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"Au bonheur d'Elise"
maltraitance
27 mars 2014

le gouvernement dépose une plainte visant la gestion d'un institut pour handicapés dans le Gers

article publié dans 20 Minutes

Créé le 27/03/2014 à 13h46 -- Mis à jour le 27/03/2014 à 13h51
Le symbole de la justice

Le symbole de la justice Damien Meyer AFP

JUSTICE - L’établissement qui accueille 70 enfants et jeunes handicapés a déjà été placé sous l’autorité d’un administrateur provisoire...

Le ministère en charge des Personnes handicapées vient de déposer une plainte visant la gestion d'un institut pour enfants et jeunes lourdement handicapés dans le Gers où il soupçonne un détournement de fonds destinés à la prise en charge des pensionnaires, a-t-on appris de sources ministérielle et judiciaire.

L'institut médico-éducatif (IME) de Condom est depuis plusieurs mois déjà au cœur d'une vive et douloureuse controverse sur les conditions dans lesquelles sont accueillis et traités environ 70 enfants, adolescents et jeunes majeurs atteints de déficience intellectuelle ou de multiples handicaps.

Abus de bien social et abus de confiance

Cet IME, la «Maison d'enfants de Moussaron», s'est retrouvé le 6 décembre placé sous l'autorité d'un administrateur provisoire sur décision de la ministre Marie-Arlette Carlotti, en raison de «graves dysfonctionnements dans les conditions d'installation et de fonctionnement» constatés par l'Agence régionale de santé (ARS).

A la demande de la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, le ministère porte à présent plainte contre X pour abus de bien social et abus de confiance dans la gestion de la société «les Enfants de Moussaron», gestionnaire de l'IME, a indiqué son ministère dans un communiqué.

Des éléments en possession de la ministre «laissent entrevoir que les fonds qui étaient à l'origine destinés à la prise en charge des mineurs de cet IME pourraient ne pas avoir été intégralement utilisés à l'usage auxquels ils étaient destinés», dit le ministère.

Accusations de traitements indignes

La plainte est parvenue mercredi au procureur d'Auch, Pierre Aurignac, qui a saisi sans attendre la brigade de recherches et la section de recherches de la gendarmerie, a-t-il indiqué. Les éléments en la possession de la ministre seraient remontés jusqu'à elle à la faveur du placement de l'IME sous le contrôle d'un administrateur.

Jusqu'alors, l'IME vivait surtout dans les déchirements entre la direction, le personnel et les familles à cause des accusations de traitements indignes qui s'y pratiqueraient. Des parents et des employés les dénoncent, d'autres se joignent à la direction pour les réfuter.

La justice dit ne jamais avoir été saisie de faits présumés de maltraitance. Trois plaintes pour d'autres faits présumés donnent toujours lieu à enquête: une pour harcèlement de la part d'un employé, deux autres de la part de parents en colère parce que l'état de leur enfant aurait empiré au lieu de s'améliorer au cours de son séjour, indique le parquet.

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24 mars 2014

Mesures de contention et/ou d'isolement : recommandations générales

article publié sur le blog "Des mots grattent"

lundi 24 mars 2014

Voir la rubrique internet sur le site du Délégué Général aux Droits de l’Enfant
 
Quelques extraits :
 
2.1. Mesure de contention et/ou d’isolement
Définition :
Les mesures de contention et d’isolement sont des mesures exceptionnelles de sécurité destinées à prévenir ou contrôler les actes d’une personne pouvant occasionner des lésions corporelles pour elle-même et/ou son entourage ; elles limitent par des procédés divers l’autonomie et les mouvements d’une personne présentant un comportement se mettant elle-même et/ou les autres en danger.
Elles ne peuvent être utilisées qu’en dernier recours ; en aucun cas, elles ne peuvent avoir une visée thérapeutique, éducative, disciplinaire, ou punitive.
 
Ces mesures ne peuvent donc en aucun cas être destinées à pallier un manque de personnel, être conçues en vue d’assurer un certain « confort » pour les professionnels ou les familles ou être pratiquées dans le cadre d’une expérience médicale ou scientifique.
 
(…)
3. Cadre légal
 
(…)
 
Droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants :
 
« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique […]. » (Convention relative aux droits des personnes handicapées, art. 15)
 
Télécharger ici ces recommandations.
 
 
En vertu de l’accord-cadre franco-wallon, ces recommandations peuvent être partagées en France.
 
ARTICLE 1 – Objet
Le présent accord a pour objet de renforcer la coopération médico-sociale entre la France et la Région Wallonne du Royaume de Belgique dans la perspective :
 
• d’assurer un meilleur accompagnement et une prise en charge de qualité des personnes handicapées,
• de garantir une continuité de cet accompagnement et de cette prise en charge,
• d’optimiser les réponses aux besoins médico-sociaux en facilitant l’utilisation ou le partage des moyens humains et matériels,

de favoriser l’échange et le transfert de connaissances et de bonnes pratiques.

18 mars 2014

Le renforcement des contrôles met en évidence le malaise des inspecteurs au sein des ARS

Publié le lundi 17 mars 2014

Alors qu'une circulaire du 20 février 2014, récemment mise en ligne (voir notre article ci-contre du 13 mars 2014), précise les modalités du renforcement de la lutte contre la maltraitance et du développement de la bientraitance des personnes âgées et des personnes handicapées dans les établissements et services médicosociaux relevant de la compétence des agences régionales de santé (ARS), l'Association professionnelle des inspecteurs de l'action sanitaire et sociale (Apiass) s'inquiète des conditions de mise en oeuvre de cette mesure. Elle demande donc à rencontrer la ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l'autonomie.

"Une quasi-absence de pilotage et un manque flagrant d'effectifs"

Au nombre d'environ 1.800, les inspecteurs de l'action sanitaire et sociale (Iass) ont le sentiment que "la fonction d'inspection n'est plus une priorité dans toutes les agences régionales de santé". Dans son communiqué, l'Apiass indique ainsi que "la succession des réformes depuis 2009 (loi HPST créant les ARS, poursuite de la RGPP, MAP) ne s'est pas traduite par une valorisation qualitative et quantitative de l'inspection (formation insuffisante des inspecteurs, recrutement de contractuels). Dans certaines ARS, l'utilisation même du terme inspecteur a été bannie. Dans le secteur social, la politique d'inspection souffre d'une quasi-absence de pilotage et d'un manque flagrant d'effectifs".
L'association formule donc une certain nombre de propositions, parmi lesquelles un renforcement de la fonction d'inspection dans les ARS, une révision des conditions de formation initiale et continue (à l'Ecole des hautes études en santé publique) ou encore la réalisation, par l'Apiass, d'un recensement des professionnels affectés au pilotage des missions d'inspection au siège des ARS et en DRJSCS (directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale), afin d'identifier ainsi le nombre d'inspections réalisées annuellement.

Un malaise plus profond

La grogne autour de la faisabilité du renforcement des missions d'inspection cache en fait un malaise beaucoup plus profond, qui tient aux tensions au sein des ARS en matière de gestion des ressources humaines. Dans une interview donnée le 31 janvier dernier à la revue professionnelle TSA (Travail Social Actualités) et publiée sur le site de l'association, Henri Carbuccia, le président de l'Apiass, se pose un certain nombre de questions sur le bilan des ARS, trois ans après leur installation : "Le service rendu aux usagers est-il meilleur ? Les relations avec les collectivités plus fluides ? Le travail avec les opérateurs s'est-il amélioré ?" Il souhaite également "que soit interrogée la place des Iass dans l'édifice. Car nous constatons que, globalement, nos compétences et notre savoir-faire ne sont pas valorisés". Plus précisément, le président de l'Apiass estime que "les directeurs d'hôpitaux, les préfets et même des professionnels du privé sont généralement aux postes de commande. Et la tentation est grande de mettre un peu de côté des inspecteurs soupçonnés sans doute inconsciemment d'être de l'ancien système". Même si le président de l'Apiass "ne souhaite pas s'exprimer sur ce drame", le malaise a sans doute été accru par le suicide, à la fin du mois de décembre, d'un inspecteur d'une ARS sur son lieu de travail.
Ce constat de l'Apiass recoupe assez largement celui de Jacky Le Menn, sénateur (PS) d'Ille-et-Vilaine, et Alain Milon, sénateur (UMP) du Vaucluse, dans leur récent rapport d'information, fait au nom de la mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (Mecss), sur "Les agences régionales de santé : une innovation majeure, un déficit de confiance" (voir notre article ci-contre du 5 mars 2014). Les deux sénateurs y pointaient notamment la nécessité de "recoudre le lien social à l'intérieur des ARS", afin de réparer les effets de l'installation "à la hussarde" des agences.

Jean-Noël Escudié / PCA

17 mars 2014

ARS & Autisme -> Ce que nous attendons des Agences Régionales de Santé - Lettre d'Autisme France

tiret vert vivrefm topAutisme : ce que nous attendons des Agences Régionales de Santé

 

qui rappelle notamment :

"Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d'une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques.

Adaptée à l'état et à l'âge de la personne, cette prise en charge peut être d'ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social.

Il en est de même des personnes atteintes de polyhandicap."

 

-> Voir d'autres informations sur le site d'Autisme France

13 mars 2014

IME de Briec. Une monitrice spécialisée accusée de maltraitance

article publié dans Ouest France

Briec - 12 Mars
La mère d’un enfant autiste a déposé plainte contre une monitrice de l’institut médico-éducatif de Briec, près de Quimper, pour maltraitance morale. Une enquête est ouverte.

Information Ouest-France

Une monitrice spécialisée de l’institut médico-éducatif de Briec a été licenciée, il y a quinze jours en raison de son comportement. Elle est soupçonnée d’avoir maltraité un enfant handicapé. La maman de cet enfant a déposé plainte à la police de Quimper. Le dossier a été transféré à la brigade de gendarmerie de Châteauneuf-du-Faou qui est chargée de l’enquête. « Il ne s’agirait pas de coups portés mais plutôt de maltraitance psychique ou morale », explique les enquêteurs.

L’ARS alertée

Les collègues de la salariée mise en cause ont alerté la direction des Genêt d’Or, l’association qui gère la structure. Cette dernière a aussitôt contacté l’ARS (l’agence régionale de santé). « Nous avons été alertés par l’IME. Nous avons suivi le dossier et la direction de l’établissement a suivi la bonne démarche en licenciant cette monitrice », explique-t-on au service communication de l’Agence régionale de santé de Bretagne à Rennes. 

Nous avons, hier soir, contacté la direction de l’établissement qui n’a pas souhaité réagir. 

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13 mars 2014

Vidéo Marie-Arlette Carlotti - Point sur le handicap et la maltraitance - voir ou revoir

4 mars 2014

Handicapés, de placements en déplacement

Marie PIQUEMAL 28 février 2014 à 17:06 (Mis à jour : 3 mars 2014 à 15:32)


 (Dessins Chloé Poizat)

ENQUÊTE

Accusant un retard considérable dans la prise en charge des personnes handicapées, la France se défausse sur la Belgique et ses lucratives «usines». C’est ce qu’a vécu Fabien, autiste ballotté des Yvelines à la Corrèze, puis en Wallonie, où il est mort, à 21 ans, loin de sa famille.

Sur le mur du salon, une immense photo de son fils Fabien. Un beau garçon de 21 ans, plein de tonus et de vie. «A la maison, c’était un petit garçon qui bougeait, qui avait une vraie joie de vivre. Il était très câlin, aussi. Un enfant comme les autres mais qui souffrait juste d’autisme», commence Sylvie, deux minuscules chiens blottis sur les genoux. Depuis le 2 novembre 2012, jour de la mort de Fabien, elle n’arrive plus à dormir. Elle refait le film dans sa tête, dans un sens, puis dans l’autre. «Je voudrais lui rendre sa dignité, qu’on reconnaisse qu’il est mort à cause d’une erreur.» L’histoire de Fabien est «compliquée», dit-elle, hors du commun, mais elle résume à elle seule tous les dysfonctionnements dans la prise en charge des personnes handicapées en France.

Fabien a 11 mois quand les médecins posent leur diagnostic : retard psychomoteur et mental important et troubles du comportement associés. Il grandit dans les Yvelines, avec ses quatre frères et sœurs. «Pour nous, il n’était pas différent. On lui parlait normalement, on s’amusait, il nous suivait partout», raconte Jessie, la cadette. Les autres vont à l’école, lui reste à la maison auprès de sa mère, avec quelques détours par le service de psychiatrie infantile de l’hôpital de Montesson. Puis, à 10 ans, «il a été envoyé en Corrèze, explique Sylvie, c’était le seul endroit où il restait de la place.»

La «terre d’accueil» corrézienne

La France est en retard dans la prise en charge du handicap, elle scolarise encore trop peu les enfants et manque de places dans les établissements spécialisés. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le ministère de la Santé ne sait pas combien la France compte de personnes handicapées. «C’est compliqué, cela supposerait de mettre les gens dans des cases», répond le cabinet de Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée en charge des personnes handicapées. Certains départements sont mieux dotés en structures que d’autres.

Fabien atterrit dans la fondation Jacques-Chirac, à Peyrelevade, au fin fond de la Corrèze. Ici, 60 à 70% des petits pensionnaires viennent de la région parisienne. «Historiquement, la Corrèze est une terre d’accueil pour les personnes handicapées. Pendant longtemps, on considérait qu’elles étaient mieux au vert, en milieu rural, loin des regards. C’est un peu trivial de le dire comme ça, mais c’est ainsi», explique Nathalie Marrien, en charge de l’autonomie au conseil général de Corrèze.

Fabien se retrouve en internat. «On ne le voyait plus beaucoup. C’est loin, la Corrèze. De toute façon, il n’avait le droit de sortir que trente-cinq jours par an.» Une affaire de gros sous. L’assurance maladie verse un forfait journalier par personne aux établissements, en majorité des structures associatives. Donc, moins les enfants rentrent chez leurs parents, mieux les finances des structures se portent. «De l’extérieur, cela peut surprendre, mais c’est une réalité économique incontournable. Vous imaginez, sinon ? Il faudrait mettre au chômage technique nos équipes», justifie Alain Wild, le directeur de l’institut médico-éducatif (IME) de Peyrelevade.

Faute de mieux, Sylvie appelle régulièrement pour prendre des nouvelles de son fils. «Bien sûr, comme toutes les mamans, il y avait parfois à redire mais, dans l’ensemble, ça allait. Il a appris des choses là-bas.» Il est devenu propre, par exemple, à 17 ans. «C’était un enfant relativement agréable, très souriant malgré un retard mental sévère. Il était heureux de vivre, verbalisait beaucoup, même si ce n’était pas compréhensible», se souvient Alain Wild. Fabien grandit. Il a 19 ans quand le centre avertit Sylvie : la limite d’âge, ici, c’est 20 ans, il va falloir songer à partir. Pour aller où ? Trouver une place dans une structure pour adultes relève du défi.

Face à cette pénurie, et plutôt que de construire suffisamment d’établissements, la France a trouvé la parade. Elle sous-traite depuis des années la prise en charge d’une partie de ses ressortissants handicapés à la Belgique. Certaines familles y vont d’elles-mêmes, épuisées d’attendre une hypothétique place en France. Ou attirées par des méthodes éducatives qui n’existent pas en France. Mais d’autres sont carrément mises à la porte par les autorités françaises. Plus le handicap est lourd et moins il existe de structures françaises prêtes à les accueillir. Combien sont-ils, ces parents, à s’être entendu dire un beau jour : «Il n’y a pas de place pour votre enfant ici. Tournez-vous vers la Belgique. Vous voulez des adresses ?»

Plus de 1 500 mineurs expatriés

En Wallonie, tout un business s’est développé depuis une vingtaine d’années. Isabelle Resplendino, secrétaire adjointe d’Autisme France, habite dans la province du Hainaut, près de la frontière. Elle voit pousser comme des champignons les centres pour handicapés. A côté des établissements agréés où sont accueillis essentiellement des Belges, on trouve des «usines à Français. Il n’y a aucun Belge à l’intérieur, si ce n’est le personnel… dépeint Isabelle Resplendino. Dans le coin, tout le monde a quelqu’un dans sa famille qui y travaille.» Des établissements privés, à but lucratif donc, qui font vivre toute une région. Le marché est juteux. «C’est plus rentable d’investir en ouvrant un centre pour les handicapés français que de placer votre argent à la banque», résume d’un sourire un directeur de centre sous couvert d’anonymat.

Les autorités françaises cautionnent ce système. Elles l’organisent et le financent même. La Sécu ou les conseils généraux, c’est selon, paient pour la prise en charge des ressortissants français. C’est tout bénef pour la France. Le tarif peut varier du simple au double. «Les prix fluctuent d’une structure à l’autre. Mais pour vous donner une idée, en France, le prix à la journée dans un foyer d’accueil médicalisé varie entre 200 et 400 euros. En Belgique, c’est plutôt entre 150 et 180 euros», détaille Isabelle Resplendino. Prix du bâti, normes moins contraignantes et coûts de personnel plus faibles qu’en France… Le calcul est vite fait.

Selon le ministère, plus de 1 500 mineurs sont ainsi expatriés en Belgique - on ne connaît pas les chiffres exacts pour les adultes : entre 3 000 et 5 000. «Que la France, cette République, se décharge ainsi de ses citoyens handicapés, c’est intolérable. Comment l’accepter ?» questionne, amer, Bernard Peyroles, président de la petite association Andephi, qui regroupe des parents de personnes handicapées. Il se bat depuis 2007 pour que la France prenne ses responsabilités et que cesse cet exil forcé. A défaut de se faire entendre, il compile sur Internet les témoignages de parents désespérés, au pied du mur. «Vous n’imaginez pas tous ces gens en grande détresse. Avoir un enfant handicapé, c’est difficile. On concentre toutes ses forces pour tenir bon. Alors, quand on vous dit : "C’est la Belgique ou rien", que pouvez-vous répondre ? Les familles sont dans une telle souffrance qu’elles n’ont pas le choix, mais portent la culpabilité quand ça se passe mal.»

«Il a passé la frontière sans que je le sache»

Quand l’établissement de Corrèze évoque un placement en Belgique pour Fabien, Sylvie acquiesce du bout des lèvres. «Si j’avais dit quoi que ce soit, ils m’auraient rendu mon fils. A l’époque, je ne pouvais pas le reprendre à la maison.» Le déménagement est prévu au début de l’été 2010. «Je pensais qu’avant, on me ferait visiter l’établissement pour que je rencontre le personnel et que je leur parle de mon fils.» Mais, début mai, elle reçoit un courrier par la poste de l’IME de Peyrelevade : «Fabien a été transféré en Belgique. Le centre dans lequel il se trouve vous contactera prochainement.» Sans donner le nom de la structure, ni une personne à contacter. La panique. «Dans la tête d’une maman, c’est terrible. Je me disais : "Ça y est, j’ai perdu mon fils." D’un coup, je n’avais plus ma lucidité, comme si mon cerveau s’était déconnecté de la réalité.» Elle reste prostrée à côté du téléphone, nuit et jour, incapable d’agir. «Je me disais que quelqu’un allait bien finir par me donner des nouvelles.» Les semaines passent. Rien.

Un soir, l’oncle de Fabien «pète un câble». Il tape «centres-handicapés-Belgique» sur Internet et se met frénétiquement à les appeler. Il en existe un paquet, 137, selon le dernier décompte officiel des autorités wallonnes. Le foyer des Mille et Une Nuits, du groupe Le Carrosse, lui répond à 23 heures. Fabien est bien l’un des 35 pensionnaires, envoyés par la France.

Comment un enfant a-t-il pu être transféré sans que sa famille ne soit au courant ? «C’est vrai qu’aujourd’hui, quand je raconte ça aux gens, moi-même, j’ai du mal à le croire. Il a quand même passé la frontière sans que je le sache…» Le directeur du centre de Peyrelevade assure avoir fait les choses dans l’ordre. «Nous avons aidé cette famille à trouver une solution de prise en charge, on l’a assistée dans les démarches administratives, mais ensuite le dossier a été transmis à la maison départementale des personnes handicapées [MDPH]. C’est elle qui valide les demandes. S’il y a eu dysfonctionnement, ce n’est pas chez nous.»

Interrogée, la MDPH de Corrèze renvoie illico la balle aux Yvelines, département de résidence de la famille de Fabien. «Depuis un changement de réglementation en 2011, les dossiers sont désormais gérés par la MDPH du lieu de vie de la famille, et non de l’enfant.» Au siège des Yvelines, on farfouille dans les archives, dans un souci de «totale transparence» : «Il y a bien eu une décision d’orientation de la MDPH datant du 28 juillet 2010, autorisant la prise en charge en Belgique.» Sauf que, vérification faite auprès du centre des Mille et Une Nuits, Fabien a été transféré le 18 mai, soit plus de deux mois avant. «II peut arriver que certaines MDPH régularisent des situations a posteriori, reconnaît le directeur des Yvelines, Philippe Quentin. Mais il est techniquement impossible qu’une décision ait été prise sans l’accord de la famille. Il faut qu’une demande ait été faite.»

La mère de Fabien est formelle : elle n’a signé aucun document. Si ce n’est pas elle, qui donc a déposé cette demande (datée, au passage, du 20 mai, deux jours après son transfert) ? Mystère. La MDPH des Yvelines dépêche l’un de ses «collaborateurs» pour retrouver la trace du document dans les archives. Après une semaine de recherche, bingo, il met la main dessus. «Mais désolé, on ne peut pas vous dire, c’est confidentiel.» Reste cette hypothèse, faite spontanément par deux fonctionnaires : «Fabien était déjà majeur à l’époque. Pour peu que la procédure de mise sous tutelle n’ait pas abouti [ce qui était le cas], on demande l’avis à la personne majeure, considérée comme responsable.» Fabien, donc, qui ne parle pas et ne sait ni lire ni écrire.

Quatorze médicaments par jour

«Quand j’ai retrouvé mon fils, j’ai gueulé. Je voulais le voir», poursuit Sylvie. Pas question. En Belgique, le centre lui répond poliment qu’il va falloir patienter. La date de la prochaine sortie est fixée aux vacances de la Toussaint… Toujours pour la même raison : permission au compte-gouttes, pour ne pas perdre d’argent. «Cinq mois sans le voir. Je me souviendrai toujours de ce week-end-là. On a récupéré Fabien sur une aire d’autoroute près de Paris. Un bus les raccompagnait. Il y avait des parents comme moi qui attendaient. J’en connaissais certains, leurs enfants étaient en Corrèze avec Fabien. Ils ont été éparpillés dans plusieurs centres qui appartiennent au même groupe.» Le Petit Poucet, la Boule de cristal, la Souris verte, les Trois Fées… Le groupe le Carrosse compte seize centres, dont un qui vient d’ouvrir en France, à Troyes, dans l’Aube.

«Quand il est monté dans la voiture, j’ai tout de suite vu que quelque chose n’allait pas. Vous vous souvenez ?» Elle se tourne vers ses enfants, affalés sur le canapé. Depuis le début de la conversion, aucun n’a bougé. Ils tapotent sur leur téléphone, impassibles et impuissants face à la douleur de leur mère. Seule Jessie, 20 ans, lève un sourcil de temps à autre, recadre la conversation quand sa mère s’emmêle les pinceaux. «Je n’ai pas reconnu mon fils, s’agite Sylvie, le souffle court. Fabien n’était plus le même. Il bavait, alors qu’il n’avait jamais fait ça. Il ne bougeait pas, la tête baissée.»Tous pensent d’abord à la fatigue du voyage. Mais en arrivant à la maison, Jessie ouvre le sac de son frère, trouve «une espèce de livre avec les jours de la semaine» : le pilulier rempli à ras bord. Quatorze médicaments à avaler chaque jour. «Fabien n’était pas malade, ni agressif. Pourquoi tout ça ? Il était complètement shooté. Il marchait comme un mort vivant.»

Elle raconte ensuite cet épisode, pendant les vacances d’été, quelques mois avant sa mort. «On venait de rentrer à la maison. Et là, d’un coup, il se met à hurler, les yeux révulsés en arrière, comme s’il était absent de son corps.» Paniquée, elle appelle le centre, qui la rassure : «Crise d’autisme. Donnez-lui la pilule jaune, ça va passer.» Elle s’exécute, Fabien semble se calmer. Et recommence trente minutes plus tard. Sylvie appelle les pompiers. «En fait, c’était des crises d’épilepsie, provoquées par le Loxapac», un antipsychotique indiqué pour les schizophrénies, délires paranoïaques et psychoses hallucinatoires. «J’ai écrit en énorme et en rouge dans le carnet de liaison de ne plus jamais lui donner ce truc. Quelque temps après, l’infirmière m’a rappelée en me demandant si je n’avais pas changé d’avis parce que Fabien était soi-disant un enfant difficile.»

Interrogée, la direction du groupe le Carrosse réfute en bloc. «Non, nous ne mettons jamais personne sous camisole chimique, un terme épouvantable d’ailleurs», répond illico Benoît Duplat, l’administrateur. Puis, prenant le temps de la discussion : «Certains centres méritent d’être fermés, il y a des moutons noirs comme dans toutes les professions. Mais pas chez nous, je peux vous l’assurer. Je défie quiconque de prouver qu’il se passe ce genre de chose dans mes établissements. Je connais mes équipes, ce sont des gens admirables qui font leur métier avec passion. Je connais mes structures, je sais ce qui s’y passe.» Benoît Duplat vante alors son système informatique ultraperfectionné permettant de connaître en temps réel les activités dans chacun de ses centres. «Je peux vous dire qui fait quoi à tel moment et sous la surveillance de tel éducateur.» Il casera une bonne dizaine de fois dans la conversation être «hyper transparent» et dans «une démarche d’autocontrôle», car «bien entendu, nous gardons toutes les données pour permettre les audits».

Pour l’instant, seule l’Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées, l’Awiph, peut contrôler ces établissements. «Nous réalisons une visite tous les deux ans en prévenant à l’avance, ensuite nous faisons des contrôles inopinés dès que l’on reçoit une plainte. Il y en a eu quinze en 2012», indique Alice Baudine, l’administratrice générale de l’Awiph, vexée que l’on puisse douter de la qualité des établissements.

Des centres «autorisés» mais pas «agréés»

Pourtant, la question est régulièrement mise sur le tapis, et les choses évoluent à pas de fourmi. Un premier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales pointait le problème dès 1995. Puis un deuxième, en 2005 : «Le système wallon possède deux types de reconnaissance des établissements pour handicapés : l’agrément (qui garantit, par des contrôles, la qualité du fonctionnement et des prestations) et l’autorisation (qui atteste seulement de l’existence de conditions de sécurité). Or, l’autorisation est souvent interprétée, à tort, notamment par les conseils généraux français, comme un label de qualité.» Depuis, les normes, notamment d’encadrement, ont été un peu rehaussées dans ces centres simplement «autorisés», mais les compétences de l’Awiph restent limitées. Par exemple, elle ne peut pas contrôler les traitements médicaux. «Ce sont d’abord des centres de vie, et pas de soins», répond l’administratrice, qui se dit cependant favorable à améliorer les contrôles et la réglementation en collaboration avec la France.

Depuis des années, en effet, les autorités wallonnes réclament plus d’implication de la France puisque, après tout, ces centres n’accueillent que des Français… Interrogée,Marie-Arlette Carlotti promet que «tout va changer», grâce à un accord franco-wallon de 2011 qui serait, enfin, sur le point de rentrer en application. Sur le papier, ce texte permettra à des inspecteurs de l’agence régionale de santé du Nord de contrôler les centres belges… Encore faut-il qu’ils aient les moyens de le faire. Questionnée sur les effectifs, la ministre nous a indiqué fin janvier, lors d’un point presse, qu’elle n’avait pas prévu de renforcer le bataillon d’inspecteurs.

Par moments, Sylvie regarde le portrait de Fabien au mur. Depuis une heure, elle caresse ses petits chiens. «J’aurais dû le reprendre à la maison. J’avais prévu de ne pas le renvoyer dans ce centre après les vacances de Noël.» Elle repense à cette chute dans l’escalier. «Le centre m’appelle pour me dire que Fabien est hospitalisé mais de ne pas m’inquiéter, tout va bien.» Il a les deux pommettes cassées, le nez en miette, une arcade et la lèvre ouvertes. Le reste du corps est indemne. «Sur le moment, je n’avais pas d’arrière-pensée. Cela peut arriver à tout le monde. C’est après que j’ai commencé à douter.» Quand, quelques semaines plus tard, elle apprend la mort de son fils.

Le 2 novembre, coup de fil de la directrice du centre. Fabien s’est étouffé avec un gâteau après le goûter. Il a été retrouvé «inanimé, au sol, dans les toilettes. […] Il ne respirait pas, le visage cyanosé», écrit la directrice du centre dans son rapport quelques heures plus tard. Son supérieur ajoute : «Le travail de notre équipe et notre organisation sont a priori irréprochables.» Que faisait-il avec des gâteaux sans surveillance alors qu’il était écrit partout que Fabien avait des problèmes de déglutition ? Comment a-t-il pu accéder aux toilettes sans surveillance ? Pourquoi personne n’a pu intervenir pour le sauver ? Dans la tête de Sylvie, les questions se mélangent et se bousculent. Elle a besoin de réponses. Elle a déposé plainte en Belgique.

Marie PIQUEMAL
2 mars 2014

Auch. Quand Moussaron bouleverse Jean-Luc Mélenchon

article publié dans la Dépêche

Publié le 02/03/2014 à 03:51 | 

Jean-Luc Mélenchon a été attentif aux discours des membres du Collectif./ Photo DDM, Sébastien Lapeyrère

Jean-Luc Mélenchon a été attentif aux discours des membres du Collectif./ Photo DDM, Sébastien Lapeyrère

La tête entre ses mains, les yeux rougis par l’émotion, Jean-Luc Mélenchon est «bouleversé» par les récits qu’il vient d’entendre.

Avant de monter à la tribune (lire article ci-dessus), le co-président du Parti de gauche a rencontré des membres du Collectif des salariés et anciens salariés de l’Institut médico-éducatif de Moussaron, situé à Condom.

«J’avais lu des choses à ce sujet, notamment le rapport de l’Agence régionale de la santé (ARS), indique l’ancien sénateur. Mais là, je suis choqué par les différentes expériences que ces personnes m’ont racontées.» Salariés, anciens salariés ou familles d’ex- pensionnaires de l’IME, tous ont relaté les «conditions exécrables de travail et de prise en charge des résidents». «Où est la dignité humaine là-dedans ?», interroge une ancienne salariée.

En novembre dernier, suite au rapport de l’ARS faisant état de «maltraitance institutionnelle», Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, prend l’initiative de placer l’IME sous tutelle en désignant un administrateur provisoire. Une décision qui, selon le Collectif, «n’a rien changé». «Mais comment est-ce possible ?», interroge Jean-Luc Mélenchon, qui durant près de 45 minutes a écouté attentivement les membres du Collectif pour «essayer de comprendre». «Mais là, il y a quelque chose qui m’échappe, soupire-t-il. Comment peut-on laisser des enfants dans cet environnement ?». S’il ne détient pas la réponse, l’ancien ministre a promis qu’il «ferait du bruit» pour faire évoluer la situation.

Le Collectif, qui a déjà tenté d’alerter les pouvoirs publics, n’attend que ça.

13 février 2014

Maltraitance et handicap : l'Académie de médecine réagit à l'émission Zone Interdite

article publié dans le quotidien du médecin

 12/02/2014

Le 19 janvier, l’émission « Zone Interdite » sur M6 révélait au grand public les maltraitances subies par les handicapés mentaux dans certains centres spécialisés. Au lendemain de cette diffusion, le Pr Marie-Odile Réthoré, directrice médicale à l’Institut Jérôme Lejeune, a convaincu l’Académie de médecine de prendre officiellement position dans un communiqué diffusé ce mercredi 12 février.

L’Académie demande notamment en urgence la multiplication des « haltes temporaires » afin de permettre aux familles de disposer de moments de repos, et pas seulement en cas de maladie d’un des deux parents.

Elle réclame aussi que soit mis en avant le diplôme interuniversitaire existant pour former les médecins à des consultations spécialisées dans l’accompagnement des parents et des personnes déficientes mentales. Enfin, l’Académie suggère la mise en place d’une « formation adaptée et conçue dans une perspective pluridisciplinaire de tout le personnel travaillant dans les centres spécialisés ».

La loi n’est pas appliquée

Depuis mars 2007, un plan de lutte oblige en principe les institutions françaises et européennes à mettre en place des mécanismes de prévention de la maltraitance, mais il s’avère « qu’un tiers à peine des établissements se conforment à la loi et fournissent à leur agence régionale de santé une enquête externe par une structure objective, » dénonce Marie-Odile Réthoré.

Selon elle, deux familles auraient « procédé » à un suicide collectif depuis le début de l’année ne pouvant supporter l’idée que l’enfant handicapé soit livré à lui-même et aux institutions après le décès de ses parents. Elle estime qu’une soixantaine de familles auraient fait de même en 2013.

Damien Coulomb

5 février 2014

Autisme : J'accuse la France de maltraitance ! - Olivia Cattan sur Europe 1


Autisme : "J'accuse la France de maltraitance" par Europe1fr

L'interview vérité Thomas Sotto 05/02/2014 - 07:45

Olivia Cattan a un fils de 8 ans autiste. Voyant l'incapacité en France de traiter cette condition, elle a été contrainte "de s'exiler pour le sauver".

Olivia Cattan, Présidente de l’association Paroles de Femmes et auteur d’Un monde à l’autre - Autisme : le combat d’une mère (Ed. Max Milo)

5 février 2014

Education des enfants autistes : la France condamnée

article publié dans l'Express

Par , publié le 05/02/2014 à  08:41

Le conseil de l'Europe reproche au gouvernement d'avoir intégré trop peu d'enfants autistes dans les écoles, en dépit d'une première sentence à ce sujet. Sa décision fait suite à une réclamation collective. 

Education des enfants autistes: la France condamnée

Olivia Cattan et son fils de 8 ans, autiste, sur le chemin de l'école. Dans son livre, D'un monde à l'autre, autisme : le combat d'une mère (Editions Max Milo), elle raconte les obstacles qu'elle a surmontés pour que son enfant fréquente l'école ordinaire.

JPGuilloteau/L'Express

Le Conseil de l'Europe vient de condamner la France pour ne pas avoir respecté le droit des enfants autistes à recevoir une éducation. Le pays avait en effet ratifié, il y a quinze ans, la Charte sociale européenne, qui le garantit. Dans la décision, que L'Express a pu consulter, les 13 experts indépendants réunis par cette instance de défense des droits de l'homme ont conclu à l'unanimité que, en France, "il y a violation de la Charte sociale européenne révisée en ce qui concerne le droit des enfants et adolescents autistes à la scolarisation en priorité dans les établissements de droit commun, et l'absence de prédominance d'un caractère éducatif au sein des institutions spécialisées". 

Ouvrir les écoles

Autrement dit, il est urgent d'ouvrir davantage les écoles aux enfants autistes. Et de proposer à ceux qui ne peuvent pas y aller de recevoir, dans les établissements spécialisés, une véritable éducation. Pour des raisons de procédure, la décision rendue le 11 septembre 2013 n'a pu être rendue publique que le 5 février 2014. La réclamation collective, initiée par l'association française Vaincre l'autisme, a été présentée par l'ONG Action européenne des handicapés (AEH), basée au Luxembourg, et sa vice-présidente, Marie-José Schmitt

Le Conseil de l'Europe se montre particulièrement sévère avec le gouvernement français, accusé d'avoir fait trop peu d'efforts en dépit d'une précédente sentence, en 2003. Ce deuxième coup de semonce va-t-il provoquer l'effet escompté? M'Hammed Sajidi, le président de Vaincre l'autisme, veut le croire. Pour lui, l'Etat vient, concrètement, d'être placé sous surveillance rapprochée. "Dès la fin de 2014 et, par la suite, chaque année, le Conseil de l'Europe va lui demander les mesures prises pour corriger la situation", souligne-t-il.  

Dans leur décision, les experts critiquent d'abord "la proportion d'enfants autistes scolarisés dans les établissements de droit commun [l'école ordinaire] ou spécialisés [du type Institut médico-éducatif] qui demeure extrêmement faible et significativement inférieure à la proportion constatée pour les autres enfants, handicapés ou non".  

80 % d'enfants exclus

Ils reconnaissent "une avancée" avec l'augmentation de la proportion d'enfants autistes scolarisés en milieu ordinaire. Celle-ci atteignait à peine 10 % lors de la première condamnation de la France en 2003, et elle est passée depuis à 20 %. Mais les experts "ne considèrent pas qu'un progrès réel ait été enregistré en la matière", avec 80 % d'enfants "exclus de la jouissance d'un droit consacré et garanti par la Charte".  

Pour le cas où la France se demanderait si la place des enfants autistes est vraiment à l'école ordinaire, les mêmes experts prennent position sans ambiguïté. Ils constatent en effet que "la Charte sociale européenne ne laisse pas une grande marge d'appréciation aux Etats quant au choix du type d'école au sein de laquelle ils favoriseront l'autonomie, l'intégration et la participation sociale des personnes handicapées, car ce doit être l'école ordinaire".  

Des accompagnatrices précaires

Les experts regrettent par ailleurs que les Auxiliaires de vie scolaire (AVS), ces personnes qui assistent les enfants autistes pendant la classe en France, aient été "régulièrement engagées par le Ministère de l'éducation nationale par des contrats de travail précaires". Ils considèrent que "l'insuffisance quantitative des AVS et la non continuité du service tout au long de la scolarité des enfants concernés, sont de nature à élever des barrières au parcours scolaire des enfants et adolescents autistes (...) et représentent une dynamique de rejet de ces élèves en dehors de l'école ordinaire".  

Le Conseil de l'Europe critique aussi le lancement d'un 3ème plan autisme en 2013 "après une période d'inaction programmatique de trois ans, qui repousse la réalisation des objectifs nouvellement assignés jusqu'en 2017". Il qualifie ce prolongement de "déraisonnable".  

Des enfants déplacés en Belgique

Enfin, il regrette que " l'Etat français contribue financièrement au déplacement en Belgique des enfants et adolescents autistes de nationalité française (...), au lieu de financer la mise en place dans le cadre d'institutions spécialisées respectant ces normes et oeuvrant sur le territoire français". 

A l'image de cette réclamation collective, l'arme juridique est de plus en plus utilisée par les parents d'enfants autistes pour faire valoir leurs droits, devant les instances européennes comme devant les tribunaux français.  


En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/education-des-enfants-autistes-la-france-condamnee_1320359.html#fZ684MXvpQfmcUWs.99

4 février 2014

Maltraitance : de la théorie à la pratique

Franck Ramus

Franck Ramus

Publication: 04/02/2014 16h03
Signataires: Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, Michel Favre, Président de Pro Aid Autisme, membre du Collectif Autisme, Vincent Gerhrads, Président d'Autistes sans Frontières, membre du Collectif Autisme, Elaine Hardiman-Taveau, Présidente d'Asperger Aide France, membre du Collectif Autisme, Bertrand Jacques, Président de Agir et vivre l'autisme, membre du Collectif Autisme, & le KOllectif du 7 janvier pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves

Ces dernières semaines, trois films documentaires offrent des regards complémentaires permettant de mieux comprendre la manière dont la France traite les enfants en situation de handicap mental, cognitif ou psychique : "Le Mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme" de Sophie Robert, sorti en septembre 2011 sur internet, interdit de diffusion en janvier 2012 suite à la plainte de trois intervenants, puis libéré le 16 janvier 2014 par jugement de la cour d'appel de Douai ; "A ciel ouvert", de Mariana Otero, sorti en salles le 8 janvier 2014 ; et "Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent" de Nicolas Bourgoin, diffusé sur M6 le 19 janvier 2014.

Dans Le Mur, onze psychanalystes exposent doctement leurs théories archaïques de l'autisme. Ils y étalent en toute candeur leur ignorance des connaissances scientifiques sur l'autisme, leur absence totale d'ambition thérapeutique et éducative, et leur dédain des autres approches réputées plus efficaces. "A ciel ouvert" montre la mise en pratique de ces théories dans l'institution dirigée par Alexandre Stevens, l'un des plaignants à l'encontre du Mur. Bien que montrant cette institution sous son jour le plus flatteur, ce film révèle un internat-centre de loisirs au sein duquel les activités proposées par les intervenants aux enfants ne répondent à aucun objectif éducatif précis mais découlent vaguement d'interprétations freudo-lacaniennes alambiquées de leurs comportements. Comme le dit l'un des intervenants, "on essaye d'avoir une demande nulle", et les résultats que l'on peut attendre dans ces conditions sont à l'avenant. Le film de Nicolas Bourgoin, lui, montre ce qui peut se faire de pire dans des institutions accueillant des enfants en situation de handicap mental : l'insalubrité, les traitements dégradants, la maltraitance auront bien sûr choqué tous les Français. Il est évidemment hors de question de faire des amalgames et d'imputer ces cas extrêmes à la psychanalyse ou à quelque doctrine psychiatrique que ce soit. Il est néanmoins possible de déceler des facteurs communs : absence de projet éducatif et thérapeutique ; personnels soignants sans formation digne de ce nom qui, au mieux, bricolent dans l'ignorance totale des bonnes pratiques ; neuroleptiques et contention comme seules réponses aux comportements inadaptés, faute de connaître et de vouloir appliquer les techniques comportementales qui permettraient à la fois de prévenir ces comportements et de les réguler efficacement ; irresponsabilité généralisée des acteurs qui n'ont jamais à rendre compte de leurs choix et de leurs actes. Les mêmes mécanismes qui permettent aux pratiques psychanalytiques pour l'autisme de perdurer malgré leur inefficacité permettent à certains établissements de déraper dramatiquement en toute impunité.

La maltraitance n'est donc pas un accident malheureux et isolé. C'est le résultat de tout un système, qui requiert la complicité de nombreux acteurs et institutions à tous les niveaux. A commencer par les facultés de médecine et de psychologie, les écoles de psychomotricité et divers organismes de formation qui continuent à professer majoritairement des théories du développement de l'enfant et de ses troubles totalement dépassées, et dont le corps professoral tend à se reproduire à l'identique par le biais de recrutements consanguins. Les Agences Régionales de Santé, qui, sans exercer de véritable contrôle, s'appuient sur les conseils de professionnels qui sont à la fois juge et partie, certifiant des institutions aux pratiques aberrantes pour préserver l'existant, et rechignant à homologuer des structures innovantes adhérant aux bonnes pratiques recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS). La Sécurité Sociale, qui rembourse servilement toutes ces prestations sans contrôle de leur qualité, ni même de leur conformité. Les Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), qui pour beaucoup peinent à prendre en compte les spécificités du handicap cognitif et mental. Les professionnels de santé, peu formés aux bonnes pratiques, dont les connaissances sur les troubles du développement datent parfois de plusieurs décennies, au mépris de leurs codes de déontologie. L'Education Nationale qui, au mépris de la loi Chossy de 1996 et de la loi de 2005 sur le handicap, préfère voir les enfants en situation de handicap dans n'importe quelle institution plutôt que dans ses classes. La société toute entière qui, par son refus d'inclure toutes les personnes handicapées en son sein, trouve bien commodes ces institutions fermées qui les rendent invisibles, quand bien même cela accroit les risques de dérives tout aussi invisibles.

Si pendant longtemps tout fut permis et les professionnels furent livrés à eux-mêmes parce qu'aucun référentiel n'existait, ils ne peuvent plus aujourd'hui ignorer les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé, ni les préconisations du 3ème plan Autisme. On aurait pu croire que les professionnels seraient ravis d'être enfin guidés et épaulés dans leur pratique par un corpus de connaissances à jour et les résultats d'essais cliniques sur différents types de prise en charge. Que nenni ! Les deux dernières années ont vu une indécente litanie de lettres (à la ministre, au président de la République), d'articles, de pétitions (et même un recours en Conseil d'Etat !) d'à peu près toutes les associations et syndicats de la psychiatrie (1) contestant à la fois les recommandations de la HAS et le 3ème plan Autisme. Fédération Française de Psychiatrie, Association Lacanienne Internationale, Ecole de la Cause Freudienne, Collectif des 39, et bien d'autres (2), tous unis pour dénigrer les méthodes comportementales efficaces comme étant du "dressage", pour revendiquer sans vergogne de continuer à travailler comme ils l'ont toujours fait, sans rien changer, surtout sans aucun compte à rendre, et pour nier à l'Etat tout droit de se mêler de leurs pratiques ! Ou comment ériger l'irresponsabilité en vertu cardinale. Devant une telle résistance passive des acteurs de terrain, il est donc d'autant plus urgent que tous les instances de l'Etat prennent leurs responsabilités : le ministère de la Santé, les universités, les ARS, les Caisses primaires d'assurance maladie, les MDPH, l'Education Nationale, tous doivent jouer pleinement leur rôle pour faciliter l'adoption des bonnes pratiques partout sur le territoire et donner aux enfants en situation de handicap les meilleures chances d'apprendre, de devenir autonome et de participer à la vie en société.

  1. A l'exception de deux collectifs ultra-minoritaires qui se sont constitués précisément pour se distinguer de la masse : L' Association pour la promotion des pratiques fondees sur des preuves en psychopathologie du developpement et Pour une psychiatrie de progrès.
  2. Une liste d'organisations signataires d'un de ces appels est disponible sur www.hospitalite-autistes.org
4 février 2014

Chère Eglantine Eméyé, moi aussi j'ai un enfant autiste : le packing n'est pas une solution

article publié dans le Nouvel Observateur
Publié le 04-02-2014 à 12h18 - Modifié à 12h22
LE PLUS. Le 21 janvier dernier, France 5 diffusait "Mon fils, un si long combat", documentaire dans lequel Églantine Éméyé raconte le quotidien de son fils polyhandicapé. Le "packing", une méthode qui consiste à enfermer le corps d’un enfant dans des draps humides et glacials, y est mis en avant. Olivia Cattan, elle-aussi maman d’enfant autiste, s'est sentie le devoir de lui répondre sur le sujet.

Édité par Sébastien Billard 

Extrait du documentaire "Mon fils, un si long combat", diffusé sur France 5, le 21 janvier 2014 (capture d'écran).

Chère Eglantine,

Je vous écris cette lettre parce que, sans le vouloir, vous avez créé une grande inquiétude chez beaucoup de parents.

Alors qu’à l’étranger les méthodes comportementalistes, l’inclusion scolaire, la socialisation sont acquises, que de nombreux enfants y compris des personnes autistes sévères ont réussi grâce à ces prises en charge à progresser et avoir une vie quasi-normale, vous avez mis en lumière le "packing", une méthode maltraitante et barbare, une méthode d’un autre temps, datant des années 1950, où l’on pensait qu'enfermer le corps d’un enfant dans des draps humides et glacials pouvait avoir quelque chose de bénéfique.

En d’autres temps, les électrochocs étaient aussi conseillés.

Respecter le ressenti émotionnel de l’enfant

Mais nous sommes en 2014, Églantine, le monde scientifique et la recherche internationale ont avancé et montré que l’autisme n’était pas une maladie mentale mais un syndrome, et que les approches recommandées par le monde médical sont les stimulations cognitive, éducative et sensorielle.

Je vous ai appelé afin de vous parler de toutes ces méthodes que j’ai vues en Israël, aux Pays-Bas, en Italie et qui ont sauvé des centaines d’enfants. Je vous ai proposé mon aide, vous l’avez refusé, c’est votre choix. 

Je respecte trop les parents, notamment les mamans seules à qui j’ai apporté tant de fois mon aide, que je ne voulais, au départ, rien écrire à ce sujet. Mais vous entendre comparer le "packing" à un bain de mer est inacceptable. Tout comme la lettre ouverte d’un psychanalyste qui suit votre campagne médiatique et qui vous présente comme la nouvelle ardente défenseuse de cette méthode. 

Après que de nombreuses associations de familles, que l’ancienne ministre de la Santé se soient battues pour faire invalider cette méthode par la Haute autorité de santé (HAS), je ne peux vous laisser propager de fausses idées au mépris de cette recommandation et à l’insu des médias qui ne comprennent pas l’enjeu dissimulé derrière vos propos et leurs conséquences directes sur les familles.

Il en va du bien-être et de l’avenir de nos enfants autistes et je ne pouvais continuer à me taire. 

Votre souffrance me prend aux tripes

Vous avez fait un documentaire qui montre votre désespoir et je comprends que vous soyez épuisée par tant de combats. Vous avez très bien montré le manque de structures, l’absurdité d’aide et d’informations pour les familles.

Mais sachez, Églantine, que des centaines de mamans comme moi, comme d’autres, vivent la même chose que vous. Elles connaissent l’errance, le doute, l’isolement, le désespoir et pour la plupart la précarité financière. Mais ces femmes ont préféré choisir les méthodes recommandées par la HAS, l’école et l’éducation, plutôt que l’hôpital et des méthodes violentes qui ne respectent pas le ressenti émotionnel de l’enfant.

Alors chacun est libre de faire ce qu’il veut avec son enfant, je n’ai jamais jugé personne et je ne le ferai jamais, mais vous ne pouvez pas, Églantine, propager en toute impunité chez nos amis médias de telles idées.

Alors voilà pourquoi je vous écris cette lettre, la porte de "Paroles de femmes" vous sera toujours ouverte, comme je vous l’ai dit lors de notre conversation, parce que votre souffrance me prend aux tripes et que vous êtes une femme qui a comme nous toutes connu le parcours du combattant.

Mais chacun d’entre nous a une responsabilité morale vis-à-vis des autres et je me sentais aujourd’hui le devoir de vous répondre afin que la parole de ces centaines de familles, de psychologues comportementalistes, d’orthophonistes et de chercheurs, soit entendue. C’est une question de santé publique.

L’objectif de nous tous, parents, c’est d’amener nos enfants à être des citoyens presque ordinaires afin qu’ils puissent fonder une famille, trouver un emploi et être tout simplement heureux.

3 février 2014

Facebook se mobilise contre des ados humiliant un handicapé dans une vidéo

article publié dans le Huffingtonpost

Le HuffPost  |  Par Lauren Provost Publication:

FACEBOOK - Depuis dimanche, de nombreux internautes se partagent une vidéo sur Facebook montrant l'agression d'un jeune homme, décrit comme handicapé, par un groupe de jeunes. Lundi 3 février, Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, a dénoncé une "vidéo terriblement choquante".

Dans une séquence d'un peu plus d'une minute, plusieurs garçons poussent un jeune homme à terre, se jouent de lui, puis finissent par le pousser dans une rivière pour "se venger", expliquent les jeunes face caméra. L'agression a eu lieu dans le parc de La Poya à Fontaine, dans l'agglomération de Grenoble. Et la victime est un jeune handicapé mental âgé de 18 ans, a-t-on appris plus tard.

Publiée à 15 heures dimanche 2 février, cette vidéo accessible à tous sur Facebook a été commentée près de 7000 fois et partagée plus de 2000 fois, principalement pour la blâmer.

Une page Facebook dénonçant l'un des auteurs présumés et demandant que le jeune homme "aille en prison pour avoir humilié un handicapé" réunit plus de 11.000 fans. 18 heures seulement après sa création.

La police et la ministre réagissent

Suite à cette mobilisation et aux nombreux signalements en ligne de cette publication, la police nationale et Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, ont réagi... toujours sur Facebook.

Dans les commentaires de la vidéo, les internautes ont pu découvrir un message de la page officielle de la police nationale.

police

Comme l'affirme la police nationale dans ce commentaire, l'équipe de Pharos (la Plate-forme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements) a ouvert une enquête.

Sur sa page Facebook, la ministre Marie-Arlette Carlotti a dénoncé cette vidéo et demande directement à Manuel Valls d'intervenir: "Je demande au Ministre de l'Intérieur qu'une enquête permette d'établir la vérité des faits, peut-on lire sur sa page. S’il est avéré que cette vidéo n’est pas un montage et que les agresseurs ont profité du handicap de leur victime pour l’humilier, ces agissements devront être condamnés avec la plus grande fermeté."

 

 


Marie-Arlette Carlotti
Politician · 5,546 Likes

Une vidéo circule massivement sur Facebook montrant l’agression d’un jeune homme, décrit comme handicapé, par une bande d’adolescents. Cette vidéo postée par l’un des agresseurs présumés est terriblement choquante de part le cynisme de ces agresseurs et la vulnérabilité de la personne agressée.

Je demande au Ministre de l'Intérieur qu'une enquête permette d'établir la vérité des faits. S’il est avéré que cette vidéo n’est pas un montage et que les agresseurs ont profité du handicap de leur victime pour l’humilier, ces agissements devront être condamnés avec la plus grande fermeté.

S’il s’agit bien d’une agression barbare, le cynisme, la violence, l’absence totale de morale avec laquelle ces jeunes gens ont agi méritent la plus grande sévérité. Les agresseurs présumés ont fait la publicité de leur crime, pensant sans doute qu'il resterait impuni, que leur geste serait sans conséquence pour eux-mêmes. Ils se trompent lourdement. La justice saura faire la lumière sur cette affaire et prendre les sanctions appropriées !


 

Deux jeunes en garde à vue

Deux jeunes de 14 et 15 ans ont été placés en garde à vue lundi après-midi suite à cette vidéo, a appris l'AFP auprès de la police.

Le jeune handicapé qui n'est placé ni sous tutelle ni sous curatelle, n'a pas été blessé dans l'agression. Scolarisé en institut médico-éducatif, il est allé déposer plainte à la gendarmerie de Tullins (Isère) lundi après-midi.

Ses deux agresseurs, qui ne sont pas connus des services de police, ont été interpellés lundi peu avant 17H00 et placés en garde à vue. Deux autres jeunes, visibles sur la vidéo, sont encore recherchés par la police.

Le procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat a indiqué que les agresseurs et la victime seraient entendus et que la victime serait examinée par un médecin. "Cette affaire sera traitée sereinement comme elle doit l'être", a-t-il ajouté.

Toute proportion gardée, cette mobilisation intervient après celle sans précédent contre "Farid de la Morlette", un jeune homme ayant maltraité un chaton et diffusé la vidéo sur Facebook. Il a été condamné lundi à un an de prison ferme.

28 janvier 2014

Handicap, autisme, maltraitance : lettre ouverte au Premier Ministre

Nous avons regardé le documentaire présenté à l’émission Zone Interdite sur M6, du dimanche 19 Janvier intitulé : « Enfants Handicapes : Révélations sur les centres qui les maltraitent ».

Nous avons, comme 2,9 millions de Français, été choqués par les images présentées.

Nous avons décidé de réagir par cette lettre ouverte.

Lettre ouverte
à
Jean-Marc AYRAULT, Premier Ministre.
Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires sociales et de la Santé
Marie-Arlette CARLOTTI, Ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de
la Lutte contre l'exclusion
Vincent PEILLON, Ministre de l'Education Nationale
George PAU-LANGEVIN, Ministre déléguée, chargée de la Réussite éducative
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil National de Pilotage des ARS
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil National de l'Ordre des Médecins
 
 
Mesdames, Messieurs,
 
Le collectif EgaliTED est un regroupement de parents d'enfants présentant des Troubles
Envahissants du Développement (TED) appelés aussi Troubles du Spectre Autistique (TSA), créé dans le but d'aider au mieux les parents découvrant le monde du handicap. Nous nous voulons indépendants de tout mouvement associatif, politique, syndical, professionnel et ne bénéficions d'aucun financement extérieur.
 
Nous avons regardé le documentaire présenté à l’émission Zone Interdite sur M6, du dimanche 19 Janvier intitulé : « Enfants Handicapes : Révélations sur les centres qui les maltraitent  ». Nous avons, comme 2,9 millions de Français, été choqués par les images présentées. Celles-ci étaient et resteront insoutenables, pour tout humain sain d’esprit.
 
Nous y avons vu :
• Un internement en clinique psychiatrique, ou l’enfant est assommé par camisole chimique, au
point de ne plus pouvoir déglutir, au détriment de sa santé et à prix d’or, au lieu d’être éduqué, et
accompagné vers une autonomie à l’âge adulte.
• Un pédopsychiatre jeune, diplômé français, ignorant les pratiques modernes en psychiatrie au point d’en être incompétent, soutenant la camisole chimique comme pratique généralisée des hôpitaux psychiatriques.
• Un directeur d’ARS, détendu, expliquant comment ses services organisent leur inefficacité,
dans le contrôle de la qualité des établissements qu’ils financent.
• Un état dit « moderne », fier de sa médecine, (la FRANCE) financer lourdement un état voisin, pour accueillir sa population de personnes handicapées qu’il est incapable d’accompagner, la encore sans aucun contrôle efficace sur la qualité des accompagnements pratiqués.
• Des actes de maltraitance, physique et morale, violents, exercés par des professionnels médicosociaux sur des enfants et adolescents particulièrement fragiles.
• L’omerta des professionnels médico-sociaux et de leur hiérarchie, au sein des établissements, lorsque des actes de maltraitance sont pratiqués.
• L’aveux de totale incompétence d’une professionnelle médico-sociale, pourtant diplômée, face à des enfants déficient mentaux et mutiques.
• Le cas d’un institut indigne, révoltant, signalé à trois reprise depuis 15 ans pour de multiples faits de grave maltraitance, au point que les conditions les plus élémentaires de la dignité humaine y sont refusées aux enfants et jeunes.
• Le démonstration que les autorités de contrôle, administratives et médicales, ont protégé les dirigeants de cet institut indigne, au point d’assumer, de justifier les maltraitances, et de faire condamner les professionnels courageux qui osaient les dénoncer.
• Comment ces actes de maltraitance impunis sont l’opportunité d’un enrichissement rapide et spectaculaire des dirigeants d’institution ou de cliniques psychiatriques, aux graves dépends des jeunes handicapés qu’ils sont sensés soutenir.
 
Face à une telle situation, consternante, indigne d’un pays civilisé, les déclarations de
fermeté ne suffisent plus. Lorsque l’administration démissionne de ses responsabilités de contrôle et d’expertise, que les professionnels assument leur incompétence et protègent leurs collègues maltraitants, que la faute enrichit rapidement ses auteurs, COMMENT ESPERER une amélioration de la situation par des déclarations, si solennelles soient-elles ?
 
Des ACTES forts sont devenus nécessaires :
Nous pensons indispensable :
• Que l’état se porte partie civile, pour établir les responsabilités non seulement des
professionnels des instituts maltraitants, mais aussi des organismes de contrôle, incluant les responsables des ARS et les experts du corps médical chargés de l’évaluation des établissements.
• Que en cas de maltraitances graves, des peines de prison ferme et des amendes permettant de récupérer les sommes escroquées s’imposent, pour dissuader les pervers et malveillants d’évoluer dans ce milieu particulièrement fragile.
• Que le fonctionnement des ARS soit réorganisé, pour permettre des contrôles inopinés, courts, mais fréquents des structures qu’ils financent. De mettre en oeuvre des procédures rapides et réellement contraignantes pour corriger les défauts constatés.
• D’imposer un enseignement des méthodes éducatives modernes et de la gestion du
comportement dans toutes les formations médico-sociales françaises.
• D’imposer un enseignement et des pratiques conformes au recommandations de la Haute
Autorité de Santé, dans toutes les universités de psychiatrie française. Si des recommandations françaises ne sont pas disponibles, l’enseignant peut se référer, par exemple, aux recommandations de American Psychiatric Association. Le contenu de ces enseignements doit être contrôlé. 
• D’organiser l’accueil et la protection des professionnels et des parents signalant des actes de maltraitance.
• D’imposer à l’éducation nationale la mise en pratique effective, par injonction, de la loi sur
l’inclusion scolaire de 2005, affirmant le droit à une scolarisation effective et adaptée de tous les enfants avec handicap. Ceci permettra de beaucoup limiter le recours à des établissements médico-sociaux ou aux hospitalisations.
 
Espérant des actions décisives de votre part, nous vous prions d'agréer, mesdames, messieurs,
l'expression de notre profond respect.
Le collectif EgaliTED
27 janvier 2014

La mère d'un adulte autiste appelle au secours

La mère d’un adulte autiste de 37 ans, a confié à Vivre FM ses difficultés de prise en charge de son fils. Agée, à la santé fragile, elle assure une présence quasi continue auprès de lui.

Hann Guyen avec son fils
Hann Guyen avec son fils

Les témoignages de désarroi, voire de détresse, de parents d’enfants autistes se multiplient et viennent confirmer l’existence de réelles difficultés, bien difficiles à surmonter.

 

Hann Guyen, mère d’un adulte autiste de 37 ans, se trouve dans cette situation. Cette femme de 72 ans se dit « éprouvée par la prise en charge à domicile de son fils, le rejet et la qualité inégale des rares services proposés ». Elle pointe également du doigt l’usage inapproprié dans certains cas de médicaments.« Mon fils a été « maltraité » dans la mesure où son traitement en institution spécialisée a été uniquement constitué de l’administration de neuroleptiques pendant 20 ans. Ajoutée à ses troubles du comportement, une telle médication l’a dégradé physiquement et mentalement, et l’a transformé en légume. »

« Un nombre de places libres quasi nul pour les adultes autistes en France »

Hann Guyen ajoute qu’en 2006, son fils a été renvoyé sans aucun préavis de son Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM). « Depuis cette date je n'ai pas pu lui trouver une place ailleurs. Les places libres sont quasi inexistantes dans les lieux de vie actuels pour adultes autistes en France. » Elle précise que la sélection est sévère, « aussi sévère que pour obtenir une place dans une grande Ecole Nationale ». Son fils a finalement été contraint de s'exiler en Belgique. Mais il y a un an, la direction de son nouveau centre d’accueil a demandé à Mme Guyen d'envoyer son fils vers un autre établissements. Elle dénonce « une décision arbitraire » de la part des centres français et belges.

« Mon fils et moi sommes dans une situation critique 

La septuagénaire a de « sérieux » problèmes de santé et n’ose se rendre à l’hôpital pour ses soins compte tenu de la présence continue qu’elle doit assurer auprès de son fils. Grâce à l'aide financière partielle apportée par la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), elle a maintenant des aidants mais « l'épreuve reste insurmontable face à l’importance des besoins spécifiques de soins à prodiguer. » La nuit, elle ne dispose d’aucune aide alors que son fils est extrêmement dépendant. Elle redoute de tomber malade et de ne pas pouvoir l’aider.

Malgré ses difficultés, Hann Guyen ne désespère pas de trouver pour son fils un lieu d'accueil décent, « ayant opté pour une prise en charge innovante et qui ne prétend pas guérir de l'autisme par l’usage de neuroleptiques ». Selon elle, l’urgence porte sur les séquelles lourdes et effets indésirables dus à une longue administration de psychotropes. 

Consciente que son cas est bien loin d’être isolé, Mme Guyen lance cet appel au secours au nom de tous les parents d’enfant ou d’adulte autiste en détresse. « J'espère qu'en lisant ce témoignage, des personnes réagiront face à ma détresse et à celle des autres parents d'enfant autiste. »

La ministre en charge du Handicap, Marie-Arlette Carlotti, a annoncé le 14 novembre 2013 le lancement d’un dispositif d’alerte pour aider les personnes handicapées, en situation "critique", et ne trouvant pas de place dans un établissement adapté

Yves Noël

27 janvier 2014

Maltraitance, dysfonctionnement, comment en sortir ? - Christel Prado, présidente de l'UNAPEI

Lundi 20 Janvier 2014

Invité : Christel Prado, Présidente de l'UNAPEI.

chrystel prado

01:01

Les documentaires diffusées ces jours ci par la télévision mettent en évidence de graves dysfonctionnement autour du handicap mental. Comment sortir de ces situations ?

25 janvier 2014

EXCLUSIF : Prise de parole de Marie-Arlette Carlotti - Point sur le handicap et la maltraitance

24 janvier 2014

Que se passe t-il au Moussaron ?

article publié sur VIVRE FM

Jeudi 23 Janvier 2014

Que se passe t-il au Moussaron ?

Invité : Dans cet établissement du Gers, les dysfonctionnement avaient fait l'objet de signalements depuis plusieurs années. Parents, familles de personnes handicapées accueillies au Moussaron, professionnels de l’établissement dénoncent les conditions d'accueil.

Chris Tine · · Meilleur commentateur · Travaille chez Bénévole à Association l'Etage · 111 abonné(e)s

Cette directrice va rester en place dans l'établissement après le départ de l'agent de tutelle qui passe faire ses recommandations tous les quinze jours... C'est SCANDALEUX...!!!

Isabelle Resplendino · Meilleur commentateurBonjour,

J'ai été interviewée dans ce reportage pour le "chapitre belge". Je tiens tout de même à préciser car évidemment il y a eu des coupures au montage, que pas tous les établissements qui accueillent des Français sont des "usines". Il y a certes des dysfonctionnements, et des dérives commerciales mais en aucun cas il ne faut généraliser. L'accord-cadre qui vient d'être ratifié entre la France et la Wallonie devrait aussi permettre d'améliorer les contrôles.

Nos enfants sont envoyés en Belgique pour être scolarisés, et les centres alors les hébergent ; ils sont scolarisés dans les écoles spécialisées alentour, écoles qui dépendent de notre éducation nationale. Nous avons des pédagogies adaptées pour les élèves avec autisme, polyhandicap, aphasie-dysphasie et aussi pour les élèves avec handicap physique lourd nécessitant des moyens de nursing importants.

Le personnel de ces écoles, enseignants, éducateurs, paramédicaux... dépend aussi de notre éducation nationale. Nous considérons donc que l'enfant est d'abord un élève. En France, c'est le soin qui prime, ici c'est l'éducatif. Dois-je ajouter que nos pédagogies adaptées sont faites avec les méthodes scientifiquement éprouvées ? (Exemple parmi d'autres : TEACCH pour l'autisme, pédagogie conductive pour le polyhandicap...)

Je ne pense pas que la solution en France en ce qui concerne les enfants réside à ouvrir des places dans des établissements et à augmenter les contrôles. La solution doit se trouver à l'école. Heureusement que Mme Carlotti est là, mais que peut-elle faire ? Sa ministre de tutelle, Marisol Touraine, n'a rien dit au lendemain de l'émission ! Oh si, elle a parlé de l'Espagne ! Elle a déclaré que l'Espagne reculait en arrière avec sa loi sur l'IVG (et c'est vrai). Mais Mme Touraine sait-elle qu'en Espagne, l'inclusion scolaire est de grande qualité, et les méthodes éducatives de l'autisme bien appliquées ?

Sur ce sujet, on n'a pas entendu non plus Vincent Peillon, ni George Pau-Langevin. Ce sont des enfants dont on parle pourtant ! Ils ont droit à l'école ouverte sur la société, et non plus des établissements fonctionnant en vase clos, où le pire peut se produire. On n'a pas entendu M. Ayrault. On n'a pas entendu M. Hollande. Pourtant, un reportage vient de montrer ce que le "Pays des droits de l'Homme" fait à ses enfants les plus fragiles, et aucune réaction de ses dirigeants.

Mme Touraine, M. Peillon, Mme Pau-Langevin, M. Ayrault, inspirez-vous du courage de Mme Carlotti et venez parler aux familles. Venez annoncer ce que vous comptez faire pour que ces enfants soient scolarisés efficacement.

Donnez-leur la chance que mon fils Wolfgang, qui était lourdement handicapé, et qui est aujourd'hui un élève brillant, a reçue à l'école, simplement parce que les hasards de la vie ont fait que j'ai épousé un Belge et qu'il soit né en Belgique. Tous les enfants ont droit à cette chance-là. Même ceux qui sont nés en France.

24 janvier 2014

Autisme : Ne rien lâcher !

article publié sur le site de Gwendal Rouillard, député du Morbihan

& co-président du groupe d’Etudes sur l’Autisme à l’Assemblée nationale

jeudi 23 janvier 2014, par Gwendal Rouillard.

Écœurement, révolte, indignation. Tels ont été les sentiments qui m’ont habité en découvrant les pratiques inacceptables de certains instituts et la maltraitance dont font l’objet certains enfants handicapés, dans l’émission "Zone Interdite" diffusée le 19 janvier dernier. Comment, au 21è siècle, de telles pratiques peuvent-elles encore perdurer ? Comment les structures visées ont pu oser traiter des enfants de la sorte ?

Ce documentaire nous rappelle ainsi, plus que jamais, que les familles, les enfants et toutes les personnes avec Autisme, ont besoin de nous, parlementaires. Ils ont besoin de notre mobilisation pour que ce genre de situations ne se reproduise plus.

C’est pour cela que, lors de la visite de l’IME « Cours de Venise », structure d’excellence située dans le 3e arrondissement de Paris, Marie Arlette Carlotti, Ministre chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, a annoncé différentes mesures d’urgence tendant à éradiquer ces terribles pratiques :

1- L’ensemble des établissements d’accueil doit être évalué d’ici à 2015 – Aujourd’hui, seulement un tiers le serait.
- Aucune dérogation ne sera faite aux établissements.
- Aucun renouvellement d’autorisation ne sera délivré aux établissements qui n’auront pas procédé à cette évaluation au cours de l’année. 100% des établissements devront justifier de leur bon fonctionnement pour pouvoir continuer à exercer.
2- Les ARS devront réaliser des contrôles inopinés des établissements sur leur territoire.
3- Les ARS devront créer en leur sein, des structures d’appui à la qualité des établissements médico-sociaux.
4- Une circulaire sera adressée très prochainement aux ARS pour les rappeler à leurs responsabilités éminentes en termes de contrôle, et les réponses appropriées qu’ils doivent apporter en cas de manquement d’un établissement.
5- L’Etat va proposer à l’ensemble des fédérations gestionnaires (UNAPEI, FEGAPEI, APAJH, FEHAP…) de signer une convention pour que tous les établissements aient l’obligation de faire la publicité des deux numéros d’alertes ( le 3977 - contre la maltraitance des personnes âgées et des personnes handicapées adultes, le 119 pour les enfants) par voie d’affichage, dans les projets d’établissement, dans les livrets d’accueil, dans les contrats de séjour.
6- Le Projet de Loi sur l’Autonomie obligera les établissements à faire remonter automatiquement les signalements aux Conseils généraux, aux Présidents des Conseils généraux et aux ARS et les directeurs d’ARS devront en informer directement le cabinet de la ministre en charge.

Pour autant, nous devons éviter de faire de ces terribles situations, une généralité. Les professionnels médicaux, paramédicaux, sociaux, compétents sont la norme et les structures adaptées, dans lesquelles le bien-être et la dignité des enfants, adolescents ou adultes avec autisme existent. Notre rôle est de faire en sorte qu’elles s’universalisent. C’est pourquoi, nous continuons quotidiennement le combat afin de faire appliquer le 3e Plan Autisme sur tout le territoire

C’est également en ce sens que le groupe d’Etudes sur l’Autisme à l’Assemblée nationale recevra dès le début du mois de février, la Haute autorité de Santé afin qu’elle présente ses recommandations en matière de prise en charge de l’Autisme. En parallèle, nous axerons nos travaux du premier semestre sur l’Enseignement supérieur et plus précisément sur l’enseignement de l’Autisme dans les Universités françaises. Aujourd’hui encore, 121 sur 123 universités présentent l’Autisme comme un handicap mental alors qu’il s’agit d’un handicap cognitif. ça suffit, il faut que cela cesse.

Les personnes avec Autisme attendent de nous tous, que nous prenions nos responsabilités. Elles peuvent compter sur moi.

PDF - 3.1 Mo
Présentation de l’IME "Cours de Venise" - Paris 3ème arrondissement
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Discours Mme la Ministre CARLOTTI - IME "Cours de Venise" 22.01.14
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