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"Au bonheur d'Elise"
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16 février 2019

Adultes handicapés : "On s’attaque aux plus faibles, c’est facile"

Publié le 15/02/2019 à 8h50. Mis à jour à 9h03 par Séverine Joubert.

 Adultes handicapés : "On s’attaque aux plus faibles, c’est facile" Denis Tainturier est père d’un adulte autiste

S. J.

Exemple en Charente-Maritime d’allocations qui ont été diminuées ou supprimées… à tort.

Comme d’autres parents d’adultes handicapés, le Saintais Denis Tainturier a bondi en prenant connaissance d’un courrier de la Caisse d’allocations familiales (CAF) adressé à son fils de 34 ans, Vivien, autiste. Le trentenaire est en foyer occupationnel le jour et rentre chaque soir chez ses parents.

Il était indiqué que le calcul de l’Allocation adulte handicapé (AAH) était fonction des revenus de ses parents. Conséquence immédiate : son allocation a été suspendue. D’autres familles ont vu leur allocation tronquée.

Denis Tainturier, adhérent de l’Union départementale des affaires familiales (Udaf) et membre d’Autisme Charente-Maritime, a vite réagi et pu contester cette disposition, en se renseignant auprès de l’Unafam ou de l’Unapei (1) et écrivant un courrier circonstancié. Ce qui a supposé les bons contacts et du temps.

Transmis par le fisc

Denis Tainturier pense aux familles qui n’ont pas les moyens de déployer cette énergie :

« On s’attaque aux plus faibles. C’est facile. Les familles ne font pas de l’argent sur cette allocation »

Le nouveau formulaire de la CAF, basé sur des renseignements transmis par l’administration fiscale, a en effet engendré de nombreuses inquiétudes, d’ailleurs relayées par les associations qui ont appelé à la vigilance, comme l’Unapei.

Sont précisément concernées les familles qui déclarent à leur charge fiscale un enfant adulte, en situation de handicap avec une majoration de part sur leur quotient.

Le courrier de la CAF demande de remplir « le montant de revenus de placement pour le foyer (revenus de capitaux mobiliers, plus-values, revenus fonciers, etc.) ». Or, il est acté que le montant de l’AAH ne tient pas compte de ces revenus. Et ce, pour la simple et bonne raison que la personne en situation de handicap n’est pas dans une « obligation alimentaire ». Elle ne peut pas venir en aide financièrement à ses parents. Dans le cas de Denis et son fils, par exemple, ce dernier n’est pas en mesure de travailler.

Denis Tainturier, lui, ne décolère pas. « Comme si les familles n’avaient que ça à faire ! »

(1) Union nationale des familles et amis de personnes malades et ou handicapées psychiques (Unafam) ou Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis).

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12 février 2019

A Compiègne, les enfants autistes vont avoir une classe rien que pour eux

article publié dans Le Parisien

Stéphanie Forestier| 06 février 2019, 19h41 | MAJ : 06 février 2019, 21h55 |1
Compiègne, ce samedi. David Texeira a fondé Eclosion Bleue pour aider les parents, qui comme lui, on un enfant atteint d’autisme. Meryem, maman d’Adam, 7 ans, a rejoint l’association. LP/Stéphanie Forestier

David Texeira, président de l’association Eclosion Bleue, a recensé 40 cas d’enfants autistes dans le Compiégnois et le Noyonnais. Une classe va enfin ouvrir à la rentrée.

Scolariser un enfant autiste relève du parcours du combattant. Une association en a fait son cheval de bataille, l’Eclosion Bleue à Compiègne. « En deux ans, nous avons recensé une quarantaine de familles du Compiégnois et du Noyonnais concernées par ce handicap », assure David Texeira, président et papa d’Axel, un jeune autiste de 12 ans. Tous attendaient cette nouvelle avec impatience. Elle vient de tomber. Jacky Crépin, l’inspecteur d’académie vient d’annoncer la création d’une classe Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) Ted (trouble envahissant du développement) à Compiègne.

Crèvecoeur-le-Grand et Attichy aussi concernés

« Elle ouvrira en septembre prochain, nous étudions sa faisabilité dans deux écoles, Robida et Farroux. Ces classes doivent répondre à des réglementations spécifiques, doivent être en rez-de-chaussée, avoir un accès direct vers l’extérieur… Une autre ouvrira à Crèvecoeur-le-Grand et une à Attichy mais elles seront réservées aux troubles du langage. Nous avons aussi deux projets en collège. »

Un maillage départemental inégal

L’Oise compte 70 Ulis, ces classes adaptées en milieu scolaire classique, tous handicaps confondus. L’autisme semble être un des parents pauvres du département. Les Ulis ted, sont au nombre de sept : cinq en primaire, deux en collège à Beauvais et zéro en lycée. Le maillage départemental est donc inégalement réparti. Axel, le fils de David Texeira est scolarisé à Pont-Sainte-Maxence et arrive à l’école 1 h 30 après être parti de chez lui. « Comme il est dans un transport adapté, il y a des arrêts fréquents. Ça le fatigue beaucoup. »

3 ans d’attente pour une place

Ces Ulis affichent une liste d’attente de 3 ans. « Il faut savoir que 20 % des enfants autistes sont déscolarisés », assure David Teixeira. Meryem, une habitante de Compiègne a rejoint les rangs de l’association. « Je me sens moins seule et je comprends mieux le handicap de mon fils, affirme la maman d’Adam, 7 ans. Je ne voulais pas qu’il soit dans un établissement spécialisé. Je voulais qu’il fréquente les autres enfants. Ça a été la galère pour faire reconnaître sa maladie. Maintenant, il suit les cours avec une assistante de vie scolaire. »

L’Eclosion bleue a pris tellement d’ampleur qu’elle s’est étendue dans la Somme et en Normandie. Elle recherche des bénévoles et un local à Compiègne pour recevoir les parents en « pause répit », en ateliers thématiques et les enfants en toute tranquillité. « Nous voudrions aussi ouvrir une ludothèque et une bibliothèque. »

« DES CLASSES C’EST BIEN, AVEC DES SOINS C’EST MIEUX »

« L’autisme, c’est une maladie de riches… » C’est avec désolation que Lucie Deprez, enseignante et maman de Fantine, 6 ans, atteinte d’autisme et de troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), évoque la dure vie des enfants autistes et de leur famille.

« L’ouverture de classes adaptées c’est bien, avec des soins c’est mieux. L’épanouissement des enfants et des familles, un suivi par des établissements sociaux éducatifs, appelés Sessad (Services d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile), est nécessaire », explique-t-elle. Sauf que dans l’Oise, pour bénéficier de ces équipes de soignants au sein desquels on retrouve psychomotriciens, ergothérapeutes, orthophonistes ou autres éducateurs spécialisés, la liste d’attente est très longue.

« Il faut compter trois ans », reconnait-on du côté de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de l’Oise. « Pour 15 places, on a près de 100 dossiers en liste d’attente. On a des prescriptions qui nous parviennent alors qu’ils ne concernent pas notre secteur », confie un agent de Sessad. « Les parents expriment leurs difficultés et on voit une hausse constante des demandes », recense Jean-François Vêques, directeur adjoint de la MDPH.

Cette prise en charge pluridisciplinaire permet aux spécialistes d’intervenir dans les écoles, dans leurs locaux, au domicile des familles. Elle favorise un maintien dans un cadre de vie normal. « Malheureusement, les Sessad, financés par l’Agence régionale de santé, ne sont pas assez nombreux. Ils nous demandent de déménager pour habiter plus près des villes et leur éviter des trajets », s’agace Lucie. Ainsi, avec son conjoint, elle a décidé de partir vivre à la frontière belge pour bénéficier de soins pour sa fille. « Sinon on peut faire appel à des spécialistes libéraux, non pris en charge. Mais c’est 1 600 € par mois… »

9 février 2019

Grand débat et handicap : Sophie Cluzel dit non à tout

 

Grand débat et handicap : Sophie Cluzel dit non à tout

Interrogée sur LCI, Sophie Cluzel a redit son opposition à la suppression de la prise en compte des revenus du conjoint pour le calcul de l'AAH. Mais aussi à l'allègement des conditions ouvrant droit à la retraite anticipée pour cause de handicap. Et s'en est expliquée.

https://www.faire-face.fr

 

7 février 2019

Précarité, bas salaire, manque de considération... Pourquoi les accompagnants scolaires d'élèves handicapés sont à bout

article publié dans 20 Minutes

EDUCATION Les AESH ont manifesté ce mercredi  pour demander un meilleur statut et une hausse de salaire

Delphine Bancaud

Publié le 06/02/19 à 20h07 — Mis à jour le 06/02/19 à 20h07

Illustration d'un élève handicapé

Illustration d'un élève handicapé — ATTILA KISBENEDEK / AFP

  • Les AESH sont souvent à temps partiel, en CDD et ont de faibles rémunérations.
  • Ils ont manifesté ce mercredi dans une trentaine de villes de France.
  • Le gouvernement doit faire des annonces lundi prochain, à l’issue d’une grande consultation sur l’école inclusive.

« On fait un travail difficile auprès d’élèves handicapés, on s’investit totalement dans notre mission, mais elle n’est pas valorisée, au sens propre comme au sens figuré », témoigne Hélène Elouard, AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap à Bordeaux). Comme elle, beaucoup de ses confrères sont en grève ce mercredi pour dénoncer leurs conditions de travail et mettre pression au gouvernement qui doit faire des annonces lundi prochain, à l’issue d’une grande consultation sur l’école inclusive. Des rassemblements ont d’ailleurs eu lieu dans une trentaine de villes à l’appel de 8 syndicats.

Ce que les AESH dénoncent en premier, c’est la précarité de leurs contrats. Car selon le Snes, seulement 57 % d’entre eux exercent à temps complet et ils ne sont que 60 % à avoir décroché un CDI. «Nos conditions de travail sont très précaires. Du coup, on n’a pas accès aux prêts bancaires et on a du mal à se loger», témoigne Nathalie Legros, AESH à Reims. Des avancées ont cependant été constatées ces derniers temps : car depuis la dernière rentrée, il y a davantage d’accompagnants embauchés en CDD qu’en contrat aidé. Et dans Le Figaro, Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées a déclaré que «plus aucun contrat du type contrat aidé ne sera recruté à la rentrée 2019».

«On réclame un statut de fonctionnaire»

En outre jeudi dernier, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi PS  via laquelle les AESH se verront proposer des CDD de trois ans, renouvelables une fois avec un CDI à la clé au bout de six ans. Mais selon le groupe PS à l’Assemblée, le texte a été vidé de sa substance, car il proposait à l’origine « un recrutement direct des AESH en CDI », mesure supprimée en commission. «La perspective de CDI pour quelques-uns est insuffisante pour lutter contre le manque d’attractivité du métier», estime Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU.

«Normalement, le statut de contractuel est dédié aux besoins de recrutement ponctuels. Or, l’Education nationale a besoin de nous tout le temps. On réclame donc un statut de fonctionnaire», indique Floris Lemaire, AESH à Paris.

«Je gagne 1.235 euros net pour un travail à temps plein»

Les AESH dénoncent aussi la faiblesse de leurs salaires. «J’ai onze ans d’ancienneté et je gagne 1.235 euros net pour un travail à temps plein», témoigne ainsi Nathalie Legros. «Mais la moitié des AESH travaillant à mi-temps, ils gagnent plutôt autour de 700 euros par mois», souligne Hélène Elouard.

«On fait aussi un travail invisible qui n’est pas reconnu : on s’autoforme sur notre temps libre, on effectue un travail de coordination avec les enseignements. Tout ça, bénévolement. Quant aux Aesh qui bossent dans les REP, ils n’ont pas de prime, alors que les enseignants en ont. Est-ce normal ?», interroge Floris Lemaire.

«On leur demande parfois d’effectuer des tâches qui n’ont rien à voir avec leurs missions»

Quant à la formation des AESH, elle est encore souvent inexistante. Mais le gouvernement a promis 60 heures de formation annuelle dès 2019. «Mais le ministère ne donne aucune garantie que ces heures seront effectivement suivies. Par ailleurs, les AESH devraient être formés dans les Ecoles du professorat avec les enseignants», estime Yvon-Yvan Barabinot, responsable des non titulaires à la CGT  éduc'action.

Parallèlement à des meilleures conditions de travail, les AESH réclament aussi une plus grande considération de la société pour leurs missions. Y compris de la part des équipes pédagogiques : « Dans certaines écoles, les AESH ne sont pas pris en compte, n’ont pas d'échanges avec les enseignants, déjeunent dans leur voiture. Et pire, du fait de la précarité de leur statut, on leur demande parfois d’effectuer des tâches qui n’ont rien à voir avec leurs missions, comme faire des photocopies, garder les enfants à la récrée… Et quand il y a conflit pédagogique entre l’AESH et un enseignant, en général il est réaffecté ailleurs ou son contrat n’est pas renouvelé», révèle Hélène Elouard. Reste à attendre lundi pour savoir quelles remèdes le gouvernement va leur apporter…

4 février 2019

La concertation - Ensemble pour une école inclusive - 3.Les PIAL - Pôles Inclusifs d'Accompagnement Localisés

 

La concertation "Ensemble pour une école inclusive" - 3.Les PIAL - Pôles Inclusifs d'Accompagnement Localisés

Pour rénover le dispositif d'accompagnement des élèves en situation de handicap à la rentrée 2019 la concertation "Ensemble pour une École Inclusive" et les PIAL

http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr

 

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4 février 2019

Le centre pour adultes autistes est ouvert…et complet

article publié sur l'essor 38

le 02 février 2019 -

Le centre pour adultes autistes est ouvert…et complet
Brigitte Paris
- Le centre pour adultes autistes a ouvert en novembre dernier

Ouvert depuis à peine deux mois, le centre d'accueil et d'hébergement pour adultes autistes du pays voironnais est déjà complet. Si pour une trentaine de famille, il est vécu comme un soulagement, sa saturation et le trop grand nombre de candidatures refusées témoignent de la carence de solutions pour ces patients, passé l'âge de 20 ans. Explications avec Brigitte Paris, conseillère municipale à Voiron, déléguée au handicap, à l'accessibilité et à la petite enfance.

Le centre d'accueil pour adultes atteints d'autisme du pays voironnais a ouvert le 26 novembre dernier. « Le projet remonte à 2014, suite à l'appel à projet de l'Agence régionale de santé (ARS), d'ouvrir un centre dans la région de l'est grenoblois. » A partir de là, l'élue voironnaise, personnellement touchée par la question, et qui a pu constater le « manque crucial de structure en France pour les adultes autistes » prend les choses en main. Elle met en relation l'antenne voironnaise de l'association AFG autisme (qui gère plusieurs établissements en France), avec les services de la municipalité voironnaise. Finalement le projet séduit l'ARS.

« Il a ensuite fallu trouver le terrain, et c'est le pays voironnais qui nous a aidé et qui a signé un bail emphytéotique avec AFG autisme, qui gère désormais l'établissement. »

La première pierre a été posée en mars 2017 pour ouvrir 20 mois plus tard. Aujourd'hui, 30 places sont disponibles en hébergement permanent (trois unités de 10 résidents) et 10 en accueil de jour. « Les entrées se font progressivement, afin de ne pas perturber trop rapidement le quotidien des patients, et pour permettre la mise en route progressive pour les professionnels. Aujourd'hui, sept patients sont accueillis ». Parmi eux, la fille de Brigitte Paris. « Quand je parle du soulagement de trouver une solution, je le dis pour le vivre de l'intérieur. Savoir que nos enfants sont accueillis avec bienveillance et professionnalisme, ça soulage le quotidien, mais ça soulage surtout pour l'avenir. »

30 places. Un mieux, mais encore insuffisant au vu des centaines de candidatures reçues et refusées…faute de place. A peine ouvert, le centre est déjà complet. « Il n'y a que 5 % des adultes qui ont une prise en charge correcte. Passé 18 ans, la situation est complexe, voire catastrophique, surtout pour les patients qui ont une grande dépendance. Les centres sont très peu nombreux. Et pour les adultes qui n'ont pas de place ? Ils restent dans leur famille, parfois ils vont en hôpital psychiatrique, ou dans des structures à l'étranger. »

Une cinquantaine de praticiens travaillent dans l'établissement situé à cheval sur les communes de Voiron et de Coublevie : éducateurs, médecins, infirmiers, personnels administratifs et d'entretien. « On compte trois à quatre éducateurs et un infirmier pour 10 résidents ».

 

Caroline Thermoz-Liaudy

 

Les chiffres du projet

Le Pays voironnais a acheté le terrain à la Région (car situé sur le terrain du lycée Ferdinand Buisson) pour 1,4 M€. La collectivité a pris en charge les travaux d'aménagements routiers, paysagers et piétonniers pour 800 000€ (dont 320 000 € financés par la Région et 40 000€ par le Département). Les travaux ont été financés par l'Etat via la sécurité sociale.

3 février 2019

Éducation & Handicap : La France est un pays où il ne fait pas bon être un enfant porteur de handicap.

Samuel huppé un jeune eleves en situation de handicap moteur 4fecdApprendre lorsqu'on est handicapé(e), un droit fondamental respecté ? L'éducation est un droit essentiel et fondamental qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s'épanouir dans sa vie sociale. C'est également un droit vital qui permet d'acquérir un bon emploi et d'améliorer la qualité de vie, de développer un socle de connaissances et de culture générale plus riche, d'éveiller et de déployer un esprit critique, d'analyse et de synthèse plus affutés.Apprendre est ce qui a permis à l'humanité en tant qu'espèce, puis à chaque individu de s'en sortir et de prospérer jusqu'à aujourd'hui. Cependant, lorsqu'on naît ou devient handicapé, a-t-on accès à tous ces trésors de façon absolue et égale quel que soit notre statut social ?

Des milliers d'enfants handicapés n'ont pas accès à une éducation convenable.

Nous pourrions commencer par répondre à cette question par une dénégation, si on s'appuie sur la réalité des faits. De nombreux enfants handicapés voués au milieu scolaire ordinaire n'ont pas accès à cette éducation ou bien de façon extrêmement détériorée. La mise en place fragile et précaire des Aides de Vie Scolaire n'est que la pointe de l'iceberg. Des AVS, il n'y en a pas pour tout le monde, le matériel à disposition pour permettre la transmission du savoir et l'apprentissage n'est pas suffisant et le corps enseignant est souvent livré à lui-même, sans préparation, ni culture personnelle préalable basée sur l'expérience du handicap. Ce qui génère parfois des réponses inadéquates, ainsi que des barrières entravant la transmission ET l'acquisition des connaissances. Mais peut-on réellement reprocher tout ceci aux maîtres d'école et aux professeurs ?

Samuel TOURNAN instituteur remplaçant : “Le mot qui me vient à l'esprit est “scandaleux”.

Alors qu'à la rentrée dernière, nos décideurs nous laissaient entendre que la quasi totalité de la problématique éducation-handicap était résolue grâce à l'augmentation du nombre des Aides de Vie Scolaire, voici aujourd'hui ce que Samuel TOURNAN, instituteur remplaçant le mot qui me vient à l'esprit est scandaleux 1ba5anous dit Samuel, instituteur de 42 ans qui est confronté aux errances d'un système créant des situations complètement improbables : “La France est un pays où il ne fait pas bon être un enfant porteur de handicap. Les adultes encadrants sont souvent peu formés, en sous-effectif et livrés à des situations aberrantes. La loi de 2005, sous prétexte d'améliorer tout ça, était en réalité une monstruosité destinée à réduire les coûts engendrés par l'encadrement des enfants handicapés. J'ai assisté à des situations ahurissantes, comme par exemple une maîtresse qui s'est vue refuser un stage de formation à la langue des signes sous prétexte que ça coûtait trop cher. Alors elle a dû financer ça toute seule. Et même, là on lui a interdit de s'absenter pour la durée du stage, argant que celui-ci n'était pas homologué (...).

Sans aucune formation. j'ai personnellement remplacé des maîtresses spécialisées (et c'est un bien grand mot, souvent elles n'étaient pas formées non plus) pour enseigner à des enfants sourds, autistes, handicapés moteurs, ou ayant des troubles du comportement et des troubles de l'apprentissage. Dans tous les cas, j'ai dû me débrouiller comme j'ai pu en ayant l'impression de ne faire que très peu progresser les élèves en question.

Ces classes présentent chacune des tranches d'âges, des niveaux scolaires et des degrés de handicap très variés qui imposent une différenciation très compliquée à mettre en place pour un spécialiste, alors pour un remplaçant novice, n'en parlons pas.

Les AVS sont sous payé(e)s et les enseignants aussi. On ne peut pas exiger le haut niveau de compétence et d'investissement nécessaires pour ces profils de classes sans la paie qui va avec. Personne ne veut le faire, surtout pas dans ces conditions. Cela donne dans de nombreux cas des AVS peu motivées et pas bien formées. Il en découle un paquet de problèmes de fonctionnement interne. Et quand on a la chance de tomber sur une AVS géniale (ça existe) , le suivi auprès de l'enfant n'est que très rarement une priorité. On peut voir la personne disparaître subitement parce qu'elle était en fin de contrat et que l'administration ne veut pas s'encombrer de titulaires qu'on ne peut pas virer rapidement.

Enfin il faut savoir que les embauches d'AVS prennent parfois un temps fou, de même que la plupart des démarches administratives conditionnant toute mise en place de moyens nécessaires pour enseigner avec les enfants handicapés. On peut parfois attendre des années avant d'avoir un système mis en place pour les besoins d'un élève, qu'il s'agisse d'une AVS, d'une table spéciale, d'une subvention pour un fauteuil, un ordinateur adapté...

«Le seul mot qui me vient à l'esprit est "scandaleux".»

Morgana, maman de Lizon, face à l'insensibilité obtuse d'une institutrice mal formée. Lizon est actuellement en primaire et son handicap visuel est évalué à 50-75 % par la Maison Des Personnes Handicapées (MDPH). Elle évolue dans un milieu scolaire ordinaire, tout en étant suivie par un institut spécialisé pour les déficients visuels. Sa maman raconte les soucis de sa fille face à une institutrice récalcitrante, peu compréhensive et visiblement pas assez préparée à la question du handicap :

“L'institut qui suit Lizon et adapte ses leçons et ses manuels scolaires ne cessait de demander les cours à la maîtresse qui faisait la sourde oreille. Celle-ci les présentait sur des feuilles de format A4 totalement inutilisables pour ma fille, via l'institutrice spécialisée présente en classe une après-midi par semaine.(...)  S'est alors instauré un bras de fer entre l'institut et nous d'un côté et cette enseignante de l'autre, qui disait ne pas pouvoir préparer ses cours une la petite luizon dans sa salle de classe au sein de lécole primaire quelle fréquente c33d3semaine à l'avance et déclarait que ma fille était insolente et qu'elle refusait de faire ses exercices. Alors que sans adaptation de ses leçons, ma fille ne pouvait pas travailler correctement. Lizon l'a vraiment mal vécu.

Puis après les démarches de mon mari Alban et moi-même, elle a finalement accepté de transmettre ses cours pour qu'ils soient adaptés au handicap de ma fille. Cela a été un soulagement pour elle. Elle a dès lors complètement changé de comportement en classe et à la maison, retrouvant sa bonne humeur et son insouciance habituelles.

Puis une après-midi où j'apportais en classe les cours adaptés de ma fille parce que l'institut avait du retard, cette même maîtresse a pris une expression sur son visage, l'air de dire “Non mais quelle comédienne !” et m'a affirmé que Lizon voyait très bien, mais qu'elle n'avait simplement pas envie de travailler !”

En conclusion, on réalise à travers cette petite anecdote, qu'en plus de subir les désagréments du handicap, cette enfant doit endurer le manque d'intelligence de son environnement social et ceci. même chez certains professionnels. Sans le soutien attentif de ses parents, son apprentissage scolaire serait fortement endommagé. “Heureusement”, complète Morgana, “ce n'est pas toujours comme cela, il y a aussi des enseignants formidables !”.

Thomas, 25 ans : « Je me suis toujours battu pour une vie normale ! »

La problématique d'accès à une éducation digne de ce nom persiste après les cycle primaire et secondaire. Bien au-delà de l'université d'ailleurs et de l'instruction uniquement, c'est la vie entière des personnes handicapées - incluant tous les domaines impactés par le handicap - qui semblent les plonger dans des luttes perpétuelles et harassantes pour l'accessibilité.

Thomas 25 ans, diplômée d'un Master souhaite rester anonyme, mais il nous explique que son parcours scolaire a été très difficile, notamment à cause des conséquences directes liées à sa maladie, mais surtout à cause de tous les freins qui éclosent, dès lors qu'on est porteur de handicap. C'est un peu comme si, non content d'avoir tiré le mauvais numéro à la loterie de la génétique, il fallait en plus faire face aux portes verrouillées d'un monde formaté, fermé et peu malléable par nature. Et plus notre société refuse de voir cela - à l'image de la maîtresse de Loison - et moins elle sera encline à s'adapter à la différence.

Thomas explique qu'il est atteint d'une pathologie qui engendre très vite une grande fatigabilité. Conséquence de ce syndrome, il qualifie sa scolarité de “compliquée” et de “parcours du combattant”.

À ce sujet, il met notamment le doigt sur les lourdeurs administratives (générales et scolaires). Il fait d'ailleurs surtout référence aux dossiers à faire et refaire systématiquement pour obtenir les aménagements nécessaires, l'absence de suivi d'un niveau à l'autre, d'une année sur l'autre, d'un domaine à l'autre (école, transports, examens, MDPH...) etc... Il se demande pourquoi il faut multiplier les dossiers sans centralisation de l'information. Après tout, c'est un comble, car même les démarches destinées à adapter quelque peu le monde au handicap sont une addition de petites peines supplémentaires, parfois même aux conséquences bien plus lourdes encore qu'on ne l'imagine. “Il n'y a qu'à voir les délais de traitement des dossiers de la MDPH. Ils sont si longs que lorsqu'ils doivent renvoyer des papiers indispensables au suivi administratif universitaire, ils mettent en péril une année d'étude entière”.

En effet, l'administration applique trop souvent à la lettre et les yeux fermés, des réglementations à teneur générale. Elle n'est peut-être finalement pas la mieux placée pour traiter les cas particuliers générés par toutes les déclinaisons et les degrés de handicaps variés, bien au contraire. Là où il faudrait simplifier au maximum, elle multiplie les démarches et les paperasseries, comme Jésus les petits pains, au lieu de se moderniser et de regrouper ces informations en une même banque de données. C'est dans ces situations que la souplesse, la plasticité, la modernité, la compréhension et l'accès facile aux informations fraîches sont requises. 

Cette rigidité administrative se retrouve partout et tout au long de la scolarité également. Et si celle-ci n'est pas toujours, avec le manque de moyens mis en place, une cause exclusive d'abandon, elle peut être la source de souffrances réelles et répétitives. Il n'y a qu'à repenser au mal être de Lizon (cf témoignage précédent) pour le comprendre.

Thomas pour sa part, confirme cela. Lorsque F.H.I. lui demande pourquoi ils a choisi de s'exprimer sur le thème du parcours scolaire et universitaire, il répond : “Tout simplement parce que c'est ce sujet qui m'a le plus détruit et construit à la fois”.  Depuis la maternelle jusqu'aux bancs de la fac, il est difficile pour les personnes handicapées d'accomplir leurs études jusqu'à leur terme,car il existe de nombreux freins : “Des freins, j'en ai relevé oui, mais je ne suis pas le seul à les voir, à les connaître. Le panorama des obstacles est immense. Il va des interactions socio-relationnelles, comme lorsqu'on n'ose pas regarder en face une personne handicapée par exemple, à des problèmes systémiques, (que l'assemblée nationale et la Ministre du handicap essaient de régler petit à petit).”

Il tient aussi à donner un avis sur la solution des Aides de Vie Scolaire, apportée pour tenter de faciliter l'inclusion des enfants handicapés dans le milieu scolaire ordinaire et leur donner accès à l'instruction :  “En ce qui concerne les AVS, oui, elles sont utiles pour certains enfants. c'est indéniable. Toutefois, ce n'est pas la solution à tout . Parfois, il suffit juste de changer le regard sur l'enfant. de lui faire une place et surtout, de l'accompagner, ses parents et lui, afin qu'ils connaissent leurs droits”.

Une situation qui perdure dans les études supérieures...

Ces problématiques se retrouvent bien évidemment lors des études supérieures. Cependant, elles se durcissent davantage car les universités sont autogérées et n'ont de compte à rendre à personne. Les jeunes bacheliers ne sontun etudiant handicapé non voyant lyon 461e1 pas au bout de leurs peines. Au cours de leur cursus, ils peuvent se retrouver coincés, voire broyés par le système administratif de leurs grandes écoles, de leurs facultés ou par certains membres du corps enseignant. Ces étudiants sont en pleine construction de leur potentiel et la rigidité, l'insensibilité peuvent précipiter la fin de leur formation et conditionner leur avenir de façon extrêmement préjudiciable. Il faut bien être conscient d'une chose, lorsque les décideurs d'une université doivent choisir entre, d'une part le maintien, la pérennité et la renommée de leur institution, et d'autre part, la réussite d'une minorité d'élèves handicapés au cas par cas, le choix est vite fait. Il arrive même que pour se défaire d'une problématique, ces jeunes soient concassés et poussés hors du cursus. Les poussières sont ensuite rapidement cachées sous le tapis.

Alors certes, on nous dira qu'il existe des cellules handicap pour protéger l'intérêt des +etudiants, mais c'est comme pour tout ce qui concerne le sujet du handicap, il n'y a pas de moyens développés et la thématique reste secondaire.Ceux qui tendent alors la main n'ont pas d'autre choix que de proposer le “Système D” et d'essayer de permettre aux futurs diplômés de poursuivre sur une route un tout petit peu moins chaotique. Parmi ces cas on entend ça et là dans les médias les histoires révoltantes d'étudiants qui ne se sont pas laisser faire. Virginie Delalande, par exemple, parle de l'enfer qu'elle a vécu en fac de droit. Sourde profonde et trop loin des professeurs dans l'amphithéâtre pour lire sur leurs lèvres, elle se voyait catégoriquement refuser le prêt des cours par la totalité d'entre-eux.

Il y a encore Valentin Bernard, qui lui, est un étudiant malvoyant à qui le Ministère de l'éducation a refusé l'aménagement d'une épreuve à l'entrée de l'école d'avocat sous prétexte d'équité par rapport aux autres étudiants. C'est le monde à l'envers...

Enfin pour terminer avec les exemples éloquents, évoquons le cas de cette jeune-femme non voyante - qui préfère rester anonyme, elle aussi. de peur des conséquences futures - dont le Master universitaire a été mis en péril, par l'administration de la faculté ne voulait pas adapter certains cours à son handicap. Leur justification étant qu'ils ne tenaient pas à“dévaloriser” leur cursus !  

Il n'y a absolument aucun doute sur le fait que les exemples comme ceux-ci sont innombrables et qu'on n'entendra jamais parler de la très grande majorité d'entre eux. Garder un profil bas est le moyen le plus simple d'essayer de décrocher un diplôme sans aller au conflit de peur des retombées. Des milliers de preuves vivantes, qui montrent bien que le système actuel ne fonctionne pas et que les enfants et les jeunes ne sont pas sur un pied d'égalité en matière d'éducation, dès lors qu'ils sont porteurs de handicap.

Par Sébastien JOACHIM
Pour France Handicap Info

2 février 2019

Maquiller les échecs plutôt que de favoriser les réussites

article publié sur Agoravox

mercredi 30 janvier - par LePostillon

Cet article est issu du journal Le Postillon n°48, décembre 2018 - janvier 2019.

Bosser trois heures en plus pour pas un rond. C’est ce à quoi ont droit les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) depuis la rentrée, en Isère. Une décision grotesque qui a entraîné une mobilisation inédite de cette profession méconnue. Rassemblements locaux et nationaux, polémique à l’assemblée nationale suite au « coup de gueule  » du député François Ruffin : on a un peu entendu parler des conditions de travail pitoyables des accompagnants d’enfants handicapés dans les écoles et les collèges. Mais en quoi consiste ce métier ? Une AESH de la cuvette grenobloise nous livre un témoignage sensible et éclairant.

Ma rentrée commence un 5 décembre, plus d’un mois après le départ de ma prédécesseure. À trois semaines des vacances de Noël, je suis nouvelle en classe de 5e avec Fabio, Elena et Fatou ; en classe de 4e avec Talal et Nordine ; et en classe de 3e avec Felipe, Yana, Ousmane et Moussa. L’histoire dit que c’est la faute de pôle emploi qui aurait tardé à faire les papiers du premier contrat aidé, il y a neuf ans. Depuis c’est l’éternel retard. Renouvelée pour six puis douze mois, je suis condamnée à monter puis à descendre du train en route.

Sortie du bureau de la principale, j’erre dans l’établissement à la recherche de la salle de classe. N’ayant pas le temps de m’expliquer concrètement mon rôle, elle m’invite à envisager ce premier jour comme un temps de rencontre avec les élèves. La première sonnerie retentit, la cohue des couloirs étourdit mon orientation et ralentit ma progression. Salle 202. Je me glisse in extremis avant que la porte ne se referme. La pièce est plongée dans la pénombre. Je me présente à la professeure de français dont la méfiance me pousse à justifier tant bien que mal ma présence dans la classe. Ne maîtrisant pas encore les tenants et aboutissants de ma mission auprès d’élèves dont je connais à peine le nom et encore moins les besoins, je contracte tous les symptômes de l’imposture : transpiration, empourprement, confusion. Elle m’informe qu’ils regardent un film tout en plissant des yeux pour repérer les élèves dont je lui parle. « Elena et Fatou sont devant. Là-bas, contre le mur c’est Fabio. » Elle m’indique l’avant-dernière rangée à droite. « Vous pouvez vous mettre à côté de lui. Matthéo ! Va à côté d’Eva, pour laisser ta place à l’AVS [Auxiliaire de vie scolaire] de Fabio ! » Branle-bas de combat. « Mais Madame !… » On entend le gémissement des chaises traînées au sol, le bruit sourd des sacs qui chutent. Je m’approche timidement de Fabio. « Bonjour, je m’appelle Amélie. Je suis la nouvelle AVS… pour t’aider en classe.  » Je distingue mal son visage mais son corps exhale une raideur contagieuse. Impassible, son regard ne se détourne pas un seul instant du tableau. Les cinquante centimètres qui nous séparent sont un fossé. Je me sens aussi négligeable et encombrante qu’un cheveu sur la soupe. Qu’est ce que je fous là ? Le film recommence à notre plus grand soulagement à tous les deux… seul instant de complicité de ces présentations ratées.

Ce que j’ignorais alors c’est que le parachutage du premier jour deviendrait quotidien et qu’au fil du temps la jeune imposture se muerait en vieille impuissance. Que j’apprendrai à connaître les enfants, à comprendre leurs besoins, à travailler cette matière récalcitrante qu’est le système scolaire, en tâtonnant. Que sans aucune formation solide sur les handicaps, avec l’interdiction d’échanger avec les familles et d’accéder aux dossiers des élèves, isolée dans la prise de poste et l’accomplissement de mes missions, ce serait à mon investissement personnel que je devrai mon professionnalisme. Ça la fout mal.

Au collège, dans la tête de mes collègues, sur mon casier, dans les documents officiels de présentation de l’équipe, je suis Amélie la CUI. Mon travail est donc considéré comme un type de contrat – le Contrat unique d’insertion, financé à 70% par l’État – plutôt qu’une fonction éducative – celle d’auxiliaire de vie scolaire auprès d’élèves aux besoins spécifiques liés à un handicap ou, dans mon cas, à une maîtrise du français fragile. En classe, je reformule les consignes, j’explique du vocabulaire, je prépare des supports plus visuels sur le contenu des cours, je propose aux profs des exercices adaptés au niveau des élèves, notamment en allégeant l’écrit, et les informe des difficultés dont je suis témoin. Après deux ans d’expérience en tant que CUI, j’ai enfin pu prétendre à une existence professionnelle au sein de l’Éducation nationale. Je suis devenue AESH. Le Graal de la reconnaissance s’arrête là, aux majuscules de ce nouveau sigle qui pérennise la précarité.

En effet, depuis six ans, chaque année c’est la même rengaine. Être formée sur les handicaps et troubles de nos élèves, entre autres, et sans exhaustivité, la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dysphasie, les troubles du spectre de l’autisme, les troubles envahissant du développement, les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité ? Curiosité somme toute honorable mais pas nécessaire. Avoir accès aux dossiers de suivi des élèves ? Attention la curiosité devient vite un vilain défaut. Communiquer avec les parents ? Vous outrepassez vos fonctions. Participer aux réunions de suivi de la scolarité ? Contentez-vous d’être présente (en silence) pour montrer à la famille le visage rassurant de l’inclusion. Travailler sur l’adaptation de supports pédagogiques ? Pour qui vous prenez-vous ? Proposer du soutien aux élèves l’espace d’une petite heure pour reprendre enfin, à leur rythme, les apprentissages difficiles ? Aberration !

Mais cette rentrée pourrait bien être ma dernière. On m’a imposé un nouveau poste que j’exècre et pour lequel je suis tout à fait novice : mercenaire de l’inclusion scolaire.

Tous les jours, je vois l’écart se creuser entre les promesses de l’accompagnement scolaire et les conditions dans lesquelles je dois les honorer. De ma noble mission d’inclusion, il ne reste que l’arrière goût d’une intention. L’accompagnement s’alourdit pour les AESH en nombre d’élèves suivis et s’allège pour les élèves en nombre d’heures. Depuis septembre, je m’épuise à chercher des moyens d’accompagner correctement mes élèves, en vain. Effritée puis saupoudrée, je ne trouve plus qu’absurdité comptable à ma présence. Plus question d’adapter le cadre scolaire aux enfants, ni même d’aider les enfants à s’y adapter. Il faut sauver les apparences, maquiller les échecs plutôt que de favoriser les réussites.

Dans le meilleur des cas, je constate avec frustration les difficultés de mes élèves, sans avoir le temps et la disponibilité d’y faire face avec eux. Dans le pire, ma présence permet leur absence de la classe. Je ne compte plus les heures passées en face à face, dans le couloir. Lui, moi et son émotion à fleur de peau. Déconcertée de ne savoir comment prévenir et apaiser le malaise qui le retranche dans la violence. Ignorée, ce ne sont pas les « débordements » des élèves que l’on me demande de contenir, mais le système qui se saborde. Aujourd’hui, l’inclusion est réduite à un couloir, une zone grise, un statu quo bâtard imposé aux enfants et aux familles. Accompagner, pour ne pas dire couvrir de notre cape d’invisibilité les élèves et, de notre chape de plomb les échecs d’une inclusion au rabais. Car dans le milieu on dit qu’il vaut mieux faire profil bas. Il y a tout un enchevêtrement hiérarchique d’enseignants référents, de directeurs d’établissement, d’inspecteurs académiques qui veillent au grain. L’une de leurs spécialités, c’est la modification de nos conditions de travail : du jour au lendemain, notre emploi du temps et parfois nos lieux de travail sont changés. Une opération de sabotage redoutable et redoutée. Déracinées de nos établissements, on saccage ce que le temps et l’investissement construisent : un accompagnement sur mesure issu de notre relation avec les élèves, les collègues et les familles.

Pourtant le sens du métier m’a toujours sauté aux yeux et, après quelques années d’expérience, son potentiel aussi. Mais comment créer une relation d’équipe avec les élèves, face à leurs difficultés, si on ne dispose pas de temps de préparation de l’accompagnement en classe, de temps de soutien hors classe en cas de nécessité, de formation adéquate sur les handicaps ? Nous occupons une place privilégiée auprès des élèves que nous voyons tous les jours. Pourquoi ne nous permet-on pas de consolider le lien et la collaboration entre les collègues (enseignants, intervenants médicaux et sociaux) et la famille ?

29 janvier 2019

École inclusive, AAH, autisme : Le bilan 2018 et les priorités 2019

article publié sur Handirect

Sophie Cluzel, le bilan 2018 du handicap et les priorités 2019 avec notamment l' école inclusive.

Emploi, école inclusive, autisme, simplification des démarches administratives, visibilité des personnes en situation de handicap : Telles seront les priorités 2019 du gouvernement en matière de handicap.

Le Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées a dévoilé son bilan pour l’année 2018 et annoncé ses priorités pour l’année 2019, parmi lesquelles la poursuite du travail pour l’ école inclusive, la simplification des démarches liées aux droits, et des actions sur le terrain de l’autisme.

« La prise en compte du handicap est un levier puissant de transformation des organisations au bénéfice de toutes et de tous. L’heure est au changement d’échelle pour construire une société réellement solidaire et fraternelle : une société du vivre tous ensemble », ainsi déclaré Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, rappelant que le budget consacré à la politique du handicap représente environ 45 milliards d’euros en France, ce situerait notre pays dans la moyenne des pays européens.

Voici les 5 grandes priorités annoncées par le Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées pour l’année 2019 :

  1. Scolariser tous les enfants : « Ensemble pour l’école inclusive »

L’école inclusive recouvre quatre priorités qui font l’objet de concertation avec l’ensemble des acteurs : syndicats d’enseignants, accompagnants, parents, associations, etc. A l’issue de cette concertation, des mesures concrètes seront annoncées le 11 février devant le Conseil national consultatif des personnes handicapées.

Elles permettent de progresser sur quatre priorités :

  • La scolarisation des enfants dès trois ans ;
  • Une scolarisation simplifiée et des parcours plus fluides ;
  • Des meilleures conditions de travail pour les accompagnants ;
  • Une coopération plus efficace de l’ensemble des professionnels (de l’éducation nationale et du médico-social) dans l’école.
    • L’école de la République doit accompagner des parcours scolaires de qualité pour tous ses élèves, avec des réponses ajustées et adaptées aux besoins éducatifs particuliers de chacun.
  1. Repenser l’offre de services : rénovation de la politique de l’emploi

La concertation menée avec les partenaires sociaux et les associations, les acteurs du service public de l’emploi et les deux fonds, Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), se poursuit activement en 2019.

Son objectif est d’améliorer la lisibilité de l’offre de services de la compléter autant que de besoin, de mieux articuler les dispositifs de droits communs et les dispositifs spécifiques, dans une logique de sécurisation des parcours d’accès et de maintien dans l’emploi.

Les pratiques d’accompagnement innovantes, que le secrétariat d’Etat encourage, s’articulent autour de quatre axes :

  • Accélérer la mobilisation territoriale des acteurs en s’appuyant sur un Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH) nouvelle génération ;
  • Faire changer d’échelle à l’emploi accompagné, en s’appuyant sur le service public de  l’emploi. L’objectif est de passer de 1 000 personnes accompagnées à 50 000, et de prioriser les TPE, PME et ETI ;
  • Augmenter le niveau de qualification des personnes handicapées (25 % des demandeurs d’emploi seulement ont un niveau d’étude Bac), grâce à l’accessibilité universelle de 100 % des CFA et des organismes de formation, et à la mobilisation des crédits du Plan d’investissements dans les compétences (PIC) ;
  • Encourager les employeurs à mieux intégrer le handicap dans leur stratégie globale : généralisation des référents handicap dans les entreprises de plus de 250 salariés et l’adaptation des environnements de
    • Aujourd’hui les entreprises ne peuvent plus se priver des compétences des personnes en situation de
  1. Autisme : changeons la donne !

En 2019, la stratégie nationale concertée pour l’autisme 2018 – 2022 continuera d’être déployée, en particulier pour :

  • Encourager le développement des technologies facilitant l’apprentissage et l’autonomie des personnes autistes ;
  • Scolariser dès la maternelle tous les enfants autistes ; former et accompagner dans leur classe les enseignants scolarisant des élèves autistes et développer la coopération avec le médico-social ;
  • Favoriser la pleine citoyenneté des adultes en leur proposant un logement adapté avec la création d’un forfait d’habitat inclusif ;
  • Reconnaître l’expertise des familles vis-à-vis des institutions et des professionnels ;
  • Faire émerger un grand plan européen de recherche sur les causes de l’autisme et les modalités d’accompagnement.
  1. Simplifier, encore simplifier : ne pas rajouter du handicap aux handicaps
  • Améliorer les conditions d’octroi de la Prestation de compensation du handicap : mieux prendre en compte les besoins des adultes handicapés. Par exemple, apporter un soutien aux parents en situation de handicap ;
  • Revoir la gouvernance des Maisons départementales des personnes handicapées : gagner en efficacité face à l’évolution des demandes et à la modernisation de leurs systèmes d’information ;
  • Simplifier le dispositif d’allocation pour les enfants : revisiter les deux prestations destinés aux enfants, à savoir l’Allocation enfant handicapé et la prestation de compensation du handicap.
  1. Assurer une pleine représentation et une véritable visibilité des personnes en situation de handicap dans la société tant dans les médias, que dans la vie publique et dans la construction des politiques

En parallèle, le Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées a dévoilé son bilan pour l’année 2018, à travers 10 grands domaines d’actions.

  1. Améliorer le pouvoir d’achat : revalorisation de l’Allocation adulte handicapé

Depuis le 1er novembre 2018 l’AAH est portée à 860 euros, en augmentation de 41 euros par mois par rapport à la revalorisation d’avril liée à l’inflation. Il s’agit d’une première étape de la revalorisation exceptionnelle à laquelle s’est engagé le président de la République. Au 1er novembre 2019, l’AAH s’élèvera à 900 euros. Cette allocation est perçue par 1,130 million de personnes.

  • Cette mesure vise à aider les personnes dont le handicap limite ou interdit l’accès à l’emploi ; elle représente un investissement financier de plus de deux milliards sur l’ensemble du quinquennat.
  1. Faciliter la scolarisation des élèves en situation de handicap : accélération de la professionnalisation des accompagnants

Ceci est possible en transformant les contrats aidés précaires des accompagnants, en contrat d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, permettant à leur titulaire d’accéder à terme à un CDI.

  • En 2018, pour la première fois, les contrats d’accompagnants sont plus nombreux que les contrats aidés pour prévenir les ruptures de parcours scolaires et permettre la professionnalisation des
  1. Restaurer la dignité : droit de vote inconditionnel pour tous

Le président de la République a rappelé lors de son discours devant le Congrès de Versailles, le 9 juillet 2018, sa volonté de rétablir les personnes sous tutelle dans l’exercice de leur pleine citoyenneté. Demandée par les associations, le Conseil national consultatif des personnes handicapées, le défenseur des droits et l’ONU depuis longtemps, cette décision illustre la volonté du Gouvernement de donner à tous la possibilité d’exercer sa pleine citoyenneté.

  • Les dispositions du projet de loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice permettent de restaurer les personnes handicapées dans leurs droits de citoyen, sans demander l’avis d’un juge, pour se soigner, se marier, se pacser et
  1. Agir de façon concertée et intervenir précocement auprès des enfants : lancement de la Stratégie nationale concertée pour l’autisme

Le forfait intervention précoce est l’une des mesures phares de la Stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement. L’objectif de ce nouveau dispositif est d’identifier le plus tôt possible les troubles afin d’initier, pour les enfants de 0 à 6 ans révolus, une intervention adaptée pour favoriser le développement de l’enfant et limiter les sur-handicaps. Les actes des professionnels libéraux nécessaires pour les bilans et interventions précoces seront pris en charge par l’assurance maladie ramenant à zéro le reste à charge pour les familles, avant même le diagnostic.

  • La loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 consacre la création du forfait intervention précoce. Au total, sur la durée de la stratégie, 400 millions d’euros seront dédiés à l’amélioration de la réponse aux besoins des personnes, prenant en compte l’ensemble du parcours de vie, de la toute petite enfance à l’âge
  1. Simplifier les démarches : mise en place de droits à vie

Les personnes, dont le handicap n’est pas susceptible d’évoluer favorablement, bénéficieront de droits à vie ; ou, pour les enfants, de droits attribués jusqu’à leurs vingt ans. L’attribution, sans limitation de durée, de l’Allocation adulte handicapé (AAH), de la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH) ou de la carte mobilité inclusion (CMI) ; ou, jusqu’aux vingt ans de son bénéficiaire, de l’Allocation d’éducation d’enfant handicapé (AEEH) vont simplifier la vie des personnes et leurs aidants.

  • Simplifier des démarches, c’est rétablir la confiance et alléger le parcours du combattant administratif pour plus d’un million de personnes.
  1. Le DuoDay : « L’inclusion commence par un duo »

L’organisation du DuoDay pour la première fois à l’échelle nationale en 2018 a permis de constituer 4 000 duos. Ainsi, 8 000 personnes ont expérimenté une journée de travail conjointe entre une personne handicapée et une personne valide. L’ensemble des membres du gouvernement et de nombreux parlementaires se sont associés à cette initiative relayée par les médias nationaux et locaux.

  • Le DuoDay consacre une journée annuelle, dont l’objectif est de changer le regard sur le handicap et de dépasser les préjugés.
  1. Faciliter l’information    des     personnes    handicapées :     modernisation    des    Maisons départementales pour les personnes handicapées

Les MDPH jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre de réponses inclusives ajustées aux besoins des personnes. Avec 4,5 millions de demandes par an, elles doivent faire face à un volume d’activité soutenu, en croissance régulière. L’amélioration de la qualité de réponse est rendue possible par le déploiement d’un nouveau système d’information plus performant, avec l’appui de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Labellisé en 2018, ce système d’information a été mis en service dans 5 MDPH pilotes, prélude à sa généralisation en 2019.

  • Cette transformation numérique aura des impacts importants en termes d’organisation et de métiers, et permettra d’améliorer la relation avec les personnes, grâce au développement de services en ligne, de renforcer les partenariats noués avec les acteurs locaux, et d’assurer ainsi une meilleure équité
  1. Ouvrir des droits réels pour chacun : accessibilité pour tous

La loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) prévoit que 100 % des logements neufs soient évolutifs, c’est-à-dire conçus pour s’adapter facilement aux besoins de chacun, en fonction de l’évolution de l’autonomie des personnes. La pleine accessibilité des parties communes, du séjour et des toilettes est garantie. Et l’ascenseur sera obligatoire à partir du 3ème étage sans conditions restrictives.

  • Ces mesures sont indispensables, en particulier pour les huit cent cinquante mille personnes à mobilité réduite, mais aussi pour les sept millions de personnes de plus de 75 ans et les familles, permettant à tous de « rester chez soi ».

L’accessibilité, c’est aussi celle des sites Internet publics les plus visités. En 2018 : ameli.fr ; ants.gouv.fr, caf.fr ; cesu.urssaf.fr ; demarches.simplifiees.fr ; education.gouv.fr ; impots.gouv.fr ; interieur.gouv.fr ; legifrance.gouv.fr ; meteofrance.com ; pajemploi.urssaf.fr ; parcoursup.fr ; pole- emploi.fr ; service-public.fr ; urssaf.fr.

  1. Simplifier l’accès à l’emploi pour les salariés et pour les employeurs : liberté de choisir son avenir professionnel

La complexité des démarches de déclaration d’emploi des salariés handicapées ne sera plus une excuse pour les entreprises. Pour remplir son obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés, l’embauche est valorisée et les achats responsables sont déduits.

La priorité est de développer les compétences et l’accès à l’emploi durable des personnes handicapées et d’élargir la palette des outils existants :

  • Le périmètre de l’obligation d’emploi sera désormais apprécié au niveau de l’entreprise, ce qui permettra d’ouvrir un potentiel de 100 000 emplois aux personnes en situation de handicap ;
  • L’apprentissage : chaque Centre de formation des apprentis (CFA) aura un référent handicap et percevra une aide supplémentaire pour chaque apprenti en situation de handicap. Les enseignements et les postes de travail seront aussi adaptés
  • Les créations d’emplois dans les entreprises adaptées passeront de 40 000 à 80 000 d’ici 2022 ;
  • Le Compte personnel de formation (CPF) est majoré à hauteur de 800 euros par an dans la limite de 8000 euros pour les personnes handicapées.
  • L’embauche des personnes handicapées est un levier puissant de transformation managériale.
  1. Construire des parcours innovants : tour d’Europe des bonnes pratiques en matière d’accompagnement des personnes handicapées

Ce tour d’Europe de la ministre avec des membres de gouvernements, des élus et des associations avait pour vocation d’étudier le parcours des personnes en situation de handicap, à repérer les initiatives innovantes.

Ces partages d’expérience avec les acteurs européens et canadiens ont permis de réfléchir à la construction de parcours de vie fluides, notamment dans les domaines de l’éducation, du travail, du sport ou encore des transports. De même, ils ont permis d’identifier les bonnes pratiques en matière d’accessibilité par la diffusion des innovations techniques.

Construire ensemble une Europe plus solidaire.

En 2019, le Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées organisera trois événements :

  • La Conférence nationale du handicap (CNH de décembre 2018 à juin 2019)La 5ème Conférence nationale du handicap (CNH), intitulée « Tous concernés, tous mobilisés », a été lancée le 3 décembre 2018 et se déroulera jusqu’en juin 2019. Cette mobilisation citoyenne inédite, avec et pour les personnes en situation de handicap, sera clôturée par le Président de la République.

  • La réunion des ministres européens en charge des personnes handicapées (14 mars 2019)Cette réunion, co-organisée par le ministère des Affaires européennes et le secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées, à l’invitation de Nathalie Loiseau et de Sophie Cluzel se tiendra à Paris, le 14 mars 2019. Echanges sur les bonnes pratiques pour changer le quotidien des personnes handicapées et mobilisation de la recherche européenne sur les causes de l’autisme.

  • Le DuoDay (16 mai 2019)Le 16 mai 2019 aura lieu la seconde journée nationale du DuoDay. L’objectif est de constituer 80 000 duos. Les dirigeants de grandes entreprises, d’ETI, de PME/PMI, de TPE, d’associations, d’organismes du service public de l’emploi, de grandes écoles et d’universités, et des hauts fonctionnaires sont mobilisés. Le lancement officiel aura lieu le 1er février à Paris et en région.

 

29 janvier 2019

L'autisme, un trouble précoce du développement cérébral mieux compris

article publié dans Le Figaro

Par  Damien Mascret Mis à jour le 28/01/2019 à 19:06
Publié le 28/01/2019 à 18:50

autisme article figaro

Réunis en congrès à Paris, des psychiatres ont détaillé l'apport des théories de l'apprentissage dans l'autisme.

Il y a une trentaine d'années, c'est sous les huées que le Pr Catherine Barthélémy, pédopsychiatre, présentait les découvertes d'anomalies neurobiologiques dans l'autisme. Jeudi dernier, ce sont des applaudissements nourris qui l'ont accompagnée à sa descente de la tribune du 17e congrès annuel de la psychiatrie française (L'Encéphale) à Paris. Elle participait à une session consacrée aux nouvelles prises en charge de l'autisme, qui s'appuient sur l'approche neurologique qu'elle défend depuis longtemps.

Il est vrai qu'à l'origine de la découverte de l'autisme, dans les années 1940, avec la première description par le pédopsychiatre Léo Kanner, les cliniciens ont été troublés, tant les symptômes et leur intensité peuvent être variés. Déterminer ce qui relevait ou non de l'autisme n'était pas simple. Élargir la focale aux «troubles du spectre autistique (TSA)», selon la dénomination désormais adoptée, permet de mieux en refléter la diversité.

» LIRE AUSSI -Autisme: une prise en charge encore trop coûteuse pour les familles

En France, un enfant sur 100 présente un TSA, ce qui représente aujourd'hui 700.000 personnes vivant en France avec un tel handicap. Car le spectre est large et va de la personne avec autisme sévère (1% des TSA) qui n'a pas pu acquérir le langage (non-verbal) à l'autisme de haut niveau (dit Asperger) souvent capable de tenir une conversation, avec néanmoins une interprétation très littérale du langage.

Le 6 avril 2018, le premier ministre Édouard Philippe, en présentant le quatrième plan national autisme (2018-2022), annonçait un réel effort de 103 millions d'euros dédiés à la scolarisation stricto sensu, avec l'objectif ambitieux de permettre d'ici à 2021 l'insertion scolaire de tous les enfants atteints de TSA.

Le plan insiste aussi sur l'importance d'une intervention précoce. «Le trouble du développement est extrêmement précoce, c'est pourquoi il doit être repéré dès la période périnatale pour permettre des interventions les plus précoces possible», explique le Pr Barthélémy.

Forfait d'intervention précoce

Dans l'actualisation de leurs recommandations de bonnes pratiques professionnelles relatives à l'autisme, mi-février 2018, la Haute autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesme) recommandaient «d'accélérer les étapes jusqu'au diagnostic et d'agir sans attendre sa confirmation». En commençant par les professionnels de santé et de la petite enfance, invités «à ne jamais minimiser les inquiétudes des parents».

Pourtant, le Pr Barthélémy ne cache pas ses inquiétudes. «Comment sera financé le parcours précoce alors que le diagnostic ne pourra pas être posé avant 12-18 mois? La question de l'ouverture des droits (en l'absence de diagnostic, NDLR) n'est pas anodine, il faut casser les verrous administratifs.» C'est tout l'enjeu du forfait d'intervention précoce en discussion. Espérons qu'il ne manque pas sa cible par excès de rigorisme médico-administratif.

Contrairement à une idée reçue, ces enfants ne sont pas «dans leur bulle», sauf si on les y enferme par des approches inappropriées

Pour la Pr Bernadette Rogé, professeur de psychologie à l'université Toulouse-Jean Jaurès, «l'objectif de l'intervention dans le domaine de l'autisme est d'apporter un soutien au développement. Au-delà des techniques employées, toutes les approches comportementales reposent sur les théories de l'apprentissage».

Mais là où les enfants neurotypiques (non autistes) apprennent spontanément, ce n'est pas le cas des enfants atteints de TSA. «Il va falloir leur apprendre à imiter, communiquer, jouer!» détaille le Pr Rogé. En tenant compte de l'originalité du fonctionnement de leur cerveau. Contrairement à une idée reçue, ces enfants ne sont pas «dans leur bulle», sauf si on les y enferme par des approches inappropriées, mais au contraire très perceptifs, sans être capable de hiérarchiser les informations reçues. Là ou un neurotypique oubliera le bruit de la climatisation, l'enfant avec un TSA n'y parviendra peut-être pas.

Même difficulté avec l'écoulement du temps, si naturel aux neurotypiques, que l'on doit découper en séquences dans les TSA. «Tous les enfants ne tirent pas le même bénéfice de ces interventions», concède le Pr Rogé, «mais beaucoup d'enfants se sont améliorés grâce à elles.»


À Montpellier, PAPA aide les parents

«On a appelé notre programme d'aide aux aidants PAPA, parce qu'être parent d'un enfant atteint d'un trouble du spectre autistique (TSA), ça ne concerne pas que les mamans», explique en souriant la Pr Amaria Baghdadli, pédopsychiatre au CHU de Montpellier, bien consciente que les mères sont souvent en première ligne. «Le PAPA, acronyme de Programme d'aide pour les parents d'enfants autistes, est un volet incontournable de la prise en charge d'un enfant», explique-t-elle.

Proposé aux parents dès l'annonce diagnostique, il s'agit d'un programme individualisé en fonction du niveauet de l'âge de l'enfant, des attentes et des ressources des parents. On en retrouve les éléments dans un livre dont la Pr Baghdadli est coauteur, Éducation thérapeutique des parents d'enfant avec TSA (éditions Elsevier Masson). «Nous les informons de la nature des troubles, leur évolution, les démarches administratives, les aides et les traitements et nous leur enseignons des techniques facilitant la communication avec leur enfant et la gestion des troubles du comportement», ajoute le médecin.

29 janvier 2019

Saint-Mandé : le Val-Mandé veille sur les dents des handicapés

article publié dans Le Parisien

Corinne Nèves| 28 janvier 2019, 18h56 | MAJ : 28 janvier 2019, 19h49 |0
Saint-Mandé, le 25 janvier. L’Institut le Val Mandé a signé une convention avec l’hôpital Henri-Mondor, sur des actions de prévention, dépistage et soins bucco-dentaires des personnes handicapées enfants et adultes. LP/Corinne Nèves

L’institut vient de signer de signer une convention pour la santé bucco-dentaire des handicapés avec l’hôpital Henri Mondor.

Parce que ses 527 usagers — enfants et adultes handicapés —, font partie de la population la plus fragile, l’Institut le Val Mandé (ILVM), à Saint-Mandé, seul établissement public médico-social du handicap dans le Val-de-Marne, utilise tous les moyens qu’il peut pour maintenir et améliorer leur santé au quotidien.

Ainsi, la convention signée avec le Service de Soins d’Enseignement et de Recherche Dentaires (SSERD) du Groupe Hospitalier Henri Mondor (Créteil) prévoit des actions de prévention et de prise en charge thérapeutique si besoin. L’usage est déjà effectif depuis plusieurs années, mais la convention cadre le sujet.

 

8 professionnels formés

« Concrètement, deux seniors et 6 externes forment l’équipe dédiée à l’Institut » explique le professeur Philippe Pirnay, chef du SSERD.

Car l’intervention n’est pas simple. Fabien, par exemple, « avait très très peur du dentiste et il a mis plus d’un an avant de s’asseoir dans le fauteuil, raconte Sandrine, intervenante à l’Institut. Il y a eu une démarche particulière, de connaissance, de reconnaissance, de confiance et petit à petit, il est allé jusqu’au fauteuil de façon plus détendue ».

Claudette présente à l’Institut depuis 19 ans a mis beaucoup de temps à s’abandonner aux mains des praticiens. « Aujourd’hui je vais dans un cabinet de ville qui prépare mon appareil que j’aurai dans trois semaines », annonce-t-elle fièrement.

500 000 handicapés n’ont pas accès aux soins dentaires

« Nous visons trois objectifs, rappelle Emeline Lacroze, la directrice de l’Institut. Réaliser un dépistage annuel systématique des personnes handicapées ; sensibiliser les professionnels de l’établissement aux problématiques liées à la santé bucco-dentaire et les former. Et permettre aux étudiants du SSERD de mieux appréhender ces problématiques ».

48,2 % des enfants et adolescents de 6 à 20 ans en Institut Médico Educatif (IME) ou Etablissements enfants et adolescents handicapés (EEAP) présentent au moins un problème important de santé bucco-dentaire. « Près d’un demi-million de personnes souffrant d’un handicap n’ont pas accès à la santé bucco-dentaire » ajoute le professeur Pirnay.

Pour cette action de prévention, l’Agence Régionale de Santé a attribué une subvention de 10 000 €.

Voir aussi :

Soins dentaires : partenariat entre l'hôpital Mondor et l'Institut pour handicapés Le Val Mandé | 94 Citoyens

Dépister chaque année les éventuels problèmes de santé bucco-dentaire des enfants et adultes handicapés accompagnés par l'Institut le Val Mandé (ILVM), sensibiliser et former les professionnels de cet établissement médico-social de Saint-Mandé à ces pathologie et permettre aux étudiants du Service de soins d'enseignement et de recherche dentaires (Sserd) de l'hôpital Henri Mondor de mieux...

https://94.citoyens.com

 

26 janvier 2019

Les écoles québécoises ne répondent pas aux besoins des enfants autistes

article publié dans le Huffingtonpost

L’aide apportée aux enfants autistes dans les écoles du Québec n’a pas beaucoup évoluée depuis les 20 dernières années.

Où vont donc les enfants atteints d'autisme, s’ils ne peuvent pas fréquenter une école spécialisée avec du personnel formé aux meilleures pratiques éducatives et thérapeutiques pour l’autisme?
Juanmonino via Getty Images


Où vont donc les enfants atteints d'autisme, s’ils ne peuvent pas fréquenter une école spécialisée avec du personnel formé aux meilleures pratiques éducatives et thérapeutiques pour l’autisme?

Avant 2005, je n'étais pas très au fait en ce qui concerne le système d'éducation public et des différentes options offertes aux parents d'enfants handicapés. Lorsque mon deuxième enfant a reçu un diagnostic d'autisme, un trouble neurodéveloppemental incluant entre autres des troubles de la communication et du comportement, j'ai constaté que les options en matière d'éducation étaient très limitées.

Malheureusement, c'est encore le cas aujourd'hui, mais un enfant autiste d'âge scolaire peut s'épanouir s'il reçoit le bon soutien. Or, l'aide apportée aux enfants autistes dans les écoles du Québec n'a pas beaucoup évolué depuis les 20 dernières années.

En 2007, j'ai fait une demande pour que mon fils puisse fréquenter l'une des deux écoles spécialisées accueillant des enfants autistes à Montréal. La première, À pas de géants, est une école privée, la seule qui est dédiée uniquement aux enfants autistes. Elle offre à l'heure actuelle 90 places, dont la moitié pour les élèves francophones et l'autre pour les élèves anglophones, pour l'ensemble du territoire de l'île de Montréal.

Et la deuxième, aussi privée, l'école Le Sommet, de langue anglaise uniquement ne compte qu'environ 30% des 600 places pour les enfants atteints d'autisme. Les deux écoles sont reconnues et subventionnées par le ministère de l'Éducation. Malheureusement, mon fils qui avait cinq ans à l'époque, a été refusé par les deux écoles spécialisées en raison du nombre restreint de places et de l'absence de correspondance avec leur profil spécifique tel que le niveau de langage, le fonctionnement dans les activités de vie quotidienne, etc.

Quelle place pour les enfants autistes?

Où vont donc les enfants atteints d'autisme, s'ils ne peuvent pas fréquenter une école spécialisée avec du personnel formé aux meilleures pratiques éducatives et thérapeutiques pour l'autisme? Ils vont dans le système scolaire public.

Selon un récent rapport, le ministère de l'Éducation considère fournir davantage de spécialistes en classe pour aider les élèves ayant un trouble du spectre de l'autisme, mais nous n'avons pas plus de précisions. Je garde espoir, mais je crains aussi que ce ne soit qu'une solution bien partielle à un problème beaucoup plus complexe.

"La plupart des jeunes enfants atteints d'autisme arrivent sans intervention adéquate et sont intégrés dans une salle de classe régulière comprenant de 20 à 28 élèves et ne reçoivent pas le soutien adéquat pour s'épanouir."

Les enfants au Québec ayant un trouble du spectre de l'autisme sont diagnostiqués trop tardivement et attendent des années avant toute intervention, même si, selon les meilleures preuves, une intervention précoce est essentielle. Seuls les rares parents qui peuvent se permettre des thérapies privées rigoureuses sont réellement capables de préparer leurs très jeunes enfants autistes à entrer dans le système scolaire public. La réalité est que la plupart des jeunes enfants atteints d'autisme arrivent sans intervention adéquate et sont intégrés dans une salle de classe régulière comprenant de 20 à 28 élèves et ne reçoivent pas le soutient adéquat pour s'épanouir.

Actuellement à Montréal, une aide ou un éducateur spécialisé est affecté à un élève autiste 13 heures par semaine en classe régulière. La moitié de ce qui avait été prévu au budget de 2009-2010, soit 26 heures par semaine. De plus, les enseignants ne sont pas obligés d'avoir une formation spéciale sur l'autisme pour avoir des enfants autistes dans leur classe.

En général, dans le système d'éducation public, les enfants autistes qui ont ou qui développent des comportements difficiles sont placés dans des classes plus petites, à raison d'environs 10 élèves pour un enseignant et un éducateur spécialisé dans les écoles des commissions scolaires francophones et d'un enseignant pour quatre élèves dans les commissions scolaires anglophones. On souhaite que ces élèves puissent éventuellement être intégrés aux classes régulières, mais ce n'est pas toujours possible.

"L'idée voulant qu'on augmente le budget de l'éducation pour compenser le manque de soins spécialisés, qui devrait relever du ministère de la Santé, démontre un sérieux échec."

Aussi bien disposé que puisse être le système scolaire public, les enseignants ne peuvent pas se substituer à des soins offerts par des professionnels de la santé ou thérapeutes spécialisés pour aider les enfants handicapés à bien fonctionner. L'idée voulant qu'on augmente le budget de l'éducation pour compenser le manque de soins spécialisés, qui devrait relever du ministère de la Santé, démontre un sérieux échec.

Une réunion avec les trois ministres, celui responsable de la Santé, celui de la Famille et celui de l'Éducation s'impose pour retracer l'origine du problème et apporter les correctifs nécessaires.

23 janvier 2019

Pédopsychiatrie : La situation est grave

article publié dans Le Point

INTERVIEW. Manque de personnel et de lits, crise des vocations, crédits en baisse... Bernard Golse, pédopsychiatre à l'hôpital Necker, sonne l'alerte.

Propos recueillis par

Publié le 22/01/2019 à 07:30 | Le Point.fr
<< Etre praticien hospitalier en pedopsychiatrie, c'est etre accable de travail, tres isole, pas tres bien paye. >>

« Être praticien hospitalier en pédopsychiatrie, c’est être accablé de travail, très isolé, pas très bien payé. »

© IMAGE POINT FR

Bernard Golse est chef du service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker à Paris et président de la Cippa(Coordination internationale entre psychothérapeutes, psychanalystes et membres associés s'occupant de personnes avec autisme). Postes vacants, personnel en sous-effectif permanent, manque de lits, ascendant de plus en plus fort et problématique des neurosciences, crédits en berne pour la recherche : la psychiatrie publique, en France, vit une crise historique sur laquelle les professionnels du secteur ne cessent d'alerter le gouvernement. Une pétition, déjà signée par plus de 3 000 professionnels et usagers, circule actuellement sur Internet. Ce mardi 22 janvier est prévue une grande mobilisation nationale soutenue par trois syndicats de psychiatres et de médecins. Bernard Golse alerte, lui aussi, sur le naufrage du secteur spécifique de la pédopsychiatrie. Que va devenir un pays qui ne se donne plus les moyens de soulager la souffrance mentale de ses enfants et adolescents ?

Le Point : Quel est le problème le plus criant de la pédopsychiatrie  ?

pall1019 Portrait du Bernard Golse, medecin, pediatre, pedopsychiatre et psychanalyste. Photographie 2013 ©DRFP/Leemage

Bernard Golse : Le manque de praticiens hospitaliers… Le nombre de postes non pourvus en pédopsychiatrie est dramatique. Ces postes sont donc parfois occupés par des psychiatres d'adultes, ce qui n'est pas satisfaisant, ou par des médecins étrangers qui n'ont pas forcément la formation adéquate. Mais ils sont aussi bien souvent laissés vacants.

Comment expliquer ce manque de vocations ?

Être praticien hospitalier en pédopsychiatrie, c'est être accablé de travail, très isolé, pas très bien payé. Comment voulez-vous que ces postes fassent envie ? Il faudrait revaloriser les carrières et surtout repenser toute la filière. Les premières années de médecine sont presque exclusivement axées sur la biologie. Or la psychiatrie requiert aussi l'apport des sciences humaines. Il faudrait réintroduire de l'anthropologie, de la sociologie…

Ce n'est guère dans l'air du temps. Les neurosciences ne sont-elles pas en train d'écraser toute la discipline ?

C'est simple, tous les crédits vont actuellement à la génétique et aux neurosciences. Or, si on peut expliquer les troubles mentaux par des déterminants endogènes – la neurobiologie – ou par des déterminants exogènes – le contexte familial, social –, le mieux est évidemment d'essayer de comprendre comment, le plus souvent, ces deux aspects s'imbriquent. C'est ce que nous tentons de faire à la Cippa. La génétique et les neurosciences ne suffiront jamais à résoudre la violence, la précarité, l'instabilité sociale… Négliger les déterminants exogènes pour ne plus s'intéresser qu'au neuro-développement est une incroyable régression.

Même à Necker, que l'on imagine bien doté, vous avez le sentiment de ne plus avoir les moyens d'exercer correctement ?

Hélas, oui. Un simple exemple : il arrive que des enfants arrivent aux urgences parce qu'ils ont fait une tentative de suicide ou traversent une crise d'agitation aiguë. Ce n'est pas fréquent, mais ces enfants ont besoin d'être hospitalisés immédiatement, et à temps plein. Or il n'y a pas de lits ! Nos internes se démènent pendant des heures pour trouver une place en pédopsychiatrie à l'hôpital Robert-Debré ou à celui de la Pitié-Salpêtrière, mais ces lits sont toujours occupés. Alors, ces enfants ou ces jeunes adolescents sont hospitalisés en pédiatrie, ce qui est totalement inadapté quand ils sont dans un état d'agitation extrême. Imaginez le travail d'une infirmière qui doit, tout en donnant un bain à un enfant atteint d'une maladie de peau, surveiller son voisin de chambre suicidaire… C'est terrifiant, mais c'est bien ce qui se passe aujourd'hui. Même chose pour l'autisme : tout le monde le sait, il faut un dépistage et une prise en charge les plus précoces possible. Or les centres experts sont complètement engorgés. Nous ne pouvons pas, loin de là, répondre à toutes les demandes.

Il est question de mettre en place des plateformes régionales…

Mais avec quel argent ? Avec les piteux 50 millions, dérisoires, qui ont été débloqués par Agnès Buzyn (la ministre de la Santé, NDLR)  ? Et comment le travail de ces plateformes va-t-il se coordonner avec celui des centres experts ? Mieux vaudrait revaloriser et équiper des outils adéquats les CMP (centres médico-psychologiques) pour faire une partie du diagnostic. Cette politique du secteur, ce maillage du territoire par des CMP pluridisciplinaires nous ont longtemps été enviés dans le monde entier. Pourquoi ne pas s'appuyer sur eux, notamment pour la prévention ? La situation est, en tout cas, trop grave pour accepter l'enfumage du gouvernement. Nous sommes nombreux à réclamer des assises générales de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie.

23 janvier 2019

Indemnisation en l'absence de prise en charge des troubles de l'autisme

23 janv. 2019
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot


Une confirmation de l'indemnisation des personnes autistes quand les décisions de la CDAPH n'ont pas été respectées, même si d'autres prises en charge ont été réalisées. Il faut faire attention aux conséquences, sur ce plan, d'un Plan d'Accompagnement Global. Mais est-ce que les décisions CDAPH couvrent-elles tous les besoins de prise en charge des personnes autistes ?

 

Suite à l'arrêt Beaufils, nous savons que les personnes autistes (ou leurs ayants droit) peuvent obtenir une indemnisation de l'Etat en l'absence de prise en charge.

Cela résulte de la loi Chossy de 1995, modifiée en 2005 : il n'est plus fait mention des "moyens disponibles". Cela s'applique, aux termes de l'article L 246-1 du Code de l'Action Sociale et des Familles aux troubles autistiques et au polyhandicap :

Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d’une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques.

Adaptée à l’état et à l’âge de la personne, cette prise en charge peut être d’ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social.

Il en est de même des personnes atteintes de polyhandicap

Col du Chossy ... avec faute d'orthographe
Col du Chossy ... avec faute d'orthographe

Une jurisprudence confirmée

Cette jurisprudence est confortée dans cet arrêt de la Cour Administrative d'Appel de Paris.

Il rappelle que l'indemnisation se base sur les périodes où une décision de la CDAPH est applicable et non appliquée.

Évidemment, cela exige des personnes concernées un acharnement procédurier pour ne pas se décourager devant les décisions non appliquées, pour obtenir des décisions conformes aux besoins même si les chances de les voir appliquées sont faibles dans le contexte local.

La CDAPH avait donné son accord pour une orientation en IME. Les parents avaient prouvé qu'un certain nombre d'IME avaient refusé l'admission par manque de places. Le tribunal considère qu'ils n'avaient pas besoin de prouver un refus de tous les établissements, car l'Etat n'a pas non plus été en mesure de prouver qu'un établissement avait une place pour accueillir l'enfant.

D'autre part, l'hospitalisation dans un service de pédopsychiatrie ne correspond pas à ce qui avait été préconisé par la CDAPH, et ne peut donc tenir lieu de prise en charge pluridisciplinaire telle que prévue par la loi.

Des limites

Je pense que cela oblige à mettre en garde devant un PAG (plan d'accompagnement global) résultant de la RAPT (réponse accompagnée pour tous). En effet, si l'hospitalisation en HP avait figuré dans le PAG accepté par la personne concernée (ou son ayant droit), il est vraisemblable qu'il n'aurait pas été possible d'obtenir une indemnisation pour la personne concernée.

Il y a évidemment des limites à cette indemnisation basée sur les décisions de la CDAPH.

Par exemple : le 4ème plan autisme "au sein des TND" prévoit une intervention précoce pour les enfants de moins de 7 ans pendant un an, avant intervention de la MDPH. Aucune intervention d'éducateur n'est prévue : ce n'est pas vraiment l'application des recommandations HAS. Lorsque l'intervention précoce n'aura pas été mise en place dans des délais raisonnables, ou si elle ne finance pas les professionnels compétents pour cela, sera-t-il possible de demander une indemnisation ?


CAA de PARIS

N° 17PA01993

Inédit au recueil Lebon

6ème chambre

Mme FUCHS TAUGOURDEAU, président

M. Dominique PAGES, rapporteur

M. BAFFRAY, rapporteur public

MONTPENSIER, avocat(s)

lecture du mardi 10 juillet 2018

 REPUBLIQUE FRANCAISE 

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu la procédure suivante :

Procédure contentieuse antérieure :

M. et Mme C..., agissant tant en leur nom personnel qu’en qualité de représentants légaux de leur fille A...Luyedisa Masamuna, ont demandé au Tribunal administratif de Paris de condamner l’Etat à leur verser la somme totale de 140 000 euros, assortie des intérêts de retard, en réparation du préjudice moral que leur fille et eux-mêmes ont subi en raison de l’absence de prise en charge adaptée de leur fille.

Par un jugement n° 1509753/1-1 du 19 avril 2017, le Tribunal administratif de Paris a rejeté leur demande.

Procédure devant la Cour :

Par une requête enregistrée le 13 juin 2017, M. et MmeC..., représentés par Me B...demande à la Cour :

1°) d’annuler ce jugement du 19 avril 2017 du Tribunal administratif de Paris ;

2°) de condamner l’Etat à leur verser la somme de 200 000 euros, assortie des intérêts légaux à compter du 7 avril 2015, en réparation du préjudice moral que leur fille et eux-mêmes ont subi en raison de l’absence de prise en charge adaptée de leur fille ;

3°) de mettre à la charge de l’Etat la somme de 2 500 euros au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

Ils soutiennent que

- en vertu de l’article L. 246-1 du code de l’action sociale et des familles, l’Etat est tenu à une obligation de résultat en ce qui concerne la prise en charge effective et pluridisciplinaire des enfants souffrant d’autisme ;

- la responsabilité de l’Etat se trouve engagée en raison de l’absence de prise en charge adaptée de leur fille conformément aux orientations décidées par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) depuis le 12 juin 2009 ;

- contrairement à ce qu’indiquent les premiers juges dans le jugement contesté, ils ont sollicité l’ensemble des établissements désignés par la CDAPH, lesquels évoquent tous un manque de place ; qu’aucune disposition légale ou réglementaire impose de saisir par écrit les établissements désignés par la CDAPH ;

- l’Etat ne saurait s’exonérer de sa responsabilité au motif que l’hôpital de jour “ l’Etincelle “ aurait continué de prendre en charge leur fille A...dès lors que cette prise en charge était inadaptée à ses besoins ;

- la prise en charge d’A... n’est pas conforme aux prescriptions des articles L. 351-1 et D. 351-7 du code de l’éducation ;

- cette situation leur a causé un préjudice moral qu’ils évaluent à 50 000 euros chacun et à 100 000 euros pour leur fille.

Par un mémoire en défense, enregistré le 13 février 2018, le ministre de l’éducation nationale conclut au rejet de la requête.

Il soutient que :

- les conclusions indemnitaires présentées par M. et Mme C...sont irrecevables dans la mesure où le montant des indemnités demandées en appel est supérieur à celui demandé en première instance ;

- il n’a pas la qualité de ministre intéressé au sens de l’article R. 811-10 du code de justice administrative ; la prise en charge de la jeune A...par un établissement médico-social n’appelle pas d’observation de sa part ;

- contrairement à ce que soutiennent les requérants, la décision du 12 juin 2009 de la CDAPH ne fait pas mention d’une prise en charge d’A... à temps complet dans une classe pour l’inclusion scolaire (CLIS) ;

- M. et Mme C...ne parviennent pas à démontrer en quoi la prise en charge d’A... dans une CLIS à temps partiel, parallèlement à la prise en charge par un service de psychiatrie infanto-juvénile d’un hôpital de jour, était insatisfaisante et inadaptée à ses besoins et à ses difficultés ;

 - A...Luyedisa Masamuna n’a pas été privée d’un droit à l’éducation.

 Par un mémoire en défense, enregistré le 14 février 2018, le ministre des solidarités et de la santé conclut au rejet de la requête.

 Il soutient que :

- l’hôpital de jour “ l’Étincelle “ est un établissement spécialisé dans la prise en charge des troubles liés à l’autisme qui permet un suivi pluridisciplinaire dans les mêmes conditions que certains instituts médico-éducatifs ;

- si la prise en charge par l’hôpital de jour “ l’Etincelle “ ne correspond pas aux préconisations de la CDAPH qui ne peut orienter que vers des établissements ou des services sociaux et médico-sociaux, elle a cependant permis à A...de continuer à bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire conformément aux dispositions de l’article L. 246-1 du code de l’action sociale et des familles.

Par ordonnance du 14 février 2018, la clôture de l’instruction a été fixée au 8 mars 2018 à 12 heures.

Vu les autres pièces du dossier.

Vu :

- le code de l’éducation ;

- le code l’action sociale et des familles ;

- le code de justice administrative.

Les parties ont été régulièrement averties du jour de l’audience

Ont été entendus au cours de l’audience publique :

- le rapport de M. Pagès,

- les conclusions de M. Baffray, rapporteur public,

- et les observations de Me B..., pour M. et MmeC....

1. Considérant que M. et Mme C..., sont les parents de la jeuneA..., née le 4 juin 2001, laquelle souffre de troubles autistiques diagnostiqués aux termes d’une évaluation effectuée du 22 octobre 2007 au 30 octobre 2007 par le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier Robert Debré ; que, par décision du 12 juin 2009, la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) a préconisé l’orientation de la jeune A...en “ classe d’intégration scolaire 1 “ (CLIS 1) du 1er septembre 2009 au 31 juillet 2010, puis par des décisions du 20 septembre 2010, 25 juillet 2011, 12 novembre 2013 et 8 octobre 2015, l’orientation de l’intéressée dans un établissement médico-social, respectivement pour les périodes du 1er mars 2010 au 19 septembre 2011, du 25 juillet 2011 au 24 juillet 2012, du 1er novembre 2013 au 31 octobre 2015 et du 28 juillet 2015 au 27 juillet 2017 ; que par recours administratif du 7 avril 2015, M. et Mme C...ont demandé au ministre des affaires sociales, de la santé et du droit des femmes et au ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’indemnisation de leur préjudice ainsi que de celui de leur fille à raison de la carence de l’Etat dans la mise en place d’une prise en charge d’A... conforme aux orientations successives de la CDAPH ; que le silence gardé par l’administration a fait naître une décision implicite de rejet ; que M. et Mme C..., agissant tant en leur nom personnel qu’en qualité de représentants légaux d’A... ont demandé au Tribunal administratif de Paris que l’Etat soit condamné à réparer les préjudices subis tant par eux-mêmes que par leur fille en raison du défaut de prise en charge adaptée ; que, par un jugement du 19 avril 2017, le Tribunal administratif de Paris a rejeté leur demande ; que M. et Mme C...relèvent appel de ce jugement ;

Sur la fin de non-recevoir opposée par le ministre de l’éducation nationale :

2. Considérant que, devant le tribunal administratif, M. et Mme C...avaient limité leurs conclusions à la condamnation de l’Etat à leur verser une indemnité de 140 000 euros ; qu’ils ne se prévalent en appel d’aucun chefs de préjudice autre que ceux pour la réparation desquels cette somme avait été réclamée non plus que d’une aggravation du préjudice subi ; que les conclusions présentées par les requérants devant la Cour tendant à ce que cette indemnité soit portée à la somme de 200 000 euros constituent ainsi une demande nouvelle en tant qu’elles excèdent le montant réclamé en première instance et ne sont, dès lors, pas recevables

Sur le surplus des conclusions indemnitaires :

3. Considérant qu’aux termes de l’article L. 114-1 du code de l’action sociale et des familles : “ Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. / L’État est garant de l’égalité de traitement des personnes handicapées sur l’ensemble du territoire et définit des objectifs pluriannuels d’actions “ ; qu’aux termes de l’article L. 246-1 du même code : “ Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d’une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques. / Adaptée à l’état et à l’âge de la personne, cette prise en charge peut être d’ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social. / Il en est de même des personnes atteintes de polyhandicap “ ; qu’aux termes l’article L. 111-1 du code de l’éducation : “ Le droit à l’éducation est garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d’élever son niveau de formation initiale et continue, de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle, d’exercer sa citoyenneté “ ; qu’aux termes de l’article L. 112-1 du même code : “ Pour satisfaire aux obligations qui lui incombent en application des articles L. 111-1 et L. 111-2, le service public de l’éducation assure une formation scolaire, professionnelle ou supérieure aux enfants, aux adolescents et aux adultes présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant. Dans ses domaines de compétence, l’État met en place les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes handicapés (...) “ ; qu’aux termes du premier alinéa de l’article L. 131-1 du même code : “ L’instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, entre six ans et seize ans (...) “ ;

4. Considérant qu’il résulte de ces dispositions que, d’une part, le droit à l’éducation étant garanti à chacun quelles que soient les différences de situation, et l’obligation scolaire s’appliquant à tous, les difficultés particulières que rencontrent les enfants handicapés ne sauraient avoir pour effet ni de les priver de ce droit, ni de faire obstacle au respect de cette obligation ; que, d’autre part, le droit à une prise en charge pluridisciplinaire est garanti à toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique, quelles que soient les différences de situation ; que si, eu égard à la variété des formes du syndrome autistique, le législateur a voulu que cette prise en charge, afin d’être adaptée aux besoins et difficultés spécifiques de la personne handicapée, puisse être mise en oeuvre selon des modalités diversifiées, notamment par l’accueil dans un établissement spécialisé ou par l’intervention d’un service à domicile, c’est sous réserve que la prise en charge soit effective dans la durée, pluridisciplinaire, et adaptée à l’état et à l’âge de la personne atteinte de ce syndrome ;

5. Considérant qu’en vertu de l’article L. 241-6 du code de l’action sociale et des familles, il incombe à la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), à la demande des parents, de se prononcer sur l’orientation des enfants atteints du syndrome autistique et de désigner les établissements ou les services correspondant aux besoins de ceux-ci et étant en mesure de les accueillir, ces structures étant tenues de se conformer à la décision de la commission ; qu’ainsi, lorsqu’un enfant autiste ne peut être pris en charge par l’une des structures désignées par la CDAPH en raison d’un manque de place disponible, l’absence de prise en charge pluridisciplinaire qui en résulte est, en principe, de nature à révéler une carence de l’Etat dans la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour que cet enfant bénéficie effectivement d’une telle prise en charge dans une structure adaptée ;

6. Considérant, en premier lieu, qu’il résulte de l’instruction que la CDAPH a, par décisions du 20 septembre 2010, du 25 juillet 2011, du 12 novembre 2013 et du 8 octobre 2015, préconisé l’orientation de la jeune A...dans un institut médico-social, respectivement pour les périodes du 1er mars 2010 au 19 septembre 2011, du 25 juillet 2011 au 24 juillet 2012, du 1er novembre 2013 au 31 octobre 2015 et du 28 juillet 2015 au 27 juillet 2017 ; que s’il est vrai que les requérants ne démontrent pas avoir effectué des démarches par courrier auprès de l’ensemble des établissements désignés par les décisions successives de la CDAPH, il est toutefois constant que la grande majorité d’entre eux ont refusé d’admettre A...au motif qu’ils ne disposaient pas de place ; que, s’agissant des autres établissements, les requérants se prévalent de démarches par téléphone pour lesquelles ils ont obtenu des réponses écrites négatives postérieurement au jugement attaqué ; que dans ces conditions, faute pour l’Etat de démontrer qu’une seule place ait été disponible pour A...dans l’un des établissements désignés sur cette période, la circonstances que les requérants ne parviennent pas à justifier avoir sollicité par écrit l’ensemble des établissements désignés par la CDAPH n’est pas de nature à exonérer l’Etat de sa responsabilité en raison de sa carence dans la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour garantir l’effectivité de l’orientation ainsi décidée ;

7. Considérant, en second lieu, que par les différentes décisions intervenues depuis le 20 septembre 2010, la CDAPH a prononcé l’orientation de la jeune A...en institut médico-éducatif ; qu’il est constant que malgré ces décisions et les nombreuses démarches entreprises par ses parents, A...n’a pu bénéficier d’une prise en charge de ce type, faute de place disponible ; que, dans l’attente que des places se libèrent en institut médico-éducatif, la jeune A...a été prise en charge, depuis le 4 juillet 2006, par l’hôpital de jour “ L’Étincelle “ de la Croix-Rouge ; que, toutefois, cette prise en charge partielle ne saurait être regardée comme une prise en charge pluridisciplinaire spécifiquement adaptée aux troubles de la jeune A...dans le cadre d’un institut médico-éducatif, tel que préconisé par la CDAPH ; que, dans ces conditions, l’absence de prise en charge spécifiquement adaptée à ses troubles, conformément à l’orientation préconisée par la CDAPH, révèle une carence de l’Etat dans la mise en œuvre des moyens nécessaires pour que la jeune A...bénéficie effectivement d’une prise en charge pluridisciplinaire au sens de l’article L. 246-1 du code de l’action sociale et des familles ; que cette carence constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat au titre de la période courant du 1er mars 2010 au 27 juillet 2017 ;

Sur les préjudices :

8. Considérant, en premier lieu, que l’insuffisance de la prise en charge pluridisciplinaire dont a été victime la jeune A...au cours de la période susmentionnée a causé à cette dernière un préjudice moral dont il sera fait une juste appréciation en évaluant à la somme de 5 000 euros l’indemnisation due à ce titre ;

9. Considérant, en second lieu, que, compte tenu des nombreuses démarches dont justifient les requérants pour obtenir la mise en oeuvre des décisions de la CDAPH concernant leur enfant et pour mettre en place, dans cette attente, une prise en charge de leur fille, il sera fait une juste appréciation du préjudice moral de M. et Mme C...en leur allouant la somme globale de 10 000 euros à ce titre ;

10. Considérant qu’il résulte de ce qui précède que M. et Mme C...sont, dans la mesure exposée ci-dessus, fondés à soutenir que c’est à tort que, par le jugement attaqué, le tribunal a refusé de faire droit à leur demande ;

Sur les conclusions tendant à l’application des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative

11. Considérant qu’il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, en application des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative, de mettre à la charge de l’Etat la somme de 1 500 euros au titre des frais exposés M. et Mme C...et non compris dans les dépens ;

DÉCIDE :

Article 1er : Le jugement n° 1509753/1-1 du Tribunal administratif de Paris du 19 avril 2017 est annulé.

Article 2 : L’Etat est condamné à verser à M. et Mme C...en leur qualité de représentants légaux de leur fille mineure A...C..., la somme de 5 000 euros en réparation de son préjudice moral.

Article 3 : L’Etat est condamné à verser globalement à M. et Mme C...la somme de 10 000 euros en réparation de leur propre préjudice moral.

Article 4 : L’Etat versera à M. et Mme C...une somme de 1 500 euros au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

Article 5 : Le surplus des conclusions de la requête est rejeté.

Article 6 : Le présent arrêt sera notifié à M. et MmeC..., au ministre de l’éducation nationale et au ministre des solidarités et de la santé.

Délibéré après l’audience du 26 juin 2018, à laquelle siégeaient :

- Mme Fuchs Taugourdeau, président de chambre

- M. Niollet, président-assesseur,

- M. Pagès, premier conseiller.

Lu en audience publique, le 10 juillet 2018.

22 janvier 2019

Taverny : ils veulent ouvrir un restaurant employant autistes et trisomiques

article publié dans Le Parisien

Christophe Lefèvre| 21 janvier 2019, 19h23 |2
Valérie Gaillard et David Fortier veulent ouvrir Le 47e, selon la même formule que le café Joyeux, à Paris et le restaurant le Reflet, à Nantes. LP/C.L.

Deux agents de Pôle emploi veulent ouvrir leur établissement d’ici à juin prochain aux Ecouardes. Il devrait s’appeler Le 47e, comme le 47e chromosome des personnes atteintes de trisomie.

C’est un restaurant particulier qui devrait ouvrir ses portes à Taverny, en juin prochain. Valérie Gaillard et David Fortier, deux employés de Pôle emploi, veulent en effet créer, dans la zone d’activités économiques des Ecouardes, un établissement employant en majorité des personnes autistes ou atteintes de handicap comme la trisomie 21.

Une formule qui a montré qu’elle pouvait fonctionner au café Joyeux, à Paris (IIe), et surtout au restaurant le Reflet, à Nantes (Loire-Atlantique). Un établissement dont le duo a rencontré la responsable.

 

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Car les deux associés planchent sur leur projet depuis de nombreuses années. David Fortier, est notamment sensibilisé par le biais de son frère Benjamin, trisomique. « On travaille à Pôle emploi et on s’aperçoit que c’est d’autant plus difficile de trouver du travail quand on a un handicap, explique Valérie Gaillard. Nous, on veut prouver qu’il n’y a pas de différence. »

Un restaurant nommé Le 47e

Ouvert uniquement le matin et le midi, Le 47e, qui doit son nom au 47e chromosome des personnes trisomiques (contre 46 pour les autres), emploiera huit salariés. Parmi eux, deux personnes « ordinaires » : un chef cuistot ayant déjà travaillé en Esat (Etablissement et service d’aide par le travail), et donc avec des personnes handicapées, et un responsable de salle lui-même papa d’un adulte trisomique.

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Le restaurant pourrait ne constituer qu’une étape pour ses salariés. « On aimerait être une entreprise tampon, souligne David Fortier. On veut embaucher les gens et leur servir de tremplin. Le but, c’est qu’ils partent ensuite vers d’autres restaurants. » Des aménagements sont prévus, notamment pour la prise de commande. « Le client ne sera pas roi, souffle l’entrepreneur. Ce sera le personnel. L’idée est d’avoir une petite famille, un cocon dans lequel ils vont pouvoir s’épanouir. »

Un projet de 600 000 € à financer

David et Valérie, qui visent entre 30 et 45 repas quotidiens, doivent maintenant trouver les 600 000 € nécessaires pour l’ouverture, et notamment l’aménagement du local, acheté neuf et entièrement brut (il y a 460 000 € de travaux). « Nous avons eu beaucoup de difficultés pour trouver un local, soufflent les deux amis. Il doit répondre à certaines normes. Et être suffisamment excentré pour ne pas gêner le voisinage lorsqu’on organisera des événements. »

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Même s’ils ont fait appel à leur réseau et trouvé un architecte et un expert-comptable travaillant gratuitement pour le projet, les entrepreneurs s’activent pour réunir la somme nécessaire. Une campagne de financement participatif lancée sur le site Internet Le Pot commun, et qui court jusqu’au dimanche 31 mars, a pour l’instant permis de recueillir 3 770 €. Loin du total espéré. « Quand on voit les cagnottes lancées pour certains sujets et qui dépassent rapidement les 100 000 €, on se pose des questions, soupirent les associés, qui vont donc contracter un emprunt bancaire. C’est dommage car c’est un beau projet. »

BIENTÔT UN ECOQUARTIER DE 13 HA AUX ECOUARDES

La clientèle potentielle du restaurant Le 47e pourrait augmenter rapidement. En effet, la ville de Taverny vient de lancer les fondations d’un écoquartier de 13 ha implanté dans le secteur des Ecouardes, à proximité de la zone d’activités du même nom. Un projet annoncé par la maire (LR) Florence Portelli lors de ses vœux, évoquant « de la circulation douce, des logements intergénérationnels et des maisons de ville reposant sur des énergies renouvelables, la création de nouveaux espaces verts et la volonté de privilégier un environnement plus sain pour les familles ». Les études, qui viennent d’être lancées, devraient durer entre treize et quatorze mois. Un diagnostic du territoire sera ainsi réalisé. « Nous sommes sur une feuille blanche », explique-t-on en mairie. La ville, qui souhaite conserver une activité agricole sur le site, prévoit des logements, des équipements publics et des commerces.

22 janvier 2019

L'actualité TSA : Autisme : l'assurance maladie finance désormais un parcours d'intervention précoce

 

[Actualité action sociale] L'actualité TSA : Autisme : l'assurance maladie finance désormais un parcours d'intervention précoce

tsa-quotidien.fr, l'actualité TSA : Autisme : l'assurance maladie finance désormais un parcours d'intervention précoce

https://www.tsa-quotidien.fr

 

21 janvier 2019

Autisme. Des avancées en termes de scolarisation

article publié sur Le Télégramme

Publié le 20 janvier 2019 à 18h45 Modifié le 21 janvier 2019 à 09h34

Éric Bothorel, le député de Lannion, ici aux côtés de la sous-préfète Christine Royer, a prévu de rencontrer à nouveau, au mois de juin 2019, les représentants des familles d’enfants autistes, représentées par Gwenaëlle Lair et Elisabeth Schumacher (Autisme Trégor Goëlo), et Jean-Yves Herviou (Adapei), pour mesurer les avancées.
Éric Bothorel, le député de Lannion, ici aux côtés de la sous-préfète Christine Royer, a prévu de rencontrer à nouveau, au mois de juin 2019, les représentants des familles d’enfants autistes, représentées par Gwenaëlle Lair et Elisabeth Schumacher (Autisme Trégor Goëlo), et Jean-Yves Herviou (Adapei), pour mesurer les avancées.

Une deuxième rencontre entre Autisme Trégor Goëlo et le député Éric Bothorel avait lieu, vendredi, à propos des carences en matière de prise en charge des enfants et jeunes adultes autistes. L’une des avancées : l’ouverture d’une Unité extérieure d’enseignement (UEE) est promise pour la rentrée 2019, dans le Trégor-Goëlo.

Ils s’étaient vus une première fois au mois de juin pour mettre sur la table les carences en matière de prise en charge des enfants et des jeunes adultes autistes, observées dans le Trégor-Goëlo. Un territoire « à la ramasse » si on le compare au secteur briochin, selon le constat sans concession de Gwenaëlle Lair et Elisabeth Schumacher, l’ancienne et l’actuelle présidentes de l’association Autisme Trégor Goëlo. Les représentants des familles ont à nouveau rencontré, vendredi après-midi, le député Éric Bothorel, la sous-préfète Christine Royer et des représentants de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la direction académique de l’Éducation nationale.

Des unités spécialisées d’enseignement promises

D’une réunion à l’autre, une première avancée : l’ouverture d’une Unité extérieure d’enseignement (UEE) est promise pour la rentrée 2019, dans le Trégor-Goëlo. Ce type de structure, qui n’existe pas sur le territoire, permettrait d’offrir une scolarisation adaptée à des adolescents (« six minimum, une dizaine au maximum ») accueillis en IME (Institut médico-éducatif). Autre annonce faite à l’issue de la réunion : la création d’une Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) supplémentaire pour compléter celles déjà implantées à Lannion et Paimpol.

Ces deux tables rondes n’auront donc pas été inutiles. « On va dans le bon sens », a admis Jean-Yves Herviou, le président de l’Adapei 22, tout en rappelant combien les besoins restent immenses. « Les listes d’attente sont énormes. Entre 40 et 60 enfants attendent une place à l’IME de Tréguier ». « Créer de nouveaux espaces permet de soulager les familles et de faire progresser les enfants. C’est une chance supplémentaire », a souligné Éric Bothorel.

En attendant les effetsdu plan autisme

Pour aller plus loin, le député LREM de Lannion mise sur les futurs effets de la « stratégie nationale pour l’autisme », un plan gouvernemental de plus de 400 millions d’euros pour la période 2018-2022 (contre 205 millions d’euros pour 2012-2017) que le Trégor n’entend pas laisser passer. « La question n’est pas exclusivement celle des moyens financiers mais aussi celle des compétences médicales et paramédicales (médecins, orthophonistes, psychologues, ergothérapeutes…) », a ajouté la sous-préfète. Compétences qu’il lui semble indispensable d’attirer dans le territoire pour améliorer la prise en charge de l’autisme.

17 janvier 2019

Décision illégale de la CDAPH : droit à indemnisation par la MDPH

17 janv. 2019
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Une décision de la CDAPH reconnue comme illégale peut ouvrir droit à l'indemnisation du préjudice moral, financier et professionnel par la MDPH. C'est ce qu'indique un arrêt du Conseil d'Etat du 28 décembre 2018 concernant un étudiant rennais handicapé.

 

La décision récente ci-dessous du Conseil d'Etat est très intéressante, car elle démontre le droit à indemnisation du préjudice subi du fait d'une décision de la Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) lorsque celle-ci a été annulée par un tribunal.

Dans cette circonstance, il s'agissait d'orientation professionnelle : c'est le tribunal administratif qui est compétent pour examiner les recours contre les décisions de la CDAPH, comme pour la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Pour toutes les autres décisions, c'est désormais le tribunal de grande instance.

Il se trouvait que c'était le même tribunal qui avait à trancher de l'indemnisation du préjudice subi.

Il avait considéré que la décision de la CDAPH était illégale, et l'avait annulée. Par contre, il avait refusé d'indemniser la personne handicapée.

Le Conseil d'Etat, à juste titre, lui demande de revoir sa décision, car le tribunal n'a pas démontré que le demandeur n'aurait pas suivi la formation si elle lui avait été accordée.

Au-delà du cas d'espèce, cela indique que la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) peut être obligée d'indemniser une personne handicapée si la décision de la CDAPH est contredite par un tribunal, et que la décision de la CDAPH a causé un préjudice.

Il n'est pas nécessaire qu'il y ait eu faute grave ou lourde de la MDPH/CDAPH. Il suffit que sa décision soit injustifiée. 

NB : en annexe, les deux décisions du Tribunal Administratif. La première décision est particulièrement bien motivée, et va dans le sens de l'augmentation de la qualification des travailleurs handicapés.

Jacko s'apprêtant à s'attaquer à la jurisprudence © Luna TMG
Jacko s'apprêtant à s'attaquer à la jurisprudence © Luna TMG

Article d'Ouest-France 3 janvier 2019 : Justice. À Rennes, l’étudiant handicapé pouvait prétendre à des études supérieures

Conseil d'État, 1ère et 4ème chambres réunies, 28 décembre 2018, 414685

Numéro d'arrêt : 414685
Numéro NOR : CETATEXT000037882276 ?
Identifiant URN:LEX : urn:lex;fr;conseil.etat;arret;2018-12-28;414685 ?

Vu la procédure suivante :

M. A...B...a demandé au tribunal administratif de Rennes de condamner la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) d'Ille-et-Vilaine à lui verser la somme de 35 676,04 euros en réparation des préjudices de toute nature qu'il estime avoir subis du fait de l'illégalité des décisions des 16 septembre 2010 et 21 avril 2011 par lesquelles la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) d'Ille-et-Vilaine a, en application de l'article L. 241-6 du code de l'action sociale et des familles, prononçé son orientation vers une formation conduisant à un baccalauréat professionnel. Par un jugement n° 1403981 du 24 mai 2017, le tribunal administratif de Rennes a rejeté cette demande.

Par un pourvoi sommaire, un mémoire complémentaire et un autre mémoire, enregistrés les 28 septembre et 11 décembre 2017 et le 14 juin 2018, M. B...demande au Conseil d'État :

1°) d'annuler ce jugement ;

2°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 2 000 euros à verser à la SCP Célice, Soltner, Texidor, Perier, son avocat, au titre des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991.

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu :

- le code de l'action sociale et des familles ;

- la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 ;

- le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :

- le rapport de M. Thibaut Félix, auditeur,

- les conclusions de M. Charles Touboul, rapporteur public.

La parole ayant été donnée, avant et après les conclusions, à la SCP Célice, Soltner, Texidor, Perier, avocat de M. B...et à la SCP Zribi et Texier, avocat de la maison départementale des personnes handicapées d'Ille et Vilaine.

Considérant ce qui suit :

1. En vertu du I de l'article L. 241-6 du code de l'action sociale et des familles, dans sa rédaction applicable au litige, la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées est compétente pour se prononcer sur l'orientation d'une personne handicapée et les mesures propres à assurer son insertion scolaire ou professionnelle et sociale et pour désigner les établissements ou services concourant à la rééducation, à l'éducation, au reclassement et à l'accueil de l'adulte handicapé et en mesure de l'accueillir. Le III du même article précise que cette décision de désignation s'impose à tout établissement ou service dans la limite de la spécialité au titre de laquelle il a été autorisé ou agréé. Enfin, l'article R. 241-31 du même code dispose que : " Les décisions de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (...) sont prises au nom de la maison départementale des personnes handicapées (...) ". Il résulte de ces dispositions que l'illégalité d'une décision d'orientation prise par la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées est susceptible d'engager la responsabilité de la maison départementale des personnes handicapées.

2. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que M.B..., reconnu travailleur handicapé depuis 2008, a bénéficié d'une orientation, par la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapés d'Ille-et-Vilaine, le 16 septembre 2010, vers une formation à un baccalauréat professionnel comptabilité niveau IV dispensée par l'établissement de reconversion professionnelle Jean-Janvier situé à Rennes. Toutefois, le 31 janvier 2011, M. B...a indiqué à la maison départementale des personnes handicapées d'Ille-et-Vilaine qu'il cessait cette formation et demandé à bénéficier d'une orientation vers la formation au brevet de technicien supérieur (BTS) assistant de gestion des petites et moyennes entreprises ou petites et moyennes industries, de niveau III, dispensée par le même établissement. Le 21 avril 2011, la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapés a cependant rejeté sa demande et retenu une orientation vers un baccalauréat professionnel tertiaire, de niveau IV, dans cet établissement. Par un jugement du 14 mars 2013 devenu définitif, le tribunal administratif de Rennes a annulé cette décision et prononcé une orientation vers la formation de BTS sollicitée. M. B...se pourvoit en cassation contre le jugement du 24 mai 2017 par lequel ce tribunal a rejeté sa demande tendant à la condamnation de la maison départementale à lui verser la somme globale de 35 676,04 euros en réparation des préjudices de toute nature qu'il estimait avoir subis à raison de l'illégalité des décisions des 16 septembre 2010 et 21 avril 2011.

Sur la faute :

3. Il ressort des termes du jugement attaqué que, pour juger que la décision du 16 septembre 2010 n'était pas, contrairement à celle du 21 avril 2011, entachée d'une illégalité fautive engageant la responsabilité de la maison départementale des personnes handicapées d'Ille-et-Vilaine, le tribunal a jugé que les motifs pour lesquels il avait, par son jugement du 14 mars 2013, annulé la décision du 21 avril 2011 ne pouvaient être retenus pour juger illégale celle du 16 septembre 2010, qui avait été prise dans un autre contexte, dans lequel notamment la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapés ne disposait pas des mêmes éléments pour identifier la bonne capacité d'apprentissage de l'intéressé. Il a, ce faisant, suffisamment répondu au moyen par lequel M. B...faisait valoir que la décision du 16 septembre 2010 était illégale pour les mêmes motifs que celle du 21 avril 2011, sans commettre d'erreur de droit, se méprendre sur la portée des écritures du requérant ni méconnaître la portée du jugement du 14 mars 2013.

Sur les préjudices :

4. En premier lieu, il ressort des termes du jugement attaqué que, pour juger que la décision du 21 avril 2011 de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapés ne pouvait être regardée comme ayant été à l'origine d'un préjudice moral pour M. B..., le tribunal ne s'est pas fondé, contrairement à ce que soutient le requérant, sur la seule circonstance que cette décision ne comportait pas de mentions à caractère vexatoire ou dénigrant. Le requérant n'est, par suite, pas fondé à soutenir que le jugement attaqué serait, faute d'avoir pris en compte l'ensemble de son argumentation sur ce point, insuffisamment motivé ou entaché d'erreur de droit.

5. En second lieu, en revanche, pour juger que le préjudice financier et le préjudice professionnel, tenant à une perte d'années de formation et une perte de chance de concrétiser son projet professionnel, subis par M. B...du fait de l'illégalité de la décision du 21 avril 2011 n'étaient pas certains ou établis, le tribunal s'est fondé sur la seule circonstance qu'une décision de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées se prononçant sur l'orientation d'une personne handicapée dépendait de l'initiative prise par son bénéficiaire de s'inscrire dans la formation désignée par cette décision puis de la suivre et n'avait ainsi pas de caractère contraignant pour son bénéficiaire. En statuant ainsi, sans relever aucune circonstance propre à l'espèce permettant de douter que le requérant s'inscrive à la formation qu'il avait sollicitée et la suive dans l'hypothèse où il aurait bénéficié de l'orientation qu'il demandait et où la commission aurait désigné l'établissement devant la dispenser, auquel cette décision se serait imposée en vertu de l'article L. 241-6 du code de l'action sociale et des familles, le tribunal administratif a commis une erreur de droit. Dès lors, son jugement doit être annulé en tant qu'il a statué sur ces deux chefs de préjudice.

Sur les conclusions présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative :

6. L'Etat n'étant pas partie à la présente instance, les dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991 font obstacle à ce qu'il soit fait droit aux conclusions de la SCP Célice, Soltner, Texidor, Perier, avocat de M. B..., tendant à ce qu'une somme soit mise à sa charge sur leur fondement. Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font également obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de M.B..., qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante.

D E C I D E :

--------------

Article 1er : Le jugement du tribunal administratif de Rennes du 24 mai 2017 est annulé en tant qu'il se prononce sur le préjudice financier et le préjudice professionnel au titre des troubles dans les conditions d'existence que M. B...estime avoir subis du fait de l'illégalité fautive de la décision de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées du 21 avril 2011.

Article 2 : L'affaire est, dans la mesure de la cassation prononcée, renvoyée au tribunal administratif de Rennes.

Article 3 : Le surplus des conclusions de M.B..., les conclusions de la SCP Célice, Soltner, Texidor, Perier, avocat de M.B..., présentées au titre des dispositions du deuxième alinéa de l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991 et les conclusions de la maison départementale des personnes handicapées d'Ille-et-Vilaine présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetés.

Article 4 : La présente décision sera notifiée à M. A...B...et à la maison départementale des personnes handicapées d'Ille-et-Vilaine.


Formation des personnes handicapées

"En plus des dispositifs généraux de formation, une personne handicapée peut entrer en apprentissage pour obtenir une qualification et bénéficier d'aménagements particuliers. Elle peut aussi bénéficier d'une formation dans un centre de pré-orientation si elle rencontre des difficultés d'orientation. Enfin, elle peut bénéficier d'un contrat de rééducation ou suivre un stage pour se réaccoutumer à son ancien emploi si elle est devenue inapte à exercer sa profession, ou apprendre un nouveau métier." (voir fiche service public)

Premier arrêt du tribunal administratif

M. K.D. a d'abord été évalué dans un centre de pré-orientation, puis orienté vers un bac professionnel dans un centre de rééducation professionnel (CRP). Il a arrêté sa formation et a demandé d'être orienté vers un BTS dans le même centre. Ce qu'a refusé la CDAPH. La décision de la CDAPH a été annulée par le Tribunal Administratif de Rennes dans un arrêt du 14 mars 2013.

Le Tribunal a considéré que la demande était cohérente avec le projet de vie de la personne, les résultats du centre de pré-orientation et ses résultats.

Il faut rappeler qu'un des principaux obstacles à l'emploi des personnes handicapées est leur faible niveau de qualification. Nous avons intérêt à soutenir la recherche du meilleur niveau de qualification.

Arrêt du 14 mars 2013 du Tribunal Administratif de Rennes - K D contre MDPH 35 (pdf, 1 B)

Deuxième arrêt du tribunal administratif

M. K.. D.. a bien sûr attendu que le tribunal administratif annule la décision de la CDAPH pour envisager de suivre la formation qu'il revendiquait.

Il a ensuite demandé l'indemnisation de ses préjudices>.

Le Tribunal refusera essentiellement pour le motif suivant : "une décision d’orientation professionnelle prise par une CDAPH n’a aucun caractère contraignant et ouvre seulement au bénéficiaire le droit de suivre la formation vers laquelle il est orienté ; que la mise en œuvre d’une telle décision est ainsi subordonnée à l’initiative du bénéficiaire de s’inscrire dans la formation préconisée".

C'est ce motif que le Conseil d'Etat casse, car rien n'établit que l'intéressé n'aurait pas suivi la formation s'il y avait été orienté : la décision d’orientation dans ce cas s'impose à l'établissement désigné.

Arrêt du 24 mai 2017 du Tribunal Administratif de Rennes - K D contre MDPH 35 (pdf, 1 B)

17 janvier 2019

Prestations sociales et PCH "Aide Humaine" : incohérences à la pelle

16 janv. 2019
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Il y a des incohérences sur la façon dont est prise en compte la PCH "Aide Humaine" aux Impôts, à la CAF, à l'URSSAF, au Conseil Départemental. Une clarification, puis une information facilitant notamment le choix entre complément et PCH, est nécessaire.

 

Au départ, quand le RMI a été créé en 1988, il était prévu que les prestations familiales étaient prises en compte dans les ressources, à l’exception de certaines. Parmi les ressources exclues, il y avait le complément d'AEEH (AES à l'époque), complément déterminé en fonction des dépenses et de la réduction d'activité des parents liées au handicap.

En 2008, les parents ont pu choisir entre le complément d'AEEH et la PCH : logiquement, la PCH avait été exclue par la loi des ressources prises en compte pour le calcul du RMI.

Il avait fallu le préciser puisque la PCH Aide Humaine versée pour un adulte à un membre du foyer familial était prise en compte pour le calcul du RSA. Cette règle était celle qui était traditionnellement suivie pour les prestations de même nature.

En général, la PCH Aide Humaine est versée parce qu'une personne n'a pas d'activité professionnelle (ou a une activité réduite) du fait du handicap d'un membre de sa famille. Aussi, comme les règles pour le RSA devaient prendre en compte ceux qui exerçaient une activité, en les favorisant (prise en compte partielle des revenus d'activité, ce qu'on appelle la pente de 62%), la PCH aide humaine versée pour un adulte membre du groupe familial a été assimilée à un revenu d'activité professionnelle, auquel est appliquée la fameuse pente de 62 % (61% aujourd'hui).

Cette interprétation était favorable, et facilitait le droit au RSA.

Elle est indépendante des règles fiscales, puisque le RSA est calculé en fonction des ressources, imposables ou non (les autres prestations familiales sont alignées pour l'essentiel sur les revenus imposables).

Chat hésitant entre PCH Aide Humaine et complément d'AEEH © Luna TMG
Chat hésitant entre PCH Aide Humaine et complément d'AEEH © Luna TMG

PCH aide humaine et impôts

D'un autre côté, la loi avait prévu que la PCH n'était pas imposable. Mais l'administration des Impôts a considéré que si cela était vrai pour le bénéficiaire, cela n'était pas vrai pour l'aidant familial qui serait susceptible d'être indemnisé par le bénéficiaire ... C'est une construction de l'esprit lorsqu'un parent perçoit la PCH en tant qu'aidant familial de son enfant, enfant qui l'indemniserait donc, transformant une PCH Aide Humaine non imposable en ... bénéfice.

L’administration des Impôts considère qu'il s'agit d'un bénéfice non commercial non professionnel. La PCH non imposable devient donc imposable (après un abattement forfaitaire de 34 %) et soumise aux contributions CSG et CRDS des revenus sur le patrimoine !

Non imposable, non commercial non professionnel, revenu du patrimoine, revenu d'activité si adulte pour application de la pente, revenu exclu si enfant ... Cela n'est donc pas simple ni cohérent.

Et depuis 2018, les contributions sociales (CSG, CRDS) ne correspondent plus aux revenus du patrimoine, mais aux salaires.

Il faut un certain acharnement pour trouver dans la déclaration d'impôts la zone à renseigner. Mais aussi un certain don de voyance pour déterminer la somme perçue au titre du dédommagement de l'aidant familial pendant l'année concernée. En général, le Conseil départemental ne donne pas d'office le montant imposable.

PCH aide humaine et RSA

Pour rendre la pratique plus cohérente, mais sans se soucier de la loi (Code de l'Action Sociale et Familiale - CASF), la CNAF et la CCMSA (organismes centraux des CAF et MSA) décident en août 2012 de prendre en compte dans le calcul du RSA la PCH aide humaine concernant les enfants. Cela se fait discrètement, sans que cette décision soit annoncée publiquement, ni même signalée aux conseils départementaux et aux organismes qui étudient les demandes.

Les bénéficiaires de l'AEEH avec PCH sont connus des organismes payeurs, CAF ou MSA, car il y a des codes spécifiques pour ces droits. Rien ne sera plus facile que de faire remonter des "indus" par une requête. Génial pour démontrer que l'organisme fait "correctement" des contrôles.

Lorsque les tribunaux administratifs sont saisis, ils confirment que le dédommagement familial résultant de la PCH Aide Humaine pour un enfant n'a pas à être pris en compte pour le calcul du RSA. Voir dernier arrêt. Certains conseils départementaux tiennent compte de cette jurisprudence, mais cela semble plus dur du côté des organismes payeurs (CAF/MSA).

PCH aide humaine et autres prestations - AVPF

Cette PCH aide humaine ne permet pas, entre autres, d'avoir le droit à une retraite. Il n'y a pas de cotisations versées.

Cependant, les parents bénéficiaires de la PCH peuvent être affiliés à l'AVPF (Assurance Vieillesse des Parents au Foyer) si la personne handicapée (enfant ou adulte) a au moins 80% de handicap. Pour les adultes (plus de 20 ans), il faut que la CDAPH ait donné un avis favorable.

Il y avait deux autres conditions à l'AVPF : revenus du ménage (faibles) et absence totale d'affiliation à l'assurance vieillesse du parent. Aujourd'hui, il n'y a plus de conditions de ressources du ménage, et l'affiliation est modulée en fonction des revenus professionnels.

Compte tenu de la transmission par les impôts d'un bénéfice non commercial non professionnel, les CAF assurent l'affiliation à l'AVPF.

Ce n'est pas le cas des MSA qui assimilent cette PCH à un revenu professionnel.

PCH et prime d'activité

Pour le RSA, il y a une différence légale entre la PCH aide humaine pour un enfant et pour un adulte. CNAF et CCMSA ont prétendu la régler en alignant les droits de façon défavorable.

Aussi, quand la prime d'activité a été créée, le dédommagement de l'aidant familial résultant de la PCH aide humaine - qu'il s'agisse d'un enfant ou d'un adulte - a été indiqué par décret comme une ressource faisant l'objet d'un abattement (pente de 62%).

C'était au moins clair sur ce plan.

Les modalités ne sont par contre pas précisées : montant brut ou montant imposable (après abattement forfaitaire de 34%) ?

PCH et PREPARE

C'est vraiment la colle à laquelle je ne m'attendais pas. Une personne, bénéficiaire de la PCH aide humaine, a demandé la PREPARE, prestation indemnisant la cessation ou la diminution d'activité suite à la naissance d'un enfant.

Le Conseil départemental verse la PCH Aide Humaine au taux minoré (il considère qu'il n'y a pas de conséquence sur l’activité professionnelle du fait du handicap).

Bien qu'il n'y ait aucune activité professionnelle, la CAF ne veut plus verser la PREPARE à taux plein, mais seulement à taux partiel. A cause de la PCH Aide Humaine...

Rien n'interdit pourtant de cumuler PREPARE et PCH Aide Humaine.

Conclusion ?

Autrement dit :

  • pour les impôts, il n'y a pas d'activité professionnelle (bénéfice non commercial non professionnel);
  • pour l'URSSAF, idem;
  • pour les impôts avant 2018, revenus du patrimoine pour la CSG et CRDS;
  • pour les impôts depuis 2018, revenus d'activité pour la CSG et CRDS;
  • pour le Conseil Départemental, il y a activité à temps complet (pas de réduction d'activité du fait du handicap) dans le cas cité;
  • pour la CAF [ou MSA] RSA, il y a activité (mais la loi fait la différence entre enfant et adulte);
  • pour la CAF - prime d'activité, il y a activité;
  • pour la CAF - AVPF, il n'y a pas d'activité;
  • pour la CAF - PREPARE, il y a activité à temps partiel.

Il est bien temps qu'il y ait une mise à plat de la PCH Aide Humaine, en tenant compte de son faible niveau de rémunération.

La CSG a été augmentée : que la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) finance les droits sociaux liés à la PCH !

Quand tous ces problèmes seront réglés, il sera possible de donner une information correcte aux bénéficiaires.

A ma connaissance, il n'y a pas eu de mise à jour depuis juillet 2013 de la notice officielle sur le choix entre complément d'AEEH et PCH aide humaine.

Sans oublier la question des compléments d'AEEH en cas de chômage ou d'arrêt de travail ...

16 janvier 2019

Val-d’Oise. Nouveau : une plateforme pour un diagnostic précoce de l’autisme à Pontoise

Préambule : l'article parle d'un lancement plutôt discret ... quelques raisons à cela sans doute ...

La volonté politique actuelle semblerait plutôt s'affranchir des vérités révélées de la psychanalyse pour le diagnostic de l'autisme et l'accompagnement des familles.

Or, le Dr Erwan VION est aussi un psychanalyste patenté ... quelques liens nous le montre :

- http://www.psynem.org/Pedopsychiatrie_psychanalyse/Clinique_techniques_conditions/Packing/Erwan_Vion._Petite_histoire_du_pack?fbclid=IwAR2F721myoCg9MIyFrJcTjiLPDMOAX3OINO6kpcV1vFebpugby79asGbruU

- http://www.copes.fr/Enfance_adolescence/Perinatalite/SM17-36/SM17-36%20(fiche%20avec%20pr%C3%A9sentation%20du%20copes).pdf

Concernant le diagnostic => http://www.egalited.org/ObtenirDiagnostic.html

Jean-Jacques Dupuis

article publié sur actu.fr

Le 2 centre du Val-d'Oise spécialisé dans l'identification des troubles du spectre autistique chez les enfants a été plutôt discrètement lancé à Pontoise, début janvier.

La nouvelle Plateforme diagnostic autisme de proximité (Pdap) doit permettre, entre autres, d’identifier rapidement des troubles du spectre autistique (Tsa) en vue d’orienter les familles vers des dispositifs d’accompagnement adaptés à la singularité de chaque enfant. © Cc Tom Reynolds

Repérer plus tôt et plus facilement les troubles du spectre autistique chez les enfants, afin de pouvoir orienter rapidement les familles vers des soins et des dispositifs d’accompagnement adaptés.

Tels sont les objectifs de la Plateforme diagnostic autisme de proximité (Pdap) mise en place début janvier 2019 à Pontoise, dans le Val-d’Oise. Une réponse à un besoin de plus en plus urgent, sachant qu’un enfant sur 100 est actuellement diagnostiqué autiste, et qu’il ne s’agit que du 2e centre du genre dans le Val-d’Oise, le premier étant situé au centre hospitalier de Gonesse, à l’autre bout du département.

Au « Camsp » et aussi à l’hôpital René-Dubos

Pour porter ce projet, c’est le Centre d’action médicosociale précoce (Camsp) Apf France Handicap de Pontoise, que l’Ars Île-de-France et le Conseil départemental du Val-d’Oise ont souhaité retenir, dans le cadre d’un partenariat avec le centre hospitalier René-Dubos.

« Cette collaboration permettra de conjuguer l’expérience acquise par l’hôpital au travers de la consultation spécialisée Ted/Tsa (troubles envahissants du développement/troubles du spectre autistique) proposée par le service de psychiatrie infanto-juvénile ainsi que l’expérience du Camsp dans l’identification des troubles des enfants âgés de 0 à 6 ans et sa capacité d’orientation vers les acteurs ressources des secteurs sanitaire, médicosocial et social », explique Laure Rossi, la directrice du Pôle enfance 95 du Camsp de Pontoise.

Ce projet a d’ores et déjà démarré sur la base des moyens actuels des deux entités. « L’équipe commune s’étoffera progressivement avec, à terme, des locaux dédiés », précise Laure Rossi.

Plus d’enfants vont être pris en charge

« Cette plateforme va non seulement améliorer l’identification précoce des troubles du spectre autistique (Tsa), à partir de 2 ans, en vue d’orienter les familles vers des dispositifs d’accompagnement adaptés à la singularité de chaque enfant, mais elle va aussi permettre de prendre en charge beaucoup plus d’enfants », confie le docteur Erwan Vion, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital de Pontoise.

Le praticien de 41 ans, qui officie depuis sept années à Pontoise, indique, en effet, avoir assisté à « une explosion du nombre de cas de troubles du comportement chez les moins de 5 ans, tout particulièrement ces quatre ou cinq derniers mois ». À l’hôpital de Pontoise, 350 enfants, majoritairement « envoyés » par des médecins libéraux ou par des Pmi, sont ainsi inscrits sur une liste d’attente...

« Une explosion du nombre de cas ces derniers mois »

Comment justifier cette véritable recrudescence ?

« Les progrès en termes de diagnostics, liés en partie à la sensibilisation et à la formation des acteurs locaux, n’expliquent pas tout », répond le docteur Vion.

« Plusieurs théories évoquent des éléments génétiques, neurologiques, endocriniens, ou encore environnementaux, comme des facteurs favorisant les troubles d’ordre psychiatrique », poursuit le praticien.

« Il faut aussi considérer le nouveau rapport qu’entretiennent les enfants avec les écrans, même si les nouvelles technologies, telle l’intelligence artificielle, peuvent aussi nous aider, à l’image de nos liens étroits avec le département des sciences cognitives de l’université de Cergy-Pontoise », note le docteur Vion.

Une équipe et un suivi pluridisciplinaires

Une fois complétée, l’équipe de la Plateforme diagnostic autisme de proximité devrait réunir, dans un même endroit : un neuropédiatre, un pédopsychiatre, un éducateur pour jeunes enfants, un psychomotricien, un psychologue, un orthophoniste, ainsi qu’un secrétariat. Elle devrait disposer prochainement d’un local spécifique. Pour l’instant, l’accueil se fait encore au Camsp Les Beaux Soleils ainsi qu’à l’hôpital de Pontoise, avenue de l’Île-de-France.

Vidéo. Les principaux signes d’alerte d’un Tsa

Sachant que « près de 50 % des enfants arrivent trop tard » dans son service, le docteur Erwan Vion, chef de la pédopsychiatrie de l’hôpital de Pontoise, présente, dans une courte vidéo, les « quelques anomalies constituant des signes d’alerte d’un éventuel trouble dans le spectre de l’autisme (Tsa) chez les très jeunes, dès 18 mois ».

Détournement du regard, difficulté à pointer du doigt des objets, ou à simuler des situations imaginaires, etc.

Joseph CANU

Plus d’infos auprès d’Apf France Handicap au 01 30 17 31 50 ou de l’hôpital de Pontoise, au 01 30 75 40 40.

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