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"Au bonheur d'Elise"
droits
13 juillet 2013

Le défenseur des droits dénonce le manque de places dans les établissements pour enfants handicapées

article publié dans FAIREFACE

12/07/2013

défenseur des droits,ime,école,élèves,établissementsParents et associations de personnes handicapées ne sont plus seuls à dénoncer le manque de places dans les instituts médico-éducatifs pour les enfants en situation de handicap : l’adjointe Défenseure des enfants auprès du Défenseur des droits a également lancé l’alerte ce matin sur Europe 1. « Il y a un manque de places qui existe depuis quelques années et qui ne permet pas que les enfants soient accueillis alors qu'une décision a été prise par la Maison départementale des personnes handicapées pour qu'ils puissent faire leur scolarité dans des conditions normales dans un institut médico-éducatif », a déploré Marie Derain. « La plupart du temps, ces enfants sont contraints de rester chez eux, avec les conséquences que ça peut avoir sur l'organisation familiale. »

 

Des solutions d’urgence et un plan à moyen terme

« À un mois et demi de la rentrée, il est encore temps de se demander comment on va accueillir ces enfants », a-t-elle ajouté. « Il est temps de se mettre autour de la table pour envisager des solutions pour tous ces enfants dès la rentrée de 2013 et d’avoir un plan qui prenne la mesure des difficultés pour qu’à moyen terme, les solutions soient plus systématiques, qu’on n’ait plus de situations où, alors que la décision est prise, les enfants attendent un an, deux ans, voire trois ans. Il faut absolument que les pouvoirs publics prennent la mesure des difficultés et les solutions requises pour que les enfants soient scolarisés. » Bien sûr, tout cela un coût « mais on voit bien que concernant des enfants et le droit fondamental à l’instruction, on n’a pas tellement à tergiverser. La question est vraiment de pouvoir les accueillir concrètement ». Franck Seuret - Photo DR

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10 juillet 2013

En grève de la faim pour mettre fin aux maltraitances de son enfant autiste

À l’heure où la majorité des français se préoccupent de partir en vacances, envoient leurs enfants en colonie ou centre aéré, les parents d’enfant autiste plongent dans un bain de papier administratif, bataillent pour lui préserver son droit à l’éducation, pour lui trouver une solution adaptée l’année prochaine ; ils se démènent pour l’occuper pendant ces vacances où il ne sera pris nulle part parce qu’il est discriminé ; ils dépensent une énergie folle pour échapper aux pressions des professionnels incompétents payés par le gouvernement ; ils font des km pour trouver des professionnels compétents…

Jusqu’où peuvent aller ces parents pour éviter à leur enfant d’être maltraité par l’État ?

Jusqu’à la grève de la faim… Ce qu’a fait Agnès Regardin, qui ne s’alimente plus depuis le 30 juin 2013.

 

Agnès Regardin et son fils Mattéo

 

Une histoire malheureusement banale

L’un de ses enfants, Mattéo, est autiste ; si on lui avait permis de fréquenter des enfants ordinaires avec un accompagnement adapté, il aurait pu apprendre d’eux, copier leurs comportements, jouer avec eux.

Si on lui avait réellement donné la possibilité d’apprendre à communiquer de manière intensive, que ce soit en échangeant des images, ou par signes, il aurait pu se faire comprendre…

Mais nous sommes en France, et dans ce pays, on ne juge pas utile d’apprendre quoi que ce soit à des enfants comme lui.

« Il a besoin de soins (pas d’éducation). », « L’école, c’est pas pour lui. », « Votre enfant est irrécupérable. », « Fuyez internet et les associations de parents, ne faites pas d’ABA, c’est du dressage de chimpanzés. »

Loin, très loin des recommandations de bonnes pratiques publiées par la Haute Autorité de Santé.

Alors, pour avoir la paix, on ne s’en occupe pas. On le laisse s’autostimuler dans un coin en s’autostimulant soi-même dans un autre coin… Le moindre effort quoi. On laisse ses moyens d’expression se réduire à des cris, des hurlements, des automutilations. On laisse ses troubles du développement devenir de plus en plus envahissants.

Comme on laisserait un cancer s’étendre parce qu’on a refusé de mettre en place un traitement adapté.

Plus la durée pendant laquelle un enfant autiste ne reçoit pas d’aide est grande, plus il est difficile à « récupérer ».

 

Le dernier recours face à la carence de l’État 

Aujourd’hui, cet enfant a 14 ans : ses troubles du comportement, qui sont un moyen de communiquer, d’attirer l’attention, d’échapper à une situation donnée, sont gérés par la prise massive de neuroleptiques. Ces médicaments aux importants effets secondaires lui ont fait prendre 20 kg.

Sa maman ne peut plus le gérer seule. Elle cherche une solution pour qu’il ne soit plus traité comme… Un animal ?

Des solutions, il n’y en a pas. Les rares établissements proposant des interventions recommandées par la Haute Autorité de Santé n’ont pas de places.

Alors, face à la carence de l’État elle utilise son dernier recours : ne plus s’alimenter. Pour alerter les pouvoirs publics, car son enfant a des droits, c’est un citoyen. Parce que l’Etat a des devoirs, des obligations, même envers les personnes handicapées, oui.

Le devoir de faire en sorte que son enfant ait un accompagnement adapté à son âge, à son état, et sa responsabilité est engagée en cas d’incapacité à mettre cela en place.

Réagiront-ils à cette appel ?

 

Les devoirs de l’Etat

Voici un extrait de l’Arrêt du Conseil d’Etat numéro 311 434 du 08 avril 2009

(…) le droit à l’éducation étant garanti à chacun quelles que soient les différences de situation, et, d’autre part, que l’obligation scolaire s’appliquant à tous, les difficultés particulières que rencontrent les enfants handicapés ne sauraient avoir pour effet ni de les priver de ce droit, ni de faire obstacle au respect de cette obligation ; qu’il incombe à l’Etat, au titre de sa mission d’organisation générale du service public de l’éducation, de prendre l’ensemble des mesures et de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que ce droit et cette obligation aient, pour les enfants handicapés, un caractère effectif ; que la carence de l’Etat est constitutive d’une faute de nature à engager sa responsabilité, sans que l’administration puisse utilement se prévaloir de l’insuffisance des structures d’accueil existantes ou du fait que des allocations compensatoires sont allouées aux parents d’enfants handicapés, celles-ci n’ayant pas un tel objet.

 

Voici un extrait de la lecture de la Cour Administrative d’Appel de Paris du 11 juillet 2007

Considérant qu’il résulte de l’ensemble de ces dispositions que l’Etat a l’obligation légale d’offrir aux enfants handicapés une prise en charge éducative au moins équivalente, compte tenu de leurs besoins propres, à celle dispensée aux enfants scolarisés en milieu ordinaire ; que le manquement à cette obligation légale, qui a pour effet de priver un enfant de l’éducation appropriée à ses besoins, est constitutif d’une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat, sans que celui-ci puisse utilement se prévaloir de l’insuffisance des moyens budgétaires, de la carence d’autres personnes publiques ou privées dans l’offre d’établissements adaptés ou de la circonstance que des allocations sont accordées aux parents d’enfants handicapés pour les aider à assurer leur éducation

 

L’article L311-3 du Code de l’action sociale et des familles mentionne qu’une personne résidant en établissement a droit à une prise en charge et un accompagnement individualisé de qualité favorisant son développement, son autonomie et son insertion, adaptés à son âge et à ses besoins (…)

5 juillet 2013

Encore un dérapage du Parti de Gauche au sujet de l'autisme

article publié dans le blog Des mots grattent

4 juillet 2013

(Coup de gueule de mon ami Gérard

Suite à ce communiqué du Parti de Gauche

Le coup de gueule (justifié) de mon ami Gérard :

Le PDG, drôle de sigle pour un parti d'extrême gauche ! Une fois n'est pas coutume, pas de retrait d'attention face à la connerie sans fond du texte du parti de gauche : un texte visiblement écrit depuis le divan d'un psyKK : on retrouve tous les éléments du langage psyKK : (pluralité des approches, sujet, souffrance) ! 

Tout est grandiose dans ce texte à commencer par l'introduction dans laquelle la manipulation est primaire : on mélange vérité et contre-vérité, omissions dès l'introduction : "les recommandations HAS préconisent prioritairement une approche éducative, comportementale et développementale, basée notamment sur des apprentissages répétés.".

Premièrement les recommandations sont élaborées en réponse à la question : "Quelles sont les interventions les plus sûres et les plus efficaces en matière d'autisme". Et la réponse qui gêne visiblement les rédacteurs de ce texte est claire et sans ambiguïté : les interventions éducatives, comportementales et développementales sont les plus sûres et les plus efficaces dans le traitement de l'autisme. C'est pour cette raison et nulle autre raison idéologique qu'elles sont préconisées. De même, les recherches démontrent que les approches psychanalytiques ne disposent à ce jour d'aucune étude scientifique validant leur intérêt dans l'autisme.  

La rhétorique du PDG ne peut rien contre ces faits ! Plus grave, ces interventions psyKK sont pratiquées et financées majoritairement en France depuis plus de 40 ans. Ce sont elles qui sont hégémoniques, liberticides, et qui ont été protégées par tous les gouvernements en place depuis des décennies. Le titre du communiqué est d'autant plus étonnant (Non au plan autisme, oui à la liberté de choix des familles) que la liberté de choix n'existe pas aujourd'hui en France du fait de la prégnance de l'approche psyKK que défend paradoxalement le PDG sous couvert de choix, mais de qui se fout le PDG ?

Les rédacteurs du texte ont-ils pris contact avec des représentants de familles dont ils défendent (on se demande à quel titre) la liberté de choix ? Ont-ils essayé de trouver un praticien formé aux TCC pour s'en rendre compte ? Par contre les psychanalystes se trouvent à tous les coins de rue. Voilà donc un parti d'extrême-gauche qui, non content de défendre une pratique de bourgeois, conçue par un bourgeois pour des bourgeois friqués, propose de le faire sous couvert de liberté de choix des familles, c'est tout simplement ridicule !!!
Le parti de gauche aurait tout intérêt, dans les plus brefs délais, à inclure dans son bureau politique des personnes informées sur la médiocrité des résultats des psychanalyses (rapport INSERM 2004) ; des personnes informées sur l'infiltration des psychanalystes dans le domaine de la santé, des médias, de l'expertise médicale (avec le succès que l'on commence à percevoir et qu'on aurait intérêt à évaluer finement), l'infiltration du monde politique afin de s'émanciper de cette pensée bourgeoise et totalitaire qui a trouvé en France et en son propre sein, un terreau fertile !  

Deuxièmement les approches modernes ne se limitent pas à la répétition, le penser et l'affirmer est soit une connerie sans nom, soit une mauvaise foi sans borne. Mais dans un cas comme dans l'autre c'est faux et surtout a-pragmatique : dénigrer une pratique efficace pour en défendre une autre à l'inefficacité avérée n'est pas un gage de sérieux dans le raisonnement et ne plaide pas en faveur des autres idées du PDG !

Troisièmement, la répétition ce n'est pas le mal, bien au contraire ! La répétition est un principe d'apprentissage fondamental et c'est sans doute la volonté de le nier qui est à l'origine d'une grande partie des difficultés d'apprentissage que rencontrent nos élèves aujourd'hui. S'approprier des connaissances en les réinventant est un processus intéressant mais il ne saurait être efficient pour tous les apprentissages, ni pour tous les élèves ! Dans la formation des élèves, l'apprentissage par répétition doit jouer un rôle important qu'il ne convient ni de négliger, ni de stigmatiser. Dans l'apprentissage des élèves avec autisme, la répétition revêt d'autant plus d'importance que les capacités sensorielles, de raisonnement, de dépendance au contexte, peuvent venir occulter les capacités d'apprentissage par répétition.  

De plus les difficultés de généralisation des compétences hors contexte d'apprentissage nécessitent de retravailler une compétence apprise dans nombre de situations afin de permettre à l'enfant de développer son autonomie dans un environnement naturel en faisant la part des choses entre ce qui est pertinent dans une situation (l'absence de voitures en mouvement à proximité du passage pour piétons) et ce qui ne l'est pas (la couleur de la voiture arrêtée). 

La suite du texte rédigé par les psyKK de service du PDG se passe de commentaires tout au plus peut-on rire de certains paradoxes : défendre l'omnipotente psychanalyse en évoquant le comportement de ses détracteurs qui serait digne de la grande époque soviétique est d'une loufoquerie sans pareil ; la psychanalyse est une pratique d'État, financée et entretenue durant des décennies malgré l'absence totale de résultats, ainsi que le prouve l'argumentaire scientifique.  

Mais les trois psyKK qui ont rédigé le texte (tant de conneries ne sauraient tenir en une seule cervelle), ne s'arrêtent pas là, le parti de gauche récuse les conceptions réactionnaires du ministère (entendre donner la priorité en matière de santé à ce qui fonctionne) ; heureusement que les psyK n'ont pas investi le domaine, disons au hasard, de l'antibiothérapie, sinon on serait dans une sacré mouise. 

Le PDG défend la liberté des soignants, y compris quand ils utilisent des interventions qui ne soignent pas ! Le PDG défend la liberté des psychologues et des éducateurs d'exercer leur art, pas de problème mais qu'ils aillent l'exercer sur eux-mêmes si leur art consiste à proposer des interventions non sûres et non validées. De quel droit le PDG revendique-t-il la médiocrité pour nos enfants ? Peut-être faut-il chercher dans cette revendiKKaction finale la vraie raison du positionnement du PDG.

Il apparait qu'il se situe plus en position de syndicat défendant les prérogatives exorbitantes de certains corporations, qui a pris ses habitudes (attente de l'émergence du désir de communiquer) qu'en véritable défenseur de la liberté de choix des familles car dans les faits, le choix actuel pour les familles (et le PDG le saurait s'il avait pris la peine de les contacter) est soit la psychanalyse soit la marginalisation avec la scolarisation et la recherche dans le privé des praticiens formés aux interventions reconnues par la HAS et par toutes les autres recommandations parues à travers le monde comme étant les plus efficaces.

 

Et là je mets un commentaire bien senti de mon ami Viktor sur mon  indignation face à ce communiqué : 

On dirait des gens dans les marécages, plus ils gesticulent, plus ils s'enfoncent. Leur crédibilité est définitivement perdue, dit moi une seule spécialité de la médecine ou les patients luttent contre les docteurs ?

 

Note de l’auteur de ce blog :

Ils n’ont pas de relecteurs dans ce parti ? Accuser dans le même communiqué de presse le gouvernement d’adopter des pratiques dignes de l’ère soviétique – un comble pour le « Parti de Gauche » en droite – ouh le gros mot – ligne de la parabole de la paille et de la poutre  – et plus loin d’être réactionnaire, celle-là est pas mal du tout. Faut pas les inviter à un dîner, il y aurait trop de prétendants…

Comme Gérard, je pousse mon coup de gueule sur les attaques contre les familles, menées par ces partis et mouvements qui vivent de revendications corporatistes, faisant pression sur les professionnels de l’Education Nationale afin qu’ils ne se forment  pas,  qu’ils n’acceptent pas nos enfants en situation de handicap à l’école de la république,  piétinant au passage toutes les conventions internationales, tous les textes de lois françaises.

J’en ai marre de leur RACISME !!! Car il  faut bien appeler un chat un chat. Quel syndicat, quel parti politique oserait dire qu’il faut des établissements séparés de l’école républicaine pour les enfants à peau noire, pour les enfants de confession différentes, pour les enfants nés d’unions non hétérosexuelles. C’est pourtant ce que font le PCF, le FDG, le PDG, la CGT, SUD, avec NOS enfants à besoins spécifiques afin de garder leur pognon : la mainmise sur ce personnel et les mouvements sociaux, les cotisations, la représentation…

Cela ne leur fait pas mal au ventre de vendre ces enfants. Ce ne sont pas les leurs. Ce sont les nôtres. Mais ce sont ceux de TOUS les Français.

5 juillet 2013

L'article -> Autisme : quand les familles s'en mêlent. Profondément blessant ...

Madame Chamak

J’ai lu dans « Sciences Humaines »  votre article  « Autisme : quand les familles s’en mêlent »

J’ai été profondément blessée par la façon dont nous, les familles y sommes présentées.

 

Qui impose à qui ?

Vous écrivez, à propos des méthodes comportementales : « (…) de nombreuses associations de parents militent pour imposer ces approches. » 

Mais à qui donc imposons-nous quoi que ce soit ? Le terme « imposer » que vous utilisez est totalement inapproprié, puisque ce sont en réalité les professionnels de santé et d’éducation qui nous imposent le type d’accompagnement, d’interventions pour nos enfants. Qui font pression sur nous, qui nous culpabilisent, jusqu’à faire des signalements à l’Aide Sociale à l’Enfance si on refuse de mettre notre enfant dans tel établissement/hôpital de jour.

Mais c’est vrai au juste, de quoi se mêlent les familles ?

Ne me dites pas que j’exagère, j’aimerais seulement que ce soit le cas. Mais, des appels de mamans à qui on met la pression, les associations de parents en reçoivent très régulièrement. La routine, le quotidien.

 

À propos de maltraitance

Dans votre article, vous parlez de maltraitance en citant un cas dans une structure comportementaliste. Mais vous oubliez de citer les dizaines de milliers de personnes autistes maltraitées qui vivent dans des établissements publics et dans lesquels, en grande majorité, les professionnels font du gardiennage, les considérant comme des malades qu’il faut médiquer et non éduquer… Et oui, le défaut d’éducation relève de la maltraitance…

Au fond, que voulons-nous ? Que nos enfants aient leurs chances de recevoir de l’éducation, d’apprendre la vie en société, d’apprendre les relations sociales…

Avez-vous des enfants Madame ? Si oui, vous leur avez certainement donné les moyens d’apprendre, de comprendre, d’être en relation avec les autres : vous leur avez laissé l’accès à l’éducation, à l’inclusion dans la société.

En quoi alors notre demande est-elle surprenante, choquante ?

Vous voudriez peut-être, sous prétexte que nos enfants ont un fonctionnement cognitif particulier, que nous les laissions les yeux fermés dans des institutions psychiatriques, hors de la société, pour les récupérer dans un état bien pire qu’à leur arrivée ?

Vous voudriez que nous les laissions croupir comme ces adultes dans le film « Autisme, solutions d’espoir » ?

Finalement, qui sont les personnes qui tiennent à ce que nos enfants progressent ? Certainement pas les professionnels qui ont à portée de main des neuroleptiques pour les calmer en cas de troubles de comportement. Des troubles qu’ils ont laissés s’installer, en se disant « C’est pas grave, si ils s’agitent un peu trop, on les shoote et on a la paix. »

 

 

Notre péché :  demander à ce que nos droits soient respectés

Dans votre article, notre volonté d’implication dans les accompagnements proposés est présentée de manière très négative. Mais n’est-ce pas naturel de vouloir cela ? En plus d’être naturel, c’est légitime, puisque maintenant les lois sont claires sur ce point : les parents sont, sur le papier, au cœur des décisions pédagogiques, éducatives.

Vous reprochez à une association nationale d’avoir osé faire condamner (en  2003) la France par le conseil de l’Europe : comme si était un blasphème… Alors que nos revendications sont bien légitimes : le droit au diagnostic, le droit à l’éducation comme n’importe quel être humain, droit que l’état français ne permet pas. Si on privait vos enfants de ses droits les plus élémentaires, comment réagirez-vous, Madame ?

Dans vos reproches vous avez simplement omis de dire pour quelles raisons la France est condamnée : pour le non respect de ses obligations éducatives à l’égard des personnes autistes. Le droit à l’éducation est un droit fondamental, bien détaillé dans l’article 24 de la convention relatives au droit des personnes handicapées de l’ONU en 2006.

Vous avez aussi soigneusement omis de dire que c’est grâce à cette condamnation de l’Etat que les Centres Ressources Autisme (CRA) se sont développés.

 

 

À propos d’argent…

Vous nous rendez coupables de la privatisation de tout un secteur, qui soit-disant s’en mettrait plein les poches avec nos enfants. Mais avez-vous un peu cherché pourquoi les familles dépensent de l’argent avec ce genre de professionnels ? Parce qu’il y a des résultats. Parce que ces parents font confiance dans les professionnels qui apprennent à leur enfants les règles sociales, les règles de communication, les apprentissages académiques : ils sont prêtes à payer pour qu’il aient accès à cela.

Toutes ces choses qui, pour vos enfants si vous en avez, sont prises en charge par l’Etat.

Oui, les parents se tournent vers le secteur privé, mais ils aimeraient bien pouvoir se tourner vers le public, si ce qui était proposé donnait des résultats concrets, de l’espoir… Au lieu de pratiques datant des années 1980, sauf dans certains hôpitaux de jour que l’on compte sur les doigts d’une main, mais que vous présentez comme si il y en avait un grand nombre.

Vous accusez  une certaine catégorie de professionnels de vivre, profiter de l’autisme, mais vous-mêmes, de quoi vivez-vous ? Vous aussi gagnez votre vie grâce à l’autisme, c’est là-dessus que porte votre travail, l’Etat vous paye pour cela.

Mais que faites-vous concrètement pour les personnes autistes, à part essayer de casser dans cet article le formidable travail des familles ?

4 juillet 2013

Languedoc-Roussillon : des enfants handicapés privés d'école à la rentrée

PATRICIA GUIPPONI
04/07/2013, 06 h 00 | Mis à jour le 04/07/2013, 08 h 38
Les parents se rendent mardi à l’Agence régionale de santé pour se faire entendre. Ils y convient le plus grand nombre.
Les parents se rendent mardi à l’Agence régionale de santé pour se faire entendre. Ils y convient le plus grand nombre. (BRUNO CAMPELS)

Pas de places dans les IME (institut médico-éducatif). Un collectif de parents se mobilise.

Ils s’appellent Juliano, Ikarm, Mohamed, Sofiane, Nawel, Vasco. Ont entre 5 et 8 ans. Le 3 septembre prochain, les enfants de leur âge reprendront l’école, eux se retrouveront sans classe pour les accueillir. Parce qu’ils souffrent de troubles du comportement, du développement, d’autisme.

Or, aucun établissement classique ne peut les gérer. Pas plus qu’un institut médico-éducatif, où la majorité d’entre eux sont admissibles. La faute au manque de places. "Nous avons sollicité les IME de Montpellier et ses environs. Personne ne peut scolariser nos enfants", observe Emmanuelle Hernandez, mère de Juliano, 6 ans et demi.

Des parents désorientés

Quand l’école traditionnelle est possible, l’effectif d’assistants de vie scolaire fait défaut pour la prise en charge de ces écoliers particuliers. Sarah Nedjidi en a fait les frais. Deux de ses cinq enfants sont autistes. Sa fille de 8 ans, Ikarm, est 44e sur la liste d’attente d’un établissement spécialisé.

"J’ai parlé avec un pédopsychiatre, il m’a dit : “Vous n’avez qu’à vous faire aider par les médicaments si vous ne pouvez plus gérer la situation !”", raconte-t-elle, encore abasourdie par la réponse aberrante. "On demande juste du temps partiel de scolarisation pour que nos petits ne soient pas laissés pour compte, puissent évoluer encadrés par un personnel compétent", insiste Emmanuelle Hernandez.

La loi donne obligation de scolarisation

Une centaine d’enfants seraient concernés en Languedoc-Roussillon. Aucun territoire de l’hexagone n’est épargné. "C’est injuste et inacceptable. Pourtant, la loi de 2005 oblige à scolariser tous les gamins. Nous avons créé un collectif de parents d’enfants déscolarisés car nous refusons cette fatalité", poursuit la maman qui se rend jeudi à la maison de la justice à Montpellier pour se faire entendre.

L'Agence régionale de la santé sollicitée

Mardi prochain, à 10 h, d’autres parents se joindront à elle pour exprimer leur mécontentement auprès de l’Agence régionale de la santé. "La création de places en IME n’est pas une priorité malheureusement.

Les personnes handicapées ne sont pas au programme des quatre axes d’actions de l’ARS, et il faut savoir que son budget pour 2013 a baissé de 20 %", analyse Florence Margaill, de l’association régionale Vivre avec une anomalie du développement. Le problème semble donc voué à rester en souffrance. "Les parents doivent s’organiser collectivement et solidairement pour renverser cet état de fait."

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2 juillet 2013

Les grandes ambitions du plan contre l'autisme

Le Monde.fr | 01.07.2013 à 17h10 • Mis à jour le 01.07.2013 à 17h15 | Par

Marie-Arlette Carlotti, le 29 mars à Marseille.
L'état n'a pas vocation à trancher les controverses scientifiques, notamment quant à la prise en charge de l'autisme. Au contraire, il lui incombe d'encourager les femmes et les hommes de science dans leur quête de savoir. Mais l'Etat a un devoir moral quand il s'agit de la santé des citoyens. Il doit, en l'état actuel des connaissances, mettre tout en œuvre pour répondre aux besoins de soins.

C'est précisément dans cet esprit qu'a été élaboré le troisième plan autisme. Il promeut la recherche sur les mécanismes de l'autisme, sa prévalence et l'évaluation des pratiques. Et dans le même temps, il prend acte de la nécessité d'agir. Les connaissances les plus récentes sont celles qui fondent les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS). Ce sont donc logiquement ces recommandations qui ont servi de fil rouge au plan.

COORDINATION DES ACTEURS

En quoi consistent ces recommandations ? Un dépistage le plus précoce possible et une prise en charge fondée sur les besoins individuels en associant des approches éducatives, pédagogiques et thérapeutiques. La HAS insiste sur la mise en œuvre d'interventions dès dix-huit mois et sur la place des parents dans ce processus.

Elle insiste également sur la coordination des acteurs et sur la nécessaire évaluation des pratiques, de toutes les pratiques. Ces recommandations répondent à un constat de carence grave qui concerne tous les secteurs : sanitaire, médicosocial et éducatif.

Quand le taux de prévalence est estimé à 1 sur 150 mais que la prise en charge dans le secteur médico-social ne concerne qu'un Français sur 850, il est indispensable d'améliorer notre système de dépistage et d'intervention : c'est la priorité du plan.

Quand seulement 20 % des personnes autistes sont accueillies dans des structures médico-sociales dédiées, il est nécessaire de transformer les structures existantes, de développer des dispositifs adaptés et de renforcer la coordination des acteurs sanitaires et médico-sociaux.

Nous avons donc fait le choix d'un investissement massif dans la formation et le renforcement des dispositifs en psychologues et en éducateurs spécialisés. Les formations rendront compte de la complexité de l'autisme et de la variété des approches existantes.

PÔLES D'EXPERTISE RÉGIONALE

Sur ce constat de carence et les réponses apportées par le troisième plan autisme, je veux réunir l'ensemble des professionnels et des familles. Le parcours d'une personne autiste n'est pas linéaire et nécessite la coordination d'approches éducatives, pédagogiques et thérapeutiques.

Le plan fait des pôles d'expertise régionale le point d'articulation entre recherche fondamentale, recherche clinique et diffusion des bonnes pratiques d'intervention. Il s'appuiera sur l'expérimentation menée par des pédopsychiatres depuis 2008 dans six Centres hospitaliers universitaires pour le dépistage et la prise en charge des enfants. Il s'appuiera également sur l'expérimentation menée au Centre hospitalier de Niort pour la prise en charge des adultes et confiera aux Agences régionales de santé (ARS) la responsabilité d'organiser la coordination des acteurs sanitaires, médico-sociaux et éducatifs.

Psychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés, orthophonistes, ergothérapeutes, médecins généralistes,... de nombreux professionnels de santé ont déjà intégré les recommandations de bonne pratique de la HAS et font progresser la connaissance et les pratiques par leur expérience et leurs approches transdisciplinaires.

Je les ai rencontrés dans mes différents déplacements et je sais que nous pouvons nous appuyer sur eux pour faire évoluer les mentalités et les pratiques.

ESPRIT DE DIALOGUE ET DE RESPECT

Nous avons fait le pari de la transformation au profit de tous. Nous avons fait le pari de la raison. Le 20 juin s'est réuni, conformément aux engagements pris, le premier comité de suivi du troisième plan autisme. Ce comité rassemble des associations, des dirigeants de structures de formation, des représentants du monde de la recherche et du monde hospitalier, des parlementaires et des membres de l'administration.

Ainsi, autour de la table, se retrouvent des parents de personnes autistes, des gestionnaires de structures médicosociales, des professeurs d'université, des neurobiologistes, des psychiatres, des représentants du peuple et des serviteurs de l'Etat œuvrant dans les politiques de santé, de cohésion sociale, d'éducation, de recherche et d'emploi.

C'est dans cet esprit de dialogue et de respect que le plan autisme a été conçu. C'est dans ce même esprit qu'il sera mis en œuvre. Avec comme seul horizon la dignité de tous.

Marie-Arlette Carlotti (Ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion)

1 juillet 2013

Autisme : réponse au Pr. Golse

 

Très cher Pr Golse,

J’ai lu avec une extrême attention l’article paru dans le journal Le Monde du 27 juin 2013, qui reprend votre lettre ouverte à Mme Touraine. Je l’ai lu avec  attention, et aussi, je dois le dire, avec une certaine stupeur.

Nous avons ensemble un certain passif, et je sais parfaitement à quoi m’en tenir en ce qui concerne vos positions. Je ne suis donc pas surpris par votre incroyable démagogie, qui consiste à tenter de nous faire croire que la liberté de choix des parents d’enfants autistes est menacée par le 3ème plan autisme. Que votre discipline s’en trouve elle-même condamnée. Et que tout cela va à l’encontre des recommandations de la HAS.

 

Je dois dire que vos circonvolutions rhétoriques, si elles ne manquent pas d’audace, constituent en tous cas un réel manque de respect pour les familles (dont je fais partie), et pour les associations qui portent leurs voix (dont je suis l’un des représentants).

En vertu de quoi, je souhaite ici vous répondre point par point, en vous citant :

«Je voulais vous dire, (…) à quel point,  avec une immense majorité de mes collègues pédopsychiatres, nous avons été scandalisés par le 3ème plan autisme ».

A la bonne heure ! Qu’est ce qui est scandaleux, au juste ? Que des avancées scientifiques et médicales traversent enfin nos frontières, malgré le mur psychanalytique érigé depuis tant d’années ? A quoi vous attendiez-vous, au juste ?

Pour rappel, le Code de la Santé Publique rappelle que : « Le médecin s’engage à assurer personnellement au patient, des soins consciencieux dévoués et fondés sur les données acquises de la science ».  Pourquoi l’autisme ferait-il exception à la règle ?

L’enfant  autiste n’a pas besoin de la psychanalyse pour « organiser sa représentation du monde », car l’autisme n’est pas la conséquence d’un supposé « vécu d’effondrement » ou « d’angoisse catastrophique », pour reprendre votre jargon.

« L’objectif principal de mon livre est précisément d’essayer d’apaiser les conflits et de plaider pour une prise en charge multidimensionnelle et intégrative des enfants autistes, du fait même de l’origine polyfactorielle de cette pathologie ».

Allons bon. Vous, apaiser les conflits ? On aura tout lu !

Qui dénigre depuis des années les méthodes éducatives et comportementales, et les associations de familles ? Qui tente de manipuler l’opinion publique, les médias et les politiques pour garder la mainmise sur la prise en charge de l’autisme ? Qui soulève le conflit ?

Votre manipulation ultime est d’avoir publié dans ce contexte difficile, un livre nommé « Mon combat pour des enfants autistes ». Quelle ironie. Quelle tromperie… Quel a été, concrètement, votre combat pour ces enfants ? La mise en place des pataugeoires ? L’isolement ? L’hospitalisation ? La séparation d’avec leurs mères, toxiques par nature ? Les méthodes archaïques, tel le Packing ?

Votre livre est un grand fourre-tout, qui appelle à une « convergence neuropsychanalytique » ( ?), et qui, une fois de plus, aborde les troubles de la communication de l’autisme dans une logique de dysfonctionnement mère-enfant.

Au cas où vous ne l’aurez pas compris, c’’est précisément ce genre de théories que les familles rejettent. Et étant donné qu’elles ne reposent sur rien de concret, il serait insupportable qu’elles continuent à avoir courent dans les hôpitaux français. A ce propos, je rappelle que ces théories franco-françaises sont la risée de la communauté scientifique nationale et internationale.

La pluridisciplinarité de la prise en charge de l’autisme peut et doit exister. En effet, les méthodes éducatives et comportementales disposent de plusieurs outils : l’ABA, bien sûr, mais aussi l’approche TEACCH, le PECS, et éventuellement l’orthophonie et la psychomotricité. Toutes ces approches peuvent être complémentaires. Entre elles, un point commun : elles font progresser les enfants et même les adultes autistes, et leur efficacité est mesurable, quantifiable, évaluable. Ce qui n’est pas le cas de la psychanalyse, qui n’a donc, encore une fois, rien à faire dans la thérapeutique de l’autisme.

« Il y a d’abord la liberté de choix des parents qui n’est plus respectée ».

Là, Pr Golse, à un mot près, nous pourrions être d’accord. Sauf que je dirais que « la liberté de choix des parents n’est pas ENCORE respectée ». Car aujourd’hui, la liberté de choix pour les parents est un véritable parcours du combattant.

Je ne compte plus les parents qui nous sollicitent parce que les CRA auxquels ils ont fait appel (ainsi que des CMP, CAMSP et autres) refusent de leur communiquer le diagnostic de leur enfant. Ou refusent de leur transmettre le dossier médical de leur enfant (dans l’illégalité la plus totale). Les cas de menaces, de pression et même de signalement abusif pour « carences éducatives » ou « défaut de soin » sont légion dès lors que les parents essaient de soustraire leur enfant aux prises en charge psychanalytiques et psychiatriques imposées par ces centres. De quelle liberté parlez-vous donc ?

Dans le cas de l’autisme, un autre facteur est à prendre en compte : l’ignorance dans laquelle les professionnels impliqués ont maintenus les parents. Car, pendant des dizaines d’années, les parents n’ont pas eu de choix, tout simplement parce que personne ne les ont informés de l’existence d’alternatives.

C’est grâce à la démocratisation d’internet, et grâce aux forums que les informations ont commencé à circuler sur ce qui se pratiquait avec un succès certain à l’étranger. Ce sont les parents, et les associations de parents (et notamment VAINCRE L’AUTISME), qui ont été les vecteurs de l’innovation. Ce sont eux, et non les pédopsychiatres français (qui pourtant, étaient évidement au courant de la façon dont étaient traités les autistes aux USA, ou en Suède !) qui ont mis en place les premières formations et prises en charge basées sur l’ABA. Il y aurait là de quoi s’interroger sur l’efficacité des CRA, et autres organismes spécialisés, à répondre à leur mission de soin. Moi, en tous cas, je m’interroge.  Car le temps perdu en institution à fait de milliers d’enfants autistes des polyhandicapés, dépendants et enfermés vivants, au sens propre comme au figuré, dans des institutions psychiatriques.

« Aujourd’hui, nous allons vers une impasse, car plus l’Etat se mêle de dicter aux professionnels leurs contenus d’action, plus la liberté de choix des parents se trouve rabotée. »

De quoi parlez-vous, Pr Golse ?

Le principal devoir de l’état est de faire respecter les droits de ses citoyens. Et donc, de veiller à ce que tous ces citoyens aient accès aux traitements les plus efficaces.

Et lorsque vous nous dites encore : « Pensez-vous vraiment que les cardiologues accepteraient que l’on vienne choisir à leur place le médicament de l’infarctus du myocarde ? ».

Non seulement, c’est hors sujet… Mais en plus, pensez-vous vraiment que les cardiologues continueraient à prescrire un médicament couteux, sans la moindre efficacité et potentiellement dangereux ? Croyez-vous qu’en pareil cas l’état ne devrait pas réagir ?

Voilà, votre métaphore a donné le ton, car c’est très exactement ce qu’est la psychanalyse dans le traitement de l’autisme : un outil coûteux, au mieux inadapté, au pire nocif, mais de toute façon inefficace.

Non, « le 3ème plan autisme ne va pas amputer un citoyen de sa liberté d’accès aux soins » comme vous essayez de nous le faire croire. Au contraire, il s’agit de protéger les enfants et les plus faibles de votre influence néfaste, qui nuit à leur progression, à leur autonomie et à la cohésion des familles.

Plus loin, vous évoquez « la créativité médicale », et vous vous interrogez : « Que nous restera-t-il à enseigner à nos étudiants ? »

Là, je vous l’avoue, je ne vous comprends pas. Quelle discipline médicale peut-elle se targuer de faire dans la créativité ? On parle de rigueur, d’application des données scientifiques, de talent, oui, voire même d’instinct. Mais de créativité, non. Vos patients ne sont pas vos cobayes, Pr Golse. Ni vos patients, ni leurs familles. La pédopsychiatrie, en tant que véritable médecine, existe en dehors de la psychanalyse. C’est d’ailleurs le cas dans tous les autres pays, qui ne sont pas, pour autant, totalitaires.

Pour conclure, je vais vous dire le fond de ma pensée : votre article achève de vous décrédibiliser.

En ce qui concerne l’autisme, votre discipline est à l’agonie. Vous vous débattez parce que vous ne supportez pas de ne pas avoir le dernier mot, et vous essayez de récupérer quelques miettes, parce que ces quelques miettes vous rapportent gros.

En tant que psychiatre, vous êtes médecin, et vous devez suivre les avancées de la Recherche et vous y conformer (code de déontologie oblige). De l’autre côté, en tant que psychanalyste, vous rejetez les données scientifiques dont vous disposez, vous campez sur vos théories anachroniques et sans aucun fondement. Hélas, visiblement, c’est le psychanalyste en vous qui prend le dessus sur le médecin.

Vous essayez de faire croire que vous vous battez contre de « dangereux comportementalistes ». Mais vous le savez, il n’y a pas de comportementaliste. Il n’y a que des parents. Des parents qui souhaitent le meilleur pour leurs enfants. Ces parents dont vous dites défendre « la liberté ».

Ce sont eux précisément qui s’élèvent aujourd’hui par milliers pour faire valoir le droit de leurs enfants à des traitements conformes aux données de la science. En tant que citoyens, usagers de la santé publique, nous avons ce droit de réclamer le meilleur pour nous et pour nos enfants.

Moi, Sajidi, je suis un usager, et je représente des usagers. J’ai des droits. J’exige qu’ils soient respectés.

La justice se doit donc de faire cesser l’imposture et l’escroquerie dont sont victimes les autistes de France. Et vous vous rendez coupable de vouloir perpétuer cette situation.

La justice est en marche, Pr Golse. Le débat sur la psychanalyse dans le traitement de l’autisme est déplacé. Clôt. Terminé. Maintenant, il faut vous y faire.

14 juin 2013

Autisme : nous en avons assez des polémiques ! (Danièle Langloys)

 Le Monde.fr | 14.06.2013 à 16h17

Par

L'autisme est devenu l'objet de propos d'une rare violence à l'égard de la ministre des personnes handicapées comme des associations de familles. La première paie son courage à viser la modification des pratiques dans le plan autisme 3, les deuxièmes leur refus constant de continuer à se plier à la pensée unique en matière d'autisme.

Bizarrement, ceux qui ont monopolisé le débat pour continuer à imposer une vision totalement dépassée de l'autisme semblent avoir oublié les premiers concernés : les personnes concernées par l'autisme et leurs familles.
Il est donc temps de rappeler quelques évidences.

Les parents d'enfants autistes sont les détenteurs de l'autorité parentale. A ce titre, ils veillent sur l'éducation et les soins de leurs enfants autistes. A voir le nombre grandissant de signalements abusifs pour retirer les enfants autistes à leurs familles, on mesure combien ce droit gêne certains professionnels, pas seulement de santé.

Les parents sont des usagers du système de santé et des services et établissements médico-sociaux. Ils ont donc droit au respect de la loi de 2002 garantissant leurs droits en la matière. Le libre choix des prestations y est affirmé. Ce sont ainsi les familles qui, assumant ainsi leurs responsabilités parentales, doivent choisir les programmes d'apprentissage et les formes d'éducation qui leur paraissent convenir à leurs enfants autistes, avec le soutien de professionnels compétents et formés, soucieux de partager savoirs et savoir-faire avec elles.

Les parents ont le droit d'exiger des informations sur la santé de leur enfant qui soient conformes aux données actualisées de la science. Ils ont le droit et le devoir de veiller à ce que leurs enfants, à tous les âges de leur vie, aient droit à des soins conformes à ces mêmes données. C'est rarement le cas.

Les parents sont des contribuables. Sur ce point, ils n'ont pas à payer deux fois : pour le maintien de pratiques obsolètes et coûteuses, dont ils ne veulent pas, et pour l'organisation à leurs frais de programmes éducatifs, qui ne sont pas financés par l'argent public, largement monopolisé par les pratiques obsolètes. Ils ont le droit de s'indigner que l'argent public finance l'exil forcé en Belgique de leurs enfants, à tous les âges de leur vie, sans aucun contrôle de la qualité de l'accueil.

Les parents sont des citoyens. Ils ont un droit de regard sur les politiques de santé publique. Ils ont le droit de demander des comptes à ceux qui monopolisent l'argent public pour garder, sans évaluation ni contrôle de leurs pratiques, leur pouvoir et leurs financements. Ils ont le droit de savoir où sont les personnes autistes et où est l'argent de l'autisme. Ils ont le droit de s'interroger sur les milliards employés chaque année à interner des "malades" en psychiatrie. Combien de personnes autistes parmi eux ? Combien en meurent, foie et reins détruits par l'administration à vie de neuroleptiques, pour le plus grand bénéfice des laboratoires pharmaceutiques ? Ils ont droit de s'interroger sur la condamnation de la France quatre fois de suite (2004, 2007, 2008, 2012) pour discrimination à l'égard des personnes autistes.

Les parents sont des êtres humains. A ce titre, ils n'ont pas à trouver acceptable l'atmosphère haineuse que des professionnels développent à leur égard. Ils n'ont pas à trouver acceptable que leurs enfants, rebaptisés "psychotiques", se voient proposer l'accueil de leur "folie" à vie en hôpital psychiatrique. Ils n'ont pas à trouver acceptable la dictature imposée aux familles et professionnels compétents, au nom d'une vision erronée et dangereuse de l'autisme.

Les personnes autistes sont porteuses d'un handicap, et à ce titre, doivent bénéficier de tous les programmes d'accompagnement nécessaires à leur inclusion sociale, conformément à toutes les conventions et directives européennes et internationales. Ces programmes commencent par le diagnostic et l'intervention très précoces, seule manière de limiter considérablement les surhandicaps.

Les personnes autistes ont droit à une vie digne, à développer des apprentissages, à bénéficier de programmes d'accompagnement personnalisés, centrés sur leurs goûts et leurs compétences, à vivre en milieu ordinaire, près de leurs familles, comme tout être humain.

Les droits de l'homme concernent aussi les personnes autistes et leurs familles.

Danièle Langloys (Présidente Autisme France)

14 juin 2013

Les bonnes pratiques toujours ...

Un référentiel de bonnes pratiques envers les personnes autistes édite par l'UE et datant de ... 1998. remercions Paul Paul Trehin pour cette communication :
http://www.autismeurope.org/files/files/ajouts/codefra.pdf
14 juin 2013

Mise au point sévère mais justifiée de Danièle Langloys, présidente d'Autisme France

Tribune sur l'ambiance actuelle :

tiret vert vivrefm topLire le pdf

 
14 juin 2013

Qu'est-ce qu'une bonne pratique ? Par Dov Botturi

 

tiret vert vivrefm tophttps://www.facebook.com/groups/480978295306347/doc/485679548169555/

Une « bonne pratique » désigne un processus, une méthode, une posture professionnelle qui représente le moyen le plus pertinent pour réaliser un objectif, accomplir une mission. De façon plus spécifique, dans les services auprès des personnes une « bonne pratique » doit être non seulement pertinente, elle doit aussi être en cohérence avec des principes éthiques fondateurs.

 

L’affichage de « bonnes pratiques » permet d’apprendre des autres, de réutiliser le savoir, les pratiques existantes, d’engerber les expériences, de partager ses expériences afin d’enrichir le travail d’équipe et d’améliorer le service rendu.

Une « bonne pratique » n’est jamais figée, elle est appelée à évoluer en fonction de son application, de la confrontation aux exigences éthiques et des besoins et attentes des bénéficiaires du service rendu. Dans cette perspective, une « bonne pratique » s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la qualité du service rendu.

 

Une « bonne pratique » ne saurait jamais être une solution toute faite pour répondre à une situation. Cette utilisation est une dérive perverse contraire à l’esprit d’une « bonne pratique ».

 

Une « bonne pratique » peut être élaborée sur le plan national par une agence spécifique, ici pour le secteur du social et du médico-social, les « bonnes pratiques » sont publiées par l’ANESM. Ces bonnes pratiques sont des recommandations et non des directives, elles donnent à un instant donné l’état de la question, elles donnent une base de travail, de réflexion. En tant que références officielles elles sont opposables aussi bien par les usagers, leurs représentants légaux et les professionnels face à des pratiques qui seraient en deçà de ce qu’elles recommandent, pratiques risquant de dériver vers des maltraitances.

En revanche, le principe de subsidiarité s’applique, ainsi chaque établissement peut faire mieux que les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l’ANESM. Déjà plusieurs établissements on rédigé leur propres référentiels de bonnes pratiques.

 

Pour élaborer une « bonne pratique » professionnelle, celle-ci doit s’élaborer de façon pluridisciplinaire avec des représentants des usagers et / ou de leurs représentants légaux et quand le thème l’exige avec des représentants de partenaires institutionnels.

Quand la question l’exige la « bonne pratique » professionnelle doit s’appuyer sur des références théoriques actuelles validées scientifiquement ou sur la réglementation en vigueur. Ainsi pour le handicap une bonne pratique s’appuiera sur les déclarations, chartes, conventions internationales (ONU, OMS), européennes (UE et CEDH) que nationales.

 

En conclusion provisoire, nous pouvons dire que les « bonnes pratiques » peuvent être présentées comme des exemples réussis de changement de méthodes de faire pour améliorer un existant donné, une service rendu à un moment donné, qu’une « bonne pratique a pour but de promouvoir l’expérimentation, l’innovation ainsi que la diffusion et le partage de l’information et des meilleures pratiques, de même que le dialogue sur les principes éthiques d’action dans le domaine de l’action sociale et médico-sociale.

 

Dov Botturi

12 juin 2013

Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique

article publié sur le site de l'Inspection de l'Education nationale de Tournus

 

eduscol_2Une ressource d’accompagnement éducatif publiée par éduscol.
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Troubles envahissants et troubles du spectre autistique

 

1. Définition

 

Les troubles envahissants du développement et les troubles du spectre de l’autisme recouvrent un ensemble de syndromes regroupés dans la classification internationale des maladies (CIM 10) sous le terme de « troubles envahissants du développement » (TED). Ces syndromes sont variés, dans les manifestations cliniques (nature, fréquence et intensité), les troubles associés, l’âge du début des troubles spécifiques ou leur évolution. Ils se caractérisent néanmoins tous par :

 

  • une atteinte qualitative importante et précoce du développement des interactions sociales et de la communication,
  • la présence de comportements répétitifs et d’intentionnalités restreintes,
  • un traitement sélectif et séquentiel des informations et des afférences sensorielles, que l’individu coordonne parfois avec difficulté.

 

Cliniquement, « la triade autistique » caractérise les troubles envahissants du développement :
« Un déficit des interactions sociales, de la communication et des particularités des intérêts et des activités qui entravent le développement de l’enfant et engendrent, sa vie durant, des handicaps sévères et lourds de conséquences pour lui-même et la vie familiale. »
L’hétérogénéité du développement est caractéristique chez les élèves avec TED et est à l’origine d’une dyssynchronie des champs cognitifs, instrumentaux et de la communication.

 

L’autisme est différent de la déficience mentale. Cependant, il peut y avoir un retard mental associé. Sa prévalence varie selon le type de TED. D’après l’état des connaissances sur l’autisme publié par la Haute Autorité de Santé, une éducation précoce et très structurée améliore les acquisitions de l’enfant autiste et contribue à son autonomie. Cependant, le très large spectre des troubles et des handicaps qu’ils engendrent ne permet pas d’établir une « règle éducative » unique pour tous. Ces travaux ont confirmé, pour les élèves qui peuvent en bénéficier, tout l’intérêt d’une scolarisation dès l’école maternelle qui offre, dans bien des cas, à l’enfant présentant un syndrome autistique ou des troubles envahissants du développement, des chances de développement langagier et sociétal optimal.

 

2. Les aménagements pédagogiques

 

Les évaluations

 

Les évaluations mises en place par l’enseignant constituent un outil permettant de définir des objectifs pédagogiques inscrits dans le PPS. Elles sont un moyen efficace de mettre en oeuvre des stratégies pédagogiques opérantes qui fournissent aux enseignants des repères pour comprendre les types d’erreurs commises par l’élève handicapé afin de le soutenir dans ses progrès, d’augmenter sa motivation et sa confiance en lui. Pour les élèves présentant des troubles des conduites et des comportements, les évaluations peuvent prendre la forme d’observations ciblées, de questionnaires (à l’oral, QCM, informatisés) de dictée à l’adulte ou toute autre forme susceptible de renseigner l’enseignant sur les compétences de l’élève dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences. Il faut veiller à ce que l’élève ait accès à la compréhension des consignes et à l’adaptation des supports à ses besoins.

 

La mise en œuvre

 

Les enseignants se sentent souvent démunis lorsqu’ils doivent scolariser un élève handicapé. Il n’y a pas de réponse commune à tous, chaque enfant est unique. L’inclusion d’un élève handicapé dans sa classe ne signifie pas qu’il faille changer complètement sa façon d’enseigner. Cependant, cela implique des aménagements. De ce fait, cet élève peut être perçu comme ayant un statut privilégié. Les troubles inhérents aux enfants avec TED conduisent l’enseignant à avoir des attitudes, des stratégies pédagogiques spécifiques (différentes de ses pratiques habituelles). Devant cette situation, il paraît souhaitable de préparer l’arrivée de cet élève en expliquant aux élèves de la classe, et avec l’accord de l’élève concerné et sa famille, quelles sont ses particularités, en insistant sur le trouble de la communication (altération de la compréhension orale et de l’expression) et sur la difficulté à se socialiser. Les enfants accepteront plus facilement la différence et un système de tutorat pourra se mettre en place. La qualité de l’accueil et de l’environnement permettra à l’élève avec TED de s’adapter au rythme commun, d’ajuster au mieux ses conduites par le biais des identifications notamment. Il s’agira de présenter cette initiative comme un échange, car l’élève avec TED dispose de compétences dont peuvent bénéficier ses pairs. La présence d’un élève handicapé dans la classe amènera tous les élèves à poser un autre regard sur la différence. Ils trouveront là l’occasion d’exercer leur esprit civique, d’apprendre la solidarité, le respect de l’autre.
L’enseignant devra fixer un cadre de travail dans lequel l’élève avec TED pourra se repérer, et acquérir des habitudes. Des adaptations sont également nécessaires tant sur le plan pédagogique que sur le plan technique. Pour scolariser un enfant handicapé, l’enseignant va devoir :

 

  • adapter et s’adapter (pratiques de classe, les situations proposées) ;
  • différencier sans exclure ;
  • évaluer (rechercher les potentialités) pour ajuster ce qu’il va proposer à l’élève ;
  • appuyer sa démarche pédagogique et didactique sur les éléments de mise en œuvre du projet personnalisé de scolarisation (PPS), définis lors de l’équipe de suivi de scolarisation ;
  • savoir recueillir et prendre en compte les informations transmises par les personnes ayant une connaissance de l’enfant, particulièrement celles émanant de la famille.

 

Voici quelques exemples d’adaptations : ces outils et aménagements pédagogiques doivent être personnalisés et correspondre aux besoins de l’élève, à ses capacités et à ses attentes. Il ne s’agit pas de les appliquer dans leur totalité.

 

  Mode de fonctionnement particulier Conséquences Aménagements
Troubles de la relation et des interactions sociales • Difficulté à comprendre la pensée des autres
• Difficultés à décoder les émotions et expressions
• Difficulté à ajuster son contact oculaire (regard fuyant, fugace ou transperçant)
• Difficultés à attribuer des « états mentaux » à soi-même et aux autres : pouvoir prédire ce que l’autre pense, attend, espère, va faire
• Difficultés à entrer dans des jeux avec ses pairs et à comprendre les règles de jeux
• Difficultés à comprendre et à se servir des codes sociaux et conventionnels
• Respect des règles acquises
• Pas de mensonge, ne triche pas
• Insuffisance à faire preuve de sens critique et donc manipulable
• Spontanéité : dis ce qu’il pense en toute circonstance
• Tendance à s’isoler et à être rejeté par les autres
• Difficultés à entrer dans les jeux symboliques
• Absence de réciprocité et d’ajustement dans les situations sociales (manque d’attention conjointe, de partage des intérêts d’autrui et d’empathie)
• Incapacité à respecter son tour
• Accompagner lors des jeux collectifs ou des supports faisant appel à l’imaginaire (faire comme, histoires lues ou racontées, méthodes d’apprentissage, jeux du chat et
de la souris…)
• Expliciter les règles des jeux collectifs
• Poursuivre les accompagnements adaptés sur les temps informels ou hors la classe et être particulièrement vigilant sur les récréations (risques d’instrumentalisation, de maltraitance ou de harcèlement)
• Présenter la situation aux autres élèves, en leur expliquant que l’élève avec TED ne fait pas preuve d’une attitude de rejet à leur égard, mais qu’il s’agit d’une
réaction à un trouble particulier
• Rendre les règles de vie de la classe et de l’école, les codes sociaux (même les plus évidents) accessibles en les explicitant de manière systématique, verbalement, et /ou à l’aide de supports visuels adaptés au niveau de compréhension de l’enfant : photos, images, pictogrammes, vidéos…
• Permettre à l’élève d’apprendre progressivement à attendre son tour avec l’aide de l’adulte, sur des temps très courts au début et bien définis, que l’on allongera de manière très progressive
• Rechercher avec l’enfant et ses camarades des façons d’entrer en contact
• Lui expliquer / lui montrer quels sont les contacts physiques appropriés, et comment manifester sa sympathie à un adulte ou à un camarade de manière adaptée
• Nommer les émotions de l’élève lui-même lorsqu’il en exprime
• Donner la possibilité à l’enfant de s’approprier les jeux ou le matériel de manière individuelle, en dehors des temps habituels (car il a peut-être besoin d’un temps d’exploration plus long)
Troubles de la communication • Absence de langage oral pour une majorité des jeunes enfants scolarisés
• Difficultés souvent associées d’imitation
• Absence ou faible utilisation d’autres moyens de communication non verbale : regard, mimique, gestes, pointage
• Langage : s’il émerge, il arrive tardivement (sauf dans le cas des enfants Asperger)
• Il peut durablement manquer d’intelligibilité (au plan phonétique)
• Il peut être insuffisamment spontané
• Il n’est pas toujours utilisé de façon fonctionnelle (il n’est pas adressé à l’autre)
• Compensation par le visuel : capacité de traitement de mémorisation visuelle, souvent supérieure à la norme
• Incapacité durable à se faire comprendre des autres et comprendre ce qu’on dit ou demande, ce qui peut générer d’importants troubles du comportement
• Pas ou peu d’initiative dans la communication
• Écholalies immédiates ou différées (usage stéréotypé et répétitif du langage)
• Néologismes (création de mots ou d’expressions)
• Inversion pronominale : « tu »ou « il » à la place du « je »
• Langage idiosyncrasique (usage des mots qui sont propres à l’élève)
• Utiliser des images pour aider à la communication
• Créer les conditions de pointage du doigt et accepter ce mode de communication
• Utiliser les aides visuelles : photos, dessins, vidéos et les moyens de communication non verbaux déjà en place (classeur PECS, pictogrammes…), quels qu’en soient les supports (classeur ou tablette numérique)
• Aider l’élève à accepter progressivement le contact oculaire, accepter qu’un enfant ne regarde pas nécessairement pour comprendre.
• Relayer le travail réalisé par les partenaires autour du décodage et de l’interprétation des expressions faciales, du langage corporel, des gestes, des inflexions de la voix
Troubles cognitifs • Rigidité mentale
• Difficulté à transférer les acquisitions dans un autre concept
• Difficulté de conceptualisation
• Limitation des élaborations imaginaires
• Difficulté à planifier, contrôler, organiser son action et son comportement
• Absence ou apparition tardive des jeux de « faire semblant »
• Difficultés d’accès au symbolique, compréhension littérale des messages (humour, mots abstraits, double sens des mots…)
• Intérêt particulier pour les détails
• Stabilité des apprentissages
• Capacités d’aller au bout d’un travail fastidieux
• Grande précision dans les détails
• Difficulté d’adaptation, ne garde pas les connaissances en dehors du lieu où du contexte où elles ont été acquises
• Besoin d’un temps de latence pour comprendre ce qui lui est demandé
• Tendance à la ritualisation
• Peu de prise d’initiative
• Hypersensibilité aux stimuli visuels et sonores donc aura des difficultés de concentration
• Incapacité à demander de l’aide, car il ne réalise pas qu’il en a besoin
• Difficulté de compréhension de ce qu’on attend de lui surtout si l’on utilise des sous-entendus, des expressions toutes faites, des consignes implicites
• Idée fixe souvent par un seul sujet. (Ex ; les dates), ce qui peuten faire des « experts » dans un domaine
• Faire varier dès le début des apprentissages, les matériels, les personnes, lieux et les moments
• Demander à la personne chargée de l’aide humaine individuelle d’expliciter le lien entre les différents moments ou exercices afin de permettre le transfert des acquis
• Utiliser un vocabulaire concret, précis et adéquat dans les consignes
• Structurer l’emploi du temps et les activités scolaires pour apporter à l’élève une certaine prévisibilité et des repères temporels stables
• Construire pour l’élève des outils spécifiques destinés à lui permettre de gérer son temps, de s’y repérer, d’anticiper : mise en place (dès le début de l’année scolaire) d’un emploi du temps visuel présentant de manière chronologique l’ensemble des activités prévues pour la journée de classe, sous forme de photos, d’images et/ ou d’écrits en fonction de l’âge
• Préparer l’enfant à tout changement, à toute nouveauté dans l’emploi du temps de la classe ou dans les activités en lui expliquant verbalement et en utilisant des supports visuels (photos, emploi du temps visuel ou écrit)
• Aménager, si possible, l’environnement pour réduire au maximum les distractions : éviter les lumières et les couleurs très vives, les odeurs entêtantes (produits de nettoyage, de peinture, de colle, odeurs de cuisine), les bruits de grincements (portes, chaises sur le sol)
• Utiliser si nécessaire des montres, des pendules, un minuteur ou un timer et permettre à l’élève de s’y référer régulièrement
• Séquencer les tâches, les décomposer en sous-tâche (notion de chronologie, de séquence)
• Lui formuler l’imminence de la fin d’une activité
• Eviter l’implicite
• Donner des outils d’organisation (check liste, fiches outils)
• Donner une consigne à la fois
• Éviter le double sens
Particularités sensorielles et motrices • Hyper et hypo sensibilité des sens
• Trouble du contact, fréquent et variable
• Permet de renforcer la motivation de l’enfant
• Refus du contact (d’être touché), ou le recherche systématiquement et parfois de façon archaïque (en flairant, léchant)
• Diminuer les afférences sonores (grande sensibilité au bruit)
• Penser à sa place dans la classe. Donner une place attribuée, y compris en maternelle
• Ne changer l’enfant de place qu’en cas de besoin. Préparer le changement de place
• Tenir compte des informations des parents sur la sensibilité de l’enfant
Troubles du comportement • Intérêt restreint
• Possibilité d’avoir un objet « fétiche » particulier
• Préoccupations particulières pour des objets (boutons, bouchons…)
• Possibilité de mouvements corporels stéréotypés au niveau des mains (flapping) ou du corps tout entier
• Comportement d’agressions sur soi ou sur les autres (automutilation) ou de destruction matérielle
• Contrôle et régulation émotionnelle difficiles
• Intensité et durée des crises plus importantes que chez les autres enfants
• Parasitage des apprentissages et des interactions
• Stigmatisation sociale
• Être attentif aux temps informels et aux moments de transition, être attentif aux signes précurseurs des crises
• Avoir recours à la sanction est parfois inévitable : alors, privilégier celle qui a du sens pour l’élève (à envisager avec sa famille et les partenaires éducatifs). Celle-ci ne doit pas être différée
• Chercher à identifier la ou les causes possibles des troubles comportementaux afin de les limiter et de les gérer au mieux (problème somatique, variabilité de l’environnement, obtention d’un objet ou d’une activité, difficulté ou inadaptation de la tache, évitement de la tâche, recherche d’attention…)
• Mettre en place un système de motivation à la tâche (renforçateurs concrets : objets à manipuler, activités ; économie de jetons ou renforçateurs sociaux : tape sur l’épaule, félicitations.)
• Permettre et gérer les rituels sécurisants, en lien avec les familles

 

 

 

Présentation du syndrome d’Asperger

 

Un certain nombre de spécialistes font aujourd’hui l’hypothèse d’un continuum effectif entre atteintes autistiques et syndrome d’Asperger. Cependant, ce dernier s’en différencie fortement par une absence, ou quasi-absence, de retard du langage et une faiblesse statistique des atteintes cognitives. La scolarisation s’en trouve en général facilitée.
Forme d’autisme particulier, le syndrome d’Asperger est un handicap altérant la capacité de percevoir et de comprendre certaines conventions sociales.
Les symptômes les plus importants se situent davantage d’un point de vue social. On remarque chez les Asperger une difficulté notable à saisir le langage non verbal (haussement d’épaules, sourire las, etc.) et les données abstraites. L’emploi d’une expression comme « se tourner les pouces », par exemple, les laissera perplexes, ou sera même compris au premier degré. Cette difficulté à décoder les émotions et les expressions provoque évidemment des problèmes de communication et suscite la moquerie chez leurs pairs.
La résistance au changement constitue un symptôme classique du syndrome d’Asperger. En raison de leurs difficultés à interpréter les signes émanant de leur environnement, les personnes affectées attachent beaucoup d’importance à la routine. En effet, à défaut de pouvoir prédire ce qui les attend, elles deviennent vite angoissées, et tendent alors à avoir des comportements obsessionnels.
Dans bien des cas, les élèves atteints de ce syndrome manifestent une grande maladresse dans leurs interactions sociales. Beaucoup évitent les contacts physiques, expriment peu ce qu’ils ressentent ou le font alors de façon démesurée. Les sentiments des autres leur apparaissent encore plus abstraits et, la plupart du temps, les Asperger leur substituent même leurs propres émotions. Pour toutes ces raisons, ils sont souvent perçus comme étant peu réceptifs et égocentriques. Ils apprennent beaucoup par imitation.
Cette impression se voit par ailleurs renforcée par un trait caractéristique des Asperger : l’engouement pour un domaine très spécifique, et leur capacité d’en parler longuement en dépit de l’ennui de leur auditoire. Ce trait fréquent chez les élèves Asperger peut prendre la forme d’une fixation, ou d’une obsession pour un sujet sur lequel ils acquerront une foule de connaissances. Il peut s’agir, par exemple, d’une passion pour le nom des rues, pour la biologie marine, etc. Souvent, c’est par le biais de cet intérêt précis qu’ils pourront entrer en communication avec leurs pairs.
Ne comprenant pas toutes les subtilités des relations humaines, l’élève Asperger est ainsi cantonné dans un isolement dont il est le premier à souffrir, et auquel se rajoutent bien souvent de douloureuses moqueries.

 

Un avantage qualitatif dans les interactions sociales :

 

  • La relation avec les pairs est caractérisée par une loyauté absolue et le fait d’être totalement digne de confiance ;
  • Capacité à prendre les autres tels qu’ils sont ;
  • Ils sont de nature enthousiaste et positive, liée à leur naïveté ;
  • Dit ce qu’il pense vraiment quel que soit le contexte social ou ses convictions personnelles ;
  • Capacité de poursuivre son idée ou sa propre perspective même en présence de contradictions apparentes ;
  • Recherche d’un auditoire ou d’amis capables de s’enthousiasmer pour des sujets d’intérêts particuliers ;
  • Attention aux détails, peut passer du temps à discuter un sujet qui peut ne pas être d’une importance capitale ;
  • Écoute des autres sans jugement ou suppositions continuels ;
  • Évite de préférence la conversation sans intérêt, superficielle ou les remarques évidentes ;
  • Une volonté déterminée de recherche de la vérité ;
  • Une conversation exempte de sens caché ou de motivations inavouées ;
  • Un vocabulaire développé et un intérêt pour les mots ;
  • Une mémoire exceptionnelle (notamment visuelle), qui leur permet de constituer « leur banque de données » dans laquelle ils puisent en permanence pour tenter de reproduire des situations déjà vécues, et ainsi compenser en partie leur manque de compréhension de l’implicite et des codes sociaux.

 

Les méthodes éducatives et comportementales

 

Les travaux scientifiques de la haute autorité de santé mettent en évidence des pistes d’actions appropriées en matière d’éducation. Plus tôt l’éducation est mise en oeuvre, mieux elle est adaptée à cette population spécifique et meilleures seront les chances d’une insertion sociale et professionnelle à l’âge adulte. Sans nier les difficultés qu’elle peut faire naître, la scolarisation contribue à préparer cette insertion.
Les méthodes et outils évoqués ci-après ne sont pas exhaustifs, mais ont fait dans différents pays la preuve de leur utilité. Il n’est pas demandé à l’enseignant de les maitriser parfaitement pour les mettre en pratique. Il s’agit plutôt de comprendre comment l’enfant avec TED fonctionne en dehors de l’école, en famille ou avec les professionnels de l’autisme qui l’accompagnent afin d’adapter le cadre de travail et développer de nouveaux réflexes d’apprentissage. Il n’est d’ailleurs pas exclu que l’ensemble de la classe puisse également en profiter. L’objectif n’est pas de modéliser l’action éducative et pédagogique. Il s’agit simplement de rendre accessible la référence à des méthodologies d’accompagnement privilégiant la structuration et le repérage dans le temps et dans l’espace, et apportant des solutions à des obstacles d’apprentissages cognitifs ou comportementaux. Selon le profil de l’enfant, tel ou tel outil s’avère nettement plus pertinent qu’un autre, pourtant efficace dans des contextes différents ou avec tel autre usager.

 

Les méthodes relevant d’une approche globale

 

1. La méthode TEACCH

 

La première méthodologie d’accompagnement spécifique a été mise au point pour des élèves avec retard mental et/ou sans langage dans les années 1960 aux États-Unis par Éric Schopler. Cette «méthode TEACCH» (Traitement par l’éducation des enfants présentant de l’autisme ou un handicap de la communication), est parfois aussi appelée « Éducation structurée ».

 

Principes

 

Elle consiste d’abord à adapter l’environnement pour tenir compte des déficits cognitifs constatés. Il s’agit notamment :

 

De structurer le cadre spatial et temporel à l’intérieur duquel on va chercher à développer des « compétences en émergence » en organisant :

 

  • l’espace. Cela revient à diviser la classe en espaces de travail distincts et identifiables : les aires d’apprentissage individualisé (où l’enfant pratique les activités qu’il sait initier de façon autonome), et les aires d’apprentissage duel (où il s’exerce avec un adulte aux tâches qu’il ne peut encore réaliser seul). Des aires de transition entre ces deux types d’activités et des aires collectives pour les activités de groupe (aires de jeux, de déjeuner, de goûter…) sont également identifiées. Cette organisation vise à faciliter pour l’enfant la compréhension de l’environnement et la construction mentale de repères qui vont très vite dépasser le domaine spatial.
  • le temps. Des plannings sont réalisés à l’aide de supports visuels. Ces supports sont choisis en fonction des compétences d’identification de chaque élève : pour l’un, ce seront des photos, pour l’autre, des images représentant les activités. Pour celui qui ne comprend ni les photos ni les images, cela peut même être un objet (ainsi la fourchette peut représenter le moment du repas).
  • les tâches. On les aménage de façon à ce que l’enfant repère visuellement ce que l’on attend de lui. La disposition du travail de gauche à droite, la mise en place de repères visuels à l’aide de couleurs, de nombres, de mots écrits indiquant le déroulement des tâches, et l’organisation du matériel font partie des techniques utilisées. Un système de « paniers » est ainsi mis en place pour différencier les tâches, chacun comprenant l’ensemble du matériel nécessaire à l’exécution d’une tâche et comportant un étiquetage. Ces paniers sont préparés sur la gauche, l’enfant exécute la tâche sur sa table au milieu, range ensuite son matériel dans le panier, et le dépose finalement sur sa droite avant de passer à la tâche suivante. Il s’agit de diminuer la dépendance aux consignes verbales et d’automatiser les praxies complexes. Pour les enfants sans langage oral, cette façon d’organiser l’enseignement s’avère en général efficace à moyen terme.

 

De se référer aux intérêts particuliers des enfants : on essaie d’améliorer leurs compétences en s’appuyant sur le repérage de leurs intérêts et de leurs aptitudes en place ou en émergences ;
D’évaluer régulièrement l’évolution de leurs compétences, à l’aide d’outils standardisés et étalonnés en âge développemental, mis au point spécialement pour eux, pour établir un programme individuel.

 

Adaptation aux différents contextes scolaires

 

La méthode TEACCH est particulièrement destinée aux enfants avec retard mental ou sans langage dont le profil exige un haut niveau d’adaptation de leur environnement à leur mode de fonctionnement.
Dans ce cas, il s’agit de :

 

  • fragmenter les contenus pédagogiques à transmettre, de telle sorte que l’on n’aborde qu’une difficulté à la fois ;
  • dispenser en général l’élève des contenus ou activités qui ne sont pas totalement à sa portée, compte tenu des évaluations que l’on a réalisées. Cela n’interdirait pas de prendre quelques risques, en proposant des activités « presque » à sa portée.

 

À supposer que les enfants avec TED présentent bien des difficultés dans ce que l’on appelle les « fonctions exécutives », il s’agit dans un second temps :

 

  • d’assurer la prévisibilité du cadre pédagogique. On peut à cette fin : utiliser les rituels de la classe, l’ordre dans lequel se succèdent les activités ou bien les différentes étapes dans la réalisation d’une tâche, qui sont toujours les mêmes ; augmenter, autant que possible, la prévisibilité des événements, pour diminuer l’anxiété de ces élèves et prévenir l’apparition de troubles du comportement.
  • de préserver un coin de travail personnel pour ces élèves, toujours au même endroit, en rangeant le matériel scolaire systématiquement à la même place ;
  • de rendre claires, explicites et non ambiguës les consignes de travail. Tous les éléments de la tâche à réaliser doivent être le plus explicite possible. Les élèves avec des troubles envahissants du développement ont beaucoup de difficultés à induire ou inférer : tout doit donc être précisé, y compris, par exemple, la longueur d’un écrit à fournir. Les critères doivent être le plus précis possible ;
  • d’apprendre à l’élève que lorsque l’enseignant s’adresse à la classe, il s’adresse aussi à lui. On demande donc à l’élève à côté de lui de lui rappeler au besoin ce qu’il doit faire, dans les cas où il ne bénéficie pas de l’accompagnement d’un adulte ; de veiller à utiliser des phrases courtes et un débit assez lent pour répondre aux difficultés de compréhension du langage complexe. On simplifie ou on décompose systématiquement les consignes, afin de minimiser le danger de confusions ;
  • de questionner l’élève pour s’assurer qu’il a bien compris le travail demandé en utilisant des tableaux et des schémas pour accompagner le discours. On veille, d’une façon plus générale, à utiliser très régulièrement les supports écrits ;
  • de structurer et d’organiser les tâches à effectuer. À défaut de paniers avec le matériel préparé à l’avance, on fournit à l’élève une liste des matériels nécessaires pour l’accomplissement de l’activité. Avant de commencer un travail, on incite l’élève à vérifier s’il dispose bien de tout ce qu’il faut pour travailler : l’utilisation de boîtes étiquetées contenant le matériel l’aide à aller le chercher là où il faut. On n’oublie pas de montrer à l’élève un exemple de travail réalisé d’une certaine manière, avec toutes les étapes. On préfère fragmenter, décomposer la tâche lorsqu’elle est longue.;
  • de renvoyer systématiquement des feed-back immédiats à propos de la performance réalisée, pour encourager, pour maintenir l’intérêt et la motivation.

 

Ces recommandations pratiques peuvent grandement faciliter le travail de l’enseignant avec les élèves. Elles peuvent aussi bénéficier à d’autres élèves en grande difficulté d’apprentissage

 

2. L’ABA

 

L’ABA (Applied Behavior Analysis) est dérivée des recherches en analyse expérimentale du comportement, notamment du Dr B.F Skinner (1938) qui a posé les principes du « Conditionnement Opérant ». Ils reposent sur un schéma simple : en agissant sur les antécédents et les conséquences produites dans l’environnement de l’individu, l’Analyse Appliquée du Comportement permet une modification du comportement. Ces modifications contribuent à une meilleure adaptation à l’environnement et facilitent donc l’intégration sociale des enfants avec autisme. Pour cela, l’Analyse Appliquée du Comportement vise l’apprentissage de comportements adaptatifs fonctionnels qui ne sont pas encore en place et la diminution des comportements non adaptés à l’environnement. Cette approche repose sur un apprentissage intensif.
Deux grands principes directeurs guident l’adaptation des comportements :

 

Le renforcement des comportements adaptés

 

Quand un comportement est suivi d’une conséquence agréable pour la personne qui l’a émis, il aura tendance à se reproduire. Le renforcement implique nécessairement une augmentation de la probabilité d’apparition du comportement renforcé. Pour qu’il y ait renforcement, le renforçateur doit être distribué immédiatement après la réponse attendue.
Le renforcement positif suppose l’ajout d’un stimulus agréable après l’émission d’un comportement
↔ l’enfant pleure, car il veut son jouet. On lui donne ce jouet. Le renforcement négatif (qui n’a rien à voir avec la punition) renvoie au retrait d’un stimulus désagréable après l’émission d’un comportement
↔ l’enfant pleure, car il ne veut pas faire une tâche. On arrête la tâche.
Les deux exemples précédents illustrent le renforcement d’un comportement inadapté. L’ABA quant à elle, s’attache à renforcer l’apprentissage de comportements socialement adaptés. Le but ultime est que la tâche devienne intrinsèquement récompensante (l’enfant autiste aimant faire ce qu’il sait faire, il n’a plus besoin qu’on ajoute un renforçateur pour réaliser la tâche).

 

L’enseignement de nouveaux comportements

 

L’absence de certains comportements (communication, loisirs autonomes, compréhension des indices de l’environnement et des codes sociaux…) peut induire des troubles du comportement majeurs. L’enseignement de compétences fonctionnelles est donc à ce titre essentiel.
Pour déterminer les objectifs de travail, une évaluation des compétences est menée. Parmi les domaines de compétence permettant l’élaboration des programmes en ABA, on peut citer :

 

  • Les compétences de bases : notamment la stabilité motrice, l’attention conjointe, le contact visuel, l’imitation sous ses différentes formes (avec objets, motrice globale, motrice fine, vocale, verbale)
  • Les performances visuelles : habiletés en rapport avec la discrimination visuelle (appariements, tris, encastrements, puzzles…)
  • Les compétences de communication impliquant :
    • Les habiletés expressives : demander, dénommer, imiter, répondre
    • Les habiletés réceptives relatives à la compréhension lexicale et syntaxique
  • L’autonomie : individuelle (se laver, manger seul, s’habiller, avoir des loisirs…), collective (savoir mettre la table, ranger, nettoyer les lieux), communautaire (prendre les transports publics, faire des courses…)
  • Les aptitudes de socialisation : interactions sociales, ajustement aux consignes et jeux collectifs, adaptation des comportements en société
  • Les habiletés académiques : compétences enseignées à l’école

 

Pour l’ensemble des objectifs introduits, l’ABA cherche à enseigner la réussite à l’enfant. Pour le maintenir en réussite, un des formats importants d’apprentissage en ABA est l’enseignement sans erreur : l’enfant est immédiatement guidé dans la réponse à la consigne, qui est de ce fait forcément correcte.

 

Il existe deux formats de leçons en ABA

 

Le format de leçon « distincte »
Ce format de leçon implique une réponse courte et simple (ex : trier, nommer), c’est-à-dire un objectif unique et distinctif. L’entraînement par essais distincts s’effectue en 4 temps :

 

  1. L’instruction ou Stimulus Discriminatif (Antécédent) ↔ ce stimulus est le plus souvent, mais pas nécessairement oral. Dans ce cas, la consigne doit être simple et claire
  2. L’émission de la réponse (B), le plus souvent rendue possible, au départ de l’apprentissage, par une guidance qui peut être complète ou partielle
  3. La conséquence (C) ou Feed-back ↔ L’enfant est renforcé proportionnellement à l’aide apportée. Moins il est guidé, plus il est renforcé (renforcement différencié)
  4. L’intervalle de temps qui précède le prochain essai

 

Le format de leçon « séquentielle »
Ce format de leçon suppose une série d’étapes dans un ordre chronologique (ex : se laver les mains, écrire un mot). Ces comportements complexes doivent être décomposés en sous-tâches (analyse de tâches) qui devront être enseignées isolément.

 

L’ensemble des enseignements peut donc impliquer différentes guidances ou incitations. Ces guidances facilitent l’apprentissage, mais doivent être retirées le plus vite possible. Les guidances les plus courantes sont :

 

  • Physiques : main sur la main de l’enfant
  • Gestuelles : pointage, posture corporelle ou mimique
  • Visuelles : image, photo, pictogramme, mot écrit
  • Orales : mot ou phrase produits à l’oral
  • Par modelage/imitation : modèle du comportement à reproduire
  • Environnementales : aménagement de l’environnement facilitant la réponse

 

Le principe est de n’utiliser qu’une seule guidance à la fois et de l’estomper le plus rapidement possible.

 

Adaptation aux contextes scolaires

 

Il est néanmoins possible de s’inspirer des principes d’ABA pour optimiser les apprentissages scolaires, notamment :

 

  • L’usage des renforçateurs.
  • La procédure d’apprentissage de chaque étape isolément qui permet de réussir l’acquisition de gestes complexes.
  • La notion de guidance : il est prioritaire de savoir ce que l’élève sait faire seul et ce qu’il doit faire avec aide. Par ailleurs, il convient de prendre conscience que nous avons tendance à émettre des incitations orales superflues et nuisibles. Pour cela, il nous faut différencier les instructions orales des incitations orales. Lorsqu’un enfant est dans le couloir à l’heure de la sortie en récréation, le stimulus de mettre son manteau est de voir que les autres enfants s’habillent pour aller en récréation. Lui dire « Mets ton manteau » en la circonstance est une incitation orale qu’il faut éliminer. Par contre, si l’on travaille avec lui et que nous décidons soudainement d’aller jouer dehors parce qu’il fait beau, lui dire « Mets ton manteau » est une instruction orale qui n’a pas à être éliminée en cette autre circonstance.
  • L’évaluation des antécédents et des fonctions/conséquences d’un comportement problématique évitera d’engager des réponses qui renforcent ces comportements. Quand un élève veut échapper à une tâche, le sortir de la classe ou lui demander de réparer ses dégâts plutôt que de finir l’exercice sont des conduites qui feront accroître l’occurrence du comportement. Chercher à consoler ou s’occuper d’un élève au moment même où il émet un comportement inadapté pour obtenir l’attention, ne fera qu’augmenter la probabilité d’apparition du comportement.

 

Les méthodes centrées sur le langage et la communication

 

3. PECS

 

Le PECS (Picture Exchange Communication System – Système de Communication par échange d’images) a été élaboré par le Dr Bondy et Lori Frost en 1985. C’est une méthode de communication qui peut être :

 

  • alternative se substituant au langage oral lorsqu’il est absent ;
  • augmentative en ce qu’elle permet d’étendre la communication d’un enfant qui parle, mais dont le langage oral n’est pas assez fonctionnel, intelligible, spontané, étendu au plan lexical ou syntaxique.

 

Le PECS permet à l’enfant de communiquer par l’échange d’images. Cette méthode est tirée de l’Approche Pyramidale du Dr Bondy qui a modélisé une application en ABA sous la forme d’une Pyramide dont le socle repose sur :

 

  • La fonctionnalité des apprentissages : tout enseignement doit se faire dans le cadre d’activités quotidiennes qui sont fonctionnelles et qui concourent à l’autonomie de l’enfant. C’est parce que les activités ont du sens que l’enfant aura envie de communiquer. On ne communique pas sur des choses qui nous ennuient.
  • La motivation : l’Approche Pyramidale insiste sur la nécessité de trouver et de hiérarchiser les renforçateurs.
  • La communication, en particulier la fonction de demande et de commentaire.
  • La mise en place de comportements alternatifs fonctionnellement équivalents : ils permettent de pallier les comportements inappropriés.

 

Le PECS consiste en 6 phases d’acquisition, qui ne seront pas nécessairement atteintes dans leur totalité :

 

  1. Apprentissage de l’approche sociale : l’enfant apprend à approcher un partenaire de communication pour lui donner l’image de l’objet qu’il désire et qu’il reçoit en échange. Il est guidé par un incitateur physique à prendre l’image, la tendre et la lâcher dans la main de son interlocuteur. Il apprend ici les règles de la communication.
  2. Apprentissage de la distance et de la persistance : l’enfant apprend à exercer cette compétence à distance. On lui enseigne à se déplacer pour aller jusqu’à un partenaire de communication, mais aussi pour aller chercher son classeur. On lui enseigne également à interpeller son interlocuteur qui peut être retourné. L’enfant apprend ici à dépasser les obstacles à la communication.
  3. Apprentissage de la discrimination : l’enfant est entraîné à faire le choix entre deux images, l’une d’un objet désiré, l’autre d’un objet non désiré. Puis quand cette étape est acquise, il fait le choix entre deux, puis entre davantage d’images d’objets désirés qui sont finalement regroupées dans un classeur. L’enfant apprend ici à identifier et à sélectionner le message de communication qu’il adresse.
  4. Apprentissage de la phrase : l’enfant apprend à utiliser le « je veux » qu’il place sur une bande phrase sur laquelle il met ensuite l’image de l’objet désiré. On lui enseigne ensuite à pointer les deux images « je veux » + « l’objet désiré ». On profitera de cette phase pour essayer d’entraîner la parole par complétude (on attend quelques secondes avant de prononcer la dernière syllabe en espérant que l’enfant la prononce avant). L’enfant apprend à échanger ici non plus l’image d’un mot, mais une phrase construite. Il est encouragé, mais non contraint à la parole (l’échange est honoré même s’il ne parle pas). L’enfant apprend à enrichir sa syntaxe avec des adjectifs (ex : « je veux le ballon jaune ») puis avec d’autres constituants (verbes, prépositions…)
  5. Apprentissage de la réponse à « Qu’est-ce que tu veux ? » : Jusqu’à présent, l’enfant faisait des demandes spontanées. On lui enseigne ici à faire des demandes en réponse à une question.
  6. Apprentissage du commentaire : l’enfant apprend à réagir aux questions « Qu’est ce que tu vois ? », « Qu’est-ce que tu entends ? », « Qu’est ce que tu sens ? ». Il passe donc de la demande au commentaire. On pourra aussi lui enseigner à répondre aux questions « Qu’est ce que tu as ? » dans le but qu’il puisse exprimer un jour « j’ai faim », « j’ai soif », « j’ai mal ». Au terme de cet enseignement, l’enfant est capable de faire des commentaires spontanés (sans question préalable) et même d’évoquer ses ressentis.

 

Adaptation aux contextes scolaires

 

Le PECS doit donc être mis en place par une personne formée. Ce n’est pas le rôle de l’enseignant non formé d’enseigner le PECS. Néanmoins, il pourra utiliser dans sa classe les outils déjà usités par l’enfant dans d’autres contextes. Il permettra ainsi à l’élève de communiquer avec son propre moyen de communication. Il facilitera la généralisation du PECS dans sa classe sur les étapes acquises et créera des opportunités de communication.

 

4. MAKATON

 

Le programme Makaton a été mis au point en 1973-74 par Margaret WALKER, orthophoniste britannique, pour répondre aux besoins d’un public d’enfants et d’adultes souffrants de troubles d’apprentissage et de la communication.
Le MAKATON est un Programme d’Aide à la Communication et au Langage, constitué d’un vocabulaire fonctionnel utilisé avec la parole, les signes et/ou les pictogrammes.
Les signes et les pictogrammes illustrent l’ensemble des concepts. Ils offrent une représentation visuelle du langage, qui améliore la compréhension et facilite l’expression.
La diversité des concepts permet rapidement de favoriser les échanges, en accédant à l’ensemble des fonctions de la communication : dénommer, formuler une demande ou un refus, décrire, exprimer un sentiment, commenter…
Le MAKATON propose :

 

  • un vocabulaire de base structuré en 8 niveaux progressifs avec un niveau complémentaire ouvert ;
  • un vocabulaire supplémentaire répertorié par thèmes permettant d’enrichir les 8 premiers niveaux.

 

Le MAKATON n’est pas destiné spécifiquement aux personnes atteintes de troubles envahissants du développement ou de troubles du spectre autistique.

 

Ressources

 

« Guide pour la scolarisation des enfants et adolescents handicapés »Ministère de l’Éducation nationale, MAIF

 

Guide : « Scolariser les élèves autistes ou présentant des troubles envahissants du développement » Scérén (CNDP) DGESCO

 

« Le droit à l’École pour tous » site EDUSCOL

 

Évaluation de l’impact du plan autisme 2008/2010. Rapport établi par Valérie Létard

 

Plaquette bande dessinée réalisée par la FEGAPEI et le soutien de AG2R LA MONDIALE

 

« L’un de vos élèves de maternelle est peut-être autiste ? » : brochure du Rectorat de Lyon en partenariat avec Autisme France et Res Publica

 

« Autisme, TED : Mieux me comprendre c’est mieux m’aider » : BD réalisée par un SESSAD

 

« Guide d’intervention pédagogique : Le Syndrome d’Asperger (SA) et l’Autisme de Haut Niveau en milieu scolaire »

 

« Autisme et pédagogie » de l’INS HEA

 

« Les modalités de scolarisation des enfants avec autisme »

 

HAS : « Autisme et troubles envahissants du développement (TED) : état des connaissances »

 

Association Nationale des Centres Ressources Autisme

 

CDDP de l’Aube : bibliographie sur le handicap

 

PECS-FRANCE

 

Centre ressources autisme Languedoc-Roussillon. Liste de ressources de pictogrammes.

 

« Mon petit frère de la lune », film de Frédéric Philibert

 


 

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Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique
Titre : Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique
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6 juin 2013

Face aux enfants autistes, on ne parle plus de soin mais d'adaptation

Avertissement : je ne suis absolument pas d'accord cet article que je publie néanmoins. Sa teneur donne une idée des intérêts assez considérables en jeu.

Comme si en France les psychanalystes n'avaient pas leurs lobbyistes. Comme si les équipes des établissements n'étaient pas encore actuellement managés bien souvent par des médecins formés à la psychanalyse. Comme si ces dirigeants de fait n'avaient aucun intérêt à conserver un système en l'état. Comme si la France était en avance, seule, sur le reste du monde. Comme si le progrès de la science s'arrêtaient dès lors qu'une théorie bien établie faisait foi. Comme si pour devenir psychanalyste il ne fallait pas abdiquer son raisonnement au profit d'un engagement (on le devient en faisant sa propre psychanalyse). Comme si les méthodes comportementales étaient de la maltraitance.

Vas-t-on attendre encore longtemps l'émergence du désir et continuer à interpréter l'inconscient ...

A mon sens, la décision de la HAS est courageuse et il est temps que toutes les équipes se mobilisent pour accompagner les personnes avec autisme & leurs familles afin de leur donner toutes les chances pour aller vers une autonomie la plus large possible.

La marche à suivre on la connaît => 1)diagnostic le plus tôt possible 2)formation de la famille & mise en place d'un accompagnement efficace (y compris en cas de doute pour profiter de la plasticité cérébrale 3) accompagnement par des méthodes reconnues et validées.

Les médecins psychiatres ont toute leur place dans la prescription de médicaments qui, dans certains cas, peuvent aider la personne.


Jean-Jacques Dupuis

 


 

article publié dans Médiapart le 4 juin 2013

Face aux enfants autistes, on ne parle plus de soin mais d'adaptation

A la lecture du troisième plan autiste, la pédopsychiatre Loriane Brunessaux remarque que l'Etat ne se comporte plus comme une instance régulatrice dans une visée démocratique mais plutôt comme un instrument normalisateur au service de l’intérêt de certains et de la rationalité néolibérale pour tous. Voici son intervention lors des Assises citoyenne pour l'hospitalité en psychiatrie.

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Le troisième plan autisme, élaboré par madame la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, et son équipe, a été rendu public.

A sa lecture, on est poussés à se poser la question suivante : que se passe-t-il dans le domaine de l’autisme ?

La pointe la plus émergée de l’iceberg est un discours, qui se prétend scientifique. Ici appliqué à l’autisme, on le retrouve à l’identique pour les enfants dits hyperactifs ou atteints de « trouble des conduites » ou encore dans le domaine des « troubles des apprentissages » : dyslexie, dyspraxie, etc…

Ce discours affirme que l’autisme est un handicap et non une maladie, lié à trouble neuro-développemental, c’est-à-dire un développement anormal des neurones et ou des connexions neuronales, issu d’une ou plusieurs altérations génétiques en interactions avec des circonstances environnementales, toujours envisagées sous leur aspect le plus biologique (jamais psychologique ni social) : infection virale pendant la grossesse, rôle de certains vaccins, de l’alimentation, etc.

Par une articulation que l’on a du mal à saisir complètement, cette vision purement organiciste et biologisante des souffrances de l’enfant entraînerait pour conséquence une prise en charge uniquement axée sur des méthodes purement concrètes et pragmatiques (jamais relationnelles ni sociales) envisagées en terme de support, compensation, rééducation, méthodes dites éducatives et comportementalistes dont la plus validée scientifiquement et la plus efficace dans l’autisme serait la méthode ABA.

Il ne s’agit plus de soin, il ne s’agit plus de guérison (avec toute la complexité de la réflexion qu’entraîne ce terme en psychiatrie), il s’agit d’ « adaptation ».

On observe que ce discours, qui résume l’enfant (et l’humain) à son vécu le plus biologique, va servir de caution, de légitimation, à tout un ensemble de mesures, de pratiques, de prises de pouvoir, de procédures, de mise en circulation de normes, qui déconstruisent et déstructurent en profondeur le travail de nombreuses équipes de soin ou d’accompagnement élaboré années après années autour du vécu de l’enfant dans toutes ses dimensions, tant biologique qu’affective et sociale, et aussi autour du vécu des professionnels en relation avec ces enfants.

Sur le plan macropolitique comme micropolitique, comment ce discours est-il utilisé ?

Sur le plan macropolitique, il semble évident que ce discours a rencontré un écho auprès de gouvernements successifs animés par des exigences d’économie et de contrôle gestionnaire des dépenses de santé. En effet, la disqualification de la notion de soin rend caduque la pédopsychiatrie publique, ce qui peut sembler très intéressant lorsqu’il s’agit de remettre en question le principe même de service public de santé et de protection sociale et d’orienter le pays vers une privatisation des soins, où ce serait finalement aux patients de se prendre en charge eux-mêmes ou aux familles de remplacer l’institution soignante. L’hypothèse étiologique purement génétique justifie de ne pas prêter attention aux inégalités sociales et de négliger le fait, par exemple, qu’il y a plus d’enfants autistes dans les familles de migrants précaires (et je ne parle même pas de l’hyparactivité, des troubles des conduites et des apprentissages). Quant aux techniques comportementalistes, étant liées étroitement et presque par essence aux techniques actuelles de management et de marketing (n’oublions pas qu’un des principaux fondateurs du behaviourisme, John Broadus Watson, s’est ensuite intéressé à la publicité), elles satisfont aux critères de la rationalité néolibérale prônant un individu concurrentiel et auto-entrepreneur de lui-même.

Sur le plan micropolitique, il est important de saisir que ce discours, même avant toute traduction légale, avant la recommandation de la Haute autorité de santé sur l’autisme en 2012, avant la sortie du plan autisme, est déjà utilisé depuis plusieurs années pour cautionner au nom de la science la mise en place d’une logique managériale au sein d’équipes de soin ou d’accompagnement, notamment dans le secteur médico-social. On observe ainsi un certain nombre d’associations gestionnaires d’établissement et/ou de directeurs (IME, CAMSP) exigeant une modification en profondeur de la manière de travailler des équipes, au nom des avancées de la science, renvoyant ou refusant d’embaucher des professionnels d’orientation autre que cognitivo-comportementaliste, infléchissant la prise en charge des enfants et des jeunes dans l’unique sens de la stimulation, de l’entraînement et du renforcement de comportements, interdisant toute remise en cause, tout discours critique, toute possibilité de réflexion commune. Malgré le désarroi d’un certain nombre de parents face à cette manière de traiter leurs enfants, ce mouvement ne pourra que s’intensifier avec cette recommandation de la HAS et ce plan autisme qui s’appuie sur elle car il se produit une réelle radicalisation des rapports de pouvoir et de domination au sein de ces institutions, au profit de la rationalité managériale néolibérale.

Quant au grand public, il n’y comprend rien et c’est normal car on lui a désigné le vrai coupable : la psychanalyse.

En effet, voici comment les médias (émissions de radio ou de télévision, articles de journaux) présentent les choses au grand public :

L’autisme serait donc un handicap neuro-développemental d’origine génétique qui relève de méthodes « éducatives et comportementales » et notamment la méthode comportementaliste ABA.

La France méconnaît cette nouvelle façon de comprendre l’autisme, pourtant censée s’appuyer sur des travaux véritablement scientifiques, pour se complaire depuis quarante ans dans une compréhension dite psychanalytique de l’autisme qui l’assimilerait à une psychose, définie comme une mauvaise relation entre la mère et son bébé. Les psychanalystes, qui tiendraient le haut du pavé dans tous les services de pédopsychiatrie et institutions pour autistes, seraient incapables d’effectuer un diagnostic précoce de l’autisme et recevraient depuis 40 ans des crédits conséquents de l’Etat pour poursuivre des thérapies inadaptées avec des enfants autistes consistant à attendre sans rien faire ou à les allonger sur un divan, faisant ainsi perdre un temps considérable à ces enfants et laissant s’installer des retards de développement irréversibles. Certains pratiqueraient même des techniques barbares telles que le packing. Ils refuseraient activement d’entendre parler des méthodes pourtant irréfutablement efficaces comme ABA.

En conséquence, des associations de parents, représentant la pensée de tous les parents de personnes autistes en France,  légitimement désemparées et scandalisées par cette situation, seraient parties courageusement en guerre contre l’ensemble de la pédopsychiatrie/psychanalyse française et auraient fort heureusement réussi à se faire entendre par des personnalités et instances officielles et notamment par la HAS qui a rédigé en 2012 une recommandation de bonne pratiques promouvant avant tout la méthode ABA  comme la plus scientifiquement validée dans l’autisme, affirmant la non-consensualité de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle et interdisant le packing. Par la suite, le 3ème plan autisme de la ministre Mme Carlotti est venu assurer l’application de cette recommandation à l’exclusion de toute autre approche dans les établissements recevant des personnes autistes.

A côté de toutes les fables véhiculées, auxquelles on pourrait rétorquer l’absence de preuve scientifique tangible d’une causalité purement somatique de l’autisme, l’absence de validité scientifique des études affirmant l’efficacité de la méthode ABA, la fausseté des discours affirmant l’hégémonie de la psychanalyse depuis 40 ans en pédopsychiatrie, l’absence de coût pour l’Etat représenté par la psychanalyse, la fausseté du rejet par les psychanalystes de toute autre approche, l’existence majoritaire d’une pédopsychiatrie s’appuyant sur un trépied thérapeutique, éducatif et pédagogique, la vision caricaturale et simpliste de la théorie et de la pratique psychanalytique représentée par ces discours, le fait que les associations de parents en question sont extrémistes et absolument non représentatives de la majorité des familles de personnes autistes en France dont certains n’en peuvent plus de voir leur parole passée sous silence, la pénurie organisée du service public hospitalier qu’il est un peu fort de faire porter à la psychanalyse, le peu d’établissements sur le sol français aptes à recevoir des personnes autistes, le droit des personnes autistes à être traitées au cas par cas et non selon une unique méthode comportementaliste, quelle conception de l’être humain voit-on se dessiner derrière ces discours ?

Il s’agit  d’une conception de l’Homme inspirée par les modélisations des neurosciences associées aux sciences cognitives, donnant toute sa place au cerveau, composé d’un réseau de neurones connectés entre eux, considéré comme un système de traitement de l’information se traduisant par divers comportements.

Un traitement anormal de l’information, que celle-ci soit sous ou au contraire sur-traitée, se traduira par des comportements inadaptés sur lesquels il est possible secondairement d’agir.

L’imagerie du cerveau interprétée par les hypothèses cognitives fournit le substrat de cette conception, qui va de pair avec une vision de la prise en charge en termes de support, de traitement médicamenteux, de rééducation, de compensation.

Cette conception exclut  les notions de soin psychique et de psychothérapie, a fortiori psychanalytique, au sens où l’on attendrait un changement, une évolution, voire une guérison d’une personne sous l’effet d’une approche centrée sur la relation. Elle exclut également toute prévention environnementale qui viserait à la réduction des inégalités sociales.

Et c’est là que se démasque le caractère idéologique et militant de cette utilisation du discours neuroscientifique : non pas dans la vision purement organique de l’autisme (après tout on a le droit de l’envisager comme tel), non pas dans la promotion d’approches purement éducatives et comportementales (qui peuvent convenir à certains) mais bien dans l’articulation dure des deux à l’exclusion de toute autre : en effet, pourquoi l’interaction gène-environnement ne prend-elle jamais en compte l’environnement sociétal ou psychologique ? Pourquoi une personne présentant une maladie et/ou un handicap d’origine génétique ou purement organique ne pourrait-elle pas bénéficier d’une psychothérapie ou d’un soin relationnel, y compris éclairé par la psychanalyse et prenant en compte l’inconscient ? On sait pourtant depuis longtemps, et les médecins somaticiens sont les premiers à nous le rappeler, l’impact du psychique sur le somatique dans des maladies chroniques ou au long cours comme la sclérose en plaque, le cancer, le diabète, etc. Il est donc aberrant que ce qui est considéré comme du simple bon sens en médecine somatique devienne un interdit de penser en psychiatrie !

Le fait de nier ces évidences risque tout simplement de maintenir la personne autiste dans son isolement relationnel et d’inscrire les inégalités sociales comme un état de nature impossible à modifier.

On sent bien que dans cette conception de la prise en charge, la notion de normalisation, d’adaptation, prime sur celle de guérison et sur la nécessité d’une réflexion politique sur le vivre-ensemble.

Ce ne sont bien entendu pas les neurosciences ni les sciences cognitives en elles-mêmes qui sont en cause mais leur utilisation pour le renforcement d’une certaine politique agissant sur les corps et les esprits, qui ne serait plus fondée sur le débat et les principes démocratiques mais sur une supposée vérité scientifique. On observe ainsi, à côté du développement de la neuro-économie, l’apparition dans la justice de la notion de neurodroit qui userait du recours à l’imagerie cérébrale pour aider le juge à prendre la bonne décision.

Les questions que l’on peut se poser sont donc les suivantes :

 -Au-delà de la question des mots employés (soin, accompagnement, maladie, handicap, usagers), comment soutenir des pratiques vivantes, désirantes, au cas par cas, s’adressant à des personnes vivantes et incarnées et non à une somme de comportements ou de symptômes à corriger ?

- Comment soutenir la question de l’inconscient, de la réalité psychique, de ce qui est partageable et non partageable dans les relations humaines, de ce qui n’a pas de réponse ni de sens immédiatement décelable ?

- Comment soutenir la place de la psychanalyse, de sa diversité, de la richesse de ses découvertes et de ses pratiques, dans les institutions psychiatriques et médico-sociales ainsi que dans la culture ?

- Comment soutenir une recherche neuroscientifique et cognitive qui serait un apport pour la diversité des points de vue et non un mode d’emploi pour le monde qui se présente à nous ?

- Comment soutenir l’Etat comme instance régulatrice dans une visée démocratique et non comme instrument normalisateur au service de l’intérêt de certains et de la rationalité néolibérale pour tous ?

- Comment imaginer, y compris politiquement, une manière de vivre ensemble, de se soutenir les uns les autres, malgré la diversité de nos histoires, de nos origines sociales, de nos personnalités, de nos manières d’être au monde, de nos anomalies et de nos idées ?

- Comment lutter contre cette mutation de la démocratie qui oblige à se fonder en association et à pratiquer le lobbying pour se faire entendre des hommes politiques ?

- Et très concrètement, comment lutter contre ce mouvement en marche qui lisse et normalise nos pratiques, ici via la recommandation de la HAS, ailleurs via des évaluations, certifications, visites d’experts, protocoles, réaménagements divers des moyens ?

Pour mener ensemble cette réflexion, nous avons instauré pendant deux jours avec le collectif des 39 des Assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social, réflexion qui se poursuivra le 16 novembre 2013 à la maison de l’arbre à Montreuil.

Loriane Brunessaux,
pédopsychiatre, cofondatrice de l’association Utopsy,
02/06/2013

 

 

 

6 juin 2013

Lettre ouverte du Kollectif du 7 janvier au Président de la République à propos du 3ème plan Autisme

Publiée sur FR Blog (le blog de Franck Ramus)

Monsieur le Président de la République,

 

Vous avez reçu un courrier du dit « Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire », ainsi que d’un certain nombre de syndicats, partis et organisations représentant des professionnels de santé, à propos du 3ème plan Autisme[i]. Au cas où vous auriez trouvé leur prose quelque peu obscure, nous vous en proposons le décryptage suivant. En substance, ces professionnels vous disent:

 

·      « La pédopsychiatrie française traditionnelle est la meilleure, et le monde entier nous l’envie.

·      La pédopsychiatrie française traditionnelle intègre déjà toutes les avancées scientifiques découlant de la recherche internationale, sous la forme de prises en charges « intégratives ».

·      Ne vous avisez surtout pas de tenter de vérifier ces affirmations en vous renseignant auprès d’autres pays.

·      Ne vous mêlez pas de savoir si les pédopsychiatres et psychologues français s’occupent bien des enfants autistes, cela ne vous regarde pas.

·      Ne vous mêlez pas de savoir si l’argent de la sécurité sociale et des contribuables est dépensé à bon escient dans nos institutions sanitaires et médico-sociales, cela ne vous regarde pas.

·      Ne vous mêlez pas de savoir s’il serait mieux dépensé ailleurs (à l’Education Nationale, par exemple), cela ne vous regarde pas.

·      Ne retirez en aucun cas les enfants autistes de nos institutions psychiatriques et médico-sociales. Ils nous appartiennent. Comment pourrions-nous vivre sans eux ?

·      Le libre-arbitre des soignants implique de pouvoir faire ce qu’ils veulent des patients, sans aucun contrôle extérieur. Le serment d’Hippocrate est un carcan idéologique fasciste qui ne saurait s’appliquer à la psychiatrie.

·      Le seul problème dans la pédopsychiatrie française, c’est un problème de moyens. Donnez-nous plus d’argent pour continuer à travailler comme nous l’avons toujours fait, sans que personne ne s’en mêle.

·      Ne nous demandez jamais de rendre le moindre compte sur nos activités, il est contraire à notre éthique anti-bureaucratique d’écrire des comptes-rendus et de remplir des formulaires.

·      Ne lisez en aucun cas les recherches scientifiques internationales, ni les synthèses qui en sont réalisées par la Haute Autorité de Santé, cela ne vous regarde pas.

·      Ne prêtez aucune attention aux associations de familles représentant tout juste quelques dizaines de milliers d’adhérents. Ecoutez uniquement le discours de l’association « La main à l’oreille », représentant une bonne dizaine de familles, qui est la seule homologuée par nos services.

·      Nous sommes les seuls véritables humanistes, et tous ceux qui sont contre nous sont d’abominables tortionnaires.

·      Nous sommes les seuls à prendre en compte la singularité de chacun, tous les autres ne cherchent qu’à réduire les individus à des clones sans âme.

·      Nous sommes les seuls à posséder une véritable connaissance de l’être humain, et tous ceux qui disent en savoir plus sont des scientistes.

·      Nous avons le monopole de la générosité et du service public, et tous ceux qui sont contre nous sont mus par des intérêts mercantiles et financés par les compagnies pharmaceutiques « anglo-saxonnes ».

·      Nous sommes les seuls à être de gauche, et tous ceux qui sont contre nous sont d’extrême droite, à commencer par votre ministre Marie-Arlette Carlotti.

·      La psychiatrie française est une et indivisible, et nous en sommes les seuls représentants légitimes. Des mouvements comme le Collectif des bonnes pratiques en psychiatrie, le Collectif pour une psychiatrie de progrès, ou encore le germanique et blasphématoire KOllectif du 7 janvier ne reflètent nullement des avis divergents en notre sein, ce ne sont que des traîtres, des renégats au service de puissances étrangères et de forces occultes.

·      En conséquence, si vous voulez comprendre les problématiques de la pédopsychiatrie et de l’autisme, ne vous adressez qu’à nous. N’auditionnez ni des scientifiques, ni des psychiatres étrangers, ni des personnes autistes ou leurs familles, ni les représentant des collectifs suscités. »

 

Monsieur le Président, nous vous laissons juge du bien-fondé de ces positions, et nous avons toute confiance dans la capacité de votre gouvernement à avoir une approche rationnelle du problème de l’autisme, et plus généralement des troubles cognitifs et mentaux et de la psychiatrie (qui fait actuellement l’objet d’un rapport parlementaire aux enjeux cruciaux de la part des députés Jean-Pierre Barbier et Denys Robillard). Ces questions sont politiques, mais elles ne devraient pas être partisanes. Le 3ème plan autisme est certes loin d’être parfait: il manque de moyens, et il fait encore la part belle aux institutions médicales et médico-sociales, au détriment de l’inclusion pleine et entière des personnes avec autisme dans les écoles et dans la société. Mais il amorce un virage absolument indispensable, et vous devez bien mesurer toutes les conséquences qu’il y aurait à faire demi-tour, uniquement pour faire plaisir à certains lobbys qui ne défendent que leurs intérêts catégoriels au détriment des patients. Nous restons à votre disposition pour approfondir le sujet avec des membres de notre collectif si vous le souhaitez.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre plus haute considération.

 

Le KOllectif du 7 janvier
6 juin 2013

Lettre unanime des députés du groupe autisme à François Hollande

courrier publié sur le blog Des mots grattent

 

Monsieur François Hollande

 

Président de la République

 

  
Paris, le  06/06/2013

 


Monsieur le Président de la République,

 

Le 3è Plan Autisme annoncé le 2 mai dernier par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, est un plan ambitieux. Il marque une profonde évolution en faveur notamment du diagnostic précoce, des méthodes éducatives et comportementales et d’une politique de recherche qui favorise les neurosciences. Autrement dit, il entend fermement tourner la page de la psychanalyse appliquée à l’Autisme.

 

En annonçant clairement la nécessité de mettre en pratique les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et en ne donnant les moyens d’agir qu’aux seules structures utilisant les méthodes comportementales et éducatives, le Gouvernement a permis que les personnes avec autisme, leurs familles et les associations soient enfin reconnues et puissent enfin croire en l’avenir.

 

Pourtant, depuis l’annonce de ce plan, « le lobby de la psychanalyse », particulièrement ancré dans notre pays, conscient du risque de pertes financières en sa faveur, est particulièrement virulent à l’encontre de Marie-Arlette Carlotti et du Gouvernement, au point de demander le retrait de ce Plan largement concerté.

 

Face à cette offensive inacceptable, nous tenons à réaffirmer notre soutien aux engagements du 3è Plan Autisme et nous vous demandons de veiller à la bonne application de ce Plan en ne finançant que les structures basées sur une prise en charge adaptée.

 

            Comptant sur votre soutien, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre très haute considération.  

 

                                                                                   Groupe d’études sur l’Autisme
5 juin 2013

Prix école inclusive 2013 ... au Canada (Québec)

article publié dans LBR.ca

Publié le 4 juin 2013 à 15 h 04

 

Martin Deschamps avec Émile accompagné de ses parents Nadya et Jean-Pierre.

[ Éducation et formation, Place aux jeunes, Santé et qualité de vie ]

Communiqué de presse

Prix école inclusive 2013

L’école Notre-dame-des-anges remporte un prix national

LBR.ca - Dolbeau-Mistassini, 4 juin 2013 – L’école inclusive, une réussite collective. L’histoire du petit Émile Rousseau et de l’école Notre-Dame-des-Anges charme le Québec. L’école dolmissoise est l’une des deux institutions du Québec à voir ses actions d’intégration et d’inclusion récompensées par l’obtention de la distinction « École inclusive 2013 ».

Le prix « École inclusive 2013 » a été officiellement remis à l’école Notre-Dame-des-Anges, lors du lancement de la Semaine québécoise des personnes handicapées qui a eu lieu à l’école récompensée et en présence du porte-parole, Martin Deschamps.

Le prix « École inclusive 2013 » est offert depuis 2010 par l’Association québécoise pour l’intégration sociale (AQIS) afin de reconnaitre les écoles qui vivent une expérience positive d’inclusion scolaire. Les candidatures à ce concours sont soumises par les parents dont un enfant vit avec une déficience intellectuelle et qui sont satisfaits de la qualité des services reçus en regard de l’inclusion de leur enfant à une classe régulière.

La candidature de l’école Notre-Dame-des-Anges a été soumise par Nadya Tremblay, dont le fils, Émile Rousseau, est atteint d’autisme. Plusieurs critères d’évaluation étaient pris en compte par le jury pour la désignation des gagnants, et selon l’AQIS, c’est le travail d’équipe et l’adaptation du milieu autour d’Émile qui a fait toute la différence.

En effet, l’école Notre-Dame-des-Anges a mis en place plusieurs initiatives notamment afin de permettre à Émile de communiquer par langage signé. Les autres élèves ont aussi été initiés à certains outils afin de pouvoir interagir avec Émile. L’utilisation d’un chien-guide, d’un tableau de communication et d’un ordinateur sont au nombre des aménagements qui permettent à Émile de vivre en harmonie dans son milieu scolaire.

Selon Rémi Rousseau, président de la commission scolaire : « Cette distinction est une fierté parce qu’elle est le reflet des croyances et des valeurs de notre organisation. Nous avons confiance en la capacité de réussite de chacun et au respect des droits de chaque personne. Nous sommes heureux de démontrer, une fois de plus, la qualité des services éducatifs offerts par nos écoles publiques. Nous avons le devoir de soutenir et accompagner nos jeunes vivant avec des différences en leur fournissant des services adaptés. »

À la Commission scolaire du Pays-des-Bleuets, plusieurs professionnels travaillent au quotidien afin d’encadrer et de soutenir tous nos élèves. Différents corps d'emploi offrent des services de près pour encadrer et soutenir nos élèves, nommons nos enseignants en adaptation scolaire, orthopédagogues, psychoéducateurs, techniciens en éducation spécialisée, travailleurs sociaux, préposés auprès des élèves handicapés et nos orthophonistes qui seront au nombre de trois dès la prochaine rentrée scolaire. Ils sont plus d'une centaine à veiller aux services à offrir à notre clientèle qui présente des différences.

« Pour tous les acteurs du monde de l’éducation qui travaille avec ces jeunes, la réelle récompense est de les voir grandir et progresser au quotidien. Émile, avec tout ce qu’il est, amène beaucoup d’amour. Il apporte un respect des différences », souligne le directeur de l’école Notre-Dame-des-Anges, André Boudreault.

Les modalités d’intégration des élèves handicapés, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage comptent trois volets. D’une part, l’accès, où la classe régulière est le lieu privilégié d’apprentissage pour la plupart des élèves. D’autre part, la participation active, où l’enseignant tient compte notamment des acquis de ses élèves et de leurs champs d’intérêt. Comme dernière modalité d’intégration, la réussite reconnaît, pour sa part, la capacité de réussite de chacun lorsque celui-ci évolue dans un environnement approprié. La commission scolaire entend donc poursuivre ses efforts afin que tous les élèves qui lui sont confiés puissent devenir, à la hauteur de leur capacité, des citoyens autonomes et responsables.

Au cours des dix dernières années, à l’échelle du Québec, la proportion des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage a augmenté de 20 %. L’augmentation est perceptible à tous les ordres d’enseignement. L’intégration de cette clientèle est un enjeu de tous les jours. La Commission scolaire du Pays-des-Bleuets fait bonne figure à cet égard. Au niveau primaire, près de 98 % de cette clientèle est intégrée contre 80 % à l’échelle provinciale.

5 juin 2013

Autisme et aide sociale à l'enfance : quand les parents sont mis en accusation

Un acronyme que les parents d'enfants autistes vont devoir connaître, apprendre et comprendre est l'ASE. Au milieu des administrations et services publics sensés aider les familles, l'Aide Sociale à l'Enfance, bien que ne faisant pas directement partie du champ du handicap, s'invite parfois, et malheureusement dans un certain nombre de cas au détriment des familles, d'après les témoignages que EgaliTED a pu obtenir.

(Nous remercions Luc Sebert pour son illustration fournie gracieusement pour cet article.)

Avertissement : nous reconnaissons la difficulté du travail de ces services quand il s'agit de trancher entre l'intérêt de l'enfant et la crainte de se tromper, et nous ne pouvons nier qu'il peut y avoir aussi de la maltraitance envers des enfants différents au sein des familles. Cet article est cependant rédigé sur la base de plusieurs témoignages communiqués par des familles d'enfants autistes, ayant subi des « enquêtes sociales ». Pour certaines de ces familles, l'épreuve s'est terminée favorablement, après tout de même un passage au tribunal. Pour d'autres, l'épreuve est encore en cours. Nous ne pouvons donc évidemment citer aucune affaire précise dans le but de protéger ces familles.

 

Le rôle de l’Aide Sociale à l’Enfance

On peut légitimement s'interroger sur la pertinence et le but d'une intervention de l'ASE dans le parcours blessant et douloureux des parents d'enfants handicapés. En effet, la situation particulièrement difficile en France du handicap, de son traitement et de sa reconnaissance, engendre des drames à tous les niveaux, notamment la pauvreté au vu du coût nécessaires de ces prises en charge, pour beaucoup non remboursées. De fait, il serait légitime d'attendre de cellules telles que l'ASE une aide humaine, efficace, cohérente et concrète à ces familles dans le but de leur permettre d'obtenir rapidement un diagnostic ainsi qu'une prise en charge pour leurs enfant, le tout conforme aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), ceci afin de faire respecter les droits de leurs enfants.

En effet, le cadre d'intervention de l'Aide Sociale à l'enfance est défini par l’article L.221-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles :

« […]1° Apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique tant aux mineurs et à leur famille ou à tout détenteur de l'autorité parentale, confrontés à des difficultés risquant de mettre en danger la santé, la sécurité, la moralité de ces mineurs ou de compromettre gravement leur éducation ou leur développement physique, affectif, intellectuel et social, [...]

2° Organiser, dans les lieux où se manifestent des risques d'inadaptation sociale, des actions collectives visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l'insertion ou la promotion sociale des jeunes et des familles, notamment celles visées au 2° de l'article L. 121-2 ;

3° Mener en urgence des actions de protection en faveur des mineurs mentionnés au 1° du présent article ;

4° Pourvoir à l'ensemble des besoins des mineurs confiés au service et veiller à leur orientation, en collaboration avec leur famille ou leur représentant légal ;[…] »

Les parents accusés

Or, trop souvent, au lieu d’être aidés les parents se retrouvent mis en accusation, se sentent maltraités et subissent le rouleau compresseur du système. En lieu et place d'apporter aide et soutien aux familles, il arrive en effet que l'ASE dévie de sa mission initiale et alourdisse le fardeau de la famille par l'apport de problèmes supplémentaires graves.

Si l'on peut comprendre le souci premier pour l'ASE de protéger les enfants, il est difficile d'accepter de telles accusations envers des familles qui subissent alors une double peine : en difficulté pour obtenir un diagnostic, des prises en charge cohérentes et efficaces, elles se voient dénigrés pour des raisons souvent incohérentes. Ainsi, des travailleurs sociaux formés à d’obsolètes théories psychanalytiques n'hésitent pas à estimer que la famille (la mère le plus souvent) est toxique pour l'enfant.

Le schéma le plus courant est celui-ci : en amont, des pédopsychiatres (de CAMSP ou de CMP le plus souvent) ou des enseignants saisissent l'ASE pour une « situation préoccupante ». C'est donc eux qui suggèrent aux travailleurs sociaux ce qu’ils estiment être un risque de maltraitance. Ces derniers, de peur d'être rendus responsables de non assistance, s'empressent de suivre à la lettre les informations transmises par des personnes autorisées. Ils ne font alors que poursuivre l'action initiée par d'autres en faisant le signalement au juge, sans prendre le temps (et le risque) d’examiner la situation de façon impartiale et dépassionnée.

Il faut savoir que l'autisme est un handicap neurologique qui entraine des troubles du comportement, des troubles des interactions sociales, souvent des troubles du sommeil et de l'alimentation, ainsi qu'un retard dans le développement psychomoteur et de la communication, du langage. Certains personnels assimilent les symptômes de ce handicap à des preuves de maltraitances et veulent "sauver l'enfant' en dépit de tout bon sens et des préconisations de la Haute Autorité de Santé. En effet, certains des symptômes de l’autisme, pris séparément, peuvent être interprétés comme symptomatiques d'une éventuelle maltraitance. Et ce notamment lorsque les professionnels qui étudient le cas de la famille ne sont pas formés à reconnaître l'autisme, ce qui est malheureusement le cas d'une grande partie des professionnels de la petite enfance).

Malheureusement, dans nombre de cas, les suspicions d'autisme évoqués par les parents(qui s'informent et se forment à leurs frais) sont balayées telles des absurdités par les travailleurs sociaux ou personnels de PMI, qui de par leur formation ont encore une conception étriquée et périmée de l’autisme. Il est pourtant simple de mettre en œuvre un test validé comme le M-CHAT qui évalue finement le risque d'autisme chez un enfant.

Pire, des diagnostics clairement établis par des centresde diagnostic de référence comme les CRA sont parfois délibérément ignorés, ou laissés à l'écart du dossier social de la famille. S’agit-il encore d’ignorance, ou alors de refus de reconnaitre qu’on s’est trompé, que la famille pourrait avoir raison ? S’agit-il de reliquats des guerres de chapelles franco-françaises autour de l’autisme, qui conduisent certains à refuser d’admettre la réalité de diagnostics qui ne correspondent pas à la formation qu’ils ont reçue et à leurs conceptions personnelles ?

Certains parents, tentant de faire entendre leur voix, mais aussi la voix des professionnels de l'autisme qu’ils consultent, se voient accusés de « syndrome de Münchausen par procuration ». Ce syndrome existe mais il est extrêmement rare – beaucoup plus rare que l'autisme, qui touche un enfant sur 100. On voit là combien le déficit des connaissances des professionnels de la petite enfance est préoccupant, mais aussi que bon nombre d'entre eux en restent à l'explication « psychologique » de l'autisme, croyant à tort qu’il serait lié à une mauvaise relation mère-enfant. D'où pour eux la nécessité d'enlever l'enfant "en danger" de sa famille, de son cocon..., pour le placer dans une famille d'accueil qui n'aura pas plus de connaissance de ce handicap que les professionnels de l'ASE.

Le cauchemar

Ces accusations dramatiques et d'une gravité extrême, énoncées par un simple travailleur social, auront alors pour résultat d'entraîner toute la famille dans un cauchemar humain, pouvant aller jusqu'à la séparation par placement de l'enfant. Un drame supplémentaire pour l'enfant autiste, lorsqu'on sait la nécessité de stabilité pour son équilibre psychologique et émotionnel. Un résultat fréquent étant la prescription de neuroleptiques afin de le calmer…

Pire, l'enfant porteur d'autisme n'est pas toujours la seule victime. En effet, comble de l'ubuesque d'une telle situation, l'ASE peut estimer que le parent "dangereux" pour l'enfant autiste va l'être également pour les autres. La famille peut alors se retrouver complètement détruite, sur la base d'un SOUPCON. Un soupçon étayé par des connaissances inadéquates, dépassées et fausses venant de personnes non formées, inaptes à juger du risque d'autisme et donc à épauler correctement les familles en réelle détresse.

Au sentiment de maltraitance, d'injustice, de méconnaissance, voire de cruauté, s'ajoute le sentiment d'impuissance à protéger ses enfants. En effet, certains comportements de professionnels de la petite enfance sont vécus comme du harcèlement par les familles. On refuse d'écouter leurs doutes, leurs arguments, on ignore la légitimité de documents officiels tels que l'état des connaissances de la Haute Autorité de Santé .

Une erreur de jugement pouvant en cacher une autre, bien souvent, au décours des enquêtes sociales où rien ne doit être oublié, figure de surcroît une description peu flatteuse de l'état du logement. Ce jugement de valeur de la part de travailleurs sociaux (qui sont souvent des femmes) a une importance non négligeable : cette prétendue incapacité de la mère à entretenir son intérieur ne fait que confirmer à leurs yeux son inaptitude et sa culpabilité. Or, quand un enfant réclame chaque jour 5 à 10 fois plus de temps et d'énergie qu'un enfant ordinaire, par manque d'autonomie, parce qu’il se met en danger en permanence, ou encore pour assurer soi-même la prise en charge psycho-éducative faute de professionnels spécialisés, quand cet enfant a tendance à détériorer ou souiller involontairement le mobilier, les jouets, le sol, etc, quand cet enfant ne dort pas et que la mère épuisée récupère pendant la journée au lieu de faire le ménage, est-il légitime de reprocher à celle-ci de ne pas présenter un logement aussi parfaitement tenu que sa voisine ? Le réflexe d'un travailleur social ne devrait-il pas être, au lieu de dévaloriser la mère, de préconiser une aide aux tâches ménagères pour pallier son manque de temps et soulager sa fatigue ?

Du cauchemar au rouleau compresseur

Philipe Seguin, alors président de la cour des comptes, avait affirmé en janvier 2009 à propos du fonctionnement des services de l’ASE : « personne ne contrôle quoi que ce soit » mais aussi « L’offre est rigide et souvent on a l’impression que c’est elle qui conditionne les décisions plutôt que l’analyse du besoin réel des enfants. Par ailleurs, la qualité des prises en charge est trop peu contrôlée. »

Philippe Seguin parlait des services sociaux en général mais il est probable que les dysfonctionnements soient décuplés dans les familles dont les enfants présentent les troubles découlant de l’autisme. Or, un mal français semble rendre impossible la remise en cause des rapports des travailleurs sociaux, ignorant par là même le fait que l'enfant peut évoluer, que la famille l'y aide tant bien que mal. De ce fait, les familles ne peuvent accéder à un diagnostic pour leur enfant quand l'ASE s'est mise en branle avant qu'ils aient pu obtenir ce diagnostic.

Nous nous retrouvons alors dans un cercle vicieux : ces mêmes travailleurs sociaux qui se sont montrées aveugles aux signes évocateurs de l'autisme, se retrouvent en position de « juge et partie », et empêchent l'accès aux Centre de Ressource Autisme, aptes à diagnostiquer de manière certaine l'autisme chez un enfant. Ces mêmes personnes, prisonnières de leur idéologie ou leur fantasme, vont informer la justice de leur présomptions de maltraitance.

C’est pourquoi, comme le dit un rapport de l'IGAS de juin 2000 sur ce sujet, « le terme violence est régulièrement employé par les familles : violence de l’intervention sociale, de l’intervention éducative et de l’intervention du juge ». Les familles ont le plus grand mal à obtenir l'information de ce qui leur est reproché précisément : comme le dit ce même rapport, «  La mission a constaté que le placement, devenu le barycentre du travail social et éducatif, signant l’échec d’une intervention sociale ou éducative, influe sur la liberté de parole de familles dont l’accès aux écrits des professionnels est souvent interdit, pour des raisons autant pratiques que juridiques. »

Tout ceci, ces parcours dévastateurs, permet de voir l'effet des conception erronées, insultantes et dramatiques de l'autisme qui ont encore cours en France dans les milieux "institutionnels". Beaucoup de travailleurs sociaux, de bonne foi et de par leur formation, vont croire que l'enfant souffre de psychose ou encore de dépression causée par une carence affective, ou encore de maltraitance, encore une fois venant de la mère. Il est pourtant possible, notamment grâce à internet, de se tenir au courant des évolution des connaissances scientifiques dans ce domaine comme dans d’autres. Ce phénomène dépasse largement le cadre de l'autisme, comme le montre cet exemple marquant de parents dont l'enfant est atteint de la « maladie des os de verre »

La bataille de la famille contre l'institution réclame une professionnalisation, ce qui impliquera de trouver et de pouvoir rémunérer un avocat spécialisé, trouver une association qui peut accompagner les parents afin qu'ils ne se trouvent pas seuls face aux autorités.

2012, l’année de l’autisme et 2013 l’année du plan autisme

A défaut de déployer des moyens financiers nécessaires, une formation à minima des personnels des PMI doit être mise en place d’urgence. Un test simple tel que le M-CHAT est parfaitement adapté à la situation et ne réclame pas une haute technicité. Il faut former et informer les travailleurs sociaux, les personnels de PMI, les psychologues scolaires, mais aussi les psychiatres auxquels fait appel la justice pour ses expertises. La vision psychanalytique doit disparaître du champ de l'autisme.

Pour que plus personne n’ait à vivre ces histoires dramatiques, pour aider réellement les familles, il faut que les professionnels de la petite enfance acceptent de remettre en cause leurs connaissances obsolètes, et de se remettre en cause eux même, afin de se former aux connaissances scientifiques en vigueur, pour le bien des enfants et de leurs familles. Ils doivent, dans le domaine de l'autisme, abandonner les préjugés destructeurs issus des croyances psychanalytiques. Ils doivent arrêter de focaliser leurs soupçons sur la responsabilité systématique des parents. Ils doivent comprendre la nécessité de l'accès à un diagnostic précis suivi d'une prise en charge adaptée, en cas d'autisme, ou même de soupçons d'autisme.Ceci seulement, permettra d'éviter des signalements abusifs.

N’oublions pas tous ces enfants placés, séparés injustement de leurs familles qui les aiment, médicamentés à tort et de façon inutile, voire dangereuse. Ne nous permettons pas d'oublier les parents traumatisés, accusés à tort, traités comme des pestiférés et qui ont rarement la force de porter plainte, toute leur énergie étant dédiée à continuer à vivre et à s'occuper de leurs enfants.

Sans préjuger de l'issue des affaires actuellement en cours, nous tenons à souligner que pour toutes les affaires classées dont nous avons eu connaissance dans le domaine de l’autisme, raison a été donnée aux familles, à toutes sans exception.Les erreurs d'information préoccupante ou de signalement ne sont donc pas exceptionnelles…

 

5 juin 2013

Castelnaudary. La prévention de l'autisme au coeur du débat

article publié dans la dépêche

Publié le 05/06/2013 à 03:46, Mis à jour le 05/06/2013 

Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.

Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.

Le 8 juin à la maison des associations à 14h30, l’association Avea (Autisme Vivons ensemble dans l’Aude) et la Fnath animent une première réunion sur les droits des personnes atteintes d’autisme. Karim Felissi, avocat de la Fnath et de Autisme France, répondra à toutes les questions juridiques: allocations, orientation, scolarisation, consentement aux soins... Danièle Langloy, présidente d’Autisme France, présentera la situation des personnes atteintes d’autisme et réagira au plan autisme récemment annoncé.

Repérer les personnes atteintes d’autisme dès leur plus jeune âge, sans oublier le sort des adultes, constituent des enjeux majeurs, en termes d’insertion de chacun dans la société mais également au regard du coût économique et social de l’autisme en France.

En 2012, l’autisme était déclaré grande cause nationale et la Haute Autorité de santé publiait une série de recommandations de bonnes pratiques pour le diagnostic et la prise en charge. Le Conseil économique, social et environnemental rendait un avis estimant prioritaire la formation des acteurs, le financement de la recherche et la collecte des données relatives au nombre et aux besoins des personnes atteintes d’autisme. Début mai 2013, le gouvernement annonçait le lancement d’un 3e plan autisme.

Réunion gratuite, inscription conseillée: fnath.11@fnath.com ou 04 68 25 01 14.

La Dépêche du Midi

2 juin 2013

Le gouvernement entend améliorer l'accès aux soins des personnes handicapées

article publié dans Localtis

Publié le lundi 27 mai 2013

A l'occasion de son intervention devant le 53e congrès de l'Unapei à Marseille, le 24 mai 2013, Marie-Arlette Carlotti a assuré que "le gouvernement souhaite améliorer l'accès aux soins des personnes en situation de handicap". La ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion réagissait au livre blanc "Pour une santé accessible aux personnes handicapées mentales", présenté par l'Unapei.
L'association y développe une trentaine de propositions, regroupées en deux grands axes. Le premier plaide pour "un système de soin inclusif pour que la personne handicapée mentale puisse bénéficier de tout ce qui est mis en oeuvre pour l'ensemble des citoyens". Parmi les mesures suggérées à ce titre figurent notamment le développement de l'hospitalisation à domicile, l'accroissement du nombre de maisons de santé, la prise en charge de la douleur de patients qui ne peuvent pas toujours l'exprimer, ou encore le déploiement de campagnes et de programmes de prévention incluant les personnes handicapées. Le second axe regroupe "des actions spécifiques à mettre en oeuvre pour garantir l'accès à la santé des personnes handicapées mentales, en tenant compte de leurs particularités". Ceci inclut, entre autres, la recherche systématique du consentement aux soins, la généralisation de messages et de documents accessibles aux personnes handicapées, le développement de programmes adaptés d'éducation thérapeutique, la création d'unités handicap intra-hospitalières et des plates-formes de santé spécifiques, la multiplication des réseaux de santé handicap et des centres de référence...

Un plan d'action en préparation

Marie-Arlette Carlotti ne s'est pas prononcée sur ces différentes propositions, mais elle a reconnu que "les personnes handicapées sont trop souvent oubliées des actions de prévention et de santé publique" et qu'elles ont "plus de difficultés que les autres à bénéficier de soins courants : soins buccodentaires, gynécologie, ophtalmologie, orthodontie, etc.". Sans annoncer non plus de plan d'action en la matière, la ministre a cependant tracé quelques grands axes. Parmi ceux-ci figure notamment la nécessité de "faire en sorte que les professionnels de santé connaissent le handicap" et de s'assurer "que plus aucune personne handicapée ne ressorte des urgences sans les soins dont elle a besoin".
Marie-Arlette Carlotti a surtout annoncé que Pascal Jacob, président de l'association Handidactique I=MC2, remettra en juin son rapport sur la question. Celui-ci devrait se traduire par des décisions au cours du prochain comité interministériel du handicap (CIH). La ministre a levé le voile sur quelques mesures possibles, comme l'organisation de l'offre de premier recours, par la constitution d'équipes pluriprofessionnelles de proximité, ou la prise en charge hospitalière des personnes handicapées par la mise en place d'un appui spécifique aux équipes médicales et paramédicales. D'autres semblent toutefois encore assez floues comme "la coordination entre secteurs sanitaire et médicosocial".
La question de l'accès aux soins des personnes handicapées n'est pas vraiment nouvelle et peine à trouver une solution globale, malgré des améliorations ponctuelles. Dans tous les bilans de la mise en oeuvre de la loi Handicap du 11 février 2005, l'accès aux soins est ainsi classé parmi les points faibles. De même, la Haute autorité de santé (HAS) a formulé une recommandation détaillée sur la question, il y plus de quatre ans. Enfin, et même si le discours de la ministre n'y fait pas allusion, Pascal Jacob a déjà remis, en février 2012, un rapport intitulé "Pour la personne handicapée : Un parcours de soins sans rupture d'accompagnement : L'hospitalisation au domicile social ou médicosocial". Mais ce rapport s'était perdu en pleine période de campagne électorale, puis d'alternance...

Jean-Noël Escudié / PCA

28 mai 2013

La position d'Autisme France sur le plan Autisme 3.

Merci à Danièle Langloys, sa présidente !

tiret vert vivrefm top

http://www.autisme-france.fr/offres/file_inline_src/577/577_A_16854_1.pdf

Je choisis d'en publier quelques extraits. Mais il convient de prendre le temps de lire le document dans sa totalité.

Page 2 :

"champ sanitaire est resté un tabou : nous avons pourtant montré qu’un enfant autiste coûte 15 000 euros par an s’il est scolarisé avec un soutien éducatif, par exemple en Belgique et aux Etats-Unis, 60 000 s’il est en IME, le plus souvent sans scolarisation ni éducation adaptée, et de 100 à 300 000 euros s’il est en HDJ, là encore le plus souvent sans scolarisation, et avec de pseudo-soins d’un autre âge (pataugeoire, atelier-contes, packing), jamais évalués, inefficaces, récusés par les familles, et pourtant financés sans contrôle par le contribuable. Ce gaspillage de l’argent public, en période de restrictions pour tous, est inadmissible. La leçon est claire : en matière d’autisme, l’argent du soutien éducatif doit aller à l’Education Nationale, au sein des écoles. C’est ce qu’on fait depuis longtemps dans de nombreux autres pays."

(...)

Page 2&3 :

"La scolarisation des enfants est un axe peu développé du plan, et la tragédie des adultes, si souvent mise en avant par la totalité des acteurs, va rester une tragédie, vu la faible
amplitude des mesures proposées, et les retards catastrophiques accumulés dans le diagnostic et la diversification des accompagnements, depuis des décennies."

(...)

Page 3 :

"Le taux de prévalence reconnu est celui de la HAS (Etat des connaissances, janvier 2010), dans un document qui aurait déjà dû être actualisé et ne l’a pas été. 1 sur 150 est un taux notoirement sous-évalué : toutes les études internationales tournent autour de 1 %.
Le document rappelle le contexte de ce plan : il est bon d’ajouter que c’est la première condamnation de la France devant le Conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des personnes autistes, en 2004, initiative d’Autisme France, relayée par Autisme Europe, qui a été à l’origine des premières mesures en leur faveur.
Les chiffres donnés sont importants : seules 75 000 personnes autistes diagnostiquées et accompagnées : c’est dérisoire (elles sont 600 000) et moins de 20 % bénéficient d’un accueil au sein d’une structure dédiée : on mesure l’étendue des besoins, en particulier pour les adultes. Les deux MDPH qui ont effectué un recensement ont abouti à 30-40 % de diagnostic chez les enfants, 6 % chez les adultes. La faible scolarisation des enfants TED est explicitement reconnue. Nous aurions aimé avoir des statistiques."

(...)

Page 8 (encadré) :

"Comme c’est irréaliste, il est temps de revoir le modèle français : l’argent doit aller au milieu ordinaire avec les services d’accompagnement nécessaires.
L’argent doit aller à de petites unités dans les cités comme on le fait dans d’autres pays, pas à des établissements dont certains sont des mouroirs, encore moins aux HP, de jour ou pas.
Nous attendons toujours que soient améliorées les perspectives d’utiliser des services à la personne spécifiques pour pallier les carences, avec un soutien et un contrôle de l’ARS.
Il n’est pas acceptable de ne pas répondre à la demande des familles : toutes les solutions doivent être explorées."

(...)

Page 9 :

"Il est inadmissible que la France laisse partir en exil forcé des milliers de personnes autistes, en donnant à la Belgique l’argent pour les accueillir alors qu’elle créerait des emplois en ouvrant les lieux d’accueil sur notre territoire.
Il est inadmissible que la France laisse s’exiler en Belgique des enfants (pas tous frontaliers) pour que les familles aient accès à une scolarisation qui leur est refusée en France, et qui leur permet d’échapper aux mauvaises pratiques psychanalytiques.
La séparation forcée des enfants et de leurs familles est contraire à l’article 23 de la Convention ONU des Droits des Personnes Handicapées."

(...)


Page 13 (la conclusion) :

"C’est aux CTRA rénovés et renforcés que devrait revenir le pilotage régional. Il faut y renforcer la place des usagers, et le doter d’une équipe de pilotage restreint qui se réunisse comme le comité de suivi national tous les trois mois.
Sans une refonte de la procédure des appels à projets, rien ne sortira de ce plan. Les commissions d’appels à projets sont dirigées par les grosses associations gestionnaires qui veillent sur leurs intérêts et ne connaissent le plus souvent rien à l’autisme. Les cahiers des charges ne sont pas uniformes d’une région à l’autre par ailleurs."

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