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"Au bonheur d'Elise"
recherche
8 février 2014

Intérêts et limites des médicaments pour les personnes avec autisme

Extraits du bulletin scientifique de l'ARAPI - n° 25 - 10ème université d'automne 

année 2010

 

tiret vert vivrefm topUn coup d'oeil sur le profil des chercheurs de l'ARAPI (liste ci-après)

 

Barthélémy Catherine






 

"Il faut donc ici rappeler que chez les personnes avec autisme (et pas seulement chez elles) :

  • Les troubles du comportement ne sont quasiment jamais des manifestations psychotiques. Il s'agit d'un mode de communication inapproprié traduisant une douleur ou un malaise le plus souvent physique ou, parfois, une situation de désarroi ou de détresse psychologique. C'est une demande d'aide mal formulée.

  • L'autisme n'est pas une psychose (au sens de la clinique psychiatrique). L'usage trop fréquent de ce terme est dû au fait que son acception dans les approches psychanalytiques lacaniennes ne recouvre pas la notion clinique de psychose en psychiatrie.

  • En conséquence, l'utilisation des neuroleptiques au nom de leur pouvoir antipsychotique n'a aucune légitimité chez les personnes avec autisme.

Pour autant, beaucoup de professionnels sont attachés à l'usage des neuroleptiques, considérant que ces médications assurent un rôle protecteur ... pour le professionnels au contact des personnes avec autisme. Il est très étonnant d'observer que, même lorsque vous démontrez que ces traitements ne modifient ni la fréquence, ni l'intensité des comportements impulsifs et agressifs chez une personne donnée, la moindre tentative de réduction des doses induit un accroissement des troubles du comportement ... chez les professionnels, ce qui conduit rapidement à la réapparition des troubles de la personne concernée. Cette observation témoigne que l'utilisation des médicaments psychotropes n'obéit pas à une logique raisonnée et scientifique. Elle mobilise des représentations ambivalentes d'un objet maléfique et protecteur et faisant souvent obstacle à une démarche clinique objective et rigoureuse."

(...)

La question du sommeil

"Les travaux de Bougeron ont bien mis en évidence qu'il existait des anomalies de la production cérébrale de mélatonine (hormone du sommeil). Il est donc légitime de proposer la mélatonine comme premier traitement. C'est un traitement respectueux de la physiologie, sans danger et sans risque d'accoutumance et de dépendance. La mélatonine est synthétisée depuis de nombreuses années et est d'usage courant pour les personnes soumises à des décalages horaires ou des travaux postés (pilotes de ligne, professionnels en 3 x 8,...). Elle est sans incidence sur la vigilance diurne."

https://docs.google.com/file/d/0BwXoYNqh04lXYzFlM2Q2NDEtODVhYy00MmMwLWJkNGQtMmI2MGE1ODE2MTUx/edit?hl=en&authkey=CJ2PwMEO

Mon avis : un document très intéressant sous la signature de René Tuffreau, psychiatre à Nantes (jjdupuis)

NB : ARAPI (Association pour la Recherche sur l'Autisme et la Prévention des Inadaptions)

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7 février 2014

L'origine de l'autisme mieux cernée

article publié sur le site ici radio canada

Neurone Impression artistique de neurones et d'axones  Photo :  iStockphoto

L'origine précoce, voire prénatale, de l'autisme est largement soupçonnée depuis quelques années par la communauté médicale. Les travaux de chercheurs français de l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée viennent le confirmer.

Le Dr Yehezkel Ben-Ari et ses collègues ont démontré que les taux de chlore dans les neurones de souris modèles d'autisme sont élevés et le restent de façon anormale après la naissance. Ils montrent aussi, toujours chez la souris, qu'un diurétique (qui réduit les taux de chlore dans les neurones) donné à la mère avant la naissance corrige les déficits chez les descendants.

Ces résultats viennent en quelque sorte valider le succès du traitement diurétique testé chez des enfants autistes en 2012, mais dont la démonstration des fondements biologiques manquait pour établir le mécanisme proposé et justifier le traitement.

En outre, ces travaux montrent également que l'ocytocine, hormone de l'accouchement, produit habituellement une baisse du taux de chlore pendant la naissance qui contrôle l'expression du syndrome autistique.

Le détail de cette étude est publié dans la revue Science.

« Les taux de chlore pendant l'accouchement sont déterminants dans l'apparition du syndrome autistique. » — Dr Yehezkel Ben-Ari
Repères
  • Dans l'embryon, les neurones ont des taux élevés de chlore. Par conséquent, un messager chimique du cerveau excite les neurones afin de faciliter la construction du cerveau.
  • Une baisse naturelle du taux de chlore se poursuit ensuite, ce qui permet de réguler l'activité du cerveau adolescent et adulte.
  • De précédents travaux ont montré que plusieurs maladies cérébrales, comme des épilepsies infantiles, sont associées à des niveaux de chlore anormalement élevés.

D'après l'équipe de recherche, le traitement diurétique prénatal restaure des activités cérébrales normales et corrige le comportement autiste chez l'animal une fois devenu adulte. Ainsi, les actions naturelles de l'ocytocine tout comme celles du diurétique contrôleraient la pathogenèse de l'autisme par l'intermédiaire des taux de chlore cellulaires.

« Ces données valident notre stratégie thérapeutique et suggèrent que l'ocytocine agissant sur les taux de chlore pendant la naissance module/contrôle l'expression du syndrome autistique. » — Yehezkel Ben-Ari


L'ensemble de ces observations laisse à penser qu'un traitement le plus précoce possible est indispensable pour prévenir l'apparition de ce trouble envahissant du comportement.

Un garçon  Photo :  iStockphoto
Le saviez-vous ?
  • L'autisme touche environ une personne sur 166, mais sa prévalence augmente constamment au Canada. On estime que 65 000 Canadiens, dont 18 000 Québécois, souffrent actuellement d'autisme.
  • Il touche 4 à 5 garçons pour une fille.
  • Ses principales caractéristiques sont : des troubles de la communication, de la difficulté à comprendre les situations sociales et les attentes de l'entourage, des troubles sensoriels et des comportements répétitifs.
7 février 2014

Va-t-on pouvoir guérir l'autisme dès la naissance ?

article publié dans La Provence

Marseille

Santé - Actualités - Va-t-on pouvoir guérir l'autisme dès la naissance ?
Yehezkel Ben Ari, fondateur de l’Institut de neurologie de la Méditerranée (Inmed).

Photo F.M.

Yehezkel Ben Ari, fondateur de l’Institut de neurologie de la Méditerranée (Inmed) sur le campus de Marseille Luminy, a de sérieuses pistes pour tenter de répondre à cette question qui taraude les parents des 650 000 enfants atteints d'autisme en France : va-t-on pouvoir guérir de l'autisme dès la naissance ? La communauté scientifique l'a rejoint en publiant un article aujourd'hui dans la revue Science. Son objet ? "Autisme : l'hormone de l'accouchement contrôlerait l'expression du syndrome chez l'animal".

"C’est la première fois qu’une maladie neurologique et psychiatrique est guérie chez une souris par un traitement restreint à l’accouchement. Il n’est donc pas idiot aujourd’hui de dire que si on commence à donner un traitement très tôt pour que les enfants aillent mieux, ça peut marcher", avance l'auteur. dont les recherches démontrent que les taux de chlore dans les neurones de souris atteintes d’autisme sont élevés et le restent de façon anormale dès la naissance.

"Sur le plan comportemental et conceptuel, on ne peut pas comprendre l’autisme sans tenir compte de la séquence maturative, dit encore le chercheur à propos de ses révélations, ce qu’il se passe pendant l’accouchement a des effets à long terme." Le rôle de l’ocytocine dans la baisse du chlore neuronal a également été étudié. Car cette hormone, qui déclenche le travail de la femme enceinte, a des effets protecteurs et analgésiques en cas de complications pendant l’accouchement. Et suggère que les actions naturelles de l’hormone comme celles du diurétique sont cruciales pendant l’accouchement et contrôleraient la pathologie de l’autisme par l’intermédiaire des taux de chlore cellulaires.

"Moi, je suis prêt à parier que si demain on pouvait donner des molécules comme celles-ci, mais sans effets secondaires, très tôt à des bébés dont on pense que peut-être ils seront autistes ou retardés mentaux, on améliorerait beaucoup la situation. À terme, la guérison viendra en combinant des tests comportementaux et des molécules inoffensives. Parce que tout ce que nous espérons un jour, c’est ramener les enfants à l’école", conclut Yehezkel Ben Ari. Ce qui est valable chez la souris le sera-t-il chez l’homme ? Voilà la vraie question, dont la solution sera recherchée à l’Inmed mais aussi, grâce ou à cause de cet article de Science, par les laboratoires qui ne devraient pas tarder à se pencher sur la question.

7 février 2014

M'Hammed Sajidi : L'espoir, c'est une guérison de l'autisme

7 février 2014

Vidéo professeur Ben-Ari : Peut-on soigner l'autisme avec des diurétiques ?


Peut-on soigner l'autisme avec des diurétiques ? par lemondefr

En injectant un diurétique à des souris porteuses d'une forme d'autisme juste avant qu'elles n'accouchent, des chercheurs français sont parvenus à prévenir les comportements autistiques dans leur descendance. Ces résultats spectaculaires sont publiés le 7 février dans la revue Science.Comment un diurétique peut-il améliorer les troubles de communication de l'autisme ? Quel est le rôle de l'accouchement dans le développement de cette pathologie ? Pourra-t-on un jour traiter l'autisme dès les premiers mois de la vie, voire avant la naissance ? Le professeur Yehezkel Ben-Ari (Institut de neurobiologie de la Mediterrannée), auteur senior de l'étude de Science, répond à nos questions.

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7 février 2014

Autisme : l'hormone de l'accouchement impliquée

article publié dans sciences et avenir

Un cap important a été franchi dans la compréhension de l’autisme. Un déficit d'ocytocine serait à l'origine de son développement.

Des chercheurs ont montré qu'un déficit de l'hormone de l'accouchement serait impliquée dans l'apparition de la maladie. CITIZENSIDE/BERNARD MÉNIGAULT
Des chercheurs ont montré qu'un déficit de l'hormone de l'accouchement serait impliquée dans l'apparition de la maladie.
CITIZENSIDE/BERNARD MÉNIGAULT

AUTISME. Un nouveau cap vient d’être franchi dans la compréhension de l’autisme. La communauté scientifique s’accorde désormais sur l’origine précoce de l'apparition de la maladie. Probablement au stade fœtal et/ou postnatal de l'individu touché.

Une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Lemonnier (Brest) et Yehezkel Ben-Ari, directeur de recherche émérite à l'Inserm, a publié une étude parue dans la revue Science datée du 7 février.  Elle met en évidence le rôle clé que joue le chlore dans les mécanismes qui déclenchent la maladie.

CHLORE et OCYTOCINE. En temps normal, les neurones présentent des taux élevés de chlore durant la phase embryonnaire. Cela permet au principal médiateur chimique du cerveau - le GABA - d'exciter les neurones afin de faciliter la construction du cerveau. À la naissance, une baisse naturelle du taux de chlore transforme le rôle du GABA. Il se change en inhibiteur de neurones afin de réguler l'activité du cerveau adolescent/adulte.

L'étude montre que c'est un dysfonctionnement dans ce processus qui serait à l'origine de l'autisme.

L'hormone de l'accouchement impliquée

En effet, la baisse du taux de chlore qui permet le développement des neurones est en principe provoquée par l'hormone dite de l'accouchement : l'ocytocine. Les résultats des expériences menées sur des souris montrent que c'est un déficit d'ocytocine qui empêche la baisse de ce taux de chlore pendant la naissance. C'est ce dysfonctionnement qui serait à l'origine de l’expression du syndrome autistique.

LireAutisme : des différences cérébrales visibles dès 6 mois

Les chercheurs ont utilisé deux modèles animaux d’autisme. Le premier est génétique, il s'agit du syndrome de l’X Fragile qui est la mutation la plus fréquente liée à l’autisme. L’autre, produit par l’injection à la rate gestante de Valproate de sodium - un produit connu pour générer des malformations et notamment un syndrome autistique chez les enfants. Des rongeurs sains étant utilisés pour effectuer la comparaison.

Les taux de chlore pendant l’accouchement sont déterminants dans l'apparition du syndrome autistique

Ainsi, les chercheurs ont enregistré pour la première fois l'activité des neurones au stade embryonnaire et juste après la naissance afin d'observer les modifications des taux de chlore.

Fait particulièrement impressionnant, la chute naturelle du taux de chlore qui a eu lieu au moment de la naissance chez les animaux contrôles était inexistante dans les 2 modèles animaux atteints d'autisme. Chez ces derniers, les neurones avaient donc le même taux de chlore à l'état embryonnaire et après la naissance.

"Les taux de chlore pendant l’accouchement sont déterminants dans l'apparition du syndrome autistique", explique Yehezkel Ben-Ari. Et dépendent en partie de la sécrétion de l'hormone de l'accouchement.

Ces données valident notre stratégie thérapeutique

Plusieurs études avaient déjà montré des niveaux de chlore anormalement élevés dans de nombreuses pathologies cérébrales (épilepsies infantiles, trauma crânien…). À partir de différentes observations, l’équipe du Dr Lemonnier et de Yehezkel Ben-Ari avait effectué un essai clinique en 2012 en émettant l'hypothèse de taux de chlore élevés dans les neurones de patients autistes.

Une hypothèse validée

Les chercheurs avaient montré que l’administration à des enfants autistes d’un diurétique (qui réduit les taux de chlore dans les neurones) avait des effets bénéfiques. Les résultats concluants de l'essai allaient dans le sens de cette hypothèse mais la démonstration de taux de chlore élevés dans les neurones autistes manquait pour établir le mécanisme proposé et justifier le traitement. C’est désormais chose faite.

"Ces données valident notre stratégie thérapeutique et suggèrent que l’ocytocine agissant sur les taux de chlore pendant la naissance module ou contrôle l’expression du syndrome autistique" affirme Yehezkel Ben-Ari. Et de conclure : "pour traiter ce type de maladies, il faut comprendre comment le cerveau se développe et comment les mutations génétiques et les agressions environnementales modulent les activités du cerveau in utéro"

6 février 2014

La France serait-elle autismophobe ?

Olivia Cattan

Olivia Cattan

article publié dans le Huffigtonpost

Publication: 06/02/2014 13h59

"Dans une décision rendue publique mercredi 5 février, la France a été épinglée par le Conseil de l'Europe, qui lui reproche de ne pas respecter le droit des enfants et adolescents autistes à être scolarisés dans des établissement ordinaires.", peut-on lire sur LeMonde.fr.

Existe-t-il encore, en 2014, un pays démocratique où certains enfants n'ont pas accès à l'école de façon égalitaire? Existe-t-il encore un République irréprochable où certains enfants sont privés d'Education? Existe-t-il un pays où ces mêmes enfants n'ont pas accès à tous les Centres de loisirs, conservatoires, cours de danse ou de théâtre et à certains clubs de sport?

Existe-t-il un pays moderne où l'on refuse le progrès et les avancées thérapeutiques au prix d'une idéologie obscurantiste? Pourquoi continue-t-on à promouvoir des documentaires accréditant le Packing, alors que cette méthode est un acte de maltraitance? Va-t-on revenir aux Electro-chocs pour soigner nos enfants? Pourquoi certains Médias par ignorance et par goût de l'audience et des larmes, propagent-ils des clichés sur les personnes autistes, qui seraient violents, épileptiques, sans aucune capacités intellectuelles, alors que certaines méthodes comportementalistes ont permis à de nombreuses personnes autistes d'avoir une vie normale?

Existe-t-il un pays où, sans réfléchir aux conséquences, le Ministre de la Santé coupe les crédits de la Recherche sur l'autisme alors que le nombre d'enfants autistes ne cesse d'augmenter, passant d'1 naissance sur 2000 à 1 pour 150 en quelques décennies?

Et bien, j'ai le regret de vous dire qu'il ne s'agit pas d'un pays lointain du tiers monde ni d'un pays sous développé et pauvre mais qu'il s'agit bien de la France, quatrième puissance mondiale.
La France, République chérie qui se targue d'être la Patrie des droits de l'homme, le symbole des Lumières, l'antre de l'égalité, de la justice et de la liberté.

Une France qui sait s'agiter lorsqu'elle revendique ses luttes contre le racisme, l'antisémitisme, le sexisme, l'homophobie mais qui malgré cela, laisse une partie de ses citoyens subir des discriminations dans une indifférence cynique et un silence assourdissant.

Faut-il inventer un nouveau mot comme, "l'autismophobie", pour éclairer de plein feux ces discriminations qui touchent 600 000 personnes autistes et provoquer le réveil des bonnes consciences des puissants pourtant toujours prompts à pourfendre l'injustice?

Patrons de presse, chaînes de télévision, syndicats, élus, ministres, entreprises, personnalités publiques, à quand le réveil? A quand l'indignation générale? A quand la une d'un média pour dénoncer le scandale français d'une prise en charge, restée à l'heure du Minitel alors qu'ailleurs d'autres surfent sur des tablettes numériques?

A quand une autre "Marche de l'égalité" qui réunirait valides, autistes et autres handicaps mélangés, se battant tous avec le même objectif, faire sauter les verrous rouillés d'un système français qui exclut une partie de ses dits «handicapés», auxquels on nie la moindre capacité?

Comme si « l'autiste » ne réfléchissait pas, ne ressentait pas, comme si "l'autiste" n'était pas capable de devenir écolier, étudiant, salarié lambda  ou musicien, peintre, écrivain, danseur, sportif de haut niveau? Comme si "l'autiste" n'avait pas d'avenir possible dans son propre pays. Comme s'il n'était qu'un citoyen invisible et de seconde zone, un exilé dans son propre pays. Comme si on oubliait que derrière son handicap, il y avait une personne, un être humain.

Parce qu'une poignée de dits « spécialistes » a choisi de laisser croupir ces enfants dans des structures aux noms complexes dans lesquelles personne ne sait vraiment ce qui s'y passe et où l'on distribue de façon abstraite un peu de soin par ci, un peu d'éducation par là. Sans oublier plusieurs cas de maltraitance.
Avec un seul mot d'ordre : Ne pas réveiller ces anges au risque de révéler leurs capacités.
Parce qu'il est important pour beaucoup que "le marché de l'autisme" continue de prospérer et de faire prospérer ce business florissant...

Le gâteau est bien trop gros pour que tous ces vautours qui renoncent à se goinfrer.

De toute façon, qu'ils se rassurent, l'Etat a démissionné, l'orgie peut continuer, en toute impunité.
Les parents sont si fragiles qu'il est si simple de les faire taire et cracher au bassinet. Ils sont prêts à tout pour quelques heures d'école avec une AVS privée ou un cours de sport saisonnier en fédération adaptée. Ils sont si occupés avec ces formalités qu'il faut sans cesse renouveler, ces commissions éducatives où "le cas" de leur enfant est examiné et où ils doivent se battre pour que le parcours scolaire de leur enfant ne soit pas arrêté.

Alors bonnes consciences, continuez à taire ces discriminations qui touchent 600.000 personnes et des milliers de familles, continuer à étouffer les voix de toutes ces familles précaires et désespérées, continuer à étouffer ce scandale sanitaire qui ne semble guère vous toucher, jusqu'au jour où peut-être votre enfant sera concerné, et ce jour-là, demandez-vous pourquoi vous n'avez rien fait pour faire éclater la vérité.
Voilà pourquoi nous avons décidé de lancer une campagne nationale afin de lutter contre les discriminations faites aux personnes autistes.

De nombreuses personnalités ont décidé de se joindre à notre mobilisation en portant notre parole dans les médias :
Audrey Dana, Marc Lavoine, Jean Dujardin, Marie-Claude Pietragalla, Bruno Wolkowitch, Thomas Dutronc, Alex Lutz, Bruno Sanches, Camille Cottin, Nelson Montfort, Radu Milhenahu, Bertrand Tavernier, Alice Belaidi, Eric Nauleau, Fanny Cottençon, Déborah Grall, Alain Lanty, Emmanuel Chain, Laurent Savard, Géraldine Nakach, Michaël Jeremiasz.

Nous demandons au Président de la République et aux différents ministres cités de nous recevoir en urgence en Délégation afin que les familles soient enfin écoutées et que les propositions que nous leur ferons soient appliquées.

30 janvier 2014

NEURO : Découverte d'une zone cérébrale unique à l'Homme

article publié dans Sante Log

le 29 janvier 2014

Neuron

Cette étude de chercheurs de l’Université d'Oxford identifie une de nos spécificités, à nous autres humains, une zone du cerveau unique liée à nos capacités cognitives supérieures, et qui n’apparaît pas chez nos plus proches parents.

Cette étude par IRM du cerveau de 25 volontaires adultes âgés de 20 ans, a d’abord identifié des zones clés dans la région ventro-latérale du cortex frontal du cerveau humain puis la façon dont ces zones sont connectées aux autres zones du cerveau. Puis l’équipe a comparé ces résultats aux données IRM équivalentes de 25 macaques.

La zone du cortex frontal du cerveau est impliquée dans certains processus de prise de décision et de planification et dans d’autres fonctions complexes de la cognition et du langage, et n'est présente que chez les humains et certains primates, explique le professeur Matthew Rushworth du département de psychologie expérimentale de l'Université d'Oxford.

 

Une zone du cortex frontal humain n'a pas son équivalent chez le macaque : Grâce aux données IRM, les chercheurs ont réussi ensuite à diviser le cortex frontal en 12 zones qui ont chacune leur propre modèle de connexions avec le reste du cerveau puis ont comparé cette organisation cérébrale humaine à celle du singe. 11 des 12 zones sont retrouvées à l’identique chez les deux espèces et apparaissent connectées aux autres zones du cerveau de manière très similaire.

Cependant, une zone du cortex frontal humain n'a pas son équivalent chez le macaque, une zone nommée le « lateral frontal pole prefrontal cortex »  qui semble impliquée dans la planification stratégique, la prise de décision et le multi-tâches.

Enfin, les zones d’audition dans le cerveau sont très bien connectées avec le cortex préfrontal humain, mais beaucoup moins chez le macaque, une différence qui peut expliquer notre capacité à comprendre et à générer un discours.

En conclusion, un degré surprenant de similitude dans l'organisation des régions du cerveau qui contrôlent la langue et les processus de pensée complexes chez les humains et les singes mais également des différences importantes.

Source: Neuron 28 January 2013 via Oxford University Comparison of human ventral frontal cortex areas for cognitive control and language with areas in monkey frontal (Visuel@ Neuron, Neubert et al.)

Lire aussi: DÉVELOPPEMENT: Bébés singes et bébés humains, pas si différents ?

CONSCIENCE de SOI: Des neurones très spéciaux découverts chez le singe -

 

28 janvier 2014

Une relation entre l'autisme et un développement neuronal défectueux : le facteur de transcription TBR1

article publié dans Taiwan Info

Nature Neuroscience publie les découvertes déterminantes des travaux sur l’autisme menés par l’Academia Sinica

Mardi 28 janvier 2014

La prestigieuse revue scientifique Nature Neuroscience vient de publier un articles sur les recherches menées par l’Institut de biologie moléculaire de l’Academia Sinica sous la direction du professeur Hsueh Yi-ping [薛一蘋]. Ces dernières établissent, au bout de neuf ans de travaux, une relation entre l’autisme et un développement neuronal défectueux.

Selon l’article publié en anglais, le facteur de transcription TBR1 (T-box brain 1) régule le développement du cerveau, et des mutations de nature perturbante sur le gène de codage du TBR1 ont été régulièrement identifiées chez les patients dont le diagnostic établit des troubles du spectre autistique. Selon les recherches du professeur Hsueh Yi-ping, le TBR1 pourrait contrôler un groupe de gènes responsables de l’autisme, et c’est une perte de protéines spécifiques qui provoque une rupture de la connexion entre les deux moitiés du complexe amygdalien ainsi qu’au sein des circuits neuronaux.

Les scientifiques savaient que ce facteur de transcription était déterminant dans le développement du cortex cérébral et du complexe amygdalien, mais c’est seulement depuis deux ans que l’on soupçonnait le TBR1 d’être à l’origine de l’autisme.

Grâce à cette découverte, les patients pourront subir un examen par imagerie par résonance magnétique qui permettra de vérifier les anormalités. L’équipe du professeur a également établi qu’un traitement à base de cyclo-serine D pouvait remédier aux défauts des circuits neuronaux et offrait une possibilité de traitement de l’autisme chez la souris.

C’est la première fois qu’une relation est scientifiquement établie entre l’autisme et les circuits neuronaux.

21 janvier 2014

Autisme. Le devenir du centre de ressources en question

À la demande de l'Agence régionale de santé, un audit a été réalisé au centre de ressources autisme de Bretagne (CRA). Le collectif Bretagne Autisme, dans l'attente d'un nouveau statut, en a révélé la teneur.

Les différentes écoles de prise en charge de l'autisme s'affrontent durement en France. La psychanalyse, déclarée, en mars 2012, non pertinente par la Haute autorité de santé (HAS), a laissé la place à des méthodes éducatives ou comportementales et aux médicaments.

Mutation il y a un an

Le centre de ressources autisme (CRA) de Bretagne installé au CHRU de Brest, à l'hôpital de Bohars, a été secoué, il y a un an, par la mutation de son responsable. Afin d'y voir plus clair, un audit avait été demandé par l'Agence régionale de santé (ARS) sur le fonctionnement de ce CRA, confié aux experts d'un autre CRA, celui de Rhône-Alpes.Le collectif Bretagne Autisme, qui réunit 14 associations de parents, vient de rendre public ce rapport d'une cinquantaine de pages, restitué, demain à Pontivy (56), aux acteurs de la prise en charge de l'autisme en Bretagne.L'ancien responsable du CRA de Bretagne, le Dr Éric Lemonnier, pédopsychiatre, a été muté au laboratoire de neurosciences de l'hôpital Morvan, à Brest, en février. Son activité de recherche est menée avec le Pr Ben Ari de l'Inserm de Marseille sur l'effet d'un diurétique qui atténuerait les troubles chez 75 % des enfants autistes. Les experts ont entendu le Dr Lemonnier, tout comme le Pr Michel Botbol, chef de service de pédopsychiatrie depuis 2011, tous les salariés du CRA, les associations de parents... soit au total plus de 70 personnes.« Le contenu de l'audit ne me plaît pas », dit le Pr Botbol, psychiatre et psychanalyste qui assure : « J'applique à la lettre les recommandations de l'HAS ». Le collectif Bretagne Autisme a dénoncé la présence, parmi les experts, d'un médecin qui aurait travaillé avec lui. « Ce n'est pas le cas, je suis connu de nombreux professionnels mais il n'y a pas conflit d'intérêt. Je n'en dirais pas autant de ceux qui ont utilisé un médicament non autorisé hors AMM chez des enfants ». Il fait ainsi référence aux recherches du Dr Lemonnier sur le diurétique dont la molécule a une AMM depuis les années 70, mais pas pour l'autisme.Du côté des familles, « on se heurte encore à beaucoup de difficultés pour faire accepter par certains médecins les préconisations adoptées dans le cadre du plan autisme ou de la HAS. On se heurte aux lobbies de la psychiatrie, de la psychanalyse et des médicaments qui ne donnent pourtant aucun résultat sur l'autisme. Ce n'est pas une maladie mentale mais un trouble d'origine neurologique. Et on attend un décret sur les CRA », dit Xavier Cavalan, membre du collectif Bretagne Autisme.

Un CRA hors hôpital

De son côté, le Dr Éric Lemonnier estime : « L'audit a été partial en indiquant que l'activité de recherche serait absente alors que nous avons de nombreuses publications scientifiques ».Si le contenu de l'audit ne convient ni aux associations, ni au Dr Lemonnier, ni au Pr Botbol, ils s'accordent tous sur un point, l'idée formulée par l'audit de séparer le CRA, qui est un établissement médico-social, de l'hôpital est une solution à retenir.« Nous allons mettre les gens autour de la table pour repartir de l'avant. Il y a des professionnels motivés et compétents et des familles qui se heurtent à des difficultés et demandent à être associées », conclut Hervé Goby, directeur de l'offre de soins à l'ARS Bretagne.

Catherine Le Guen

19 janvier 2014

Autisme : quand la psychanalyse racontait n'importe quoi

Retour sur ce freudisme mal digéré qui a fait tant de mal aux enfants autistes et à leurs familles. En partenariat avec "BoOks".

Un enfant autiste avec sa mère, à Villeneuve d'Ascq, en 2008. (Sipa)

Un enfant autiste avec sa mère, à Villeneuve d'Ascq, en 2008. (Sipa)

Aussi extravagant que cela puisse paraître, dans les années 1940 à 1970 aux États-Unis, la schizophrénie et l’autisme étaient couramment imputés à un comportement défectueux de la mère.

Le phénomène tenait en partie à la domination de la psychiatrie américaine par l’école psychanalytique, dont nombre de représentants avaient fui l’Allemagne nazie. Frieda Fromm Reichmann écrit ainsi en 1949:

Le schizophrène est terriblement méfiant et plein de ressentiment envers les autres à cause du terrible rejet qu’il a subi de la part de ses proches dans sa petite enfance, surtout de la part de sa mère schizophrénogène. (sic)

Trude Tietze exerçait comme Leo Kanner, le découvreur de l’autisme, à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. Elle publia en 1949, dans la revue «Psychiatry», une «Étude des mères de patients schizophréniques». John Rosen, qui prétendait comme Reichmann et Tietze guérir le mal par la psychanalyse, écrit dans un article intitulé «La mère perverse», en 1953: «Une personne schizophrène a immanquablement été élevée par une mère qui souffre d’une perversion de l’instinct maternel.»

Élève de Reichmann, Theodore Lidz, devenu professeur de psychiatrie à Yale, reprend à son compte la notion de «mère schizophrénogène» dans des livres influents, où l’on peut lire que certaines d’entre elles «utilisent leur fils afin de compenser leur sensation de vide et d’inutilité en tant que femme». Longtemps, l’autisme infantile a été considéré comme une forme de schizophrénie. Il n’est donc pas étonnant que ce thème de la responsabilité maternelle ait été repris par les psychiatres s’occupant d’autistes. Leo Kanner n’était pas psychanalyste, mais il était en phase avec son temps quand il publia son texte devenu célèbre sur la «mère frigidaire», en 1952:

La plupart des patients avaient dû faire face, dans leur plus jeune âge, à la froideur de leurs parents, à leur caractère obsessionnel, et au fait qu’ils répondaient à leurs besoins matériels de manière machinale et détachée. Ces enfants étaient des sortes de cobayes, car le souci de performance était le moteur des parents plutôt que la chaleur humaine et le plaisir d’être ensemble. Ils étaient comme gardés dans des frigidaires qui ne décongelaient jamais. La tendance de ces enfants à se retirer du monde est un moyen pour eux de se détourner d’une situation insoutenable en se réfugiant dans la solitude.

L’«envie du pénis»

Professeur à l’université de Chicago, Bruno Bettelheim, qui s’était inventé un passé de psychanalyste à Vienne, dirigeait depuis 1943 une école pour enfants difficiles. Il s’inscrit pleinement dans ce courant de pensée, tout en ajoutant une référence aux camps de concentration (il avait été déporté à Dachau et Buchenwald avant la guerre). Dans «la Forteresse vide», publié en 1967, il écrit:

La différence entre la terrible condition des prisonniers dans les camps de concentration et les conditions qui favorisent l’apparition de l’autisme et de la schizophrénie chez les enfants est, bien évidemment, que l’enfant n’a jamais eu l’opportunité de développer sa propre personnalité […]. Tout au long de ce livre, j’expose ma conviction que le facteur déterminant dans l’autisme infantile est le souhait du parent que son enfant n’existe pas. 

Freud, qui ignorait l’existence de l’autisme, ne croyait pas que la psychanalyse pût venir en aide aux psychotiques. Mais après-guerre, sa conception de la femme était dans tous les esprits. Dès le début de son existence, «l’envie du pénis s’empare d’elle, une envie qui laisse des traces ineffaçables dans son développement et la formation de son caractère». D’où une infériorité congénitale:

Derrière l’envie du pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers l’homme, amertume qu’on ne peut jamais oublier dans les rapports entre les sexes et dont les aspirations et productions littéraires des “émancipées” présentent les signes les plus évidents.

Et encore :

La femme a le sens de la justice peu développé, ce qui s’explique par la prédominance de l’envie dans sa vie psychique. 

Or, chez certaines femmes au moins, l’envie du pénis trouve un substitut, le désir d’enfant:

Rien ne laisse transparaître ce désir du pénis ; sa place est prise par le désir d’avoir un enfant […]. Chez d’autres femmes encore, on se rend compte que les deux désirs étaient présents dans l’enfance et se sont relayés l’un l’autre : tout d’abord, elles voulaient un pénis comme l’homme, et à une époque ultérieure, mais toujours infantile, le désir d’avoir un enfant a remplacé le premier désir.

Du coup, la responsabilité de la mère vis-à-vis de son enfant, surtout s’il est de sexe masculin, est considérable:

Une mère peut transférer à son fils l’ambition qu’elle a été obligée de réfréner chez elle-même, et elle peut espérer tirer de lui la satisfaction de tout ce qu’elle a gardé de son complexe de masculinité.

L’idée d’une responsabilité directe de la mère ou des parents dans l’autisme a disparu aux États-Unis dans les années 1980, la psychanalyse ayant été rayée de la carte de la psychiatrie universitaire et hospitalière. La France est l’un des rares pays où cette discipline continue d’avoir droit de cité, y compris en milieu hospitalier.

Sa compétence revendiquée en matière d’autisme fait l’objet d’attaques virulentes. Qu’en est-il? La réalité est complexe. La psychanalyse française est elle-même partagée entre plusieurs écoles qui affectent de s’ignorer. La situation est rendue d’autant plus confuse que la profession n’est pas réglementée: chacun peut apposer un panneau «psychanalyste» sur sa porte. Dans «La Cause des enfants» (1985), Françoise Dolto écrivait:

L’autisme, en fait, cela n’existe pas à la naissance. Il est fabriqué. C’est un processus réactionnel d’adaptation à une épreuve touchant à l’identité de l’enfant. 

Il y a perte de «la relation affective ou symbolique avec la mère» et ce n’est «pas du tout congénital». Aujourd’hui encore, de toute évidence, le courant développé après guerre aux États-Unis continue d’exercer une influence. C’est ce que montrent certains témoignages recueillis récemment par la réalisatrice Sophie Robert dans un documentaire sur l’autisme, «Le Mur», qui a fait scandale, en 2012, au point d’être condamné par la justice sur la requête de trois psychanalystes interviewés dans le film. (1)

Plusieurs font référence à Bettelheim. L’un d’eux déclare: «Une mère a toujours un désir incestueux avec son enfant, qu’elle en ait conscience ou pas.» Pour une autre, «un inceste paternel ne fait pas tellement de dégâts, ça fait des filles un peu débiles, mais un inceste maternel, ça fait de la psychose». Une autre, sortant d’une caisse un crocodile en plastique: «Le crocodile c’est le ventre de la mère ; les dents de la mère.» Une autre: «Au début, l’enfant pense qu’il est le phallus de la mère

Plusieurs disent que la maladie peut être causée par une dépression maternelle. Quel résultat un enfant autiste peut-il espérer de la psychanalyse ? «Ce n’est pas une question de psychanalyste, ça», répond l’un. «Le plaisir de s’intéresser à une bulle de savon», répond un autre, après un long silence. Le même: «Le point fondamental de mon attitude en tant qu’analyste vis-à-vis de ces enfants-là, c’est le fait d’abdiquer l’idée d’une progression.»

Les parents, meilleurs cliniciens de leurs enfants

Dans leurs écrits, les psychanalystes français (y compris certains de ceux interviewés dans le film) développent souvent un discours très différent, en tout cas beaucoup plus nuancé, et se défendent de continuer à adhérer à la thèse de la responsabilité maternelle.

«Assimilant abusivement l’autisme aux troubles de l’attachement observés chez des enfants carencés sur le plan affectif, certains psychanalystes ont incriminé, sans preuve convaincante, la responsabilité des parents et singulièrement des mères dans la fabrication de l’autisme de leur enfant», écrit par exemple Jacques Hochman («Histoire de l’autisme», Odile Jacob, 2009).

«En observant l’attitude de la mère, écrit Laurent Danon-Boileau dans un livre publié après le scandale du «Mur», il ne s’agit pas de revenir à l’idée stupide selon laquelle son comportement serait la cause de l’autisme.» La mère n’est pas «responsable en quoi que ce soit du trouble de l’enfant» et «la conséquence du côté des parents a été prise à tort pour une cause» («Voir l’autisme autrement», Odile Jacob, 2012).

Dans un livre encore plus récent, Bernard Golse, par ailleurs chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, refuse qu’on puisse «renvoyer à une cause de l’autisme purement organique ou endogène», mais évoque «l’intérêt des anomalies du lobe temporal supérieur qui ont été découvertes».

Il écrit: «Ceux qui, inlassablement, ressortent les écrits de B. Bettelheim devraient penser à se moderniser un petit peu.» Il affirme que «les parents sont le plus souvent les meilleurs cliniciens de leur enfant». Et ajoute, de façon il est vrai assez alambiquée: «Les caractéristiques parentales qui ont pu être décrites étaient bien plus souvent – si ce n’est toujours – la conséquence que la cause, ou l’une des causes, de la pathologie autistique de l’enfant.

S’insurgeant contre ceux qui font le procès de la psychanalyse, il plaide vigoureusement pour une approche pluridisciplinaire dans le traitement de l’autisme («Mon combat pour les enfants autistes», Odile Jacob, 2013). Les psychanalystes ont affaire à forte partie, car ils sont parvenus à se mettre à dos la majorité des associations de parents d’autistes et la grande majorité des scientifiques et des responsables de la santé publique. Mais ils ont aussi des alliés, dans les médias et ailleurs.

En 2004, l’Inserm avait publié un rapport sur l’évaluation des différentes méthodes de psychothérapie (en général), concluant au désavantage de la psychanalyse. Chose étrange, le rapport a été désavoué par le ministre de la Santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, et retiré du site Internet de l’organisme. (2)

En février 2012, une fuite avait révélé que la Haute autorité de santé (HAS) était sur le point de publier un rapport sur l’autisme affirmant que «l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques».

La HAS entendait classer comme «non recommandées» les «interventions globales» fondées sur la psychanalyse. Devant la levée de boucliers qui s’est ensuivie, elle a reculé d’un pas (d’un pas seulement), en les classant comme «non consensuelles». L’Association internationale lacanienne n’en a pas moins formé un recours contre cette décision. C’est que, au-delà des questions théoriques, les enjeux financiers sont considérables. Pour progresser (si l’on accepte l’idée de «progrès»), un enfant autiste requiert un encadrement quotidien pendant de longues années.  

Pour sa part, le tribunal de grande instance de Lille a ordonné le retrait des interviews des trois psychanalystes qui ont porté plainte contre «Le Mur» (1). Le film est à charge, mais, à l’examiner de près, il est douteux que la réalisatrice ait significativement «dénaturé le sens des propos tenus», comme le soutient le juge. Elle a fait appel. Affaire à suivre, dans tous les sens du terme.

 Olivier Postel-Vinay

(1) La Cour d'appel de Douai a infirmé ce jugement, ce jeudi 16 janvier 2014.
(2) On le trouve sur la Toile.

15 janvier 2014

Autisme : vers un médicament développé à Québec

article publié dans LAPRESSE.CA

Publié le 14 janvier 2014 à 05h00 | Mis à jour le 14 janvier 2014 à 05h00

Les recherches de l'équipe du neurobiologiste de l'Université... (- Photo fournie par l'Université Laval)

Les recherches de l'équipe du neurobiologiste de l'Université Laval Yves De Koninck pourraient mener à la mise en marché d'un médicament pour contrer l'autisme.

- Photo fournie par l'Université Laval

(Québec) Des recherches menées à Québec pourraient conduire, d'ici quelques années, à la mise en marché d'un médicament pour contrer l'autisme, ou du moins, en diminuer les symptômes les plus importants. Ce serait une première mondiale.

Ces travaux ont été menés par l'équipe du neurobiologiste Yves De Koninck, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval et directeur scientifique de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec ou l'ex-Robert-Giffard.

Une entente a été conclue avec la pharmaceutique Roche qui effectuera les tests nécessaires pour vérifier l'efficacité de la molécule et obtenir éventuellement les autorisations pour mettre en marché le médicament. «La route sera longue pour obtenir toutes les approbations. Si on se rend jusqu'au bout, on en a pour 4 à 5 ans. Si en cours de route, on se rend compte qu'il y a des effets secondaires et qu'il faut faire des changements, on rajoute des années», a mis en garde le chercheur.

Jusqu'à maintenant, les études pilotes avec une approche complémentaire à celle des scientifiques de Québec ont donné des résultats prometteurs. «Je ne sais pas jusqu'où ça va aller mais les jeunes qui ont participé aux études pilotes ont montré une amélioration de leurs conditions», a-t-il dit.

Comme point de départ, on considère que l'autisme est causé par un désordre du système nerveux lors du développement du cerveau. «La molécule que nous utilisons vient rétablir le système nerveux comme il fonctionne normalement. On vient aider les cellules qui font défaut», a-t-il expliqué.

Aussi pour traiter la Schizophrénie

En termes plus techniques, on a constaté une concentration trop faible d'une protéine appelée KCC2 dans les neurones du cerveau et de la moelle épinière à l'aide de microscopes très puissants. On a fait un lien entre le manque de cette protéine et diverses anomalies des circuits neuronaux. «Pour l'autisme, on en déduit que cela a à voir avec la façon que le cerveau se développe», a précisé le chercheur.

Le médicament potentiel, s'il passe tous les tests, pourrait aussi être utilisé pour traiter la schizophrénie qui est caractérisée par un déficit de la protéine KCC2. «Dans l'épilepsie, ç'a été démontré éaglement», a précisé M. De Koninck.

L'étude clinique sur le médicament est de la responsabilité de la firme Roche. Bien des étapes restent à franchir avant de lancer l'étude. On croit qu'elle pourrait débuter d'ici un an.

Par ailleurs, le médicament qui sera testé a été développé au départ pour traiter la douleur chronique. Cette avancée a été classée parmi les 10 découvertes scientifiques de l'année en 2013 par notre chroniqueur Jean-François Cliche.

15 janvier 2014

L'autisme perturbe l'association entre l'ouïe et la vue

article publié dans le Nouvel Observateur

Etude menée chez 64 enfants

Le cerveau des autistes peine à traiter simultanément 2 informations sensorielles, affirment des spécialistes en neurosciences. Ce qui expliqerait qu'ils se bouchent souvent les oreilles.

L’autisme perturbe l’association entre l’ouïe et la vue
Le centre Albert Camus pour jeunes autistes de Villeneuve d'Ascq (59) BAZIZ CHIBANE/SIPA

 

« C’est comme s’ils regardaient un film étranger mal doublé, les signaux auditifs et visuels ne s’accordent pas dans leur cerveau ». Le Pr Mark Wallace, directeur de l’Institut du cerveau de l’université Vanderbilt de Nashville, décrit ainsi le phénomène observé par son équipe dans le cerveau d’enfants atteints de troubles du spectre autistique.

Publiée aujourd’hui dans le Journal of Neurosciences, leur étude a comparé l’activité cérébrale de 32 enfants autistes âgés de 6 à 18 ans avec celle de 32 enfants les plus comparables possibles, y compris en terme de QI. Les chercheurs ont soumis les enfants à une batterie de stimuli audiovisuels allant de simples flashs et bips à des situations plus complexes comme un marteau tapant sur un clou ou une personne en train de parler. Ils ont observé que le cerveau des enfants autistes était en difficulté lorsqu’il s’agissait d’associer un événement visuel et un événement sonore survenant au même moment.


Se boucher les oreilles pour se concentrer sur un seul sens

« L’une des images classiques des enfants autistes, c’est qu’ils se bouchent les oreilles. Nous pensons que l’une des raisons pour cela pourrait être qu’ils essayent de compenser ce déficit de leurs fonctions sensorielles en se concentrant simplement sur un sens à la fois. Cela pourrait être une stratégie pour minimiser la confusion de leurs sens », explique le Pr Wallace. Pour ce spécialiste, rééduquer ce déficit sensoriel pourrait apporter des bénéfices aux autistes sur le plan du langage, de la communication et des interactions sociales mais aussi aux dyslexiques et aux schizophrènes qui souffrent aussi de troubles du fonctionnement sensoriel.

Pour la France, l’Inserm estime à 100 000 le nombre d’enfants souffrant d’un trouble du spectre autistique. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement curatif.

2 janvier 2014

Autism Speaks : Le top 10 des découvertes scientifiques 2013 dans l'autisme

logo fondation autisme

article publié sur le site de la Fondation Autisme

Autism Speaks publie comme chaque année les 10 découvertes scientifiques qui ont, selon les experts de cette association US, marqué l’année passée.

A l’honneur cette année :

  • les progrès dans le séquençage du génome humain et la découverte de réseaux d’anomalies génétiques combinées qui permettent d’accroitre les dépistages précoces et la mise en oeuvre de programmes de prévention auprès des enfants concernés,
  • la confirmation solide du rôle des folates / vit B9 en période prénatale dans le déclenchement futur de certains types d’autisme,
  • l’identification de signes ultra précoces de risque d’autisme, liés à des anomalies de la conduite oculaire,
  • de nouvelles preuves du rôle de l’épigénétique dans l’autisme, donc de la façon dont s’exprime le capital génétique dans un environnement donné. Cela met en évidence le rôle de susceptibilités génétiques s’exprimant de façon différente, et avec des degrés de gravité variable, compte tenu d’évènements de l’environnement biologique de l’enfant.
  • l’obtention de progressions parfois spectaculaires chez des enfants diagnostiqués avec autisme typique et retard avéré de langage. Des résultats qui feraient, sur les critères de diagnostic actuels, potentiellement sortir l’enfant du spectre de l’autisme. Quels critères de diagnostic plus spécifiques et de traitement permettent de déboucher sur de tels résultats ? D’autres études sont lancées pour mieux comprendre tout cela.

La Fondation Autisme, très attachée aux enjeux biomédicaux de l’autisme, salue la publication inédite par Autism Speaks de 2 études  importantes sur le rôle de la sphère intestinale dans des troubles associés à l’autisme :

  • Une étude qui prouve que les désordres intestinaux sont plus fréquents dans l’autisme. Ils se caractérisent par des intolérances ou désordres chroniques de la flore. Ces troubles associés seraient à l’origine d’une augmentation de certains problèmes comportementaux (irritabilité, obsessions, stéréotypies, déficit d’attention,…).
  • Une 2ème étude montre que, chez la souris « autiste » (présentant des comportements proches de l’autisme…pour une souris), le fait de rééquilibrer la flore intestinale par des bonnes bactéries (probiotiques) réduit les symptômes d’autisme .
19 décembre 2013

Fonctions cognitives chez l'enfant, clés de compréhension

informations publiées sur le site de l'INSERM

inserm

 

Destiné aux associations de parents concernées par les troubles de la cognition chez l'enfant, ce séminaire de formation est organisé à l’initiative de la Mission Inserm Associations. Il a été conçu et animé par Michèle Mazeau, médecin en rééducation, spécialisée en neuropsychologie infantile et Pierre Laporte, psychologue clinicien spécialisé en neuropsychologie, docteur en psychologie.

Le séminaire de formation "fonctions cognitives chez l'enfant" a répondu aux souhaits des associations de parents de mieux appréhender ce que recouvrent les fonctions cognitives dans le développement et les apprentissages de l'enfant, afin de mieux comprendre la nature des troubles qui handicapent certains enfants. Dans cette optique le séminaire a abordé de manière transversale les principales fonctions cognitives en synthétisant les avancées scientifiques et en dégageant les notions de base et les connaissances incontournables sur la cognition de l'enfant. 358 personnes ont participé à ce séminaire en 2012 et en 2013. Ce séminaire a été filmé et séquencé en 8 parties. Trois responsables d' associations participantes ont accepté de donner leur point de vue sur l’intérêt et l'apport de ce séminaire pour les associations de parents, Nathalie Groh, Vice-présidente de la Fédération Française des Dys (FFD), Christine Gétin, Présidente de l’Association HyperSuper TDAH France, Françoise Revest, Présidente de l’Association Dyspraxique Mais Fantastique (DMF).

Ressources documentaires

Feuilletez le dossier documentaire

Voir les séquences vidéos enregistrées lors de ce séminaire.

Introduction, avec Dominique Donnet-Kamel, responsable de la Mission Inserm Associations

Le Cerveau, organe d’apprentissage, avec Michèle Mazeau & Pierre Laporte

  • Quelques notions de bases sur les réseaux neuronaux et la plasticité cérébrale, leurs relations avec les fonctions cognitives et les comportements.
  • Interroger les bébés pour comprendre leurs compétences précoces : les fonctions cognitives présentes à la naissance
  • Tout n'est pas inné, tout n'est pas acquis : le "recyclage neuronal"
  • La cognition sociale, une fonction fondamentale dans le développement du bébé

Le langage oral, avec Michèle Mazeau

  • Les fonctions du langage
  • Langage et parole lLa "boite à outils" dont disposent les bébés
  • Le mamalais, le babillage....
  • Les troubles du développement du langage

Le langage écrit, avec Michèle Mazeau

  • La conscience phonologique
  • L'organisation du regard et l'identification des mots
  • Les voies de la lecture
  • Les troubles de l'apprentissage de la lecture

Le geste, avec Michèle Mazeau

  • Un programme d'action : de l'intention au passage à l'acte
  • Les neurones miroirs et l'imitation
  • Une "boites à outils" innée et universelle
  • Transmission des gestes culturels : les praxies
  • Lenteur fatigabilité et double tache

Les fonctions attentionnelles, avec Pierre Laporte

  • Le système attentionnel : alerte, vigilance, attention soutenue, attention partagée, contrôle attentionnel
  • Filtrer et rehausser les informations pertinentes, inhiber les distracteurs
  • Orientation exogène ou endogène de l'attention
  • Les troubles de l'attention 

Les fonctions mnésiques, avec Pierre Laporte

  • Traces mnésiques, synapses et neurones
  • Les mémoires transitoires dont la mémoire de travail et les mémoires à long terme
  • Développement de la mémoire : repères chronologiques
  • Les troubles du développement de la mémoire chez l'enfant

Les fonctions exécutives, avec Pierre Laporte

  • Un chef d'orchestre pour :
    • inhiber les réponses automatisées
    • une bonne flexibilité cognitive
    • planifier, organiser, contrôler l'action...
  • Les troubles des fonctions exécutives

Conclusion, avec Michèle Mazeau

  • Plasticité /vulnérabilité cérébrale
  • Les compétences précoces, les compétences apprises
  • Repérer précocement et diagnostiquer
  • la double tâche / double peine

Suivez également l’interview de 3 présidentes d’associations ayant participé au séminaire.

Nathalie Groh, Vice-présidente de la Fédération Française des Dys (FFD)

Christine Gétin, Présidente de l’Association HyperSuper TDAH France

Françoise Revest, Présidente de l’Association Dyspraxique Mais Fantastique (DMF)

Informations complémentaires

Informations générales : Fonctions cognitives chez l'enfant (22,2 ko) 

18 décembre 2013

L'UE avertit contre les risques neurotoxiques de deux pesticides

L'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé mardi que deux insecticides pouvaient affecter le développement du cerveau humain et elle a préconisé la réduction de leur seuil d'exposition aux hommes. Ces deux produits - l'acétamipride et l'imidaclopride -, appartiennent à la classe d'insecticides des néonicotinoïdes, récemment mis sur le devant de l'actualité en raison de leurs liens avec le déclin des abeilles. L'imidaclopride, de Bayer, est l'un des pesticides les plus utilisés au monde. /Photo prise le 14 mai 2013/REUTERS/ Dominic Ebenbichler
(c) Reuters

L'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé mardi que deux insecticides pouvaient affecter le développement du cerveau humain et elle a préconisé la réduction de leur seuil d'exposition aux hommes. Ces deux produits - l'acétamipride et l'imidaclopride -, appartiennent à la classe d'insecticides des néonicotinoïdes, récemment mis sur le devant de l'actualité en raison de leurs liens avec le déclin des abeilles. L'imidaclopride, de Bayer, est l'un des pesticides les plus utilisés au monde. /Photo prise le 14 mai 2013/REUTERS/ Dominic Ebenbichler (c) Reuters

LONDRES (Reuters) - L'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé mardi que deux insecticides - dont l'un à l'usage très répandu fabriqué par Bayer - pouvaient affecter le développement du cerveau humain et elle a préconisé la réduction de leur seuil d'exposition aux hommes.

Ces deux produits - l'acétamipride et l'imidaclopride -, appartiennent à la classe d'insecticides des néonicotinoïdes, récemment mis sur le devant de l'actualité en raison de leurs liens avec le déclin des abeilles. L'imidaclopride, de Bayer, est l'un des pesticides les plus utilisés au monde.

En avril, la Commission européenne a suspendu pour une période de deux ans l'utilisation de trois néonicotinoïdes dont l'imidaclopride, après la publication d'une étude de l'Efsa estimant qu'ils présentaient un risque élevé pour les abeilles, même si la communauté scientifique reste divisée sur le sujet.

Dans son avis émis mardi, l'Efsa préconise d'abaisser davantage le seuil d'exposition de ces produits aux hommes le temps de mener des recherches sur leurs risques neurotoxiques.

"L'acétamipride et l'imidaclopride peuvent affecter le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l'apprentissage ou la mémoire", dit l'Efsa dans un communiqué émanant de son siège à Rome.

15 décembre 2013

Yehezkel BEN-ARI : l'hippocampe électrique

Document à visionner absolument (jjdupuis)

YEHEZKEL BEN-ARI est le fondateur de l'INMED, Institut de neurobiologie de la Méditerranée.

Document assez exceptionnel avec à partir de 19'50" un point intéressant concernant autisme & épilepsie : Valium à éviter -> plutôt un diurétique ... (à confirmer).

14 décembre 2013

Dossier AUTISME publié sur le site de l'INSERM

Autisme

inserm

Dossier réalisé en collaboration avec le Pr Catherine Barthélémy, chef de service honoraire du service de Pédopsychiatrie au CHU Bretonneau de Tours, chercheuse au sein de l’UMR930 Inserm/Université François Rabelais «Imagerie et Cerveau», équipe « Autisme ».

L’autisme est un trouble envahissant du développement qui apparaît précocement au cours de l’enfance et persiste à l’âge adulte. Il se manifeste par des altérations dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que par des troubles du comportement. Les personnes souffrant d’autisme semble souvent isolées dans une sorte de monde intérieur.

L’autisme fait partie des troubles envahissants du développement (TED), un groupe hétérogène de pathologies, caractérisées par des altérations qualitatives des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), ainsi que par des troubles du comportement correspondant à un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif. Le handicap associé est variable, allant de léger à sévère. Il est presque toujours associé à des difficultés d’apprentissage.

L’autisme apparaît dans la petite enfance, avant l’âge de trois ans, puis persiste tout au long de la vie. Parmi les principaux autres TED pouvant affecter les enfants figure le syndrome d’Asperger, forme particulière de l’autisme associée à un très bon développement intellectuel. Figurent aussi des troubles liés à des altérations génétiques, comme le syndrome de Rett, le syndrome du X fragile et les retards mentaux liés au X. Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion.

On estime qu’environ 100 000 jeunes de moins de 20 ans sont atteints d’un TED en France. L’autisme infantile concernerait environ 30 000 d’entre eux.

Des troubles affectant les relations interpersonnelles, la communication et le comportement

Les personnes atteintes d’autisme semblent difficilement accessibles aux autres. Elles n’établissent pas les contacts nécessaires à la construction d’une relation interpersonnelle, en particulier les contacts visuels. Elles paraissent même les éviter. Le plus souvent, elles ne répondent pas lorsqu’on les appelle. Elles sourient très rarement et semblent ne pas comprendre les sentiments et les émotions des autres.

Les troubles de la communication associés à l’autisme touchent à la fois le langage et la communication non verbale. La majorité des autistes ne parlent pas. Ceux qui acquièrent un langage parlé parlent de manière étrange. Ils inversent les pronoms (« tu » à la place de « je »), répètent tout le temps la même phrase, modulent bizarrement leur voix, ont un débit et un rythme particulier… Ils sont généralement incapables d’utiliser des termes abstraits. Ils ont par ailleurs beaucoup de mal à comprendre une conversation et à entrer dans un dialogue. Par ailleurs, ils ne comprennent et n’utilisent pas les éléments de communication non verbale, tels que les gestes, les expressions du visage ou le ton de la voix.

Les personnes atteintes d’autisme ont souvent des comportements bizarres et répétitifs (balancements du corps, battements des mains, tournoiements…), auto-agressifs (se mordre les mains, se cogner la tête…) ou inappropriés (pleurer ou rire sans raison apparente…) . Elles s’attachent souvent à des objets qu’elles utilisent de manière détournée, par exemple en les alignant ou en les faisant tourner inlassablement. Elles semblent souvent indifférentes aux bruits extérieurs mais, de manière paradoxale, elles peuvent y être extrêmement sensibles. La lumière, le contact physique ou certaines odeurs peuvent également déclencher chez elles des réactions de rejet très fortes. Enfin, les autistes ont souvent des peurs inhabituelles et une intolérance aux changements (de lieux, d’emplois du temps, de vêtements…). Une situation imprévisible qui les dérange peut provoquer une réaction d’angoisse ou de panique, de colère ou d’agressivité.

L’autisme et les autres TED s’accompagnent souvent de troubles du sommeil, de troubles psychiatriques (dépression, anxiété, déficit d’attention-hyperactivité). L’épilepsie est aussi parfois associée aux TED. Un retard mental est observé dans environ un tiers des cas.

Les premiers signes, avant 3 ans
Les premiers signes évocateurs de l’autisme apparaissent le plus souvent entre 18 et 36 mois.
L’enfant est trop calme ou au contraire trop excité. Il semble indifférent au monde sonore et aux personnes qui l’entourent. Il ne réagit pas (ou peu) aux séparations et aux retrouvailles. Il ne sourit pas (ou rarement) et reste silencieux. Il ne joue pas à faire « coucou » et ne cherche pas à imiter les adultes. Il développe des comportements répétitifs et s’intéresse à un nombre très restreint d’objets.

Une origine multifactorielle, largement génétique

Il est désormais bien établi que l’autisme et les autres TED sont des maladies dont l’origine est multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux facteurs de risque reconnus. Les TED sont en effet quatre fois plus fréquents chez les garçons que chez les filles. Et dans une fratrie où il existe déjà un enfant atteint, on estime que le risque de développer un autisme pour un nouvel enfant serait de 4 % si l’enfant déjà atteint est un garçon, de 7 % si c’est une fille.

Les données actuellement disponibles montrent que les maladies cœliaques secondaires à une intolérance au gluten, la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) ou encore les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas des facteurs de risque de TED.

Une prise en charge globale

Il n’existe pas de traitement de l’autisme, mais une prise en charge précoce et adaptée à l’enfant permet d’améliorer ses capacités à interagir avec le monde qui l’entoure et à s’y adapter. Cette prise en charge est pluridisciplinaire et individualisée.

L’enfant reçoit des soins éducatifs qui l’aide à développer son langage, ses compétences cognitives, sensorielles et motrices, à adapter son comportement, à gérer ses émotions…

L’objectif est de lui apprendre à interagir avec les autres et à acquérir de l’autonomie.

Le développement de l’enfant est régulièrement évalué (au moins une fois par an), de manière à pouvoir ajuster sa prise en charge.

Des médicaments ?
A ce jour, aucun traitement médicamenteux ne guérit l’autisme ou les TED. Toutefois, certains médicaments sont utilisés pour traiter les pathologies associées aux troubles du développement, comme l’épilepsie.

Où en est la recherche ?

La recherche a récemment permis de nombreuses avancées dans la compréhension des mécanismes biologiques associés à l’autisme et aux autres TED. L’imagerie médicale a permis de mettre en évidence des anomalies cérébrales chez certains patients, notamment dans les régions du cerveau impliquées dans le langage et la cognition sociale. La biologie moléculaire à quant à elle conduit à l’identification de nombreux gènes dont l’altération semble conduire à une plus grande susceptibilité à l’autisme. Ces gènes sont impliqués dans des processus biologiques divers, mais nombre d’entre eux participent à la formation du système nerveux et la synthèse de substances chimiques indispensables au bon fonctionnement du cerveau, comme la sérotonine, le glutamate, l’acétylcholine ou le GABA. L’identification de leur rôle dans le développement des TED offre de nouvelles pistes de recherche pour la mise au point de stratégies thérapeutiques.

Ainsi, l'implication du GABA dans les mécanismes possibles à la base de l’autisme a contribué à l’élaboration d’une hypothèse selon laquelle un traitement diurétique, visant à réduire la concentration de chlore dans les neurones, pourrait diminuer la sévérité des troubles autistiques. L’hypothèse a été récemment testée avec un certain succès chez une soixantaine d’enfants. Un essai clinique de plus grande envergure devrait prochainement être lancé afin de confirmer l’intérêt de ce traitement.

Vidéo de Alessandro Mercuri et Haijun Park diffusée sur la revue en ligne /ParisLike /

Une autre piste prometteuse est celle de l’ocytocine : cette hormone, connue pour son rôle dans l’attachement maternel et le lien social, semble améliorer les capacités de certains autistes à interagir avec d’autres personnes. Là encore, les données obtenues sont préliminaires et restent à confirmer.

Pour aller plus loin

Les associations de malades

Expertises collectives

Actualités

Communiqués de presse

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  • Le cerveau d'Hugo (Docu-fiction écrit et réalisé par Sophie Révil, 2012)
13 décembre 2013

Vaccins et autisme : un mythe à démythifier ?

article publié sur le blog Autisme Information Science

13 décembre 2013

[Vaccines and autism: a myth to debunk?]

Traduction: G.M.
 
Ig Sanita Pubbl. 2013 Sep-Oct;69(5):585-96
Vaccins et autisme: un mythe à démythifier?
[Article in Italian]
Source
Dipartimento di Biomedicina e Prevenzione, Università degli Studi di Roma Tor Vergata.

Résumé
Remercions la vaccination pour l'incidence de nombreuses maladies graves ou invalidantes et pour la mortalité ou l'invalidité infantile résultante qui ont été considérablement réduites .  
Dans les populations , qui ne sont plus conscientes du risque de ces infections , l'attitude de suspicion et de peur à l'égard des vaccinations est en pleine expansion et dans certains cas atteint une couverture médiatique mondiale comme ce fut le cas pour la rougeole , les oreillons et la rubéole (ROR ) .  
En 1998 , un médecin britannique , Andrew Wakefield , et co-auteurs , publié dans " The Lancet " une étude dans laquelle il a suggéré l'existence d'une «nouvelle variante de l'autisme " associée à l'inflammation intestinale . Il a proposé l'administration du vaccin ROR comme possible origine du processus inflammatoire .  
L'hypothèse suggérée par Wakefield a conduit à une baisse drastique de la couverture vaccinale au Royaume-Uni et à l' incapacité d'atteindre des niveaux adéquats de vaccination dans de nombreux pays , avec une augmentation conséquente de l'incidence de la rougeole et de ses complications . Le travail de Wakefield a suscité un large débat dans la communauté scientifique et de nombreuses études menées au cours des prochaines années contredisent les résultats de la recherche du médecin anglais.  
En 2004 , le journaliste Brian Deer, a mené une enquête précise qui révèle combien la recherche de Wakefield présentait de nombreux aspects non réguliers et a été réalisée avec des objectifs essentiellement économiques .  
En 2010 , Wakefield a été expulsé du General Medical Council , tandis que le " Lancet " a retiré son article. 
La recherche scientifique menée au cours des dernières années confirme l'incompatibilité de la relation entre le vaccin ROR et l'autisme . Les associations possibles avec d'autres facteurs , tels que les processus auto-immuns, l'hyperactivation des mastocytes dans l'hypothalamus , l'utilisation du paracétamol chez les enfants génétiquement prédisposés sont présentement sous enquête .

Abstract
Thanks to vaccinations the incidence of many seriously debilitating or lifethreatening diseases and the resulting infant mortality or disability have been drastically reduced. In populations, who are no more aware of the risk of these infections, the attitude of suspicion and fear towards the vaccinations is expanding and in some cases reaches a worldwide media coverage as was the case for the measles, mumps and rubella vaccine (MMR). In 1998, a British doctor, Andrew Wakefield, and co-authors, published in "Lancet" a study in which he suggested the existence of "a new variant of autism" associated with intestinal inflammation. He proposed the administration of the MMR vaccine as a possible. cause of the inflammatory process. The hypothesis suggested by Wakefield led to a drastic drop in vaccination coverage in the UK and to the failure to achieve adequate levels of immunization in many countries, with a consequent increase in the incidence of measles and its complications. Wakefield work stimulated a broad discussion in the scientific community and many studies conducted over the next few years contradicted the research results of the English physician. In 2004, journalist Brian Deer conducted an accurate investigation that revealed how the Wakefield research presented many not regular aspects and was performed with predominantly economic objectives. In 2010, Wakefield was expelled from the General Medical Council, while the "Lancet" retracted the paper. The scientific research conducted in recent years confirm the inconsistency of the relationship between MMR vaccine and autism. The possible association with other factors, such as autoimmune processes, hyperactivation of mast cells in the hypothalamus, use of paracetamol in genetically predisposed children are currently investigated.
PMID: 24316883

13 décembre 2013

autisme : reparlons de la France ... article de décembre 2012 ... l'évolution est-elle au rendez-vous ?

article publié dans les inRocks

“Planète autisme” : et si on parlait de la France ?

18/12/2012 | 17h30

Ce soir, France 5 consacre un documentaire à l’autisme, “Planète autisme”. L’occasion de s’interroger en profondeur sur l’action des pouvoirs publics face à cette maladie qui touche près d’un enfant sur cent.

Le 20 décembre 2011, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Fillon déclarait officiellement l’autisme “grande cause nationale 2012″, expliquant que “cette distinction est un message d’espoir en direction des personnes autistes et de leurs familles. Avec cette cause nationale, nous voulons leur dire que nous allons combattre ensemble les méconnaissances et les préjugés qui ont longtemps entouré l’autisme dans notre pays, et c’est ainsi que nous remplirons notre devoir collectif qui est de signifier à chaque personne autiste qu’elle a le droit au respect le plus absolu et à une insertion dans notre vie sociale.” 

Un an plus tard, François Fillon n’est plus Premier ministre et, comme on a pu le constater ces derniers temps, d’autres causes bien plus importantes, du moins pour lui, l’accaparent entièrement. C’est Marie-Arlette Carlotti qui, dans le gouvernement actuel, est en charge du dossier autisme. En tant que ministre déléguée auprès du ministère de la Santé, en charge des personnes handicapées, elle a promis pour janvier 2013 le lancement d’un nouveau “plan autisme” axé sur un dépistage plus précoce et plus systématique ainsi que sur une formation améliorée du personnel prenant en charge l’autisme. Les intentions semblent bonnes, mais en attendant de pouvoir juger sur pièce cette nouvelle initiative, l’année 2012 s’achevant, il faut s’interroger sur ce que le label de “grande cause nationale” a concrètement apporté aux familles qui, jour après jour, doivent composer avec l’autisme.

“La France est en retard”

La chose est souvent dite mais il faut encore la répéter : la prise en charge de l’autisme en France est un scandale. Il existe de nombreux pôles d’action, mais ils ne sont ni assez coordonnés ni assez accessibles. “La France est en retard, confirme le docteur Chabane, psychiatre spécialisée dans l’autisme et chercheuse à l’INSERM, ce retard affecte à la fois les programmes d’intervention précoce et les techniques de rééducation, de pédagogie et d’accompagnement des personnes.” Les parents d’enfants autistes ont parfois l’impression décourageante de batailler non seulement contre une souffrance psychologique et de grands soucis pratiques, mais aussi contre un certain abandon des pouvoirs publics. Une double peine d’autant plus inexcusable que l’autisme n’est pas une maladie rare. Selon un récent rapport de l’INSERM, un enfant sur 110 serait atteint de “troubles du spectre autistique”, catégorie regroupant le syndrome autistique, le syndrome Asperger (autistes de très haut niveau) et des troubles non spécifiés mais apparentés aux TED (Troubles Envahissants du Développement).

Par ailleurs, la France compterait entre 300 000 et 600 000 personnes autistes (on notera le flou nimbant ces chiffres). En réalité, bien des diagnostics ne sont pas établis, ou tardivement, soit parce que les parents ont manqué d’informations, soit parce que les pédiatres, pédopsychiatres ou psychanalystes auxquels ils se sont d’abord adressés n’ont pas su identifier correctement les symptômes. Mais même lorsque les bons rendez-vous sont pris, il n’est pas rare d’attendre un an avant que le diagnostic ne soit finalement établi. Pourtant, tous les praticiens s’accordent à dire que plus tôt la pathologie est détectée, meilleurs seront les effets de la prise en charge. Les parents se heurtent là à une contradiction. Ce n’est que la première.

Plusieurs approches

Passé le choc de l’annonce, viennent les interrogations sur l’origine du handicap. Les tenants du “tout psychologique” s’opposant à ceux du “tout génétique”, les réponses varient selon les interlocuteurs. Les spécialistes les plus sérieux admettent qu’on ne sait toujours pas quelles sont les causes réelles de l’autisme. Au scénario familial ou traumatique longtemps avancé par la psychanalyse se substitue aujourd’hui une théorie plus scientifique : l’autisme est un trouble neuro-développemental affectant les fonctions cognitives du sujet et entraînant une forme d’incapacité à communiquer et à interagir avec le monde extérieur. L’absence de parole, l’intolérance à tout changement, même infime, les débordements colériques et la fascination pour les mouvements répétitifs, principales manifestations de ce handicap, ne pourront que s’aggraver faute de soins appropriés. D’après le Dr. Chabane, “le but est d’offrir une vie sociale à la personne autiste. Il est donc essentiel de lui donner un outil lui permettant de ne plus être coupée du monde extérieur.”

Plusieurs techniques de communication alternative existent, qui peuvent amener certains autistes à s’exprimer, même partiellement, et sans forcément passer par le langage oral. Il s’agit notamment du PECS, qui repose sur l’utilisation de pictogrammes, et du Makaton qui s’appuie également sur le langage des signes. D’autres techniques dites comportementales, comme l’ABA, cherchent à établir une relation entre le sujet autiste et son entourage en suscitant le désir par des objets “renforçateurs” (apportant une satisfaction immédiate). L’échange est constamment stimulé afin de permettre à l’enfant de s’ouvrir progressivement à l’altérité et d’acquérir des compétences fondamentales.

La difficulté consiste à trouver l’outil le mieux adapté à chaque individu. “Pour bien s’occuper d’un enfant autiste, explique le Dr. Chabane, il faut connaître clairement son mode de fonctionnement, puis travailler sur sa socialisation, sa communication, sa compréhension de l’environnement, son comportement, et favoriser son autonomie. Il est donc nécessaire d’adopter une approche multiaxiale, d’utiliser le maximum de compétences et de connaissances. La méthode unique n’existe pas. Une seule technique ne peut pas s’adapter à tous les enfants.” 

Mais selon qu’ils se sont adressés à des centres médico-psychologiques (CMP), à des hôpitaux ou à des praticiens indépendants, les parents sont souvent orientés vers des pratiques radicalement opposées et risquent, à expérimenter tout et son contraire, d’exposer leur enfant à des démarches stériles. Généralement, on leur proposera des séances d’orthophonie et de psychomotricité, au mieux supervisées par un pédopsychiatre. On leur parlera aussi de structures publiques du type SESSAD (Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile) où les places sont si rares qu’il faut parfois attendre des mois avant d’en voir une seule se libérer. Or, la sortie des comportements stéréotypés qui isolent le sujet autiste du monde suppose une stimulation de chaque instant. Pour améliorer vraiment la vie de leur enfant, les parents doivent donc se tourner vers des structures expérimentales. Presque toujours montées par des parents, elles sont trop peu nombreuses, n’ont que peu de places à offrir et, dans leur majorité, sont payantes.

Le problème du coût

Ce qui met au jour un nouveau problème : le coût de la prise en charge. L’aide financière des MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées) est loin de couvrir tous les frais entraînés par une solide prise en charge. Le combat contre l’autisme exige une très grande disponibilité des parents. Pour s’occuper au mieux de leur enfant, il arrive fréquemment que l’un d’eux soit contraint de ne plus travailler, ce qui, évidemment, réduit la capacité du foyer à fournir les sommes nécessaires à la rééducation. C’est le cercle vicieux auquel sont confrontées des familles qui, en plus d’avoir un quotidien pour le moins compliqué par l’autisme de leur enfant, se retrouvent en situation de ne pouvoir lui apporter toute l’aide nécessaire, faute de revenus suffisants.

Le 9 février dernier, François Fillon affirmait pourtant :

“Nous ne pouvons plus accepter que les proches, que les aidants familiaux soient livrés à eux-mêmes et soient laissés sans repères. Ici encore, des initiatives fortes ont déjà été prises pour leur apporter un concours renforcé.

A vrai dire, ces “initiatives fortes” sont restées invisibles au plus grand nombre et les situations de grande détresse psychologique et financière ont continué de se multiplier. Si l’enfant est trop lourdement handicapé, les parents les moins favorisés ou ne pouvant aménager leur temps de travail n’auront d’autre choix que de le placer en hôpital de jour ou en IME (Instituts Médico-Educatifs). Mais là encore, les places sont plutôt rares, et l’enfant, qui s’y trouvera mêlé à des personnes atteintes de pathologies diverses, ne pourra bénéficier pleinement des soins propres à son handicap.

Comment scolariser les enfants autistes ?

La France ne saurait-elle que faire de ses enfants autistes ? On pourrait le croire en voyant surgir une difficulté supplémentaire : la scolarisation. Les apprentissages et la socialisation par l’école s’avèrent parfois très bénéfiques aux enfants autistes. Or, seuls 4% d’entre eux seraient scolarisés. Officiellement, les écoles doivent accueillir les enfants handicapés mais les instituteurs, qui ne disposent d’aucune formation spécifique, sont souvent fort embarrassés par ces élèves au comportement inhabituel qu’ils redoutent de voir perturber des classes déjà surchargées. L’affligeante pénurie d’AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire), presque pas formés et très mal payés, n’arrange rien. Quand ils ne refusent pas d’accepter des autistes, la plupart des établissements ne leur offre que quelques heures de classe. Le reste du temps, c’est aux parents de le gérer comme ils peuvent.

L’autisme : grande cause nationale

Si le label de “grande cause nationale” a eu un mérite, c’est donc d’avoir fait parler de l’autisme. Pour le reste, tout ou presque est encore à faire. Dans un premier temps, il est indispensable d’améliorer la formation. Aujourd’hui encore, ce n’est que sur le terrain ou de leur propre initiative que les psychiatres, orthophonistes et éducateurs spécialisés se forment aux techniques relatives à l’autisme. Par ailleurs, le Dr Chabane insiste sur la nécessité d’une perception plus globale :

“On n’avancera pas tant qu’on ne couplera pas la pratique clinique aux données de la recherche. Il faut un aller-retour permanent entre ces deux mondes. Cela ne se fait pas avec le dynamisme suffisant. Donnons-nous les moyens de changer notre façon d’agir et d’accompagner les personnes autistes en formant les gens, en changeant les pratiques et en développant la recherche.”

Les autistes eux-mêmes ne trouvent guère d’intérêt à être l’objet des querelles dogmatiques entre psychanalystes1 et comportementalistes. Le passage d’un gouvernement à l’autre leur est indifférent. L’harmonisation de tous les outils thérapeutiques dont l’efficacité a pu être démontrée et une approche transversale dépassant les clivages méthodologiques et politiques leur serait autrement bénéfique. Il est indispensable de s’engager résolument dans cette voie. Car les autistes, ces êtres à la fois autres et si semblables à nous-mêmes, auxquels il faut tout apprendre et qui ont tant à nous apprendre, mettent en question l’humanité de notre société. Il est plus que temps qu’elle leur en donne la preuve.

Louis-Jullien Nicolaou

Planète autisme, mardi 18 décembre France 5, 18h30

*Depuis des années, les associations de parents d’autistes, soutenues par de nombreux praticiens, livrent une lutte acharnée contre les graves dérives théoriques et pratiques d’une certaine psychanalyse qui, de son côté, se montre farouchement opposée à toute approche autre que la sienne. Dans son rapport paru en mars, la HAS (Haute Autorité de Santé) a tranché en qualifiant pour la première fois la psychanalyse de « non consensuelle » dans l’approche de l’autisme. Les associations s’en sont réjouis et, à lire dans la presse les déclarations délirantes des plus sectaires de leurs adversaires, on ne peut que les comprendre.

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