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"Au bonheur d'Elise"
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5 janvier 2018

Inclusion : des « classes d’autorégulation » pour les enfants autistes

En France depuis peu, et au Canada depuis 15 ans, un dispositif de scolarisation des enfants autistes est testé en primaire. L'idée : permettre à l'élève d'apprendre dans une classe ordinaire, tout en apprenant à "s'autoréguler" en parallèle.

Stéphane Beaulne, chercheur clinicien et professeur à l’université de Nipissing.

Stéphane Beaulne, chercheur clinicien et professeur à l’université de Nipissing.

Dans le Limousin, depuis 2016 et 2017, deux écoles pilotes expérimentent ARAMIS, un dispositif d’inclusion scolaire pour les enfants autistes. Ce système innovant repose sur la méthode des classes “d’autorégulation”, développée depuis 15 ans par Stéphane Beaulne, chercheur clinicien et professeur en psychologie à l’université de Nipissing (Ontario, Canada).

En quoi consiste votre modèle d’autorégulation comportementale en milieu scolaire ?

Afin d’accueillir l’enfant souffrant de troubles du spectre de l’autisme (TSA) en milieu scolaire “ordinaire”, ce système alterne la présence de l’élève entre une classe “normale” et un “sas émotionnel” (une classe d’autorégulation) – un créneau durant lequel il est coaché par un éducateur spécialisé et un enseignant, pour apprendre à gérer ses troubles émotionnels et ses comportements envahissants par lui-même, et retourner ensuite travailler avec les autres.

L’autorégulation fait partie du développement de l’enfant. L’idée est de mettre en place une méthodologie pour changer la pédagogie, et surtout d’outiller les jeunes autistes, afin de les rendre autonomes, pour développer leur inclusion. Traditionnellement, dans le monde de l’éducation, on prend en charge l’élève autiste en le faisant accompagner par un adulte. Or, l’on se rend compte que cet accompagnement le rend très dépendant par la suite : habitué à réguler ses émotions et ses comportements grâce aux autres, il ne prend pas d’initiatives, au détriment de son apprentissage. De là m’est venue l’idée de travailler l’autorégulation dès la maternelle.

Une classe d'autorégulation / Stéphane Beaulne

Une classe d’autorégulation / Stéphane Beaulne

Pendant la classe d’autorégulation, on travaille avec l’élève l’aspect social, mais aussi le cognitif et les émotions. Car les enfants autistes ont des émotions, comme tout le monde : c’est juste la façon de les exprimer qui est difficile pour eux. Voilà pourquoi l’idée est de leur donner des outils et de leur enseigner des comportements plus “adaptés”, afin de leur permettre de gérer leurs émotions, ainsi que la réalité d’une salle de classe ordinaire. Puis ils apprennent à s’auto-discipliner et à prendre des initiatives.

Dans votre système, les enseignants aussi sont formés à l’autorégulation…

Le fait d’apprendre à l’enfant autiste à gérer lui-même ses troubles lui permet de maîtriser les comportements envahissants qui l’empêchent d’étudier sereinement… et qui dérangent aussi ses enseignants. Les classes d’autorégulation fournissent aussi au prof des outils pédagogiques, des stratégies axées sur l’enseignement explicite. Ces stratégies conduisent l’élève vers une autonomie plus prononcée, et vers un détachement de l’adulte, qui ne doit plus tout le temps s’assurer que l’enfant a compris.

Le coaching se fait tant pour l’enfant que pour l’adulte : le professeur (mais aussi plus globalement tous les intervenants travaillant auprès de l’élève autiste) est ainsi accompagné et formé (par moi, puis par d’autres enseignants devenus des personnes ressources) pour utiliser une pédagogie répondant aux besoins de l’enfant. Le but étant qu’à terme, les enseignants puissent prendre les choses en main, sans avoir besoin de faire appel à des éducateurs spécialisés. On voit en tout cas, dès maintenant, des changements dans les pratiques des profs et dans la dynamique qu’ils développent avec chaque élève.

Le bilan des classes d’autorégulation est-il positif, en terme d’inclusion ?

Au Canada, dans la trentaine d’écoles que j’accompagne, mais aussi dans les établissements qui expérimentent ARAMIS en France, les élèves accompagnés sont désormais complètement autonomes – à l’origine, ils étaient scolarisés par intermittence, mais aujourd’hui, ils sont en salle de classe tous les jours. Ils ont développé des habiletés qui les aident à s’auto-contrôler et à prendre des initiatives. Leurs progrès scolaires sont importants.

Une classe d'autorégulation / Stéphane Beaulne

Une classe d’autorégulation / Stéphane Beaulne

Dans l’école de Saint-Germain-les-Vergnes en Corrèze, où ARAMIS entre dans sa troisième année, il y a aussi un réel changement de paradigme, chez tous les enseignants, dans leur approche et leur ouverture, vis-à-vis des élèves autistes. Au départ, il y avait chez eux une certaine crainte, mais aujourd’hui, ils sont beaucoup plus compréhensifs et sensibles à leurs besoins. Avec l’ensemble des personnels d’établissement, ils ont une perception différente de l’enfant autiste.

On voit aussi une diminution importante des comportements agressifs. Les élèves, même ceux qui ne souffrent pas de TSA, sont en règle générale plus calmes, et plus tolérants. Socialement, les élèves autistes ne sont plus à part, mais font désormais partie du groupe – ce qui est la définition de l’inclusion.

L’autorégulation convient-elle à tous les enfants autistes, même quand les troubles sont lourds ?

Oui, elle convient à tous les enfants autistes. Peu importe le degré de sévérité des troubles, cognitifs ou comportementaux ; il n’y a que des ajustements à faire. Les enseignants, souvent, considèrent que les enfants autistes sont difficiles à gérer et qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper. L’idée de l’autorégulation, c’est justement de coacher l’enfant, mais aussi l’adulte, en lui enseignant comment gérer différemment sa classe (par exemple, en abandonnant l’enseignement frontal). Selon les dernières statistiques du ministère de l’éducation canadien, les enfants ayant des troubles de l’apprentissage sont ceux qui ont les comportements les plus violents… Car le système d’éducation actuel ne répond qu’à une minorité d’élèves sans difficultés particulières, et que les autres ne sont pas en mesure de suivre. La gestion de classe est la pierre angulaire de l’inclusion.

Stratégies de résolutions de problèmes / classe d'autorégulation / Stéphane Beaulne

Stratégies de résolutions de problèmes / classe d’autorégulation / Stéphane Beaulne

L’autorégulation pourrait-elle être appliquée à tous les enfants ?

Aujourd’hui, au Canada, nous planchons sur une autorégulation appliquée à tous les enfants d’une école, et plus seulement à ceux souffrant de TSA, afin de favoriser l’inclusion de tous. Au lieu de quelques classes, ce sont des écoles entières qui participent. Et l’on constate que plus l’autorégulation est travaillée (chez tous les enfants), avec une pédagogie adaptée, plus les résultats sont meilleurs, et surtout plus l’inclusion est grande – pour les élèves autistes, mais aussi pour tous ceux ayant un trouble du langage et de l’apprentissage (TSLA) ou de l’attention (TDAH).

Avec l’autorégulation, l’enseignant a la chance de pouvoir répondre aux différents profils d’élèves – autonomes, qui ont besoin d’un accompagnement, ou qui ont des problèmes de comportement. Pour ceux qui n’ont pas de problèmes particuliers, il s’agit d’une façon d’améliorer leur socialisation, leur intelligence émotionnelle, le contrôle de leurs sentiments, et in fine, leur apprentissage. Voilà pourquoi en Ontario, l’autorégulation est évaluée chez tous les enfants, dans les bulletins scolaires.

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4 janvier 2018

Contribution Autisme France à la synthèse des axes stratégiques pour le plan 4

2 janvier 2018

Etats-Unis: la fréquence de l'autisme paraît se stabiliser, selon une étude

le 02/01/2018 à 19:42
La musicothérapie "ne peut pas résoudre tous les problèmes" des enfants autistes, même si ça peut être un "petit plus" ( AFP/Archives / TORU YAMANAKA )

Après une forte augmentation depuis le début des années 2000, la fréquence du trouble du spectre de l'autisme (TSA) parmi les enfants et adolescents aux Etats-Unis paraît s'être stabilisée ces trois dernières années, selon une enquête menée au niveau national publiée mardi.

Les études précédentes avaient révélé une hausse de ce trouble entre 2000 et 2010, période durant laquelle le taux avait plus que doublé pour passer de 0,67% à 1,47%.

Les estimations du réseau "Autism and Developmental Disabilities Monitoring"(ADDM), avaient indiqué un plafonnement en 2012 à 1,46%.

Selon cette dernière étude menée de 2014 à 2016 auprès des parents de 30.502 enfants et adolescents de trois à 17 ans, le taux du trouble autistique a été de 2,24% en 2014, 2,41% en 2015 et 2,58% en 2016, ce qui se traduit en moyenne par un enfant sur 47 souffrant d'autisme aux Etats-Unis.

Mais les auteurs de l'étude de l'Université d'Iowa pointent les limites de leur recherche qui "n'est pas fondée sur des diagnostics médicaux" mais sur des observations.

Cette étude est parue dans la dernière édition du Journal of the American Medical Association (JAMA), Pediatrics.

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) avaient également constaté un plafonnement du taux d'autisme aux Etats-Unis en 2016 tout en jugeant qu'il "était trop tôt pour déterminer si la prévalence de l'autisme commençait ou pas à se stabiliser".

1 janvier 2018

Développement «L'important, c'est de détecter l'autisme le plus tôt possible»

article publié dans Le Matin

L’autisme touche environ un enfant sur cent. Si ce handicap ne se guérit pas, des traitements existent pour aider les personnes atteintes à mieux vivre, explique le Pr Nadia Chabane.

Le Pr Nadia Chabane se consacre à comprendre l’autisme depuis plus de vingt ans.

Le Pr Nadia Chabane se consacre à comprendre l’autisme depuis plus de vingt ans. Image: Vanessa Cardoso/LMD

Les personnes avec un trouble du spectre autistique doivent être suivies tout au long de leur vie. Une prise en charge précoce et une société accueillante sont indispensables à leur intégration. Le professeur Nadia Chabane, directrice du Centre cantonal de l’autisme, à Lausanne, fait le point sur cette pathologie complexe, entourée de beaucoup de mystères.

En tant que pédopsychiatre, vous êtes spécialisée dans la prise en charge d’enfants affectés par un trouble du spectre autistique. De quoi parle-t-on exactement?

C’est un trouble du développement cérébral, qui s’installe avant la naissance et se caractérise par des problèmes de communication sociale. Il entraîne, par exemple, des difficultés à communiquer avec l’autre, à interagir avec son entourage ou globalement à entretenir des relations sociales harmonieuses. D’autre part, un TSA peut se traduire par des mouvements moteurs répétitifs, des rituels et un intérêt très marqué pour un domaine particulier. Un intérêt tellement envahissant qu’il empêche la personne de se concentrer sur d’autres activités et d’aller vers les autres. Ces symptômes varient bien sûr en intensité d’une personne à l’autre, raison pour laquelle on parle de spectre.

Une thématique à laquelle vous vous consacrez depuis plus de vingt ans. Qu’est-ce qui vous y a amenée?

Au départ, j’ai entrepris des études de médecine pour pouvoir travailler sur le développement du cerveau. Or, il y a vingt ans, l’autisme était déjà la maladie énigmatique par excellence. Au cours de mon cursus, j’ai pu constater que les enfants autistes étaient tous très différents. Les explications que l’on donnait à leurs symptômes ne me semblaient pas coller à la réalité. J’ai eu envie d’en savoir plus, de mieux les comprendre. Un travail qui m’accapare au quotidien puisque aujourd’hui encore, il y a beaucoup d’aspects liés à ce trouble que nous ne comprenons pas. Et pourtant, ce n’est pas une maladie rare puisqu’elle concernerait environ un enfant sur cent!

Un sur cent, un chiffre étonnamment élevé…

Quand j’ai commencé mes études, on parlait de 4 ou 5 enfants autistes sur 10 000. Mais aujourd’hui, on sait beaucoup mieux définir les critères de ce trouble, qui peut parfois être d’intensité très légère. Le diagnostic tend donc à devenir de plus en plus fin et, par conséquent, le nombre de personnes diagnostiquées augmente.

Connaissons-nous aujourd’hui les causes du développement d’un trouble du spectre autistique?

Non. On sait cependant qu’il s’agit d’un trouble multifactoriel et que le terrain génétique est un élément très important. Mais il n’existe pas un gène spécifique de l’autisme. C’est plutôt l’implication de différents gènes qui serait en cause. De plus, des facteurs environnementaux jouent un rôle important: une infection ou une prise de médicament pendant la grossesse, une souffrance fœtale ou encore une grande prématurité peuvent favoriser le développement du trouble.

Pour que la prise en charge soit le plus efficace possible, est-il important de détecter la maladie très tôt?

Oui, une détection précoce ne peut qu’être bénéfique. La plasticité cérébrale est particulièrement élevée entre 2 et 4 ans. C’est à ce moment-là que l’enfant sera le plus apte à intégrer de nouvelles attitudes. Par conséquent, plus nous mettons en place des interventions précoces, plus nous pouvons espérer changer la trajectoire de développement d’un enfant.

Quels signes doivent donc alerter chez un bébé?

Durant les douze premiers mois, il est très compliqué d’en repérer les signes, car il y a encore énormément de variations dans le développement cérébral. En revanche, à partir de 18 mois, certains signes éloquents peuvent alarmer et orienter vers un diagnostic. Il s’agit par exemple d’un mauvais contact oculaire, de peu ou pas de «sourires réponses» ou de babillages, d’un manque de réponse au prénom, d’un intérêt plus marqué pour des éléments non sociaux (des objets, par exemple) que pour le contact avec les adultes.

Quel traitement semble-t-il être le plus efficace?

On ne peut pas parler d’un traitement unique. Ce sont surtout les stratégies développementales et comportementales qui semblent être les plus efficaces. Il faut bien sûr adapter l’accompagnement et les traitements en fonction du profil de chaque enfant: au niveau comportemental, psychologique et cognitif, mais aussi en fonction des capacités de communication, d’autonomie, etc. Un enfant qui ne communique pas a besoin d’un outil spécifique pour y parvenir. On pourra, dans un premier temps, lui apprendre à communiquer à l’aide d’images. Globalement, instaurer des outils de communication et des stratégies d’apprentissage de la socialisation pourra apporter de nettes améliorations. On ne guérit pas de l’autisme, mais on peut considérablement aider un enfant à mieux s’adapter à notre environnement social. Cette aide peut même lui permettre d’évoluer dans un environnement naturel tel que l’école.

Dans notre société basée sur la productivité, que faut-il faire pour intégrer au mieux une personne souffrant d’autisme dans le milieu professionnel?

Avant tout, il faut dire que ce sont souvent des personnes performantes, honnêtes, scrupuleuses et soucieuses de bien faire! Il est en revanche nécessaire d’adapter leur environnement professionnel selon leurs besoins. Les personnes autistes souffrent, par exemple, de troubles sensoriels: elles supportent parfois mal certains bruits ou lumières, qu’on peut essayer d’atténuer sur le lieu de travail. On doit également dialoguer avec les employeurs et les collègues, leur expliquer ce qu’est un TSA avec ses particularités. Si chacun fait un effort d’ouverture et de compréhension, l’intégration dans un environnement bienveillant est tout à fait possible. (Le Matin)

Créé: 31.12.2017, 09h35


Nadia ChabaneLe Pr. Nadia Chabane en dates

1995-Doctorat

En médecine psychiatrique à l’Université de Lille III, en France.

2002-Paris

Médecin responsable du département des troubles du spectre autistique dans le service
de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré. En 2011, elle y sera cheffe du Centre de référence pour le diagnostic précoce et l’intervention dans les TSA.

2009-Centre spécialisé

Création d’un Centre d’excellence sur l’autisme à l’hôpital Robert-Debré, Paris.

2014-Lausanne

Directrice du Centre cantonal de l’autisme et professeur à l’Université de Lausanne.

Le Centre cantonal de l'autisme, un pôle de soin et de recherche

Pôle de référence dans le canton de Vaud, le Centre cantonal de l’autisme assure la prise en charge de nombreux patients touchés par un trouble du spectre autistique (TSA).

L’objectif principal du centre est de leur offrir le meilleur suivi possible, en étroite collaboration avec le personnel médical qui les accompagne sur le terrain.

En tant que directrice du centre, le Pr Nadia Chabane coordonne également les nombreuses recherches cliniques.

Actuellement, la spécialiste s’intéresse entre autres aux marqueurs précoces de ces troubles et aux anomalies de perception sensorielle (par exemple des lumières ou des bruits ressentis de manière différente, parfois intense et désagréable, par les personnes souffrant d’un TSA).

À l’aide de d’outils d’évaluation en cours de développement et d’un accompagnement précoce, elle espère pouvoir améliorer l’évolution et la qualité de vie des personnes atteintes.

30 décembre 2017

AUTISM CANADA -> B6 et magnésium

 

B6 et magnésium

La vitamine B6 (pyridoxine) est essentielle pour plus de 60 processus biologiques dans un corps humain en bonne santé. L'organisme transforme la vitamine B6 en phosphate de pyridoxal (PALP), une enzyme qui libère l'énergie des amidons et décompose les protéines. Le PALP sert également à produire des substances chimiques importantes dans le cerveau.

https://autismcanada.org

 

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27 décembre 2017

Autisme : la piste du microbiote intestinal ouvre de nouvelles perspectives

article publié dans JIM
Paris, le mardi 26 décembre 2017 - Depuis quelques années déjà, le microbiote intestinal constitue un nouveau continent que les chercheurs investissent massivement pour tenter de mettre en évidence des relations entre ce dernier et certaines pathologies dont l’étiologie demeure encore incertaine. Parmi eux, Joël Doré, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et spécialiste de la métagénomique intestinale, vient d’être récompensé du prix Marcel-Dassault pour la recherche sur les maladies mentales qui consacre, pour la sixième année, un projet de recherche innovant dans ce domaine.

Dans un contexte où les progrès considérables de la médecine n’ont pas réussi à endiguer l’incidence exponentielle des maladies chroniques en général et des troubles du spectre de l’autisme (TSA) en particulier qui touchent aujourd’hui 1 % de la population, le rôle important des facteurs environnementaux, dont celui de la possible altération de la relation entre l’hôte et sa flore (le microbiote intestinal) est une piste qu’ont décidé d’explorer Joël Doré et son équipe en mettant en place une étude observationnelle baptisée MicrobiAutisme. Selon lui, la prévention de la dysbiose, maladie du microbiote, en particulier sur un terrain métabolique, par nature inflammatoire, est une composante de la prise en charge des maladies psychiatriques qui ne doit plus être ignorée.

Cercle vicieux

Partant du constat que des symptômes gastro-intestinaux sont fréquemment observés chez les personnes avec TSA (plus de 50 % d’entre eux vs 15 % en population générale), Joël Doré et son équipe vont observer, chez 150 patients autistes Asperger et 50 personnes témoins, l’hyperperméabilité intestinale, l’inflammation, le stress oxydant et la dysbiose (déséquilibre) du microbiote intestinal. L’hypothèse formulée est que ces facteurs seraient associés et formeraient un cercle vicieux favorisant l’installation de ces symptômes. Une évaluation précise et globale des altérations de la physiologie et du microbiote intestinal dans les TSA permettra ainsi d’en rechercher les corrélations avec la sévérité des symptômes gastro-intestinaux.

L’objectif de cette étude est double. Il s’agit d’abord de s’inscrire dans un axe de recherche innovant et prometteur et de continuer de documenter les relations existantes entre la dysbiose du microbiote intestinal et les TSA tout en espérant identifier des biomarqueurs pertinents. Dans un second temps, un essai préclinique de transplantation de microbiote fécal sera réalisé pour tenter de démontrer ce lien de causalité. Le microbiote de patients présentant une symptomatologie gastro-intestinale absente, modérée ou sévère sera implanté chez des animaux sans germes pour évaluer le transfert de ces symptômes ainsi que les paramètres associés de comportement, de cognition, d’anxiété et de socialisation.

Benoît Thelliez

21 décembre 2017

Un dispositif israélien peut détecter si un nouveau-né est atteint de l’autisme

20 décembre 2017

Il y a trente ans, un éminent spécialiste de l’autisme à l’UCLA a diagnostiqué le fils de Raphaël (Raffi) Rembrand, âgé de quatre ans, mais un peu trop tard.

Trois décennies plus tard, ce père israélien réalise son rêve d’offrir un moyen simple et non invasif de dépister les signes de l’autisme chez les nouveau-nés, diagnostiqués chez quelque trois millions d’enfants chaque année.

« Un nouveau-né sur 45 cette année sera diagnostiqué plus tard dans la vie avec l’autisme. Le problème est que le diagnostic se fait  trop tard car il est seulement basé sur des observations de comportement. SensPD va changer tout cela », a déclaré Rembrand, fondateur et directeur technique d’une start-up basée dans le village arabe de Bosmat Tab’un, au nord du pays.

Le processus de diagnostic SensPD, maintenant prêt pour les essais cliniques, utilise le même instrument actuellement utilisé dans les pépinières pour nouveau-nés et les cliniques de puériculture pour tester l’audition des nourrissons en mesurant les émissions otoacoustiques (OAE). La nouveauté de Rembrand utilise la mesure OAE comme un indicateur de la perception sensorielle globale du bébé.

« L’une des principales caractéristiques de tout le monde sur le spectre de l’autisme est la surcharge sensorielle », explique Rembrand. N’ayant pas la capacité de filtrer et de concentrer toutes les données sensorielles atteignant leur cerveau, ils se retrouvent avec le sentiment d’une «grande fête dans leur tête».

L’autre caractéristique majeure de l’autisme est la déficience sociale. Les recherches et les conversations de Rembrand avec des experts en Amérique et en Israël l’ont amené à conclure que ces deux symptômes sont liés: les problèmes de perception sensorielle empêchent d’utiliser et d’interpréter les indices sociaux tels que le langage corporel et le contact visuel.

«Je suis ingénieur et cela signifie que chaque fois que j’essaie de résoudre un problème, j’essaie de comprendre d’abord quel est le problème. Dans l’autisme, il n’y a toujours pas de consensus sur le mécanisme qui est brisé. En 2002, je me suis rendu compte que personne ne cherchait le mécanisme et j’en ai été très frustré et j’en ai fait un travail à plein temps », raconte Rembrand à ISRAEL21c.

L’audition d’un nouveau-né testée en Israël. Photo par Raffi Rembrand

La perception sensorielle, a-t-il appris, dépend d’un mécanisme dans l’oreille interne qui génère du bruit, « comme le son que vous entendez quand vous mettez un coquillage à votre oreille. » Il peut être mesuré en plaçant un minuscule microphone dans le conduit auditif.

«Lorsque les nouveau-nés sont testés pour l’audition, ils mesurent ce bruit, donc l’instrument existe déjà. Nous utilisons simplement différents stimuli pour mesurer la perception sensorielle en plus des tests d’audition standard », explique Rembrand.

Les résultats seraient analysés dans une base de données centrale basée sur le cloud et envoyés au testeur en quelques minutes. Tout écart par rapport à la réponse normative sera signalé comme une indication d’un traitement sensoriel altéré.

« Nous avons fait des études préliminaires sur les personnes avec et sans autisme pour prouver l’efficacité et la précision », explique Rembrand. « Maintenant, nous devons commencer des études cliniques multisites. Nous avons engagé trois hôpitaux aux États-Unis et trois en Israël, et nous commençons maintenant un cycle de financement.  »

Jusqu’à présent, le père de famille a financé SensPD de sa poche et avec une subvention de l’Israel Innovation Authority.

Raffi Rembrand, fondateur et CTO de la technologie SensPD pour tester les nouveau-nés pour les signes de l’autisme. Photo: courtoisie

En juillet, Rembrand a remporté le premier prix de 100 000 $ du Merage Institute Entrepreneurs Competition en Californie pour les personnes de plus de 45 ans. L’institut l’a présenté à des investisseurs potentiels en Californie et lui a fourni des mentors expérimentés.

Il explique que le modèle économique de SensPD consiste à facturer l’analyse de la base de données plutôt que le test de dépistage. Il peut être administré des heures après la naissance, et parce que le mécanisme de l’oreille interne se développe dans le troisième trimestre de la grossesse,il peut même être possible de dépister les troubles du spectre autistique avant la naissance.

Plus la condition est détectée tôt, meilleur est le résultat possible.

«L’application d’interventions avant l’âge de deux ans aboutit à un taux de réussite de plus de 90% en compétences sociales ingrates pour l’intégration sociale», explique Rembrand, qui ne connaît aucune autre entreprise faisant ce que fait SensPD.

« Il y a des gens qui essayent d’identifier des modèles de comportement [du spectre autistique] qui peuvent se manifester à un âge précoce mais personne n’est venu avec une théorie complète sur la perception sensorielle », dit-il.

Le résident de Kiryat Tivon espère que la solution de SensPD «permettra à toutes les personnes ayant des problèmes de perception sensorielle de donner un sens au monde».

Pour plus d’informations, cliquez ici

20 décembre 2017

Notre raison est-elle rationnelle ?

 

Notre raison est-elle rationnelle?

L'adage dit qu'on a toujours deux raisons pour faire quelque chose : une bonne raison et la vraie raison. Des travaux en neurosciences et en psychologie tendent aujourd'hui à montrer que la vraie raison est rarement rationnelle. Faites entrer l'accusé !

https://lejournal.cnrs.fr

 

13 décembre 2017

Autisme : quelles sont les interventions qui « marchent » ?

article publié sur france tv info - blog dans vos têtes

rodolfo

Publié par Jérome Lichtle / Catégories : Actu / Étiquettes : autisme, autiste, bonnes, HAS, interventions, pratiques, RBP, recommandations, TSA

13 décembre 2017

Autisme : une approche prometteuse récompensée

article publié dans Le Figaro

Par   Cécile Thibert Mis à jour le 12/12/2017 à 20:19
Publié le 12/12/2017 à 19:37

bactéries intestinales

Avec son équipe, Joël Doré s’apprête à étudier le microbiote intestinal de 150 autistes Asperger. 92533760/Alex - stock.adobe.com

Le prix Marcel-Dassault pour la recherche sur les maladies mentales a été décerné à un projet sur le rôle des bactéries intestinales dans le trouble autistique.

Le lien n’est pas évident, mais c’est une piste sérieusement étudiée par la communauté scientifique depuis les années 1980: les bactéries qui peuplent nos intestins pourraient jouer un rôle dans l’autisme. L’année 2018 pourrait d’ailleurs marquer un tournant dans nos connaissances sur la question, avec le lancement d’un essai clinique inédit sous la houlette du Dr Joël Doré, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et membre de la fondation FondaMental. Ce projet, intitulé MicrobiAutisme, est lauréat de la 6e édition du prix Marcel-Dassault* 2017 pour la recherche sur les maladies mentales (300.000 euros).

«Des travaux ont mis en évidence que plus de la moitié des personnes autistes souffrent de symptômes gastro-intestinaux, contre 15 % de la population générale, explique Joël Doré. Or il est possible que ces symptômes soient liés à une altération du microbiote intestinal des patients autistes.» Le microbiote intestinal, autrefois appelé «flore intestinale» est le nom donné aux 100.000 milliards de bactéries installées dans nos intestins. Celui-ci communique avec le cerveau via la circulation sanguine et les nerfs.

«Imaginons que le microbiote intestinal soit déstabilisé. Cela provoque une perméabilité de la paroi intestinale, qui laisse alors passer toutes sortes de bactéries pathogènes, de toxines et de virus»

Joël Doré, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et membre de la fondation FondaMental

Avec son équipe, Joël Doré s’apprête à étudier le microbiote intestinal de 150 patients autistes Asperger souffrant de troubles gastro-intestinaux de degrés divers, ainsi que l’état de leurs intestins. Ces données seront comparées à celles recueillies chez 50 personnes en bonne santé. «On ne va pas découvrir le moyen de guérir l’autisme, met en garde Joël Doré. Nous voulons simplement comprendre quel rôle joue le microbiote intestinal dans les troubles intestinaux dont souffrent les personnes autistes et, éventuellement, trouver un moyen de les soulager.»

Selon le chercheur, ces symptômes pourraient être le fruit d’un cercle vicieux. «Imaginons que le microbiote intestinal soit déstabilisé. Cela provoque une perméabilité de la paroi intestinale, qui laisse alors passer toutes sortes de bactéries pathogènes, de toxines et de virus, explique Joël Doré. En réaction, le système immunitaire se met en alerte, entraînant une inflammation chronique qui entretient à son tour une instabilité du microbiote.» En temps normal, les bactéries de notre microbiote font barrière contre les intrus, les empêchant ainsi de passer dans la circulation sanguine et donc dans le cerveau.

Les scientifiques espèrent découvrir une signature de l’autisme dans le microbiote des patients, afin, éventuellement, d’améliorer le diagnostic

Le chercheur et son équipe vont également implanter le microbiote des patients autistes inclus dans l’essai chez des souris sans microbiote. Ces dernières vont-elles développer des symptômes gastro-intestinaux, voire une anxiété? Autre objectif, les scientifiques espèrent découvrir une signature de l’autisme dans le microbiote des patients, afin, éventuellement, d’améliorer le diagnostic.

«Les facteurs génétiques ne suffisent pas à expliquer l’augmentation très rapide du nombre de cas d’autisme ces dernières décennies, affirme le chercheur. Il existe forcément des facteurs environnementaux nouveaux, dont certains pourraient avoir un impact sur le microbiote intestinal.»

* Le Groupe Dassault est propriétaire du Figaro.

7 décembre 2017

Autisme -> Donner des outils éducatifs aux parents

article publié dans L'Alsace

Céline Clément, professeur en psychologie des sciences de l’éducation à Strasbourg, travaille sur l’inclusion scolaire des élèves atteints d’autisme et a développé un programme de formation pour des parents d’enfants ayant des troubles neurologiques. Ce programme, qui a été exporté au Québec, fonctionne depuis deux ans.

Hier 05:00 par Geneviève Daune , actualisé le 05/12/2017 à 23:25 
Céline Clément, enseignante-chercheuse en psychologie des sciences de l’éducation à Strasbourg, a monté un programme de formation pour des parents d’enfants atteints de troubles neurologiques.Photo L’Alsace/ Dominique Gutekunst

« Les parents d’enfants avec des troubles autistiques ne sont pas équipés pour avoir un comportement parental adapté. Cela veut dire qu’il y a toute une gamme d’interventions possibles auprès des parents.  » Céline Clément, professeur de psychologie en sciences de l’éducation, dirige aussi une équipe de recherche au sein du laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (Lisec) à Strasbourg.

Avec l’hôpital de Rouffach et une doctorante de son laboratoire, Jennifer Ilg, elle a développé un programme de formation aux habiletés parentales destiné aux parents d’enfants atteints de troubles neurologiques à partir des routines quotidiennes. « Dans le quotidien, les parents n’arrivent pas à faire face, ce qui provoque stress, dépression. On propose à ces parents des groupes de parole et des informations autour de ces troubles, des grandes étapes autour du développement de l’enfant et des stratégies à mettre en place, notamment dans les troubles autistiques. »

Une grande variété des atteintes

Car chaque enfant est différent dans l’expression des troubles autistiques en raison de la très grande variété des atteintes neurologiques. « L’environnement va aussi jouer pour exacerber certains comportements. Du coup, pour chaque famille, on va définir des objectifs, comme l’alimentation ou le brossage des dents. »

Outre améliorer la qualité de vie des parents, le programme vise aussi à généraliser les acquis de l’enfant à l’école ou à l’hôpital, au domicile. « Mais les parents n’avaient pas la méthodologie. Aujourd’hui, ils ont tendance à se renseigner sur internet. Mais ce qui marche pour un enfant X ne va pas forcément fonctionner pour un enfant Y. Un autre avantage du programme est qu’il est moins coûteux qu’une intervention individuelle à domicile. »

Mais la psychologue prévient : « L’idée n’est pas de transformer les parents en cothérapeures. On veut juste qu’ils retrouvent leur rôle de parent. » C’est ainsi qu’on va leur apprendre le chaînage, la suite de gestes qui permet à un enfant d’apprendre à lacer ses chaussures. « Chez l’enfant autiste, il va falloir apprendre ce chaînage pour s’habiller, se laver. On va d’abord montrer aux parents qu’ils ont su le faire avec leurs autres enfants. Et si des parents n’ont pas d’autres enfants, on va les faire se référer à leur propre expérience. »

Implication nécessaire

Les parents ont des exercices à faire chaque semaine. D’où l’importance pour eux de s’impliquer dans le programme. Toutes les familles ne font pas cette démarche. « Le programme implique aussi d’avoir une maîtrise de l’écrit français » , reprend Céline Clément.

Elle indique que dans le Haut-Rhin, le programme a été proposé à une famille de nomades sédentarisés. « Même si cette famille vivait en caravane, ça a très bien marché parce que la mère a très bien compris ce qu’on lui expliquait. »

5 décembre 2017

Autisme : une anomalie génétique pourrait constituer une cible thérapeutique

Une anomalie génétique bien connue au cours de l’autisme serait directement à l’origine d’un déficit de connexions entre les cellules nerveuses. Une possible nouvelle cible thérapeutique.

Autisme : une anomalie génétique pourrait constituer une cible thérapeutique
ktsdesign/epictura

Publié le 05.12.2017 à 18h12

Chez les enfants autistes, l'expression exagérée d'un gène lié aux troubles du spectre autistique (TSA), et la surproduction de la protéine qu’il code, conduiraient à un déficit des connexions entre les cellules nerveuses au cours du développement cérébral.
La variation du nombre de copies du gène Ube3A et la sur-fabrication de la protéine E6AP (« surexpression ») qui en résulte sont connues comme étant directement liées aux troubles du spectre autistique (TSA), cependant les anomalies cellulaires et moléculaires exactes à l’origine des troubles étaient moins bien comprises.

Trop forte expression du gène Ube3A

Heng-Ye Man et ses collègues montrent que l’hyperexpression dans les neurones du gène Ube3A aboutit à l'augmentation de la production de protéine E6AP qui lui est liée, ce qui conduit à une réduction du nombre et de la longueur des connexions (« ramifications dendritiques ») entre les cellules du cerveau.
La modification de l'arborisation dendritique induite par l’excès d’E6AP consiste en une rétraction des dendrites par amincissement et fragmentation de l'extrémité de leurs branches, ce qui entraîne le raccourcissement ou l'élimination de ces dendrites, « comme pour un arbre que l’on aurait trop élagué et dont les branches n’atteindraient plus les arbres voisins ».

Baisse de la connectivité entre les cellules nerveuses

La connectivité des neurones dans le cerveau est réduite, ce qui perturbe la création des circuits neuronaux que l’on doit obligatoirement développer au cours de l’apprentissage et de la maturation du cerveau.
Ces données fondamentales sont issues d’une nouvelle étude menée sur des cultures de neurones humains et un modèle de souris avec troubles du spectre autistique, publié dans la revue The Journal of Neuroscience.
Elles montrent que la même voie est responsable de ces changements dans les neurones corticaux et hippocampiques chez les rats et chez les souris surexprimant Ube3A. Ces résultats suggèrent qu'une activité E6AP élevée conduit à une réduction excessive des dendrites par rapport à la normale.

Meilleure compréhension des troubles

La croissance et le raffinement des divisions des dendrites, des branches des cellules nerveuses qui constituent des structures arborescentes, permettent de multiplier les connexions avec d'autres neurones dans le cerveau.
Cette « ramification arborescente » des cellules nerveuses est un élément crucial du développement du cerveau durant les premières années de la vie, ce qui aide à optimiser la fonction des circuits neuronaux.
Des changements dans le nombre et la structure des dendrites ont été observés chez les patients atteints de troubles du spectre autistique, qui sont généralement diagnostiqués pendant cette même période du développement.

Détermination d’une cible thérapeutique

Ces résultats révèlent le rôle important de l’hyperfonctionnement du couple gène Ube3A - protéine E6AP dans l'altération du développement de la connectivité des cellules nerveuses du cerveau au cours des troubles du spectre autistique.

Le défaut d’arborisation dendritique et de formation des synapses entre les cellules nerveuses liées à l’hyperexpression de ce gène et à l’hypersécrétion de la protéine qui y est liée, fournissent de nouvelles perspectives dans la pathogenèse des troubles du spectre autistique Ube3A / E6AP-dépendants. Ainsi qu’une possible nouvelle cible thérapeutique.

29 novembre 2017

Education : le principal syndicat du primaire inquiet de la prédominance des neurosciences

cf. "E pur si muove !" (Jean-Jacques Dupuis)

12h08, le 27 novembre 2017

Education : le principal syndicat du primaire inquiet de la prédominance des neurosciences

Jean-Michel Blanquer s’est prononcé à de nombreuses reprises prononcé en faveur des neurosciences.

Dans un appel signé par 56 chercheurs, le syndicat Snuipp-FSU s'inquiète de la place accordée aux neurosciences par le gouvernement pour orienter les méthodes d'enseignement ou les programmes.

Le principal syndicat du primaire, le Snuipp-FSU, rejoint par une cinquantaine de chercheurs, s'inquiète lundi de la prédominance des neurosciences dans l'éducation, après l'annonce de la création d'un Conseil scientifique de l'éducation nationale dirigé par le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene. "Dans le dialogue permanent que l'école doit entretenir avec la recherche, aucune discipline ne peut légitimement s'imposer aux autres et aucune ne doit être ignorée", écrit le syndicat dans un appel signé par 56 chercheurs. "Toutes les recherches et tous les mouvements pédagogiques, qui prennent l'école et les apprentissages pour objet, concourent à la constitution d'un corpus de connaissances en perpétuel développement."

Une recherche "instrumentalisée". Les signataires de cet appel - parmi lesquels le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, l'historien de l'éducation Claude Lelièvre, le géographe et ancien président du Conseil supérieur des programmes Michel Lussault, le professeur en sciences de l'éducation Philippe Meirieu - redoutent une recherche "instrumentalisée". Dernier exemple en date : l'annonce la semaine dernière par Jean-Michel Blanquer de la création d'un Conseil scientifique de l'éducation nationale avec à sa tête le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene, ce qui marque, selon eux, "la prédominance des neurosciences dans l'approche gouvernementale de l'école".

Les orientations du ministre. Jean-Michel Blanquer s'est à de nombreuses reprises prononcé en faveur des neurosciences pour modifier les méthodes d'enseignement ou les programmes. Il les a par exemple mentionnées lorsqu'il a préconisé la méthode de lecture dite "syllabique", ou la maîtrise des quatre opérations au CP et au CE1. Le ministre a détaillé à l'hebdomadaire Le Point de la semaine dernière les objectifs du Conseil scientifique de l'éducation : "il s'agit de pouvoir consulter des scientifiques de différentes disciplines, notamment dans les sciences cognitives, afin d'avoir une vision fondée des politiques publiques". Il faut, selon lui, "que les débats soient davantage argumentés et appuyés sur ce qui est prouvé et ce qui marche à la lumière des sciences."

25 novembre 2017

Autisme : où trouver les infos fiables ?

article publié sur Québec science

Par Marine Corniou - 23/10/2017-

Une nouvelle plateforme web collige les meilleures études portant sur les troubles du spectre de l’autisme.

Marc-Olivier Schüle est animé par une volonté farouche : celle de construire des ponts entre la recherche et le grand public. « Ça m’horripile de savoir que l’information est là, mais que les gens qui en ont besoin n’y ont pas accès », lance le doctorant à l’École de psychoéducation à l’Université de Montréal. Et s’il y a un domaine où le besoin d’information est criant, c’est celui de l’autisme (voir notre dossier spécial). Avec des milliers d’études publiées chaque année sur le sujet, impossible de s’y retrouver ! Quelles sont les interventions les plus efficaces ? Quelles sont les causes ? Que disent les plus récentes recherches ?

C’est ce que les familles et les intervenants psychosociaux confrontés aux troubles du spectre de l’autisme (TSA) pourront bientôt savoir en consultant myelin.ca, une plateforme web que le groupe de Marc-Olivier Schüle lancera fin octobre.

« Contrairement aux bases de données classiques ou à Google, on ne fournira pas de documents, mais directement une réponse aux questions », explique Marise Bonenfant, spécialiste en science de l’information et membre du projet.

Pendant des semaines, l’équipe a accompli un travail de moine, en colligeant les études publiées sur les TSA, en sélectionnant les plus fiables et en triant l’information pertinente. Une sorte de ménage dans la littérature scientifique, en somme, qui a permis de rédiger des réponses adaptées à une vaste gamme de questions.

« Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants. Mais afin de se tenir au courant de tout ce qui est publié sur l’autisme, il faudrait passer 18 heures par jour à lire des articles scientifiques ! Rien qu’en psychologie, plus de 3 000 études sont publiées chaque jour, selon PsycINFO, la base de données de l’Association américaine de psychologie », reprend Marc-Olivier Schüle qui a mis sur pied Myelin en marge de son projet de doctorat. Et malheureusement, ce ne sont pas toujours les meilleures études qui se rendent jusqu’aux destinataires, qu’il s’agisse des professionnels de la santé ou du grand public.

« Ce déficit de circulation de l’information crée un vide immense qui peut être rempli par n’importe quoi. Plus un domaine est polémique, et c’est le cas de la santé mentale en général, plus il y a de mauvaises publications. Par exemple, on a accusé pendant des années les parents d’être responsables de l’autisme de leur enfant, alors que la science savait depuis longtemps que c’était faux. Encore aujourd’hui, on voit des choses aberrantes concernant l’autisme : à côté des massages énergétiques, des régimes sans gluten, des vitamines, qui sont plutôt inoffensifs, on trouve aussi des thérapies réellement dangereuses », mentionne-t-il.

Expliquer ce qui marche, mais aussi ce qui ne marche pas, pour éviter que les familles perdent argent, temps et énergie, c’est l’enjeu motivant l’équipe de Myelin, qui travaille étroitement avec la Fédération québécoise de l’autisme et un groupe de parents.

Mais les chercheurs souhaitent aller encore plus loin, et créer à terme un système qui sera capable d’évaluer tout seul la qualité des études et d’en extraire l’information de façon automatique. De quoi mettre sur pied d’autres bases comme Myelin, mais de façon automatisée. Cette forme d’intelligence artificielle pourrait alors s’appliquer à tous les domaines de la santé publique, tant pour informer la population que pour aider les médecins à prendre certaines décisions. Il y a urgence : des études ont démontré que seuls 14 % de l’information produite par les scientifiques en santé sont intégrés aux pratiques médicales en fin de compte, et que cela prend en moyenne 17 ans.

23 novembre 2017

Les troubles comportementaux seraient liés à des retards de la migration des neurones chez le foetus

 

Les troubles comportementaux seraient liés à des retards de la migration des neurones chez le foetus - Vidéo - Play RTS

C'est une découverte de chercheurs de l'Université de Genève. Ils ont également découvert un moyen pour que ces neurones rattrapent leur retard.

https://www.rts.ch

 

22 novembre 2017

La molécule qui efface les pensées indésirables

article publié dans Cerveau & Psycho

21/11/2017 | Durée 3 min

Neurosciences

Pour la première fois, on a identifié la molécule qui bloque, dans le centre cérébral de la mémoire (l’hippocampe), le rappel des souvenirs, pensées ou images intrusives.

Bénédicte Salthun-Lassalle

© Shutterstock / solarseven

Il est tard, vous êtes couché, mais ne trouvez pas le sommeil, car vous ruminez sans cesse l’altercation que vous avez eue dans la journée avec votre collègue… Ce souvenir intrusif tourne en boucle dans votre cerveau. Essayez de l’oublier et il semble encore plus intense : difficile de contrôler vos pensées conscientes. Peut-on supprimer ces idées noires ? L’équipe de Michael Anderson, de l’université de Cambridge en Angleterre, a montré que l’on était capable d’inhiber ce genre de pensées, et surtout, ils ont identifié la molécule et le mécanisme mis en jeu.

Les souvenirs intrusifs, les hallucinations, les soucis et autres ruminations diminuent notre bien-être et sont caractéristiques de divers troubles mentaux : la schizophrénie, la dépression, l’anxiété ou encore le syndrome de stress post-traumatique. Pour bloquer ces processus mentaux indésirables, le cortex préfrontal latéral, à l’avant du cerveau, joue un rôle majeur : il contrôle et inhibe l’activité de nos souvenirs quand c’est nécessaire, tout comme il est capable de bloquer nos actes ou réflexes moteurs. Mais on sait que dans les pathologies évoquées ci-dessus, les patients ayant des pensées obsessionnelles présentent souvent une hyperactivité de l'hippocampe, le centre cérébral de la mémoire. Or ce dernier est rarement examiné quand il s’agit de comprendre le contrôle inhibiteur qu’exerce le cortex préfrontal sur les autres régions cérébrales. C’est donc ce qu’ont fait Anderson et ses collègues, en supposant qu’un manque d’inhibition de l’hippocampe provoquerait un excès de pensées indésirables.

Quelle est la molécule cérébrale inhibitrice par excellence, qui diminue l’activité des autres neurones ? Le GABA, un neurotransmetteur libéré par des interneurones, présents dans presque toutes les régions cérébrales. Quel est le lien entre le cortex préfrontal, l’hippocampe et la concentration de GABA ? Pour le déterminer, les chercheurs ont demandé à 24 Anglais âgés de 19 à 36 ans, en bonne santé mentale et physique, de réaliser une tâche de type Think - No Think : ils apprenaient d'abord des paires de mots n’ayant aucun lien (épreuve / gardon, mousse / nord, etc.), puis, quand on leur présentait un des deux mots, ils devaient se rappeler le mot associé si le voyant situé devant eux était vert, ou s’empêcher de répondre si le voyant était rouge. Leur activité cérébrale était mesurée en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pendant cet exercice, ainsi que leur taux de GABA en spectroscopie par résonance magnétique.

Résultat : les participants arrivaient à inhiber le souvenir du mot associé quand on le leur demandait. Et cette inhibition était d’autant plus efficace que les concentrations de GABA dans l’hippocampe étaient élevées, celui-ci étant alors moins actif. En parallèle, l’activité du cortex préfrontal était plus importante lors du contrôle des pensées, mais la concentration de GABA dans cette région n’avaient rien à voir avec le fait de réussir la tâche. En outre, les chercheurs demandaient aussi aux sujets de contrôler une action : dans ce cas, l’activité de l’hippocampe et le taux de GABA dans cette zone n’étaient pas liés au contrôle inhibiteur moteur, alors que le cortex préfrontal était bien mis en jeu. Preuve que cette voie aujourd’hui mise en évidence entre le cortex préfrontal et l’hippocampe est bien spécifique du contrôle des pensées conscientes.

Ainsi, il existe un contrôle inhibiteur entre le cortex préfrontal et l’hippocampe : le premier stimule le réseau d’interneurones inhibiteurs GABAergiques du second, ce qui diminue le rappel de pensées conscientes. Moins de GABA dans l’hippocampe, c’est moins d’inhibition, et donc davantage de mauvais souvenirs, de ruminations, d’idées intrusives. Peut-être sera-t-il un jour possible d’augmenter les taux de GABA dans l’hippocampe pour contrôler les souvenirs indésirables, notamment chez les patients souffrant de maladies mentales ? Les anxiolytiques, comme les benzodiazépines, le font déjà en quelque sorte, en améliorant l’efficacité du GABA, et donc en diminuant l’hyperexcitabilité cérébrale, mais pas de façon ciblée dans l’hippocampe.

21 novembre 2017

AUTISME : Les promesses de la NitroSynapsine

Actualité publiée il y a 5 jours 23 heures 12 min
Nature Communications

Chez la souris modèle, la molécule NitroSynapsine est capable de corriger en grande partie les anomalies électriques, comportementales et cérébrales.

L’autisme affecte environ 1 enfant sur 68 et il n’existe à ce jour aucun traitement définitif. Ce candidat dans le traitement de l'autisme, bien abouti selon ces travaux d’une équipe du Scripps Research Institute, représente donc un espoir à moyen terme pour les patients atteints de TSA et leurs familles. Ces travaux préliminaires menés sur la souris, montrent en effet que la molécule NitroSynapsine est capable de corriger en grande partie les anomalies électriques, comportementales et cérébrales. Des données présentées dans la revue Nature Communications obtenues certes chez l’animal mais qui portent la promesse de pouvoir rétablir une signalisation électrique « normale » dans le cerveau, dans pratiquement toutes les formes de troubles du spectre autistique (TSA).

 

Selon l’auteur principal, le Dr Stuart Lipton, professeur au Scripps mais aussi neurologue clinicien auprès de patients autistes, le candidat médicament est prêt à passer en essais cliniques. Car ses travaux s’inspirent de nombreuses années de recherche et notamment d’une précédente étude menée en 1993 qui identifiait le gène MEF2C comme un facteur clé dans le développement du cerveau. Cette première découverte a conduit l’équipe à confirmer que la perturbation de MEF2C (ou son équivalent chez la souris) au début du développement du fœtus, entraîne des anomalies sévères, autisme-like, perceptibles à la naissance. Depuis, d’autres études ont rapporté de nombreux cas d'enfants ayant des troubles très similaires, résultant d'une mutation d'une copie de MEF2C. Ce trouble, donc initialement découvert chez la souris, est aujourd’hui reconnu comme le syndrome de l'haplo-insuffisance de MEF2C (ou MEF2C Haploinsufficiency Syndrome- MHS).

Les souris modèles de MHS traintées pendant 3 mois par NitroSynapsin présentent une réduction de ce déséquilibre excitateur/inhibiteur

 

Du rôle clé de MEF2C : le gène code pour une protéine qui fonctionne comme un facteur de transcription ou un interrupteur qui active l'expression de nombreux gènes. Bien que le MHS ne représente qu'une faible proportion des cas de troubles autistiques, des études génomiques à grande échelle ont montré ces dernières années que les mutations sous-jacentes à divers troubles de l'autisme impliquent fréquemment des gènes activés par MEF2C. En synthèse, MEF2C régule l’activité de gènes liés à l'autisme, ce qui suggère qu’un traitement efficace du syndrome de l'haplo-insuffisance de MEF2C serait également efficace contre d'autres formes d'autisme.

Une souris modèle de MHS : créée par les chercheurs via des manipulations génétiques, ce modèle souris du syndrome de l'haplo-insuffisance de MEF2C présente -comme les enfants humains atteints de MHS – une seule copie fonctionnelle de MEF2C, vs les 2 copies habituelles. Ces souris modèles présentent des symptômes autisme-like, dont des troubles de la mémoire spatiale, une anxiété, des mouvements répétitifs anormaux, ainsi que d'autres signes caractéristiques. Les analyses de leurs cerveaux révèlent également de nombreuses anomalies, dont un excès de la signalisation excitatrice dans certaines zones cérébrales clés et un déficit de signalisation inhibitrice dans d’autres zones. Ce déséquilibre excitateur / inhibiteur également caractéristique de la plupart des formes de TSA semble expliquer de nombreuses manifestations liées à ces troubles, cognitives et comportementales, ainsi qu’un risque accru de crises d'épilepsie.

3 mois de NitroSynapsine rétablissent l’équilibre cérébral, les comportements et les capacités cognitives : les souris modèles de MHS traintées pendant 3 mois par NitroSynapsin (nitrate d'aminoadamantane lié à la mémantine (Alzheimer)), présentent une réduction de ce déséquilibre excitateur/inhibiteur, des comportements anormaux et une amélioration de la performance aux tests cognitifs et comportementaux. Ave même, chez certaines souris, un retour à la normale.

De prochains essais cliniques sur la NitroSynapsine sont prévus, avec un « bonus » : l’équipe a également constaté que le nouveau composé améliore la fonction synaptique et donc la communication en réseau dans le cerveau, une fonction également déficiente dans un grand nombre de maladies neurologiques.

Accueil

 

Source: Nature Communications 14 November 2017 doi:10.1038/s41467-017-01563-8 NitroSynapsin therapy for a mouse MEF2C haploinsufficiency model of human autism

Plus de 100 études sur l’Autisme et les TSA sur Neuro Blog

Cette actualité a été publiée le 15/11/2017 par Équipe de rédaction Santélog

13 novembre 2017

L’autisme en mouvement

13 nov. 2017
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Les enfants avec autisme sont souvent maladroits, physiquement malhabiles ou manquent de coordination. Cette caractéristique peu étudiée et omniprésente a mené les chercheurs à envisager cette nouvelle question : les problèmes moteurs pourraient-ils être à l’origine des difficultés sociales de l’autisme ?

 motion par Nicholette Zeliadt le 31 mai 2017

Introduction

Vélo © Luna TMG Vélo © Luna TMG

Pour la jeune Macey, 6 ans, le déjeuner à l’école n’est pas vraiment une pause dans l’étude de la lecture ou des maths. C’est plutôt une heure de frustrations.

Voici comment la mère de Macey, Victoria, décrit la pause-déjeuner type de sa fille : dans sa classe d’éducation spéciale, à une heure de San Francisco, les camarades de Macey s’assemblent autour d’une grande table carrée, chahutant et se piquant la nourriture. Pendant ce temps, Macey est à part, devant une petite table blanche, dans un coin, face à une étagère. Elle tient le manche d’une cuillère dans la paume de sa main droite, la remplit maladroitement de riz, qu’elle renverse sur ses genoux. Elle voudrait être avec les autres, à la grande table, mais elle est accompagnée d’un soignant, éloignée des autres enfants pour minimiser les distractions pendant son repas. (Victoria nous a demandé de n’utiliser que son prénom et celui de Macey, pour protéger leur vie privée.)

Après le déjeuner, les enfants se dispersent dans la cour. Macey, qui porte un casque, se traîne derrière en tenant la main de son aide. Elle peut marcher, mais elle trébuche et chute souvent sur les sols irréguliers. Elle a tendance à mal estimer les hauteurs, et s’est déchiré un muscle en grimpant sur un équipement d’aire de jeux. Quand elle avait trois ans, elle a trébuché et est tombée la tête la première dans un bac à sable, s’écorchant le visage, se fêlant une dent et en délogeant une autre.

Macey a des difficultés à se déplacer dans la maison, parce qu’il y a des escaliers. Sa mère ne modifie jamais l’organisation des pièces. La plus grande crainte de Victoria est que les difficultés de déplacement de Macey n’interfèrent dans sa vie sociale.

Macey est naturellement sociable : elle aime interagir avec les adultes mais est parfois frustrée quand ils ne la comprennent pas. C’est même encore plus difficile avec ses camarades. L’an dernier, un après-midi, Macey a vu son grand frère et ses cousins faire du vélo devant la maison. Quand son frère s’est arrêté et a posé son vélo, Macey s’est approchée et a essayé de monter sur le vélo. « Mais ce n’était pas possible, » se souvient Victoria. « Elle chancelait, j’avais peur qu’elle tombe et se blesse. » Victoria a doucement éloigné sa fille du vélo. Des larmes ont commencé à couler sur son visage quand elle a crié, « je veux vélo ! »

Macey connaîtra probablement ces problèmes moteurs pendant toute sa vie. Ils sont une caractéristique de son trouble : une copie supplémentaire d’une petite partie d’ADN sur le chromosome 15, ce qui est à l’origine d’une maladie appelée le syndrome dup15q. Comme la plupart des enfants avec ce syndrome, Macey a aussi un autisme.

Environ 80% des personnes avec autisme ont un problème moteur d’une forme ou d’une autre, depuis la maladresse ou une façon de marcher mécanique à des difficultés plus profondes, comme celles de Macey. « Il est très très courant pour les enfants avec autisme d’avoir des déficiences claires de leur contrôle moteur, » dit Stewart Mostofsky, directeur du Center for Neurodevetlopmental and Imaging Research de l’institut Kennedy Krieger de Baltimore, dans le Maryland.

En dépit de cette prévalence, les problèmes moteurs ne sont pas considérés comme une caractéristique principale de l’autisme — c’est à dire qu’ils ne sont pas requis pour un diagnostic d’autisme. Et ils sont sous-étudiés en comparaison des difficultés sociales et des comportements répétitifs qui définissent le trouble. « Pendant de nombreuses années, cela n’a pas été considéré comme une difficulté rencontrée par les enfants avec autisme, » dit Nicole Rinehart, directrice du Deakin Child Study Centre de l’université Deakin de Melbourne, en Australie.

Quelques scientifiques, dont Rinehart et Mostofsky, mesurent précisément les mouvements d’enfants comme Macey pour découvrir des caractéristiques du cerveau pouvant causer les difficultés motrices. Parce que les problèmes moteurs se révèlent souvent pendant la petite enfance, bien avant les autres caractéristiques de l’autisme, quelques chercheurs défendent cette idée provocante : les problèmes moteurs pourraient être une source des difficultés sociales des personnes avec autisme.

La théorie se présente ainsi : les enfants ayant des difficultés à explorer leur environnement ratent des opportunités d’interactions sociales, ce qui leur rend difficile l’apprentissage des compétences sociales et de communication. Plus tard dans l’enfance, leur maladresse les empêche de participer à des activités collectives, ce qui aggrave leurs problèmes sociaux. C’est une idée controversée, mais si elle est vraie, cela veut dire que les thérapies qui apprennent aux personnes avec autisme à se mouvoir plus aisément pourraient aussi les aider à interagir avec les autres.

Des forces vives

En 1943, Leo Kanner a décrit les antécédents médicaux des 11 enfants ayant reçu les premiers un diagnostic d’autisme. Certains de leurs parents lui ont dit que leurs enfants avaient appris à marcher tardivement. Et que quand ils s’approchaient de leur bébé pour le prendre dans leurs bras, l’enfant ne levait pas les bras ou ne repliait pas ses jambes — comme le font (typiquement) les enfants quand on les soulève. Un an plus tard, le pédiatre autrichien Hans Asperger a décrit lui aussi des mouvements et des postures étranges chez quatre garçons avec autisme. Il a décrit un d’eux, Fritz, comme n’ayant « pas de contrôle de son corps » et une écriture manuscrite « atroce », selon une traduction en anglais de son rapport écrit. À propos d’un autre garçon, Asperger a écrit, « il ne peut pas attraper un ballon, quelle que soit la manière dont on essayait de lui faciliter la chose. »

Dans les décennies suivantes, les scientifiques se sont concentrés sur d’autres caractéristiques de l’autisme, plus uniformes et préoccupantes, comme les problèmes sociaux et les difficultés de communication. Mais dans les années 80, des tests standardisés des capacités motrices ont commencé à confirmer ces observations initiales.

Les problèmes moteurs varient d’une personne à l’autre, mais la plupart des personnes avec autisme ont des difficultés à coordonner leurs mouvements — comme le fait de tourner la tête en cherchant à atteindre un objet — mais aussi des troubles de l’équilibre. C’est peut-être la raison pour laquelle ils ont aussi des difficultés dans de nombreuses tâches quotidiennes, des tâches de motricité fine, comme le boutonnage d’une chemise, aux mouvements globaux, comme la course, le saut ou la saisie d’un ballon.

La recherche disponible suggère que ces difficultés commencent tôt dans l’enfance. L’analyse de vidéos familiales révèle que les enfants diagnostiqués plus tard autistes tendent à avoir des difficultés à se tourner et à s’asseoir dans la petite enfance, et apprennent tardivement à ramper. Souvent leurs mouvements sont aussi asymétriques : quand ils marchent ou rampent, les membres d’un côté ne reflètent pas ceux de l’autre. Les parents confirment ces observations : ils disent aux médecins que leur enfant est en retard sur ses pairs dans l’apprentissage de la marche, ou a des difficultés à apprendre des mouvements complexes, coordonnés, comme le pédalage sur un tricycle. « Si vous posez la question à un parent d’enfant autiste, vous obtenez une quasi-unanimité sur le fait que c’est un problème, » dit Mostofsky.

Victoria a su que quelque chose n’allait pas quand Macey n’a pas appris à marcher avant deux ans. Même après qu’elle ait appris à marcher, elle restait instable. « Elle ressemblait à un marin saoul, » dit Victoria.

La raison pour laquelle les enfants autistes ont ces difficultés n’est pas claire, mais une recherche émergente commence à fournir quelques clefs. Une étude non publiée de plus de 2 400 enfants avec autisme suggère que, en comparaison d’autres enfants dans le spectre, ceux portant certaines mutations rares fortement liées à l’autisme sont plus susceptibles de connaître des problèmes moteurs. Cela suggère que quelques problèmes moteurs des personnes avec autisme ont une origine génétique.

D’autres chercheurs utilisent des méthodes de calcul révélant les parties du corps ne se déplaçant pas correctement pendant certaines tâches. Quand les personnes avec autisme accomplissent ces tâches, ils ont des difficultés caractéristiques qui suggèrent que des aires du cerveau ou des circuits sont atteints — une information que les chercheurs peuvent utiliser pour identifier exactement ce qui ne va pas.

Des corps en mouvement

Dans un petit laboratoire sombre de Melbourne, un matin de décembre, Rinehart observe Catherine, douze ans, suivre en marchant un tapis de sol marron traversant la diagonale de la pièce.

Des capteurs de pression dans le tapis détectent les pas de la jeune fille. Des cordons relient le tapis à un ordinateur, dans un coin, qui enregistre en direct les données et calcule la vitesse de marche de Catherine, la longueur de ses foulées et la distance entre ses pieds. Rinehart utilise ce système automatisé pour comparer l’allure des enfants avec autisme à celle de leurs camarades typiques. (Catherine est la fille de Rinehart, et n’a pas d’autisme ; Rinehart l’a enrôlée pour une démonstration de la technologie.)

La longueur et la largeur des pas de Catherine sont très régulières. Par contraste, dit Rinehart, les enfants avec autisme tendent à présenter une position large, la longueur et la largeur de leurs pas varie d’un pas à l’autre. Ces modèles peuvent expliquer pourquoi quelques personnes avec autisme semblent avoir une démarche inhabituelle — même si il est difficile de désigner exactement ce qui est étrange dans leurs mouvements.

La collègue de Rinehart, Jennifer McGinley, guide Catherine dans une série de tâches de plus en plus complexes. La jeune fille marche doucement le long d’une ligne noire fine sur le tapis, comme si elle marchait sur un fil, plaçant à chaque pas le talon de son pied levé directement devant les orteils de l’autre. Les enfants avec autisme pourraient dévier de la ligne ou la suivre sans aligner leurs pieds comme demandé — un signe classique de problèmes dans le cervelet, une région du cerveau qui coordonne les mouvements.

Il est alors demandé à Catherine de marcher le plus rapidement possible tout en énonçant des noms d’animaux de compagnie ou du mobilier que l’on trouve dans une maison. Ce test révèle si des tâches multiples peuvent être à l’origine des difficultés. « Quand vous regardez une aire de jeux, vous ne voyez pas souvent des enfants marcher seuls, lentement et en silence, » dit McGinley. « Donc nous devons voir aussi comment ils se débrouillent quand ils doivent faire d’autres choses. » Dans cette tâche, Catherine marche un peu plus lentement que quand on ne lui demandait pas de répondre à des questions. Les personnes avec autisme marchent encore plus lentement ou sont plus bancals que d’habitude, ce qui suggère que les problèmes d’attention peuvent aussi avoir une part dans leurs difficultés de mouvements.

Pour obtenir une illustration plus complète de la démarche, l’équipe de Rinehart utilise un système de suivi en 3D, qui se trouve à la clinique Kingston Centre toute proche, pour mesurer les mouvements du torse et des membres. La chercheur Anna Murphy fait la démonstration de son fonctionnement avec son fils de 7 ans, Liam, qui n’a pas d’autisme. « Maman va me transformer en squelette, » dit Liam quand sa mère retire sa chemise et attache de petits réflecteurs à ses épaules, coudes, poitrines et dos, comme à ses hanches, cuisses, mollets et chevilles. Murphy enfile un bandeau élastique muni de quatre capteurs supplémentaires sur sa tête, deux autres plus petits, avec deux capteurs, à chacun de ses poignets.

Comme Liam marche le long d’une ligne de plastique noir sur le sol, une série de huit caméras infrarouge connectées à un ordinateur dans le fond de la pièce suit les mouvements des capteurs. Le corps de Liam apparaît comme un squelette vert-néon se pavanant sur l’écran de l’ordinateur. Le système mesure des paramètres comme l’angle du torse et celui du bassin, comme le degré général de mouvement du haut du corps. Les données non publiées de Murphy indiquent que le haut du corps des personnes avec autisme tend à se pencher vers l’avant quand elles marchent, et que leurs pas rebondissent plus que chez leurs pairs typiques. Ces observations correspondent aux résultats de l’analyse en deux dimensions des pas. « Si vous avez plus de mouvements dans le tronc, vous tendez à être moins stable en bas, ce que vous compensez en allongeant le pas, » dit Murphy.

De ce type d’études, Rinehart et ses collègues espèrent pouvoir finalement identifier les modèles de mouvements qui distinguent l’autisme d’autres troubles. L’équipe recrute des enfants avec autisme à partir de l’âge de deux ans pour observer si les mêmes modèles de démarche altérée se présentent chez les nourrissons.

« Ce qu’a fait ce groupe est remarquable, » dit Shafali Jeste, professeur associé de psychiatrie et de neurologie à l’université de Californie, Los Angeles. « Nombre d’entre nous voyons que les enfants avec autisme ont des difficultés motrices, mais c’est resté une observation clinique ; ils prennent cette observation clinique et en font une chose mesurable, quantifiable. »

Avancer

Les bébés apprennent à parler en bougeant d’abord leurs corps — selon une des théories principales. Quand les bébés vont vers leurs parents ou leur apportent un jeu, les parents peuvent répondre verbalement, ce qui aide les bébés à apprendre à communiquer. Les jeunes enfants moins explorateurs « ne connaissent pas les mots de la même façon, » dit Anjana Bhat, professeur associée de physiothérapie à l’université du Delaware, à Newark.

Chez les bébés avec autisme, les problèmes moteurs apparaissent très tôt — bien avant les difficultés sociales et de communication, qui ne sont pas visibles avant le premier anniversaire de l’enfant. Ces observations proviennent d’études des dénommés baby sibs, les jeunes frères et soeurs d’enfants avec autisme, qui présentent un risque accru d’avoir le trouble. Dès l’âge de 3 ou 6 mois, les enfants qui seront diagnostiqués plus tard d’autisme présentent des retards dans les roulades et le maintien de la tête. Ils n’atteignent pas aussi souvent que les bébés typiques les objets les entourant, et ont des difficultés à prendre et manipuler les jouets.

Bien que les enfants puissent finalement acquérir ces capacités, « il n’est pas indifférent qu’un bébé ait ces difficultés de contrôle postural et de prise » dit Rebecca Landa, directrice du Center for Autism and Related Disorders de l’institut Kennedy Krieger, qui a mené certaines de ces études. Des retards ou des perturbations dans l’apprentissage de la position debout et de la marche limitent la capacité d’un enfant à explorer son environnement et à interagir avec les autres. « Ces petites choses pouvant sembler sans conséquences peuvent s’accumuler avec le temps, et faire risquer à l’enfant d’autres retards, comme dans le langage ou l’interaction sociale, » dit Landa.

Quelques études ont montré que les ’baby sibs’ avec des retards moteurs dans la petite enfance ont des difficultés dans l’apprentissage de la parole et la compréhension des mots. La sévérité des difficultés motrices prédit aussi le développement de leurs problèmes sociaux. Bhat et d’autres disent que les problèmes moteurs dans la petite enfance ont des effets en cascade sur le développement social et de la communication.

Mais tout le monde ne soutient pas cette hypothèse. Les problèmes moteurs peuvent se développer avant les problèmes sociaux, mais cela ne veut pas dire qu’il y a une causalité, argumente Mostofsky : « Je ne pense pas que cet argument résiste à l’examen. » Pour lui, les problèmes de mouvement semblent précéder les difficultés sociales parce que les capacités motrices se développent plus tôt que les compétences sociales. « Le développement moteur est bien plus important dans la première année de la vie, » dit-il. À ce moment précoce, « vous pourriez ne pas détecter de signes du développement communicatif et social, parce qu’il n’y en a pas beaucoup à détecter. »

Plutôt, dit Mostofsky, les déficits moteurs et sociaux sont tous deux des manifestations d’un problème plus profond : des connexions défectueuses entre certaines régions du cerveau. Les connexions interrompues rendent difficile pour les personnes avec autisme l’incorporation de l’information visuelle quand ils projettent des mouvements. Pouvoir le faire est un élément clef dans les interactions sociales — par exemple, faire les gestes et les expressions faciales appropriées en réponse aux paroles ou aux actes d’une autre personne.

Pour soutenir cette idée, son équipe a signalé en 2009 que quand les enfants avec autisme apprennent à contrôler un bras robotisé, ils se basent principalement sur la proprioception — c’est à dire, les sensations obtenues de leurs propres muscles — plutôt que sur l’information visuelle, comme le font les enfants se développant typiquement. Moins les enfants dépendent de l’information visuelle, plus leurs difficultés de compétences sociales sont sévères. Il a aussi signalé en 2015 que les enfants avec autisme ont plus de difficultés à attraper un ballon que les enfants avec un trouble du déficit de l’attention. « C’est une tâche dans laquelle un projectile se dirige vers vous, et vous devez rapidement ajuster vos mouvements selon cette information visuelle, » dit-il.

Mostofsky a aussi des données d’imagerie qui soutiennent sa théorie : les enfants typiques avec le plus de synchronisation entre les régions visuelles et motrices du cerveau tendent à avoir les meilleures compétences d’imitation. Ces régions sont souvent en décalage chez les enfants avec autisme ; ceux avec les plus forts décalages ont les caractéristiques les plus sévères de l’autisme.

Sur le terrain

Même des chercheurs comme Mostofsky, qui ne pensent pas généralement que les problèmes moteurs perturbent les compétences sociales, disent que les traitements améliorant les compétences motrices peuvent aider socialement les personnes avec le trouble. Plusieurs études suggèrent que les thérapies basées sur le mouvement améliorent les compétences sociales, les capacités de communication, l’attention et le comportement.

Les parents d’enfants avec autisme se dirigent vers des programmes qui promettent l’apprentissage de compétences physiques. Par exemple, les réservations pour un programme estival d’apprentissage aux enfants avec autisme à monter à bicyclette ont été complétés en quelques jours, dit la directrice du programme, Megan MacDonald, professeur assistante à l’université d’État de l’Oregon, à Corvallis. « Cela nous a montré clairement un besoin d’opportunités de ce genre, » dit-elle.

D’autres chercheurs ont aussi lancé des programmes similaires. L’équipe de Mostofsky développe un jeu vidéo qui aide les enfants avec autisme à apprendre à danser par l’imitation d’un avatar, avec l’objectif de renforcer des connexions entre les aires visuelles et motrices du cerveau. Mostofsky prédit que le jeu augmentera à la fois les capacités motrices et les compétences sociales. Il scanne les cerveaux d’enfants avec autisme avant et après leur séances de jeu pour évaluer les résultats.

Quelques programmes combinent plus ouvertement les formations physiques et sociales. Le programme ACEing Autism de Shafali Jeste, qui enseigne des compétences de tennis basiques, a été lancé en 2008. Les moniteurs apprennent aux enfants avec autisme des indices sociaux, dont la façon de suivre et d’interpréter les gestes d’un partenaire pour prédire son prochain mouvement. Jeste lance une étude pilote, devant inclure au moins 20 enfants avec autisme, qui utilisera des tests standardisés et d’autres mesures quantitatives pour évaluer l’amélioration par le programme des compétences motrices, du contact oculaire et d’autres comportements.

Suivant la même ligne, Rinehart et ses collègues se sont associés à la ligue de Football australienne pour créer AllPlay, un programme qui enseigne le football à des enfants avec autisme ou d’autres troubles du développement. Les moniteurs adaptent les activités et les exercices : un moniteur peut, par exemple, placer l’enfant plus près du but ou utiliser un ballon plus léger. Le programme combine naturellement l’éducation physique à la formation sociale, les parents et les enfants ayant l’opportunité de rencontrer de nouvelles personnes, de jouer collectivement, d’apprendre à supporter les foules et à se préparer au contact physique avec les autres. L’équipe de Rinehart envisage de mesurer les modèles de marche et les compétences sociales des enfants avec autisme avant et après le programme.

Victoria aimerait bien inscrire Macey à une activité de ce type, mais sa fille est trop jeune. « Elle a 6 ans, mais a la mentalité d’un enfant de 3 ans, » dit Victoria. Jusqu’à l’âge de trois ans, Macey suivait un programme d’école du dimanche pour les nourrissons, où elle pouvait interagir avec des enfants de son âge émotionnel et intellectuel. Mais l’église a décidé que Macey est trop grande pour jouer avec des enfants plus jeunes qu’elle de plusieurs années. « Les autres parents craignaient qu’elle ne tombe sur eux et les blesse, quelque chose comme ça, » dit Victoria.

Pour l’instant, elle et son mari font du mieux qu’ils peuvent par eux-mêmes. Ils pensent faire l’acquisition d’un vélo adapté, un tricycle qui ne demande pas d’équilibre. Cela assurerait la sécurité de Macey — et lui permettrait de continuer à jouer avec les autres enfants.

Syndication Cet article a été repris par Scientific American. Traduction PY

 

13 novembre 2017

Les cellules souches pluripotentes induites montrent l'impact des astrocytes (neurones) sur la pathologie cérébrale de l'autisme

Les cellules souches pluripotentes induites montrent l'impact des astrocytes (neurones) sur la pathologie cérébrale de l'autisme

Une étude utilise des cellules souches pour explorer les causes de l'autisme

9 novembre 2017

En utilisant des cellules souches pluripotentes induites humaines pour modéliser le trouble du spectre autistique, les chercheurs ont révélé pour la première fois que des anomalies dans les cellules de soutien du cerveau, appelées astrocytes, peuvent contribuer à la cause du trouble.

En utilisant des cellules souches pluripotentes induites (CSPi) pour modéliser le trouble du spectre autistique (TSA), des chercheurs de l'Université de São Paulo au Brésil et de l'Université de Californie à San Diego ont révélé pour la première fois des anomalies dans les cellules du cerveau. appelés astrocytes, peuvent contribuer à la cause du trouble.

Les résultats, publiés dans Biological Psychiatry, aident à expliquer ce qui se passe à un niveau biologique pour produire un comportement de TSA, et peuvent aider les chercheurs à identifier de nouveaux traitements pour les patients atteints du trouble.

Les astrocytes jouent un rôle important dans le développement et la fonction du système nerveux.

Mais jusqu'à présent, les modèles d'autisme de l'iPSC ont négligé leur contribution.

La nouvelle étude, dirigée par le Dr Patricia Beltrão-Braga et le Dr Alysson Muotri, a utilisé les CSPi pour générer des neurones et des astrocytes pour modéliser l'interaction entre ces cellules cérébrales et mieux comprendre comment le cerveau se forme dans le trouble.

"Cette nouvelle utilisation des cellules souches pluripotentes suggère que les approches neurobiologiques de l'autisme basées uniquement sur le développement neuronal anormal pourraient ne pas tenir compte de l'interaction complexe des neurones et des astrocytes qui pourrait être une composante sous-estimée de la biologie de cette maladie".

Éditeur de Biological Psychiatry.

La technologie des cellules souches pluripotentes induites permet aux chercheurs de reprogrammer les cellules humaines dans n'importe quelle cellule du corps.

Dans l'étude, les premiers auteurs, le Dr Fabiele Russo et Beatriz Freitas et ses collègues ont utilisé des cellules provenant de trois patients diagnostiqués avec un TSA et de trois individus en bonne santé pour générer des neurones et des astrocytes.

Les neurones dérivés des patients ASD avaient une structure moins complexe que les neurones sains, mais l'ajout d'astrocytes en bonne santé aux neurones ASD a amélioré leur structure peu développée.

En sens inverse, l'association d'astrocytes ASD avec des neurones sains interférait avec leur développement, les faisant ressembler davantage aux neurones des patients atteints de TSA.

"L'article met en évidence pour la première fois l'influence des astrocytes dans les TSA, révélant que les astrocytes jouent un rôle fondamental dans la structure et la fonction neuronale", a déclaré Beltrão-Braga.

Les chercheurs ont également étudié la manière dont les astrocytes exercent leur influence, et ont attiré une substance que les astrocytes produisent, appelée IL-6, déjà suggérée en tant que joueur dans les TSA, comme le coupable des défauts.

Les astrocytes provenant des patients atteints de TSA semblaient produire une trop grande quantité de la substance, et les résultats suggèrent que la réduction de l'IL-6 pourrait être un traitement bénéfique pour les neurones dans les TSA.

Fait important, la TSA a été une maladie difficile à modéliser en utilisant des CSPi en raison de sa complexité.

Plusieurs gènes ont été liés aux TSA, mais leurs contributions restent inconnues, et les différences génétiques entre les patients ont rendu difficile la compréhension de la cause et le développement de traitements pour le trouble.

Mais dans cette étude, les sujets ASD ont été sélectionnés parce qu'ils partageaient des comportements similaires, plutôt que des gènes similaires.

Selon Beltrão-Braga, cela signifie que les résultats pourraient fournir une nouvelle stratégie alternative pour traiter les symptômes de TSA, indépendamment du génotype du patient.

Elsevier. "Les cellules souches pluripotentes induites montrent l'impact des neurones astrocytaires sur la pathologie cérébrale dans l'autisme: une étude utilise des cellules souches pour explorer les causes de l'autisme." ScienceDaily. ScienceDaily, 9 novembre 2017. .

Elsevier. "Induced pluripotent stem cells show astrocyte-neuron impact on brain pathology in autism: Study uses stem cells to explore the causes of autism." ScienceDaily. ScienceDaily, 9 November 2017. .

Les cellules souches pluripotentes induites montrent l'impact des astrocytes (neurones) sur la pathologie cérébrale de l'autisme.
10 novembre 2017

"Demain, tous crétins?" de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, samedi 11 novembre à 22h30 sur Arte

 

Demain, tous crétins ou les dégâts des perturbateurs endocriniens sur le cerveau

Tout autour de nous, des polluants intoxiquent le cerveau des enfants dès leur conception. Un documentaire diffusé sur Arte samedi 11 novembre dresse un constat très inquiétant : l'intelligence décline et les troubles du comportement se multiplient. C'est un véritable fléau qui se produit silencieusement partout où les scientifiques posent leur regard.

https://www.science-et-vie.com

 

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