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"Au bonheur d'Elise"
psychanalyse
7 juillet 2016

Le RAAHP faux représentant des autistes et de leurs familles

6 juil. 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot

L’association RAA"HP" se félicite de la création d'un CAP, avec une pétition. Mais le RAA"HP" est un groupuscule qui ne sert qu'à soutenir les professionnels qui ne veulent pas évoluer dans la prise en charge de l'autisme.

Le RAA »HP » est reparti pour un tour.

Il commence par se prétendre association de familles :

« Nous sommes un rassemblement d’associations de familles. Cela est bien précisé dans nos statuts qui prévoient que les parents doivent être majoritaires au CA ainsi qu’au bureau et que le Président doit être un parent. Cependant, comme la plupart des associations de familles de personnes handicapées, nous sommes très contents d’avoir aussi de nombreux amis parmi nos adhérents. Nous avons même proposé à certains d’entre eux de faire partie de notre conseil d’administration et nous les remercions pour tout ce qu’ils apportent à nos échanges et à la construction de notre mouvement. »

La grosse arnaque !

Dans le Conseil d'Administration de l'association : 9 personnes sur 16 sont des professionnels, soit plus de la moitié.

  1. Christine Gintz - Psychiatre psychanalyste - secrétaire général 
  2. Maria Alba de Luna – psychologue clinicienne – trésorier adjoint
  3. Marie Allione – pédopsychiatre
  4. Marie-Dominique Amy – psychologue clinicienne
  5. François Ansermet – pédopsychiatre
  6. Loriane Brunessaux Belahssen - Psychiatre
  7. Graciella Culere Crespin - Psychanalyste
  8. Philippe Pétrin – psychologue clinicien
  9. Myriam Garing – directrice établissements médico-sociaux – CMPP La Passerelle – La Croix Rouge/réseau Préaut

2 de ces professionnels ont aussi signé la pétition des 111 parents. Formellement, on peut dire que la majorité du CA est constitué de parents ... Ouais ...

A noter que les membres du Comité de Soutien sont membres honoraires du RAAHP. Un place de choix pour les professionnels qui n'ont pas besoin de payer de cotisation.

Le RAA « HP » dit également :« De nombreux parents et d’autres associations nous ont rejoints. »

Associations de parents membres du RAAHP

  • Autisme Liberté
  • Autisme Pluriel
  • La Main à l’Oreille
  • La Main à l’Oreille asbl (Belgique)
  • Pélagie
  • Autisme Espoir vers l’Ecole

En plus donc de La Main à l'Oreille, Pélagie et Autisme Liberté, qui a rejoint le RAAHP ? Autisme Pluriel, qui est une coquille vide impossible à contacter. Voir . Et AEVE (méthode des 3i), qui représente beaucoup de personnes, mais qui est vraiment une pièce rapportée : rien à voir avec la psychanalyse. Elle n'est pas représentée au CA du RAA « HP ». Les membres d'AEVE ne signent pas la pétition des 111 du « RAA HP », et les autres membres du RAA « HP » ne signent pas la pétition d'AEVE (5000 signatures).

Il est donc impossible de prendre au sérieux ce prétendu rassemblement d'associations de familles, qui n'est là que pour servir de paravent aux professionnels bien installés dans les institutions sanitaires ou médico-sociales.

Comment des parents peuvent être complices des carences des institutions ?

Le président du RAA « HP » a écrit un article dans le livre coordonné par Marie-Dominique Amy – psychologue clinicienne – membre également du CA du RAA « HP ».

Autismes : spécificités des pratiques psychanalytiques 

On y apprend que son analyse a été menée par François Ansermet – pédopsychiatre suisse, membre également du CA du RAA »HP ». On reste entre soi.

Il développe son point de vue personnel. Les théories des psychanalystes ne le dérangent pas, parce qu'elles portent la responsabilité de l'autisme sur la mère ! Donc, il n'est pas concerné. D'autre part, puisqu'il s'agit de « processus inconscients », les parents ne peuvent être culpabilisés par ces théories. Enfin, pour lui, l'attribution de causes génétiques à l'autisme est culpabilisante pour les parents.

Il sélectionne ensuite les travaux scientifiques, en s'appuyant sur ceux d'Amy Klin et de Jacqueline Nadel, et en les mélangeant avec les théories sur le mamanais de MC Laznik (qui ne sont pas appuyées par un travail expérimental). Pour lui, cela prouve que l'autisme est un trouble relationnel, parce qu'il n'apparaît pas avant 6 mois et que ses manifestations dépendent du comportement des tiers. Ce n'est donc pas un trouble cognitif inné, selon lui.

Libre à lui d'alimenter son masochisme personnel. Mais c'est une lecture biaisée de la littérature scientifique. Il vaut mieux se reporter à l'état des connaissances sur l'autisme publié en 2010 par la HAS.

Les différents appels, pétitions, lettres ouvertes n'auront pas de mal à obtenir des signatures de professionnels. C'est un peu plus difficile d’obtenir le soutien de personnes autistes et de leurs familles. Le RAA »HP » sert d'alibi. C'est triste.

Les principaux enjeux aujourd'hui sont :

  • le contrôle par les ARS des pratiques du secteur sanitaire, notamment des hôpitaux de jour;
  • les recommandations HAS et ANESM pour les adultes autistes;
  • le 4ème plan autisme.

Le RAA"HP" est très impliqué dans les recommandations sur les adultes autistes, puisqu'un des membres de son CA est chargé de projet.

Suivant un article du "Figaro", la FFP (fédération française de psychiatrie) est très satisfaite de la préparation de ces recommandations.

Le Dr Moise Assouline, chargé de projet également, aurait déclaré au CTRA (Comité techique régional autisme) d'Ile de France que les futures recommandations adultes seraient différentes des recommandations 2012 concernant les enfants.  Curieux, cette déclaration malgré l'obligation de confidentialité. J'ai du mal à imaginer que des études scientifiques depuis 2012 aient révolutionné la prise en charge de l'autisme  !

Il ne reste qu'à souhaiter que l'agitation des lobbys soit ramenée à sa juste proportion. 

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1 juillet 2016

Isère : justice prolonge le placement de 3 enfants autistes

 

Résumé : Nouvelle étape dans la bataille judiciaire de Rachel, séparée de ses 3 enfants autistes. La justice confirme qu'ils doivent être "protégés de la représentation invalidante et alarmiste" que leur mère a d'eux. Son avocate fait appel.

Par , le 25-06-2016

Un juge des enfants du tribunal de Grenoble a confirmé le 24 juin 2016 le placement de trois enfants autistes, dont les associations ont fait un cas emblématique "de placement abusif" dû, selon elles, à une méconnaissance de ce handicap. "Les éléments de danger à l'origine de l'éloignement des mineurs ont été abondamment développés dans les décisions de justice (précédentes, ndlr) et conservent leur pertinence à ce jour. La demande (...) de voir lever les placements en cours ne peut donc qu'être rejetée", écrit le juge dans une décision consulté par l'AFP, en prolongeant le placement jusqu'au 30 juillet 2017. L'avocate de la mère, Me Sophie Janois, a indiqué qu'elle ferait appel de ce jugement. Les trois enfants, deux garçons de 5 et 7 ans et une fille de 10 ans, sont placés séparément en famille d'accueil et en pouponnière depuis l'été 2015. Leur mère, prénommée Rachel et qui réside à Saint-Marcellin (Isère), ne les voit que deux fois par mois lors de visites tenues en présence d'un tiers.

Un comportement maternel inquiétant

Dans un arrêt de février 2016, consulté par l'AFP, la cour d'appel de Grenoble avait estimé que les enfants devaient être "protégés de la représentation invalidante et alarmiste" que leur mère avait d'eux. Les magistrats décrivaient un "comportement maternel inquiétant", empreint de "nomadisme médical" parasitant la scolarité des enfants, leur mère s'obstinant "à vouloir confirmer sa perception d'un handicap chez ses enfants". La cour soulignait aussi la "bonne évolution globale des enfants" depuis leur placement, ce qui "pourrait venir d'ailleurs corroborer le diagnostic de syndrome de Münchhausen par procuration" (la mère rendant ses enfants malades). Les trois enfants ont pourtant été diagnostiqués autistes par l'équipe du Dr Sandrine Sonié, coordinatrice du Centre de Ressources Autisme Rhône-Alpes, selon les associations qui soutiennent Rachel. L'aînée est atteinte du syndrome d'Asperger, comme sa mère. Le cadet est atteint d'un trouble envahissant du développement non spécifié. Enfin, le benjamin présente les signes "d'un trouble du spectre de l'autisme", selon l'arrêt de la cour d'appel.

Une sensibilisation des magistrats ? 

Près de deux cents associations soutiennent le combat de Rachel. Le 25 janvier 2016, devant le congrès d'Autisme France, la secrétaire d'État aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, s'était dite "totalement mobilisée pour que cette maman puisse le plus rapidement possible retrouver ses trois enfants". Au coeur du problème, les associations dénoncent les "dysfonctionnements" de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et une "vision préhistorique de l'autisme" basée sur une approche psychanalytique. Pour faire face à ce genre de situation, le Gouvernement a décidé, en avril 2016, d'annexer au plan autisme une fiche qui vise à prendre en compte les spécificités des troubles du spectre de l'autisme dans le processus de décisions en protection de l'enfance. En d'autres termes, à sensibiliser les magistrats et les professionnels concernés à ce type de troubles visiblement encore méconnus (article complet en lien ci-dessous).

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

11 juin 2016

La pédopsychiatrie en danger de mort ? 3/3

10 juin 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot
La « profession » (Conseil National Professionnel de Psychiatrie ) prétend que la protection sociale est menacée par on ne sait quelles mesures. Les contrôles des hôpitaux de jour par les ARS valent-ils vraiment cette levée de boucliers ?

Protection sociale menacée ?

Je reviens sur la question de la protection sociale menacée.

« certains courants hostiles au système de soins et à la protection sociale se targuent d’avoir droit d e cité dans les cabinets de nos ministères.  (…) Sous prétexte de désaliénisme, des intérêts privés se sont imposés dans des domaines qui relevaient jusqu’ici du service public et de l’université. Des organismes en conflit d’intérêt remportent des appels d’offres sans concurrence. » 

Des intérêts privés menacent la protection sociale ? Certes, quand les associations critiquent les soins apportés aux personnes autistes dans les hôpitaux de jour, on peut dire qu'elles sont «  hostiles au système de soins «  tel qu'il est actuellement.De là à dire qu'elles sont hostiles à la protection sociale : il y a des baffes qui se perdent.

Derrière les « intérêts privés » qui s'imposent «  dans des domaines qui relevaient jusqu’ici du service public et de l’université », que voit- on ? La Générale de Santé , MédiPôle Partenaires, Elsan, Korian, Orpéa, DomusVi etc … ?

Non : rien à voir à ce qu'on connaît dans les cliniques privées ou les maisons de retraite.

Il s'agit seulement du secteur médico-social à but non lucratif, dont les mastodontes sont l'UNAPEI et l'APAJH. Certes, c'est juridiquement du « privé », mais on joue sur les mots pour affoler la gauche (c'est une lettre au Président de la République). Mais c'est souvent aussi du « service public », qui ne peut être réduit au secteur hospitalier public.

 Pour prendre l'exemple de l'UNAPEI (avec ses 3000 établissements), il y a bien longtemps qu'elle s'est imposée – et que les déficients intellectuels ne relèvent pas du « service public [comprenez HP] et de l’université », bien heureusement.

Il faut raison garder par rapport à ces organismes et lobbies qui seraient en train de mettre en péril la protection sociale ! Il y a eu 23 structures expérimentales associatives financées dans le cadre du 2ème plan autisme, dispersées entre diverses associations. Si on cumule avec les établissements de Sesmae-Autisme, du Groupement de Coopération Médico-Social d'Autisme France, (une vingtaine), des autres assos membres d'AF (une quinzaine), d'AFG Autisme, d'Agir et Vivre l'Autisme … est-ce qu'on arrivera à 200 établissements ?

Les attaques contre le secteur associatif sont imprécises, mais vicieuses. Ainsi dans ce texte de Brigitte Chamak

« Le marché privé de l’autisme se développe : une aubaine pour les psychologues comportementalistes qui, par l’intermédiaire des associations, s’assurent une clientèle, mais aussi pour les établissements privés de gestion qui étendent leur influence. Certains parents intègrent les conseils d’administration d’associations pour asseoir leur crédibilité et créer leur propre structure.

D’autres, anciens présidents ou membres d’associations de parents, fondent leur société de gestion d’établissements. Certains même sont à l’origine d’une réclamation collective au niveau de l’Europe pour critiquer le système public français. » 

On pourra y reconnaître André Masin, président de l'AFG Autisme, dont la femme, Evelyne Friedel, en tant que présidente d’Autisme Europe, a mené l'action qui a fait condamner la France. Mais est-ce qu'il ne s'agit pas de l'activité associative classique dans le secteur du handicap, tantôt militante, tantôt gestionnaire de services à but non lucratif ?

Je rejoindrai cependant Brigitte Chamak sur le fait que se développe un marché privé de l'autisme «  pour les psychologues comportementalistes » ou d'autres métiers, comme les éducateurs spécialisés. Elle a montré elle-même pourquoi : ce sont les pédopsychiatres du secteur public qui eux-mêmes recommandent aux familles favorisées d'aller voir ailleurs.

Les associations cherchent désespérément à trouver des psychologues et des éducateurs pour les personnes autistes. Dans de nombreux cas, ce sont les associations ou les parents qui assurent la formation.

Ce marché est cependant si fragile que les services (dans le médico-social comme le sanitaire) accueillant des personnes autistes recrutent dans ce personnel expérimenté et formé par les associations ! Il n'est pas étonnant que les personnes préfèrent un emploi garanti, une convention collective, un contrat à temps plein etc...

On peut espérer que les nouveaux PCPE (pôles de compétence et de prestations externalisés) permettent une consolidation de ce petit secteur - en le « socialisant », si opn peut dire, par l'intermédiaire des établissements médico-sociaux qui en assureront la gestion.

A avis, l'autisme n'est pas vraiment privatisable. Il s'agit d'un handicap permanent et lourd. L''exemple de la privatisation de la santé aux Pays-Bas montre que les risques lourds ne peuvent faire l'objet d’une concurrence. 

Quelques exemples : Limousin, Québec, New Brunswick

On ne peut se satisfaire pour autant de la situation actuelle, avec un secteur sanitaire apparemment décidé à ne pas bouger. On peut prendre l'exemple de la région du Limousin.

 L'ARS du Limousinl a décidé de mettre en œuvre une politique coordonnée de l'autisme. Cette politique a été définie et suivie par un large comité de pilotage

  • Des mesures budgétaires ont permis cette politique : financement par le FIR (fonds d'intervention régional) et prélèvement de seulement 1% du budget des hôpitaux.

  • Les moyens mis en place par le Centre Expert permettent une prise en charge intensive pendant 2 ans de tous les enfants diagnostiqués dans la région, en suivant la méthode de Denver (ESDM)

  • Ce sont aux parents de choisir entre ce centre Expert et la prise en charge en hôpital de jour. Ce n'est pas très difficile d'imaginer ce que tous choisissent.

Le centre expert ne dépend pas du pôle psychiatrie de l'hôpital, mais reste dans le secteur sanitaire.

Au Québec, une structure publique a été mise en place. LE CENTRE DE [ EN DÉFICIENCE INTELLECTUELLE ET EN TROUBLES ENVAHISSANTS DU DÉVELOPPEMENT DE MONTRÉAL (CRDITED de Montréal) est un établissement du réseau de la santé et des services sociaux offrant des services spécialisés d’adaptation et de réadaptation à plus de 4500 personnes qui présentent une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA). 

Le secteur hospitalier continue à faire les diagnostics et l’évaluation, le CRDITED faisant la prise en charge (un seul psychiatre dans ses salariés).

Autre exemple : la Province du New Brunswick - Canada

Depuis de nombreuses années, la province de New Brunswick au Canada [800.000 habitants, comme le Limousin ou le Finistère] a décidé d'assurer une prise en charge gratuite de tous les autistes jusqu'à 18 ans.

L'université du New Brunswick assure la formation de tous les intervenants dans tous les milieux de vie. D'où l'intérêt pour les Universités françaises de s'appuyer sur cette expérience, ce qui est la tâche assignée à l'Université de Clermont-Ferrand dans le cadre du 3ème plan.

La prise en charge est intensive si nécessaire, et est variée en fonction des besoins de l'individu. Elle est basée sur l'ABA Autisme.

Le point faible est l'absence de politique publique après 18 ans : en cas d'autisme sévère, il n'y a plus de prise en charge suffisante.

A travers ces quelques exemples, il est possible de voir qu'une politique publique de l'autisme peut être menée, sans que cela mène au développement d'un marché privé – consubstantiel au comportementalisme pour le collectif des 39 !

Mais cela implique des choix politiques. Et ne pas laisser le champ libre au conservatisme de la psychiatrie hospitalière.

Retour en arrière au Québec ?

Nos amis psychiatres disent encore : « Des exemples de Bonnes Pratiques dans des pays étrangers sont avancées comme modèles mais ce sont précisément les mêmes qui aujourd’hui dans ces pays sont critiquées pour leurs effets pervers, après des années d’aveuglement et de dépenses inutiles. «  

L'exemple du Québec étant donné, voilà le résultat d'un forum en février 2016 : 

  1. Assurer la mise en place du rôle de l’intervenant pivot en vue d’améliorer la coordination et la concertation des différents partenaires concernés.

  2. Améliorer l’accès et s’assurer de la qualité de l’application de l’Intervention comportementale intensive (ICI) dans les différents milieux de vie de l’enfant.

  3. Assurer, dans le respect des rôles de chacun, le transfert des connaissances auprès des partenaires privilégiés, notamment les parents et les services de garde à l’enfance, quant aux modes d’intervention à employer.

    « L’état des connaissances permet d’affirmer que c’est lors de la première année de participation à l’ICI que les progrès de l’enfant sont les plus significatifs. Des données expérientielles indiquent que l’ICI génère peu d’effets chez certains enfants. Dans tous ces cas, il existe peu de balises cliniques ou de connaissances scientifiques permettant aux établissements d’offrir d’autres services appropriés et ce, de façon harmonisée pour tout le Québec. « 

Et pour enfoncer le clou, voilà une partie des gracieusetés de Laurent Mottron au sujet de nos psychiatres français, qui s'oppose pourtant aux pratiques de l'intervention comportementale intensive précoce dans son dernier livre  [L’intervention précoce pour enfants autistes - Nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence] très intéressant :

« Les visions obsolètes s'effondrent le plus souvent d'elles-mêmes, sous la pression du temps qui passe et de la force d'évidences de visions autres. (…) La France a mis à jour récemment le caractère anachronique et indéfendable du diagnostic et de la prise en charge qui régissait l'autisme sur son territoire. On s'accorde à mettre fin à une période pendant laquelle la France faisait figure de secte sur ces questions à l'égard de la rationalité dominante ailleurs. »

Je voudrais être aussi optimiste que Laurent Mottron. Le cadavre bouge encore !

Et aucune velléité de retourner à la psychanalyse au Québec. Rappelons ce que Laurent Mottron écrivait en 2013 : "Le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi totalité un travail remarquable. Je soutiens sans réserve l'approche éducative, – tous les autistes doivent aller à l'école régulière par défaut, avec accompagnent si nécessaire – comme je soutiens les thérapies cognitivo-comportementales pour les autistes verbaux. Ces dernières n'ont rien à voir avec les interventions comportementales précoces ou ABA, qui s'adressent aux enfants d'âge préscolaire, et que je désapprouve – mais les français mélangent tout dans le domaine, il n'y connaissent rien faute d'y avoir été exposé à cause de la psychanalyse, et ne font aucune nuance entre des techniques qui n'ont à peu près rien à voir entre elles.(...) Alors que pour moi la psychanalyse n'a rien à dire ni à faire avec l'autisme. La psychanalyse est une croyance, une pratique qui doit rester limitée à un rapport entre adultes consentants. On doit la sortir du soin, des enfants en particulier (et pas seulement de l'autisme). Je suis parti au Canada pour fuir cela il y a vingt ans."

Les contrôles des ARS

Dans le dernier dossier sur l'autisme de "L'école des parents" (n°619), où les psychanalystes s'expriment largement, il y a cet échange (p.3ç) :

  • « Catherine Vanier : Mais reconnaissons aussi que certains psychanalystes et psychiatres se sont tiré une balle dans le pied en proposant aux enfants autistes et à leur famille des thérapies complètement inefficaces, ou en leur tenant des propos insensés !
  • Bruno Falissard : C'est pour cette raison que les centres de soins psychiatriques doivent accepter les inspections de l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales). Tout le monde a le droit de savoir ce qui se passe au sein de ces structures de soin. »

Je crois que nous touchons là aux raisons de la levée des boucliers des « professionnels » de la pédopsychiatrie : les inspections des services de pédopsychiatrie des hôpitaux par les ARS. Car il n'y a pas de mesures nouvelles dans le 3ème plan autisme (appliqué très partiellement).

Le syndicat des psychiatres hospitaliers s'est furieusement élevé contre. 

Puis, dans un nouveau courrier, il donne carrément des consignes de réponse. Sur le thème : les cliniciens font ce qu’ils veulent. Foin bien sûr des recommandations de la HAS.

Gille Bouquerel, psychiatre en retraite, écrit sur Mediapart à ce sujet : « Et rien sur 90 % des recommandations (…) Sur tant de points cruciaux, pas une question, ce qui invalide toute valeur probante à une telle grille, et expose à des erreurs manifestes d’appréciation à la chaîne.

Je note d'abord qu'il est curieux qu'un psychiatre à la retraite ait connaissance de la grille d’évaluation qui est utilisée par les ARS pour ses inspections du secteur sanitaire. En effet, le Ministère a refusé de les communiquer aux associations et au comité de suivi du plan autisme, pour des raisons de confidentialité et pour éviter que les services inspectés aient connaissance au préalable de cette grille.

Mais, pas de pot, le syndicat des psychiatres l'a diffusée.

On aurait certes aimé que les inspections se basent sur l'instruction ministérielle du 18 décembre 2015 qui porte « sur l’évolution de l’offre des établissements et des services médico-sociaux au travers de la diffusion d’un outil d’appui à l’évolution de l’offre qui s’insère dans la démarche qualité de ces structures, préalable à la délégation des crédits prévus dans le plan pour appuyer cette évolution. "  

Elle concerne les établissements médico-sociaux. Cette grille, qui a utilisé le référentiel Qualité d'Autisme France, fait effectivement le tour des recommandations. Cela aurait été intéressant de l'appliquer. Certains établissements médico-sociaux le font, sans attendre une inspection ou une évaluation externe.

Mais le Ministère est bien prudent. Il limite l'inspection à quelques points significatifs, dont l’application des recommandations rédigées par la Fédération Française de Psychiatrie en 2005 sur le diagnostic des enfants. Trop rapide pour arriver au cerveau des dinosaures ?

Pour l'instant, ils ne risquent pourtant rien, car ses inspections se traduiront seulement par des recommandations pour l'instant.

Mais l'idée de rendre des comptes provoque la colère de nos professionnels : « Nous sommes déterminés à faire progresser la prise en charge de l’autisme, en imposant le retour à la démocratie dans les discussions,y compris en engageant des contentieux là ou cela est nécessaire et en appelant les personnels de santé et les familles à s‘exprimer par tous les moyens autorisés par la loi.« Mazette ! C'est la révolution ?

Ce ne sera pas la première fois que la citadelle de la pédopsychiatrie manifeste sa volonté de rester sans contrôle du public.

Cf la mise en place laborieuse du CRA Pays de Loire.

Cf la volonté de l'ANCRA (association nationale des CRA) de ne pas avoir de représentant des usagers.

Cf la nécessité de la Fédération Française Sésame Autisme de se débarrasser de ses Hôpitaux de Jour (l'Elan retrouvé) du fait du refus des pédopsychiatres de tout contrôle par le Conseil d’Administration.

Mais qu'il est doux de se réfugier dans des envolées lyriques pour défendre le droit de continuer son train train sans tenir compte des besoins de son public : « Honte à vous, ministres, secrétaires d’état, élus de toutes étiquettes qui depuis le début du millénaire vous faites les héraults de l’idéologie du pire, de l’inhumanité et de l’obscurantisme. »(P. Rassat – collectif des 39)

J'ai ainsi assisté à une conférence du responsable du CMPP d'Orly, auréolé par la suite comme victime (et donc preux chevalier) de l'ARS d'Île-de-France, qui ne voulait pas valider dans le compte administratif une dépense de 80 € pour un colloque : « L'autiste et le psychanalyste ». 

Les petits enfants autistes ont tous des troubles du sommeil. « Prescrivez-vous de la mélatonine ? » : « Pas question ».

Ils sont orientés vers un orthophoniste. « C'est bien l'orthophonie précoce ! » : « Non, il faut d'abord que la parole se débloque. »

En allant chercher l'enfant non verbal pour sa séance de psychothérapie, le pédopsychiatrie remarque que la mère est en train d'échanger avec l'enfant, grâce à du matériel visuel. Il s'en étonne. C'est donc par hasard que l'échange avec un parent se réalise ? C'est vrai que le coup des mères froides nous avait été présenté auparavant ...

L'essentiel, pour ce Médecin directeur au CMPP d'Orly, psychiatre et psychanalyste à Corbeil Essonnes, responsable du Réseau Institution Psychanalyse, c'est que cette pratique, c'est « résister au discours capitaliste ».

Je me passe très bien de cet anti-capitalisme là.

10 juin 2016

L'intervention précoce pour enfants autistes - Nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence

article publié dans SCIENCE & Pseudo-sciences

Laurent Mottron. Mardaga, Coll. Émotion, intervention, santé, 2016, 250 pages, 35 €

Recension par Christine Philip

Comme l’indique son auteur, ce livre ne contient pas de nouvelles données scientifiques d’intervention, il se présente plutôt comme « une refondation des postulats, cibles et principes techniques de l’intervention comportementale intensive précoce (ICIP) » (p.11). Il constitue une sérieuse remise en question de cette intervention pratiquée aux États-Unis, au Québec et plus récemment en France. Le Royaume-Uni est le seul pays à avoir résisté à cette pratique avec ce qu’elle implique. Quant à la France, elle occupe une place particulière dans la mesure où, selon l’auteur, elle a maintenu beaucoup plus longtemps que les autres pays une interprétation psychanalytique de l’autisme dont elle peine encore à se défaire aujourd’hui. Du coup, elle se trouve aujourd’hui dans une posture de « guerrier », avec une vision binaire entre psychanalyse et sciences comportementales, en considérant que si l’on n’est pas d’un côté, on est nécessairement de l’autre ! Laurent Mottron, quant à lui, refuse cette vision binaire et n’hésite pas à remettre en cause certaines pratiques comportementales, sans pour autant adhérer à la psychanalyse dont il affirme à plusieurs reprises qu’elle est inadéquate.

L’ouvrage se déploie en six chapitres : en premier lieu, il est question de repenser l’autisme et son fonctionnement particulier, avant de s’attarder sur les résultats de l’intervention comportementale précoce dont il est montré qu’ils sont loin d’être scientifiquement prouvés, comme on l’entend souvent affirmé, notamment en France. Nous avons ensuite une présentation d’une autre approche pour les enfants autistes d’âge préscolaire, basée sur le principe de nourrir « une autre intelligence », titre de l’ouvrage précédent de l’auteur1. Dans les deux derniers chapitres, un message est adressé d’abord aux parents qui viennent d’avoir le diagnostic d’autisme, puis aux politiques chargés de mettre en œuvres les pratiques sociales. Dans cette note, nous souhaitons mettre l’accent sur les apports nouveaux de cet ouvrage, à savoir : tout d’abord une nouvelle présentation des autistes non verbaux, considérés non comme des êtres déficients et asociaux, mais au contraire comme doués d’une intelligence particulière et d’une sensibilité sociale inaperçue par les non-autistes. Puis une nouvelle intervention est proposée, susceptible de se substituer à l’ICIP. Et comme dans son ouvrage précédent, Laurent Mottron défend une autre vision de l’autisme, non seulement comme une série de déficits qu’il faut compenser, mais comme des forces à exploiter dans un processus éducatif, et si possible parmi les autres dès le début du parcours de vie.

L’auteur se propose de « refonder notre compréhension de l’autisme à l’âge pré-scolaire » (Chap. 1). Ce qui interpelle notamment dans son approche, c’est ce qui est appelé « la refondation de la socialisation autistique » (p.36-43). La conception de l’autisme comme déficit social est toujours bien présente dans le monde médical. Il est encore très fréquent d’entendre définir l’autisme comme un trouble de la communication. Quant à l’intervention précoce proposée, elle est souvent basée sur une sorte de réparation de ce déficit social qui a pourtant servi de repère pour le diagnostic, comme si l’on voulait supprimer ces signes autistiques en rapprochant l’autiste de la norme. Ce qu’il appelle « la cible sociale de l’ICIP » consiste en effet à entraîner l’enfant aux compétences sociales des autres enfants du même âge chronologique, par exemple, lui apprendre à regarder dans les yeux ou à communiquer en pointant du doigt. Selon l’auteur, faire une telle proposition revient à ne pas tenir compte du fonctionnement particulier de ces enfants, en essayant de les rapprocher du fonctionnement des enfants neurotypiques. Or ces enfants autistes non verbaux, dans le bas du spectre de l’autisme, contrairement à ce que l’on pense, ne sont pas dépourvus de compétences sociales. Le problème est qu’ils expriment leur socialité autrement, d’une façon qui n’est pas repérée, non seulement par l’entourage, mais aussi par les professionnels spécialistes de l’autisme. À ce sujet, Laurent Mottron signale une éclosion d’études scientifiques récentes sur les aspects de la socialisation des autistes (Birmingham et al, 2015, et Forgeot d’Arc et al en cours de publication). Ainsi, ces enfants autistes non verbaux, contrairement à ce que l’on croit, n’ont pas peur des autres et ne cherchent pas à les éviter. Il leur arrive même de faire des demandes à leur façon, en prenant la main de leur interlocuteur, mais ils envoient moins de signaux sociaux aux autres. Quant à leur intelligence, l’auteur fait comprendre que pendant cette période pré-scolaire, elle n’est accessible que par la voie non-verbale et se caractérise par un sur-fonctionnement perceptif, non pris en compte par les non-autistes. Ce sur-fonctionnement consiste en une capacité à discriminer certains aspects comme le mouvement, la luminosité, la hauteur sonore, etc. Dans ce domaine, des études montrent que les capacités des enfants autistes sont supérieures aux capacités d’enfants non autistes du même âge. Et une distinction intéressante est faite entre deux catégories d’autisme : l’autisme prototypique et l’autisme syndromique. Alors que le premier n’est pas associé à une déficience intellectuelle et se caractérise par un sur-fonctionnement perceptif, et se trouve très proche de la description initiale de Kanner, le second (syndromique) est associé à la présence d’une déficience intellectuelle et, comme l’affirme Mottron, une littérature abondante montre que les comportements problématiques sont associés à cette déficience. Suite à cette distinction, il faut préciser que cet ouvrage ne concerne pas les autistes syndromiques, mais seulement les prototypiques, c’est à dire « les enfants ressemblant le plus à la description initiale de Kanner, avec un tableau très marqué en début de vie, mutiques, mais sans déficience intellectuelle » (p.52-63).

Par rapport à l’intervention précoce à proposer, la première chose à faire est de regarder cet enfant autiste avant tout comme un enfant, mais en respectant ses particularités. C’est ainsi que les parents devront, aidés par des professionnels, adapter leur façon d’être parent. Mais pour éduquer ces enfants, ils auront à s’appuyer sur les mêmes principes qu’avec les autres enfants. Ainsi les intérêts particuliers de ces enfants, même s’ils ne correspondent pas aux intérêts des enfants typiques, ne doivent pas être considérés comme « des sortes de parasites que l’on devrait supprimer pour révéler le « vrai » enfant caché sous des symptômes » (p. 172). Comme le disent certains adultes autistes, « mon autisme n’est pas dans une valise à côté de moi, dont on pourrait me séparer. Je suis cet autisme » (p. 172). Ainsi pour le développement des apprentissages, il ne faut pas chercher à développer des prérequis pour qu’ils puissent apprendre. Des enfants autistes non verbaux pourront très bien savoir lire avant même de développer leur langage oral, si toutefois ils le développent. Il ne faut donc pas à tout prix vouloir développer leur langage verbal, il faut suivre leur développement atypique et leur intérêt pour les traces écrites et visuelles, alors même qu’ils ne parlent pas. Il faut tenir compte de leur calendrier développemental qui n’est pas le même que celui des enfants typiques. L’objectif de l’intervention précoce ne doit pas être de « rendre l’enfant non-autiste », mais plutôt « de lui donner accès à la culture et aux droits universels des humains selon sa manière propre » (p. 172). Au lieu de vouloir supprimer ses particularités autistiques, comme on le fait dans l’ICIP, il faut au contraire repérer ses intérêts particuliers et s’appuyer sur eux en lui fournissant du matériel adapté, susceptible de l’intéresser, pour lui permettre de développer ses compétences. Mais il importe de ne pas confondre les manifestations atypiques de l’autisme avec « les comportements problématiques qui doivent être traités en urgence par des équipes de crise », sachant que « la gestion de crise peut requérir un milieu spécialisé temporaire en cas d’échec en milieu naturel » (p. 208)…

Bref, ce qu’il convient à tout prix d’éviter c’est ce que l’auteur appelle la « professionnalisation de l’intervention précoce » en train de se développer en France, avec ce qu’il appelle deux exigences contradictoires : la première ségrégative et ultra spécialisée, avec des professionnels ABA qui se substituent aux parents vingt heures par semaine, et la seconde plutôt inclusive, avec des enseignants. Manifestement l’auteur fait le choix d’une inclusion dès le départ dans un milieu non-ségrégué, avec juste un appoint de professionnels spécialisés.

Parmi les neuf principes qui sont proposés pour guider cette nouvelle intervention destinée aux autistes non verbaux, citons en quelques-uns à titre d’exemples. Il s’agit ainsi de détecter l’intelligence de cet enfant non verbal, et même de faire le pari de l’existence de cette intelligence, ce qui correspond au postulat d’éducabilité lancé par Vygostki, car sans un tel pari on ne se lancera pas dans le processus éducatif. Il s’agit aussi de s’appuyer sur les forces et les intérêts restreints de l’enfant en mettant à sa disposition un matériel adapté, sans oublier le rôle de l’exploration spontanée et de l’activité solitaire dans les apprentissages, et de s’adosser à une tutelle latérale où l’adulte fait une activité devant l’enfant, mais sans le solliciter. Quant au dernier principe énoncé, il est un des plus importants : il consiste à « favoriser une socialisation de type autistique  ». Ce principe va à l’encontre de ce qui est proposé dans l’ICIP et en situation d’inclusion scolaire. On doit apprendre aux enfants tout-venants à respecter cette socialisation autistique, car elle les incite à accepter la différence, au lieu, comme on a tendance à le faire, d’entraîner l’enfant autiste à suivre les principes de la socialisation typique…

Dans la nouvelle intervention qu’il propose aux familles, aux chercheurs et aux politiques, Laurent Mottron est bien conscient que l’on n’en est seulement qu’au début et qu’il faudra des études comparatives avec les pratiques de l’ICIP. Il confie dans la préface de son ouvrage qu’il a longuement hésité avant de livrer ses propositions au public dans un ouvrage. Il reconnaît qu’ « il aurait pu être plus sage d’attendre la fin complète du processus, soit d’avoir montré avec des données que ce qui est proposé va plus loin que l’ICIP », mais ajoute : « j’ai, âge oblige, préféré exposer ces considérations à mi-parcours, dans l’espoir que d’autres groupes partent de cette problématique, pour accélérer la transformation de l’intervention précoce en pratique scientifiquement et éthiquement acceptable »(p. 17).

Ce que l’on peut ajouter, c’est que si l’on peut comprendre le souhait de parents et de professionnels de rapprocher l’enfant des normes sociales, on peut aussi admettre l’importance d’être attentif aux particularités autistiques et de les prendre en compte au lieu de se donner d’emblée comme objectifs de les éliminer. Que l’on cherche à faire un effort en ce sens correspond à la logique actuelle de l’inclusion scolaire et sociale, dont il est aujourd’hui beaucoup question dans les discours officiels et dans les textes de loi comme la loi de 2013 sur la Refondation de l’école qui prône « une école inclusive » accueillant toutes les différences… Ce qui caractérise le processus inclusif est bien cet effort qui doit être fait par notre système en vue d’un effort d’adaptation pour répondre aux besoins particuliers des personnes en situation de handicap. Jusqu’à présent nous avons plutôt été dans une perspective d’intégration dans laquelle on s’est plutôt soucié de leur adaptation en milieu ordinaire, ce qui correspond tout à fait à la démarche de l’ICIP. Et l’on est très loin d’avoir porté une attention excessive au fonctionnement et aux besoins particuliers de ce public… Terminons par cette remarque : « Alors que les groupes de parents ont à juste titre défendu que l’intégration scolaire pour l’autisme est un droit humain, dénié par l’hospitalisation de jour dans des cliniques psychogénétiques (d’orientation psychanalytique), ils referment ce qu’ils ont ouvert, en soutenant les techniques intensives pour la période pré-scolaire »(p. 175). Ainsi peut-être est-il temps de développer l’inclusion, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, et de diminuer le poids du médical dans notre pays ?

1 Mottron, L. (2004). L’autisme : une autre intelligence. Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle. Mardaga

4 juin 2016

Les parents d'enfants autistes comparés à des nazis ! Réponse cinglante d'une mère et du dessinateur Parfawl !!!

article publié sur Humour de Malade

nazis psychanalystes

Polémique autour d'un collectif psychiatrie : Les parents d'enfants autistes comparés à des nazis ! La réponse cinglante d'une mère et du dessinateur Patfawl !!!

La guerre fait rage dans le milieu de l'autisme. Après que l'état ait enfin bougé pour faire interdire les méthodes maltraitantes psychanalytiques envers les personnes autistes, un collectif de psychiatres pro-packing ont écrit un article qui compare les parents d'enfants autistes, les membres associatifs et l'état qui soutiennent l'interdiction de ces méthodes aux nazis de la seconde guerre mondiale et les hautes autorités de santé leur "Furher" ... Que vont-ils dire lorsque Patfawl va sortir avec sa co-auteur Maud Lacroix une BD d'humour à charge sur le thème en Novembre ? Pour répondre à cet amassé d'horreurs, quoi de meilleur que la réponse d'un parent d'enfant autiste avec un beau "comic-strip" de Patfawl pour en rire ? C'est ce que nous vous proposons ici : "Monsieur, J'ai lu attentivement votre article en prenant mon café du matin et il m'a fallu une relecture pour me décider à vous faire une réponse. J'ai d'abord pensé à une blague... mais non, vous êtes malheureusement sérieux. Vous prétextez le travail de votre inconscient pour écrire ce texte truffé d'approximations, de mensonges et d'une mauvaise fois sans limite. J'en appelle donc à votre conscience, Monsieur, pour tenter de vous ramener à la raison! Bien que je pense que dans ce cas présent, ce soit peine perdue! Voici donc ma réponse, celle d'une maman d'enfant autiste qui a usé ses petites fesses sur les bancs de la faculté de psychologie. J'utiliserais donc une technique que vous connaissez bien Monsieur, celle de vous renvoyer à vos propres questionnements. De qui avez vous peur? A quel obscurantisme faite vous référence, celui de l'avancée de la science ou le vôtre? En quoi, l'interdiction du packing remet-elle à ce point en cause votre pratique? Cette méthode définit-elle à elle seule l'accompagnement que vous proposez à vos patients? Et enfin, Monsieur, soyons sérieux un instant, la comparaison de l'interdiction du packing et la remise en question de votre travail, avec la montée du totalitarisme ne peut être que le fruit d'un inconscient qui me semble bien perturbé! Il va falloir en convenir... mais vous n'y êtes pas prêts. Et je vais vous expliquer pourquoi. Vous êtes pris dans une pratique que vous ne voulez pas remettre en question. Je le comprends, votre inconscient risquerait de chavirer si tel était le cas...et il est fort à parier que vous vous vous retrouviez à flirter avec cette folie dont vous seul détenez la définition! Je connais les théories qui vous sont chères, celles auxquelles vous vous accrochez pour garder la face. J'ai épuisé mes yeux dessus et j'en suis très fière. C'est cette connaissance qui me permet de vous accuser vous et vos collègues d'obscurantisme. Se servir de l'inconscient, le vôtre et le collectif, pour avancer vos théories est d'une mauvaise fois sans nom. Je suis persuadée que Freud se retourne dans sa tombe en ce moment. Et je suis même certaine qu'il n'aurait pas fait ce que ces dignes successeurs font, nier les évolutions de la science et de la société. Parce que, Monsieur, un bon praticien se reconnaît à sa capacité à évoluer et s'adapter. Vous ne pouvez donc pas en être un, je l'affirme. Je vais, à présent, vous faire la réponse de la maman. Je connais les institutions dans lesquelles vous pensez prendre correctement en charge nos enfants. Puisque votre inconscient vous entraîne dans des chemins tortueux, puis je encore une fois en appeler à votre conscience? Sincèrement, Monsieur, vous êtes persuadés que nos enfants sont accompagné dans le respect de ce qu'ils sont puisque la spécificité de leur fonctionnement y est nié. J'ai croisé, heureusement, de bons professionnels au sein de la sacro-sainte institution psychiatrique. Ceux qui sont capables de remettre en question leur pratique et de s'adapter à l'enfant. Ceux dont vous ne faites pas partie... Ceux qui ne se cachent pas derrière le concept de l'inconscient (que je connais bien et auquel j'adhère d'ailleurs) pour justifier des prises en charge archaïques et projeter sur leurs patients le fruit de leur propre délire. L'ex étudiante et la maman vous salue, vous, vos certitudes dangereuses et votre obscurantisme affligeant. Je salue même cet inconscient délirant qui m'a permis de jeter quelques mots ici. Ma conscience et moi même allons continuer le combat pour vous faire sortir de votre tour de verre. Vous détrôner pour que, dans l'avenir, vous ne puissiez plus approcher les enfants comme le mien. Faire en sorte que vos dogmes théoriques d'un autre temps puissent tomber dans l'oubli et faire parti de l'histoire, comme certain régime totalitaire..."

Le Vendredi 03 Juin 2016 dans sante

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30 mai 2016

Lettre ouverte à Madame Marisol Touraine et Madame Ségolène Neuville

N’hésitez pas à reprendre cette lettre en partie ou en totalité pour l’adresser à: 

Madame Marisol Touraine 

Adresse twitter @MarisolTouraine

Adresse postale : Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, 14 Avenue Duquesne, 75007 Paris

Madame Ségolène Neuville

Adresse twitter @s_neuville

Sur le site : http://www.segoleneneuville.fr/

39

Paris, 27 mai 2016

Lettre ouverte à
Madame Marisol Touraine,
Ministre des Affaires sociales et de la Santé
Madame Ségolène Neuville,
Secrétaire d’Etat aux Personnes Handicapées

Mesdames les Ministres,


C’est avec consternation et colère que nous avons pris connaissance de la circulaire du 22 avril 2016 « relative aux orientations de l’exercice 2016 pour la campagne budgétaire des établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes handicapées et des personnes âgées ». Cette circulaire, que vous avez conjointement signée, porte interdiction à tout service ou établissement accueillant des personnes handicapées de recourir à la technique dite « du packing », sauf à voir compromis son financement par l’Etat.

Nous nous élevons fermement contre cette interdiction. Une telle décision constitue une dérive grave dans la mesure où prescrire comment soigner ou traiter telle ou telle pathologie dépasse outrageusement le cadre de ce qui peut entrer dans un texte de financement. Depuis quand un législateur ou un administrateur, un gestionnaire ou un technocrate aurait-il compétence pour décider comment soigner un enfant ou un adulte ?

On ne peut que s’interroger sur les raisons de votre précipitation à profiter d’une circulaire sur le financement des services et des établissements de soin pour condamner sans appel le packing et ce, avant même que la commission pluridisciplinaire d’experts de l’INSERM chargée par vos soins d’en évaluer l’intérêt thérapeutique n’ait rendu ses conclusions. Est-ce parce que celles-ci s’annonçaient trop favorables et ne confirmeraient pas son supposé caractère maltraitant ?

En quoi le fait que des associations de familles mettent en cause le packing suffirait-il à invalider son utilisation par des professionnels compétents et bienveillants, eux-mêmes soutenus par d’autres associations de parents, le Rassemblement pour une Approche des Autismes Humaniste et Plurielle (R.A.A.H.P.) [1] par exemple ? Sur quels arguments vous fondez-vous pour disqualifier l’action d’équipes soignantes formées et expérimentées qui l’utilisent avec discernement, en accord avec les familles ? Le soulagement et l’apaisement qu’il procure à des patients gravement autistes ou psychotiques qui s’automutilent, au péril de leur vie parfois, ne suffisent-ils pas à écarter l’accusation de maltraitance dont vous l’épinglez ?

Mais il y a plus dans cette circulaire. Il y a pire même : ce que nous lisons en effet dans votre texte, au-delà de l’interdiction du packing, c’est la volonté de discréditer en raison de leur orientation théorique des équipes soignantes engagées depuis des années auprès d’enfants et d’adultes en grand désarroi et en grande souffrance psychique. Lesquelles ? Celles qui refusent de marcher au pas que cherchent à leur imposer des gestionnaires sous influence de lobbies vantant la supériorité supposée d’une éducation opérant sur le mode du conditionnement, une éducation qui rime sinistrement avec rééducation et dont les bénéfices pour les patients grands et petits, sont loin d’être aussi confirmés qu’on le prétend.

Sous prétexte de lutte contre la maltraitance, vous en venez à confisquer aux personnels des services et des établissements de soin qui œuvrent avec patience et créativité, la responsabilité et le choix de leurs outils thérapeutiques. Ne craignez-vous pas de vous faire ainsi les agents d’une autre maltraitance, celle qui se produit chaque fois qu’une directive arbitraire s’oppose à la reconnaissance de ce que la formation, l’expérience et le partage d’une équipe soignante pourraient inventer au cas par cas pour un patient qui souffre ?

Nous vivons des heures sombres dès lors que se met en place ce qui ressemble étrangement à une chasse aux sorcières : des directives sont données pour retirer les moyens de travailler à ceux qui affirment l’importance de prendre en compte la dimension inconsciente de la souffrance psychique. Les attaques venues des différentes directions à l’égard de quiconque se réfère la psychanalyse ou la psychothérapie institutionnelle pour éclairer et orienter sa pratique se multiplient. Elles ont permis aux soignants de toutes disciplines – médecins psychiatres, psychologues, infirmiers, éducateurs, orthophonistes, psychomotricien, assistants sociaux, etc. – d’accompagner des enfants et des adultes sur le chemin encombré qui mène à la liberté d’être, de créer et d’aimer. Bien entendu, cette liberté n’est pas au programme des procédures et des protocoles qui sont promus par ceux qui cherchent avant tout à « normaliser » les patients. Faut-il vraiment rêver d’une société de sujets policés, parfaitement « adaptés » au monde de la performance et de la peur entretenue ? Votre volonté affichée de réglementer dans le détail les formations, les modes diagnostiques, les techniques et les abords du soin a-t-elle pour visée l’installation d’une psychiatrie aux ordres de l’Etat ? Faut-il vous rappeler quels errements et quelles funestes tragédies ont marqué l’Histoire chaque fois qu’un Etat a voulu décréter qui et comment soigner ?

Avec cette circulaire il s’agit d’un changement qualitatif gravissime, en liant le financement d’une institution à l’interdiction d’une pratique thérapeutique. Ne serait-ce pas là une démarche qui évoque des régimes anti-démocratiques ?

En menaçant de couper les fonds à tout service ou établissement dont le personnel refuserait de renoncer à ce qui fait le cœur de son métier, soigner, pour devenir les exécutants d’une méthode unique, appliquée sans souci de la relation au patient et de sa singularité, savez-vous que vous condamnez des enfants et des adultes en souffrance à se voir abandonnés à leur malheur intime ? Savez-vous que ces enfants, ces adultes, qui vont mal, qu’ils soient autistes, psychotiques, agités, inhibés, affolés, maltraités, humiliés, etc. souhaitent avant toute chose être entendus, compris, soutenus, entourés, apaisés ? Ils demandent à rencontrer des adultes prêts à risquer une parole de vérité auprès d’eux. Ils espèrent rencontrer un lieu et des gens qui soient capable d’hospitalité envers la folie. Ne redoublez pas leur malheur en les privant de l’appui de ceux et celles qui croient encore que la parole est en partage pour tous les humains, quelles que soient leur fragilité. Ne soyez pas celles qui porteront la responsabilité d’avoir transformé des lieux de soin, vivants et accueillants pour la folie, en sinistres fabriques normalisantes.

Madame La Ministre, Madame la secrétaire d’Etat, il est encore temps d’être à la hauteur de votre devoir d’humanité. Laissez-nous œuvrer en paix pour adoucir la folie et aider ceux qui errent à trouver leur voie et leur voix. Retirez de votre circulaire ce qui la dénature. Permettez-nous de continuer à prendre soin au mieux de nos forces, de notre sensibilité, de notre créativité et de notre expérience de ceux dont la souffrance nous fait appel.

Dr Hervé Bokobza – Psychiatre

Cécile Bourdais – Enseignante-chercheure en Psychologie du Développement

Yves Gigou -Ex-Cadre sup de Santé, Infirmier de Secteur psychiatrique

Dr Paul Machto – Psychiatre

José Morel Cinq-Mars –  Psychologue clinicienne

Dr Philippe Rassat – Pédopsychiatre
Psychanalyste

Pour le Collectif des 39
http://www.collectifpsychiatrie.fr

[1] Appel des 111 Parents de personnes autistes https://blogs.mediapart.fr/le-raahp/blog/160516/appel-des-111

30 mai 2016

La pédopsychiatrie en danger de mort ? 2/3

29 mai 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot
Les associations de psychiatres ont lancé une campagne pour défendre leur pré carré dans la prise en charge de l'autisme. Elles s'attaquent aux associations d'usagers, tout en prétendant être défendus par de nouvelles associations - qui se révèlent des coquilles vides. Elles prétendent défendre la protection sociale, alors qu'elles en sont les fossoyeurs.

Hostilité à la protection sociale, dérives libérales, conflits d'intérêts ...

Les « lobbies » sont accusés de cela.

Les carences du service public, les résistances corporatistes et/ou idéologiques au changement obligent les familles à construire de nouveaux services, à rechercher des professionnels libéraux susceptibles d'assurer une prise en charge conforme aux recommandations de la HAS.

Les fossoyeurs du service public, ce sont qui ne veulent pas tenir compte de la demande sociale.

Les familles sont prêtes souvent à supporter beaucoup de choses, tant que le service public assure un minimum de prise en charge. Pourquoi devraient-elles se charger de la construction de services si elles peuvent trouver satisfaction dans les structures existantes?

De ce point de vue, le secteur médico-social est plus flexible que le secteur sanitaire : la représentation des usagers dans les conseils d'administration y est traditionnelle.

La création des Pôles de Compétences et de Prestations Externalisées (PCPE) permettra, espérons-le, une meilleure structuration de l'offre faite aux familles.

Aujourd'hui, beaucoup d'associations consacrent beaucoup d'efforts à trouver des professionnels, à les former. Et quand de nouveaux services s'ouvrent (par exemple des SESSAD autisme), ces services recrutent ces professionnels formés par les associations ! Comme les nouveaux services ne sont pas suffisants, qu'ils ne recouvrent pas la même zone géographique, les familles doivent recommencer tout ce travail, sans aucune aide financière (alors que les institutions reçoivent des financements pour les formations – sans d'ailleurs vérification si l’organisation du travail change ensuite).

Conflit d'intérêts – lobby : les termes reviennent rituellement associés dans la bouche des professionnels qui résistent à l'évolution de la politique de l'autisme.

Ainsi, sur son blog de Mediapart, Moïse Assouline avait écrit en septembre 2013 : «  Pourquoi alors un discours qui met de l’huile sur le feu ? On sait qu’il lui [M-A Carlotti] fut imposé in extremis par un autre élu de gauche, Gwendall Rouillart [sic], frère d’une personne autiste et en conflit d’intérêts. (Son chantage était de suspendre ou non la vindicte des mêmes lobbies sectaires contre sa camarade, et il a obtenu gain de cause).  " 

 Ainsi donc, être le frère d'une personne autiste met le parlementaire Gwendal Rouillard, co-président du groupe parlementaire autisme, en « conflit d'intérêts ». !

Moïse Assouline devrait donc s'inquiéter du fait qu'un des 7 chargés de projet de la HAS pour la recommandation sur les autistes adultes, le Pr Fabrice Bonnet, est le parent d'un enfant autiste. Aïe, aïe, aïe ! Conflit d'intérêts maxi !

Qui plus est, d'après sa dernière déclaration d'intérêts à la HAS, président d'une association,Autisme Pluriel. Conflit d'intérêts au carré !

 Apparemment, çà ne lui pose pas de problème que ce médecin soit un des 7 chargés de mission.

Au sujet des conflits d'intérêts et du Pr Bonnet, voir le rapport du Formindep à l'occasion du rapport sur les statines paru en juillet 2010.

 Voir plus récemment un reportage du 20H de France 2, le 11 avril 2016.

Brigitte Chamak en pédopsychiatrie

Brigitte Chamak reprend désormais les mêmes thèmes que le RHAAP et les associations de pédopsychiatres. Sa description d'un service de pédopsychiatreie était pourtant bien percutante :

"« les professionnels disent qu'ils se sont ouverts à d'autres approches de l'autisme, mais ils ne citent et ne connaissent que les théoriciens psychanalytiques de l'autisme. Ils ont été formés avec çà, et ne connaissent pas réellement les autres approches. 

  • - ils affirment travailler en lien - et non en opposition - avec les parents. Mais ils n'acceptent que les parents qui se plient à leurs conceptions. 
    - ils conseillent aux parents de niveau socio-culturel élevé de mettre leurs enfants dans des structures privées. Cette pratique sélective a couramment pour but de laisser des places à l'hôpital de jour pour les enfants dont les parents sont d'un niveau moins élevé : en effet, en l'absence d'hôpital de jour, ces parents n'auraient pas les moyens d'une prise en charge. 
    - cette sélection par les professionnels se double d'une sélection par les parents qui ont accès à d'autres sources d'information. Ces parents préfèrent fuir l'hôpital de jour et chercher d'autres prises en charge. 
    - les professionnels continuent à avoir un pronostic pessimiste de l'avenir de l'enfant. Ils considèrent donc que l'attention doit porter sur les parents et la fratrie. Ils doivent être là quand les parents auront fait leur "deuil" de l'avenir de l'enfant... 
    - au lieu de porter sur le comportement de l'enfant, le travail avec les parents consistent à rechercher dans le passé des parents. 
    - dans les structures utilisant des méthodes comportementales, au contraire, c'est le comportmeent de l'enfant qui fait l'objet d'une attention et de la collaboration avec les parents. 
    - ces structures, cependant, peuvent aussi n'accepter que les parents qui se plient à leurs conceptions. 

  • Mon enquête ethnographique a été réalisée en grande partie dans un service de pédopsychiatrie parisien d'orientation psychodynamique. Les observations se sont déroulées pendant un an et demi (d'octobre 2002 à avril 2004). D'autres établissements accueillant des enfants autistes ont fait l'objet d'observations de plus courte durée. Certains adoptaient le programme Teacch, ou l'approche ABA. En tout, dix structures ont été explorées en France : six établissements publics (deux hôpitaux à Paris, quatre en province) et quatre établissements privés à Paris, dont deux hôpitaux de jour. Pour comprendre le fonctionnement du modèle auquel se réfèrent les associations françaises de parents d'enfants autistes, le département spécialisé dans les troubles envahissants du développement de l'hôpital Rivière-des-Prairies à Montréal a également fait l'objet d'observations (mai-juin 2005). 

    Le service parisien étudié adopte une approche d'inspiration psychanalytique, qualifiée de " psychodynamique ", qui fait appel à plusieurs professionnels (éducateurs, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, éducateurs) et à différentes interventions (psychothérapeutiques, éducatives, pédagogiques, sociales, sportives et culturelles). Ce dispositif vise, en principe, à mieux comprendre la vie mentale des enfants afin d'adapter les attitudes thérapeutiques. Le chef de service témoigne que, dans les années 1960 et 1970, tous les internes étaient attirés par la psychanalyse. Beaucoup partaient faire un stage chez Bettelheim et les textes d'Anna Freud et de Melanie Klein étaient très appréciés. Les points de vue, constate-t-il, ont beaucoup changé : " À la fin des années 1960 et 1970, les parents étaient tenus responsables des troubles de leurs enfants et l'idée était qu'il fallait séparer les enfants de leur famille. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, mais d'autres excès conduisent vers le tout génétique, après le tout psychanalytique. " Pourtant, les référents psychanalytiques paraissent encore très présents dans la formation et les interprétations des psychiatres du service qui citent D. Meltzer, F. Tustin, D. Winnicott, E. Bick, L. Lebovici, G. Haag, J. Hochmann, D. Houzel. 

    Avant l'admission d'un enfant autiste, un choix préalable du psychiatre et de l'équipe est effectué lors de réunions internes. Les critères de sélection sont variés, mais l'argument principal des professionnels porte sur la priorité donnée à l'équilibre entre les enfants au sein de l'équipe. Les unités sélectionnent donc, en amont, les enfants susceptibles d'être admis. La présentation d'un nouvel enfant par le psychiatre qui dirige l'unité peut être un moyen d'orienter et d'influencer la vision des autres professionnels et de contrôler le recrutement des enfants. On observe un fort pourcentage d'enfants issus de milieux modestes ou défavorisés, pour la plupart immigrés, alors même que l'autisme touche toutes les catégories sociales. 

    Pourquoi cette concentration ? Une vingtaine d'entretiens avec des parents ont révélé que certains psychiatres conseillaient aux parents qui en avaient les moyens d'envoyer leur enfant dans une école privée plutôt que de l'inscrire dans un hôpital de jour, plus stigmatisant (mais sans frais pour les parents). Pour des raisons liées au manque de places, une sélection est pratiquée afin que les parents démunis puissent bénéficier d'interventions pour leur enfant. Dans ce cas de figure, ils n'ont pas le choix de la prise en charge. Par ailleurs, de plus en plus de familles, de milieu social moyen ou élevé, refusent d'envoyer leur enfant dans un hôpital de jour, considérant que la scolarité y est réduite à la portion congrue. Ainsi, la sélection des enfants autistes dans les hôpitaux de jour résulte, d'une part, du refus opposé par certaines familles et, d'autre part, de la sélection exercée par les psychiatres. 

    Des témoignages de parents (pas ceux du service étudié) ont cité le cas de psychiatres qui non seulement ne donnaient pas de diagnostic aux parents mais, quand ceux-ci allaient consulter dans des services d'évaluation qui le leur fournissaient, refusaient de remplir un formulaire de demande d'aide d'éducation spécialisée, au motif que " ces enfants ne devaient pas rapporter de l'argent aux parents ". Une sélection des aides par les assistantes sociales a également été signalée par certains professionnels. Ainsi, alors même qu'une loi prévoit des aides pour les parents qui ont un enfant présentant un handicap, certains professionnels de santé refusent de les leur proposer ou hésitent à le faire. Cette attitude semble marginale, mais elle a été rapportée plus d'une fois au cours des entretiens. Elle explique le besoin qu'éprouvent les parents de consulter différents professionnels, les aides nécessitant la caution d'un médecin. 

    Les réunions de synthèse sont des moments où se discutent l'historique et l'évolution d'un enfant, mais aussi le vécu et le comportement des parents, ainsi que leurs conditions de vie. La question des réactions des parents vis-à-vis de leur enfant (mais aussi des professionnels) est omniprésente : des jugements de valeur sont régulièrement portés. L'exemple de parents défaillants ou présentant des pathologies psychiatriques influence le positionnement des professionnels qui se méfient souvent, a priori, des propos de la famille. 

    Dans les établissements qui adoptent une approche psychodynamique, j'ai pu constater que la plupart des parents dont l'enfant était pris en charge n'avaient pas reçu de diagnostic. L'autisme était conçu par les éducateurs, psychiatres et psychologues comme une psychose très grave, qui laissait peu de chances d'évolution. Le terme d'autisme était d'ailleurs assez rarement employé, comme celui de handicap. Les psychiatres sont hostiles à l'usage de ce terme qui symbolise, pour eux, l'inéluctable. Au sein de l'équipe, les connaissances sur l'autisme paraissaient très fragmentaires et le diagnostic n'était souvent pas évoqué. 

    En comparaison avec un service pilote à Montréal, qui tente de développer des outils pour repérer les causes des " ruptures de fonctionnement " (par exemple, enregistrement de la fréquence cardiaque), les services qui adoptent une approche psychodynamique favorisent les interprétations qui portent sur les relations parents-enfants et produisent des jugements sur les compétences parentales. Hormis quelques exceptions, les réels échanges entre parents et psychiatres sont peu nombreux. 

    Le discours sur le partenariat est souvent démenti par les faits, même si la personnalité d'un psychiatre plus sensible au vécu des familles le rend parfois possible. Les réflexions des psychiatres, des psychologues, des éducateurs suggèrent souvent que le comportement des parents entrave le développement de l'enfant. Les parents cherchent à savoir ce qu'il faut faire à la maison, comment réagir à certains comportements de leur enfant qui agit parfois en tyran. Mais ils parviennent rarement à obtenir des réponses et des aides concrètes. Les professionnels s'attachent davantage à connaître le ressenti des parents pour anticiper leur découragement et leur désarroi, voire le danger que ceux-ci pourraient présenter pour leur enfant. Le psychiatre pose des questions sur leur réel désir d'enfant avant la naissance du bébé, la dépression ou non de la mère après la naissance, les réactions de rejet ou de violence...

     Des parents qui jugent inutile de poursuivre des consultations au centre médico-psychologique font parfois l'objet d'un signalement. Une assistante sociale est envoyée à leur domicile pour réaliser une enquête. 

    Une mère d'un milieu social moyen ou supérieur, favorable à un traitement psychodynamique7, n'a pas le même vécu et, en retour, n'est pas perçue de la même façon par les professionnels qui devinent sa réceptivité. Dans un centre comportementaliste parisien, j'ai pu constater que l'alliance avec les parents est favorisée par le fait que ce sont des parents d'enfants autistes qui dirigent et gèrent le centre. En général, les parents eux-mêmes (de milieu favorisé) ont choisi la structure. Cependant, j'ai assisté au retrait d'une fillette de six ans par des parents qui estimaient que la rigidité avec laquelle était pratiquée l'approche ABA lui était néfaste. Non seulement elle ne progressait pas, mais elle était très fatiguée et leur paraissait malheureuse dans cet environnement.

     
    Quelle que soit l'approche choisie, le partenariat affiché nécessite donc l'approbation sans condition des méthodes utilisées.

    lorsque les méthodes utilisées ne produisent pas les résultats escomptés, ce sont aux parents ou aux enfants que l'on impute les échecs. Plutôt que de remettre en cause les thérapies, les comportements du patient et/ou de ses parents se voient stigmatisés, perpétuant ainsi l'idée que le handicap est un problème individuel auquel l'intervention des professionnels peut apporter des solutions.

    Pour la majorité des psychiatres qui préconisent une approche d'inspiration psychanalytique, il s'agit de faire admettre aux parents qu'ils doivent se résigner au malheur et ne pas attendre de miracle. Pour les comportementalistes, il s'agit de trouver les outils pédagogiques permettant un apprentissage scolaire. Mais les difficultés rencontrées conduisent au même processus d'usure et de culpabilisation des parents. Ces derniers acceptent plus difficilement d'adopter les attitudes passives et résignées que nombre de professionnels attendent d'eux. 

    Être un « bon » parent d’enfant autiste, c’est accepter ce que les professionnels conseillent : il s’agit de leur faire confiance, ce qui nécessite parfois d’adopter leurs outils et leurs procédures (méthodes éducatives et comportementales) ou de se reposer complètement sur eux, en acceptant de suivre une psychothérapie sans chercher à savoir ce que fait l’enfant dans l’institution. Cette posture est de moins en moins tolérée par les parents qui vivent dans une société où les valeurs de l’autonomie et de la responsabilité imprègnent nos croyances et nos modes de fonctionnement « 

L’autisme dans un service de pédopsychiatrie - Les relations parents/professionnels
Brigitte Chamak  - Revue "Ethnologie française" 2009 n°3 - Juillet 2009

 Je trouve cet article fort édifiant

Heureusement que pour sauver les pédopsychiatres, j'ai lu ceci, de Pierre Sans, dans les « Chroniques d'un psychiatre libertaire »

"Car il faut bien dire que les voies que je proposais pour sortir de l’impasse que connaît l’autisme m’ont valu, une fois de plus, d’atteindre le summum de l’impopularité parmi mes confrères du service public. Il était en effet évident que l’intégration sociale, et en particulier l’inclusion scolaire, des enfants autistes ne peut se faire qu’au détriment des hôpitaux de jour et des IME. Dans un contexte économique difficile, il faut fermer des robinets pour en ouvrir d’autres. Déjà malmenés par ma dénonciation de leur manque de curiosité scientifique et de leur immobilisme, mes confrères se voyaient aussi invités à modifier l’organigramme de leurs services. Au lieu de se satisfaire de leurs CMP et autres hôpitaux de jour, je leur suggérais d’accepter que leurs collaborateurs aillent dans les écoles favoriser l’inclusion scolaire.

Mais ma sévérité à l’encontre de ma propre corporation me donne aussi le droit de condamner certaines dérives commises à l’encontre des médecins. Les insultes dont ils sont régulièrement couverts dans certains réseaux sociaux ne dépassent-elles les limites du raisonnable, voire du supportable ? Est-ce le prix que les psychiatres doivent acquitter pour des fautes collectives, pour un enseignement déplorable de la psychiatrie, dominé au-delà du raisonnable par la doxa psychanalytique ?

Cette question me hante, moi qui ai souvent été à la marge de tout cela. Connaissant le système de pensée dans lequel ils vivent, je vois bien à quel point ils y sont englués, aussi bien les plus médiocres que les plus honnêtes, que je pense être la majorité. La France est ainsi faite, passant de l’auto-admiration à l’autoflagellation sans aucune nuance, ses élites ne pouvant bouger que dans une atmosphère de crise ou de révolution.

Je ne me fais aucune sorte d’illusion sur mes capacités à les convaincre de procéder à de vrais changements. J’en appelle plutôt aux politiques, comme bien des associations de parents, car c’est l’État qui a toutes les cartes en main pour imposer des mesures salutaires.

 La première d’entre elles serait, par l’intermédiaire de ses agences régionales de santé (ARS), de n’accorder les subsides du contribuable et de l’assuré social qu’aux structures qui acceptent de sortir de la doxa psychanalytique à propos des enfants autistes et d’appliquer les recommandations de l’HAS (Haute autorité de santé), même si aucune méthode n’est efficace à 100 %, comme le prétendent certains zélateurs. Cela permettrait de mettre un peu d’ordre dans la jungle actuelle. On sait qu’une telle mesure provoquerait une violente levée de boucliers de la part des psychiatres et d’une partie de leurs équipes, mais le progrès est à ce prix. Toute autre mesurette ne serait que de la poudre aux yeux. "

30 mai 2016

La pédopsychiatrie en danger de mort ? 1/3

29 mai 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot

Suivant une prise de position solennelle des sommités de la psychiatrie française, il y aurait danger pour leur discipline. Elle est « mise en cause » dans le cadre de la prise en charge de l'autisme. C'est pourtant évident : pourquoi ne pas l'admettre ?

La pédopsychiatrie française serait donc en danger de mort.

Les Dr Maurice BENSOUSSAN, Président du Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie - Professeur David COHEN, Président du Collège National des Universitaires de pédo-psychiatrie - Docteur Bernard ODIER, Président de la Fédération Française de Psychiatrie sonnent la charge contre les « dérives antidémocratiques ».

« Avec une extrême violence polémique, certains courants hostiles au système de soins et à la protection sociale se targuent d’avoir droit de cité dans les cabinets de nos ministères. »

 En ce qui concerne la violence polémique, les défenseurs du packing en rajoutent. 

 De même que le groupusculaire RAAHP

 Comme dirait l'autre : naan mais oh ! c'est trop !

 Si c'est çà la pédopsychiatrie, laissons-la mourir tranquille ! Qu'elle puisse renaître de ses cendres après avoir éliminé toutes ses scories.


La réaction de nos doctes mandarins semble liée à la présence des associations de personnes concernées dans les couloirs des ministères. Ils avaient, apparemment, l'habitude d'y être les seuls.

 Que des partisans de la psychothérapie institutionnelle marquent une telle allergie à la présence de « malades » ou de « parents de malades » dans les institutions est plutôt surprenant. Mais enfin …

 Suivant le bilan publié par Autisme France « Le plan autisme 3, ce sont 37 mesures (plus deux qui ont été ajoutées) et un financement dédié. Voici l’état de réalisation du plan, un an avant sa fin. 22 n’ont pas vu le jour, 6 ont vu le jour partiellement ou très partiellement, et sauf trois mesures, toutes les autres ont été déclinées avec un grand retard. Beaucoup de mesures se déclinent en partenariat avec les CRA, mais le récent rapport de la mission IGAS CRA montre les faibles performances d’un grand nombre de CRA" 

 Ce bilan nous inquiète, mais pourquoi les partisans du statu quo s'énervent ?

 Qu'est-ce qui peut justifier cette levée de boucliers ? La présence de «  courants hostiles au système de soins et à la protection sociale » ? On rigole ?

 CNQSP, FFP, CNU … et ANCRA !

 Je ne connaissais pas le Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie. Je suis tout à fait intéressé par ses travaux sur l'autisme. En particulier sur la question des autistes adultes maintenus dans des chambres d’isolement ou en contention : cela semble représenter la majorité des personnes concernées, suivant le rapport IGAS sur le sujet.

 Qu'est-ce qui a été fait dans les HP suite à la recommandation de la HAS sur le diagnostic des adultes autistes ?

 Voir des exemples d'exclusion des soins dénoncés à l'ARS, à la direction de l'hôpital, au responsable du CRA, sans effet.

 La Fédération Française de Psychiatrie a produit la recommandation sur le diagnostic des enfants autistes en 2005.

 Que fait-elle face aux professionnels qui refusent de tenir compte de cette recommandation ?

 Concrètement, dans ma région (Bretagne), il y a 131 enfants avec un diagnostic de « psychose infantile » dans les ITEP, officiellement déconseillés en cas d'autisme. Cela représente 35% des enfants en ITEP.

 Dans un des secteurs de pédopsychiatrie de la région où toutes les recommandations de la HAS sont refusées explicitement, il y a plus de deux fois plus d'enfants orientés en ITEP.

 Que fait la FFP ?

 Ces questions de diagnostic se traduisent par :

  • internat ;
  • placement en accueil familial ;
  • escalade médicamenteuse ;
  • signalement au procureur ...

La FFP est-elle prête à agir quand un psychiatre nuit à un usager en ne tenant pas compte de ses recommandations de 2005 ?

 Le Collège National des Universitaires (CNU) de pédo-psychiatrie  attire mon attention pour au moins trois raisons :

  •  sa composition par rapport au packing
  • sa mission de refonte des enseignements.
  • son rôle dans la crise du CRA de Bretagne

 Le CNU semble être un nid à packing.

 David Cohen, président CNU, pratique et justifie le packing (hors PHRC pour l'autisme, et donc en contradiction avec les recommandations de la HAS de 2012).

 Sa collègue A-C Rolland veut aussi s'y lancer, sans attendre le résultat du PHRC (programme hospitalier de recherche clinique) initié par Pierre Delion depuis 2008. C'est d'autant plus culotté que son service héberge le CRA de Reims. Il lui était tout à fait possible de suivre les recommandations de la HAS de 2012, et de se rattacher au PHRC. C'était sans doute trop tard.

 Il y a 10 ans, AC Rolland écrivait : « Certaines associations de parents ont pu cependant se radicaliser dans un rejet de la psychiatrie d’enfants, reprochant aux professionnels leur dogmatisme, notamment en ce qui concerne leurs hypothèses étiologiques des troubles de l’enfant. Des usages maladroits de l’interprétation psychanalytique, et plus encore des discours péjoratifs portés sur les parents par les professionnels dans certaines occasions peuvent expliquer cette position. Il est vrai que dans toute alliance réunissant des groupes humains définis par des appartenances différentes, il ne faut pas sous-estimer le danger de ne pas prendre suffisamment en compte le narcissisme de chacun des constituants de l’alliance. »

 C'est vraiment dommage que les associations de personnes concernées par l'autisme dans sa région n'aient pas pris en compte le narcissisme de Mme AC Rolland en lançant une pétition contre l'utilisation du packing à Reims. Cela se soigne, mais avec qui ?

 Le CNU est chargé de la refonte des enseignements en pédopsychiatrie. Est-ce qu'il va le faire ? Ou est-ce qu'il considère qu'il n'y a rien à faire ?

 J'ai assisté il y a 10 ans à une conférence de deux jours, où B. Golse nous a brassés sur la dépression post-maternelle de la mère comme source de l'autisme. La preuve qui tue : cette dépression était passée la plupart du temps inaperçue. Et en s’adressant à Catherine Barthélémy : « Puisque nous sommes entre professionnels, reconnaissez que votre thèse est plus pratique pour travailler avec les parents. ».

 La représentante du CNU au comité national autisme du 21 avril a prétendu que l’autisme était enseigné comme un trouble neurodéveloppemental depuis longtemps. Un certain nombre de profs de pédopsychiatrie n'auraient-ils pas besoin d'un recyclage ?

 Je ne vais pas cacher cependant que j'ai une dent contre D. Cohen, responsable, avec quelques autres, de la nomination de Michel Botbol comme professeur de pédopsychiatrie à Brest, et donc du CRA de Bretagne.

 Le collectif des 39 fait un vélo d'un rejet du compte administratif du CMP d'Orly pour 80 €.

 Nous, nous avons vécu une purge du CRA, avec notamment une mise au placard du Dr Eric Lemonnier au service de dermatologie de l'hôpital de Brest pendant 18 mois.

 M. Botbol s'est félicité du fait que le conseil aux usagers – première mission des CRA - est passé de 2012 à 2013 de 754 à 2 (deux de trop selon lui).

 M. Botbol s'est opposé aux recherches du CRA.

 M. B. a réduit le CRA à une fonction de diagnostic, sans respecter pour autant les recommandations de la HAS et de la FFP.

 M. B a défendu la cure analytique, la psychothérapie institutionnelle, la pataugeoire, l'antibiothérapie, la dépression maternelle comme origine de l'autisme, les neuroleptiques sans discrimination à titre de « précaution »(au point d'être critiqué par Moïse Assouline). Il s'est félicité d'avoir réussi à éliminer le TEACCH d'une CLIS.

 Lors de la formation aux aidants familiaux, M. B. a commenté avec enthousiasme l'anecdote suivante : un jeune entrant au collège ressent le besoin de faire du flapping. Il sait que çà peut le stigmatiser, et il se réfugie aux toilettes pour le faire. Remarque : cela peut se faire ailleurs (pièce isolée etc …). Commentaire de M.B : « mais non ! L'essentiel, c'est que c'est le lieu de l'expulsion, c'est le lieu du caca ! ».

 M.B. considère que le diagnostic d'autisme se faisait « à la corbeille » et peut être le seul sur 8 pédopsychiatres à ne pas diagnostiquer l'autisme, avec la conséquence que l'enfant est arraché à sa mère.

 Il considère qu'un tiers des Asperger sont schizophrènes, un autre tiers ont des troubles de la personnalité.

 Le CRA censurait les annonces de conférences avec la projection du film de Sophie Robert : « Quelque chose en plus » ou avec le Dr Lemonnier.

 M.Botbol nous affirmait qu'il avait donné pour consigne dans son service que la prise en charge des enfants autistes devait être pour 50% faite avec des méthodes recommandées par la HAS. Consigne aberrante, car la HAS recommande justement que la prise en charge se fasse en fonction d'une évaluation individualisée, et non sur une base mathématique. Et bel exemple de prise en compte du « sujet » comme on nous en rebat les oreilles.

 Merci M. Cohen, Merci le CNU pour ce « cadeau ».

 Plus de détails sur la crise au CRA de Bretagne  : 

 Le président de l'ANCRA s'y est aussi mis : « Aujourd’hui, les approches éducatives et comportementales sont reconnues au niveau international et, en France, par la Haute Autorité de santé (HAS). Nous estimons que ces approches ont leur place, doivent être financées et peuvent être très utiles pour certaines personnes. Et je n’ai pas le sentiment que les CRA freinent leur diffusion. Mais au regard de la diversité de ce que recouvre l’autisme, nous estimons que d’autres approches, notamment développées par la pédopsychiatrie, peuvent être possibles et utiles dans certains cas. «  La Croix 24/04/2016

 Le président de l'ANCRA (association nationale des CRA) veut donc développer « d'autres approches » développées par la pédopsychiatrie et non reconnues par la HAS.

 Je voudrais bien admirer ces approches innovantes, mais il ne s'agit que des méthodes classiques. Dont l'inefficacité a été prouvée. Et dont l'efficacité n'est pas près d'être prouvée .

 Les associations d'usagers et les psychiatres

 Les différentes déclarations des associations professionnelles regorgent de termes péjoratifs concernant les associations d'usagers (« lobbies », « sectaires », « non représentatives », « extrême violence polémique », « en conflit d'intérêts », « intérêts privés »).

 J'imagine mal d'autres associations de médecine parler ainsi des usagers lorsque ceux-ci demandent de bénéficier d'une médecine basée sur les preuves.

 Est-ce que ce n'est pas d'abord une spécificité de la psychiatrie françaisede ne pas prendre en compte la parole de ses usagers et de leur famille ?

Pierre Delion n'hésite pas à dire : "Les parents sont très souvent aux prises avec des difficultés psychopathologiques, soit parce que la maladie de leur enfant les rend malades dans leur parentalité, soit parce qu'ils sont eux-mêmes en difficultés psychopathologiques. (ce dernier point est toutefois de plus en plus difficile à aborder, voire même interdit!)"9 mars 2013 

 Gwenaëlle Lair, présidente d'Autisme Trégor Goëlo, interpelle des secteurs de pédopsychiatrie des Côtes d'Armor et décrit les rapports difficiles toujours actuels.

 La pratique de la psychothérapie imposée aux parents n'a pas disparu. C'est encore, par exemple, une des conditions d'admission au Courtil (voir le film « A ciel ouvert »).

 Plutôt que d'analyser les raisons du rejet fréquent du secteur sanitaire et/ou médico-social par les familles et les personnes autistes, les associations professionnelles préfèrent considérer que c'est du passé et qu'en fin de compte, leur profession est désormais vierge de toute tâche. Elles se targuent du «  soutien discret de plusieurs dizaines de milliers de familles. » Sans apparemment se poser la question du rapport de pouvoir entre soignants et usagers, qui explique cette « discrétion ».

 Jacques Hochmann développe depuis 20 ans sa théorie de la contagion de l'autisme . C'est ainsi qu'il parle des associations d'usagers encore aujourd'hui dans « La guerre de l'autisme et les résistances culturelles à la psychanalyse », Revue française de psychanalyse 1/2013 (Vol. 77), p. 119-125. 

« Victime de son succès [sic], la psychanalyse, ou plutôt une version vulgarisée et simplifiée de la psychanalyse, est alors devenue, à son tour, objet d’opprobre de la part d’associations de parents, probablement minoritaires et peu représentatives, mais qui ont su conquérir par leur entregent, leur habileté dans la communication et leur utilisation adroite de la légitime compassion due à leur situation difficile, une place prépondérante d’interlocuteurs des pouvoirs publics et d’informateurs de l’opinion. (...)

Il serait trop simple, voire simpliste, de tenter de comprendre l’attitude de 
certaines familles d’enfants autistes (ou supposés tels, tant les limites de l’autisme sont aujourd’hui devenues floues) seulement comme une réaction aux erreurs indéniables d’un certain nombre d’équipes référées à la psychanalyse. On soutiendra ici que le malentendu entre les familles et la psychanalyse a des sources beaucoup plus profondes. (...)

Parmi les parents qui déversent leur hargne « antipsy » dans les forums Internet, 
il y en a peu qui semblent avoir eu un contact avec un psychanalyste authentique recevant leur enfant plusieurs fois par semaine à heure et avec une durée fixes, et consacrant un temps suffisant à travailler avec eux. S’il existe, parmi eux, quelques blessés de la psychanalyse, victimes d’un thérapeute maladroit ou inconséquent, la plupart n’a eu que des rencontres épisodiques ou uniques avec un psychiatre ou un psychologue psychanalyste. Ces parents-là font donc surtout état d’un danger fantasmatique, répètent des on-dit, se fient à une légende : celle du psychanalyste méprisant, inquisiteur et culpabilisateur qui « regroupe tous les phénomènes de l’existence autour de sa grande théorie », une théorie qu’ils tiennent pour un tissu d’âneries incompréhensibles, dont ils ne savent à peu près rien et qu’ils n’ont jamais pris la peine d’approfondir par des lectures. C’est que le danger, pour eux, est ailleurs. La simple idée de l’intervention d’un psychanalyste auprès d’un enfant suscite des craintes. Il est curieux que de manière itérative soit évoquée, dans les forums, la crainte d’un signalement administratif ou judiciaire, voire d’un retrait d’enfant si d’aventure une famille s’avisait de refuser les soins psychothérapiques proposés à leur enfant. Quand on sait la réticence des équipes soignantes à faire ce genre de signalements et la prudence ou la temporisation des services sociaux, même en cas de maltraitance avérée, le risque semble infime. Ce que recouvre peut-être cette crainte, c’est le fantasme d’un vol d’enfant. Il n’est pas aisé d’admettre, pour un parent quelconque, a fortiori pour le parent d’un enfant aussi énigmatique qu’un enfant autiste, qu’une partie du psychisme de l’enfant lui demeure celée. Quand un étranger s’avise de donner du sens à l’insensé ou un autre sens que le sens immédiat à des mots ou à des comportements, il paraît s’arroger une connaissance de l’enfant qui échappe aux parents. Si, de surcroît, cet enfant s’attache à cet étranger, semble souffrir de son absence, se réjouir de le retrouver, parle de lui quand il n’est pas là, sans rien dire ou très peu de chose de leur curieux commerce, les parents peuvent redouter une séduction, le détournement d’une affection dont ils s’estiment les légitimes destinataires et qui leur est mesurée chichement. La haine du psychanalyste, parfois renforcée par des maladresses objectives comme une hâte à interpréter, un interrogatoire trop serré sur les désirs ou l’histoire personnelle des parents, une absence de modestie dans la formulation des hypothèses, est alors, pourrait-on dire, une réaction normale. Le travail psychothérapique avec un enfant autiste s’accompagne donc nécessairement d’un travail sur les résistances des parents, d’un véritable déminage préalable et ensuite de la constitution d’une alliance solide qui demande beaucoup d’efforts et à laquelle il faut sacrifier un purisme psychanalytique qui tiendrait les parents à distance, refuserait de les informer de manière précise de l’évolution de la cure et de partager avec eux les sentiments communs et ondoyants d’espoir et de désespoir qui accompagnent les étapes de cette cure. Ce travail aussi exigeant que la psychothérapie elle-même demande un engagement mutuel des parents et des psychothérapeutes qui ne semble pas avoir été obtenu dans les cas illustrés par les forums.

À défaut de ce travail indispensable, de ces échanges d’informations et d’affects accompagnant ces informations, les parents ne peuvent que s’arc-bouter sur leurs résistances et y trouver la matière d’un véritable communautarisme. Crispés autour de leur diabolisation de la psychanalyse et de leur foi dans les seules méthodes comportementales, opposant ce qui devrait être complémentaire, voyant dans toute tentative de rapprochement entre la psychanalyse et les neurosciences une manœuvre maligne de dévoiement pour maintenir un empire du Mal, certains parents adoptent un fonctionnement de type sectaire, source peut-être pour eux d’une reconnaissance et d’une identité continuellement mise à mal par la cohabitation avec un enfant autiste.

 Il y a en effet dans l’autisme quelque chose de contagieux, une tendance à s’enfermer avec l’autre dans un autisme à deux, dans une bulle où la vérité n’est que d’un côté et où tout autre point de vue que le sien est vécu comme une dangereuse intrusion. La guerre impitoyable est alors la seule issue. La simple existence de la psychanalyse met en danger des convictions essentielles. Pour survivre, il faut l’interdire, ce que firent les régimes totalitaires, ce que n’hésitait pas à proposer récemment un député. « 

 Dans cet article, on retrouve les thèmes développés part les associations professionnelles. Cette analyse du comportement des usagers est bien peu propice à une évolution des pratiques.

 Micro-associations, coquilles vides et alibis

 Mais, selon MM. Bensoussan, Cohen, Odier : « De plus en plus nombreuses, des familles inquiètes s’organisent et se rassemblent dans plusieurs associations nouvelles »

 La méthode Coué semble plus efficace que des placebos chez nos psychiatres. Comment oser parler de « lobbies » « non représentatifs » pour le collectif autisme – qui comprend entre autres l'UNAPEI – et accorder du crédit au RAAHP, avec ses 111 signatures 

 L'agitation du RAAHP ayant excité ma curiosité, je me suis aperçu qu'une des associations le composant était présente en Bretagne : il s'agit d'Autisme Pluriel, sise à St Cast Le Guildo (22).

  Mais quelle activité peut avoir cette association ? Les autres associations présentes sur le terrain n'en ont jamais entendu parler.

  Aucune activité recensée sur Internet, pas de groupe de paroles, pas de conférence, pas de permanence, pas de site internet, pas d'e-mail de contact, ni même de page Facebook !

 Totale clandestinité, si ce n'est la déclaration de création au JO et la participation alibi au colloque lacanien à Rennes sur l'Affinity Therapy.

 L'association a son siège social à la résidence secondaire du couple, M. président et Mme secrétaire (classique). Le troisième membre du CA est de Paris.

 Activité donc depuis 2 ans, à part les communiqués du RAAHP : nulle. Pas étonnant qu'il n'y ait pas besoin de trésorier.

 Dans la pétition des 111, il est indiqué avec un certain culot : « « Nous ne comprenons pas non plus pourquoi ils refusent obstinément à notre courant de pensée toute représentation dans les instances de concertation sur ces questions. "

Surprise donc de voir que le président, Fabrice Bonnet, de cette association membre du RAAHP, « Autisme Pluriel » soit un des 7 chargés de projet de la HAS pour la recommandation sur les autistes adultes !

28 mai 2016

Vidéo -> Conférence psychanalyse : une science ? - Jacques Van Rillaer

Ajoutée le 27 mai 2016

Qu'est-ce que la psychanalyse ? Est-ce une science ? Comment se situe-t-elle dans le contexte plus large de la psychologie ?

Quelques éléments de réponse nous sont présentés par Jacques Van Rillaer, professeur émérite à l'Université de Louvain. Ayant commencé sa carrière en tant que psychanalyste, il s'est ensuite orienté vers les thérapies cognitivo-comportementales. Contributeur très actif de la revue Science et Pseudo-Sciences, il est membre de comité de parrainage scientifique de l'Association Française pour l'Information Scientifique.

La conférence a été organisée par des étudiants du groupe Science Pop, parrainé par l'AFIS et financé par l'Université de Lille.

Contact e-mail : voys.france@gmail.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/Science-Pop-...

27 mai 2016

Lettre ouverte à la Présidente de l'ANECAMSP de l'association TouPI

article publié sur le site de TouPI "Tous pour l'inclusion"

Lettre ouverte à la Présidente de l’ANECAMSP

 

Nous avons écrit à la Présidente de l’ANECAMSP (Association Nationale des Equipes Contribuant à l’Action Médico-Sociale Précoce), association qui fédère les CAMSP.

 

Chère Mme Laurent,

 

Nous nous étions rencontrées lorsque j’étais venue vous présenter notre étude sur les parcours diagnostiques en Ile-de-France et je vous écris aujourd’hui pour en appeler à votre soutien.

De nombreux communiqués ont été publiés ces derniers temps par plusieurs associations professionnelles dans le champ de la psychiatrie, en réaction à une circulaire du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé mentionnant que la signature des CPOM (Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens), dans le médico-social, doit être conditionnée à l’absence de packing. Les familles d’enfants autistes sont démoralisées devant l’hostilité à leur égard dont témoignent ces communiqués. J’observe bien heureusement que l’ANECAMSP ne fait pas partie des signataires de ces communiqués. Mais je regrette que vous n’exprimiez pas publiquement que vous vous désolidarisez des autres associations professionnelles de la psychiatrie.

 

Dans leurs communiqués revient comme une antienne la condamnation des « lobbys malentionnés » que nous, associations de familles d’enfants autistes, représenterions. Ainsi en est-il du communiqué du Syndicat des Médecins Libéraux  qui affirme :

« Cherchant à s’emparer de la réglementation de ce système, certaines pressions externes issues de lobbys malintentionnés mais pourtant influents auprès des pouvoirs publics, sont venues remettre en cause les pratiques des professionnels compétents.

Ayant pour objectif d’entraîner la démédicalisation de toute prise en charge des patients, ces associations de parents réfutent la reconnaissance pathologique de l’autisme. En ne lui attribuant que la seule nature d’handicap comportemental, ces groupes cherchent à ringardiser les pratiques médicales issues de théories psychanalytiques développées au contact des patients. A ce titre, le traitement du packing qui consiste à envelopper les patients dans des linges froids et humides dans le but de les relaxer, fait figure d’exemple. Jugée archaïque par les associations de parents, cette technique a pourtant démontré ces effets thérapeutiques tangibles, agissant directement sur le comportement des patients. »

(On sait pourtant que les résultats de l’étude sur le packing, initiée il y a 8 ans, n’ont jamais été publiés, ce qui montre qu’aucune preuve d’efficacité n’a pu être apportée)

 

La SIP, l’API, la FDCMPP et la SPFEADA dénigrent elles-aussi nos associations, qui représentent pourtant des milliers de familles, dans une lettre ouverte au Président de la République , reprochant « la  place exclusive donnée à des lobbies qui dictent les mesures ; (…) la violence polémique que ces mêmes lobbies déchaînent ».

 

Dans une autre pétition lancée par des psychiatres du Collectif des 39 pour défendre la pratique du packing, nous sommes qualifiées d’« associations extrémistes, saturées de haine pour les psychiatres et leurs équipes. »

 

La FFP, le CNU de pédopsychiatrie et le CNQSP lancent également leurs accusations : « Avec une extrême violence polémique, certains courants hostiles au système de soins et à la protection sociale se targuent d’avoir droit de cité dans les cabinets de nos ministères. Des lobbyistes s’expriment dans les instances de la république comme s’ils étaient des sous- ministres ou leurs superviseurs. »

Ils évoquent aussi « des familles inquiètes » qui «s’organisent et se rassemblent dans plusieurs associations nouvelles ». Le Dr François Claus dans une lettre ouverte précise cette pensée en disant que des associations «  plus discrètes comme « La Main à l’Oreille » dont l’approche est relativement différente mériteraient plus d’écoute de la part des tutelles et des médias. ». Notons que cette association a pu réunir 111 signatures autour de son communiqué contre l’ABA (leur lutte contre les recommandations de la HAS se résume d’ailleurs éternellement à une lutte contre l’ABA). Mais voilà, il y a eu plus de 14.000 signatures sur la pétition soutenant les orientations du plan autisme, ce qui rend ces 111 signatures bien maigres.

Pourtant, le discours des psychiatres est toujours le même : ce ne sont pas les associations de familles qui réunissent 14.000 signatures qui sont représentatives mais celles qui en réunissent 110. Et les psychiatres d’en appeler à la démocratie pour imposer l’avis de 110 personnes à 14.000 personnes !

 

L’accumulation récente de ces appels, pétitions et lettres ouvertes en provenance de représentants de la psychiatrie donne l’impression d’une guerre ouverte des psychiatres contre les familles d’enfants autistes. Cette impression est renforcée par l’intitulé de certaines de ces lettres comme celle de 4 associations (SIP, API, FDCMPP et SPFEADA) qui explique en introduction que « les associations représentatives de la pédopsychiatrie, tirent un constat amer de la politique récente à l’égard de l’autisme », comme s’il n’y avait pas d’autres associations représentatives de la pédopsychiatrie qui puissent avoir un avis différent.

Dans ce contexte, une réaction publique de l’ANECAMSP serait la bienvenue pour tenter de rétablir la confiance des familles à l’égard de la pédopsychiatrie publique. Nos associations, qui fédèrent des milliers de familles, oeuvrent pour l’intérêt général. Il nous semble important que cela soit reconnu et que nous cessions de nous voir vilipendées et caricaturées en « lobbys malintentionnés » par l’immense majorité des psychiatres.

Vous remerciant par avance de votre soutien, je vous prie d’agréer, Madame, mes salutations les meilleures.

 

Marion Aubry

Vice-Présidente de TouPI

25 mai 2016

Autisme : l'obscurantisme contre-attaque

article publié dans FR Blog le blog de Franck Ramus

mercredi 25 mai 2016

Monsieur le Président de la République,
Nous nous adressons à vous une nouvelle fois, dans des circonstances similaires à la précédente, dans le but de contrer une campagne concertée de désinformation sur l’autisme de la part d’un certain nombre d’organisations représentant une partie de la psychiatrie française.

Les recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de Santé (2012), puis le 3ème plan autisme et l’attitude résolue du secrétariat d’état aux personnes handicapées, pouvaient laisser penser que la France avait laissé derrière elle des années de maltraitance et de mauvaises pratiques condamnées de multiples fois par le Conseil de l’Europe et l’Unesco. Quatre lettres ouvertes récentes signalent malheureusement un retour en force de l’obscurantisme. Il s’agit d’une lettre du 12 avril 2016, issue d’un certain nombre d’organisations psychanalytiques parisiennes et dénonçant le Centre ressources autisme d’Ile-de-France (CRAIF) ;  d’une pétition lancée le 10 mai 2016 demandant la suppression d’une circulaire interdisant le packing ; d’un communiqué de presse du 12 mai 2016 issu de 3 organisations de psychiatrie (FFP, CNU, CFQSP); et enfin d’une lettre signée de 4 autres organisations psychiatriques (SIP, API, FDCMPP, SFPEADA). De nombreux thèmes se retrouvent de manière récurrente à travers ces quatre lettres.
 
Elles prennent la défense de la psychiatrie institutionnelle pour l’autisme et en dressent un tableau flatteur, comme d’une discipline ouverte sur le monde et aux dernières connaissances scientifiques, aux antipodes de ce dont la plupart des familles d’enfants autistes peuvent faire quotidiennement l’expérience. Elles revendiquent des pratiques « intégratives », terme fourre-tout qui n’est qu’un cache-sexe pour un ensemble de pratiques sans cohérence et sans validation scientifique.

Sont dénoncés des conflits d’intérêts, sans pour autant donner la moindre précision qui permette de vérifier la réalité des faits dénoncés, tout en se gardant bien de mentionner les conflits d’intérêts massifs des psychiatres psychanalystes qui vivent des subsides de l’état et de l’assurance-maladie, tout en continuant à revendiquer des pratiques sans validité scientifique connue et sans efficacité éprouvée, en pleine contradiction avec le code de déontologie médicale. 

Des « familles inquiètes » « de plus en plus nombreuses » sont évoquées à l’appui des propos des organisations psychiatriques, en même temps que les associations représentées dans le Collectif autisme sont vilipendées et assimilées à une poignée d’extrémistes. Un tel renversement de perspective est vertigineux, quand on sait que le collectif autisme fédère la plupart des associations et représente plusieurs dizaines de milliers de familles, alors que les seules associations citées comme soutenant les pratiques psychanalytiques sont la Main à l’Oreille et le RAAHP, deux associations virtuelles au nombre d’adhérents inconnu en dehors de leurs porte-paroles s’exprimant dans tous les congrès psychanalytiques.
Sont évoquées « des dérives antidémocratiques » et la demande aux gouvernants d’un « retour à la démocratie ». C’est totalement méconnaître le fait qu’en science comme en médecine, la vérité et l’efficacité ne sont pas affaire de démocratie et ne s’établissent pas par un vote. L’histoire a amplement montré que l’immense majorité des médecins peut avoir tort de persister dans certaines pratiques (la saignée pendant 2000 ans, l’usage systématique des antibiotiques jusqu’à récemment), et que seules des études scientifiques rigoureuses (comme les essais randomisés contrôlés) peuvent déterminer avec fiabilité quelles pratiques médicales ont une certaine efficacité. Réclamer de la démocratie dans ce domaine, c’est vouloir obtenir par le rapport de forces (encore favorable à la psychanalyse au sein de la psychiatrie et dans les cercles du pouvoir) ce que l’on ne peut obtenir par la science et par la raison. Un tel argument est donc parfaitement irrecevable et inacceptable.

Alors que les autres textes jettent un voile pudique et hypocrite sur leurs références théoriques, la pétition en faveur du packing revendique explicitement l’héritage psychanalytique, l’assimilant à une théorie scientifique à l’égal de la géométrie euclidienne ou de la physique quantique (excusez du peu) ! Faire un tel parallèle revient à vider l’approche scientifique même de toute sa substance, tant la psychanalyse a su se mettre à  l’abri de toute réfutation et a jusqu’à aujourd’hui largement ignoré les évaluations basées sur des données factuelles. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que d’arguer ensuite que le gouvernement aurait dû attendre les résultats de l’essai clinique sur le packing, démarré en 2009 et dont les résultats n’en finissent pas de se faire attendre (sans parler de sa méthodologie discutable).

Enfin, la lettre du 12 avril 2016, rendue publique récemment, dénonce le Centre ressources autisme d’Ile-de-France (CRAIF) pour avoir refusé de diffuser les annonces de leurs brillantes formations et journées d’études sur les psychoses infantiles (catégorie diagnostique désuète dans le reste du monde et recouvrant partiellement le trouble du spectre autistique). Cette lettre surréaliste reproche au CRAIF de faire précisément le travail pour lequel il est financé, à savoir, diffuser des connaissances à jour sur l’autisme et promouvoir les bonnes pratiques, ce qui implique, bien entendu, de faire un tri parmi toutes les informations et publicités reçues, afin d’éviter de diffuser des communiqués allant à l’encontre des connaissances scientifiques et des pratiques recommandées pour l’autisme (tous les CRA ne peuvent pas en dire autant). 

L’explication de texte faite dans cette lettre sur la distinction lexicale entre pratiques « non consensuelles » et « non recommandées » est particulièrement savoureuse, quand on se souvient qu’en 2012 la HAS, sur la base de l’examen exhaustif des données scientifiques, avait initialement déterminé que les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle étaient « non recommandées ou non consensuelles». C’est alors que la version préliminaire du rapport avait opportunément fuité dans la presse (Libération du 13 février 2012), puis que des psychanalystes avaient fait jouer leurs appuis politiques pour subrepticement faire promouvoir ces pratiques au rang de « non consensuelles » lors de la publication officielle de la recommandation de bonnes pratiques. Déjà à l’époque, le trafic d’influence tentait de se substituer (non sans succès, malheureusement) à l’examen objectif des données scientifiques. Un tel scandale va-t-il à nouveau se reproduire ?

Enfin, soulignons que « la recherche INSERM sur les psychothérapies conduite par JM Thurin » qui tendrait « à démontrer l'efficacité de la psychothérapie psychanalytique dans la prise en charge de l’autisme » est une vaste supercherie, qui a été analysée en grand détail dans un article récent (Approches psychothérapiques de l'autisme: A propos d'une étude française de 50 cas, F. Ramus, 2016). Il est stupéfiant que les auteurs de cette lettre osent encore évoquer une « étude » aussi discréditée. Cela a tout de même le mérite de montrer que, s‘il s’agit là des seules données scientifiques que la psychanalyse pour l’autisme est en mesure de revendiquer, c’est bien que le dossier reste désespérément vide, aussi vide que lorsque la HAS a publié sa recommandation de bonne pratique il y a 4 ans.

En résumé, il n’y a absolument aucune raison de reprocher au CRAIF de refuser de diffuser des informations relatives à des approches de l’autisme contraires à celles recommandées par la Haute Autorité de Santé, pas plus qu’il n’y a de justification scientifique à laisser pratiquer le packing dans des établissements sous financement public. Les organisations psychiatriques ne regagneront pas la moindre crédibilité en continuant à revendiquer des théories et des pratiques d’un autre âge, et en refusant obstinément d’évoluer, comme toutes les autres spécialités médicales, vers la médecine fondée sur des preuves. Leurs revendications doivent être prises pour ce qu’elles sont : des revendications purement corporatistes, visant à pouvoir perpétuer ad vitam les pratiques du passé, sans jamais avoir à les mettre à jour en fonction des connaissances scientifiques nouvelles, et sans jamais avoir à rendre de compte en contrepartie du financement public. De telles revendications sont totalement inacceptables, à la fois pour les familles d’enfants autistes, pour les contribuables et cotisants à l’assurance-maladie, et pour les gouvernants responsables de la santé publique.

Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS
Le KOllectif du 7 janvier
25 mai 2016

Autisme et obscurantisme

Les psychanalystes ne désarment pas. L'obscurantisme résiste. S'auto-victimise. Se bat le dos au mur. Il est vrai que ce n'est pas facile de renoncer à un très juteux monopole, à une rente de situation qui dure depuis des décennies... Nulle part ailleurs (sauf peut-être en Argentine) la conception psychanalytique de l'autisme (et la psychanalyse, tout court) n'est encore d'actualité. Mais nos psychanalystes n'en ont cure. Ils se vivent comme "le dernier des Mohicans", Ils ne regardent pas ailleurs et sont insensibles aux informations disponibles dans l'environnement scientifique. Ils vivent dans une confortable bulle, à l'abri de leurs hautes murailles conceptuelles. Bref, ils se comportent en véritables autistes. Ils sont donc la preuve vivante de l'échec de leurs théories. Décidément, comme le disait déjà Karl Kraus il y a plus d'un siècle, la psychanalyse est une maladie qui se prend pour son remède.

Vous trouverez ICI un très intéressant article qui compile et commente ces derniers combats d'arrière-garde que livrent les psychanalystes français. Je vous le recommande vivement. Et ICI, encore une de leurs plaintes.

25 mai 2016

Autisme : l'obscurantisme contre-attaque

 

 

24 mai 2016

Autisme : lorsque les décisions de l'action publique relèvent de la psychiatrie

Mise en garde contre le psittacisme du syndicat des médecins libéraux

Un nouvel épisode dans la lutte pour le progrès. Cela n'a rien à voir bien entendu avec du lobbying et reste parfaitement désintéressé.

Dans l'autisme il y a clairement des professionnels compétents qui luttent contre les forces du mal venues de l'étranger (Une coalition mondiale).

Ici en France Packing & théories psychanalytiques ont largement fait leur preuve et les patients s'en félicitent. L'administration française devrait rejoindre les autistes dans les hôpitaux psychiatriques si je suis bien le raisonnement ...

Là je pense avoir su repérer quelques signes de délire ...

Jean-Jacques Dupuis

PS j'ai mis en gras certains passages de l'article qui me paraissent remarquables

article publié sur le site du syndicat des médecins libéraux (SML)

20 mai 2016

autisme logoLe 12 mai dernier, nos confrères de la Fédération Française de Psychiatrie, du Collège National des Universitaires de pédopsychiatrie et du Collège National pour la Qualité́ des Soins en Psychiatrie ont lancé, dans un communiqué conjoint, un appel à la raison en direction de l’administration française.


Leur constat est simple. Depuis la reconnaissance de l’autisme comme priorité de santé publique en 1995, le législateur a considérablement favorisé la coordination des différents acteurs du monde médical autour des problématiques liées aux troubles du développement complexe : accompagnement des familles, gestion de l’évolution de la maladie, adaptation du parcours de santé, sociabilisation des patients, etc.

A ce titre, le psychiatre jouait un rôle fédérateur entre les différents professionnels de santé, puisqu’il permettait d’améliorer la prise en charge de l’autisme et le quotidien des patients en définissant un parcours de santé approprié à leurs besoins. Cette organisation développée par les professionnels libéraux a, par ailleurs, bénéficié d’un soutien sans faille de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui, dans un rapport datant de 2012, préconisait la mise en place d’un projet structuré et cohérent pour les patients autour d’un encadrement médical fondé sur la communication, l’éducation et la thérapie.

Cherchant à s’emparer de la réglementation de ce système, certaines pressions externes issues de lobbys malintentionnés mais pourtant influents auprès des pouvoirs publics, sont venues remettre en cause les pratiques des professionnels compétents.

Ayant pour objectif d’entraîner la démédicalisation de toute prise en charge des patients, ces associations de parents réfutent la reconnaissance pathologique de l’autisme. En ne lui attribuant que la seule nature d’handicap comportemental, ces groupes cherchent à ringardiser les pratiques médicales issues de théories psychanalytiques développées au contact des patients. A ce titre, le traitement du packing qui consiste à envelopper les patients dans des linges froids et humides dans le but de les relaxer, fait figure d’exemple. Jugée archaïque par les associations de parents, cette technique a pourtant démontré ces effets thérapeutiques tangibles, agissant directement sur le comportement des patients.

Les pouvoirs publics, dans leur décision de renier l’ensemble des recommandations de la HAS, ont visiblement favorisé la stigmatisation des professionnels. Cédant aux sirènes de ces groupes éloignés de toutes problématiques médicales, ils ont contribué à réduire l’autisme à un champ de débat social, évinçant de fait toute composante thérapeutique de ce trouble du comportement.

Incapable de penser une politique de santé pérenne, l’administration française semble s’enfermer dans une pathologie mentale devenue chronique. Victime de psittacisme, elle applique, sans réflexion préalable, les revendications d’associations non représentatives qui ont à cœur de détruire l’expertise médicale dévolue à la profession de psychiatre.

En ce sens, le SML apporte un soutien sans retenue aux psychiatres et à leurs représentants syndicaux, et appelle les pouvoirs publics à faire preuve de diligence et de discernement dans l’application de mesures qui seraient à n’en point douter, désastreuses tant pour les professionnels que pour leurs patients.

Pour en savoir plus : Autisme : Les Psychiatres appellent à la raison - http://bit.ly/1W5KQIx

22 mai 2016

Interdiction du packing ?

22 mai 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot

Les décisions annoncées par Ségolène Neuville au Comité National Autisme du 21 avril 2016 font l'objet de levées de boucliers. Une des critiques porte sur l'interdiction du packing. Qu'en est-il ?

Une levée de boucliers a été organisée avant et après le Conseil National Autisme du 21 avril 2016.

Est-ce que cela est à cause de l’interdiction du packing ?

Cette question n'apparaît pourtant qu’après le 21 avril.

Une pétition a été lancée par Pierre Delion, Bernard Golse et consorts.

Le fascisme serait à notre porte. Un paragraphe de la circulaire de la Direction Générale de la Cohésion Sociale/SD5C/DSS/CNSA/2016/126 relative aux orientations de l’exercice 2016 pour la campagne budgétaire des établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes handicapées et des personnes âgées fait office de Nuit de cristal ou de lois de Nuremberg.

« Enfin, la signature des CPOM avec des gestionnaires d’établissements et services accueillant les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme est strictement subordonnée au respect d'engagements de lutte contre la maltraitance, et donc à l’absence totale de pratique du « packing » au sein des établissements et services médico-sociaux couverts par le CPOM. (...) ».

Commentaires des pétitionnaires :

« Faire croire par démagogie que les enfants autistes peuvent, tous, bénéficier de méthodes éducatives comportementales exclusives et ainsi être inclus à l’école (...) conduira dans le mur d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom. » 

«  Cette circulaire déclare la guerre aux praticiens du packing sans savoir de quoi il retourne, en se fiant uniquement à des calomnies et à des moyens de désinformation dignes des régimes totalitaires « 

« L’Histoire nous a montré que les périodes au cours desquelles ce phénomène est arrivé ne coïncidaient pas avec une saine démocratie. Tous ces mouvements dictés par la démagogie font craindre un effondrement des valeurs de la démocratie »

« Nous attendons autre chose qu’un ministère de la haine « 

« Ministère de la Haine » ! : à quand les manifs de blouses blanches avec des pancartes « Marine, Ségolène, même combat » et des slogans : « A bas, à bas l'ABA, à bas le social-fascisme », « Au cul, aucune hésitation, Danièle Langloys, on te pendra ! »

Il est à noter qu'il n'est fait pas mention de cette prétendue interdiction du packing dans :

  • l'e-mail de Pierre Sadoul (collectif des 39) du 3 avril

  • la pétition d'AEVE

  • les déclarations du RAAHP et sa pétition de 111 parents

  • la prise de position des 3 instances (datée du 12 mai) – dont David Cohen

Cela peut tendre à démontrer que même dans les opposants à la HAS ou au Ministère, la pratique du packing n'est pas « politiquement correcte ».

Cela n’empêche pas de parler de « dérives liberticides » et de références à la « démocratie » (comprise dans un sens élitiste).

Remarque de base : quand je parle de packing, je ne vise que l'enveloppement par des draps humides glacés d'enfants hors d'état de donner leur consentement.

Il faut ensuite ramener l'affaire à sa juste proportion. Il n'y a pas grand chose de nouveau depuis 2012, quand la HAS et l'ANESM ont recommandé que le packing soit réservé aux personnes incluses dans le PHRC (programme hospitalier de recherche clinique) visant à déterminer son efficacité.

Il est tout à fait logique que, 4 ans après, le Ministère demande le respect de cette recommandation. D'autant plus que l'ONU assimile cette pratique à de la maltraitance.

Il ne faut pas non plus perdre de vue que cette prise de position du Ministère a un caractère symbolique :

  • la circulaire concerne les Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de Moyens (CPOM) qui ne sont pas obligatoires ;

  • les CPOM concernent les établissements médico-sociaux ;

  • or le packing se pratique surtout – si ce n'est exclusivement - dans des hôpitaux.

La prise de position de la HAS n' a pas empêché David Cohen, Président du Collège National des Universitaires de pédo-psychiatrie, de continuer la pratique du packing, en dehors du PHRC initié par Pierre Delion. Et rien légalement ne l'empêche pour l'instant. La récente circulaire ministérielle ne le vise pas.

Je lui accorde qu'il ne se lance pas pour le justifier dans des considérations psychanalystes fréquentes il y a quelques années, et qu'il utilise des arguments physiologiques. On sait que le réchauffement du corps conduit à un moment où le contact oculaire se fait (c'est le cas quand l'enfant a la fièvre).

Cependant, David Cohen, dans sa longue explication sur le packing, ne mentionne pas que sa fréquence d'utilisation (pour les personnes autistes) a chuté dans son service lorsqu'il a donné la consigne de vérifier s'il n'y avait pas un problème somatique susceptible de produire troubles du comportement et automutilations.

Il mentionne par ailleurs une étude en cours dans son service, mais qui concerne des « volontaires sains » (et sans préciser s'il s'agit d'enveloppements humides glacés).

David Cohen se base sur les informations communiquées par Brigitte Chamak. Malheureusement, celle-ci, qui avait produit beaucoup d'articles intéressants, se laisse désormais aller à des articles de propagande. DC écrit à sa suite : « Le document de l’ONU concerne les conduites institutionnelles de maltraitance à l’enfant, qui vont de l’accueil des réfugiés, le droit des grands parents, quelques éléments sur des soins hospitaliers, et une ligne sur le packing, sans commentaire ni argumentation. »

Le document de l'ONU est parti, sur ce point, non d'une ligne, mais d'un très long argumentaire public d'Autisme France. Libre à tous d'y répondrehttp://www.autisme-france.fr/offres/doc_inline_src/577/Rapport%2Balternatif%2BComitE9%2Bcontre%2Bla%2Btorture.pdf

A noter en passant les attaques contre l'ABA, au motif d'un propos de Vinca Rivière sur les chocs électriques. Contrairement aux défenseurs du packing :

  • elle assume que c'est douloureux ;

  • elle ne les pratique pas.

Une professeure de pédopsychiatrie, Anne-Catherine Rolland, collègue de D. Cohen à la section du CNU (conseil national des universités), responsable du service où est situé le CRA de Reims, vient de se lancer dans le packing, sans attendre les résultats de l'étude pourtant annoncés comme imminents … depuis un certain temps.

D'où la réaction des associations de la région – évidemment non consultées -, qui ont lancé une pétition. A signer sans modération.

En conclusion, je reproduis un message récent de Christel Prado (présidente de l'UNAPEI) :

« Depuis 2005, les représentants de la psychiatrie française travaillent avec l'ANESM et la HAS sur l'ensemble des recommandations. Ils les ont co-construites et validées. Seule l'étude menée par le Pr Delion est autorisée et nous pouvons légitimement en demander les conclusions après tant d'années. Cessons de transformer le champ de l'éducation des personnes avec autisme en champ de bataille. Nous avons construits l'avenir ensemble. Il faut maintenant le permettre ensemble. »

20 mai 2016

Refus répétés de publication par le CRAIF

De qui se moque-t-on ?

Mon soutien à l'équipe du CRAIF et Thomas BOUQUET, son directeur.

Jean-Jacques Dupuis

https://storage.canalblog.com/41/66/1449824/110420511.pdf

 

19 mai 2016

Autisme : ma pensée en images

18 mai 2016
Par Gilles BouquerelBlog : Autisme : les Sciences et l'Humain

Comme je l'ai déjà signalé, l'intérêt de la théorie de l'esprit, c'est justement de théoriser qu'il y a un esprit. Un autre concept, presque aussi fascinant, est la pensée-en-images. Saisissant la balle au bond, voici la mienne.

"E credo l'uom gioco d'iniqua sorte
dal germe della culla
al verme dell'avel.
Vien dopo tanta irrision la Morte.
E poi? E poi? La Morte è' il Nulla.
È vecchia fola il Ciel."

Jago - Otello Verdi - Acte II Scène 2 1

Le long des ans, depuis que je suis rentré plus précisément dans la problématique moderne de l'autisme, comme je dirigeais un modeste CMPP dans le 18° arrondissement de Paris, quand j'étais affronté à une difficulté, et surtout une incohérence entre ce que je ressentais et les (beaux) discours polis ou dépolis des divers protagonistes, j'ai créé des images, surtout à usage privé, mon devoir de réserve au regard de ma fonction m'interdisant d'exposer la structure que je dirigeais, images qui tentaient de transmettre ma perplexité.

Ma pensée en images en quelque sorte.

Ce sont souvent des allégories, et elles font presque toujours référence à des éléments plus personnels et plus intimes, tenant à ma propre trajectoire, ce que j'ai ressenti et, vous le verrez, ce que j'ai ressenti d'obscurément violent, et ce à quoi toute cette violence conduisait.

Vous y verrez donc autant de fenêtres qui, si elles permettent de voir au dehors, livrent aussi passage au regard externe, jusques au cœur de la maison. Elles sont aussi autant d'intérêts particuliers qui sont les miens. Je les ai réalisé sous le GIMP (Gnome Image Manipulation Processing), puisque un autre de mes intérêts particuliers est le logiciel libre

La HAS térassant la Psychanalyse La HAS térassant la Psychanalyse

La HAS Terrassant la Psychanalyse - Allégorie. Un Saint Michel, ou un Saint Georges, archanges, le dernier me rappelant la place Saint Georges, ancien siège de l'association dont je dirigeais le CMPP. Un temps d'illusion ? Un temps de jeunesse, où je croyais encore aux intentions affichées. Vous savez, j'y ai vraiment cru au nouvel autisme, avant de me rendre compte qu'on me demandait surtout de persévérer, et dans l'erreur de préférence, pour ne pas gâcher la pièc, en y jouant le rôle du méchant (et du crétin). On est loin de l'appel à la création décentralisée. On est en France, pas vrai.

 

HCQP - Certicifat HCQP - Certicifat

Dura Lex sed Lex - Projet de certification purifiante, d'après l'idée d'un député engagé, ou même de deux après tout, et peut être même plus, si affinités. Un certificat de lustration, de purification, la liberté, la vie.....

Je l'ai emprunté à une autre époque, où, déjà, on se préoccupait d’empêcher une mauvaise influence, à l'aide, entre autre, d'un autre Commissariat Général, celui aux Questions Juives. Je n'ai eu qu'à reprendre un certificat d'époque. Ma mère porta l'étoile, celle de la rédemption sans doute, bénéficia, dans ses études de médecine, du numerus clausus, le seul, le vrai, celui qui me parle à l'oreille quand il est actuellement banalisé pour les médecins en des préoccupations techniques. Elle ne voyagea pas plus loin vers l'est. Et puis les Américains, les voilà, débarquèrent, ce qui est, je crois, une profonde racine de mon attachement pour les États Unis, puisque j'ai une dette de vie envers eux. Voyez, on se débrouille comme on peut avec ses histoires...

 

Le même député m'a inspiré cette signalisation pratique, alors que je me préoccupais de la signalétique des pièces du CMPP

L'encore même député m'a même inspiré ce chapeau, déjà utilisé au moyen age, et qui permettrait, dans l'autisme seulement, bien entendu,  de différentier facilement les psychanalystes des autres, parce que les bougres pourraient bien se cacher. Ce serait pratique... et esthétique en plus. Il y avait bien la rouelle, l'étoile, mais va pour le chapeau, celui qu'on porte.

 

 

2 minutes de haine ABA l'autisme 2 2 minutes de haine ABA l'autisme 2

Les deux minutes de la haine au congrès de  l'association "ABA l'autisme". On ne remarque pas la ministre qui y assiste sans doute. Tout droit venu de 1984, de Georges Orwell, où Big Brother promeut les deux minutes de la haine contre un ennemi emblématique, Goldstein, et non Bettelheim.

Mon association a eu plusieurs noms le long du temps, je trouve ce dernier plus explicite, j'aime aussi bien "son" logo

 

Le théatre du packing Le théatre du packing

Le Theater du Packing.

Un très beau cinéma art déco, une apparition inquiétante, mais tout cela est-il bien vrai ?

Histoire de l'autisme 1 Histoire de l'autisme 1

Un docu-drama sur Bruno Bettelheim, le Maudit. Une"mère frigidaire" datant des années 1940

amer frigidaire amer frigidaire

Enfant mes parents furent les premiers dans le petit bourg où je demeurais dans les années 50, en face de l’hôpital psychiatrique où, jusqu'à mes 5 ans, j'ai habité,  à avoir un (vrai) Frigidaire, celui conçu par Loewy - Encore un américain comme dirait Dieudonné. Vous ne m'en voudrez pas pour l'anachronisme car le théâtre est un décor du film Technicolor 3 - bibande MGM de 1930,  "It's a great Life (1930), avec les sœurs Duncan et Lawrence Gray, miraculeusement préservé - C'est le premier plan d'une séquence musicale étourdissante, et le décor (sans doute un trucage) est splendide. J'ai un peu raté la perspective du Frigidaire....

Choix Choix

Choisissez !

Faire confiance Faire confiance

On y va les yeux fermés - Publicité de l'État incitant les populations à confier leurs enfants aux psyKK infiltrant ses propres services, lui qui n'y est pour rien.

Ue faire ? Ue faire ?

Ah la question psychanalytique, le problème psychanalytique, qu'en faire, comment les résoudre, puisque seul cela compte, comment les résoudre. Chez nous il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions, heureusement.

Emprise Emprise

Ils sont partout Contrairement à ce que vous pensez, c'est un sorcier !.

L'essentiel, c'est de se repentir de ses erreurs. Heureusement qu'on peut y aider.

ABA ABA

 Il n'y a que le résultat qui compte, pas vrai.....

Les Méthodes qui Marchent, comme dirait l'ex-future Maire de Marseille - Mais aussi la neurodiversity, maintenant. Encore les Américains....

 

 Mais avant tout, il faut prôner le dialogue - Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent !

 

Théâtre de l'Autisme

D'aucuns vont m'en vouloir, de vouloir faire rire sur un sujet si grave, même si le rire ne concerne que certains acteurs du théâtre de l'autisme. On me pardonnera bien volontiers de n'y avoir point inclus d'auto-caricature contre les psy, dont je suis, qui ne manquent pas de travers piquants, parfois amusants voire grotesques mais ne sont, dans leur grande majorité, et quoiqu'on souhaite en faire accroire, ni des imbéciles, ni des criminels, ni les deux. J'aurais aimé en avoir de ces caricatures provenant d'autres opinions. Las, là bas c'est le sérieux qui domine, celui qui donne le frisson, frisson qui est un bon signe clinique induit par certains, parce que, quand l'effroi vient, le diagnostic aussi. On se forge une sémiologie pratique avec l’expérience, et il n'y a même pas parfois besoin de rencontrer les personnes, les lire, les voir, les entendre suffit parfois.

Mes images, souvent, renvoient à un passé brutal, et sans nuance, ou les théories, déjà prétendument fondées sur "la science", se voulaient claires, simples et purificatrices. C'est ce que j'ai lu dans le fil des débats et des événements. Mis dans la mauvaise charrette, le mauvais wagon, comment en sortir ? Et bien ce n'est pas possible, comme de montrer qu'on est pas coupable. Se justifier, admettre les erreurs passées, autant de choses inutiles et sans action. Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.

Théâtre de l'autisme, tant l'affaire se joue sur scène, dans le paraître, dans le conte, le story telling (c'est plus moderne), l’esbroufe, l'à peu près, dans ce théâtre-novlangue appauvri, réduit à quelques scènes, quelques répliques, toujours les mêmes. Bettelheim, la psychanalyse impure, corrosive, qui est partout, qui veut tout prendre, l'ABA robotisant, les choix binaires, la culpabilisation des innocents, mais aussi l'éthique, le sujet, la science, le cerveau, l'esprit, nos valeurs, la maltraitance. Les bonnes théories contre les mauvaises. Et vice versa. Et je prends parti, car je défends mes idées, mes valeurs, mes croyances, mes convictions.

Et puis après toute cette dérision il y a, après tant de déferlements de passions autour d'un scénario si pauvre, les scribes, les raisonneurs, les fonctionnaires opiniâtres car immortels, les ordonnanceurs, les ordonnateurs, les reclasseurs, les rédacteurs vont s'y mettre pour codifier tout ça. Tout ce joli monde met en musique les folies raisonnantes, derrière la raison desquelles ils se sentent à l'abri, comme le sont, pensent-il, les politiques à la petite semaine, à la petite année, à la petite éternité....

Ce qui manque terriblement c'est une raison dans ces maelströms de folie, gros d'effondrements à venir, tant cette folie emporte mêlées les passions et les douleurs, dans une explication simpliste, un choix absurde, puisque opérant sur un délire, qui mime le réel, mais ne l'est pas,  et qui entraîne tout le monde à l'abîme.

Toute la raison est ailleurs. Cette raison on peut la retrouver en écoutant et en parlant avec des autistes, avec leurs parents. Et en agissant, souvent avec des petits bouts de ficelle, en ajustant ça et là des trajectoires hectiques, en bricolant de bric et de broc  Car tout ce qui manque à ces décideurs, c'est un peu de pratique, alors que ce dont ils sont gavés, ce sont les théories et les argumentaires.

Et puis viendra un 4° plan autisme, tout aussi pauvre que les précédents. Pauvre en ce qu'il ne se donnera pas comme but de suturer les deux berges de la plaie béante des dispositifs sensés venir en aide aux personnes autistes et à leur famille, mais bien plutôt de poser du sparadrap sur l'une d'entre elles, avec une œillade complice aux spectateurs.

Toutes ces images sont ma création, protégée par mes droits d'auteur, et ne sauraient être reproduites qu'avec mon autorisation expresse

1 - On écoutera avec bonheur ce passageà la fin de l'air dit Credo de Iago, chanté par l'extraordinaire Lawrence Tibbett, le samedi 12 février 1938, au Metropolitan Opera de New York, représentation radiodiffusée sur NBC Blue, et dont l'enregistrement intégral sur disque à la volée, en direct  a survécu, comme tant d'autres, sous un son très présent et très correct. Lawrence Tibbett y est particulièrement impressionnant dans ce passage, où les craquement d'époques peuplent les silences qui découpent les dialogues (e poi, e poi....). L'opera, dans nouvelle un mise en scène d'Herbert Graf, avait ouvert la saison du Met fin 1937. Les autres artistes sont Elisabeth Rethberg (Desdemona) et Giovanni Martinelli (Otello)

 

16 mai 2016

Appel de 111 parents de personnes autistes au Président de la République Française

Avant propos : 111 parents !!!
Et les milliers d'autres qui réclament, via les associations de parents, l'application des recommandations de l'ANESM & de la HAS !!!! ??????
Jean-Jacques Dupuis

16 mai 2016
Par le RAAHPBlog : Le blog de le RAAHP

Appel de 111 parents de personnes autistes

au Président de la République Française

 

 Monsieur le Président,

 Vous allez intervenir prochainement sur la politique en faveur des personnes handicapées dans notre pays. Les 111 parents de personnes autistes signataires de cet appel voudraient, à cette occasion, attirer votre attention  sur le vivre ensemble,  mis à mal depuis des années dans le monde de l’autisme par des lobbies qui entretiennent une véritable guerre de religion à l’encontre des parents et des professionnels qui ne partagent pas leurs certitudes infondées.

 En l’état actuel des connaissances aucune imagerie médicale ou aucune analyse biologique ne permet de poser le diagnostic d’autisme. Les causes des différentes formes d’autismes demeurent, à ce jour, largement inconnues malgré toutes les recherches menées dans le monde entier. Du côté des accompagnements de ces personnes, la HAS (la Haute Autorité de Santé) a reconnu qu'aucune étude scientifique n'avait permis de valider une approche particulière.

 Pourtant certains sont persuadés d’avoir trouvé la pierre philosophale, la méthode ABA, présentée très sérieusement par ses laudateurs comme une découverte aussi incontestable que la gravitation universelle de Newton.

 Nous reconnaissons certes à tout parent le droit de choisir la méthode qui lui semble le mieux convenir à son enfant.  Nous reconnaissons également que l’ABA a développé quelques outils qui peuvent, dans certains cas, être repris utilement par toutes les approches. Mais, érigée en dogme excluant les apports de toutes les autres approches, elle  a été appliquée à grands frais pendant des décennies en Amérique du Nord, sans que cela diminue le taux d’adultes autistes dépendants. En France, ses résultats décevants ont été mis en lumière dans une étude récente commandée par les pouvoirs publics : pour des coûts 2 à 4 fois supérieurs à ceux pratiqués dans des établissements traditionnels, les 28 centres expérimentaux  ABA financés par l’Etat depuis des années n’ont pas de meilleurs résultats. Aujourd’hui, les autorités de santé britanniques et belges prônent une attitude beaucoup plus prudente, indiquant qu’aucune méthode ne peut revendiquer de niveau de preuve scientifique suffisant et qu’aucune ne s’applique de façon universelle à l’ensemble du spectre autistique dans sa diversité.

 Vos services savent parfaitement tout cela. Nous les avons alertés à maintes reprises et nous ne comprenons pas pourquoi ils persistent dans l’erreur. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi ils refusent obstinément à notre courant de pensée toute représentation dans les instances de concertation sur ces questions.

 La vérité unique et obligatoire, de même que la science d’Etat, ne font pourtant pas partie des valeurs laïques et républicaines de notre pays !

 Le Secrétariat d’Etat aux personnes handicapées entend à présent imposer, sous peine de graves sanctions financières, la seule et unique méthode ABA à tous les établissements, à tous les appels à projets et à toutes les formations. Certes, en caressant dans le sens du poil ceux qui font le plus de bruit, on détourne l’attention du problème principal que constitue le manque dramatique de places adaptées pour tous nos enfants, en particulier pour ceux, très nombreux, qui ont les plus grandes difficultés et qui ne peuvent pas s’insérer en milieu ordinaire.  

 Pourtant la majorité silencieuse des familles sait bien que, même s’il n’y a pas de méthode miracle, les enfants, adolescents et adultes autistes peuvent néanmoins s’apaiser et faire d’énormes progrès lorsqu’on met à leur disposition, au cas par cas, tout ce qui a été élaboré dans les différents champs de connaissance. Encore faut-il reconnaitre que ce qui est bon et bien pour l’un à un moment donné ne l’est pas nécessairement pour l’autre et que tous ne peuvent pas emprunter le même chemin. C’est là le sens symbolique des chiffres « 1 », semblables mais différents, du nombre 111 de parents signataires de cet appel à la raison.

 Nous vous appelons donc, Monsieur le Président, à faire en sorte que cessent ces dérives liberticides et que les libertés fondamentales soient respectées dans le monde de l’autisme : liberté de choix des familles dans leur diversité, liberté de pensée et d’expression, respect du pluralisme, respect de la singularité de tout être humain, handicapé ou pas.

pour voir la liste des signataires cliquez ici : l'appel des 111

13 mai 2016

Autisme : Les psychiatres appellent à la raison

article publié dans Médiapart

Avertissement : je relaie cet article que je trouve assez représentatif de la "raison" du milieu psychiatrique ...tout du moins de certains personnages.

A croire que le modèle français est fantastique, le personnel formé aux méthodes efficaces et la démarche absolument scientifique. La plupart des familles ont des besoins délirants & les méthodes éprouvées de part le monde n'ont pas droit de cité en France.

J'aimerai simplement rappeler ici que nous attendons la démonstration sur la base de publications internationales d'un telle opposition caractérisée au changement.

En ma qualité de simple parent, je pense avoir une expérience modeste mais durable de l'inefficacité des prises en charge actuellement proposées dans la plupart des établissements français.

A mon sens, les psychiatres de bonne volonté ont toute leur place dans l'accompagnement des personnes avec autisme. L'aveuglement, les coûts inutiles, l'absence de résultats nous connaissons ... Alors passons qu'il vous plaise ou non à autre chose.

La psychanalyse, oui, pourquoi pas, mais entre adultes responsables et consentants.

Jean-Jacques Dupuis

13 mai 2016
Par Gilles BouquerelBlog : Autisme : les Sciences et l'Humain


Une fois n'est pas coutume, je me fais l'écho d'un communiqué de trois instances en psychiatrie. On voudrait faire croire que le vaste problème des autismes, n'a aucun besoin ni de la psychiatrie ni des psychiatres, ce qui est absurde et fondé sur une surestimation presque délirante du comportementalisme qui n'est ni omnipotent ni omniscient. Les psychiatres s'opposent à ces folies.

Communiqué de presse de la Fédération Française de Psychiatrie, du Collège National des Universitaires de pédo-psychiatrie et du  Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie du 12 mai 2016

 

AUTISME : L’HEURE EST À LA MOBILISATION CHEZ LES PSYCHIATRES

La prise en charge de l’autisme en France a toujours manqué de moyens quels que soient les âges des personnes concernées.

La psychiatrie, dans le système de santé et de protection sociale français a, depuis des décennies, assuré deux fonctions.

  • D’une part, elle réalise et accompagne des prises en charges actives, désaliénantes, basées sur les acquisitions scientifiques pertinentes et successives.
  • D’autre part, elle est un recours et un accueil ultime, par défaut, quand les carences de places ou le rejet social aggravent le sort, la dépendance et les co-morbidités des personnes autistes, notamment les plus dépourvues de moyens.

On doit à la vigoureuse action des associations de parents d’avoir obtenu que l’autisme devienne une priorité de santé publique en 1995.

Depuis, les plans autisme successifs ont, année après année, avec leurs différents axes, amélioré la visibilité des problèmes en cours (insuffisance du diagnostic et des prises en charges multipolaires précoces, ruptures de prise en charge aux âges charnières, destin asilaire de certain adultes, insuffisance de l’aide aux aidants, rejet social et rejet par l’éducation nationale, etc.).

La redistribution des rôles dans l’accompagnement est en marche.

Il est en effet heureux que toutes les disciplines concernées soient mieux représentées dans les projets que souhaitent les familles et les professionnels pour les personnes autistes.

Cet éventail va des spécialités de la médecine exploratoire, de l’éveil sensoriel et de la rééducation psychomotrice, de la sensori-motricité, à l’éducation, à la scolarisation, la psychologie, la neuro-pédiatrie, la psychiatrie, la pédopsychiatrie, et toutes les autres disciplines nécessaires au traitement des co-morbidités somatiques et psychiatriques, à tous les âges de la vie.

Dans cet enrichissement pluridisciplinaire progressif, il est heureux qu'un consensus scientifique et international se dégage pour écarter les tentations de toute discipline isolée à exercer une suprématie sur les autres.

Il est aussi heureux que le double rôle historique de la psychiatrie ait évolué.

  • Pour les prises en charge actives et multipolaires, elle est en mesure d’aider à fédérer plusieurs disciplines parmi celles qui sont nécessaires.
  • Pour les prises en charge par défaut, le développement du médico-social d’abord, de l’intégration et de l'inclusion sociale ensuite, tendent à diminuer le rôle de « dernier recours » sans moyens spécifiques qui fut longtemps dévolu à la psychiatrie, un rôle assimilé à tort à une captation médicale et abusive par les hôpitaux.

Dans ce contexte, les professionnels de santé et singulièrement ceux de la psychiatrie ont été, dans leur diversité, acteurs, souvent moteurs, parfois conservateurs (car les plus anciens), mais toujours concernés par l’accompagnement de l’autisme, à la fois maladie neuro-développementale dont l’origine est diverse, notamment dans ses causes génétiques, et handicap invalidant de gravité variable.

Ils sont plusieurs dizaines de milliers, formés et qualifiés, qui suivent depuis des années les évolutions en cours dans ce domaine. Avec leurs syndicats et leurs instances professionnelles multiples, ils contribuent à ces transformations avec le soutien discret de plusieurs dizaines de milliers de familles.

Aujourd’hui, tous sont inquiets.

Avec une extrême violence polémique, certains courants hostiles au système de soins et à la protection sociale se targuent d’avoir droit de cité dans les cabinets de nos ministères. Des lobbyistes s’expriment dans les instances de la république comme s’ils étaient des sous- ministres ou leurs superviseurs.

Sous prétexte de désaliénisme, des intérêts privés se sont imposés dans des domaines qui relevaient jusqu’ici du service public et de l’université. Des organismes en conflit d’intérêt remportent des appels d’offres sans concurrence

Les Recommandations de Bonnes Pratiques de la HAS sont détournées de leur esprit et de leur lettre pour justifier des détournements scientifiques. Un obscurantisme pesant s’installe. Des exemples de Bonnes Pratiques dans des pays étrangers sont avancées comme modèles mais ce sont précisément les mêmes qui aujourd’hui dans ces pays sont critiquées pour leurs effets pervers, après des années d’aveuglement et de dépenses inutiles. Il faut se garder de ces emballements médiatiques qui en matière sanitaire affollent les médias, dérégulent les pratiques (dernier exemple en date : les cabinets dentaires low-cost) et déstructurent les soubassements de l’offre de soins.

De plus en plus nombreuses, des familles inquiètes s’organisent et se rassemblent dans plusieurs associations nouvelles, réclamant de la démocratie et de la transparence, mais elles sont vouées à la discrimination et à l’hostilité des fonctionnaires dans des agences et des groupes de travail de la république où règne une atmosphère de chasse aux sorcières.

C’est pourquoi la FFP, le CNU de pédo-psychiatrie et le CNQSP avec leurs cinquante associations scientifiques et leurs milliers de membres s’adressent au président de la république pour qu’il mette bon ordre à des dérives antidémocratiques qui ne peuvent qu’accentuer la réprobation et la colère de ces professionnels et de ces familles.

Nous sommes déterminés à faire progresser la prise en charge de l’autisme, en imposant le retour à la démocratie dans les discussions, y compris en engageant des contentieux là ou cela est nécessaire et en appelant les personnels de santé et les familles à s‘exprimer par tous les moyens autorisés par la loi

 

 

Dr Maurice BENSOUSSAN, Président du Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie

Professeur David COHEN, Président du Collège National des Universitaires de pédo-psychiatrie

Docteur Bernard ODIER, Président de la Fédération Française de Psychiatrie

5 mai 2016

De nouveau sur le Front anti-HAS du RHAAP et des 3i

5 mai 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot

Autisme Espoir Vers l'Ecole (AEVE / méthode des 3i) nie avoir coordonné son offensive anti-HAS avec le RHAAP, à l'occasion du Comité National Autisme. Mais de qui se moque-t-elle ?

J'avais écrit : « C'est curieux, parce qu'il y a d'un côté le RHAAP , nano-fédération de nano-groupuscules type« La Main à l'Oreille » . Et de l'autre côté, AEVE, qui mobilise effectivement plusieurs milliers de bénévoles.

Les argumentations sont tellement semblables que la coordination de la campagne est évidente. »

Au nom d'Autisme Espoir Vers l'Ecole (AEVE) Anais Bisdorff a répondu en commentaire sur Médiapart : 

«   Sur les ‘’campagnes médiatiques coordonnées’’. Pas du tout. Il n’y a là qu’une conjonction de circonstance, liée à l’importante réunion du Comité National Autisme du 21 avril. En particulier, AEVE et RAAHP ont agi indépendamment et la concordance de certaines demandes soutenues par plusieurs milliers de familles directement impliquées, devrait faire réfléchir plutôt qu’irriter. »

Mais où était donc AEVE le 21 avril ?

Dans l'appel à signer une pétition avant le CNA du 21 avril, AEVE écrivait : « Ci- dessous l’accès à la Pétition AEVE 2016 que nous souhaitons de grande ampleur  au vue  des décisions qui vont être annoncées le Jeudi 21 Avril, au Comité National Autisme où nous serons  présents, sous la pression des « lobbies » existant derrière le choix unique des méthodes comportementales à l’exclusion de toutes les autres prises en charge."  

C'était intrigant, car AEVE ne figurait pas dans les associations invitées au CNA. Et elle n'était pas non plus sur le trottoir devant l'Hôtel de Ville avec « Vaincre L'Autisme ». Innocent

Pas d’intervention non plus au CNA. Certes mention de la méthode des 3i dans la tribune du Figaro de Christine Gintz (RHAAP) . Il n'en a pas été question cependant dans la longue intervention de Mireille Battut, de « La Main à L'Oreille » au CNA , ni dans celle que Christine Gintz voulait faire 

Il est vrai que tout le monde n'a pas pu parler, seuls ceux qui avaient levé la main en premier ont pu le faire. Et quand on a entendu Danièle Langloys, au nom d'Autisme France, on voit bien qu'il n'y a pas besoin de longs discours pour cibler les problèmes.

Les représentantes de « La Main à l'Oreille » - parce qu'il y en avait au moins deux – se sont faites particulièrement remarquer en tentant d'interrompre le témoignage de Charlotte, autiste adulte, en lançant de façon méprisante : « Donnez-lui un rendez-vous individuel chez l’assistante sociale ! ».

Mais où était passée AEVE ?

Mensonge ou tromperie ? That is the question !

Eh bien, AEVE était représentée par « La Main à l'Oreille ».

Il y a tromperie sur la marchandise, mauvaise foi patente.

On trouve la liste des Associations de parents membres du RAAHP

Autisme Liberté
Autisme Pluriel
La Main à l’Oreille
La Main à l’Oreille asbl (Belgique)
Pélagie
Autisme Espoir vers l’Ecole

Ainsi donc, AEVE fait partie du RHAAP ! Difficile de faire campagne moins « coordonnée. »

Je n'ai pas trouvé de trace sur le site d'AEVE de cette adhésion au RHAAP. Il n'y a en effet pas de quoi s'en vanter.

Le RHAAP est donc un tout petit groupe de nano-groupuscules de parents et/ou professionnels, avec en plus l'AEVE qui sert de caution politique et morale.

La méthode des 3i n'est pas psychanalytique

Je reprécise que je ne pense pas que les 3i sont partisans des méthodes et théories psychnalytiques. Il suffit de se reporter aux intervenants de leur 11ème forum pour s'en rendre compte.

Et ce n'est pas un élément isolé comme le « témoignage » de Fabien Joly (CRA Bourgogne) qui invalide ce constat.

AEVE fait certes référence à la Thérapie d'Echanges et de Développement et s'appuie sur un encouragement du Pr Gilbert Lelord. Mais cela date de 2005. Ce n'est pas raisonnable de s'appuyer éternellement sur cet argument.

Autistes : de Pavlov au Golem

Mais Mme de La Presle n'hésite pas à répandre les critiques habituelles de nos professionnels résistants au changement des pratiques : « Les méthodes « pavloviennes » ne leur donnent pas la conscience qui leur permet d’être  des êtres humains à part entière ! » 

C'était d'ailleurs le point de vue de Charles Melman dans une interview célèbre du Télégramme le 21 février 2014« Après vingt ans de pratique, une succession de travaux récents aux USA montre que l'approche comportementaliste qui vise à la rééducation tardive des fonctions de l'enfant ne marche pas. Et c'est précisément maintenant que nous investissons dans cette direction. Ces enfants autistes sont vides comme un golem au sens où leur capacité combinatoire n'a pas de maître ni de limites. Ils ont des capacités de calcul souvent stériles, comme un ordinateur laissé à lui-même. Il n'y a pas d'instance morale ni réflexive venant leur donner une identité. »

Nous retrouvons les partisans de Charles Melman, comme Marie-Claude Laznik, dans les Associations et institutions membres du comité de soutien au RHAAP

Api
Altérité
Association des psychologues freudiens
Aurore
CEREP Phymentin
CERPP de Bonneuil
CIPPA
Association Gombault-Darnaud
Hôpital de jour de Poissy
Les enfants au pays
Les enfants de l’Albatros
PREAUT

En fin de compte, le RHAAP c'est un groupe soutenu par les professionnels pour pouvoir dire que des parents soutiennent les professionnels anti-HAS.

Que vient faire AEVE dans ce ramassis ?

Comment AEVE peut-elle se déconsidérer en se mettant à la remorque des praticiens de la « pataugeoire sèche », où des bambins tous nus pleurent en chœur devant des professionnels observant leur comportement ? La recherche du regard dans le jeu, avec des bénévoles motivés, c'est quand même autre chose que les pratiques des hôpitaux de jour !

On sent que c'est une alliance contre-nature par dépit, par exemple dans l'introduction de l’intervention de Fabien Joly : « Vous savez que pour nous c'est difficile de se faire reconnaître ».

L'intervention du RHAAP au CNA ignorait la question de l'évaluation des méthodes, alors que cela est une revendication justifiée d'AEVE.

En tant que représentants des usagers au CRA de Bretagne, nous avons eu l'occasion cette semaine de poser la question d'une participation du nouveau CRA à une évaluation de la méthode des 3i, présente depuis longtemps et de rencontrer une écoute favorable sur ce point.

Nous l'avons demandé bien qu'AEVE a été la seule association autisme présente en Bretagne à refuser de participer au Collectif Bretagne Autisme, pour défendre l'équipe du CRA (avec le Dr Eric Lemonnier) attaquée par les psychanalystes de la région et du Conseil National des Universités, avec Michel Botbol. 

Cela ne nous a pas empêché de gagner notre combat pour défendre la nécessité d’un CRA au service des personnes autistes et pour obtenir la rupture avec le secteur sanitaire psychiatrique. 

En souhaitant qu'AEVE en termine avec ces mauvaises fréquentations.

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