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"Au bonheur d'Elise"
recherche
23 mai 2017

Autisme : des chercheurs lyonnais inventent un test de dépistage précoce

article publié dans Le Progrès

Ce test très simple sur tablette numérique doit être évalué sur de nombreux enfants autistes.


Le 23/05/2017 à 11:05
mis à jour à 11:08
Photo d’illustration  Kara - FotoliaPhoto d’illustration Kara - Fotolia

Un bébé normal cherche toujours le contact avec le visage et les yeux de la personne en face de lui. À l’inverse, un bébé souffrant de Troubles du spectre autistique (TSA) fuit systématiquement le regard. Analyser les mouvements oculaires d’un enfant pourrait donc permettre un diagnostic précoce, estiment des chercheurs. C’est ce que permet la technique de “l’eye-tracking”, qui consiste à projeter des images devant un sujet puis à étudier la direction de son regard grâce à une caméra à infrarouge. Elle a déjà été utilisée dans quelques études avec des enfants souffrant de TSA.

Un doigt pour explorer une image

À l’Institut des Sciences cognitives du CNRS à Lyon, Angela Sirigu, Guillaume Lio et Jean-René Duhamel ont mis au point un outil reprenant les performances de “l’eye-tracking” mais d’utilisation bien plus simple puisqu’il s’agit d’une application utilisable sur une tablette tactile (1 ). Une image apparaît sur l’écran et le sujet doit alors l’explorer avec le doigt.

L’enregistrement des mouvements du doigt et l’analyse des différentes stratégies d’exploration vont permettre de comprendre de quelle manière le sujet appréhende l’information visuelle. Ainsi, à l’issue du test, un algorithme reconstruit l’ensemble des mouvements et des “cartes de chaleur” apparaissent sur l’image avec un dégradé de couleurs, les zones rouges indiquant les zones où le regard du sujet s’est le plus attardé.

Ce test pourra aider au diagnostic

Comme attendu, les premiers tests réalisés sur 20 personnes ne souffrant d’aucun trouble ont confirmé l’attrait des sujets “sains” pour les visages et en particulier le regard. Tandis que les tests réalisés sur 20 patients autistes – dont l’atteinte était variable – ont montré que ceux-ci, soit contournaient de manière flagrante les visages, soit lorsqu’ils s’arrêtaient sur un visage, privilégiaient certains détails qui n’étaient pas dans la région des yeux.

« Ces performances corrèlent avec les tests de diagnostic de l’autisme, ADI et ADOS », précise Angela Sirigu. Simple, rapide, « à la portée de tous les enfants, ce test pourra aider au diagnostic et pourra à terme être utilisé pour faire du diagnostic différentiel dès lors qu’un vaste échantillon d’enfants sera examiné », estime Angela Sirigu. C’est le but de l’étude clinique qui va démarrer prochainement avec de nombreux établissements de soins.

(1) Le Progrès a pu assister à une présentation du logiciel mais dans l’attente de la publication scientifique de cette étude, nous ne pouvons pas le décrire de manière précise ni en diffuser une image.


 

A noter

Conférence sur l’autisme

Le laboratoire d’excellence Cortex organise une soirée de conférence sur le thème “Nouveaux regards sur l’autisme”, ce mardi, au cours de laquelle la chercheuse en neurosciences Angela Sirigu présentera ce nouvel outil d’aide au diagnostic. L’autre conférence, donnée par Anna Galiano, psychologue, portera sur les ressemblances entre enfant autiste et enfant aveugle.

Pratique Conférence mardi 23 mai, de 18 h 30 à 20 h 30 à l’Université de Lyon, 90 rue Pasteur, Lyon 7e. Entrée libre et gratuite. Renseignements : www.cortex-mag.net/conference-nouveaux-regards-lautisme

Deux brevets

Deux brevets ont été déposés par Pulsalys, la société d’accélération du transfert de technologies de Lyon Saint-Etienne associée au CNRS, qui a investi 350 000 € pour protéger et développer les algorithmes du logiciel. Viendra ensuite la recherche d’investisseurs et d’entrepreneurs pour lancer la start-up qui développera l’application dont l’usage devrait être réservé aux professionnels de santé. Au-delà de l’autisme, cette application pourrait être utilisée pour le dépistage d’autres troubles marqués par des difficultés dans les interactions sociales.

Sylvie Montaron

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18 mai 2017

Comment la nouvelle ministre de la santé entend éviter tout conflit d’intérêts avec le poste de son mari

article publié dans Le Monde

Agnès Buzyn ne traitera pas les questions en lien avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, un organisme public dirigé par Yves Lévy, son mari.

LE MONDE | 18.05.2017 à 18h41 • Mis à jour le 18.05.2017 à 19h42 | Par

Agnès Buzyn, le 18 mai à l’Elysée.

La question commençait à devenir pressante. Comment la nouvelle ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, allait-elle pouvoir exercer une cotutelle sur l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), un organisme public, dirigé par Yves Lévy, son mari, sans se trouver en situation de conflit d’intérêts ? Dans l’entourage de la ministre, on assure jeudi 18 mai au Monde que le sujet est « clairement identifié » et que Mme Buzyn « ne traitera pas les sujets en lien avec l’Inserm », par un « système de déport ». « Le sujet est en train d’être traité au niveau du secrétariat général de l’Elysée », explique-t-on.

Emmanuel Macron avait lui-même décidé de pratiquer ce « déport » destiné à prévenir tout conflit d’intérêts lorsqu’il était devenu secrétaire général adjoint de l’Elysée, en 2012. « Je n’ai pas traité de dossiers que j’avais eu à connaître, j’ai fait la même chose en tant que ministre », expliquait-il sur Mediapart le 5 mai.

Lire aussi :   Abandon du tiers payant et obligation vaccinale, deux dossiers prioritaires sur le bureau d’Agnès Buzyn

L’Inserm, un sujet d’activité quasi quotidien pour le ministère

Mais cette réponse, qui maintient la cotutelle du ministère de la santé, pose toutefois à son tour de nouvelles questions. Comment Mme Buzyn, dont la nomination a été bien accueillie par le monde de la santé et dont les compétences médicales, scientifiques et managériales ont été saluées, fera-t-elle pour ne pas prendre part à des arbitrages concernant l’organisme dirigé par son époux ?

Pour un ministre de la santé, l’Inserm n’est pas un domaine occasionnel, mais un sujet d’activité quasi quotidien. La prédécessrice d’Agnès Buzyn Avenue de Ségur, Marisol Touraine, avait obtenu, non sans discussions, que la gouvernance du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), qui fonctionne sur des fonds provenant de l’objectif national des depenses d’assurance-maladie gérés par les service du ministère de la santé, reste entre les seules mains de ce dernier plutôt que d’être partagée avec l’Inserm-Aviesan.

En revanche, le fait que le budget de l’Inserm soit entièrement assumé par le ministère chargé de la recherche semble avoir été un argument suffisant pour qu’Agnès Buzyn entre au gouvernement, sans que son époux soit contraint à démissionner de la tête de l’Institut.

17 mai 2017

Autistes Asperger. Ils ont codé une application pour apprendre à lire

Publié le 13 mai 2017
Grâce à une boucle de codage, les jeunes autistes ont associé consonnes et voyelles. Un petit personnage sur l'écran se charge de prononcer les syllabes, tout ça dans le but de favoriser l'apprentissage de la lecture.
Grâce à une boucle de codage, les jeunes autistes ont associé consonnes et voyelles. Un petit personnage sur l'écran se charge de prononcer les syllabes, tout ça dans le but de favoriser l'apprentissage de la lecture.

Il aura fallu seulement 40 heures aux autistes Asperger de l'atelier numérique pour coder une application. Son but : fournir un outil d'apprentissage pour tout jeune lecteur. Le pari est réussi puisqu'ils ont pu présenter l'appli au grand public, mercredi.

« Chiche on le fait », s'étaient dit Odile Le Ny et Laurent Buisson. Et ils l'ont fait... Après plusieurs mois de travail avec les jeunes, l'application des ateliers numériques des autistes Asperger est terminée. Encadrés, six jeunes de 12 à 30 ans avaient élu domicile dans le pôle Créafab à Soye, à raison de deux séances de trois heures par mois. C'est à ce même endroit qu'ils ont mis fin à l'aventure avec une présentation, mercredi, devant le public, de leur appli à destination des jeunes apprentis lecteurs.

Un long mais beau parcours

Tout commence en juin 2015. L'association Esperansa souhaite lancer un atelier numérique pour les autistes Asperger. Seul frein, il faut trouver les personnes compétentes et prêtes à s'investir. C'est chose faite durant un colloque de l'Enssib (École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques). Odile Le Ny, éducatrice spécialisée, rencontre Laurent Buisson, de Breizh 3D 56, sensible à la question de l'autisme, tout comme Guillaume Robin, membre de Bricolab. Le groupe est formé. « On a appris à travailler ensemble, sourit Odile Le Ny, moi j'étais nulle comme tout en technologie ». « J'avais plus de soucis avec le rapport humain cependant », rigole Laurent Buisson, à côté. S'en suit un long processus de conceptualisation, de réflexion. Que faire ? Avec quel moyen ? Quel type d'application ? Pour quel public ? Seule certitude, le projet intéresse les jeunes autistes. « Nous avions une forte demande autour du numérique et du codage. Nous ne pouvions pas nous permettre de les décevoir », souligne Odile Le Ny.
Le projet se dessine. Une application développée sous le logiciel scratch. Les mois suivants, les jeunes autistes vont travailler sur une boucle de codage visant à faciliter l'apprentissage des syllabes simples. « Rien de pareil n'existe », précise Laurent Buisson.

Des capacités exceptionnelles

« Au début je me représentais les autistes Asperger un peu comme des vieilles brouettes. Une maman émotive est venue me voir en me disant que non, c'était des voitures désuètes avec des moteurs surpuissants. Maintenant je peux dire qu'ils sont comme une écurie de F1. Gros moteur, grosse puissance mais seulement un besoin d'encadrement », remarque Laurent, devant le public venu constater le travail des jeunes. Une puissance qui a été largement exploitée durant ces ateliers. 40 heures pour une application. Un véritable exploit. La fierté se voit sur le visage des participants présents. Laurent Buisson confirme : « Maintenant ils peuvent se dire " moi, jeune autiste Asperger, j'ai réussi à faire quelque chose d'utile pour tous " ».

Un groupe d'amis

Mais avant tout, l'atelier leur a permis de s'épanouir. L'autisme entache la communication verbale, non verbale, les interactions sociales et le comportement physique. « Nous avions des doutes quant au fait de réussir à faire marcher ce groupe. C'était un pari », remarque Odile Le Ny. Pari tenu. Le résultat a même été au-delà de leurs espérances. Des liens et des rapports se tissent, en dehors des murs du Créafab. Plus qu'un groupe de travail, ils sont devenus un « groupe de potes ».


16 mai 2017

Autisme - Quand le sexe est une langue étrangère

logo club de mediapartarticle publié sur Médiapart

15 mai 2017
Par Jean Vinçot
Blog : Le blog de Jean Vinçot

Les personnes avec autisme tombent amoureuses. Elles se marient. Elles ont même, ô surprise, des relations sexuelles. Pourtant, ces besoins profondément humains ont largement été ignorés par les scientifiques.

Sex and other foreign words par Ann Griswold - le 3 mai 2017

https://spectrumnews.org/features/deep-dive/sex-foreign-words/

 

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La plus grande part de ce que Stephen Shore sait sur l’amour, il l’a appris dans le rayon développement personnel d’une librairie proche du campus d'Amherst, à l’université du Massachusetts.

À l’université, Shore, qui est autiste, a commencé à se demander si les femmes s’exprimaient dans une langue qu’il ne comprenait pas. Peut-être serait-ce là l’explication du comportement étrange de cette étudiante en massage, avec laquelle il avait partagé des séances de shiatsu, qui a fini par lui dire qu’elle avait espéré un peu plus que ce massage. Ou cette femme rencontrée dans une classe d’été, qui avait décidé qu’elle était sa petite amie parce qu’ils passaient la plupart des nuits à cuisiner, et partageaient souvent un lit. Avec le recul, les signes d’un intérêt amoureux d’autres personnes ont toujours semblé se perdre en chemin.

Shore s’est appuyé sur les rayonnages de développement personnel pour apprendre le langage informulé de l’amour : il s’est plongé dans des textes sur le langage corporel, les expressions faciales et la communication non-verbale.

Jusqu’à sa rencontre avec Yi Liu, une jeune femme de son cours de troisième cycle de théorie musicale à l’université de Boston. Il était mieux préparé. Un jour d’été en 1989, comme ils étaient assis côte à côte sur la plage, Liu s’est penchée vers lui et l’a embrassé sur la bouche. Elle l’a enlacé et lui a tenu la main. Ils ont regardé la mer.

« Selon mes recherches, » dit-il, « je savais que si une femme vous enlace, vous embrasse et vous tient la main en même temps, elle veut être votre petite amie ; vous avez intérêt à avoir une réponse prête. »

Le couple s’est marié un an plus tard, une belle après-midi de juin 1990.

État des relations

Shore a été diagnostiqué autiste vers l’âge de trois ans, un an après avoir perdu son rare vocabulaire et commencé à faire des crises. Les médecins ont conseillé à ses parents de le placer dans une institution. Ils l’ont plutôt immergé dans la musique et des activités physiques, ils ont imité ses sons et son comportement pour l’aider à prendre conscience de lui-même et des autres. Il a recommencé à parler à l’âge de quatre ans et a finalement récupéré certaines des compétences sociales perdues.

Shore, qui a aujourd’hui 55 ans, se souvient des soirées avec ses camarades de classe au collège et au lycée. Mais à l’époque il ne comprenait pas les signes de la séduction. « Je ne pouvais vraiment pas les comprendre, » dit-il.

Dès le plus jeune âge, la société enseigne aux personnes avec autisme qu’ils sont incapables d’aimer, dit Jessica Penwell Barnett, professeur assistant d’études de la sexualité dans le programme d’études Femmes, Genre et Sexualité, à l’université d’État de Wright, à Dayton, dans l’Ohio. Barnett mène des séances d’éducation sexuelle à destination d’étudiants avec autisme. « Le stéréotype de l’enfant avec autisme présenté comme un robot froid et sans émotions est douloureux, généralisé et entièrement faux, » dit-elle. « Certains d’entre eux sont parfaitement conscients de cette représentation sociale — c’est comme un nuage qui recouvre toute leur pensée sur la possibilité d’entretenir une relation ou qu’une autre personne puisse vouloir d’eux. »

En fait, de nombreuses personnes avec autisme espèrent ou connaissent des relations durables. «  Il n’y a pas d’incompatibilité entre être dans le spectre et connaître une relation amoureuse, être amoureux, être engagé dans une relation stable, » dit Barnett. Comme Shore, on estime que 47% des adultes dans le spectre partagent leur domicile — et leur vie — avec un conjoint.

Cela ne veut pas nécessairement dire que les relations sont faciles pour les personnes dans le spectre. Quelques caractéristiques de l’autisme, comme l’inflexibilité, l’anxiété, les surcharges sensorielles, la difficulté à énoncer ses propres besoins et limites personnels — et reconnaître ceux des autres —, semblent se prêter à des désastres relationnels. Mais cette affirmation est presque entièrement basée sur des suppositions. Les scientifiques ont été bien lents à étudier comment et pourquoi les personnes avec autisme forment des relations satisfaisantes. Jusqu’à ces dix dernières années, de nombreux adultes avec autisme restaient non diagnostiqués. Ceux qui réalisaient l’exploit social de connaître des liaisons amoureuses étaient considérés comme « extrêmement rares » dit Matthew Lerner, professeur assistant de psychologie, psychiatrie et pédiatrie à l’université Stony Brook de New York.

Comme ce stéréotype s’éloigne, les chercheurs ont bien du mal à assembler un portrait réaliste de l’amour et de la sexualité des personnes avec autisme. Par de petites études et des preuves anecdotiques, ils ont connaissance maintenant de maigres faits : bien plus de personnes avec autisme espèrent une relation amoureuse qu’ils n’y parviennent ; les caractéristiques de l’autisme comme la pensée rigide, l’anxiété et la bizarrerie sociale peuvent créer des barrières aux rencontres, au sexe et aux relations ; que les variances de genre, dont les genres non-binaires et la bisexualité, sont plus communes chez les personnes avec autisme que dans la population générale.

Ayant identifié quelques problèmes, les chercheurs sont toujours aux prises avec la meilleure façon d’aider les personnes avec autisme à parvenir à des relations durables. « C’est devenu une sorte de priorité criante, » dit Lerner. « C’est l’un des domaines avec peut-être le plus grand écart — Je pourrais aller jusqu’à dire que c’est le domaine avec le plus grand écart — entre l’intérêt, les besoins de la communauté et la recherche empirique. »

Les dilemmes de la rencontre

Pour la plupart des gens, une vie amoureuse saine s’appuie sur la santé psychologique et un sens général de bien-être. La dépression et l’anxiété tendent à se réduire chez les femmes avec des relations satisfaisantes.

Les scientifiques disent que les mêmes avantages s’appliquent aux personnes avec autisme — et quand les relations amoureuses manquent, une pièce centrale de la santé sociale et émotionnelle manque elle aussi. Cela peut causer un sens d’isolement : la dépression et l’anxiété sont plus de trois fois plus courantes chez les adultes avec autisme que chez les personnes sans le trouble. « Il y a un grave problème de solitude dans cette population, » dit Katherine Gotham, psychologue clinique du Medical Center de l’université Vanderbilt de Nashville, Tennessee.

Le premier pas pour la résolution de ce problème : la rencontre.

Les complexités de la rencontre — engager une conversation avec un étranger ou essayer d’attirer l’intérêt d’une autre personne par le langage corporel ou les expressions faciales, par exemple — ne sont pas spécifiques aux personnes avec autisme, mais elles sont plus difficiles à traverser pour elles. « Nous avons tous les mêmes sortes de difficultés, mais les personnes avec autisme en ont encore plus, » dit Barnett. « La différence est dans le niveau, pas dans la nature. »

Des facteurs culturels peuvent compliquer la séduction. Aux États-Unis, par exemple, les rencontres se passent typiquement dans des bars bruyants, des restaurants bondés ou des salles de cinéma assourdissantes. Ces environnements peuvent aggraver l’anxiété et leur fréquentation peut même être douloureuse pour les personnes avec des sensibilités sensorielles.

Une autre complication est que la plupart des gens tendent à avoir un certain ‘type’, les hommes barbus, par exemple, ou les grandes femmes. Mais les personnes avec autisme sont parfois fermés au compromis, dit Gotham. « Je pense à cinq personnes précises qui sont frustrées parce qu’elles n’obtiennent pas ce qu’elles veulent, » dit-elle. Le problème est que ces personnes ne veulent pas seulement quelqu’un avec qui ils pourraient s’entendre, mais quelqu’un avec une liste précise d’attributs. Cette rigidité peut limiter les possibilités de rencontres.

Dave, un célibataire vivant à Nashville, Tennessee, dit que pendant longtemps il s’est senti anxieux dans l’interaction avec les femmes. (Dave a demandé que son nom de famille ne soit pas publié.) Il a connu quelques relations amoureuses — mais ce qu’il voulait vraiment c’était une copine qui ressemble à Jennifer Aniston ; il ne voulait rien de moins. Il pensait que parce qu’il n’avait pas de petite amie correspondant à cette description, il avait dû rater quelque chose.

Dave attribuait ses difficultés à un problème de surdité, à son apparence physique et à l’insuffisance de sosies d’Aniston dans son quartier. Jusqu’à son diagnostic à l’âge de 45 ans, dit-il, « je n’ai jamais pensé que ça pouvait être l’autisme. » Après son diagnostic, son thérapeute l’a aidé à affiner ses compétences sociales. Avant longtemps, il avait appris quelques règles de base de la conversation quotidienne, comme la prise de parole et le choix de sujets intéressant les deux personnes.

Les nuances et les subtilités de la séduction peuvent être particulièrement troublantes pour les personnes ayant des difficultés à reconnaître les indices sociaux. C’est l’une des expériences sociales les plus exigeantes auxquelles font face les personnes avec autisme : « La séduction implique le flirt, c’est basé sur beaucoup de comportements non-verbaux, » dit Barnett. « Vous ne dites pas ce que vous pensez de la façon dont vous le pensez. »

L’année dernière, une équipe de recherche de l’University College de Londres a indiqué que les femmes avec autisme tendent à négliger les indices subtils qui signalent l’intérêt d’un homme et renvoient inconsciemment le comportement de séduction des hommes. Un tiers des femmes de l’étude ont dit qu’elles ne remarquaient pas l’escalade des interactions platoniques vers quelque chose de plus chargé sexuellement. Elles se sont souvent trouvées à devoir repousser des avances non désirées.

Pour Shore aussi, la difficulté à reconnaître les indices sociaux l’a mené à sa première rencontre amoureuse avant même qu’il ne réalise ce qui lui arrivait.

Après sa première année d’université, Shore a commencé à passer beaucoup de temps avec une femme rencontrée pendant les cours d’été — à parler, cuisiner, regarder des films. « Alors un jour elle m’a dit qu’elle aimait vraiment les embrassades et les massages, » se rappelle-t-il. « Je me souviens d’avoir dormi chez elle, partagé le lit, et c’était exactement ce que nous faisions. Alors elle a paru vraiment s’énerver. »

Au cours d’une longue conversation, Shore a réalisé qu’elle voulait devenir sa petite amie. Il n’était pas intéressé par l’offre, alors le couple s’est séparé. Mais cette expérience a agité la curiosité de Shore pour les indices sociaux. « Cela m’a indiqué qu’il y avait ce domaine entier de la communication que l’on qualifie de non-verbale, qui a commencé à me fasciner, » dit-il. Il a commencé à passer de longues heures dans les librairies et les bibliothèques.

Le guide de l’amour pour les petites amies

Alors que Shore lisait des livres pour apprendre à détecter une histoire d’amour naissant, Amy Gravino regardait essentiellement les films d’Hollywood pour décoder les règles des relations durables.

Comme beaucoup de femmes avec autisme, Gravino masquait souvent ses difficultés sociales par l’adoption des maniérismes des femmes neurotypiques. Quand elle a débuté sa première relation à 19 ans, elle imitait les petites amies vues à la télévision ou dans des films. « Je ne savais vraiment pas ce que je faisais, » dit-elle. « La seule chose que je savais faire était de jouer le rôle de la petite amie — ce que je supposais qu’une petite amie devait faire : je suis supposée rire à ses blagues même quand elles ne sont pas drôles ; je suis supposée rencontrer ses parents. » Avec le recul, dit-elle, « je ne réalisais pas qu’il me fallait juste être moi-même. »

Gravino dit qu’elle trouve difficile de se lier profondément avec un partenaire, en partie parce qu’elle ne se sent pas à l’aise avec elle-même. La relation a été difficile pendant quelques mois, avant qu’il ne la rompe finalement.

Son expérience n’est pas inhabituelle, disent les chercheurs. Pour les personnes avec autisme, développer une connexion émotionnelle profonde et durable est souvent plus difficile que d’attirer un compagnon. Cela pourrait être dû au fait qu’une relation solide s’appuie sur la conscience de soi et des autres des deux partenaires, le maintien d’une stabilité émotionnelle et la capacité à apprendre des expériences passées — trois domaines qui se révèlent difficiles pour quelques personnes avec autisme, dit Lerner.

Le trouble n’empêche pas nécessairement les enfants de former des amitiés profondes, comme l’a montré l’équipe de Lerner après une analyse de la littérature — un ensemble de 18 études — sur les amitiés des garçons avec autisme. Mais il peut limiter la profondeur et la proximité de ces amitiés — une découverte qui n’augure vraiment rien de bon pour les relations amoureuses futures.

Les relations entre une personne avec autisme et une personne neurotypique vacillent souvent devant un problème spécifique : le ‘capablisme’, (‘able-ism’) un biais inconscient et manifeste vers les personnes réputées socialement et physiquement ‘capables’. Il peut être difficile pour un partenaire neurotypique de « comprendre ce que c’est d’exister dans le monde comme une personne dans le spectre, et le respecter et de considérer [leur partenaire] comme une personne à part entière, » dit Barnett.

Sans surprise, les relations de long terme sont parfois plus faciles à traverser quand les deux partenaires ont un autisme. La recherche de Barnett suggère que les personnes dans le spectre sont souvent tolérants pour les excentricités de chacun — un besoin de pressions profondes, disons, ou pour l’absence de toute pression. « Ils avaient le sentiment que leurs relations étaient de meilleure qualité quand leur partenaire était dans le spectre ; ils avaient le sentiment que leur partenaire les comprenait mieux, » dit-elle. Ces observations collent à celles d’une étude suédoise de 26 000 adultes avec autisme et 130 000 contrôles, qui a trouvé que la majorité des personnes avec autisme préfère un partenaire dans le spectre.

Les personnes avec autisme qui forment des relations durables réussies sont ceux ayant appris à négocier des arrangements respectant leurs besoins — que ce soit une période de tranquillité après le travail, une relation avec des caresses mais pas de sexe, ou même une maison peu décorée, limitant les surcharges sensorielles.

La première liaison de Shore a duré un peu plus de deux ans. Sa seconde s’est achevée après seulement six mois, quand il a découvert que son amie aimait s’endormir en écoutant du rock. Shore, qui avait étudié la musique à l’université, trouvait la musique trop gênante. Les préférences de sommeil incompatibles du couple ont brisé leur relation.

Des sujets délicats

Au delà de la séduction et l’amour, la satisfaction sexuelle — seul ou avec un partenaire — est importante pour le bien-être. Mais seulement une poignée d’études se sont penchées sur la nature des expériences sexuelles des personnes dans le spectre. « La sexualité n’est pas tabou dans la communauté de la recherche, mais ça reste toujours le dernier sujet sur la table — ce qui n’est pas vraiment juste, parce que ça peut être la clef pour comprendre la qualité de vie et la santé émotionnelle chez les personnes avec autisme, » dit Gotham.

Shore dit que, dans son expérience, il y a deux obstacles à la sexualité pour une personne dans le spectre. La première est de remarquer l’intérêt d’un partenaire. Quand on lui faisait des avances sexuelles, il les ratait souvent. Une fois celui-ci passé, un second obstacle se présente : il appréciait le sexe mais il a trouvé les sensations écrasantes. Souvent sa compagne devait rester immobile pendant qu’il attendait que les sensations passent.

Les sons et les sensations de l’intimité physique peuvent écraser certaines personnes avec autisme. Dans une étude de 2015, Barnett a découvert que pour certaines femmes avec autisme, ces sensibilités se manifestent par des spasmes musculaires vaginaux, le vaginisme, qui rendent la pénétration douloureuse ou impossible. « Comme [la pénétration] est considérée comme la norme pour le sexe hétérosexuel dans notre population, certaines d’entre elles se sentaient l’obligation de donner un plaisir sexuel à leur partenaire, mais elles souffraient aussi de ce coït, » dit Barnett.

Quelques femmes avec autisme ne réalisent pas que le vaginisme est un problème courant et peuvent le considérer comme un échec personnel. Elles ont plutôt besoin, dit-elle d’utiliser un langage explicite pour décrire leur gêne. « Parfois, il suffit de dire, ‘le sexe vaginal, ce ne sera pas pour notre truc,’ et négocier d’autres activités pouvant être pratiquées pour le plaisir sexuel et la jouissance. »

Ça pourrait être plus facile à dire qu’à faire, toutefois. Dans l’étude de l’University College de Londres, les chercheurs ont trouvé que de nombreuses femmes avaient des difficultés à exprimer leurs désirs et leurs limites sexuelles. La moitié des femmes dirent qu’elles avaient accepté des relations sexuelles non consenties parce qu’elles voulaient se sentir acceptées, pour recevoir de l’affection ou parce qu’elles pensaient y être obligées dans une relation. Ces modèles sont aussi vrais pour les femmes neurotypiques, mais les femmes dans le spectre pourraient être moins susceptibles de se défendre.

Une sexualité saine se fonde sur trois facteurs — une fonction physique et psychologique positive, une opinion de soi favorable et une solide base de connaissances — dit Shana Nichols, directrice de ASPIRE Center for Learning and Development de Long Island, New York. Le premier facteur arrive naturellement aux personnes avec autisme qui se sentent à l’aise avec leur fonction sexuelle. Et les hommes avec les caractéristiques les plus atténuées de l’autisme présentent les niveaux les plus élevés de désir sexuel, de performance, de satisfaction et de confiance en soi, particulièrement quand ils sont dans une relation.

Le deuxième a à voir avec l’acceptation de soi et l’amour-propre : pour certaines personnes avec autisme, l’amour peut promouvoir cette vision positive de soi ; pour d’autres, il peut amener à conclure qu’il vaut mieux vivre seul. Il y a cinq ans, Dave s’est inscrit à des cours de danse de salon et a commencé à pratiquer l’interaction avec des femmes. Maintenant, il dit qu’il se sent à l’aise avec ses partenaires de danse, qu’il apprécie de socialiser avec elles. « La clef est de ne pas tant se soucier de la façon dont les autres me répondent, mais d’être d’accord avec la façon dont moi je leur réponds, » dit-il. « Les autres voient que je me sens bien avec moi-même, ils viennent à moi. »

Dave insiste sur le fait qu’il ne recherche plus activement l’amour — il dit qu’il préfère conserver ses partenaires de danse à une sage distance platonique. « Je pense qu’une des erreurs que font les gens, dont moi, est de penser qu’ils doivent trouver quelqu’un pour être satisfaits, » dit-il. « La relation à vous est vraiment tout. »

Pour ce qui est du troisième facteur — la connaissance du sexe — les personnes avec autisme ont souvent peu d’informations sur les maladies sexuellement transmissibles, la contraception et les comportements sexuels. Le peu qu’ils en savent tend à avoir été glané principalement par la télévision, la pornographie ou l’Internet. Les personnes neurotypiques, par contraste, apprennent généralement les choses du sexe par des amis, des parents ou des enseignants.

Dave dit qu’il pensait que le sexe définissait une liaison, et qu’il n’était pas particulièrement disposé à transiger sur ce point. « Quand vous n’avez pas beaucoup d’expérience sexuelle, vous tendez à lui accorder plus de valeur que vous ne le devriez, » dit-il. « Je pensais qu’à moins d’avoir cette expérience, je ne retirerais rien d’une relation. » Après un travail avec son thérapeute, il comprend que les relations amoureuses peuvent avoir plusieurs sens, selon les intérêts, attentes et besoins de chacun des partenaires.

La face noire

De nombreux parents se sentent forcés à former à la sexualité leurs adolescents dans le spectre, mais, selon une étude de 2016, ils ont besoin des conseils d’un expert. L’année dernière, les chercheurs de l’université de Cardiff, au pays de Galles, ont découvert une source de cette délicatesse : bien que les études sur la sexualité saine soient peu nombreuses et loin derrière les plus de 5 000 études publiées reliant l’autisme à des comportements inappropriés comme le harcèlement, les attouchements, ou les obsessions sexuelles. Un regard plus attentif à 42 de ces études révèle que ces problèmes se présentent souvent chez les personnes avec un autisme sévère, peut-être du fait de leur difficulté à reconnaître quand les autres personnes sont mal à l’aise.

Les comportements problématiques tendent aussi à se développer chez les enfants surpris par les modifications physiques de la puberté, menant les chercheurs à proposer que l’éducation sexuelle pourrait aider à limiter les mauvaises conduites. Pourtant, les cours d’éducation sexuelle normaux ne peuvent pas correspondre aux besoins des élèves avec autisme.

Aux Pays-Bas, un programme appelé Tackling Teenage Training, personnalise l’éducation sexuelle des jeunes gens avec autisme. Les adolescents inscrits suivent des séances de conseil personnel chaque semaine pendant six mois, se concentrant sur des sujets comme le sexe protégé, le respect des limites, et les préférences sexuelles. Cette année, un modeste essai clinique a montré que ce programme aide les adolescents avec autisme à améliorer leur savoir sexuel, prendre de la confiance et à prévenir les comportements inappropriés. Un an après avoir achevé le programme, les adolescents montraient encore des améliorations de leur savoir sexuel, de leur comportement social et des comportements sexuels problématiques.

Les programmes d’éducation sexuelle pourraient aussi aider à réduire les taux alarmants d’exploitation sexuelle des personnes avec autisme.

Les chercheurs de l’University College de Londres ont découvert une « incidence scandaleusement élevée » de vulnérabilité sexuelle : ils ont trouvé que 9 des 14 femmes de leur étude avaient connu des abus sexuels et trois d’entre elles avaient été violées par un inconnu. Plus de la moitié des femmes s’étaient senties enfermées dans une relation abusive à un moment de leur vie. Les femmes ont aussi formulé une incertitude sur les normes sociales et des difficultés à identifier les ’canailleries’ ou les drapeaux rouges les rendant vulnérables à l’exploitation sexuelle.

Au-delà de la protection des faibles et de la dissuasion des comportements déviants, ces programmes ambitionnent de guider les personnes avec autisme vers des relations solides et satisfaisantes.

Parfois l’amour fleurit sans formation formelle, dit Nichols, particulièrement pour les personnes comme Shore, qui sont naturellement motivées à noter les indices sociaux subtils. « C’est la plus grande conscience — cette conscience sociale des autres et aussi d’eux-mêmes — qui est vraiment importante, » dit Nichols. « Et l’adéquation du partenaire a une importance énorme. »

Shore se souvient du moment où il a réalisé que Liu était cette partenaire. Alors qu’il la conduisait dans la ville, un matin de printemps de 1989, Liu l’a regardé et dit qu’elle se sentait comme si ils étaient déjà mariés. « J’y ai pensé. Et réalisé qu’elle avait raison, » dit-il. À ce moment, ils se sont fiancés — sans bague, genou plié ou autres fantaisies d’une demande en mariage traditionnelle. « C’était nouveau, ça portait notre relation à un autre niveau, » se souvient Shore. « C’était très excitant. »

Shore a épousé une musicienne, une chose qu’il s’était toujours attendu à faire. Mais Liu avait grandi en Chine, ce qui contredisait son ancienne supposition d’un mariage à une personne partageant ses traditions et coutumes de la Nouvelle Angleterre. Il a compris que ça n’avait pas d’importance que ce ne soit pas le cas.

L’après-midi du 10 juin 1990, quelques 150 amis et membres de la famille se sont réunis à Cape Cod, Massachusetts, pour célébrer le mariage de Shore et Liu. Le couple a prêté serment à moins de 65 kilomètres de l’endroit où ils avaient partagé leur premier baiser.

14 mai 2017

En marche arrière pour la psychiatrie et la psychologie?

13.05.2017 par Franck Ramus

 

Au cours de la récente campagne présidentielle, un groupe s'est beaucoup agité pour faire valoir les intérêts des psychanalystes auprès des différents candidats. Après une pétition en ligne, ce groupe adresse maintenant une lettre au nouveau président de la république, avec des arguments bien connus car déjà maintes fois ressassés auxquels j'ai déjà répondu. Pour l'information du nouveau président et de son équipe gouvernementale, je réponds ici aux principaux points du texte qui lui est adressé.

"La France peut s’enorgueillir d’avoir formé des cliniciens de haute qualité"

Puisqu'on vous le dit!

"Mais ils sont actuellement de plus en plus marginalisés au profit des traitements médicamenteux, qui ne sont pourtant que de simples palliatifs. Leur consommation massive est de plus très couteuse"

Il est vrai que la France présente une consommation très importante de psychotropes, en particulier d'anxiolytiques et d'hypnotiques (voir Figure). Mais cette situation perdure depuis plusieurs décennies, alors même que la France est l'un des derniers bastions de la psychanalyse. Par conséquent, la fable selon laquelle la psychanalyse serait notre dernière rempart contre Big Pharma n'a aucune plausibilité. En France, on ne choisit pas psychotropes ou psychanalyse: on a psychotropes et psychanalyse, et massivement!

Consommation totale de psychotropes par habitant dans 30 pays européens

Consommation totale de psychotropes par habitant dans 30 pays européens. Source: Organe international de contrôle des stupéfiants, 2009.

 

Si les Français surconsomment des psychotropes, c'est au contraire parce que l'offre de soins en psychothérapies efficaces est extrêmement réduite en France, du fait justement de la domination de la psychanalyse. Les pays qui ont abandonné la psychanalyse il y a longtemps, mais qui (comme la Grande-Bretagne) ont formé massivement les psychologues et les psychiatres aux thérapies cognitives et comportementales (TCC), consomment 3 à 5 fois moins de psychotropes que la France.

I. Pour une psychiatrie de qualité

1) "Adaptation du numerus clausus à l’entrée en faculté de médecine."

Oui, tout le monde s'accorde à dire qu'il est insuffisant.

2) "Une formation spécifique des futurs psychiatres et pédopsychiatres. Elle n’existe plus."

Oui, la formation des psychiatres et surtout des pédopsychiatres est insuffisante et doit être renforcée. Cela ne peut se faire que sur la base des dernières connaissances scientifiques internationales, pas par un retour aux croyances du siècle dernier.

3) "Une formation spécifique des infirmiers en psychiatrie. Elle a été supprimée."

De même, cela ne peut se faire que sur la base des dernières connaissances scientifiques internationales, pas par un retour aux croyances du siècle dernier.

4) "Il faut suspendre les enseignements donnés à l’université par les laboratoires pharmaceutiques."

Tout à fait d'accord.

5) "Les enseignements aux formations thérapeutiques non pharmacologiques, à commencer par la psychanalyse, doivent être rétablis ou valorisés."

Oui, la formation aux psychothérapies doit être valorisée et généralisée dans les cursus de psychiatrie et de psychologie. Mais il importe de former les cliniciens aux psychothérapies qui ont une efficacité prouvée, comme les TCC, sûrement pas à la psychanalyse, dont l'efficacité sur les troubles mentaux n'est pas supérieure au placebo.

6) "Promotion des lieux d’accueil sur le modèle des Maisons Vertes, ou de la clinique La Borde, de même que les lieux de vie accueillant les autismes et les toxicomanies."

Les lieux d'accueil à promouvoir sont ceux qui mettent en œuvre les bonnes pratiques validées au niveau international et préconisées par la Haute Autorité de Santé.

II. Pour une formation des psychologues adaptée aux réalités de l’époque

1) "Changement des critères qui s’opposent au recrutement des Enseignants chercheurs d’orientation psychanalytique."

Aucun critère ne s'oppose spécifiquement au recrutement des enseignants-chercheurs d’orientation psychanalytique. Les mêmes critères doivent s'appliquer à tous les enseignants-chercheurs en psychologie, et doivent garantir qu'ils sont au fait des derniers développements de leur discipline au niveau international, comme je l'ai expliqué dans un précédent article.

2) "Un enseignement concernant les autismes et la toxicomanie dès le niveau Master."

Oui, du moment qu'il est fondé sur les connaissances scientifiques internationales à jour.

3) "Un enseignement spécifique de la déradicalisation."

Oui, du moment qu'il est fondé sur les connaissances scientifiques internationales à jour.

4) "Une formation au debriefing des traumatismes des grandes catastrophes, comme les attentats."

Oui, du moment qu'elle est fondée sur les connaissances scientifiques internationales à jour.

III. Pour une médecine de ville informée de la souffrance psychique.

1) "Une formation complémentaire pluridisciplinaire des médecins."

Oui, du moment qu'elle est fondée sur les connaissances scientifiques internationales à jour.

2) "Ouverture aux formations thérapeutiques non pharmacologiques, notamment psychologiques et psychanalytiques."

Les médecins généralistes doivent être informés des différentes formes de psychothérapie et de leur efficacité, afin de ne plus aiguiller les patients vers des prises en charge longues, coûteuses, et inefficaces, qui prolongent la souffrance psychique et ne laissent d'autre alternative pour l'atténuer que les psychotropes.

3) "Les médecins doivent actuellement coter leurs actes selon une classification orientée par le DSM 5 américain. Elle doit être remplacée par la classification française CFTMA et CFTMEA."

Non, en aucun cas. La Classification Internationale des Maladies, produite par l'Organisation Mondiale de la Santé est celle qui synthétise le mieux l'ensemble des connaissances scientifiques internationales, et doit par conséquent rester la référence pour la médecine française. Se baser sur une classification nationale idiosyncrasique et reconnue nulle part ailleurs n'aurait aucun sens. Il ne peut y avoir d'exception française en médecine.

IV. Pour une recherche pluridisciplinaire

1) "Les recommandations de la Haute Autorité de Santé doivent laisser aux cliniciens un libre choix thérapeutique. Il faut rappeler qu’elles ne sont pas opposables."

Non, les cliniciens ne doivent pas avoir le libre choix de faire n'importe quoi avec les patients, au mépris des connaissances scientifiques et de leurs codes de déontologie. Ils doivent constamment mettre à jour leur formation et faire évoluer leurs pratiques vers celles qui sont établies comme étant les plus efficaces. La Haute Autorité de Santé produit les synthèses des connaissances scientifiques internationales qui permettent d'établir le référentiel incontournable de ces pratiques.

2) "Les chercheurs en psychanalyse doivent être associés aux laboratoires de recherche, et cela avec leurs propres critères d’évaluation."

Comme les chercheurs de toutes les disciplines, les chercheurs en psychanalyse sont soumis à l'évaluation "par les pairs", ce qui garantit à la fois la compétence disciplinaire et la prise en compte des spécificités de chaque discipline.

3) Une référence aux critères anglosaxons ne doit plus être obligatoire pour la publication des résultats.

4) La publication en anglais dans des revues scientifiques américaines ne pas être obligatoire pour les recrutements.

Il n'y a pas de critères "anglo-saxons" pour la publication des résultats. Simplement, la recherche est une œuvre universelle accomplie collectivement par tous les chercheurs du monde dans toutes les disciplines. Participer à cette œuvre collective implique donc de porter ses travaux à la connaissance de tous les autres chercheurs de tous les pays. Par conséquent, cela implique de publier ses travaux en anglais. Ne pas le faire revient à s'isoler et à condamner ses travaux à rester inconnus et sans influence.

V. Pour une collaboration avec les associations d’usagers à tous les niveaux de décision.

Absolument. Et les associations d'usagers, à l'image des associations de familles d'enfants autistes, demandent unanimement des soins à l'efficacité démontrée, pas des cures du 19ème siècle sans efficacité connue.

Conclusion

La République en marche doit aller de l'avant dans tous les domaines, y compris en sciences et en médecine. Cela implique de s'engager toujours plus résolument dans la voie de la médecine fondée sur des preuves ("evidence-based"), et de délaisser sans regret toutes les pseudo-médecines héritées du passé. Remettre la psychanalyse au cœur de la psychiatrie et de la psychologie françaises constituerait une marche arrière gravissime, incompatible avec les ambitions du nouveau président.

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10 mai 2017

Commission scientifique internationale sur l'autisme - Thématique : Les adultes - 3 avril 2017

10 mai 2017

Travaux de la Commission scientifique internationale sur l'autisme 3 avril 2017

 

Préparation du 4ème plan autisme

Travaux de la Commission scientifique internationale sur l'autisme & conférence internationale du 3 avril 2017. La Commission scientifique internationale sur l'autisme contribue à établir les priorités de la politique publique en matière d'autisme, pour les cinq prochaines années, en tenant compte des dernières recherches et de l'état des connaissances internationales.

http://social-sante.gouv.fr

 

7 mai 2017

Martin Seligman : de la psychanalyse à la psychologie positive

6 mai 2017
Par Jacques Van Rillaer

Le professeur Seligman doit sa vocation de psychologue à la lecture de Freud. Ses études universitaires lui ont fait comprendre la faiblesse méthodologique du freudisme et l’ont motivé à devenir chercheur en psychologie scientifique. Parmi ses nombreux travaux, nous évoquons ici des expérimentations sur la dépression et sa contribution au courant de la psychologie dite “positive”.

L’analyse statistique des noms des psychologues du XXe siècle cités dans les publications universitaires de psychologie (revues et manuels) montre que Seligman occupe la 13e place [1]. Sa carrière est une longue série de réussites dans la recherche expérimentale (il a publié près de 200 articles dans ce domaine), l'enseignement (il a dirigé durant 14 ans le programme de formation des psychologues cliniciens à l’université de Pennsylvanie, puis a dirigé le Centre de psychologie positive dans la même université), la rédaction d’ouvrages pour psychologues (notamment, avec David Rosenhan, un excellent manuel de psychopathologie), la publication de livres pour le grand public (plus d’une dizaine, dont plusieurs devenus des best-sellers). C’est avec raison que son nom est apparu sur la couverture de grands magazines comme Time, New York Times ou Newsweek.

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Une vocation de psychologue née de la lecture de Freud
Seligman est né en 1942 à Albany (Etat de New York). Sa vocation de psychologue lui est venue durant l’adolescence, à la suite de la lecture des Leçons d’introduction à la psychanalyse de Freud. Il raconte : “Quand je parvins au passage où il parle de ceux qui rêvent souvent de perdre leurs dents, j'eus comme une révélation. Ces rêves avaient aussi été les miens! Son interprétation me laissa d'ailleurs bouche bée. Pour Freud, il s'agissait d'un symbole de castration et de l'expression de la culpabilité que l'on ressent par rapport à la masturbation. Je me demandais comment il pouvait si bien me connaître... J'étais à mille lieues de penser que, pour produire ce déclic chez le lecteur, Freud avait profité de la coïncidence de la fréquence, au cours de l'adolescence, des rêves portant sur les dents et de ce phénomène plus courant encore à cet âge qu'est la masturbation. Plausible, intrigante, l'explication recelait la promesse alléchante de révélations ultérieures. Ce fut alors que je décidai de consacrer ma vie à des interrogations comme celles de Freud” [2].

Le revirement
Seligman a fait des études de philosophie à l’université de Princeton. Il a alors compris que “Freud avait soulevé de bonnes questions”, mais que sa méthode — “tirer des conclusions extrêmes de quelques cas isolés” — était inadéquate: “J'en étais venu à penser que seule l'expérimentation permettrait à la science de démêler les causes et les effets en jeu dans des problèmes affectifs et ensuite d'y remédier” [2].
De 1964 à 1965, il étudie la psychologie à l'université de Pennsylvanie. Il s’y passionne pour la psychologie expérimentale et obtient son doctorat en 1967. Après avoir enseigné trois ans à l'université Cornell, il revient à l'université de Pennsylvanie, au département de psychiatrie, là où le déjà célèbre Aaron Beck, lui aussi revenu de la pratique et des paralogismes du freudisme, élaborait la “thérapie cognitive”. Seligman y acquiert une formation de clinicien. Comme Beck, il s'intéresse particulièrement à la dépression. En 1971, il est nommé professeur à l'université de Pennsylvanie. Il y fera toute sa carrière.

Des expériences sur le conditionnement de l’impuissance
Seligman a étudié, pendant plusieurs années, un processus qui s’observe dans le monde animal et chez les humains à travers une large variété de situations: l’attitude passive adoptée à la suite de la répétition de comportements qui n’ont pas abouti à un résultat intensément désiré (gratification ou réduction de souffrance). Il appelle ce processus helplessness, mot traduit par impuissance, détresse, résignation, incapacité à s’en sortir, sentiment d’inefficacité. Le bilan de ces recherches se trouve dans son livre Helplessness (1975). Une édition remaniée est parue environ 20 ans plus tard [4].
L’expérience paradigmatique sur ce processus a été publiée par Seligman en 1967. Elle se déroule en deux phases, avec trois groupes de huit chiens. Les animaux, maintenus dans un harnais, apprennent à faire cesser des chocs électriques en appuyant le nez sur une plaque. Ils font ainsi l’expérience de leur capacité à contrôler une situation pénible. D’autres chiens sont appariés aux 1ers : ils endurent très précisément les mêmes chocs que ceux subis par les chiens du premier groupe au cours de leur apprentissage, mais ils n’ont aucun pouvoir d’agir sur les chocs. Un 3e groupe de chiens (groupe “témoin”) ne subissent pas cette 1ère étape de l’expérimentation.
La 2e phase de l’expérience a lieu 24 heures plus tard. Chaque animal est placé dans une “cage d’échappement” (shuttle box), un dispositif qui comprend deux compartiments, A et B. En A, le plancher permet d’administrer des chocs électriques. En B, l’animal ne subit jamais de chocs. Une barrière, pas très difficile à franchir, sépare les compartiments.

shuttle-box
Chaque animal est placé en A et subit des chocs. Tous les chiens, qui dans la 1ère phase avaient arrêté les chocs en appuyant sur une plaque, apprennent rapidement à franchir l'obstacle pour se rendre en B. Ceux du 3e groupe apprennent tout aussi bien. Par contre, 6 des 8 chiens qui, dans la 1ère phase de l'expérience, avaient subi des chocs sans pouvoir rien y changer, restent passivement dans le compartiment où ils endurent des chocs. Ils apparaissent résignés (helpless) à subir une situation pénible.
L'équipe de l'université de Pennsylvanie a réalisé un grand nombre d'expériences sur ce modèle, avec des animaux différents (chats, rats, pigeons) et en faisant varier plusieurs paramètres de la situation. Ainsi, les chercheurs ont constaté par exemple que des animaux soumis longtemps à des chocs incontrôlables peuvent devenir durablement passifs.

Dépressions chez l’animal et chez l’homme
Les animaux rendus sévèrement helpless présentent de nombreuses analogies avec des humains déprimés. Dans les deux cas, on observe une réduction sensible des comportements actifs, efficaces, et un ralentissement psychomoteur. Les conduites compétitives, l'appétit, l’activité sexuelle et autres activités agréables diminuent. Au plan physiologique: diminution des catécholamines et augmentation de l'activité cholinergique. Un trait essentiel de la dépression chez l'être humain est la tristesse ou le désespoir. Pour autant qu'on puisse en juger, c'est aussi le cas des chiens qui ont souffert sans possibilité de réagir.
Il y a évidemment des différences substantielles entre les dépressions chez les humains et chez les animaux. Un homme peut déprimer parce qu'il est perfectionniste, parce qu'il s'impose des normes irréalistes. Il peut déprimer pour des questions d'honneur, par suite de culpabilité, de honte ou parce qu'il rumine l'idée qu'il est, fondamentalement, dépressif et se convainc qu'il est en train de rechuter [5]. Toutefois, si l'on prend du recul, on constate un facteur causal commun à un grand nombre de dépressions psychogènes (nous laissons ici de côté les dépressions endogènes, dont l'étiologie est essentiellement physiologique): l'impuissance à contrôler des événements pénibles comme on le voudrait. Chez l'animal, c'est essentiellement l'environnement qui joue. Chez l'être humain, ce sont à la fois des circonstances et des croyances relatives à ce qui devrait être.

Une réfutation de la théorie freudienne de la dépression
Ces observations permettent une mise en question de la théorie freudienne de la dépression. Seligman écrit : “Les patients déprimés ne manifestent pratiquement plus d’hostilité envers les autres. Ce symptôme est à ce point frappant que Freud et ses disciples en ont fait la base de leur théorie psychologique de la dépression. Freud croyait que lorsqu’un objet aimé est perdu, le déprimé éprouve de la colère et retourne cette colère libérée contre lui-même, étant donné que celui qui l’a ‘abandonné’ n’est plus là pour endurer la plus grande part de l’hostilité. Cette hostilité introjectée cause la dépression, la haine de soi, les souhaits de suicide et, évidemment, ce symptôme caractéristique de manque d’hostilité envers l’extérieur. Il n’y a malheureusement guère de faits observables qui confirment cette théorie. La théorie est à ce point éloignée de données observables qu’il est presque impossible de la tester directement. On pourrait supposer qu’on puisse le faire par des observations sur les rêves. Selon la théorie psychanalytique, l’hostilité réprimée du déprimé devrait se libérer dans des rêves. En réalité, les rêves des déprimés, comme leur vie éveillée, sont exempts d’hostilité. Même dans les rêves, ils se voient comme des victimes passives et des perdants (Beck & Hurvich, 1959 ; Beck & Ward, 1961). […] L’agressivité n’est qu’une réponse du système volontaire qui se trouve minée par la croyance d’être sans pouvoir” [6].
Notons que, conformément à l’usage de son époque, Freud écrivait “mélancolie” là où on écrirait aujourd’hui “dépression”. Il parlait de “sadisme” et de “haine” plutôt que d’“hostilité”: “L’auto-tourment (Selbstquälerei) de la mélancolie, indubitablement riche en jouissance, signifie, tout à fait comme le phénomène correspondant de la névrose de contrainte [7], la satisfaction de tendances sadiques et de haine qui concernent un objet et ont, sur cette voie, subi un retournement sur la personne propre” [8].

Des expériences d’efficacité pour sortir de la dépression
Après avoir provoqué un état de passivité ou de dépression chez des chiens, Seligman a cherché comment on peut y remédier. La 1ère tentative a consisté à replacer des chiens “helpless” dans le compartiment A de la cage d’échappement, mais sans la barrière entre A et B. Les animaux n’ont guère bougé. Ensuite, Seligman s’est placé au bout du compartiment B et a appelé les chiens. Les animaux sont demeurés tout aussi inactifs. La 3e tentative a consisté à affamer les chiens et à les mettre ensuite dans le compartiment A, d’où ils pouvaient percevoir du salami placé en B. Cette séduction est restée sans effet.
Une 4e procédure a eu un effet thérapeutique : pousser l’animal à faire des expériences d’efficacité. Dans une cage sans barrière, les expérimentateurs ont tiré les chiens avec une laisse depuis A jusqu’en B. Durant les premiers essais, les animaux se laissaient traîner et quelques-uns faisaient même de la résistance. Après 25 à 200 répétitions de la procédure selon les chiens, tous sont passés de leur propre initiative de A en B. C’est alors qu’une barrière entre A et B a été placée. D’abord petite, sa hauteur a été progressivement augmentée jusqu’à devenir la barrière que les chiens “non helpless” avaient appris à franchir sans difficulté. Cette fois, tous les animaux ont réussi l’apprentissage.
Cette procédure avait déjà son équivalent dans la panoplie des psychothérapies. À l’époque, des comportementalistes utilisaient avec succès des traitements par tâches graduées, appelés “activation comportementale”. Les patients étaient invités à définir avec le thérapeute des activités réalisables, puis ils les hiérarchisaient selon le degré de difficulté et ils commençaient par effectuer les tâches les plus faciles, de manière à retrouver petit à petit un sentiment d’efficacité et d’estime de soi. Les expériences de Seligman constituent un modèle simplifié de cette thérapie. Elles n’en sont pas moins instructives.

Immuniser contre les épreuves
Une petite proportion des chiens que Seligman a soumis à des chocs non contrôlables ne sont pas devenus apathiques. Une question de tempérament? Des expériences montrent que des chiens et des rats, qui ont contrôlé à de multiples reprises des situations aversives, résistent mieux que d’autres lorsqu’ils subissent par la suite des décharges non contrôlables. Les animaux qui ont enduré des chocs incontrôlables sans “immunisation comportementale” préalable, mais aussi ceux qui ont vécu en laboratoire à l’abri d’événements pénibles résistent moins bien aux épreuves. On retrouve ici des analogies avec le monde humain: les individus qui ont subi, dans leur enfance, des traumatismes (p.ex. la mort d’un ou des parents) sont prédisposés à déprimer, mais ceux qui ont été élevés comme des enfants gâtés, sans avoir dû faire des efforts pour affronter des situations difficiles, sont également démunis. Les individus qui résistent le mieux aux épreuves de la vie sont ceux qui ont rencontré de sérieuses difficultés qu’ils ont appris à surmonter.

La “psychologie positive”
Dans les années 1990, l’essentiel des recherches de Seligman a porté sur la prévention de la dépression et les conditions psychologiques d’une vie plus heureuse.
Durant le XXe siècle, la psychologie était “pathocentrée”, elle était focalisée sur les troubles psychologiques. Peu de psychologues s’étaient employés à favoriser l’optimisme, l’amabilité, la générosité et d’autres comportements qui font une vie de qualité. En 1998, quand Seligman devient président de l’Association américaine de Psychologie, il va donner une nouvelle impulsion en popularisant le concept de “psychologie positive”. Il entend par là l’étude scientifique des conditions psychologiques d’une “vie pleine” (full life) ou, du moins, d’une vie relativement heureuse et ayant du sens. Certes, des auteurs avaient déjà parlé de “développement du potentiel humain” et de thèmes apparentés, mais la plupart n’avaient guère eu le souci de vérifier systématiquement leurs belles théories et les résultats de leurs interventions.
Seligman ne cherche pas à vendre des recettes de bonheur en tenant des discours humanistes et en racontant des histoires édifiantes. Il teste la valeur de procédures en les soumettant aux règles de la vérification empirique qu’on utilise pour évaluer les traitements médicaux et les psychothérapies.
L’objectif majeur de la “psychologie positive” est d’aider les intéressés à construire une vie heureuse par des “interventions positives” plutôt que par une focalisation sur des dysfonctionnements psychologiques et une analyse interminable d’événements du passé. Seligman écrit : “Une des deux découvertes les plus significatives qu'ait faites la psychothérapie, en cent ans, est que les réponses satisfaisantes aux grands ‘pourquoi?’ sont fort difficiles à trouver ; peut-être que, d'ici cinquante ans, les choses auront changé et peut-être que non. […] Soyez sceptique, même envers vos expériences qui vous paraissent significatives. Quand vous retrouvez la furie ressentie le premier jour de la maternelle, ne vous imaginez pas que vous avez découvert la source de votre terreur constante de l'abandon. Les liens de causalité ne peuvent être qu'illusoires et l'humilité s'impose. L'autre découverte significative résultant de tous les efforts psychothérapeutiques est que les changements sont à notre portée tout au long de l'âge adulte. Alors, même si le pourquoi de ce que nous sommes demeure un mystère, la manière de nous changer n'en est plus un” [9].
Les procédures testées se rapportent principalement à trois conditions du bien-être psychologique: savoir générer des émotions agréables, s’engager dans des activités gratifiantes et valorisantes, se dépasser en se mettant au service d’une cause ou d’“institutions positives”, comme la famille, une communauté ou un parti politique.
Des exemples de comportements inducteurs de bien-être dont Seligman a évalué l’effet sont: apprendre à savourer davantage des activités quotidiennes ; pardonner une offense en écrivant une lettre ou en arrangeant une rencontre ; exprimer sa gratitude à quelqu’un, à qui on ne l’avait jamais fait ; identifier ses points forts et les développer dans de nouvelles situations ; consacrer du temps à une activité altruiste.
La majorité des êtres humains ont tendance à être attentif à des événements “négatifs” [10]. L’exercice “Les trois bonnes choses” inverse cette tendance. Chaque soir, avant de se coucher, on met par écrit trois événements qui se sont bien passés durant la journée, et pourquoi il en a été ainsi. Des recherches empiriques montrent qu’à prendre au sérieux cet exercice tout simple, on devient plus attentif à des éléments positifs de la vie quotidienne. Le degré de dépressivité diminue chez des personnes modérément déprimées [11].

Pour en savoir plus sur l’œuvre de Seligman :
Seligman, M. (2008) La force de l’optimisme. Trad., InterEditions, 288 p.
Seligman, M. (2011) La fabrique du bonheur. Trad., InterEditions, 368 p.

Pour un exposé documenté et rigoureux sur la psychologie positive :
Shankland, R. (2014) La psychologie positive. Dunod, coll. Psycho Sup, 2e éd., 2014, 244 p.
Présentation : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2326
Site recommandé sur la psychologie positive : http://www.psychologie-positive.net

Deux sites pour d’autres publications de J. Van Rillaer sur la psychologie, la psychopathologie, l'épistémologie, les psychothérapies, les psychanalyses, etc.
1) Site de l'Association Française pour l'Information Scientifique:
www.pseudo-sciences.org
2) Site de l'université de Louvain-la-Neuve
1° Taper dans Google : Moodle + Rillaer + EDPH
2° Cliquer sur : EDPH – Apprentissage et modification du comportement
3° A la page suivante, cliquer “Oui” à  : "Règlement"

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[1]Haggbloom, S. et al. (1999) The 100 most eminent psychologists of the 20th century. Review of General Psychology, 6 : 135-152.
[2] Apprendre l'optimisme. Paris : InterEditions, 1994, p. 28s.
[3] Ibidem, p. 29.
[4] Peterson, C., Maier, S. F. & Seligman, M. (1993) Learned Helplessness : A Theory for the Age of Personal Control. Oxford University Press, 370 p.
[5] Sur le rôle, souvent très important, des ruminations dans la dépression, voir : “Les ruminations mentales : fonctions, dysfonctionnements, traitements” — http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2723
[6] Seligman, M. (1975) Helplessness. Freeman, p. 89.
[7] Au lecteur non spécialisé, je signale que “névrose de contrainte” (Zwangsneurose) correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui “trouble obsessionnel-compulsif”.
[8] “Deuil et mélancolie” (1917) Trad., Œuvres complètes, PUF, XIII, p. 272.
[9] Changer, oui, c’est possible. Éditions de l’Homme, 1995, p. 363. Noter que le titre de la traduction est trompeur. Dans What you can change and what you can’t (1993), Seligman fait le point des connaissances sur le degré de difficulté de changer différents types de changement et sur les méthodes les plus efficaces pour changer… lorsque c’est possible.
[10] C’est vrai pour les perceptions, les souvenirs et les anticipations. Pour une revue de recherches : Baumeister, R.F., Bratslavsky, E. & Finkenauer, C. (2001) Bad is stronger than good. Review of General Psychology, 5 : 323-370.
[11] Seligman, M., Steen, T., Park, N. & Peterson, C. (2005) Positive psychology progress. Empirical validation of interventions. American Psychologist, 60 : 410-421.

4 mai 2017

Autisme et déficiences intellectuelles : la communication entre les neurones mise en cause

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Une étude collaborative internationale, coordonnée par Frédéric Laumonnier (Unité 930 « Imagerie et Cerveau » Inserm/ Université de Tours) et Yann Hérault de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (Inserm/ CNRS/ Université de Strasbourg), apporte des données nouvelles et originales sur le rôle physiopathologique des zones de contact entre les neurones dans certains troubles cérébraux. L’étude révèle que la mutation d’un des gènes impliqués dans les déficiences intellectuelles et l’autisme entraine un dysfonctionnement au niveau des synapses, structures essentielles pour la communication neuronale. Les travaux sont parus le 18 avril 2017 dans la revue Molecular Psychiatry.

L’autisme et les déficiences intellectuelles (DI) sont des troubles psychiatriques apparaissant principalement au cours de la période du développement cérébral et qui persistent souvent à l’âge adulte. On constate chez les personnes atteintes d’autisme des incapacités à établir des interactions sociales et à communiquer, des troubles du comportement ; en outre les sujets ayant une DI présentent des difficultés de compréhension, de mémoire et d’apprentissage. Si les origines sont encore mal connues, on sait désormais qu’une part significative d’entre elles sont associées à des mutations génétiques.

Au cours du développement du cerveau, la formation des synapses est indispensable pour les fonctions cérébrales comme la mémoire et l’apprentissage. Les synapses sont les zones de contact entre les neurones, assurant la connexion et la propagation de l’information entre eux. Certaines sont inhibitrices et d’autres excitatrices, pour permettre la mise en place de réseaux neuronaux fonctionnels. Or, des mutations d’un gène nommé PTCHD1 (Patched Domain containing 1), localisé sur le chromosome X et qui permet l’expression d’une protéine potentiellement impliquée dans le fonctionnement des synapses, ont récemment été identifiées chez des garçons atteints des troubles cités précédemment. Ces mutations entrainent la perte d’expression du gène.

Afin de valider l’implication des mutations du gène PTCHD1 dans les troubles de l’autisme et des DI, Yann Hérault et ses collaborateurs ont créé un modèle murin n’exprimant plus le gène PTCHD1. Ils ont observé chez ces animaux des défauts importants de mémoire, ainsi que des symptômes significatifs d’hyperactivité confirmant ainsi l’implication du gène dans l’autisme et les DI. Des études menées en parallèle par l’équipe de Frédéric Laumonnier ont permis, d’une part, de montrer que la protéine PTCHD1 était présente au niveau des synapses excitatrices et, d’autre part, de déceler chez ces mêmes souris, des modifications au niveau des synapses.

Ces altérations de la structure et de l’activité synaptique dans les réseaux neuronaux excitateurs sont particulièrement significatives dans une région au centre du cerveau appelée l’hippocampe. Cette région joue un rôle majeur dans les processus cognitifs, notamment la mémoire et la formation de nouveaux souvenirs.

Des anomalies génétiques impactant la structure ou de la fonction de ces synapses constituent une cible physiopathologique dans l’autisme et la DI. Dans ce cadre, ces travaux définissent une nouvelle « maladie » des synapses causée par une mutation du gène PTCHD1. Ce dysfonctionnement apparait au cours du développement du système nerveux central et est associé aux déficiences intellectuelles et à l’autisme. La compréhension des mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent ces troubles neuro-développementaux, notamment grâce à l’étude d’organismes modèles, est essentielle pour améliorer les stratégies thérapeutiques.

2 mai 2017

Dispositifs et modalités d’accompagnement des personnes handicapées dans les établissements et services médico-sociaux

30 avril 2017

Autisme GENEVE Colloque 2016 « Autisme: quel chez-soi à l’âge adulte? » - Les films sont en ligne

information publiée sur le site d'Autisme GENEVE

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Vous pouvez désormais accéder aux enregistrements filmés des présentations du Colloque 2016 « Autisme: quel chez-soi à l’âge adulte? » sur notre chaîne YouTube: cliquez ICI pour les visualiser

Ou alors via la page du Colloque 2016: http://autisme-ge.ch/colloque-19-novembre-2016-autisme-quel-chez-soi-a-lage-adulte/

28 avril 2017

La question des médicaments dans l’autisme

article publié dans le forum Asperansa

autism drug problemDe nombreuses personnes dans le spectre prennent des médications multiples — pouvant entraîner de sérieux effets secondaires et ne pas être efficaces.




Autism’s drug problem
https://spectrumnews.org/features/deep-dive/autisms-drug-problem/

par Lauren Gravitz
le 19 avril 2017 illustrations de Keith Negley

Connor a été précocement diagnostiqué d’un autisme — à 18 mois. Son état était alors déjà évident. « Il alignait les objets, allumait et éteignait les lampes, allumé - éteint, » dit sa mère, Melissa. Il était brillant mais il n’a pas beaucoup parlé jusqu’à l’âge de trois ans, il était facilement frustré. Une fois scolarisé, il ne pouvait pas rester assis en classe, posait des questions sans lever la main et était visiblement énervé quand il ne pouvait pas maîtriser un concept mathématique ou un exercice d’écriture suffisamment rapidement. « Un jour, il s’est enroulé dans le tapis comme un burrito et n’a pas voulu en sortir avant que j’arrive, » se souvient Melissa. (Toutes les familles citées dans cet article sont seulement identifiées par les prénoms, pour protéger leur vie privée.)

Le premier médicament psychiatrique a été prescrit à Connor à l’âge de six ans, du méthylphénidate (Ritalin). Cela n’a pas duré longtemps, mais quand il a eu sept ans, ses parents ont à nouveau essayé. Un psychiatre a suggéré une faible dose d’amphétamine et de dextroamfétamine (Adderall), un stimulant communément utilisé pour le traitement du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Le médicament semblait améliorer son temps scolaire : il pouvait rester tranquille plus longtemps et se concentrer sur ce que disaient ses professeurs. Son écriture en grattements est devenue lisible. Puis, soignée. Puis encore, parfaite. Alors c’est devenu une chose qui a commencé à obséder Connor.

« On nous disait que c’est un compromis ; si ça l’aide suffisamment à supporter l’école, vous devez décider si ça vaut la peine, » dit Melissa. Cela a valu la peine — pour un temps.

Mais quand les effets de l’Adderall se sont dissipés, Connor a connu une période plus difficile que jamais. Il passait ses après-midis à pleurer, à ne pas faire grand-chose. Le stimulant rendait difficile son endormissement. Donc, après un ou deux mois, son psychiatre a ajouté un second médicament — la guanfacine (Intuniv), couramment prescrite pour le TDAH, l’anxiété et l’hypertension, mais pouvant aussi être utilisée pour l’insomnie. Le psychiatre espérait que cela puisse à la fois faciliter les après-midis de Connor et l’aider à dormir.

De certaines façons, cela a eu un effet positif. Ses après-midis sont devenues un peu meilleures, mais Connor a développé des sautes d’humeur intenses, il était si irritable que chaque soir était une lutte. Plutôt que de simplement s’agiter dans le lit, il refusait même de se glisser sous les draps. « Il ne voulait pas se coucher parce qu’il était toujours en colère contre quelque chose, » dit Melissa. « Il se blessait toujours, continuait, était énervé le soir et pleurait. »

Après sept mois, ses parents ont déclaré que la combinaison était intenable. Ils ont remplacé la guanfacine par de la mélatonine en vente libre, qui a aidé Connor à s’endormir sans effets secondaires apparents. Mais au bout d’un an, il avait acquis une tolérance à l’Adderall. Le psychiatre de Connor a augmenté la dose, ce qui, en conséquence, a déclenché des tics : Connor a commencé à hocher de la tête et à renifler. Finalement, à l’âge physique de neuf ans, son docteur a découvert qu’il n’avait grandi que de quelques centimètres depuis son septième anniversaire. Il n’avait pas non plus pris de poids en deux ans ; pour le poids, il était descendu du 50ème centile au 5ème.

Ça a été la fin de toutes les expérimentations. Ses parents ont retiré toutes les prescriptions de médicaments et aujourd’hui, à presque treize ans, Connor est toujours sans médication. Ses tics ont presque disparu. Bien qu’il ait des difficultés à rester concentré en classe, sa mère dit que le ratio risque/bénéfices de l’essai d’un nouveau médicament ne semble pas être intéressant. « Pour l’instant, nous pouvons vivre sans ça, c’est ce que nous faisons. »

Connor n’est que l’un des nombreux, nombreux enfants avec autisme à qui l’on donne de multiples prescriptions. Phoenix n’avait que quatre ans quand il a commencé à prendre du rispéridone (Risperdal), un médicament approuvé pour l’irritabilité dans l’autisme. Maintenant âgé de quinze ans, il a pris plus d’une douzaine de médicaments différents. Ben, trente-quatre ans, a un autisme, mais pendant des années il a été mal diagnostiqué. Il était au collège quand sa mère a insisté pour qu’il prenne des médicaments pour la dépression et son comportement perturbateur. Son médecin a essayé un antidépresseur après l’autre ; rien n’a marché. Au lycée, à quinze ans, il a été une nouvelle fois mal diagnostiqué, cette fois de trouble bi-polaire et on lui a donné un anticonvulsivant et un antidépresseur.

Pour Connor, l’élimination des médications prescrites a été difficile, mais faisable. Pour d’autres, des médications multiples semblent indispensables. Il n’est pas inhabituel pour des enfants avec autisme de prendre deux, trois, voire même quatre médicaments en même temps. De nombreux adultes avec autisme font de même. Les données sont faibles pour les deux populations, mais le peu d’informations disponible suggère que les prescriptions multiples sont encore plus courantes chez les adultes avec autisme que chez les enfants. Les cliniciens sont particulièrement soucieux des enfants touchés, parce que les médicaments psychiatriques peuvent avoir des effets de long-terme sur leurs cerveaux en développement, ils sont pourtant rarement testés sur les enfants.
En général, la polypharmacie — le plus souvent définie comme la prise de plus d’un médicament prescrit au même moment — est commune chez les personnes avec autisme. Dans une étude de plus de 33 000 personnes de moins de 21 ans avec autisme, au moins 35% avaient pris deux médicaments psychotropes simultanément ; 15% en avaient pris trois.

« Les médicaments psychotropes sont abondamment utilisés chez les personnes avec autisme parce qu’il n’existe pas tant de traitements disponibles, » dit Lisa Croen, directrice du Autism Research Program de Kaiser Permanente à Oakland, en Californie. « L’utilisation lourde de la médication est-elle mauvaise ? C’est la question. Nous ne savons pas ; ça n’a pas été étudié. »

Parfois, comme dans le cas de Connor, un second médicament est prescrit pour traiter les effets secondaires du premier. Plus souvent, les médecins prescrivent des médicaments pour chaque symptôme individuel — un stimulant pour la concentration, des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (SSRIs) pour la dépression, des antipsychotiques pour l’agressivité, ainsi de suite. (Les enfants avec autisme et épilepsie prennent aussi couramment des anticonvulsivants. Mais parce que ces médicaments sont efficaces et faciles à évaluer, ils ne sont pas généralement considérés comme faisant partie du problème de la polypharmacie.)
« Les gamins commencent par le Zoloft, le Depakote et le rispéridone, » dit Matthew Siegel, professeur assistant de psychiatrie pédiatrique à l’université Tufts de Medford, au Massachusetts. « Zoloft est un antidépresseur, Depakote est un stabilisateur de l’humeur, rispéridone est un antipsychotique — trois médicaments psychotropes prescrits à un seul individu. »
D’autres fois, du fait des déménagements, des modifications dans la couverture de santé ou simplement d’un manque de communication, les personnes dans le spectre finissent par consulter plusieurs médecins, chacun d’entre eux ayant leur propre idée du traitement et pouvant ajouter un nouveau médicament sans en retirer un autre.
La raison de cette confusion : il n’existe pas de médication qui traite la pathologie sous-jacente.
Les caractéristiques principales de l’autisme comprennent des comportements répétitifs, une difficulté avec les interactions sociales et des troubles de la communication. La thérapie peut fournir une aide, mais pour l’instant aucune médication ne peut améliorer ces problèmes. À la place, les médicaments traitent uniquement certaines des caractéristiques périphériques — le TDAH, l’irritabilité, l’anxiété, l’agressivité, l’auto-mutilation — qui rendent la vie difficile pour les personnes avec autisme.

Cette pratique peut fournir personnes un cocktail médicamenteux qui pourrait ne pas être efficace ni approprié. Chaque médecin doit faire son propre meilleur choix sur ce qui marche et est sûr, parce qu’il n’y a toujours pas suffisamment de recherche. « Nous disposons de si peu d’études ayant observé les médications uniques, si peu d’études ont même comparé directement des médicaments uniques, » dit Bryan King, vice-président de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université de Californie, San Francisco. « Il reste un si long chemin à parcourir avant d’arriver à l’étude de ces combinaisons spécifiques. »

Le dopage direct

La Food and Drug Administration américaine n’a approuvé que deux médicaments pour les enfants et les adolescents avec autisme : le rispéridone et l’aripiprazole (Abilify), tous deux des antipsychotiques atypiques prescrits pour les comportements associés à l’irritabilité, comme l’agression, les crises de colère et l’auto-mutilation. Les médicaments aident à la diminution de ces comportements dans 30 à 50% des cas, mais sont sans effet sur les autres. Et c’est une lacune majeure : les problèmes psychiatriques sont courants chez les enfants avec autisme. Selon une étude de 2010, plus de 80% des enfants avec autisme dans un centre de santé psychiatrique avaient aussi un TDAH, 61% avaient au moins deux troubles de l’anxiété, 56% vivaient une dépression sévère.

Les diagnostics multiples mènent à des cocktails médicamenteux, mais aucun essai clinique n’a testé les combinaisons de médications les plus courantes, donc les interactions potentielles médicament-médicament sont inconnues. « Chaque médicament a ses effets secondaires, quand vous commencez à les mélanger vous voyez une chose qui n’a pas été étudiée, » dit King. « Et dans l’autisme, quand vous pouvez avoir des troubles de la communication, c’est encore plus préoccupant, parce que les personnes sont moins susceptibles de pouvoir vous dire que le traitement les fait se sentir malades. »

Au-delà de ça, disent les chercheurs, il y a le fait que les traitements pourraient même ne pas marcher.

« De nombreuses études ont observé l’utilisation de médicaments pour le TDAH pour le traitement des symptômes du TDAH chez les personnes avec autisme. On peut dire la même chose pour les troubles obsessionnels compulsifs et les comportements répétitifs, » dit Daniel Coury, un pédiatre du développement au Nationwide Children’s Hospital de Columbus, dans l’Ohio. « Et avec tout ça, nous voyons qu’ils ne fonctionnent pas aussi bien que chez les personnes sans autisme. »

Cette recherche, elle aussi, est relativement lacunaire et composée principalement d’études non contrôlées. Une méta-analyse de 2013 a conclu que la plupart des études de médicaments psychiatriques pour des caractères de l’autisme sont soit trop petites ou n’ont pas le plan correct pour déterminer l’efficacité des médicaments. La recherche existante, ont écrit les chercheurs de cette étude, « est uniquement suggestive et attend une véritable évaluation par des études correctement contrôlées. »

Les symptômes de dépression, de troubles obsessionnels compulsifs, de TDAH et d’autres pathologies chez les personnes avec autisme semblent similaires à ceux que les personnes sans autisme peuvent connaître. Mais parce que la cause sous-jacente est différente, la biochimie peut être complètement différente — et aussi hautement variable d’une personne à une autre.

« C’est un grand problème pour tous les traitements dans l’autisme, » dit Siegel. Avec tant de variations génétiques sous-jacentes dans l’autisme, la situation de chaque individu est différente, donc chaque traitement doit être personnalisé. Selon le médicament, seulement 20% des personnes pourraient en tirer bénéfice, même dans les conditions idéales d’une étude clinique. Dans ce milieu, l’aripiprazole et le rispéridone se détachent parce qu’ils fonctionnent jusqu’à 50% du temps ; « 50%, c’est comme un essai transformé, » dit Siegel.

Paradoxalement, une autre raison pour laquelle les enfants et les adultes avec autisme pourraient prendre de multiples médicaments est que — comme dans le cas de Connor — les médecins prescrivent une seconde médication pour atténuer les effets secondaires du premier. Les antipsychotiques, par exemple, peuvent entraîner une prise de poids et des problèmes métaboliques, ou même des convulsions. Quelques médecins ajoutent de la metformine pour contrer la prise de poids, ou de la benztropine (Cogentin) pour les mouvements brusques.

Mais chaque prescription supplémentaire apporte ses propres effets secondaires potentiels. La metformine peut causer des douleurs musculaires et, moins souvent, de l’anxiété et de la nervosité ; la benztropine peut mener à la confusion et à des problèmes de mémoire. Les médecins moins expérimentés dans le traitement de l’autisme pourraient mal interpréter ces effets médicamenteux comme de nouveaux symptômes, qu’ils pourraient être tentés de traiter aussi par des médicaments. La grande majorité des psychotropes sont prescrits par des médecins généralistes ayant peu ou pas d’expérience de l’autisme, dit Siegel. « Si les gens ne savent pas ce qu’ils font, vous pouvez imaginer que les enfants sont plus susceptibles de finir avec des médications multiples. »

Des pilules empoisonnées

Enfant, Ben a connu de nombreuses difficultés typiques d’un enfant avec autisme : anxiété sociale, difficulté d’insertion, dépression douce, éclats de colère intense, tendance à être à la fois inattentif et perturbateur en classe. Quand il a eu douze ans, une évaluation scolaire a trouvé qu’il avait des problèmes de traitement sensoriel et une dysgraphie — une difficulté avec l’écriture manuscrite — mais pas d’autisme. À la demande de sa mère, son médecin a essayé un antidépresseur. Cela n’a pas aidé. Toutefois, ça lui a donné des maux de tête. Comme l’a fait l’antidépresseur suivant, comme le suivant. Les effets secondaires ne valaient pas la peine, donc Ben a connu un répit, au moins pour un temps.

Deux années plus tard, quand il a eu seize ans et une période particulièrement difficile à l’école et à la maison, sa mère a insisté pour qu’il essaie à nouveau une médication. Leur nouveau médecin de famille a prescrit un antidépresseur qui venait d’être diffusé, un SSRI appelé citalopram (Celexa), avec l’instruction pour Ben et sa mère d’effectuer un suivi par un spécialiste. Mais cette année-là a été trop chaotique pour un suivi, Ben est resté au citalopram.

Pendant l’année suivante, ses performances scolaires se sont progressivement détériorées. Ben était de plus en plus harcelé par ses camarades et il répondait de plus en plus par l’agression, donc sa mère l’a finalement présenté à un thérapeute. Le thérapeute a diagnostiqué Ben d’un trouble bipolaire et l’a orienté vers un psychiatre avec la consigne d’ajouter un acide valproïque (Depakote) au mélange médicamenteux. Ben se souvient que le psychiatre a posé quelques questions, puis lui a simplement tendu une ordonnance pour les deux médicaments demandés par le thérapeute. L’autisme de Ben restait non reconnu.

« C’est alors que les choses ont radicalement changé, » dit Ben. Il a pris 25 kilos. Il ne pouvait pas se concentrer en classe. Il s’est retrouvé dans des prises de bec à l’école et à la maison, son anxiété a fait un bond. « Mon comportement est devenu bien plus agressif et instable, » dit-il. Il se réveillait, terrifié, au milieu de la nuit et tournait en rond autour de la pièce. « Je ne crois pas que ça serait monté autant si je n’avais pas été sous médicament, » dit-il. Il a lutté contre son père. « J’étais brisé, sanglotant, désespéré et faisait un trou dans le mur avec mes poings. »

Cinq médications et cinq médecins plus tard, Ben était toujours léthargique, irritable, en colère et avec des difficultés à se concentrer.

Déterminer la bonne combinaison de médicaments est particulièrement difficile quand il y a peu, voire aucune continuité dans le soin. Dans le cas de Ben, non seulement avait-il un mauvais diagnostic, mais sa famille a déménagé deux fois. Pour couronner le tout, son thérapeute et son psychiatre prescripteur ne communiquaient pas sur le diagnostic et le traitement. Dans d’autres cas, les personnes pourraient ne pas avoir accès à des médecins avec une expertise de l’autisme. Quelques personnes changent de médecin dans l’espoir d’en trouver un avec une approche qu’ils apprécient, ou quand leur couverture de santé change. Ils pourraient voir un généraliste qui prescrit un traitement sur trente jours avec instruction de trouver un clinicien pour gérer leurs soins. Mais ils pourraient alors aller vers un autre docteur qui prescrirait un autre médicament avec des instructions similaires. Les médications s’additionnent « parce qu’il n’y a pas de personne centrale, » dit Shafali Jeste, une neurologue pédiatrique de l’université de Californie, à Los Angeles. « Je le vois tout le temps à Los Angeles. »
Le nombre de prescriptions peut gonfler quand les enfants deviennent adolescents, entrent dans l’âge adulte.

« Les personnes prennent leurs médicaments et tendent à les conserver pendant une longue période sans jamais vraiment essayer de déterminer si ils sont toujours nécessaires, » dit David Posey, un psychiatre d’Indianapolis, dans l’Indiana. La recommandation standard est de réévaluer chaque année les médicaments, pour évaluer si une dose plus faible pourrait suffire — mais cela peut être difficile à faire, dit-il. « Les familles sont réticentes à retirer une médication qui a vraiment été une aide. »

Jeste dit que les personnes arrivent souvent dans sa clinique avec une longue liste de médicaments. Mais sans dossier de santé électronique ou d’historique médical complet, elle et ses collègues en sont réduits à deviner pourquoi chaque médicament a été prescrit, ce qu’il devait faire à l’origine, si il est utile. Alors, en travaillant sur un médicament après l’autre, ils abaissent graduellement les dosages.

Ben n’a pas été suffisamment chanceux pour rencontrer ce genre de praticien. Pendant sa dernière année de lycée, il s’endormait en classe et se sentait si affaibli qu’il a abandonné. « À la même époque, mes parents divorçaient, » dit Ben, se remémorant cette période. « Il y a tout ce chaos, je perds tous mes soutiens, je perds toutes mes routines. Et je commence à vivre dans ma voiture. »

Il a commencé à prendre de la marijuana, dont il dit qu’elle lui donnait un effet amplifié avec le SSRI. Mais par certaines façons, ça l’a aussi aidé à fonctionner. « C’était plus efficace que les médicaments pour m’aider à être plus sociable, » dit-il. Ben dit que la marijuana l’a aidé à finalement reconnaître le schéma ‘montée-descente’ des effets de la drogue, que ses médicaments psychiatriques affectaient son humeur de la même façon, quoique plus lentement. « J’ai eu l’idée pensé que peut-être quelques uns des cycles que je ressentais régulièrement coïncidaient avec la façon dont je prenais mes médicaments prescrits, » dit-il.

À 21 ans, il a décidé de se sevrer de toutes les drogues, prescrites et récréatives. Plus tard cette année-là, il a été diagnostiqué d’un autisme. Maintenant, quand il sent que la colère monte en lui, dit-il, il s’éloigne et respire. Plus de trous dans le mur. Il court six jours par semaine, ce qui l’aide à se sentir calme, concentré, avec les idées claires. Son autisme pourrait avoir déclenché son humeur initiale et son agressivité, mais il dit que ce sont les médicaments qui l’ont fait partir en vrille.

Le remède

Suivre des prescriptions multiples n’est pas toujours une mauvaise chose. Pour les enfants dont les vies sont sévèrement perturbées, ou qui présentent un danger pour eux-mêmes ou les autres, ils pourraient être la seule solution.

Phoenix a été l’un de ces enfants. « Il était une petite tornade, » dit sa mère. Un jour, au début de 2007, la crèche a appelé sa mère pour qu’elle le reprenne plus tôt parce qu’il était turbulent, frappant les chaises et les tables sans raison visible. Il s’est échappé deux fois cette après-midi — d’abord en sortant de la voiture sur le chemin de la maison, plus tard en grimpant par la fenêtre de sa chambre. Une patrouille de police l’a retrouvé sur la bande centrale d’une route à quatre voies fréquentée, dont il avait traversé deux voies de trafic. Il n’avait que quatre ans.

La mère de Phoenix, Sally, dit qu’il était un petit garçon compliqué dès le début. Quand son humeur basculait vers la colère, il frappait et tentait de blesser son grand frère, qui a aussi un autisme. « Il avait une force incroyable, » dit-elle. Pour protéger les deux garçons, elle savait qu’elle devait l’aider à contrôler sa colère.

Son médecin a essayé le rispéridone, puis a rapidement ajouté du guanfacine et de l’Adderall. Mon son agressivité restait toujours incontrôlée. Sally dit que tous les matins, quand elle et son mari se levaient, ils se regardaient l’un l’autre et disaient, « je me demande de quelle humeur sera Phoenix ? » Et alors, dit-elle, « j’avais un nœud au ventre. » Il était clair que ses médications nécessitaient un ajustement, mais le faire à la maison était plus que sa famille ne pouvait supporter. Phoenix est entré dans un hôpital pour la première fois à l’âge de six ans.

En 2009, son cabinet médical avait déjà changé deux fois de psychiatre. Le nouveau psychiatre a retiré l’Adderall pour la (lisdexamfétamine) (Vyvanse). Alors, quand un test sanguin a montré que Phoenix courait un grand risque de voir se développer des seins — un effet secondaire sérieux mais rare du rispéridone, la gynécomastie — le psychiatre a remplacé le rispéridone par la quétiapine (Seroquel). « Ç’a été un désastre, » dit Sally. Phoenix montait aux fenêtres des chambres, se levait fréquemment et marchait dans la classe, attaquait son frère sans raison. Aucune des combinaisons n’a diminué son agressivité ou ses changements d’humeur violents. Un jour, quand il avait sept ans, Phoenix a menacé de mort son frère et un de ses amis parce qu’ils ne voulaient pas jouer avec lui. Il leur a lancé une brique et les a poursuivis avec un tube de métal.

L’incident a choqué sa famille et s’est soldé par une nouvelle admission à l’hôpital, une nouvelle combinaison de médicaments. Ses médecins ont remplacé la quétiapine par un autre antipsychotique, le ziprasidone (Geodon), et l’ont conservé sous acide valproïque et guanfacine. Parce que le frère de Phoenix, Mac, avait obtenu un succès l’atomoxétine (Strattera), un médicament pour le traitement du TDAH, l’équipe de l’hôpital a remplacé la lisdexamfétamine par de l’atomoxétine.

Phoenix a depuis suivi quatre programmes résidentiels différents, été hospitalisé six fois, a essayé une douzaine ou plus de médicaments, jusqu’à quatre en même temps. Les hospitalisations l’ont aidé à quitter quelques médicaments pour d’autres qui, au moins temporairement, semblaient contrôler ses sautes d’humeur. Mais à chaque fois qu’il sortait, les combinaisons de médicaments perdaient lentement de leur force, il revenait aux actes agressifs, principalement à l’encontre de son frère. Les deux premiers séjours résidentiels ont été encore moins utiles. Ils ont créé de la stabilité et de la structure : tous les jours se ressemblaient, tout était routine, uniforme et fiable. Mais les programmes n’ont pas pu ajuster ses prescriptions comme le pouvait un hôpital. Et quand il rentrait à la maison, sans la routine rigide d’un établissement, il finissait par attaquer son frère. « Il y a des trous dans les portes des chambres, faits par Phoenix essayant d’atteindre Mac, » dit Sally.

Les deux programmes suivants étaient adaptés à des enfants avec autisme, Phoenix a trouvé là l’aide dont il avait tant besoin. Il avait douze ans quand il a commencé le troisième programme et a commencé à prendre un nouvel antipsychotique, plus souvent prescrit pour le trouble bipolaire, l’olanzapine (Zyprexa). Et c’est pendant le quatrième programme résidentiel, quand il avait treize ans, que ses médecins ont trouvé ce qui semblait être la bonne combinaison : olanzapine, acide valproïque, guanfacine et atomoxétine. Il passait ses weekends à la maison, mais pendant la semaine il vivait dans une résidence proche où il pouvait recevoir les soutiens comportementaux et communautaires dont il avait besoin. « C’était la première fois que quand il revenait à la maison, depuis un bon moment, nous avons apprécié sa compagnie ; nous avons perçu des éclats du vrai Phoenix, » dit Sally.

Mais un effet secondaire courant du Zyprexa est la prise de poids ; le médicament a rendu Phoenix vorace. « Les weekends quand il était à la maison, il pouvait vider mon congélateur à trois heures du matin, » dit-elle. Au bout d’un an, l’enfant précédemment mince a pris près de cinquante kilos. « On aurait cru qu’il allait exploser si on le piquait avec une aiguille, » dit sa mère. « Il restait juste assis là et sa respiration était difficile. Nous avons dû le priver de Zyprexa. » Son médecin l’a sevré du Zyprexa pour un autre antipsychotique qui n’a pas marché, puis un autre, la quétiapine (Seroquel) qui lui l’a fait.

Aujourd’hui Phoenix, à quinze ans, prend un cocktail de quatre médicaments et est stable depuis plus d’un an. Son humeur est stabilisée, elle aussi. « L’agressivité est partie, » dit Sally. Son sens de l’humour est apparu, il peut rester assis et regarder un programme de télévision avec sa famille ou discuter d’une information vue aux nouvelles. Il a aussi développé un sens de l’empathie. Maintenant, quand un enfant de son école se comporte comme il l’a fait par le passé, il dit à son frère, « je vous dois des excuses, à toi et maman, » dit Sally. « Il l’a vu avec le regard des autres et ça a été une vraie révélation pour lui. » La plupart du temps, dit-elle, il est heureux. « Du jour au lendemain, il était là dans la cuisine et m’a dit, ‘tu sais, Maman, je t’aime.’ Il n’avait jamais dit ça de sa vie. »

Quand de nouveaux symptômes se présentent, la tentation est grande de changer de médications, particulièrement parce qu’un historique de prescriptions complexe peut conditionner les familles à s’en remettre d’abord aux médicaments. Mais parfois, la solution est bien plus simple.

L’automne dernier, Phoenix a commencé à s’endormir en classe dans le milieu de la journée. Un de ses médicaments précédents avait eu un effet similaire — le rendant si somnolent qu’il s’est un jour endormi au milieu d’un repas dans un restaurant bondé — donc Sally se faisait du souci. S’endormait-il parce qu’un stimulant perdait de son efficacité ? Ou parce qu’un médicament causait soudainement un nouvel effet secondaire ? La dernière chose qu’elle voulait était de changer son régime finement réglé.

Avant de prendre un rendez-vous pour une nouvelle évaluation, elle a un peu enquêté. « J’ai acheté un Disney Circle, » dit-elle. « Les meilleurs 100$US que j’ai jamais dépensés de ma vie. » L’appareil surveille et contrôle leur réseau WiFi domestique. Il a montré que Phoenix se levait au milieu de la nuit et jouait sur le réseau pendant des heures. Elle l’a configuré pour interdire l’accès nocturne à Internet — et soudain Phoenix restait éveillé pendant les cours.

« Il n’est pas rare pour les enfants de prendre plus d’un médicament. La question est : est-ce que c’est un peu de ci et un peu de ça pour essayer, voir si ça marche — ou est-ce rationnel ? » demande Lawrence Scahill, directeur des essais cliniques au Marcus Autism Center de l’université Emory d’Atlanta, en Géorgie. Quand les décisions de médication sont prises judicieusement et que chacune a un objectif clair, les combinaisons médicamenteuses peuvent avoir un bénéfice clair. Dans ces circonstances, dit Scahill, « je dirais qu’il existe une chose comme la polypharmacie rationnelle. »

Le chemin de Phoenix, aussi tortueux qu’il ait été, l’a mené à un bon endroit. Il est un exemple de la façon dont la polypharmacie, quand elle est testée avec attention, soin et persévérance, peut fournir aux personnes avec autisme l’opportunité de se développer.

Mais trouver et conserver le bon régime de traitement est toujours de la responsabilité de chaque médecin, de chaque famille, de chaque individu. « C’est une expérience qui continue, mais c’est une expérience sans aucun contrôle, » dit Scahill. Ben, Phoenix, Connor : chacun d’eux a fait face à des difficultés différentes et a dû trouver son propre chemin, parce que la prescription est toujours une forme d’art, pas une science. Des règles claires n’arriveront pas avant longtemps, si elles arrivent un jour.

Syndication
Cet article a été repris par Scientific American.

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père d'une fille SA de 34 ans
28 avril 2017

Les estimations de répartition par sexe dans l’autisme atteignent un niveau plus bas


article publié sur le forum d'Asperansa

les chercheurs trouve plus de filles quand ils les chercheLes chercheurs trouvent plus de filles avec autisme quand ils les recherchent activement.


Estimates of autism’s sex ratio reaches new low

https://spectrumnews.org/news/estimate-autisms-sex-ratio-reaches-new-low/
par Sarah Deweerdt
le 27 avril 2017

Le ratio garçons/filles réunissant les critères pour un diagnostic d’autisme chute à 3 pour 1 dans une nouvelle analyse massive de la recherche publiée1.
Les conclusions éclairent la nécessité de rechercher les filles avec autisme pouvant avoir été mal diagnostiquées, identifiées tardivement ou totalement négligées.

« Cela nous donne la base empirique la plus solide à ce jour pour soutenir l’idée que l’autisme est probablement sous-diagnostiqué chez les filles, » dit Francesca Happé, professeur de neurosciences cognitives au King’s College de Londres, qui n’a pas été associée au travail. « Ce sont de grandes nouvelles, vraiment. »
La plupart des sources placent la répartition par sexe dans l’autisme à 4 pour 1. La nouvelle analyse est basée sur les données de 54 études de prévalence dans le monde, avec un total de près de 14 millions de participants, dont 53 712 enfants avec autisme. Globalement, ces études montrent qu’il y a 4,2 garçons pour chaque fille avec autisme.

Mais un ratio plus bas, 3,25 garçons pour chaque fille, ressort des études pour lesquelles les chercheurs ont évalué l’autisme des participants, plutôt que d’avoir interrogé des parents ou examiné des dossiers médicaux ou scolaires.

Les résultats ont des implications pour la recherche de base, dit le chercheur principal de l’étude, William Mandy, maître de conférences en psychologie clinique à l’University College de Londres. « Beaucoup de théorisation sur l’autisme est basée sur le fait que c’est un état auquel les hommes sont bien plus vulnérables que les femmes, » dit Mandy. « Donc je pense que c’est un fait assez important de tenter et d’obtenir des réponses claires. » Les résultats ont été publiés le 4 avril dans le Journal of American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.

Cherchez et vous trouverez

Mandy et ses collègues ont fouillé parmi des études des cinq continents, conduites entre 1992 et 2011. Tous les diagnostics d’autisme étaient basés sur les critères de la quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), qui est principalement utilisé aux États-Unis, ou la dixième édition du International Statistical Classification of Diseuses and Related Health Problems. (Aucune grande étude de prévalence n’a pour l’heure utilisé les critères de la dernière édition du DSM.)

L’analyse utilise une méthodologie plus rigoureuse que les précédentes pour définir la répartition par sexe dans l’autisme. Par exemple, elle pondère les études selon la taille de leur échantillon et examine la façon dont les différentes caractéristiques de l’étude — comme la manière dont ont été obtenus les diagnostics — affectent la répartition.

Parmi les études, 34 ont utilisé la constatation des cas passive, dans laquelle les chercheurs ont identifié les enfants avec autisme en consultant des dossiers médicaux ou scolaires, ou en téléphonant aux parents pour savoir si leur enfant a jamais reçu le diagnostic. Les 20 autres ont utilisé la constatation des cas active, ce qui veut dire que les chercheurs ont évalué les enfants.

Les études passives trouvent un ratio des sexes de 4,6 pour 1 en moyenne, alors que le ratio des études actives tombe à 3,25 pour 1. « C’est le contraste essentiel de cette étude, » dit Mandy.

Les études actives fournissent une répartition des sexes plus précise, disent les experts.

« Ces résultats suggèrent que quand vous recherchez plus activement l’autisme, en dépistage, vous trouverez plus de femmes, » dit Marisela Huerta, professeur associée de psychologie au Weill Cornell Medical College de New York, qui n’a pas été associée au travail.

Les filles avec autisme peuvent être oubliées parce que les médecins et les autres pensent à l’autisme comme affectant principalement les garçons. Les filles peuvent aussi être meilleures que les garçons pour masquer les caractères de leur autisme.

Des indicateurs biaisés


L’analyse a aussi montré une distribution plus équilibrée des garçons et des filles — un ratio de 3,1 pour 1 — dans les études ayant inclus une grande proportion d’enfants affectés aussi de déficience intellectuelle, bien que moins de la moitié des études comprennent une information sur l’intelligence des participants. Il se pourrait que la faculté des filles à masquer leur autisme dépende de leur intelligence, ou qu’elles tendent à être plus sévèrement affectées que les garçons.
Quelques chercheurs disent que la répartition générale pourrait même être plus basse que 3 pour 1. Même quand les chercheurs recherchent des filles avec autisme, ils pourraient toujours rater certaines filles avec la condition parce que les tests de l’autisme sont orientés vers des caractères trouvés chez les garçons. « Parce que la plupart de la recherche et de l’expérience clinique a été faite avec des hommes, nos critères de diagnostic privilégient presque certainement les hommes2, » dit Happé.

Quelques preuves suggèrent qu’il y a une forme féminine de l’autisme. Les filles avec autisme tendent à avoir des intérêts restreints plus subtils et moins de comportements répétitifs que les garçons. Mais la modification des critères de diagnostic pour détecter plus de filles avec des caractères identiques à l’autisme n’a rien d’une tâche facile. « C’est une question très complexe, » dit Mandy. « Si vous changez les critères, changez-vous la chose elle-même ? »
Une piste pour la résolution de ce problème épineux pourrait bientôt être en vue. Mandy étudie la façon dont le masquage, ou le ‘camouflage’, des caractères de l’autisme affecte le diagnostic chez les filles. Des études montrent aussi que la répartition hommes/femmes des personnes ayant obtenu de mauvais scores aux tests d’habilité sociale et d’autres traits autistiques est autour de 2 pour 1. Happé étudie la raison pour laquelle certaines de ces filles ne rejoignent pas les critères de diagnostic de l’autisme, se demandant en quoi les filles diffèrent des garçons ayant des scores similaires.

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1 Looses R. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry Epub before print (2017) Abstract
2 our diagnostic criteria are almost certainly male-biased

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père d'une fille SA de 34 ans
21 avril 2017

Autisme - La chute libre des jeunes adultes

21 avr. 2017
Par Jean Vinçot

Blog : Le blog de Jean Vinçot


Les jeunes adultes avec autisme sont confrontés à de nombreuses attentes et difficultés nouvelles — sans plus bénéficier du soutien disponible au lycée. Un constat aux USA, mais reproductible en France

 Voir le rapport de Josef Schovanec et l'enquête d'Asperansa (sondage en cours).

Partiellement reproductible, bien sûr. On lit des chiffres qui laissent rêveurs, tant pour les adultes que pour les adolescents.

  • "Pendant le lycée, 97% des jeunes personnes dans le spectre reçoivent une aide financée par l’État, selon le rapport Drexel, qui se base sur les statistiques du gouvernement. Par exemple, à l’âge de 17 ans, à peu-près 66% des personnes avec autisme reçoivent des services d’orthophonie ; après le lycée, le pourcentage tombe à 10%. De la même façon, la proportion de ceux recevant des soins d’ergothérapie ou de séances d’habiletés sociales passe de plus de la moitié à moins d’un tiers."

Artic le du site SpectrumNews - par Deborah Rudacille

29 mars 2017 - Traduction par PY

https://spectrumnews.org/features/deep-dive/twenty-something-free-fall/

Isaac Law passe le plus clair de son temps devant son ordinateur, à regarder des films sur Netflix, à éplucher des messages Facebook ou à travailler sur son dernier projet, une bande dessinée Internet, Aimless, qui raconte les aventures de deux amis, Ike et Lexis, quittant la Terre pour rejoindre un groupe de pirates de l’espace.

Law a 24 ans, mais il n’a pas d’emploi et ne suis pas de cours. Il a brièvement travaillé en tant que bénévole, remplir les étagères dans un magasin de bandes-dessinées, mais ça ne s’est pas concrétisé. « C’était un endroit très mal organisé, » dit-il. Il s’est aussi inscrit dans une école d’art. Ça n’a pas marché non plus. « J’ai de gros problèmes avec l’autorité, » dit le jeune homme.

De bien des façons, Law semble être un millenial typique — ne désirant pas occuper un emploi barbant pour payer les factures, préférant consacrer du temps à ses intérêts créatifs. Mais la voie de Law vers un rôle adulte et les responsabilités est compliquée par le fait qu’il a un autisme et un trouble bipolaire.

Sa mère, Kiely Law, est déçue qu’il ait, comme elle le perçoit, « plafonné » depuis l’obtention de son diplôme de fin d’études secondaires, à 20 ans. Mais en tant que directrice de recherche au Interactive Autism Network, un registre pour les études sur l’autisme, elle sait aussi que de nombreux jeunes adultes dans le spectre partagent les difficultés de son fils au passage vers la vie adulte.

« Je pense qu’une de ses difficultés est que, comme beaucoup d’adultes avec autisme, il a des intérêts extrêmement restreints, » dit-elle. « Les opportunités existantes ne correspondent pas à ce qui l’intéresse. Et si vous avez des difficultés à interagir avec les autres, dans les compétences sociales, comme dans l’utilisation des transports en commun, il y a un effet boule de neige. »

Une vague géante d’enfants diagnostiqués d’autisme dans les années 90 atteignent maintenant l’âge adulte. Les chercheurs estiment qu’à peu près 50 000 jeunes gens avec autisme atteignent l’âge de 18 ans chaque année. Il est évident que c’est une période dangereuse pour nombre d’entre eux, avec au moins trois fois plus d’isolement social et des taux de chômage bien plus élevés en comparaison de jeunes avec d’autres handicaps. Alors que la majorité des jeunes gens avec des difficulté de langage ou des handicaps de l’apprentissage vivent indépendamment, moins d’un quart des jeunes adultes avec autisme le font.

« Il y a beaucoup d’assez bonnes études décrivant bien les difficultés rencontrées par les jeunes adultes avec autisme, en termes d’emploi et de sous-emploi, de comorbidités de santé mentale, de ne pas recevoir les services dont ils ont besoin, » dit Julie Lounds Taylor, professeur assistante de pédiatrie à l’université Vanderbilt de Nashville, Tennessee.

Jusqu’à maintenant toutefois, il y a eu peu de recherche pour déterminer la forme du soutien et de services dont ont besoin ces jeunes gens. Au lieu de recevoir une aide supplémentaire à cet âge vulnérable, ils font face à un obstacle important : une baisse soudaine du soutien au moment de l’obtention du diplôme de fin d’études, quand les services d’assistance fédéraux prennent abruptement fin — un phénomène que les chercheurs appellent ‘la falaise des services’.

Il se pourrait que, avec suffisamment d’aide, quelques jeunes gens dans le spectre puissent reprendre pied tout en continuant à se développer. Les militants et les parents incitent les scientifiques à étudier des questions pratiques qui améliorent les perspectives souvent sombres pour ces jeunes adultes. Bien que les problèmes qu’ils rencontrent soient bien documentés, les causes et les solutions potentielles ne sont pas claires. Quelques chercheurs en autisme rassemblent des données dont ils espèrent qu’elles vont éclairer la raison pour laquelle tant de jeunes adultes dans le spectre ont des difficultés — et ce qu’il leur faudrait pour passer cette transition. « Nous devons connaître ce qui remet les gens sur une voie de mobilité ascendante, » dit Taylor.

Passer la falaise

La période entre 18 et 28 ans est d’une importance critique dans l’établissement des fondations d’une vie adulte. Pour les jeunes gens avec autisme, ces années tendent à être particulièrement difficiles. Plus de 66% des jeunes adultes dans le spectre ne sont pas assurés d’un emploi ou d’une inscription dans des études complémentaires pendant les deux premières années suivant le lycée. Même deux à quatre ans plus tard, près de la moitié ne travaillent toujours pas ni ne sont scolarisés, selon le rapport National Autism Indicators de 2015, produit par la A.J. Drexel Autism Institute de Philadelphie. Et ils ont d’autres difficultés : un jeune adulte dans le spectre sur quatre est isolé socialement, selon le rapport ; un seul sur cinq a vécu indépendamment au début de la vingtaine. Ils sont nombreux à être aussi affectés de deux ou plusieurs maladies physiques ou de santé mentale en plus de l’autisme, ce qui rend difficile le passage de ces étapes de l’âge adulte.

En fait, le nombre limité d’études sur les jeunes adultes avec autisme montrent que nombreux sont ceux qui perdent pied après avoir quitté l’école. Alors que les adolescents avec autisme sont au lycée, leurs traits autistiques tendent généralement à s’améliorer au fil du temps, mais les progrès ralentissent dramatiquement après le diplôme. Dans une étude de 2010, les chercheurs ont découvert qu’une fois que les adolescents ont quitté l’école, toutes les améliorations obtenues dans les comportements répétitifs, les interactions sociales réciproques et la communication stagnent. Pendant ce temps, ceux ayant fait des progrès dans des problèmes de comportement comme les auto-mutilations et l’agressivité régressent. « Nous avons trouvé que, quand ils quittent le lycée, ces améliorations ralentissent beaucoup, voire stoppent dans certains cas, » dit Taylor, qui a dirigé l’étude.

La raison probable, disent Taylor et les autres chercheurs, est que le soutien aux adolescents s’évanouit après l’obtention du diplôme.

Pendant le lycée, 97% des jeunes personnes dans le spectre reçoivent une aide financée par l’État, selon le rapport Drexel, qui se base sur les statistiques du gouvernement. Par exemple, à l’âge de 17 ans, à peu-près 66% des personnes avec autisme reçoivent des services d’orthophonie ; après le lycée, le pourcentage tombe à 10%. De la même façon, la proportion de ceux recevant des soins d’ergothérapie ou de séances d’habiletés sociales passe de plus de la moitié à moins d’un tiers.

Pendant de nombreuses années, ces problèmes n’étaient même pas sous le radar des chercheurs. « Pendant très longtemps, les gens pensaient aux enfants et à la façon d’intervenir pendant l’enfance, » dit Taylor. Ce n’est pas avant ces dix dernières années qu’elle et d’autres chercheurs ont commencé à travailler au comblement de ce manque — et rencontré des obstacles considérables.

Par exemple, l’université Vanderbilt a un programme complet de recherche sur l’autisme, alors quand Taylor a commencé à étudier les jeunes adultes, en 2009, elle pensait qu’il serait facile d’atteindre des participants potentiels à l’étude par le réseau. « Je ne m’attendais pas du tout à ce que ce soit difficile de joindre les familles, » dit-elle. Elle a découvert que, en fait, c’était « incroyablement difficile » et bien plus ardu que de convaincre de jeunes enfants ou leurs familles à participer.

Cela peut être dû au fait que la communauté de l’autisme tend à être plus resserrée parmi les familles avec des enfants plus jeunes. Une fois les enfants plus âgés, les familles peuvent ne pas avoir autant d’incitations à participer à la recherche parce qu’elles n’attendent plus la sorte de ‘solution rapide’ qu’elles peuvent avoir espéré un jour.

Les agences de financement tendent aussi à ne pas être intéressées à encourager des études qui pourraient aider à déterminer pourquoi les années suivant le lycée sont difficiles et confuses, disent les chercheurs. C’est particulièrement vrai des études sur les services destinés à aider les jeunes gens avec autisme à passer vers l’âge adulte.

L’écrasante majorité de la recherche sur l’autisme se concentre sur les enfants. Entre 2008 et 2012, seulement 1% du financement public de la recherche sur l’autisme a été consacré aux difficultés de l’âge adulte, selon le rapport du U.S. Government Accountability Office. « L’accent mis sur le cerveau et la biologie éloigne vraiment de ce type d’études, » dit Catherine Lord, directrice du Center for Autism and the Developing Brain, au New York-Presbyterian Hospital de New York. « Il est très difficile d’obtenir des financements pour une étude qui n’a pas une sorte de marqueur biologique. »

Les agences de financement préfèrent aussi généralement la recherche qui explore les ‘mécanismes’ sous-jacents de l’autisme. Cela implique généralement une approche biologique, ce qui restreint encore le périmètre de la recherche, dit Lord. « La plupart [des scientifiques], quand ils recherchent des mécanismes, recherchent des sujets pouvant être facilement transposés dans les modèles animaux. »

Elle propose que les scientifiques puissent interpréter plus largement l’idée d’un mécanisme, en évaluant des thérapies qui améliorent les compétences conversationnelles ou d’autres aspects de la vie quotidienne. Quelques preuves indiquent que les adultes avec de fortes aptitudes d’adaptation à la vie quotidienne — comme la communication et les compétences sociales, l’hygiène personnelle, la cuisine, le ménage et la capacité à utiliser les moyens de transport collectifs — ont plus de chances d’être employés et d’être mieux intégrés dans leurs communautés que ceux disposant de compétences moins grandes. Mais pour l’heure, peu de recherches ont exploré le fonctionnement adaptatif pendant la transition vers l’âge adulte pour les personnes dans le spectre.

Les jeunes adultes ont participé à de nombreuses études sur l’autisme au fil des ans — de nombreuses études d’images ont scanné leurs cerveaux, par exemple. Mais ces études, bien qu’intéressantes pour les chercheurs, n’ont généralement pas d’impact direct sur la qualité de vie des participants.

Dans certains cas, les jeunes adultes eux-mêmes peuvent être réticents. Isaac Law, pour sa part, ne croit pas qu’il y ait une chose comme l’autisme. « La plupart des personnes catégorisées autistes sont juste de simples excentriques » dit-il. Il rejette le diagnostic et ne trouve aucun intérêt à participer à des études — même si ses deux parents sont des chercheurs en autisme.

Des douleurs grandissantes

En 1990, Lord a commencé à suivre un large groupe d’enfants avec autisme, dès l’âge de deux ans. Sa première intention était de déterminer si il était possible de diagnostiquer aussi tôt l’autisme chez les enfants, d’explorer si le diagnostic restait stable pendant la période de scolarité. Près de 130 personnes, aujourd’hui dans le milieu de leur vingtaine, participent encore à l’étude. « Près de 45 d’entre eux sont verbaux et vraiment capables de parler de ce qui arrive, » dit-elle. Les autres sont intellectuellement handicapés.

Au fil des ans, Lord et ses collègues ont rassemblé des données sur leur comportement, leurs aptitudes d’adaptation à la vie quotidienne, leur réussite scolaire, leurs activités quotidiennes et leurs santés physiques et mentales.

L’équipe a découvert que les aptitudes d’adaptation à la vie quotidienne des personnes ayant à la fois un déficit intellectuel et de l’autisme, continuent à s’améliorer entre 18 et 26 ans. « C’est une des choses qui ont été encourageantes pour nous, » dit-elle. « Ils apprennent encore toutes sortes de choses. » Une des raisons pour cela est que les personnes dans le spectre avec un handicap intellectuel ont accès à une large gamme de services, même après qu’ils aient quitté l’école. « Il existe des endroits où ils peuvent travailler quand ils sortent de l’école, il y a en place des systèmes de services pour les aider à trouver des activités pendant la journée, pour leur trouver des endroits où vivre si ils ne désirent plus résider chez leurs parents ou qu’ils ont besoin d’aide pour pouvoir se déplacer. »

Paradoxalement, l’image est plus sombre pour les jeunes adultes avec autisme d’intelligence moyenne ou supérieure. Certains, qui réussissaient au lycée, semblent s’effondrer en arrivant à l’université, dit Lord. Et ceux qui ne sont pas à l’université ou au travail se débattent pour trouver le moyen de remplir leurs journées soudainement vides. Ces jeunes personnes expriment une plus grande détresse quant à leur situation que ceux affectés d’un handicap intellectuel. Leurs parents sont plus susceptibles de les qualifier d’anxieux ou déprimés en comparaison des parents d’enfants avec à la fois un autisme et une déficience intellectuelle.

« C’est bien plus difficile pour les plus brillants, les plus verbaux avec des problèmes moins graves, » dit Lord. Leurs propres attentes — et celles de leurs parents — sont plus élevées, d’un côté. Mais ils affrontent aussi un changement de style de vie plus abrupt, dit Lord ; ils ne bénéficient plus de la sorte de structure et des soutiens qui ont caractérisé leur années de lycée. Livrés à eux-mêmes pour la première fois de leur vie, nombre d’entre eux sont perdus. Et en dehors de leurs parents, il n’y a personne pour les aider à naviguer cet océan de changements.

 Peu d’études ont enquêté sur le type d’aide qui améliorerait vraiment la qualité de vie des personnes dans le spectre. Une analyse de 2012 a identifié 23 études se concentrant sur l’amélioration des services pour les adultes avec autisme ; dans 12 d’entre-elles, l’âge moyen était de 30 ans ou moins. La plupart de ces études se concentraient exclusivement sur l’emploi, la formation et la recherche des compétences d’employabilité ou le soutien à des personnes disposant déjà d’un emploi. Aucune d’entre-elles n’explorait le groupe de services dont pourraient avoir besoin les personnes avec autisme, des services médicaux et psychiatriques aux déplacements. Les États payaient rarement pour l’encadrement de la gestion de tels services, pour les personnes de plus de 18 ans sans handicap intellectuel.

Lord dit qu’un des grands problèmes avec la recherche sur les jeunes adultes est qu’il est difficile de définir ce qui peut être qualifié de bon résultat pour une jeune personne dans le spectre. Une jeune femme brillante avec autisme pourrait trouver un emploi qui ne correspond pas à ses qualifications universitaires — mais cela devrait-il être automatiquement considéré comme un échec ? Si son travail lui plait ?

« Cela nous gêne parce qu’il semble très arrogant de notre part de dire, ‘C’est une réussite,’ » dit Lord. « C’est une part de la complexité de ce type de recherche. »

Ces jeunes personnes ont leurs propres priorités pour la sorte de recherche qu’ils croient devoir être financée, elles différent souvent largement de ce que penseraient les chercheurs ou les agences de financement. « Pour nos adultes indépendants, une des principales priorités est les services d’emploi : un meilleur système de soutien dans l’environnement de travail, » dit Kiely Law, qui a participé en 2015 à un sondage sur près de 400 adultes avec autisme et leur soignants dans le Interactive Autism Network. Le sondage incluait des personnes entre 18 et 71 ans, la plupart trentenaires, mais tous, à tous âges, étaient d’accord sur ce point.

Une autre priorité était les opportunités de formation après le lycée, et la nécessité d’un soutien spécial dans cet environnement, dit Law. Une étude informelle menée l’année dernière avec un comité consultatif communautaire a mis en évidence des préoccupations identiques. Hormis l’accès à des fournisseurs de santé mentale, les personnes dans le spectre ont identifié leurs priorités de recherche comme étant le travail, l’éducation, le harcèlement et la discrimination, plutôt que la recherche bio-médicale. Mais sans études basées sur les preuves évaluant le coût et l’efficacité de tels programmes, il est peu probable que la puissance publique les finance.

Les participants à l’étude ont aussi mentionné la difficulté à trouver des fournisseurs de santé — particulièrement des spécialistes de santé mentale — compétents pour travailler avec des adultes dans le spectre. Une fois encore, toutefois, il y a peu d’informations sur la façon dont la médication et d’autres traitements pour l’anxiété, la dépression et les troubles du déficit de l’attention — tous courants chez les personnes dans le spectre — devraient être fournis aux adultes avec autisme. « La recherche sur les politiques de santé a plus a offrir à ce groupe de personnes, » dit Law.

Y travailler

Sara et Abby Alexis, deux jumelles de 24 ans, ont toutes deux un autisme. Abby suit un cours au collège communautaire et travaille un jour par semaine dans un salon de coiffure, où elle plie les vêtements, balaye les cheveux et fait la vaisselle. Elle vient de commencer un nouveau travail dans un café. Sara vient de finir une classe d’art en formation continue et a deux emplois à mi-temps : plier les serviettes dans une salle de sports et emballer des savons dans une entreprise de produits de soins personnels. Elles sont deux parmi les rares à avoir trouvé des emplois qui leur conviennent — grâce à un programme lancé par des parents ayant résolu par eux-mêmes le problème de la falaise (des services).

Les soeurs ont obtenu leurs emplois par l’intermédiaire d’Itineris, un programme communautaire créé en 2009 par neuf familles de Baltimore ayant réalisé qu’après l’obtention de leur diplôme de lycée, il n’y aurait plus de services spécialisés disponibles pour assister leurs enfants dans le spectre à devenir plus indépendants. En plus de fournir une formation professionnelle, l’équipe d’Itineris organise des sorties pour les 70 jeunes du programme dans des restaurants, des parcs d’amusement, au cinéma ou au bowling.

Abby et Sara aiment toutes les deux Itineris. « C’est bien de se faire des amis et de se socialiser, » dit Sara. Abby a un petit ami, rencontré à Itineris, et d’autres nombreux amis. Elle espère emménager dans un appartement avec sa plus grande soeur dans un an ou deux et devenir encore plus indépendante. « Je veux que les gens me traitent comme une adulte, pas comme un gosse, » dit-elle. Avoir un emploi payé 9$US de l’heure en fait partie.

Les chercheurs tendent à se concentrer sur l’emploi des jeunes adultes avec autisme pour une raison simple. « Nous trouvons que pour beaucoup de gens, l’emploi n’est pas qu’une (histoire de) paie. C’est des opportunités d’inclusion sociale, la rencontre d’autres personnes, d’une expression personnelle et de formation de l’identité, » dit Paul Shattuck, directeur du programme de recherche the Life Course Outcomes au A.J. Drexel Autism Institute.

Mais sans l’aide d’une association comme Itineris, trouver un travail est difficile — et le conserver encore plus ardu. Bien que près de la moitié des jeunes adultes dans le spectre travaillent pour un salaire à un moment après le lycée, seulement un sur cinq travaille à plein temps, avec un salaire moyen de 8$US de l’heure. Leurs taux d’emploi sont plus bas que ceux des personnes avec des handicaps du langage, des difficultés d’apprentissage ou de seuls déficits intellectuels.

Les jeunes adultes avec autisme sont plus susceptibles de travailler pour un salaire si, comme Abby et Sara, ils sont issus de foyers avec des revenus moyens à supérieurs, ont des capacités de conversation et de fonctionnement correctes. Toutefois, trouver un emploi ou être inscrit dans une école n’est pas la garantie d’un emploi correct ou de l’obtention d’un diplôme. Une étude de 2015 basée sur 73 jeunes adultes a montré que 49 d’entre eux travaillaient ou suivaient une forme d’études supérieures, généralement des cours d’université, à un moment pendant les douze années suivant l’obtention du diplôme de fin d’études secondaires. Toutefois, seulement 18 d’entre eux étaient employés régulièrement ou scolarisés pendant tout cette période. Seulement 3 des 31 personnes diplômées de l’université ont trouvé des emplois dans le champ de leur formation ; la plupart restaient sans emploi ou assuraient des emplois non-qualifiés dans la restauration, le commerce ou la maintenance.

Pour les jeunes gens de la classe ouvrière et des familles pauvres, le chômage n’est pas vraiment une option, ajoute Shattuck. L’année dernière, lui et ses collègues ont lancé un partenariat avec les écoles publiques de Philadelphie et un service social de l’État pour fournir des stages à plein temps et des formations professionnelles à des jeunes avec autisme. Le programme est conçu pour les personnes avec des déficiences intellectuelles ; un participant est non-verbal, dit-il. Toutefois, leurs familles attendent d’eux qu’ils assurent un emploi rémunéré quelconque. La plupart des participants sont afro-américains et sont issus de familles aux moyens modestes, dit Shattuck. Les familles doivent participer au programme. « Plus important, chaque jeune doit exprimer une volonté claire et un intérêt pour le travail et l’apprentissage, » dit-il.

Les participants — seulement 8 jusqu’à maintenant — alternent des stages à la librairie ou dans d’autres services du campus de l’université Drexel, avec l’objectif d’acquérir des compétences qu’ils puissent transférer dans de futurs emplois. « Ce ne sont pas des positions de travail aidé, » dit Shattuck. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer la capacité du programme à aider les participants à conserver un emploi, Shattuck dit que les employeurs sont satisfaits pour l’instant. « Nous avons reçu beaucoup de soutien de l’équipe de Drexel et des encadrants. »

Les chercheurs espèrent étendre le programme l’année prochaine. Le financement provient d’agences de l’État et de la ville, qui fournissent déjà des soutiens aux adultes avec des déficiences intellectuelles, ce qui veut dire que « c’est neutre budgétairement pour ces agences, » dit Shattuck. Cela devrait faciliter déploiement du programme dans d’autres villes et États.

La recherche limitée sur les jeunes adultes avec autisme rend difficile la promotion de services supplémentaires pour eux, dit Shattuck. Les législateurs et leurs équipes posent tous la même question : Quelle proportion de jeunes dans le spectre seraient capables de vivre indépendamment, quelle proportion requerra une aide importante pour le reste de leur vie ?

« Nous n’avons pas le bon format, l’infrastructure, les outils pour même répondre à ces questions simples, » dit-il.

De nouveaux départs

Un jour, quand le fils de Renee Gordon a eu 21 ans, il a sauté d’une voiture en marche au milieu de l’autoroute. Pour le maîtriser, la police l’a finalement jeté au sol et menotté. L’incident a été le sommet d’une mauvaise période pour Alex, qui a un autisme, est déficient intellectuel et non-verbal. Son anxiété est devenue particulièrement intense à la suite d’une série de changements importants, dont le départ d’un soignant de longue date et la perte d’amis d’école. Après l’incident, ses parents, approchant de la retraite, ont décidé qu’ils ne pouvaient plus fournir à Alex l’environnement structuré dont il avait besoin à la maison. Ils se préoccupaient du fait qu’il aurait des difficultés à s’adapter, mais cette expérience a révélé que pour les personnes avec autisme, le changement et l’évolution peuvent s’étendre bien au-delà de l’adolescence.

Alex a déménagé dans un foyer collectif en juin 2014, il y vit désormais avec deux autres hommes handicapés et leur soignant. Gordon est étonnée par les changements survenus chez son fils. « Cela a été la transition la plus extraordinaire pour lui, » dit-elle. « Il est bien plus indépendant, bien plus flexible. »

Alex nécessite toujours une assistance constante. Mais il a appris à fermer son manteau et ses pantalons, est bien moins difficile pour la nourriture, est bénévole pour Meals on Wheels et participe à des réunions sociales, avec ses colocataires et d’autres pairs, dont une excursion à la plage et une soirée mensuelle à la League for People With Disabilities. Enfin il a des amis.

« Nous pensons que parce que l’école cesse à 18 ou 21 ans, c’est la fin de l’apprentissage, » dit Gordon. Mais en voyant les changements chez son fils, se souvenant des témoignages entendus d’autres parents pendant des années sur les grands progrès effectués par leurs enfants adultes pendant la vingtaine, elle se demande si le jeune âge adulte ne pourrait pas être la période idéale pour l’apprentissage de nouvelles compétences.

Shattuck dit que lui aussi en a entendu beaucoup de ces témoignages ‘de seconde main’ de parents au sujet de leurs enfants adultes avec autisme dans la vingtaine ou la trentaine. Cela le mène à réfléchir à deux questions fondamentales : Quelles sont les conditions facilitant ces progrès inattendus — que se passe-t-il dans le développement du cerveau qui le permettrait ?

Shattuck ne considère pas la recherche de base et les études de services comme contradictoires. La compréhension de la façon dont la maturation et l’avancée en âge se déroule chez les personnes avec autisme tout au long de la vie, dit-il, améliorera leur santé, leur bien-être et leur qualité de vie, tout en contribuant à la compréhension des mécanismes au niveau biologique. « Cela n’a pas à être l’une ou l’autre, » dit-il. « L’argument que j’essaie de passer quand je parle à des collègues scientifiques est : Oui, il y a clairement un décalage entre ce que la communauté voudrait voir financé et ce qui l’est vraiment. Mais je pense que c’est une erreur de conclure qu’il doit y avoir une différence entre les deux objectifs. »

Gordon, qui est mariée à un neurologue, est d’accord. Les études biologiques sont importantes ; comme l’est la recherche sur les soutiens dont les jeunes adultes comme son fils ont besoin maintenant, dit-elle. « Je voudrais plus de recherche sur la façon d’assurer à ces personnes des vies heureuses et gratifiantes. »

Pour Isaac Law, le bonheur et la réalisation sont représentés par sa bande dessiné Internet, qu’il espère publier en août 2018, à l’ouverture du Museum of Science Fiction, à Washington D.C. Son rêve est d’être rémunéré pour son travail de dessinateur. « Je préférerais ne pas avoir de travail à nouveau, » dit-il. « Je voudrais me concentrer sur ma bande dessinée si possible. »

La bande dessinée est une comédie de potes, centrée sur deux amis inséparables. Law dit qu’il n’a pas lui-même un tel ami. Le personnage de Lexis est basé sur son cousin, mais, admet-il, « nous ne nous parlons aussi souvent que nous le devrions probablement. »

Syndication cet article a été republié dans Slate.

Sur les adultes autistes, page du forum Asperansa

20 avril 2017

Antidépresseurs et grossesse : pas de risque accru d'autisme

article publié sur Handicap.fr

Résumé : La prise d'antidépresseurs en début de grossesse n'engendrerait pas un risque accru d'autisme affirme une nouvelle étude menée sur 1,5 millions de naissances, contredisant les conclusions d'une autre recherche publiée en 2015.

Par , le 19-04-2017

Les femmes traitées avec des antidépresseurs pendant le premier trimestre de grossesse ne voient pas augmenter le risque que leurs enfants souffrent d'autisme, d'hyperactivité ou du trouble du déficit d'attention (TDA) contrairement à ce que de précédentes recherches suggéraient (article en lien ci-dessous), selon une vaste étude publiée le 18 avril 2017. Ces travaux, parus dans le Journal of the american medical association (JAMA), ont seulement mis en évidence une légère augmentation du risque de naissance prématurée chez les femmes qui prenaient ces médicaments - comme le Prozac, le Zoloft ou le Celexa - pendant les trois premiers mois de gestation.

Risques et bienfaits des antidépresseurs

« À notre connaissance, cette étude est l'une des plus robustes montrant que le fait d'être traitée avec des antidépresseurs au début de la grossesse n'est pas lié à l'autisme, au TDA ou à une croissance insuffisante du fœtus et ce après avoir pris en compte les facteurs qui ont conduit à suivre un tel traitement », explique le Dr Brian D'Onofrio, professeur de psychopathologie à l'université américaine d'Indiana et principal auteur. « L'évaluation des risques et bienfaits de l'usage d'un antidépresseur pendant la grossesse est une décision extrêmement difficile pour les femmes qui doivent décider en consultant leur médecin », relève-t-il. « Mais cette étude laisse penser que le recours à ces médicaments quand une femme est enceinte pourrait être plus sûr que ce qu'on pensait », ajoute le professeur D'Onofrio.

Des statistiques sur 1,5 millions de naissances

Ces travaux ont été menés en collaboration avec des chercheurs de l'Institut Karolinska en Suède et de la faculté de santé publique de Harvard à partir de statistiques portant sur 1,5 million de naissances en Suède entre 1996 et 2012. L'étude incorpore aussi les données sur les ordonnances d'antidépresseurs prescrites aux adultes, les diagnostics d'autisme et de TDA chez les enfants, l'âge des parents et leur niveau d'étude ainsi que d'autres facteurs. « Le fait d'avoir pu comparer des frères et soeurs, entre ceux et celles qui n'avaient pas été exposés à des antidépresseurs dans le ventre de leur mère, est un point particulièrement fort de cette étude », estime le professeur D'Onofrio.

Une autre étude confirme

Une étude canadienne, publiée le même jour dans le JAMA, parvient à la même conclusion selon laquelle les antidépresseurs au début de la grossesse n'accroissent pas le risque d'autisme et de TDA. Ces travaux ont été menés par le docteur Simone Vigod, du Women's College Hospital à Toronto, sur des données portant sur près de 36 000 naissances avec un suivi de cinq ans.

© Patryk Kosmider/Fotolia

13 avril 2017

TDAH: la maturation du cerveau mise en cause

17 février 2017 |Pauline Gravel 

Selon les chercheurs, les résultats de leur étude renforcent l’hypothèse selon laquelle le TDAH serait attribuable à un retard dans la maturation du cerveau. Photo: Anne-Christine Poujoulat Agence France-Presse Selon les chercheurs, les résultats de leur étude renforcent l’hypothèse selon laquelle le TDAH serait attribuable à un retard dans la maturation du cerveau.

La plus grande étude d’imagerie cérébrale jamais réalisée sur le trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) met en évidence la présence de différences anatomiques dans le cerveau des enfants qui en sont atteints.

Selon les auteurs de cette étude internationale publiée dans The Lancet Psychiatry, cette découverte confirme que le TDAH est un trouble neurobiologique et non pas un simple problème de comportement attribuable à la négligence des parents ou au mauvais caractère de l’enfant.

Les chercheurs ont comparé le cerveau de 1713 personnes atteintes du TDAH à celui de 1529 individus sains. On avait recueilli par résonnance magnétique des images du cerveau des 3242 participants, qui étaient âgés de 4 à 63 ans. Les chercheurs ont alors remarqué que le volume du cerveau entier ainsi que celui de cinq régions cérébrales situées sous le cortex étaient plus petits chez les enfants présentant un TDAH que chez ceux qui en étaient exempts.

Les différences observées dans les deux hémisphères étaient très petites, mais similaires à celles rapportées dans d’autres problèmes psychiatriques, tels que la dépression majeure et la maladie bipolaire.

Trouble neurologique

Parmi les structures qui sont apparues anormalement petites, l’amygdale, qui est impliquée dans la gestion des émotions, était la plus affectée, ce qui expliquerait « les problèmes de régulation des émotions qu’éprouvent un grand nombre de personnes atteintes du TDAH », soulignent les chercheurs.

La taille réduite du noyau accumbens, qui joue un rôle important dans le traitement de la récompense, ainsi que de l’hippocampe serait quant à elle à l’origine du dérèglement de la motivation et des émotions chez les patients avec TDAH.

Les chercheurs ont également noté que les différences de volume n’étaient associées ni avec la sévérité des symptômes ni avec la médication. Ainsi, les personnes qui étaient traitées avec des psychostimulants présentaient les mêmes différences de volume que celles qui ne l’avaient jamais été.

De plus, les différences relevées dans le volume des cinq régions sous-corticales étaient très prononcées chez les enfants et presque inexistantes chez les adultes. Selon les chercheurs, une telle observation renforce l’hypothèse selon laquelle le TDAH serait attribuable à un retard dans la maturation du cerveau.

« Même si les structures du cerveau qui sont clairement affectées chez l’enfant se normalisent chez les adultes, ces derniers présentent néanmoins toujours les symptômes du TDAH. Nous pensons que le développement du cerveau est en quelque sorte retardé chez les enfants atteints du TDAH et, compte tenu de ce retard durant l’enfance, leur cerveau demeurera probablement différent pour le reste de leur vie. Des différences seraient toujours présentes dans les connexions que les différentes régions du cerveau établissent entre elles. Nous avons en effet vu que la matière blanche du cerveau [qui correspond aux faisceaux entourés d’une matière isolante de couleur blanche qui relient les différentes régions du cerveau entre elles] présente encore des différences chez les adultes atteints du TDAH par rapport aux adultes normaux », explique la coauteure de l’étude Barbara Franke, professeure de psychiatrie moléculaire au Radboud University Medical Center, à Nijmegen, aux Pays-Bas.

Même si l’étude ne permet pas de l’affirmer avec certitude, les volumes réduits de certaines structures cérébrales semblent être une caractéristique « héréditaire qui contribuerait d’une manière ou d’une autre au TDAH », avance Mme Franke. « Nous savons qu’en moyenne le TDAH est hautement héréditaire et que certains des gènes qui contribuent à son apparition sont impliqués dans le neurodéveloppement et l’établissement des connexions entre les différentes régions cérébrales. »

12 avril 2017

Explosion du nombre de cas d'autisme : épidémie ou diagnostic plus performant ?

article publié dans Sciences & Avenir

Entre 1975 et 2012, la prévalence des troubles du spectre autistique a connu une croissance fulgurante conduisant parfois à parler "d'épidémie". Faux selon des chercheurs qui pointent l'importance des modifications du diagnostic.

Un enfant atteint de troubles du spectre autistique soumis à un test de magnétoencéphalographie.
Un enfant atteint de troubles du spectre autistique soumis à un test de magnétoencéphalographie. ©Joseph Kaczmarek/AP/SIPA

AUTISME. La manière de diagnostiquer l'autisme aux États-Unis expliquerait l'apparent triplement des cas ces dernières années. Celui-ci ne correspond pas, de ce fait, à un accroissement réel de la fréquence de ce syndrome, selon des chercheurs dont l'étude a été publiée mercredi 22 juillet 2015. Les dernières statistiques des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) montrent en effet une envolée de la prévalence des cas d'autisme dans le pays, passée de 1 pour 5.000 en 1975 à 1 pour 150 en 2002 et à 1 pour 68 en 2012, soit un triplement dans cette dernière période de dix ans. En réalité, cette forte progression aurait résulté d'un reclassement d'un grand nombre d'enfants dans le spectre autistique qui avaient été initialement diagnostiqués d'autres formes de déficiences intellectuelles et de troubles du développement, ont déterminé ces chercheurs dont les travaux paraissent dans l'American Journal of Medical Genetics.

Un accroissement dû à la reclassification du diagnostic

"Cette nouvelle recherche fournit la première preuve directe que cet accroissement pourrait être attribué à une reclassification du diagnostic des troubles neurologiques de la plupart des enfants plutôt qu'à une explosion réelle des nouveaux cas d'autisme", soulignent ces chercheurs de Penn State University qui ont analysé des données d'enfants enregistrés dans des programmes d'éducation spécialisée pendant 11 ans, soit en moyenne 6,2 millions d'enfants par an. Ils n'ont constaté "aucune augmentation du nombre d'élèves autistes inscrits dans ces programmes" pendant cette période. Ainsi pour les enfants de huit ans, environ 59 % de l'augmentation des cas d'autisme correspond à une reclassification du diagnostic. À 15 ans, la reclassification compte pour 97 % de l'accroissement des cas d'autisme, ont déterminé les chercheurs. Mais les troubles du spectre autistique sont très complexes, avec de nombreux degrés de gravité, et peuvent coexister avec d'autres problèmes neurologiques et du développement, précisent-ils.

Autisme : un test de prédisposition est-il raisonnable ? 

"Le taux élevé de co-occurrences de l'autisme avec d'autres handicaps intellectuels qui a conduit à ces reclassifications des diagnostics s'explique probablement par un grand nombre de facteurs génétiques similaires dans de nombreux troubles du développement neurologique", explique Santhosh Girirajan, professeur adjoint de biologie moléculaire à Penn University, principal auteur de cette étude.

12 avril 2017

Les statistiques en lien avec le trouble du spectre de l'autisme

article publié sur le site spectre de l'autisme

Trouble du spectre de l'autisme (TSA) - Les statistiques en lien avec le trouble du spectre de l'autisme

Depuis plus de 10 ans, le programme de suivi épidémiologique ADDM (Autism and Developmental Disabilities Monitoring) des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies CDC (Centers for Disease Control and prevention), des États-Unis suit la progression épidémiologique de la conditions du spectre autistique (Trouble du spectre de l'autisme - TSA), avec des indicateurs analysés à partir de tous les dossiers de santé et les dossiers scolaires des enfants âgés de 8 ans provenant de 14 communautés américaines (ce qui représente plus de 8 % de la population d'enfants américains âgés de 8 ans) (CDC, 20123). Le groupe de chercheurs, qui analyse ces données annuelles depuis 2002, note que le taux de prévalence a augmenté de 78 % entre 2002 et 2008. En mars 2012, le taux de prévalence s'établissait à 1 enfant sur 88 (CDC, 20124). En mai 2013, les mêmes chercheurs rapportent que le taux s'élève maintenant à 1 enfant sur 50.

 

Les faits saillants de ces observations sont les suivants :

  • quatre fois plus de garçons reçoivent un diagnostic de TSA ;
  • un plus grand nombre d'enfants sont identifiés en bas âge (avant l'âge de 3 ans), mais la majorité d'entre eux ne reçoivent leur diagnostic qu'à l'âge de 4 ans ;

  • en général, les enfants ayant des symptômes plus marqués sont diagnostiqués plus tôt que les enfants qui ont des traits plus subtils ;

  • la majorité des enfants ayant reçu un diagnostic de TSA ne présentent aucune déficience intellectuelle (62 %).

Au Canada

Les données québécoises récentes abondent dans ce sens. Une étude épidémiologique menée par le CRDITED de la Montérégie-Est dévoile le même phénomène (Noiseux, 20085). Les données ont été recueillies auprès du Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ainsi que dans certains indicateurs de la Fédération québécoise des centres de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (FQCRDITED) pour les années scolaires 2000-2001 à 2007- 2008. Les taux de prévalence augmentent : « Depuis 2000-2001, il s'agit d'une augmentation annuelle moyenne du taux de prévalence de 23 % ». Les régions ayant les taux de prévalence les plus importants sont, selon Noiseux, en ordre décroissant : l'île de Montréal, Laval, les Laurentides et la Montérégie.

Au Canada, l'Agence de la Santé publique du Canada a mis sur pied en 2011 un comité d'experts qui suivra l'évolution des taux de prévalence au pays. Le Comité de surveillance des troubles du développement de l'Agence de la santé publique du Canada a maintenant le mandat de collaborer à la mise en place d'un système de surveillance sur la prévalence du trouble du spectre de l'autisme au pays.

L’estimation de la prévalence du TSA au Canada, incluant les enfants et les adultes, est de 1 sur 94.

Pour en savoir plus sur le taux de prévalence de l'autisme au Canada, nous vous invitons à consulter le Blogue de données de santé publique du Gouvernement du Canada.

En France

Chaque jour, les chiffres concernant l’autisme s’affichent, de plus en plus alarmants. Beaucoup reste à découvrir. Pourtant, il est déjà certain que l’autisme représente un véritable défi de santé publique, auquel il est urgent de répondre.

 

  • 1 naissance sur 100 est touchée par le TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme)

  • En France, 650 000 personnes vivent avec une condition du spectre de l'autisme, selon les prévalences reconnues au niveau international.

  • Trois fois plus de garçons reçoivent un diagnostic de TSA.

  • Environ la moitié des personnes touchées par une condition du spectre de l'autisme présentent aussi une déficience intellectuelle (Q.I. inférieur à 70).

  • Selon de récentes estimations, environ 1% des populations britannique et américaine doit vivre avec une condition du spectre de l'autisme. On peut en déduire que, dans les pays de l’Union européenne, pas moins de 5 millions de personnes seraient touchées.

  • En France, une prise en charge partielle et non adaptée revient au minimum à 2 500 euros par enfant et par mois, poids financier essentiellement supporté par sa famille.

  • En France, 80 % des enfants se situant sur le spectre de l'autisme ne sont pas scolarisés

  • 37 % des Français pensent, à tort, que l’autisme est un trouble psychologique (étude Opinion Way, 2012)

  • 61 % des Français estiment qu’il y a environ 50 000 personnes touchées par l’autisme en France… au lieu de 650 000 !

  • Des conséquences sur les vies humaines au coût inestimable

.
Recherche et rédaction :
 Aube Labbé
Dernière mise à jour : 10/03/2017 12:46 PM

10 avril 2017

Réanimer le câblage cérébral pour traiter l'autisme ?

Et si c’était une révolution dans l’univers de l’autisme ?

Des chercheurs suisses pensent qu’il est envisageable de « rebrancher » correctement le cerveau des personnes autistes en réactivant uniquement un gène, parlant ainsi d’une possible thérapie de la maladie.

Sommes-nous proches d'un premier traitement curatif des troubles du spectre autistique ?

Les termes de « troubles envahissants du développement » regroupent un ensemble de maladies, caractérisées par des difficultés dans les interactions sociales, l’apprentissage, l'acquisition du langage ou encore par des comportements stéréotypés.

Parmi eux, l’autisme, qui existe sous diverses formes.

On dénombre plusieurs centaines de mutations génétiques impliquées dans cette pathologie.

Elles entraînent des anomalies cérébrales se caractérisant par des erreurs au niveau des synapses, ces connexions entre les neurones.

Pour faire une analogie simple avec l’électronique, on pourrait dire que les prises ne sont pas branchées de la même façon que chez les personnes non atteintes.

Pour guérir de cette maladie, bon nombre de spécialistes pensent qu’il faut agir avant même que les câblages ne soient mis en place, soit in utéro ou dans les premiers instants de la vie, car une fois le cerveau trop développé, il est trop tard.

Mais l'autisme se diagnostique au mieux vers l’âge de 2 ou 3 ans alors que les anomalies sont déjà présentes, ce qui laisse penser qu'une guérison demeure impossible.

Nlgn-3, le gène à réactiver



Une étude publiée dans Science remet cependant ce concept en question.

En contrôlant l’activité d’un gène, des chercheurs de l’Universität Basel (Suisse) ont montré qu’il était possible de remettre en bon ordre tout le réseau nerveux même après sa mise en place.

L’expérience a été menée sur des souris génétiquement modifiées pour que les scientifiques aient le contrôle, comme avec un interrupteur marche-arrêt, sur l’expression d’un gène nommé Nlgn-3 (pour neurogiline-3). Impliqué dans l’établissement des synapses, il est muté et inactif dans certaines formes d’autisme.

Cette image montre que pour une même fonction motrice, les régions du cerveau qui s'activent chez les personnes autistes (en jaune) sont différentes de celles chez des sujets non atteints par cette pathologie (en bleu), preuve d'un câblage neurologique différent.

Les auteurs ont d’abord éteint Nlgn-3 dans le cervelet de rongeurs, région du cerveau jouant notamment un rôle dans le comportement social.

Conséquence sur les souris : la suractivation d’un récepteur au glutamate, un des principaux neurotransmetteurs, appelé mGluR1-alpha.

Or, cette surexpression débouche sur des connexions synaptiques complètement erronées, bloquant les processus d’apprentissage et expliquant l’autisme.



Dans une seconde phase, l’interrupteur a été mis en mode « On », Nlgn-3 se trouvant ainsi activé.

Très vite, les taux de mGluR1-alpha sont redevenus normaux et, plus fort encore, les synapses anormales ont régressé pour laisser place à un réseau bien câblé.

Les défauts cérébraux ont ainsi pu être effacés.

Peut-on croire à un médicament pour guérir l’autisme ?

Cela laisse entendre que le cerveau est encore plus pastique que ce que l'on pensait.

Mais jusqu'à quel point ?

On l'ignore encore.

En revanche, pas de précision quant à l’impact sur le comportement des souris.

Ont-elles manifesté une attitude normale ?

L’étude, focalisée sur le cervelet, ne le précise pas.

Cette découverte semble assez révolutionnaire, laissant croire en une possible guérison de l’autisme, alors qu’on ne tente aujourd’hui que des thérapies comportementales ou psychothérapeutiques pour en soigner les manifestations.

Mais les écueils sont encore nombreux.

Ces résultats s’extrapolent-ils de la souris à l’Homme ?

Cela agit-il vraiment sur la maladie ?

Y a-t-il un délai au-delà duquel le mal est irréversible ?

Pourra-t-on concevoir le médicament adapté ?

Cela prévaut-il pour toutes les formes d’autisme ou seulement pour quelques-unes d’entre elles ?

Les scientifiques ont encore du pain sur la planche avant d'apporter les réponses à toutes ces questions...

Réanimer le câblage cérébral pour traiter l'autisme ?
6 avril 2017

Plan autisme, " la volonté politique ne doit pas faillir "

article publié dans Handicap.fr

Résumé : Ségolène Neuville, secrétaire d'État en charge du handicap, a souligné le 3 avril 2017 que la volonté politique ne devait pas faire défaut dans les mois qui viennent, afin d'assurer la mise en œuvre du 4e Plan autisme.

Par , le 04-04-2017

« Il faudra, dans les mois qui viennent, ne pas faillir sur la volonté politique et l'engagement militant, pour qu'un nouveau Plan autisme puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2018 », a souligné Ségolène Neuville lors d'un colloque au ministère des Affaires sociales, qui a réuni plusieurs experts et associations le 3 avril 2017. « Son budget se décidera à l'automne 2017 », a-t-elle précisé.

Les bases d'un budget

Lors de la Conférence nationale du handicap de mai 2016 (CNH), François Hollande avait annoncé qu'un nouveau plan viendrait, au 1er janvier 2018, prendre le relais du troisième, doté de 205 millions d'euros pour la période 2013-2017. « Nous en posons les bases, même si nous savons tous que ce gouvernement ne sera plus là le mois prochain », a ajouté Mme Neuville, au lendemain de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), évaluant le 3e plan, « doit être rendu courant avril et sera rendu public », a-t-elle rappelé. Parmi les priorités à prendre en compte, le soutien aux familles a été cité, ainsi que le renforcement de la politique de diagnostic, la formation des professionnels et l'inclusion sociale et citoyenne des personnes atteintes de troubles du spectre de l'autisme (TSA) : « Nous devons aller plus loin dans la mise en œuvre de méthodes efficaces, qui ont fait leurs preuves en France et à l'étranger ». Mme Neuville a par ailleurs annoncé que pour la première fois, l'Inserm (Institut  national de la santé et de la recherche médicale) serait associé à la  construction du futur plan.

650 000 personnes touchées

Parallèlement au colloque, où a été comparée la prise en charge des personnes autistes dans plusieurs pays (Suisse, Belgique, Norvège, Royaume-Uni), une commission scientifique internationale s'est réunie au ministère le 15 mars (lire article en lien ci-dessous). Les débats lors de cet événement sont destinés à nourrir ce plan.
En France, quelque 650 000 enfants et adultes seraient atteints de TSA, et un nouveau-né sur 100 serait concerné, selon les associations.

© Fotolia

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