche comportementale. Strain et ses collaborateurs ont combiné destechniques comportementales avec une approche développementale et ont pratiqué l'intervention dans le cadre de l'intégration.
Pour ces deux équipes, les résultats sont impressionnants puisque, lorsque les enfants ont bénéficié d'une intervention intensive a    vant  l'âge de 5 ans, environ la moitié d'entre eux rejoint ensuite le cursus scolaire normal (47 % pour Lovaas et 52 % pour Strain et collaborateurs) et n'a plus besoin de suivi. D'autres études portant sur des programmes similaires ont aussi apporté de bons résultats mais jamais à la hauteur de ceux annoncés dans les premières publications (Olley et al., 1993  ; Fenske et al., 1985)
(...)  Aux Etats-Unis... les programmes pour enfants d'âge préscolaire se sont beaucoup développés dans le courant des années quatre-vingt (Olley et al., 1993) et l'on dispose maintenant d'évaluations de leurs effets. Dans les revues récentes de cette question (Rogers 1996 ; Erba, 2000) les résultats  des programmes d'intervention sont très positifs.
(...)  Ces études ont en effet montré un effet significatif sur le développement avec une augmentation du QI, une amélioration du langage, l'installation de comportements sociaux, plus adaptés et une diminution de l'intensité des comportements autistiques chez les enfants pris en charge. De tels résultats sont généralement enregistrés en 1 ou 2 ans d'intervention précoce et intensive. La majorité des enfants pris en charge (73 %) atteint un niveau de langage fonctionnel à la fin de la période d'intervention (en général vers cinq ans). Les acquis réalisés dans tous les domaines du développement ont été préservés après la fin de l'intervention ce qui montre la stabilité des résultats obtenus. "
Bernadette Rogé  : Autisme, comprendre et agir, Editions Dunod, 2004

 

29 mai 2013

Un enfant autiste encore menacé d'exclusion scolaire

article publié dans Six-Fours.net

Laurent est le papa d'un petit Brandon scolarisé à la CLIS d'Eugène Montagne. Il a reçu un courrier vendredi de la MDPH où l'option "IME" lui serait imposée. Autisme PACA ne l'entend pas ainsi, et l'affaire risque bien de faire du bruit.

Jean-Marc Bonifay à gauche (APACA) et Laurent Genna, papa de Brandon devant l'école Eugène Montagne à Six-Fours.

Jean-Marc Bonifay à gauche (APACA) et Laurent Genna, papa de Brandon devant l'école Eugène Montagne à Six-Fours.

Etre parents d'enfants "différents" n'est pas une sinécure, surtout avec un certain monde médical ou scolaire. Pour les parents de Brandon âgé de 7 ans et présentant des symptômes autistiques, rien ne laissait présager une si mauvaise nouvelle: "tous les parents d'enfants handicapés participent deux à trois fois durant l'année à une réunion avec une équipe pédagogique". Pour Brandon, ce fut en février dernier en présence notamment des professionnels qui le suivent (psychologue, orthophoniste, éducatrice spécialisée...) ainsi que des personnalités centrales pour les décisions à prendre avec l'enseignant référent, le médecin scolaire et la psychologue scolaire. Laurent nous racontait: "On a décidé de le mettre en CLIS cette année, même si à la base on souhaitait plus une voie dite "normale". Mais au final l'année s'est très bien passée avec son enseignante et la directrice qui est très bien. Il progresse et surtout on voit qu'il a envie d'aller à l'école". Preuve à l'appui, Laurent nous relatait cette fameuse réunion avec l'équipe pédagogique: "franchement, même si tout n’était pas parfait, les retours étaient très positifs, et je peux vous dire que j'étais détendu, car d'habitude ces réunions sont bien plus une épreuve pour les parents. Jamais on aurait pensé aujourd'hui en être là, c'est un coup de poignard dans le dos".
Car visiblement le rapport rédigé suite à cette réunion ne correspond en rien aux discussions entendues, et aux sentiments de Laurent: "on a reçu ce vendredi une lettre de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)" où il est spécifié que son cas "relèverait d'une scolarisation en établissement médico-social type IME". Pour couronner le tout, les parents ont 15 jours pour contester cette proposition, et même s'ils refusaient, "la commission de droits et de l'autonomie de la personne handicapée" prendrait seule "la décision".

Des parents indignés
 
Pour les parents de Brandon, mettre leur enfant dans un institut est inconcevable: "notre petit est déjà suivi par un pédopsychiatre, il est suivi par un ensemble de professionnels, fait partie du lieu d'accueil d'Autisme PACA, et même la MDPH avait approuvé l'an dernier le dispositif de suivi de notre petit. Il est pour nous hors de question de déscolariser notre enfant, il avait en plus fait un séjour quand il était petit dans un hôpital de jour, cela avait été une catastrophe". Mais le clou de l'histoire c'est que cette lettre se base en fait sur l'amendement 274 validé en février dernier qui permettait à l'équipe éducative de réorienter l'enfant sans l'accord des parents. Or face à l'indignation des associations, cette amendement n'existe plus, et mieux, les parents ont vu leurs droits renforcés, encore faut-il le savoir et que les instances décisionnaires l'appliquent...

Autisme PACA prêt à aller au combat
 
Jean-Marc Bonifay, président d'APACA, ne cachait pas son indignation et son sentiment de révolte, s'interrogeant: "est-ce que cette décision résulte d'une directive de l'inspection d'académie ou s'agirait-il de cas isolés mais répétés d'équipes éducatives zélées?". Puis de poursuivre: "on ne va pas laisser cet enfant se faire exclure de l'école pour être enfermé entre 4 murs psychiatriques contre la volonté des parents". Ce dernier s'appuyant sur les derniers articles de loi où il est spécifié que l'école se construit avec la participation des parents, de la nécessité de "scolariser les élèves en situation de handicap et promouvoir une école inclusive". Concrètement Jean-Marc Bonifay va joindre une lettre à la MDPH (que nous avons lue), et entend faire remonter ce cas au niveau national, tant à ses partenaires associatifs qu'à l'Elysée: "c'est le troisième cas que nous traitons cette semaine, imaginez l'état des parents! Imaginez aussi les parents qui ignorent leurs droits et qui ne sont pas au courant de la disparition de ce fameux amendement qui donnait tout pouvoir aux équipes éducatives. On est prêt au minimum à manifester et à aller en justice, nous irons aussi loin et aussi longtemps qu'il le faudra".
La seule solution envisageable pour Jean-Marc Bonifay étant que Brandon n'aille pas en IME, "qu'il puisse aller sereinement dans l'école de son quartier dans la CLIS où il suit déjà sa scolarité". Cette fameuse commission statuera le 13 juin, et inutile de dire que son verdict sera très attendu par Autisme PACA. En attendant, Laurent et Stéphanie auront tout le temps de ronger leur frein et de traverser une nouvelle épreuve dont ils se seraient largement passés.

 

D.D, le 25 mai 2013

29 mai 2013

Autisme et école : yes we can, épisode 2

article publié dans Agora Vox

Nous avons présenté il y a quelques semaines le parcours de plusieurs élèves avec autisme, dont la scolarisation à l'école ordinaire est un succès. De vifs débats ont suivi, tant ce sujet est sensible dans un pays comme la France qui ne scolarise que 20% de ses enfants autistes, là où les autres pays développés arrivent à 80%. Ces parcours semblent incroyables alors que beaucoup continuent de croire, à tort, qu'un autiste est incapable du moindre progrès et qu'il « serait tellement mieux en institution spécialisée ».

Voici donc d'autres succès vécus d'enfants autistes à l'école, pour montrer de quoi nos enfants sont capables pour peu qu'on leur donne leur chance et qu'on croie en eux. En ces temps moroses, espérons que ces histoires vraies qui se passent bien donnent de l'espoir aux uns et fassent évoluer les mentalités des autres.

 

Nathan

Nathan a 4 ans. Il a été diagnostiqué « autiste typique modéré » il y a un an. Il a un important retard de langage, et un léger retard de développement. Après une petite section effectuée en jardin d'enfants municipal, il rentre en moyenne section dans son école maternelle de secteur, 18 heures par semaine, avec accompagnement individuel par un AVS sur ces 18 heures.

Selon ses parents, « l'accueil de l'école a été formidable : la directrice, la maîtresse, l'AVS et les ATSEM ont fait en sorte que notre fils soit scolarisé dans les meilleures conditions possibles, et ont beaucoup réfléchi aux moyens de l'aider à s'intégrer ». Il est dans une classe multi-niveaux. En début d'année, la maîtresse le fait donc travailler plutôt avec les élèves de petite section, afin d'évaluer ses compétences et sa capacité à gérer l'échec et la frustration, et surtout afin de le laisser s'installer tranquillement dans ce nouvel environnement. Cela met d'emblée Nathan dans une position de réussite. Il intègre ensuite progressivement le groupe des moyens, avec qui il travaille maintenant. Il est à l'aise sur certaines activités, moins sur d'autres, mais son AVS est là pour le guider. Sa psychologue a pu intervenir à l'école pour observer son comportement en classe et donner des conseils à la maîtresse et l'AVS, qui ont trouvé ces échanges très enrichissants.

Nathan a parfois d'importantes phobies, gérées avec beaucoup de tact par la maîtresse et l'AVS. Une phobie de la musique apparait ainsi début 2013, et devient vite très envahissante, suscitant une angoisse très forte et quasi permanente chez lui. La maîtresse décide alors d'elle-même de ne plus écouter de musique en classe lorsque Nathan est présent, le temps que sa psychologue travaille avec lui sur ce problème. Peu à peu la phobie de la musique disparait, et la maîtresse remet progressivement en place des séances d'écoute musicale et de chant.

La réunion de préparation pour l'année prochaine vient d'avoir lieu à l'école. Chacun s'accorde à dire que Nathan y a toute sa place, qu'il y est heureux (ce que ses parents constatent tous les jours), et qu'il y apprend. Ses interactions avec les autres enfants sont encore limitées, mais ses camarades sont très gentils avec lui, le sollicitent et lui apportent spontanément leur aide. Ses parents constatent chaque jour combien le contact avec les pairs non autistes est primordial ; « nous sommes persuadés qu'il trouvera petit à petit du plaisir dans le jeu avec les autres enfants », nous disent-ils.

La maîtresse témoigne également que certains enfants se sont beaucoup adoucis à son contact. Un petit garçon un peu querelleur l'a pris sous son aile, et cela a été bénéfique pour l'un comme pour l'autre.

Pour cette famille, c'est une belle histoire qui commence : celle d'un petit autiste à l'école, accueilli avec intelligence, respect et bienveillance, par les adultes comme par les enfants.

 

Albin

Les soucis d'Albin ont débuté vers ses 3 ans. A l'époque, Albin refusait de participer aux activités de groupe et devenait violent, ce qui posait de gros problèmes en collectivité. Ses parents consultent alors un CMP ; pendant 2 ans Albin y est reçu par un pédopsychiatre sans faire de réel progrès. « On ne nous donnait ni diagnostic, ni conseil », témoignent ses parents. Lorsqu'on leur parle d'une orientation en CLIS avec prise en charge à l'hôpital de jour, ils décident de quitter le CMP. Ils parviennent à trouver un pédopsychiatre compétent en libéral, et obtiennent un diagnostic d'autisme alors qu'Albin a 5 ans passés et est sur le point d'entrer en grande section de maternelle.

Une prise en charge adaptée est enfin mise en place, et le handicap d'Albin est reconnu par la MDPH qui attribue l'aide d'une AVS pour l'école. Albin poursuit sa scolarité en CP avec son AVS. Il sait lire au bout d'un trimestre et malgré quelques troubles du comportement, il effectue une très bonne année scolaire. Pour son entrée en CE1, il a la chance d'intégrer un SESSAD spécialisé en TED qui propose des thérapies psycho-éducatives conformes aux recommandations de la HAS. Ainsi, toujours accompagné d'une AVS, il reste scolarisé en milieu ordinaire jusqu'en CM2.

Lors de l'entrée au collège, l'écart entre Albin et les autres enfants devient flagrant. Albin n'a pas les mêmes intérêts que les autres enfants et il a du mal à s'intégrer à des conversations sur des sujets qui ne l'intéressent pas. Ses parents préfèrent alors demander une scolarisation au collège au sein d'un ULIS. Cependant ils ne trouvent aucune place disponible et n'ont donc d'autre choix que de l'inscrire en 6ème ordinaire, de faire une demande d'AVS et d'aménager son emploi du temps en fonction de ses difficultés et des prises en charge au SESSAD.

Le premier trimestre est catastrophique : les troubles de comportement sont tels qu'il est exclu de la cantine, des cours d'EPS et des journées d'intégration des 6ème. Albin est sanctionné d'un avertissement puis un blâme. Ses notes ne sont pas mauvaises mais il est intenable, très agité, surexcité en permanence. Ses parents comprennent vite que l'AVS pose un problème et sur leur demande, après bien des tracasseries, une autre personne est affectée pour aider Albin au 2è trimestre.

Les choses changent alors radicalement : Albin obtient les encouragements au 2è trimestre et passe en 5ème. Ses notes sont en légère baisse mais il n'a plus aucun problème de comportement et il s'est même fait des copains… Albin a pu réintégrer la cantine et les cours d'EPS.

« Je suis très fière de lui, de ses efforts et du chemin qu'il a parcouru depuis que nous avons le diagnostic » nous confie sa mère. « Je demeure persuadée qu'un adolescent autiste, bien accompagné, a sa place au collège. Mon enfant progresse et apprend au contact des autres adolescents. Il est fier et heureux d'aller au collège comme les autres. »

Depuis le CM2, Albin est conscient de sa différence. Il a vu "Le Cerveau d'Hugo" à la télévision, il sait que beaucoup d'enfants autistes ne sont pas scolarisés et il sait aussi que beaucoup sont à l'hôpital de jour. Il ne comprend pas : pour lui, la place des enfants, quel qu'ils soient, est à l'école.

 

Charlotte

Charlotte viens d'avoir 6 ans. Elle est scolarisée en grande section de maternelle avec une AVSi 12h par semaine.

Son adaptation en petite section fut très difficile. Elle ne participait à rien, était très frustrée, tournait en rond et pleurait tout le temps (surtout au moindre changement de lieu). La moyenne section fut plus tranquille, Charlotte allait avec plaisir à l'école mais le décalage au niveau du langage et des apprentissages se creusait de plus en plus. Le diagnostic tomba au début de sa grande section : autisme atypique. Ses parents découvrent alors le parcours du combattant commun à tout parent d'enfant autiste ; au milieu de tout cela une chance : le dossier est traité très rapidement par l'école puis la MDPH, qui attribue une auxiliaire de vie scolaire 12h par semaine.

Les parents de Charlotte communiquent beaucoup avec sa maitresse et la directrice de l'école. Ils leur envoient des informations sur l'autisme et des propositions d'aménagements pour soutenir la scolarisation de leur fille, comme par exemple la mise en place de temps de repos au coin bibliothèque en cas de besoin, ou encore déplacer son bureau pour lui permettre une activité différenciée de ses camarades à certains moments. Charlotte peut ainsi mieux se concentrer pour travailler avec l'aide précieuse de son AVS. Il suffit de ces quelques petits riens pour que Charlotte revienne aujourd'hui radieuse de ses journées en classe.

« Ce que je j'aime le plus, » confie sa mère, « c'est que sa maitresse ne pointe pas tout le temps les points 'négatifs' de Charlotte, mais qu'elle se réjouit du plus petit progrès de notre puce, et qu'elle se creuse la tête pour la faire avancer. »

Sa mère a pu passer une journée d'observation en classe pour mieux cerner les difficultés de Charlotte (notamment en regroupement là où la communication et les échanges sont les plus importants). Elle a ainsi pu constater que le partage avec les différents intervenants de la vie scolaire est capital, chacun ayant son rôle à jouer. L'ATSEM est vigilante face au moindre souci de Charlotte et aide l'AVS si nécessaire. Quant aux autres enfants, ils sont conscients de la différence de Charlotte et ils la soutiennent « superbement bien » selon sa mère. Certains vont la chercher pour qu'elle rejoigne le groupe, d'autres tentent de lui parler et sont tout heureux lorsqu'elle parvient à leur répondre, d'autres encore courent en grands ronds avec elle en lui tenant la main dans la cour. Charlotte a d'ailleurs annoncé à ses parents qu'elle veut se marier avec l'un de ses camarades de classe… C'est en sport que Charlotte est le plus dans l'échange avec les autres, elle leur lance le ballon, saute avec ses copains. Mais surtout depuis peu la maitresse prépare une petite mise en scène sur le thème d'un album étudié en classe, et Charlotte adore ! Elle a demandé à jouer l'un des rôles principaux, et elle va donner la réplique à ses copains.

Lors de la dernière réunion de suivi, il a été décidé que Charlotte passerait au CP en classe ordinaire (toujours avec 12h d'AVSi). Ses parents pourront rencontrer prochainement l'enseignant qu'elle aura l'année prochaine afin de préparer la rentrée le mieux possible. Pour eux, il est évident que les gros progrès de Charlotte en communication sont dûs en grande partie à tout ce qu'elle vit à l'école, entourée d'autres enfants qui l'ouvrent au monde.

 

Le Pr Charles Aussilloux…

Le Pr Charles Aussilloux est neuro-psychiatre et enseigne à l'Université de Montpellier I. Il travaille au CHU de Montpellier et a supervisé les recommandations de diagnostic des TEDs publiées par la HAS et la Fédération Française de Psychiatrie en 2005. Dans sa préface au livre d'Anne-Valérie Delaplace que nous citions dans notre précédent article, voici ce qu'il écrit :

« Priver l'enfant de la scolarisation, dans notre société, équivaut à une grave perte de chance. Lorsqu'il a un handicap, cette privation d'acquisition et d'occasion d'échanges, compromet encore davantage sa place en tant qu'enfant et futur adulte. Mais lorsqu'il s'agit d'un handicap consécutif à l'autisme, la gravité est toute particulière, car ces enfants peuvent exprimer leurs capacités particulières et compenser en grande partie leurs difficultés d'interaction sociale et affective par les progrès liés aux apprentissages cognitifs et aux expériences des échanges structurés dans un cadre bien défini.

Pourtant pendant trop d'années, cela était ainsi : les enfants avec autisme étaient avant tout des malades, ils devaient être soignés, mais les exigences de l'éducation, obligation pour eux sans doute, mais aussi obligation pour les adultes de les mettre en situation, ne leur étaient pas, en général, appliquées. On assistait ainsi à la genèse d'un handicap surajouté !

Les progrès ont été lents, freinés principalement par les représentations caricaturales de l'autisme et la méconnaissance génératrice de peurs et d'inhibition chez les professionnels des soins et de l'éducation. Mais des expériences se sont multipliées, favorisées par les investissements personnels de professionnels, individuellement et souvent en équipe, avec une collaboration famille-soignants-enseignants, et des résultats d'autant plus remarquables qu'ils étaient inattendus ont été observés. »

 

…et un directeur d'école

Quant à l'ancien directeur d'école d'Anne-Valérie Delaplace, voici ce qu'il en dit…

« Il y a vingt ans, la perspective d'un simple accueil d'un enfant autiste dans une école se déclinait en crainte, en réticence et le plus souvent… en refus ! Et si la scolarisation d'enfants autistes relève aujourd'hui d'une certaine normalité, j'en mesure le chemin parcouru depuis ce jour où, il y a une dizaine d'années, la venue d'un de ces enfants s'est posée ! Quelle place pour un tel enfant dans une école publique ? Peut-il devenir élève ? Ne sera t-il pas porteur de « perturbations » supplémentaires dans des classes où déjà les élèves en difficulté scolaire ou à comportement « difficile » ne manquent pas ? (…)

Aujourd'hui je peux en témoigner… La scolarisation d'enfants autistes est possible et surtout elle peut être bénéfique pour eux !

Mais à certaines conditions… Tout d'abord des conditions humaines d'accueil que nous (enseignants et parents) avons su gagner et conserver dans un contexte social où les suppressions de postes se sont multipliées dans l'Education Nationale :

- Obtenir des effectifs appropriés pour de possibles intégrations partielles de ces enfants dans des classes ordinaires...

- Obtenir des auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour une mise à leur disposition, indispensables pour leur scolarisation et intégration…

Des conditions culturelles aussi. Nous avons su construire une culture d'école qui, j'espère, continuera de se transmettre. Elle reposait sur deux « axiomes » maintes fois répétés :

Tout enfant est éducable quelle que soit son histoire sociale, familiale, personnelle…

Les différences ne sont ni ignorées ni stigmatisées ; elles sont une donnée à prendre en compte pour une éducation à un vivre ensemble, respectueux de chacun (une précision : la mixité sociale était une réalité de cette école).

Et puis il y a la nécessité de communiquer et de travailler ensemble. (…) Enfin l'implication de l'enseignante. Le travail d'Anne-Valérie est impressionnant. Que de temps passé à construire des projets, à mobiliser son équipe, à s'investir auprès de ces enfants, à écouter, à dialoguer… Trois ans passés pour du bonheur... Car il y a du bonheur partagé et à partager à constater le cheminement scolaire de ces enfants. »

En guise de conclusion, nous ne pouvons que redire que la place des enfants autistes est à l'école, pas à l'hôpital, et qu'il est plus que temps que cesse l'apartheid de fait qui, en France, exclut 80% d'entre eux d'une scolarisation ordinaire qui reste leur meilleure chance de trouver leur place parmi leurs semblables. Cessez d'avoir peur et de rejeter nos enfants - ce sont avant tout des enfants, qui ont besoin d'aller à l'école comme tous les autres, avec les autres.

8 mai 2013

Vaincre l'autisme et Autisme Paca souhaitent monter une structure innovante sur la commune

article publié sur Six-fours.net

Le président de l'association nationale Vaincre l'Autisme M'Hammed Sajidi est venu spécialement jeudi sur la commune pour rencontrer le député-maire ainsi que le président d'APACA et rencontrer des parents pour parler du projet de "Futuroschool" destiné aux enfants autistes. Il a aussi pris le temps de répondre aux questions des nombreux médias présents.

 M'Hammed Sajidi et Jean-Marc Bonifay avec leur équipe.

M'Hammed Sajidi et Jean-Marc Bonifay avec leur équipe.

 

A l'heure où la ministre Madame Carlotti annonçait le nouveau plan autisme, tout le monde ne sautait pas de joie, M'Hammed Sajidi évoquant surtout une catastrophe: "il n'est question que de soutenir et développer les structures existantes qui ne répondent pas aux besoins des enfants autistes" comme les hôpitaux de jour par exemple. Un enfant sur 100 naît autiste (il s'agit d'une maladie neurologique qui se manifeste de différentes façons comme l'absence d'interaction sociale et des comportements répétitifs), et la France accuse un étonnant retard en la matière, le président allant plus loin sur ce nouveau plan qui n'offre aucune avancée en terme de prise en charge: "après un début d'avancée enclenché par le 2ème plan autisme, le gouvernement décide de faire marche arrière et de renforcer l'existant, incompétent en la matière, à savoir les hôpitaux de jour, les CAMPS et les CMPP". Autrement dit le gouvernement ne pousse pas à la création de structures dites "expérimentales" et/ou "innovantes" qui "pratiquent les prises en charge éducatives et comportementales reconnues et appliquées dans le monde entier, et recommandées par la Haute autorité de santé". Il faut savoir qu'en France les professionnels de santé comme les médecins n'ont que quelques petites heures de formation sur cet handicap, il y a aussi une méconnaissance totale des équipes éducatives. La France poursuit encore aujourd'hui une approche psychanalytique pour le traitement de l’autisme, et il faut se souvenir que la pratique controversée du "Packing" qui consiste à envelopper nus des enfants ou adultes autistes dans des draps froids et humides pendant 45 minutes n'est toujours pas interdite dans le cadre d'un protocole de recherche en milieu hospitalier "visant paraît-il à valider son efficacité" nous précisait Jean-Marc Bonifay.

Vaincre l'autisme et la Futuroschool

L'association nationale Vaincre l'Autisme a ainsi développé depuis plusieurs années un modèle de structure innovante appelée "Futuroschool" et qui existe déjà à Paris et à Toulouse. L'association est parvenue à monter non sans mal ces structures, mais elle a aussi pu s'appuyer heureusement sur son crédit car elle a un agrément national du ministère de la santé de "représentants des usagers", elle a participé aux groupes de travail de la Haute Autorité de Santé, à la rédaction du cahier des charges des structures expérimentales innovantes à destination des enfants autistes avec la Direction générale de l'action sociale... Bref du lourd, et dans son comité scientifique on retrouve des personnalités comme le professeur Christopher Gillberg (Suède), le professeur Yehzekel Ben-Ari (France), le professeur Nouchine Hadjikhani (Suisse), le professeur Robert Hendren (Etats-Unis) ou encore le docteur Elisabeth Fernell (Suède). Depuis plusieurs mois, Vaincre l'autisme a scellé un partenariat avec Autisme Paca (présidé par J-M Bonifay) dans l'optique de monter une Futuroschool à Six-Fours. La municipalité soutien pleinement le projet, et le président M'Hammed Sajidi nous stipulait que le projet serait prochainement soumis à l'ARS. Car le nœud de cette histoire est le suivant: si l'ARS PACA/Corse ne fait pas un appel à projet de structure innovante, pas de Futuroschool.

Le principe de la Futuroschool

Actuellement il existe une Futuroschool à Paris (depuis 2004), financée depuis septembre 2009 par les pouvoirs publics. Une deuxième structure a ouverte en 2008 à Toulouse, et fut financée en juillet 2010 par les pouvoirs publics. A Six-Fours, Vaincre l'autisme et Autisme Paca seraient co-porteurs du projet, et la gestion en incomberait à Vaincre l'Autisme. Cette structure innovante accueillerait 12 enfants tout type d'autisme confondu (de 2 à 20 ans), et enregistrerait 14 salariés à plein temps (éducateurs formés et deux psychologues) ainsi que 5 professionnels à temps partiel (médecin, orthophoniste, psychomotricien).
A la différence des autres structures existantes, les familles sont impliquées dans la prise en charge de leur enfant. Le principe étant de permettre un suivi personnalisé, et surtout d'être ouvert vers l'extérieur: "il s'agit de prendre en compte l'importance capitale du futur pour l'enfant autiste et le rôle prépondérant de l'école, plus largement de la prise en charge éducative, dans la recherche de l'autonomie et de l’intégration en milieu ordinaire de vie". Car ces enfants grandissent, et quid de leur devenir lorsqu'ils sont adultes? D'où le principe de cette structure, qui entend travailler main dans la main avec l'éducation nationale et le monde professionnel. D'autre part alors que les hôpitaux de jour font la part belle à la psychiatrie, ici il y a une approche éducative et comportementale basée sur l'approche ABA. M'Hammed Sajidi ajoutait: "sur Six-Fours, si on avait un accord de l'ARS, le montage serait très simple, car il n'y aura qu'à mettre en oeuvre ce qu'on a déjà réalisé à Toulouse et Paris".
Pour se faire une idée du coût, le président de Vaincre l'Autisme nous livrait ces chiffres: "il en coûte 180.000 euros par enfant et par an dans un hôpital de jour. Dans notre structure innovante, il en coûtera 65.000 euros par an et par enfant, sachant qu'au bout de trois ans la somme baisse car l'enfant progresse et a moins besoin d'accompagnement". Les deux associations sont d'ores et déjà prêtes pour réaliser ce projet, ils espèrent désormais trouver une oreille attentive de l'ARS, sachant qu'en plus notre département manque cruellement d'accueil pour ces enfants et qu'une minorité applique une méthode d'accompagnement adaptée.

 

D.D, le 03 mai 2013

4 mai 2013

3ème plan autisme : ABA la psychanalyse !

article publié dans AGORAVOX

Remords ! Mélange de soulagement et d'enragé désespoir, c'est ce qu'éprouvent les parents d'autistes sortis de l'enfance, à l'annonce d'une mesure qu'ont adoptée depuis un quart de siècle les (autres) pays civilisés : le droit à l'éducation des petits. 

Remords de ne pas s'être expatrié, quand il en était encore temps ; d'avoir gobé le somnifère, pontifiant et culpabilisant discours de ceux qui auront tenu la place près d'un demi-siècle en France, quand nos voisins n'en étaient depuis longtemps plus dupes.

Le plan annoncé hier par Mme Carlotti ne fait d'ailleurs pas table rase de l'escroquerie. Ce n'est qu'en 2014 que diminueront les crédits de la psychanalyse, au profit de son ennemi "comportementaliste", afin que soit donné aux parents le choix (sic) entre ce vide entretenu et les ignobles nazis décidés coûte que coûte à enseigner des gamins qui n'en ont même pas formulé la demande.*

 De "nouvelles méthodes" pratiquées ailleurs avec succès depuis quarante ans 

Timide, insuffisant en termes de crédits et d'enseignants, ce plan s'inspire de vingt-cinq ans de revendications d'associations*. Il prévoit, à l'issue d'un diagnostic précoce (à 18 mois), de tirer les enfants atteints du syndrome de l' "hôpital de jour", morne antichambre de la psychiatrie, fourre-tout débilitant de tout ce qui apparaît peu ou prou décalé (du beau mutique intelligent, sans handicap ajouté, au multidéficient dépourvu de toute autonomie), pour enfin et peu à peu les intégrer en milieu normal, à l'aide d'éducateurs spécialisés dans ce que nous nommons en France "les nouvelles méthodes" d'apprentissage et de communication...

...Tellement nouvelles, ces méthodes, qu'à chaque conférence organisée chez nous d'ex-autistes canadiens, américains ou nordiques, tirés d'affaire grâce à elles, en témoignent régulièrement, ainsi que des "petites différences", séquelles de débuts traumatiques, n'ayant guère entravé leur carrière et leur valant juste, en milieu professionnel et amical, au pis une réputation d'originaux. (Quand, à diagnostic de départ identique, voire plus optimiste, les Français de leur génération restent voués à la camisole chimique.)

L'urgence de changer les crédits de mains

Ce troisième plan (à réaliser sur trois ans à partir de 2014) aura-t-il raison du lobby psychanalytique, fléau dénoncé par la quasi-totalité des familles, et captateur depuis près d'un demi-siècle des crédits dévolus au syndrome ? La ministre, qui dit avoir entendu ces familles, et "découvert une situation conflictuelle", promet de désormais réserver lesdits crédits aux seuls établissements dont les "méthodes** marchent (...) et sont recommandées par la Haute Autorité de la Santé".

Tout bénéfice pour l'entière société

Cette évidence, qui, s'y elle s'était imposée plus tôt, eût épargné des centaines de milliers de malheureux - enfants et, par ricochet, parents -, passe par des mises de fonds rentables à moyen terme. Car, autant n'auront profité de l'ancien système que les opulents bavards encore en place, autant la société tout entière gagnera à l'insertion de ces garçons et filles souvent doués, éducables, et voués à l'indépendance pour peu que leur en soient tôt donnés les moyens.

Voir, en ces temps de nécessaires restrictions, un sacrifice de plus pour le contribuable serait un mauvais calcul. L'autiste non éduqué, non autonome, devient fardeau à vie de la société, et plus coûteux que ces éducateurs qui le sauveront, comme le langage des signes a sauvé les sourds-muets.

Premiers fruits de trente ans de lutte contre un lobby

Plus informés, ne serait-ce que par le Web et les réseaux sociaux, moins impressionnables que nous, les parents d'aujourd'hui se détournent de ces beaux parleurs nantis, qui entre deux longues réunions entre collègues, deux récits culpabilisants de votre vie de famille, de couple ou de baby blues, vous assurent en termes choisis qu' enseigner "manu militari un enfant qui n'est pas en demande serait une brutalité inacceptable". Si la mère de Thomas (ci-dessous) n'avait été forcée d'apprendre sa table de multiplications, elle l'ignorerait sans doute encore. Les "brutalités" qui ouvrent, et libèrent leurs victimes en leur donnant les moyens d'un avenir plus heureux, on fera avec.

 

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Thomas
jeune autiste
4 mai 2013

Autisme et école : yes we can !

article publié dans AGORA VOX

 

Nous avons détaillé dans un récent article les difficultés rencontrées par les enfants autistes pour simplement aller à l'école comme les autres. Les familles de ces enfants se heurtent régulièrement à des murailles administratives ou tout simplement à du rejet de l'école. Pour beaucoup de gens, un autiste ne peut réussir à l'école et « il sera bien mieux en milieu spécialisé ». Pour beaucoup d'enseignants, un autiste est avant tout un fardeau supplémentaire qu'il a peur de ne pas savoir gérer. Pour beaucoup de pédopsychiatres et de psychologues, « un autiste a avant tout besoin de soins et il n'est pas prêt pour l'école »...

Aussi nous vous proposons aujourd'hui de découvrir le parcours de quelques enfants autistes qui ont réussi leur scolarité en milieu ordinaire. Parce que leur famille les a soutenus envers et contre tous, parce que des enseignants ont cru en leurs capacités au lieu de baisser les bras. Ces enfants nous démontrent qu'au dela des préjugés, même les cas jugés « lourds » doivent avoir leur chance. Ils nous prouvent que leur place était bien à l'école ordinaire, et que c'est aussi la place des autres enfants qui vivent le même handicap. Il nous prouvent que les seuls « soins » dont les autistes aient vraiment besoin sont éducatifs. L'école ordinaire pour les autistes, « yes we can » !

 

 

(Les prénoms des enfants ont été changés.)

 

 

 

Antoine

 

Commençons par le petit Antoine. Il est diagnostiqué autiste sévère vers ses 3 ans. A l'époque il ne parle pas du tout et n'est pas propre. Malgré cela ses parents décident de le scolariser en maternelle à plein temps. Cela se passe avant la loi de 2005, on mesure donc le courage de ces parents à une époque où l'institution est un évidence solidement ancrée dans les esprits. Ils obtiennent l'aide d'une ATSEM de l'école pour accompagner leur fils, travail qui aujourd'hui serait confié à une Auxiliaire de Vie Scolaire.

 

A l'âge de 7 ans, la Commission Départementale de l'Education Spéciale préconise une orientation de d'Antoine en Institut Médico-Educatif. Ses parents refusent et obtiennent à la place sa scolarisation en Classe d'Intégration Scolaire (CLIS). Il y restera jusqu'à ses 11 ans, tout en suivant progressivement certaines matières en classe ordinaire. Il y bénéficie par ailleurs d'un enseignement structuré selon le programme TEACCH, qui figure dans les recommandations de prise en charge de la HAS parues en... 2012.

 

Il poursuit sa scolarité au collège ordinaire, au sein d'un UPI (Unité Pédagogique d'Intégration). Il suit certains cours en classe ordinaire avec ses camarades « neurotypiques », en particulier les matières qui lui plaisent : Français, SVT, technologie, et EPS. Au fil des années, Antoine est devenu propre. Il a parlé vers 7 ans. Il est devenu sociable au contact des autres enfants, et très respectueux des règles de vie à l'école. Il a appris à lire, écrire, compter, il a acquis une bonne culture générale et il a réussi son premier stage en médiathèque.

 

Aujourd'hui le diagnostic d'Antoine est passé d'« autiste sévère » à « autiste sans déficience intellectuelle ». Il a choisi de travailler plus tard dans une médiathèque. Pour ses parents, il est évident que sans cette scolarisation en milieu ordinaire, jamais Antoine n'aurait eu la possibilité de développer tout son potentiel. Où serait Antoine aujourd'hui, s'ils avaient suivi l'avis de la CDES et l'avaient placé en IME à 7 ans ?

 

Loïc

 

Poursuivons avec Loïc. Il a reçu un diagnostic de syndrome Asperger, il a aujourd'hui 11 ans. Jusqu'en 2012, il était suivi au CMPP de sa ville. Selon ses parents, « la prise en charge était épouvantable à tel point que Loïc en a fait une grave dépression ». Le pédopsychiatre du CMPP propose alors l'IME ou l'Hopital de Jour ; ses parents refusent et décident de quitter le CMPP.

 

Ils mettent alors en place une prise en charge psycho-éducative conforme aux recommandations de la HAS et Loïc passe en CM2 avec une AVS (auxiliaire de vie scolaire) pour l'aider, pendant environ la moitié de son temps d'école. Ses parents prennent l'initiative d'expliquer aux enseignants ainsi qu'à ses camarades ce qu'est l'autisme et quelles sont les difficultés spécifiques de leur fils. Résultat : « Cette année de CM2 a été exceptionnelle pour mon fils », nous dit sa mère. « Il s'est fait des amis et tous les adultes qui l'entourent sont enfin bienveillants. Mon fils va bien, et a fait des progrès incroyables ! »

 

L'année prochaine, Loïc passera en 6ème « ordinaire » au collège, toujours avec son AVS. Il sera le premier autiste scolarisé dans ce collège. Ses parents aimeraient qu'il ouvre la voie à beaucoup d'autres après lui, maintenant qu'il a prouvé que c'était possible et surtout bénéfique. Ils ont rencontré le principal du collège afin de préparer au mieux la rentrée de Loïc, « pour que tout se passe bien pour lui ». Sa mère nous confie pour conclure : « Je suis fière de lui et de sa capacité a se battre ».

 

Théo

 

On dit que « la vie est faite de rencontres ». C'est particulièrement vrai pour Théo, qui a 5 ans cette année. A 3 ans, il ne parlait pas, criait, se frappait, n'écoutait rien de ce qu'on lui disait, et n'était pas propre. Ses parents avaient consulté le CAMSP de leur secteur, qui ne donnait pas cher de sa peau à l’école. Le pédopsychiatre parlait de CLIS avant même son entrée en maternelle. Ses parents décident de ne pas l'écouter et l'inscrivent malgré tout à la maternelle de leur quartier.

 

La directrice de l'école les reçoit : « Il n'est pas propre ? Vous savez madame, il est interdit de refuser un enfant pour un probleme de continence, l’ ATSEM et la maitresse feront avec, ne vous inquiétez pas ». Puis lors la réunion de rentrée, la mère de Théo apprend que son enseignante a un neveu autiste sévère en IME. Personne à l'école n'est formé, aucune AVS attribuée pour aider Théo, mais tout le monde répond présent pour l'aider au quotidien, avec bonne volonté et pragmatisme.

 

La premiere année fut laborieuse. Théo manque d'autonomie et rentre peu dans l'échange avec les autres enfants. Mais il aime apprendre et il est très motivé. Il termine l'année avec un niveau scolaire assez moyen – mais comparé au début, ses progrès sont énormes. Cette année, Théo est en moyenne section. Toujours pas d'AVS... Théo rentre plus dans l'échange. La maîtresse le prend sous son aile. Elle se renseigne sur l'autisme, lit et regarde des reportages, puis adapte son enseignement à Théo pour tirer parti de son mode d'apprentissage basé sur le visuel. Théo part en classe de découverte comme tous ses camarades.

 

Tout le monde s'adapte. Théo ne sait pas découper ? On prend le temps de lui apprendre. Parfois il progresse, parfois il n'y arrive pas, souvent c'est compliqué, mais Théo avance. Aujourd'hui il parle, il est propre, il participe en classe et interagit avec ses copains. Il va rentrer en grande section l'année prochaine, ses parents envisagent déjà le CP et préparent la demande d'AVS. « On se sait pas ce qui va se passer en CP » nous dit sa mère, « alors on prépare le terrain au maximum ».

 

Quand on l'interroge sur les bénéfices de l'école pour son fils, elle ne tarit pas d'éloges. « L’école lui a permis d’être comme les autres, le plus possible, ça lui a permit d’être autonome, structuré, d’apprendre à être avec les enfants de son age, d’apprendre ce qu’ils font. C’est fatiguant pour lui, il a encore besoin de pauses, de siestes, alors on lui permet de souffler quand c'est nécessaire. Il va a la piscine, fait de la cuisine, du jardinage. Bref il a une scolarité de rêve, une école de rêve. Nous avons beaucoup de chance. »

 

Lors de son inscription à l'école, personne ne croyait en l'avenir scolaire de Théo, sauf ses parents. Aujourd'hui tout le monde y croit. L'enfant que l'on disait « déficient intellectuel » n'est plus le même : aujourd'hui il apprend à ses petits camarades à lire ! « C'est un enfant très attachant qu’on a envie d’aider. Il a ses particularités bien sûr, mais il a la volonté de se battre pour y arriver et faire comme les autres. »

 

Max

 

A sa rentrée en première année de maternelle, Max n'était pas propre, ne parlait pas, ne supportait pas qu'on le touche. La directrice, mise au courant par les parents, leur répond : “Il n'est pas propre ? Faites ce que vous pouvez, on gérera le reste. Il ne parle pas ? Nous arriverons bien à communiquer. Il ne supporte pas qu'on le touche : on va y aller progressivement.” La petite section fut calamiteuse : un diagnostic d'autisme moyen à lourd en cours d'année scolaire, pas d'AVS ; heureusement, une ATSEM particulièrement investie sauve sa scolarité. Personne ne voulait de lui à l'école, sauf la directrice qui criait haut et fort que sa place n'était pas en hôpital psychiatrique mais avec ses pairs.

 

La deuxième année, les parents apprennent que leur enfant va avoir "la Rolls" des enseignantes, et une ATSEM merveilleuse. Ce n'était pas exagéré. Comme pour Théo, si Max ne savait pas découper ou colorier correctement, “on prend le temps”. L'enseignante adaptait ses méthodes de fonctionnement en mettant en place un planning visuel de la journée, puis de la semaine. Et rapidement, les parents ont l'heureuse surprise d'entendre l'enseignante dire : “Je pensais ne pouvoir travailler que le social et apprendre à Max à être élève, mais nous allons pouvoir faire beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus.” Max se révèle être un petit garçon très intelligent, comprenant rapidement, pourvu qu'on lui explique correctement et pas trop vite.

 

La maman de Max a une expression imagée : "En petite section, Max était un petit animal sauvage, qui grognait et tapait tout le monde à coup de doudou. Aujourd'hui, en CP, il a plein de copains, qui viennent en nombre à son anniversaire ainsi qu'à la fête de fin d'année que nous ne manquons pas d'organiser : certains demandent d'ailleurs dès le mois de mai quand la fête aura lieu.”

 

En petite section, les parents de ses camarades de classe demandaient ce que Max avait et s'il était toujours ainsi. Aujourd'hui, si sa mère répond qu'il est autiste, la réponse est sous la forme "AAAAAAhhhh bon ! Tu es sûre ? Mais c'est quoi qui te fait dire cela ?”

 

Ses enseignantes ont su exploiter au mieux le mode d'apprentissage “visuel” de Max pour favoriser ses acquisitions. Si l'enseignante de petite section s'est contentée du service minimum (et de dire que jamais Max n'aurait une scolarisation normale), l'enseignante de moyenne section et son ATSEM se sont investies de manière incroyable : à elles deux, elles compensaient largement une AVS inapte à gérer un enfant autiste. Il a appris tout le programme de moyenne section avec bonheur. Puis, en grande section, encore une enseignante de grande qualité, qui a su s'adapter à Max. Elle lui donne des responsabilités, il prend confiance en lui, et apprend à être un élève. Dans la droite lignée de la précédente enseignante, elle l'a parfaitement préparé à l'entrée en CP.

 

A trois ans, il avait un score de CARS à 38. A six ans, le score a baissé à 21. Même s'il reste autiste, il parvient à surmonter ses difficultés et à vivre avec, parmi les autres. Pour sa mère, il est évident que l'école a joué un rôle considérable et irremplaçable dans son évolution particulièrement favorable.

 

Anne-Valérie Delaplace

 

Anne-Valérie Delaplace n'est pas autiste mais elle connaît bien les enfants, autistes ou pas... Elle a fait carrière en tant qu'enseignante, d'abord « ordinaire », puis spécialisée. Elle a publié un livre en 2012, « Moments de Vie - Enseigner en Clis avec des Enfants Autistes, le Champ des Possibles ».

 

L'autisme, elle l'a découvert en même temps qu'elle faisait connaissance avec ses élèves, lors de sa prise de fonction en tant qu'enseignante "ordinaire" en institution puis en Clis. Elle s'est formée grâce à ses lectures et recherches, et aussi comme elle le dit « grâce à mes élèves, qui m'ont permis d'entrapercevoir leur monde et grâce à leurs parents, par l'écoute et les échanges. »

 

« Les jeunes enfants autistes que j'ai rencontrés dans ma classe arrivaient de la maternelle, parfois sans langage, certains avec des troubles majeurs du comportement. Pour autant en quelques mois, chacun est devenu un élève part entière, capable d'apprendre en classe ordinaire avec le soutien d'une AVSi, d'être considéré par ses pairs comme un un camarade de classe, s'intégrant dans les différents lieux de vie de l'école, que ce soit en sport, à la cantine, en voyage scolaire... »

 

Elle raconte ainsi le parcours d'un petit, arrivé sans langage en Clis avec de très grosses crises et beaucoup d'auto mutilation. Au bout de 3 ans, il passait 3 matinées complètes en CM1 avec son AVSi et parfois sans elle. Il avait d'excellentes moyennes en français et en maths. « Inutile de dire que sans la bataille menée à la sortie de la maternelle, il serait en IME ! Fort heureusement, les parents avaient le soutien de la psychologue scolaire ! »

 

Pour elle, tout enseignant se doit de bâtir sa pédagogie en créant des liens nécessaires aux avancées individuelles des élèves. « Il ne faut jamais perdre de vue que l'acte d'enseigner est soumis à l'humilité, aux doutes et ne se conçoit que dans la place qu'a chacun dans un rôle de « passeur d'espoir ». C'est un principe essentiel pour une bonne pratique auprès de ces enfants. Reconnaître l'importance de tous les acteurs impliqués dans le processus éducatif et les projets propres à chaque enfant permet de concevoir l'essentialité du travail en réseau, enfant, parents, enseignant, équipe de soins. Bienveillance et optimisme sont les premiers piliers de la voie vers l'éveil cognitif.

 

Il faut envisager tous les possibles pour favoriser l'inclusion réelle de ces enfants, car il faut lever le voile sur toutes les peurs, les angoisses dûes à la méconnaissance de cet enfant autiste, dont le handicap ne se voit pas, de ces enfants pas comme les autres de prime abord, mais qui ont toute leur place dans l'école de la République, citoyens de demain dans notre société. »

3 mai 2013

Publication du troisième plan autisme : après les belles paroles, quels actess concrets ?

Le  troisième plan autisme est sorti aujourd’hui : en apparence, de grandes avancées, des moyens conséquents.

La réalité maintenant : 600 000 personnes autistes. Parmi elles, combien d’adultes sur le carreau, adultes parfois tués par leurs parents ? La réalité, c’est que les millions dépensés dans ce plan, c’est « peanuts » par rapport à ce qu’il faudrait réellement : un nombre de places créées en établissements adaptés dérisoire par rapport à ce qu’il faudrait réellement.

Ce manque de moyens continuera à encourager les parents à régler eux-mêmes le problème… Cette triste réalité m’avait inspirée une parodie : « Pétrintothal, élixir de fin de vie »

 

Je ne vais pas analyser le contenu du plan, ce n’est pas dans mes compétences ; juste faire des propositions d’actes par rapport à certaines choses qui ont été dites.

 

Joindre le geste à la parole : propositions

1- Subventionner les structures qui vont dans le sens de ce que ce gouvernement veut

Je rebondis sur ce qu’a affirmé Mme Carlotti, ministre déléguée au handicap, sur le contenu de ce plan (voir article dans Le Monde, jeudi 02 mai)

« En ouvrant ce dossier, j’ai trouvé une situation conflictuelle, un climat tendu », déclare-t-elle. « Je n’en veux plus. En France depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout, et aujourd’hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes pour une raison simple : ce sont celles qui marchent, et qui sont recommandées par la Haute autorité de santé. » « Que les choses soient claires », ajoute-t-elle en forme d’avertissement, « n’auront les moyens pour agir que les établissements qui travailleront dans le sens où nous leur demanderons de travailler ».

D’abord, une inquiétude, qui est partagée par la communauté des parents : que sera-t-il demandé aux établissements comme travail pour avoir des subventions du gouvernement ? Qu’il y ait deux trois pictogrammes par ci par là, pour faire illusion ? Du saupoudrage ? Quelles réelles formations recevront les professionnels pour appliquer de manière intensive et coordonnée les pratiques reconnues par la Haute Autorité de Santé ?

Qui peut croire que les hôpitaux psychiatriques de jour et autres établissements vont stopper net leurs pratiques psychanalytiques ? Pas moi : je pense que ceux-ci continueront de recevoir de l’argent de la sécurité sociale, que les professionnels feront une petite formation de deux jours, adaptée mais très largement insuffisante, et mettront un emploi du temps dans les salles en disant « Regardez,  on travaille dans le bon sens !  » Et voila.

Et à coté de cela, les structures éducatives qui mettent réellement en place des pratiques adaptées et intensives, auront-elles un financement de l’État ?

Un exemple : le centre éducatif que nous avons mis en place nous-mêmes et qui accueille neuf enfants n’est pas financé par l’État. Résultat, nous n’avons plus d’argent car nous n’avons pas de financement pérenne, et on risque de couler. On attend beaucoup de ce plan autisme, est-ce qu’il nous permettra de le financer ? Normalement oui, puisque nous travaillons réellement dans le sens souhaité par Mme Carlotti, que j’invite à visiter le centre au moins virtuellement ici, pour se rendre compte par elle-même.

 

 

2- Ne plus subventionner les formations non conformes aux recommandations de bonnes pratiques

Ma seconde réflexion porte sur ces phrases : En France depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout, et aujourd’hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes.

J’ai créé l’année dernière, avec des professionnels de l’autisme, une liste des formations 2012/2013 dont le contenu n’est pas conforme à ce qui a été recommandé en mars 2012 par la Haute Autorité de Santé. Si vous jetez un œil à cette liste, diffusée sur le site « Kollectif du 07 janvier » vous verrez qu’elle est bien remplie…

 

 

Alors, Madame Carlotti, je vous propose de joindre le geste à la parole, en faisant en sorte que ces formations initiales et continues ne reçoivent plus aucune subvention de l’État. Cela ne coûte pas très cher de faire cela, ça n’enlève aucun financement, bien au contraire, et cela donne du crédit à ce qui est dit… Pour tous les enfants et adultes autistes.

3 mai 2013

Danièle Langloys, présidente d'Autime France -> Mon fils de 28 ans est autiste : les adultes sont exclus du plan Carlotti.

article publié dans le Nouvel Observateur
Modifié le 02-05-2013 à 18h14
Temps de lecture Temps de lecture : 2 minutes
LE PLUS. Le gouvernement a présenté ce jeudi le troisième plan autisme. Parmi les mesures avancées par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées : un dépistage dès 18 mois et la création de 700 places pour les petits en maternelle.
Mais quid des adultes ?
Danièle Langloys, présidente d'Autisme France et mère d'un autiste, explique pourquoi ce plan est insuffisant.

Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par Aude Baron

Le centre Albert Camus pour jeunes autistes de Villeneuve-d'Ascq, en novembre 2008 (C.BAZIZ/SIPA)

Le centre Albert Camus pour jeunes autistes de Villeneuve-d'Ascq, en novembre 2008 (C.BAZIZ/SIPA)

 

Mon fils a 28 ans, il a eu un diagnostic de psychose infantile à 4-5 ans, que j’ai mis longtemps à faire requalifier. Ce n’est qu’à 20 ans qu’il a été reconnu comme autiste.

Au regard de ma situation personnelle, mon problème, dans ce plan, c’est justement qu’il n’y a rien de fait pour les adultes. Même si elle en a parlé, Marie-Arlette Carlotti met avant tout l’accent sur la petite enfance. 

Or, aujourd’hui, 90% des adultes n’ont jamais eu de diagnostic et sont dans des situations tragiques. Certes, 1500 places d’accueil en plus vont leur être consacrées, mais si on se rapporte ce chiffre au nombre de départements français, c’est totalement dérisoire ! 

J'ai dû me battre pour que mon fils ne vive pas à l'hôpital 

Il existe très peu de Services d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah) en France. Il en faudrait par ailleurs des spécifiques pour l’autisme. 

Je me suis battue pour que mon fils soit scolarisé, qu’il apprenne à lire et à écrire. Je ne voulais pas qu’il aille dans un hôpital de jour. Je l’ai élevé toute seule, j’ai tout fait moi-même, y compris pour lui apprendre les codes sociaux, l’aider à se structurer dans l’espace et le temps. Mon fils vit d'ailleurs avec un planning. 

Mais je me lève tous les matins en me disant "pourvu qu’il ne se passe rien". Pourvu qu’il ne soit pas arrêté par la police dans la rue et envoyé en hôpital psychiatrique. Il a une vie relativement ordinaire, mais on n’est pas à l’abri. 

Je n’ose même pas en vouloir à la ministre car elle s’est battue pour obtenir ce budget de 200 millions d’euros pour mener à bien son plan. Je l’ai vue travailler de près, je sais qu’elle s’est beaucoup impliquée.

C’est déjà plus que le deuxième plan autisme, lancé en 2008. Ce gouvernement récupère une situation qui a été laissée à l’abandon pendant 40 ans. Aujourd’hui, le chantier est phénoménal, le problème explose et je me demande de quelle manière on peut le rattraper. 

Des moyens dérisoires face à l'étendue du problème 

Je suis très touchée par l’engagement pris de mettre en œuvre des programmes uniquement éducatifs, qui condamnent par conséquent la psychanalyse, de même que par l’implication des associations qui sont désormais entendues sur ce qui ne va pas.

Mais il y a entre 20.000 et 30.000 enfants dans les hôpitaux de jour, c’est un scandale sanitaire et financier sans nom. Les solutions proposées sont dérisoires par rapport à l’étendue des besoins. Le ministère propose 350 places dites "de répit", permettant des placements de courte durée, alors que 6000 à 8000 bébés autistes naissent tous les ans ! 

Mme Carlotti fait le pari que les pratiques vont évoluer, mais ça ne sera que sur le long terme. Que répond-t-on aux familles qui ont un enfant de deux ans ?

La politique menée par le gouvernement représente une avancée incontestable et je ne peux pas lui en vouloir, mais, une fois encore, les moyens alloués à l’autisme sont dérisoires face à l’ampleur du phénomène.

Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec

 

6 avril 2013

Plan Autisme 3 : Poisson d'Avril !

article publié dans Agoravox

Depuis le bilan du second plan autisme, établi par Mme Valérie Létard début 2012, les associations de familles de personnes autistes attendent avec impatience le 3è plan autisme, d'abord promis par le précédent Gouvernement UMP, puis par le nouveau Gouvernement PS issu des urnes. Nous en faisions déjà l'écho sur ce site. D'abord promis pour la fin d'année, l'annonce de ce plan a été reporté à février 2013, puis au 2 avril, à l'occasion de la « Journée Internationale de l'Autisme ». Or, à la fureur et la consternation des 400000 familles concernées, le plan autisme 3 reste dans les limbes...

Que s'est-il donc passé ? Tout était pourtant assez bien parti. Le 1er avril au soir, une interview de Mme Carlotti, Ministre Déléguée aux Personnes Handicapées, paraît sur le site web du Figaro. C'est la stupeur : elle y annonce que les structures médico-sociales devront se conformer aux recommandations de bonnes pratiques, sous peine de perdre leur agrément. Concrètement, cela veut dire qu'enfin le Gouvernement imposerait aux diverses structures de prise en charge d'utiliser les méthodes éducatives comportementales et développementales réclamées par les familles depuis 40 ans, en lieu et place de la démarche psychiatrique inspirée de la psychanalyse qui a majoritairement cours en France et dont l'inefficacité est décriée depuis longtemps. Rien de moins qu'une révolution pour les IME, Sessad et autres hopitaux de jour, dont bien peu aujourd'hui appliquent ces recommandations. Les familles n'osent y croire : auraient-elles enfin été entendues ? Après 40 ans de galère, le bout du tunnel est-il enfin en vue ?

Hélas, le lendemain, 2 avril, c'est la douche froide. Alors même que beaucoup de villes françaises illuminent leurs monuments en bleu à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Autisme, Mme Carlotti annonce à l'Assemblée Nationale que « le plan est prêt » mais ne sera pas annoncé tout de suite, car « les arbitrages n'ont pas été rendus par le Premier Ministre ». En clair : l'argent nécessaire n'a pas été attribué – ce qui revient à dire que le plan n'est pas prêt... Du côté des familles c'est la colère. Une fois de plus elles se sentent flouées, ignorées et méprisées, alors même que beaucoup sont dans la plus grande détresse, devant parfois se battre contre les administrations censées les aider, ne serait-ce que pour obtenir un diagnostic correct.

Il faut dire que les autistes dérangent beaucoup de monde, et laisser le couvercle bien fermé sur la cocotte minute en arrange plus d'un. A commencer par le Ministère de la Santé, tutelle des innombrables hopitaux psychiatriques pour enfants (« hopitaux de jour ») et adultes, ou encore des CMP, CMPP et CAMSP. Ces établissements peinent à se mettre à niveau et à appliquer les recommandations de diagnostic et de prises en charge, publiées par la Haute Autorité de Santé en 2005 et 2012. La plupart sont encore dirigés par des pédopsychiatres attachés à l'approche psychanalytique de l'autisme. On préfère ne pas poser de diagnostic clair pour « ne pas enfermer l'enfant dans une étiquette », ce qui revient de fait à laisser les parents dans l'ignorance et l'angoisse, et fait perdre un temps précieux. Alors que d'autres pays mettent en oeuvre le dépistage précoce dès 18 mois, le diagnostic à 3 ans, et la prise en charge dès le dépistage... On y rejette également les méthodes éducatives comportementales (ABA) ou développementales (TEACCH, modèle de Denver), taxées à tort de « dressage » ; on préfère y attendre « l'émergence du désir de communiquer ». Ou alors on observe l'enfant jouer dans l'eau interminablement, sans intervenir – y pratiquant de puissantes analyses de son psychisme, qui cependant ne l'aident pas à progresser concrètement. Bref, ce sont ces établissements qui devraient le plus souffrir d'un plan autisme qui les obligerait à évoluer dans une direction qu'ils refusent sous peine de perdre leurs budgets.

L'Education Nationale s'accomode bien, elle aussi, de la situation actuelle. Certes, la loi de 2005 l'oblige en théorie à scolariser les autistes. Mais dans les faits cette scolarisation est un parcours d'obstacle pour bien des familles, que l'on tente d'influencer et de convaincre que leur enfant a avant tout besoin de « soins » et que « il n'a pas sa place à l'école ». A l'arrivée, 20% des autistes français sont scolarisés en milieu ordinaire, souvent à temps très partiel, là où bien d'autres pays en scolarisent avec succès 80%. Et plus on avance dans les années, moins on trouve d'autistes – qui parmi les lecteurs de cet article en a croisé au collège ou au lycée ?... Les autistes dérangent ; ils remettent en cause par leurs particularités le modèle normatif de l'Education Nationale, pour qui à tel âge on doit avoir acquis telles compétences. Le développement atypique mais bien réel des autistes remet en cause bien des certitudes ; comme le dit avec humour Josef Schovanec, « aujourd'hui encore on me refuserait le passage en CP car je ne sais pas jouer au cerceau »... Il est plus simple d'évacuer ces élèves décidément bien gênants vers le « milieu spécialisé », plutôt que devoir modifier ses méthodes d'enseignement pour privilégier le visuel plutôt que l'oral, les encouragements et récompenses plutôt que les punitions et réprimandes, sans parler de la nécessité de mieux surveiller la cour pour éviter les problèmes de brimades et harcèlement. Ainsi la récente affaire de « l'amendement 274 » a cristallisé l'opposition des points de vue entre une certaine frange des enseignants (en l'occurence un groupe de Députés PS) et les parents d'enfants autistes.

D'où, probablement, l'embarras du Premier Ministre à l'heure de rendre des arbitrages budgétaires. Il faut de l'argent, beaucoup d'argent, pour sortir les autistes du marasme où 40 ans d'incurie les ont relégué. Or de l'argent, il n'y en a pas. La seule voie de progrès possible est donc d'adapter l'existant, ce qui veut dire mécontenter deux corps de métiers traditionnellement ancrés à gauche, la Santé et l'Enseignement. On comprend la frilosité du Gouvernement et les hésitations interminables pour sortir, enfin, ce fameux plan. D'aucuns murmurent déjà qu'un plan « croupion » sera annoncé vers le 15 août, quand tout le monde sera en vacances, afin d'esquiver la colère des familles...

Aujourd'hui, ces familles en ont assez. Avec Internet et l'information à portée de clic pour tout le monde, il n'est plus question de les mener en bateau. La plupart sont désabusées et excédées. Les familles n'ont pas la mémoire courte. Ainsi, rappelons que la loi de 2005 (qui a ouvert les portes de l'école à leurs enfants) a été votée par la droite et que la gauche a voté contre. Le second plan Autisme, qui a permis la sortie des recommandations de bonnes pratiques de prise en charge, attendues depuis 40 ans, a été mis en place par Valérie Létard sous un gouvernement UMP. Alors que ces mêmes recommandations ont été violemment combattues par des partis d'extrême gauche (voir à ce sujet notre article). L'autisme n'a pas de couleur politique et frappe tous les milieux sociaux, mais le débat sur l'autisme est hélas fortement politisé. Le Gouvernement actuel doit dépasser ce débat et mettre en place le plus rapidement possible un 3è plan autisme conforme aux attentes des familles, plaçant ainsi le sens de l'Etat et de l'intérêt général avant le clientélisme.

 

Nous rappelons que le collectif Egalited est un rassemblement de personnes avec autisme, de familles et de professionnels concernés, dont le but est de promouvoir l'inclusion sociale, l'égalité des chances et le respect des droits des personnes avec autisme. Nous sommes indépendants de tout mouvement associatif, politique ou religieux. Cet article a été rédigé et relu par plusieurs personnes du collectif, de sensibilités politiques et d'origines sociales diverses.

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