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"Au bonheur d'Elise"
has
14 juin 2013

Qu'est-ce qu'une bonne pratique ? Par Dov Botturi

 

tiret vert vivrefm tophttps://www.facebook.com/groups/480978295306347/doc/485679548169555/

Une « bonne pratique » désigne un processus, une méthode, une posture professionnelle qui représente le moyen le plus pertinent pour réaliser un objectif, accomplir une mission. De façon plus spécifique, dans les services auprès des personnes une « bonne pratique » doit être non seulement pertinente, elle doit aussi être en cohérence avec des principes éthiques fondateurs.

 

L’affichage de « bonnes pratiques » permet d’apprendre des autres, de réutiliser le savoir, les pratiques existantes, d’engerber les expériences, de partager ses expériences afin d’enrichir le travail d’équipe et d’améliorer le service rendu.

Une « bonne pratique » n’est jamais figée, elle est appelée à évoluer en fonction de son application, de la confrontation aux exigences éthiques et des besoins et attentes des bénéficiaires du service rendu. Dans cette perspective, une « bonne pratique » s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la qualité du service rendu.

 

Une « bonne pratique » ne saurait jamais être une solution toute faite pour répondre à une situation. Cette utilisation est une dérive perverse contraire à l’esprit d’une « bonne pratique ».

 

Une « bonne pratique » peut être élaborée sur le plan national par une agence spécifique, ici pour le secteur du social et du médico-social, les « bonnes pratiques » sont publiées par l’ANESM. Ces bonnes pratiques sont des recommandations et non des directives, elles donnent à un instant donné l’état de la question, elles donnent une base de travail, de réflexion. En tant que références officielles elles sont opposables aussi bien par les usagers, leurs représentants légaux et les professionnels face à des pratiques qui seraient en deçà de ce qu’elles recommandent, pratiques risquant de dériver vers des maltraitances.

En revanche, le principe de subsidiarité s’applique, ainsi chaque établissement peut faire mieux que les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l’ANESM. Déjà plusieurs établissements on rédigé leur propres référentiels de bonnes pratiques.

 

Pour élaborer une « bonne pratique » professionnelle, celle-ci doit s’élaborer de façon pluridisciplinaire avec des représentants des usagers et / ou de leurs représentants légaux et quand le thème l’exige avec des représentants de partenaires institutionnels.

Quand la question l’exige la « bonne pratique » professionnelle doit s’appuyer sur des références théoriques actuelles validées scientifiquement ou sur la réglementation en vigueur. Ainsi pour le handicap une bonne pratique s’appuiera sur les déclarations, chartes, conventions internationales (ONU, OMS), européennes (UE et CEDH) que nationales.

 

En conclusion provisoire, nous pouvons dire que les « bonnes pratiques » peuvent être présentées comme des exemples réussis de changement de méthodes de faire pour améliorer un existant donné, une service rendu à un moment donné, qu’une « bonne pratique a pour but de promouvoir l’expérimentation, l’innovation ainsi que la diffusion et le partage de l’information et des meilleures pratiques, de même que le dialogue sur les principes éthiques d’action dans le domaine de l’action sociale et médico-sociale.

 

Dov Botturi

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12 juin 2013

Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique

article publié sur le site de l'Inspection de l'Education nationale de Tournus

 

eduscol_2Une ressource d’accompagnement éducatif publiée par éduscol.
Télécharger le document au format PDF

 


 

Troubles envahissants et troubles du spectre autistique

 

1. Définition

 

Les troubles envahissants du développement et les troubles du spectre de l’autisme recouvrent un ensemble de syndromes regroupés dans la classification internationale des maladies (CIM 10) sous le terme de « troubles envahissants du développement » (TED). Ces syndromes sont variés, dans les manifestations cliniques (nature, fréquence et intensité), les troubles associés, l’âge du début des troubles spécifiques ou leur évolution. Ils se caractérisent néanmoins tous par :

 

  • une atteinte qualitative importante et précoce du développement des interactions sociales et de la communication,
  • la présence de comportements répétitifs et d’intentionnalités restreintes,
  • un traitement sélectif et séquentiel des informations et des afférences sensorielles, que l’individu coordonne parfois avec difficulté.

 

Cliniquement, « la triade autistique » caractérise les troubles envahissants du développement :
« Un déficit des interactions sociales, de la communication et des particularités des intérêts et des activités qui entravent le développement de l’enfant et engendrent, sa vie durant, des handicaps sévères et lourds de conséquences pour lui-même et la vie familiale. »
L’hétérogénéité du développement est caractéristique chez les élèves avec TED et est à l’origine d’une dyssynchronie des champs cognitifs, instrumentaux et de la communication.

 

L’autisme est différent de la déficience mentale. Cependant, il peut y avoir un retard mental associé. Sa prévalence varie selon le type de TED. D’après l’état des connaissances sur l’autisme publié par la Haute Autorité de Santé, une éducation précoce et très structurée améliore les acquisitions de l’enfant autiste et contribue à son autonomie. Cependant, le très large spectre des troubles et des handicaps qu’ils engendrent ne permet pas d’établir une « règle éducative » unique pour tous. Ces travaux ont confirmé, pour les élèves qui peuvent en bénéficier, tout l’intérêt d’une scolarisation dès l’école maternelle qui offre, dans bien des cas, à l’enfant présentant un syndrome autistique ou des troubles envahissants du développement, des chances de développement langagier et sociétal optimal.

 

2. Les aménagements pédagogiques

 

Les évaluations

 

Les évaluations mises en place par l’enseignant constituent un outil permettant de définir des objectifs pédagogiques inscrits dans le PPS. Elles sont un moyen efficace de mettre en oeuvre des stratégies pédagogiques opérantes qui fournissent aux enseignants des repères pour comprendre les types d’erreurs commises par l’élève handicapé afin de le soutenir dans ses progrès, d’augmenter sa motivation et sa confiance en lui. Pour les élèves présentant des troubles des conduites et des comportements, les évaluations peuvent prendre la forme d’observations ciblées, de questionnaires (à l’oral, QCM, informatisés) de dictée à l’adulte ou toute autre forme susceptible de renseigner l’enseignant sur les compétences de l’élève dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences. Il faut veiller à ce que l’élève ait accès à la compréhension des consignes et à l’adaptation des supports à ses besoins.

 

La mise en œuvre

 

Les enseignants se sentent souvent démunis lorsqu’ils doivent scolariser un élève handicapé. Il n’y a pas de réponse commune à tous, chaque enfant est unique. L’inclusion d’un élève handicapé dans sa classe ne signifie pas qu’il faille changer complètement sa façon d’enseigner. Cependant, cela implique des aménagements. De ce fait, cet élève peut être perçu comme ayant un statut privilégié. Les troubles inhérents aux enfants avec TED conduisent l’enseignant à avoir des attitudes, des stratégies pédagogiques spécifiques (différentes de ses pratiques habituelles). Devant cette situation, il paraît souhaitable de préparer l’arrivée de cet élève en expliquant aux élèves de la classe, et avec l’accord de l’élève concerné et sa famille, quelles sont ses particularités, en insistant sur le trouble de la communication (altération de la compréhension orale et de l’expression) et sur la difficulté à se socialiser. Les enfants accepteront plus facilement la différence et un système de tutorat pourra se mettre en place. La qualité de l’accueil et de l’environnement permettra à l’élève avec TED de s’adapter au rythme commun, d’ajuster au mieux ses conduites par le biais des identifications notamment. Il s’agira de présenter cette initiative comme un échange, car l’élève avec TED dispose de compétences dont peuvent bénéficier ses pairs. La présence d’un élève handicapé dans la classe amènera tous les élèves à poser un autre regard sur la différence. Ils trouveront là l’occasion d’exercer leur esprit civique, d’apprendre la solidarité, le respect de l’autre.
L’enseignant devra fixer un cadre de travail dans lequel l’élève avec TED pourra se repérer, et acquérir des habitudes. Des adaptations sont également nécessaires tant sur le plan pédagogique que sur le plan technique. Pour scolariser un enfant handicapé, l’enseignant va devoir :

 

  • adapter et s’adapter (pratiques de classe, les situations proposées) ;
  • différencier sans exclure ;
  • évaluer (rechercher les potentialités) pour ajuster ce qu’il va proposer à l’élève ;
  • appuyer sa démarche pédagogique et didactique sur les éléments de mise en œuvre du projet personnalisé de scolarisation (PPS), définis lors de l’équipe de suivi de scolarisation ;
  • savoir recueillir et prendre en compte les informations transmises par les personnes ayant une connaissance de l’enfant, particulièrement celles émanant de la famille.

 

Voici quelques exemples d’adaptations : ces outils et aménagements pédagogiques doivent être personnalisés et correspondre aux besoins de l’élève, à ses capacités et à ses attentes. Il ne s’agit pas de les appliquer dans leur totalité.

 

  Mode de fonctionnement particulier Conséquences Aménagements
Troubles de la relation et des interactions sociales • Difficulté à comprendre la pensée des autres
• Difficultés à décoder les émotions et expressions
• Difficulté à ajuster son contact oculaire (regard fuyant, fugace ou transperçant)
• Difficultés à attribuer des « états mentaux » à soi-même et aux autres : pouvoir prédire ce que l’autre pense, attend, espère, va faire
• Difficultés à entrer dans des jeux avec ses pairs et à comprendre les règles de jeux
• Difficultés à comprendre et à se servir des codes sociaux et conventionnels
• Respect des règles acquises
• Pas de mensonge, ne triche pas
• Insuffisance à faire preuve de sens critique et donc manipulable
• Spontanéité : dis ce qu’il pense en toute circonstance
• Tendance à s’isoler et à être rejeté par les autres
• Difficultés à entrer dans les jeux symboliques
• Absence de réciprocité et d’ajustement dans les situations sociales (manque d’attention conjointe, de partage des intérêts d’autrui et d’empathie)
• Incapacité à respecter son tour
• Accompagner lors des jeux collectifs ou des supports faisant appel à l’imaginaire (faire comme, histoires lues ou racontées, méthodes d’apprentissage, jeux du chat et
de la souris…)
• Expliciter les règles des jeux collectifs
• Poursuivre les accompagnements adaptés sur les temps informels ou hors la classe et être particulièrement vigilant sur les récréations (risques d’instrumentalisation, de maltraitance ou de harcèlement)
• Présenter la situation aux autres élèves, en leur expliquant que l’élève avec TED ne fait pas preuve d’une attitude de rejet à leur égard, mais qu’il s’agit d’une
réaction à un trouble particulier
• Rendre les règles de vie de la classe et de l’école, les codes sociaux (même les plus évidents) accessibles en les explicitant de manière systématique, verbalement, et /ou à l’aide de supports visuels adaptés au niveau de compréhension de l’enfant : photos, images, pictogrammes, vidéos…
• Permettre à l’élève d’apprendre progressivement à attendre son tour avec l’aide de l’adulte, sur des temps très courts au début et bien définis, que l’on allongera de manière très progressive
• Rechercher avec l’enfant et ses camarades des façons d’entrer en contact
• Lui expliquer / lui montrer quels sont les contacts physiques appropriés, et comment manifester sa sympathie à un adulte ou à un camarade de manière adaptée
• Nommer les émotions de l’élève lui-même lorsqu’il en exprime
• Donner la possibilité à l’enfant de s’approprier les jeux ou le matériel de manière individuelle, en dehors des temps habituels (car il a peut-être besoin d’un temps d’exploration plus long)
Troubles de la communication • Absence de langage oral pour une majorité des jeunes enfants scolarisés
• Difficultés souvent associées d’imitation
• Absence ou faible utilisation d’autres moyens de communication non verbale : regard, mimique, gestes, pointage
• Langage : s’il émerge, il arrive tardivement (sauf dans le cas des enfants Asperger)
• Il peut durablement manquer d’intelligibilité (au plan phonétique)
• Il peut être insuffisamment spontané
• Il n’est pas toujours utilisé de façon fonctionnelle (il n’est pas adressé à l’autre)
• Compensation par le visuel : capacité de traitement de mémorisation visuelle, souvent supérieure à la norme
• Incapacité durable à se faire comprendre des autres et comprendre ce qu’on dit ou demande, ce qui peut générer d’importants troubles du comportement
• Pas ou peu d’initiative dans la communication
• Écholalies immédiates ou différées (usage stéréotypé et répétitif du langage)
• Néologismes (création de mots ou d’expressions)
• Inversion pronominale : « tu »ou « il » à la place du « je »
• Langage idiosyncrasique (usage des mots qui sont propres à l’élève)
• Utiliser des images pour aider à la communication
• Créer les conditions de pointage du doigt et accepter ce mode de communication
• Utiliser les aides visuelles : photos, dessins, vidéos et les moyens de communication non verbaux déjà en place (classeur PECS, pictogrammes…), quels qu’en soient les supports (classeur ou tablette numérique)
• Aider l’élève à accepter progressivement le contact oculaire, accepter qu’un enfant ne regarde pas nécessairement pour comprendre.
• Relayer le travail réalisé par les partenaires autour du décodage et de l’interprétation des expressions faciales, du langage corporel, des gestes, des inflexions de la voix
Troubles cognitifs • Rigidité mentale
• Difficulté à transférer les acquisitions dans un autre concept
• Difficulté de conceptualisation
• Limitation des élaborations imaginaires
• Difficulté à planifier, contrôler, organiser son action et son comportement
• Absence ou apparition tardive des jeux de « faire semblant »
• Difficultés d’accès au symbolique, compréhension littérale des messages (humour, mots abstraits, double sens des mots…)
• Intérêt particulier pour les détails
• Stabilité des apprentissages
• Capacités d’aller au bout d’un travail fastidieux
• Grande précision dans les détails
• Difficulté d’adaptation, ne garde pas les connaissances en dehors du lieu où du contexte où elles ont été acquises
• Besoin d’un temps de latence pour comprendre ce qui lui est demandé
• Tendance à la ritualisation
• Peu de prise d’initiative
• Hypersensibilité aux stimuli visuels et sonores donc aura des difficultés de concentration
• Incapacité à demander de l’aide, car il ne réalise pas qu’il en a besoin
• Difficulté de compréhension de ce qu’on attend de lui surtout si l’on utilise des sous-entendus, des expressions toutes faites, des consignes implicites
• Idée fixe souvent par un seul sujet. (Ex ; les dates), ce qui peuten faire des « experts » dans un domaine
• Faire varier dès le début des apprentissages, les matériels, les personnes, lieux et les moments
• Demander à la personne chargée de l’aide humaine individuelle d’expliciter le lien entre les différents moments ou exercices afin de permettre le transfert des acquis
• Utiliser un vocabulaire concret, précis et adéquat dans les consignes
• Structurer l’emploi du temps et les activités scolaires pour apporter à l’élève une certaine prévisibilité et des repères temporels stables
• Construire pour l’élève des outils spécifiques destinés à lui permettre de gérer son temps, de s’y repérer, d’anticiper : mise en place (dès le début de l’année scolaire) d’un emploi du temps visuel présentant de manière chronologique l’ensemble des activités prévues pour la journée de classe, sous forme de photos, d’images et/ ou d’écrits en fonction de l’âge
• Préparer l’enfant à tout changement, à toute nouveauté dans l’emploi du temps de la classe ou dans les activités en lui expliquant verbalement et en utilisant des supports visuels (photos, emploi du temps visuel ou écrit)
• Aménager, si possible, l’environnement pour réduire au maximum les distractions : éviter les lumières et les couleurs très vives, les odeurs entêtantes (produits de nettoyage, de peinture, de colle, odeurs de cuisine), les bruits de grincements (portes, chaises sur le sol)
• Utiliser si nécessaire des montres, des pendules, un minuteur ou un timer et permettre à l’élève de s’y référer régulièrement
• Séquencer les tâches, les décomposer en sous-tâche (notion de chronologie, de séquence)
• Lui formuler l’imminence de la fin d’une activité
• Eviter l’implicite
• Donner des outils d’organisation (check liste, fiches outils)
• Donner une consigne à la fois
• Éviter le double sens
Particularités sensorielles et motrices • Hyper et hypo sensibilité des sens
• Trouble du contact, fréquent et variable
• Permet de renforcer la motivation de l’enfant
• Refus du contact (d’être touché), ou le recherche systématiquement et parfois de façon archaïque (en flairant, léchant)
• Diminuer les afférences sonores (grande sensibilité au bruit)
• Penser à sa place dans la classe. Donner une place attribuée, y compris en maternelle
• Ne changer l’enfant de place qu’en cas de besoin. Préparer le changement de place
• Tenir compte des informations des parents sur la sensibilité de l’enfant
Troubles du comportement • Intérêt restreint
• Possibilité d’avoir un objet « fétiche » particulier
• Préoccupations particulières pour des objets (boutons, bouchons…)
• Possibilité de mouvements corporels stéréotypés au niveau des mains (flapping) ou du corps tout entier
• Comportement d’agressions sur soi ou sur les autres (automutilation) ou de destruction matérielle
• Contrôle et régulation émotionnelle difficiles
• Intensité et durée des crises plus importantes que chez les autres enfants
• Parasitage des apprentissages et des interactions
• Stigmatisation sociale
• Être attentif aux temps informels et aux moments de transition, être attentif aux signes précurseurs des crises
• Avoir recours à la sanction est parfois inévitable : alors, privilégier celle qui a du sens pour l’élève (à envisager avec sa famille et les partenaires éducatifs). Celle-ci ne doit pas être différée
• Chercher à identifier la ou les causes possibles des troubles comportementaux afin de les limiter et de les gérer au mieux (problème somatique, variabilité de l’environnement, obtention d’un objet ou d’une activité, difficulté ou inadaptation de la tache, évitement de la tâche, recherche d’attention…)
• Mettre en place un système de motivation à la tâche (renforçateurs concrets : objets à manipuler, activités ; économie de jetons ou renforçateurs sociaux : tape sur l’épaule, félicitations.)
• Permettre et gérer les rituels sécurisants, en lien avec les familles

 

 

 

Présentation du syndrome d’Asperger

 

Un certain nombre de spécialistes font aujourd’hui l’hypothèse d’un continuum effectif entre atteintes autistiques et syndrome d’Asperger. Cependant, ce dernier s’en différencie fortement par une absence, ou quasi-absence, de retard du langage et une faiblesse statistique des atteintes cognitives. La scolarisation s’en trouve en général facilitée.
Forme d’autisme particulier, le syndrome d’Asperger est un handicap altérant la capacité de percevoir et de comprendre certaines conventions sociales.
Les symptômes les plus importants se situent davantage d’un point de vue social. On remarque chez les Asperger une difficulté notable à saisir le langage non verbal (haussement d’épaules, sourire las, etc.) et les données abstraites. L’emploi d’une expression comme « se tourner les pouces », par exemple, les laissera perplexes, ou sera même compris au premier degré. Cette difficulté à décoder les émotions et les expressions provoque évidemment des problèmes de communication et suscite la moquerie chez leurs pairs.
La résistance au changement constitue un symptôme classique du syndrome d’Asperger. En raison de leurs difficultés à interpréter les signes émanant de leur environnement, les personnes affectées attachent beaucoup d’importance à la routine. En effet, à défaut de pouvoir prédire ce qui les attend, elles deviennent vite angoissées, et tendent alors à avoir des comportements obsessionnels.
Dans bien des cas, les élèves atteints de ce syndrome manifestent une grande maladresse dans leurs interactions sociales. Beaucoup évitent les contacts physiques, expriment peu ce qu’ils ressentent ou le font alors de façon démesurée. Les sentiments des autres leur apparaissent encore plus abstraits et, la plupart du temps, les Asperger leur substituent même leurs propres émotions. Pour toutes ces raisons, ils sont souvent perçus comme étant peu réceptifs et égocentriques. Ils apprennent beaucoup par imitation.
Cette impression se voit par ailleurs renforcée par un trait caractéristique des Asperger : l’engouement pour un domaine très spécifique, et leur capacité d’en parler longuement en dépit de l’ennui de leur auditoire. Ce trait fréquent chez les élèves Asperger peut prendre la forme d’une fixation, ou d’une obsession pour un sujet sur lequel ils acquerront une foule de connaissances. Il peut s’agir, par exemple, d’une passion pour le nom des rues, pour la biologie marine, etc. Souvent, c’est par le biais de cet intérêt précis qu’ils pourront entrer en communication avec leurs pairs.
Ne comprenant pas toutes les subtilités des relations humaines, l’élève Asperger est ainsi cantonné dans un isolement dont il est le premier à souffrir, et auquel se rajoutent bien souvent de douloureuses moqueries.

 

Un avantage qualitatif dans les interactions sociales :

 

  • La relation avec les pairs est caractérisée par une loyauté absolue et le fait d’être totalement digne de confiance ;
  • Capacité à prendre les autres tels qu’ils sont ;
  • Ils sont de nature enthousiaste et positive, liée à leur naïveté ;
  • Dit ce qu’il pense vraiment quel que soit le contexte social ou ses convictions personnelles ;
  • Capacité de poursuivre son idée ou sa propre perspective même en présence de contradictions apparentes ;
  • Recherche d’un auditoire ou d’amis capables de s’enthousiasmer pour des sujets d’intérêts particuliers ;
  • Attention aux détails, peut passer du temps à discuter un sujet qui peut ne pas être d’une importance capitale ;
  • Écoute des autres sans jugement ou suppositions continuels ;
  • Évite de préférence la conversation sans intérêt, superficielle ou les remarques évidentes ;
  • Une volonté déterminée de recherche de la vérité ;
  • Une conversation exempte de sens caché ou de motivations inavouées ;
  • Un vocabulaire développé et un intérêt pour les mots ;
  • Une mémoire exceptionnelle (notamment visuelle), qui leur permet de constituer « leur banque de données » dans laquelle ils puisent en permanence pour tenter de reproduire des situations déjà vécues, et ainsi compenser en partie leur manque de compréhension de l’implicite et des codes sociaux.

 

Les méthodes éducatives et comportementales

 

Les travaux scientifiques de la haute autorité de santé mettent en évidence des pistes d’actions appropriées en matière d’éducation. Plus tôt l’éducation est mise en oeuvre, mieux elle est adaptée à cette population spécifique et meilleures seront les chances d’une insertion sociale et professionnelle à l’âge adulte. Sans nier les difficultés qu’elle peut faire naître, la scolarisation contribue à préparer cette insertion.
Les méthodes et outils évoqués ci-après ne sont pas exhaustifs, mais ont fait dans différents pays la preuve de leur utilité. Il n’est pas demandé à l’enseignant de les maitriser parfaitement pour les mettre en pratique. Il s’agit plutôt de comprendre comment l’enfant avec TED fonctionne en dehors de l’école, en famille ou avec les professionnels de l’autisme qui l’accompagnent afin d’adapter le cadre de travail et développer de nouveaux réflexes d’apprentissage. Il n’est d’ailleurs pas exclu que l’ensemble de la classe puisse également en profiter. L’objectif n’est pas de modéliser l’action éducative et pédagogique. Il s’agit simplement de rendre accessible la référence à des méthodologies d’accompagnement privilégiant la structuration et le repérage dans le temps et dans l’espace, et apportant des solutions à des obstacles d’apprentissages cognitifs ou comportementaux. Selon le profil de l’enfant, tel ou tel outil s’avère nettement plus pertinent qu’un autre, pourtant efficace dans des contextes différents ou avec tel autre usager.

 

Les méthodes relevant d’une approche globale

 

1. La méthode TEACCH

 

La première méthodologie d’accompagnement spécifique a été mise au point pour des élèves avec retard mental et/ou sans langage dans les années 1960 aux États-Unis par Éric Schopler. Cette «méthode TEACCH» (Traitement par l’éducation des enfants présentant de l’autisme ou un handicap de la communication), est parfois aussi appelée « Éducation structurée ».

 

Principes

 

Elle consiste d’abord à adapter l’environnement pour tenir compte des déficits cognitifs constatés. Il s’agit notamment :

 

De structurer le cadre spatial et temporel à l’intérieur duquel on va chercher à développer des « compétences en émergence » en organisant :

 

  • l’espace. Cela revient à diviser la classe en espaces de travail distincts et identifiables : les aires d’apprentissage individualisé (où l’enfant pratique les activités qu’il sait initier de façon autonome), et les aires d’apprentissage duel (où il s’exerce avec un adulte aux tâches qu’il ne peut encore réaliser seul). Des aires de transition entre ces deux types d’activités et des aires collectives pour les activités de groupe (aires de jeux, de déjeuner, de goûter…) sont également identifiées. Cette organisation vise à faciliter pour l’enfant la compréhension de l’environnement et la construction mentale de repères qui vont très vite dépasser le domaine spatial.
  • le temps. Des plannings sont réalisés à l’aide de supports visuels. Ces supports sont choisis en fonction des compétences d’identification de chaque élève : pour l’un, ce seront des photos, pour l’autre, des images représentant les activités. Pour celui qui ne comprend ni les photos ni les images, cela peut même être un objet (ainsi la fourchette peut représenter le moment du repas).
  • les tâches. On les aménage de façon à ce que l’enfant repère visuellement ce que l’on attend de lui. La disposition du travail de gauche à droite, la mise en place de repères visuels à l’aide de couleurs, de nombres, de mots écrits indiquant le déroulement des tâches, et l’organisation du matériel font partie des techniques utilisées. Un système de « paniers » est ainsi mis en place pour différencier les tâches, chacun comprenant l’ensemble du matériel nécessaire à l’exécution d’une tâche et comportant un étiquetage. Ces paniers sont préparés sur la gauche, l’enfant exécute la tâche sur sa table au milieu, range ensuite son matériel dans le panier, et le dépose finalement sur sa droite avant de passer à la tâche suivante. Il s’agit de diminuer la dépendance aux consignes verbales et d’automatiser les praxies complexes. Pour les enfants sans langage oral, cette façon d’organiser l’enseignement s’avère en général efficace à moyen terme.

 

De se référer aux intérêts particuliers des enfants : on essaie d’améliorer leurs compétences en s’appuyant sur le repérage de leurs intérêts et de leurs aptitudes en place ou en émergences ;
D’évaluer régulièrement l’évolution de leurs compétences, à l’aide d’outils standardisés et étalonnés en âge développemental, mis au point spécialement pour eux, pour établir un programme individuel.

 

Adaptation aux différents contextes scolaires

 

La méthode TEACCH est particulièrement destinée aux enfants avec retard mental ou sans langage dont le profil exige un haut niveau d’adaptation de leur environnement à leur mode de fonctionnement.
Dans ce cas, il s’agit de :

 

  • fragmenter les contenus pédagogiques à transmettre, de telle sorte que l’on n’aborde qu’une difficulté à la fois ;
  • dispenser en général l’élève des contenus ou activités qui ne sont pas totalement à sa portée, compte tenu des évaluations que l’on a réalisées. Cela n’interdirait pas de prendre quelques risques, en proposant des activités « presque » à sa portée.

 

À supposer que les enfants avec TED présentent bien des difficultés dans ce que l’on appelle les « fonctions exécutives », il s’agit dans un second temps :

 

  • d’assurer la prévisibilité du cadre pédagogique. On peut à cette fin : utiliser les rituels de la classe, l’ordre dans lequel se succèdent les activités ou bien les différentes étapes dans la réalisation d’une tâche, qui sont toujours les mêmes ; augmenter, autant que possible, la prévisibilité des événements, pour diminuer l’anxiété de ces élèves et prévenir l’apparition de troubles du comportement.
  • de préserver un coin de travail personnel pour ces élèves, toujours au même endroit, en rangeant le matériel scolaire systématiquement à la même place ;
  • de rendre claires, explicites et non ambiguës les consignes de travail. Tous les éléments de la tâche à réaliser doivent être le plus explicite possible. Les élèves avec des troubles envahissants du développement ont beaucoup de difficultés à induire ou inférer : tout doit donc être précisé, y compris, par exemple, la longueur d’un écrit à fournir. Les critères doivent être le plus précis possible ;
  • d’apprendre à l’élève que lorsque l’enseignant s’adresse à la classe, il s’adresse aussi à lui. On demande donc à l’élève à côté de lui de lui rappeler au besoin ce qu’il doit faire, dans les cas où il ne bénéficie pas de l’accompagnement d’un adulte ; de veiller à utiliser des phrases courtes et un débit assez lent pour répondre aux difficultés de compréhension du langage complexe. On simplifie ou on décompose systématiquement les consignes, afin de minimiser le danger de confusions ;
  • de questionner l’élève pour s’assurer qu’il a bien compris le travail demandé en utilisant des tableaux et des schémas pour accompagner le discours. On veille, d’une façon plus générale, à utiliser très régulièrement les supports écrits ;
  • de structurer et d’organiser les tâches à effectuer. À défaut de paniers avec le matériel préparé à l’avance, on fournit à l’élève une liste des matériels nécessaires pour l’accomplissement de l’activité. Avant de commencer un travail, on incite l’élève à vérifier s’il dispose bien de tout ce qu’il faut pour travailler : l’utilisation de boîtes étiquetées contenant le matériel l’aide à aller le chercher là où il faut. On n’oublie pas de montrer à l’élève un exemple de travail réalisé d’une certaine manière, avec toutes les étapes. On préfère fragmenter, décomposer la tâche lorsqu’elle est longue.;
  • de renvoyer systématiquement des feed-back immédiats à propos de la performance réalisée, pour encourager, pour maintenir l’intérêt et la motivation.

 

Ces recommandations pratiques peuvent grandement faciliter le travail de l’enseignant avec les élèves. Elles peuvent aussi bénéficier à d’autres élèves en grande difficulté d’apprentissage

 

2. L’ABA

 

L’ABA (Applied Behavior Analysis) est dérivée des recherches en analyse expérimentale du comportement, notamment du Dr B.F Skinner (1938) qui a posé les principes du « Conditionnement Opérant ». Ils reposent sur un schéma simple : en agissant sur les antécédents et les conséquences produites dans l’environnement de l’individu, l’Analyse Appliquée du Comportement permet une modification du comportement. Ces modifications contribuent à une meilleure adaptation à l’environnement et facilitent donc l’intégration sociale des enfants avec autisme. Pour cela, l’Analyse Appliquée du Comportement vise l’apprentissage de comportements adaptatifs fonctionnels qui ne sont pas encore en place et la diminution des comportements non adaptés à l’environnement. Cette approche repose sur un apprentissage intensif.
Deux grands principes directeurs guident l’adaptation des comportements :

 

Le renforcement des comportements adaptés

 

Quand un comportement est suivi d’une conséquence agréable pour la personne qui l’a émis, il aura tendance à se reproduire. Le renforcement implique nécessairement une augmentation de la probabilité d’apparition du comportement renforcé. Pour qu’il y ait renforcement, le renforçateur doit être distribué immédiatement après la réponse attendue.
Le renforcement positif suppose l’ajout d’un stimulus agréable après l’émission d’un comportement
↔ l’enfant pleure, car il veut son jouet. On lui donne ce jouet. Le renforcement négatif (qui n’a rien à voir avec la punition) renvoie au retrait d’un stimulus désagréable après l’émission d’un comportement
↔ l’enfant pleure, car il ne veut pas faire une tâche. On arrête la tâche.
Les deux exemples précédents illustrent le renforcement d’un comportement inadapté. L’ABA quant à elle, s’attache à renforcer l’apprentissage de comportements socialement adaptés. Le but ultime est que la tâche devienne intrinsèquement récompensante (l’enfant autiste aimant faire ce qu’il sait faire, il n’a plus besoin qu’on ajoute un renforçateur pour réaliser la tâche).

 

L’enseignement de nouveaux comportements

 

L’absence de certains comportements (communication, loisirs autonomes, compréhension des indices de l’environnement et des codes sociaux…) peut induire des troubles du comportement majeurs. L’enseignement de compétences fonctionnelles est donc à ce titre essentiel.
Pour déterminer les objectifs de travail, une évaluation des compétences est menée. Parmi les domaines de compétence permettant l’élaboration des programmes en ABA, on peut citer :

 

  • Les compétences de bases : notamment la stabilité motrice, l’attention conjointe, le contact visuel, l’imitation sous ses différentes formes (avec objets, motrice globale, motrice fine, vocale, verbale)
  • Les performances visuelles : habiletés en rapport avec la discrimination visuelle (appariements, tris, encastrements, puzzles…)
  • Les compétences de communication impliquant :
    • Les habiletés expressives : demander, dénommer, imiter, répondre
    • Les habiletés réceptives relatives à la compréhension lexicale et syntaxique
  • L’autonomie : individuelle (se laver, manger seul, s’habiller, avoir des loisirs…), collective (savoir mettre la table, ranger, nettoyer les lieux), communautaire (prendre les transports publics, faire des courses…)
  • Les aptitudes de socialisation : interactions sociales, ajustement aux consignes et jeux collectifs, adaptation des comportements en société
  • Les habiletés académiques : compétences enseignées à l’école

 

Pour l’ensemble des objectifs introduits, l’ABA cherche à enseigner la réussite à l’enfant. Pour le maintenir en réussite, un des formats importants d’apprentissage en ABA est l’enseignement sans erreur : l’enfant est immédiatement guidé dans la réponse à la consigne, qui est de ce fait forcément correcte.

 

Il existe deux formats de leçons en ABA

 

Le format de leçon « distincte »
Ce format de leçon implique une réponse courte et simple (ex : trier, nommer), c’est-à-dire un objectif unique et distinctif. L’entraînement par essais distincts s’effectue en 4 temps :

 

  1. L’instruction ou Stimulus Discriminatif (Antécédent) ↔ ce stimulus est le plus souvent, mais pas nécessairement oral. Dans ce cas, la consigne doit être simple et claire
  2. L’émission de la réponse (B), le plus souvent rendue possible, au départ de l’apprentissage, par une guidance qui peut être complète ou partielle
  3. La conséquence (C) ou Feed-back ↔ L’enfant est renforcé proportionnellement à l’aide apportée. Moins il est guidé, plus il est renforcé (renforcement différencié)
  4. L’intervalle de temps qui précède le prochain essai

 

Le format de leçon « séquentielle »
Ce format de leçon suppose une série d’étapes dans un ordre chronologique (ex : se laver les mains, écrire un mot). Ces comportements complexes doivent être décomposés en sous-tâches (analyse de tâches) qui devront être enseignées isolément.

 

L’ensemble des enseignements peut donc impliquer différentes guidances ou incitations. Ces guidances facilitent l’apprentissage, mais doivent être retirées le plus vite possible. Les guidances les plus courantes sont :

 

  • Physiques : main sur la main de l’enfant
  • Gestuelles : pointage, posture corporelle ou mimique
  • Visuelles : image, photo, pictogramme, mot écrit
  • Orales : mot ou phrase produits à l’oral
  • Par modelage/imitation : modèle du comportement à reproduire
  • Environnementales : aménagement de l’environnement facilitant la réponse

 

Le principe est de n’utiliser qu’une seule guidance à la fois et de l’estomper le plus rapidement possible.

 

Adaptation aux contextes scolaires

 

Il est néanmoins possible de s’inspirer des principes d’ABA pour optimiser les apprentissages scolaires, notamment :

 

  • L’usage des renforçateurs.
  • La procédure d’apprentissage de chaque étape isolément qui permet de réussir l’acquisition de gestes complexes.
  • La notion de guidance : il est prioritaire de savoir ce que l’élève sait faire seul et ce qu’il doit faire avec aide. Par ailleurs, il convient de prendre conscience que nous avons tendance à émettre des incitations orales superflues et nuisibles. Pour cela, il nous faut différencier les instructions orales des incitations orales. Lorsqu’un enfant est dans le couloir à l’heure de la sortie en récréation, le stimulus de mettre son manteau est de voir que les autres enfants s’habillent pour aller en récréation. Lui dire « Mets ton manteau » en la circonstance est une incitation orale qu’il faut éliminer. Par contre, si l’on travaille avec lui et que nous décidons soudainement d’aller jouer dehors parce qu’il fait beau, lui dire « Mets ton manteau » est une instruction orale qui n’a pas à être éliminée en cette autre circonstance.
  • L’évaluation des antécédents et des fonctions/conséquences d’un comportement problématique évitera d’engager des réponses qui renforcent ces comportements. Quand un élève veut échapper à une tâche, le sortir de la classe ou lui demander de réparer ses dégâts plutôt que de finir l’exercice sont des conduites qui feront accroître l’occurrence du comportement. Chercher à consoler ou s’occuper d’un élève au moment même où il émet un comportement inadapté pour obtenir l’attention, ne fera qu’augmenter la probabilité d’apparition du comportement.

 

Les méthodes centrées sur le langage et la communication

 

3. PECS

 

Le PECS (Picture Exchange Communication System – Système de Communication par échange d’images) a été élaboré par le Dr Bondy et Lori Frost en 1985. C’est une méthode de communication qui peut être :

 

  • alternative se substituant au langage oral lorsqu’il est absent ;
  • augmentative en ce qu’elle permet d’étendre la communication d’un enfant qui parle, mais dont le langage oral n’est pas assez fonctionnel, intelligible, spontané, étendu au plan lexical ou syntaxique.

 

Le PECS permet à l’enfant de communiquer par l’échange d’images. Cette méthode est tirée de l’Approche Pyramidale du Dr Bondy qui a modélisé une application en ABA sous la forme d’une Pyramide dont le socle repose sur :

 

  • La fonctionnalité des apprentissages : tout enseignement doit se faire dans le cadre d’activités quotidiennes qui sont fonctionnelles et qui concourent à l’autonomie de l’enfant. C’est parce que les activités ont du sens que l’enfant aura envie de communiquer. On ne communique pas sur des choses qui nous ennuient.
  • La motivation : l’Approche Pyramidale insiste sur la nécessité de trouver et de hiérarchiser les renforçateurs.
  • La communication, en particulier la fonction de demande et de commentaire.
  • La mise en place de comportements alternatifs fonctionnellement équivalents : ils permettent de pallier les comportements inappropriés.

 

Le PECS consiste en 6 phases d’acquisition, qui ne seront pas nécessairement atteintes dans leur totalité :

 

  1. Apprentissage de l’approche sociale : l’enfant apprend à approcher un partenaire de communication pour lui donner l’image de l’objet qu’il désire et qu’il reçoit en échange. Il est guidé par un incitateur physique à prendre l’image, la tendre et la lâcher dans la main de son interlocuteur. Il apprend ici les règles de la communication.
  2. Apprentissage de la distance et de la persistance : l’enfant apprend à exercer cette compétence à distance. On lui enseigne à se déplacer pour aller jusqu’à un partenaire de communication, mais aussi pour aller chercher son classeur. On lui enseigne également à interpeller son interlocuteur qui peut être retourné. L’enfant apprend ici à dépasser les obstacles à la communication.
  3. Apprentissage de la discrimination : l’enfant est entraîné à faire le choix entre deux images, l’une d’un objet désiré, l’autre d’un objet non désiré. Puis quand cette étape est acquise, il fait le choix entre deux, puis entre davantage d’images d’objets désirés qui sont finalement regroupées dans un classeur. L’enfant apprend ici à identifier et à sélectionner le message de communication qu’il adresse.
  4. Apprentissage de la phrase : l’enfant apprend à utiliser le « je veux » qu’il place sur une bande phrase sur laquelle il met ensuite l’image de l’objet désiré. On lui enseigne ensuite à pointer les deux images « je veux » + « l’objet désiré ». On profitera de cette phase pour essayer d’entraîner la parole par complétude (on attend quelques secondes avant de prononcer la dernière syllabe en espérant que l’enfant la prononce avant). L’enfant apprend à échanger ici non plus l’image d’un mot, mais une phrase construite. Il est encouragé, mais non contraint à la parole (l’échange est honoré même s’il ne parle pas). L’enfant apprend à enrichir sa syntaxe avec des adjectifs (ex : « je veux le ballon jaune ») puis avec d’autres constituants (verbes, prépositions…)
  5. Apprentissage de la réponse à « Qu’est-ce que tu veux ? » : Jusqu’à présent, l’enfant faisait des demandes spontanées. On lui enseigne ici à faire des demandes en réponse à une question.
  6. Apprentissage du commentaire : l’enfant apprend à réagir aux questions « Qu’est ce que tu vois ? », « Qu’est-ce que tu entends ? », « Qu’est ce que tu sens ? ». Il passe donc de la demande au commentaire. On pourra aussi lui enseigner à répondre aux questions « Qu’est ce que tu as ? » dans le but qu’il puisse exprimer un jour « j’ai faim », « j’ai soif », « j’ai mal ». Au terme de cet enseignement, l’enfant est capable de faire des commentaires spontanés (sans question préalable) et même d’évoquer ses ressentis.

 

Adaptation aux contextes scolaires

 

Le PECS doit donc être mis en place par une personne formée. Ce n’est pas le rôle de l’enseignant non formé d’enseigner le PECS. Néanmoins, il pourra utiliser dans sa classe les outils déjà usités par l’enfant dans d’autres contextes. Il permettra ainsi à l’élève de communiquer avec son propre moyen de communication. Il facilitera la généralisation du PECS dans sa classe sur les étapes acquises et créera des opportunités de communication.

 

4. MAKATON

 

Le programme Makaton a été mis au point en 1973-74 par Margaret WALKER, orthophoniste britannique, pour répondre aux besoins d’un public d’enfants et d’adultes souffrants de troubles d’apprentissage et de la communication.
Le MAKATON est un Programme d’Aide à la Communication et au Langage, constitué d’un vocabulaire fonctionnel utilisé avec la parole, les signes et/ou les pictogrammes.
Les signes et les pictogrammes illustrent l’ensemble des concepts. Ils offrent une représentation visuelle du langage, qui améliore la compréhension et facilite l’expression.
La diversité des concepts permet rapidement de favoriser les échanges, en accédant à l’ensemble des fonctions de la communication : dénommer, formuler une demande ou un refus, décrire, exprimer un sentiment, commenter…
Le MAKATON propose :

 

  • un vocabulaire de base structuré en 8 niveaux progressifs avec un niveau complémentaire ouvert ;
  • un vocabulaire supplémentaire répertorié par thèmes permettant d’enrichir les 8 premiers niveaux.

 

Le MAKATON n’est pas destiné spécifiquement aux personnes atteintes de troubles envahissants du développement ou de troubles du spectre autistique.

 

Ressources

 

« Guide pour la scolarisation des enfants et adolescents handicapés »Ministère de l’Éducation nationale, MAIF

 

Guide : « Scolariser les élèves autistes ou présentant des troubles envahissants du développement » Scérén (CNDP) DGESCO

 

« Le droit à l’École pour tous » site EDUSCOL

 

Évaluation de l’impact du plan autisme 2008/2010. Rapport établi par Valérie Létard

 

Plaquette bande dessinée réalisée par la FEGAPEI et le soutien de AG2R LA MONDIALE

 

« L’un de vos élèves de maternelle est peut-être autiste ? » : brochure du Rectorat de Lyon en partenariat avec Autisme France et Res Publica

 

« Autisme, TED : Mieux me comprendre c’est mieux m’aider » : BD réalisée par un SESSAD

 

« Guide d’intervention pédagogique : Le Syndrome d’Asperger (SA) et l’Autisme de Haut Niveau en milieu scolaire »

 

« Autisme et pédagogie » de l’INS HEA

 

« Les modalités de scolarisation des enfants avec autisme »

 

HAS : « Autisme et troubles envahissants du développement (TED) : état des connaissances »

 

Association Nationale des Centres Ressources Autisme

 

CDDP de l’Aube : bibliographie sur le handicap

 

PECS-FRANCE

 

Centre ressources autisme Languedoc-Roussillon. Liste de ressources de pictogrammes.

 

« Mon petit frère de la lune », film de Frédéric Philibert

 


 

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Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique
Titre : Scolariser les enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique
Nom du fichier : TED_eduscol.pdf
Taille : 256 Ko

 


11 juin 2013

Ce qui est formidable avec le Plan Autisme 3

Béatrice BollingCe qui est formidable avec le Plan Autisme 3, c’est que même si il est très en dessous de tout ce qu’on aurait pu espérer en attendre, il faut encore se battre pour qu’il soit appliqué par les « professionels » (j’insiste sur les guillemets) Français.

Le Collectif des 39 a lancé le 1er Juin l’appel des 1000. Outre le fait que cela ne les dérange guère d’être 1000 contre au moins 12000 familles ici, et encore 10000 dans les diverses associations de familles et de personnes autistes ailleurs, outre le fait que certaines associations proposant des prises en charge ABA ont des listes d’attente de plus de 3000 familles depuis des années et des années, cette pétition—dont je vous épargne le texte, car il vous donnerait sans doute des boutons—nous offre un listing exhaustif de l’ensemble des psys, pédopsys, orthophonistes, éducs spés à éviter bien soigneusement (la carte Micheline de l’autisme est en train de se mettre à jour, ça promet), car ils sont ouvertement hostiles, non seulement aux recommandations de la HAS, mais aussi aux dispositions du Plan à l’égard de la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme.

Quelle n’a pas été ma surprise de constater que le Professeur Daniel Sibertin Blanc, Responsable Médical du CRA de Lorraine, a signé le 8 juin cette pétition!

Nous ne comprenons pas très bien comment un responsable de CRA peut ouvertement et publiquement prendre position contre des dispositions qui favorisent une prise en charge et un diagnostic adaptés des troubles dont souffrent les personnes dont il a la charge. J’imagine que vous non plus, n’est-ce pas?

Je vous propose de demander des explications au Professeur Sibertin Blanc, mais aussi d’alerter Mme Carlotti—qui nous a assurés que les services refusant d’appliquer les recommandations du Plan seraient écartés de la prise en charge de nos enfants, et de pourrir la pétition du Collectif des 39.

Etape 1: On met le paquet!

Je vous suggère donc de mettre à nouveau le paquet en envoyant à M. Sibertin Blanc le texte ci-joint par courrier (sympa le courrier, pas besoin de se fâcher) à l’adresse suivante:

Centre de Ressources Autisme de Lorraine
Centre Psychothérapique de Nancy
1 rue du Docteur Archambault
BP 11010 – 54521 LAXOU CEDEX

Vous pourrez y joindre cette lettre toute prête à imprimer: Ce qui est formidable avec le Plan Autisme 3

CeQuiEstFormidableAvecLePlanAutisme3-01

Etape 2: On informe la Ministre!

Il nous faut maintenant informer Mme Carlotti en copiant cet e-mail:

Madame la Ministre,

Le Collectif des 39 a organisé une pétition en ligne ici:

http://www.hospitalite-autistes.org/spip.php?id_article=1&page=article&recherche_signatures=BLANC

Nous vous remercions de noter que Mr Sibertin-Blanc, qui dirige le CRA Lorraine, a signé cette pétition qui s’oppose au Plan Autisme 3 et refuse l’application des recommandations HAS.

Nous vous remercions de bien vouloir veiller à ce que les dirigeants de CRA respectent les engagements de votre gouvernement en matière de prise en charge de l’autisme.

Avec nos respectueuses salutations.

Comme son adresse e-mail n’est pas publique, je vous propose de le lui faire parvenir via son formulaire de contact, situé sur son site de campagne.

Si vous voulez vérifier que les personnes qui s’occupent de votre enfant n’ont pas signé cette pétition, regardez dans le petit outil de recherche, juste en dessous des signataires!

Etape 3: On pourrit l’infâme pétition!

Allez tous signer la pétition du Collectif des 39 avec des noms idiots:

  • Mme Puduku, maman d’enfant autiste
  • M. TêteDeLard, papa d’enfant autiste
  • Mme NeuneuDesIles, maman d’enfant autiste
  • etc.

Cela la rendra inutile et ridicule, car plein de noms bidons.

GO GO GO!

Mise à jour (10 juin 2013, 17h30)

Nos signatures bidons se font enlever une à une. Continuez, ça les occupe, pendant ce temps-là ils ne pourrissent pas nos enfants.

10 juin 2013

Lettre ouverte à la revue Prescrire

dimanche 9 juin 2013

article publié sur FR Blog (le blog de Franck Ramus)

 

Lettre adressée à Mme Anne Americh, revue Prescrire, suite à son courriel en réponse à mon interpellation dans l'un de mes articles précédents.
Chère Madame,
Je vous remercie pour votre réponse et pour l’envoi de ces documents. J’avais entre temps eu accès au texte que vous avez consacré à la recommandation debonne pratique sur l’autisme. L’analyse de ce texte ne fait que renforcer mon sentiment que la revue a dérogé à ses critères habituels dans la rédaction de cet article.
Le principal argument qui est avancé à l’appui du rejet de la recommandation de la HAS est l’absence de consensus parmi les participants et parmi les relecteurs, majoritairement des pédopsychiatres et autres professionnels français. Ce fait est incontestable. Mais depuis quand est-ce un critère de validité d’une recommandation ? Dans d’autres domaines, la revue Prescrire ne s’embarrasse pas d’une telle considération. Par exemple, lorsqu’il s’agit de dénoncer le faible rapport bénéfice/risque du dépistage systématique des cancers du sein ou de la prostate, la revue n’hésite pas à aller à l’encontre du consensus des praticiens français. Elle le fait car elle considère que les praticiens français ne sont pas les mieux placés pour juger de tous les effets de leurs pratiques, et ne sont pas nécessairement au fait des données scientifiques les plus récentes. Elle joue parfaitement son rôle en s’appuyant sur les données publiées dans les revues scientifiques internationales pour préconiser un changement de pratiques, en dépit des protestations des praticiens français. Sur le sujet de l’autisme, c’est exactement ce qu’a fait la HAS. En subordonnant la validation des conclusions de la HAS au consensus des pédopsychiatres français, vous appliquez un critère qui n’a aucun sens et vous contribuez à freiner toute évolution des pratiques dans cette spécialité.
Le seul autre argument que vous avancez est que le rapport fait « la promotion des techniques
cognitivo-comportementales »,  et « écarte les autres approches sans argument solide. » D’une part, parler de « promotion des techniques cognitivo-comportementales » laisse entendre que ces méthodes thérapeutiques (dénigrées comme de simples techniques) seraient a priori suspectes, et qu’il serait coupable d’en détailler les résultats positifs. En reprenant à votre compte le langage des opposants à ces méthodes, vous révélez la manière dont vous les considérez et vous illustrez précisément le parti pris dont vous vous défendez. Car le rapport de la HAS ne fait pas de la promotion, il décrit dans le détail les résultats de tous les essais cliniques ayant été publiés dans le domaine de l’autisme. Le nombre de pages consacrées à chaque approche est strictement proportionnelle au nombre de recherches publiées sur le sujet. D’autre part, comment peut-on qualifier de « sans argument solide » et balayer d’un revers de main une recommandation basée sur 27 essais cliniques et 3 méta-analyses, qui sont déjà synthétisés dans les recommandations canadiennes, espagnoles, écossaises et américaines dont les conclusions sont très proches de celles de la HAS ? Plutôt que de s’en remettre à l’opinion d’une partie des pédopsychiatres français, les auteurs de cet article n’auraient-ils pas été bien inspirés de se pencher sur les données cliniques et scientifiques avant d’émettre un avis aussi lourd de conséquences?
En effet, il ne vous aura pas échappé que tous les partisans du status quo dans la psychiatrie française brandissent maintenant l’article de Prescrire comme un trophée, validant opportunément leur refus de remettre en cause leurs théories et leurs pratiques. Il me semble que la revue Prescrire se situe désormais à la croisée des chemins : soit elle est vraiment acquise à la démarche scientifique et à la médecine fondée sur des preuves, et considère qu’elle doit s’appliquer aussi en psychiatrie et en psychologie, auquel cas il est crucial pour sa crédibilité de revenir dans ses pages sur la recommandation de la HAS sur l’autisme, données en mains, et de ne point se laisser instrumentaliser par certains praticiens français (une manière de le faire serait par exemple de publier ce courrier, d’ouvrir un débat, de faire intervenir des experts étrangers sans aucun lien avec le microcosme français). Soit elle considère que le cerveau humain et ses troubles échappent comme par magie à l’approche scientifique et à l’examen raisonné des expérimentations cliniques, et elle abandonne les patients concernés à leur triste sort, auquel cas il serait honnête d’informer ses lecteurs de cette exception dans son champ d’action.
Bien cordialement,
Franck Ramus
Annexes :
Florilège des références triomphalistes à l’article de la revue Prescrire :
Pour faire bonne mesure, la réponse du KOllectif du 7 janvier :
9 juin 2013

Visite de Marie-Arlette Carlotti à l'hôpital Robert Debré à Paris

article publié sur le site du Ministère des Affaires sociales et de la Santé

Madame Marie-Arlette CARLOTTI, ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion s’est rendue à l’hôpital Robert Debré, à Paris, pour rappeler que le 3ème plan autisme a été élaboré dans le dialogue et le respect de l’ensemble des acteurs.

Accueillie par le docteur Nadia CHABANE, pédopsychiatre, la Ministre a indiqué qu’il était temps de tourner la page des vieilles querelles dans l’intérêt des personnes autistes.

L’Etat ne tranche pas le débat scientifique, au contraire, il le suscite en choisissant de financer la recherche sur les mécanismes de l’autisme, sa prévalence et l’évaluation des pratiques. Mais c’est à partir des connaissances actuelles, et du vécu des personnes, qu’il a fixé des orientations pour un meilleur accompagnement de l’autisme en France.

Il était nécessaire d’améliorer le système de diagnostic et de dépistage, pour intervenir plus tôt chez l’enfant.

Il était tout aussi indispensable de renforcer le secteur médico-social et la coordination entre ce secteur et le sanitaire. L’effort inédit de création de places comme l’appel à la transformation des structures existantes témoignent de l’ambition du Gouvernement dans ce domaine.

C’est par l’articulation d’approches éducatives, pédagogiques et thérapeutiques qu’il sera possible de mieux accompagner les personnes autistes.

« Nous avons fait le pari de la transformation au profit de tous. Nous avons fait le pari de la raison. Le 20 juin 2013, le comité de suivi du 3ème plan Autisme se réunira pour la première fois. Autour de la table, se retrouveront des parents de personnes autistes, des gestionnaires de structures médicosociales, des professeurs d’université, des neurobiologistes, des psychiatres, des représentants du peuple et des serviteurs de l’état œuvrant dans les politiques de santé, de cohésion sociale, d’éducation, de recherche et d’emploi.

C’est dans cet esprit de dialogue et de respect que le 3ème plan autisme a été conçu ; c’est dans ce même esprit qu’il sera mis en œuvre. Avec comme seul horizon la dignité de tous. » a rappelé Marie-Arlette CARLOTTI.

Plusieurs responsables associatifs et personnalités étaient présents lors de cette visite notamment : Shannon MURRAY, Président d’Agir et Vivre l’Autisme, Vincent GERHARDS, Président du Collectif Autisme, Danièle LANGLOIS, Présidente d’Autisme France mais aussi Catherine BARTHELEMY, chef du Service Universitaire d’Explorations Fonctionnelles et de Neurophysiologie en Pédopsychiatrie du CHRU de Tours.

Visite de Marie-Arlette Carlotti à l'hôpital Robert Debré à Paris
Marie-Arlette Carlotti, Martine Pinville, Députée de la Charente, Présidente du Comité National de l’Autisme, Dr Nadia Chabane, pédopsychiatre à l’hôpital Robert Debré.

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6 juin 2013

Face aux enfants autistes, on ne parle plus de soin mais d'adaptation

Avertissement : je ne suis absolument pas d'accord cet article que je publie néanmoins. Sa teneur donne une idée des intérêts assez considérables en jeu.

Comme si en France les psychanalystes n'avaient pas leurs lobbyistes. Comme si les équipes des établissements n'étaient pas encore actuellement managés bien souvent par des médecins formés à la psychanalyse. Comme si ces dirigeants de fait n'avaient aucun intérêt à conserver un système en l'état. Comme si la France était en avance, seule, sur le reste du monde. Comme si le progrès de la science s'arrêtaient dès lors qu'une théorie bien établie faisait foi. Comme si pour devenir psychanalyste il ne fallait pas abdiquer son raisonnement au profit d'un engagement (on le devient en faisant sa propre psychanalyse). Comme si les méthodes comportementales étaient de la maltraitance.

Vas-t-on attendre encore longtemps l'émergence du désir et continuer à interpréter l'inconscient ...

A mon sens, la décision de la HAS est courageuse et il est temps que toutes les équipes se mobilisent pour accompagner les personnes avec autisme & leurs familles afin de leur donner toutes les chances pour aller vers une autonomie la plus large possible.

La marche à suivre on la connaît => 1)diagnostic le plus tôt possible 2)formation de la famille & mise en place d'un accompagnement efficace (y compris en cas de doute pour profiter de la plasticité cérébrale 3) accompagnement par des méthodes reconnues et validées.

Les médecins psychiatres ont toute leur place dans la prescription de médicaments qui, dans certains cas, peuvent aider la personne.


Jean-Jacques Dupuis

 


 

article publié dans Médiapart le 4 juin 2013

Face aux enfants autistes, on ne parle plus de soin mais d'adaptation

A la lecture du troisième plan autiste, la pédopsychiatre Loriane Brunessaux remarque que l'Etat ne se comporte plus comme une instance régulatrice dans une visée démocratique mais plutôt comme un instrument normalisateur au service de l’intérêt de certains et de la rationalité néolibérale pour tous. Voici son intervention lors des Assises citoyenne pour l'hospitalité en psychiatrie.

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Le troisième plan autisme, élaboré par madame la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, et son équipe, a été rendu public.

A sa lecture, on est poussés à se poser la question suivante : que se passe-t-il dans le domaine de l’autisme ?

La pointe la plus émergée de l’iceberg est un discours, qui se prétend scientifique. Ici appliqué à l’autisme, on le retrouve à l’identique pour les enfants dits hyperactifs ou atteints de « trouble des conduites » ou encore dans le domaine des « troubles des apprentissages » : dyslexie, dyspraxie, etc…

Ce discours affirme que l’autisme est un handicap et non une maladie, lié à trouble neuro-développemental, c’est-à-dire un développement anormal des neurones et ou des connexions neuronales, issu d’une ou plusieurs altérations génétiques en interactions avec des circonstances environnementales, toujours envisagées sous leur aspect le plus biologique (jamais psychologique ni social) : infection virale pendant la grossesse, rôle de certains vaccins, de l’alimentation, etc.

Par une articulation que l’on a du mal à saisir complètement, cette vision purement organiciste et biologisante des souffrances de l’enfant entraînerait pour conséquence une prise en charge uniquement axée sur des méthodes purement concrètes et pragmatiques (jamais relationnelles ni sociales) envisagées en terme de support, compensation, rééducation, méthodes dites éducatives et comportementalistes dont la plus validée scientifiquement et la plus efficace dans l’autisme serait la méthode ABA.

Il ne s’agit plus de soin, il ne s’agit plus de guérison (avec toute la complexité de la réflexion qu’entraîne ce terme en psychiatrie), il s’agit d’ « adaptation ».

On observe que ce discours, qui résume l’enfant (et l’humain) à son vécu le plus biologique, va servir de caution, de légitimation, à tout un ensemble de mesures, de pratiques, de prises de pouvoir, de procédures, de mise en circulation de normes, qui déconstruisent et déstructurent en profondeur le travail de nombreuses équipes de soin ou d’accompagnement élaboré années après années autour du vécu de l’enfant dans toutes ses dimensions, tant biologique qu’affective et sociale, et aussi autour du vécu des professionnels en relation avec ces enfants.

Sur le plan macropolitique comme micropolitique, comment ce discours est-il utilisé ?

Sur le plan macropolitique, il semble évident que ce discours a rencontré un écho auprès de gouvernements successifs animés par des exigences d’économie et de contrôle gestionnaire des dépenses de santé. En effet, la disqualification de la notion de soin rend caduque la pédopsychiatrie publique, ce qui peut sembler très intéressant lorsqu’il s’agit de remettre en question le principe même de service public de santé et de protection sociale et d’orienter le pays vers une privatisation des soins, où ce serait finalement aux patients de se prendre en charge eux-mêmes ou aux familles de remplacer l’institution soignante. L’hypothèse étiologique purement génétique justifie de ne pas prêter attention aux inégalités sociales et de négliger le fait, par exemple, qu’il y a plus d’enfants autistes dans les familles de migrants précaires (et je ne parle même pas de l’hyparactivité, des troubles des conduites et des apprentissages). Quant aux techniques comportementalistes, étant liées étroitement et presque par essence aux techniques actuelles de management et de marketing (n’oublions pas qu’un des principaux fondateurs du behaviourisme, John Broadus Watson, s’est ensuite intéressé à la publicité), elles satisfont aux critères de la rationalité néolibérale prônant un individu concurrentiel et auto-entrepreneur de lui-même.

Sur le plan micropolitique, il est important de saisir que ce discours, même avant toute traduction légale, avant la recommandation de la Haute autorité de santé sur l’autisme en 2012, avant la sortie du plan autisme, est déjà utilisé depuis plusieurs années pour cautionner au nom de la science la mise en place d’une logique managériale au sein d’équipes de soin ou d’accompagnement, notamment dans le secteur médico-social. On observe ainsi un certain nombre d’associations gestionnaires d’établissement et/ou de directeurs (IME, CAMSP) exigeant une modification en profondeur de la manière de travailler des équipes, au nom des avancées de la science, renvoyant ou refusant d’embaucher des professionnels d’orientation autre que cognitivo-comportementaliste, infléchissant la prise en charge des enfants et des jeunes dans l’unique sens de la stimulation, de l’entraînement et du renforcement de comportements, interdisant toute remise en cause, tout discours critique, toute possibilité de réflexion commune. Malgré le désarroi d’un certain nombre de parents face à cette manière de traiter leurs enfants, ce mouvement ne pourra que s’intensifier avec cette recommandation de la HAS et ce plan autisme qui s’appuie sur elle car il se produit une réelle radicalisation des rapports de pouvoir et de domination au sein de ces institutions, au profit de la rationalité managériale néolibérale.

Quant au grand public, il n’y comprend rien et c’est normal car on lui a désigné le vrai coupable : la psychanalyse.

En effet, voici comment les médias (émissions de radio ou de télévision, articles de journaux) présentent les choses au grand public :

L’autisme serait donc un handicap neuro-développemental d’origine génétique qui relève de méthodes « éducatives et comportementales » et notamment la méthode comportementaliste ABA.

La France méconnaît cette nouvelle façon de comprendre l’autisme, pourtant censée s’appuyer sur des travaux véritablement scientifiques, pour se complaire depuis quarante ans dans une compréhension dite psychanalytique de l’autisme qui l’assimilerait à une psychose, définie comme une mauvaise relation entre la mère et son bébé. Les psychanalystes, qui tiendraient le haut du pavé dans tous les services de pédopsychiatrie et institutions pour autistes, seraient incapables d’effectuer un diagnostic précoce de l’autisme et recevraient depuis 40 ans des crédits conséquents de l’Etat pour poursuivre des thérapies inadaptées avec des enfants autistes consistant à attendre sans rien faire ou à les allonger sur un divan, faisant ainsi perdre un temps considérable à ces enfants et laissant s’installer des retards de développement irréversibles. Certains pratiqueraient même des techniques barbares telles que le packing. Ils refuseraient activement d’entendre parler des méthodes pourtant irréfutablement efficaces comme ABA.

En conséquence, des associations de parents, représentant la pensée de tous les parents de personnes autistes en France,  légitimement désemparées et scandalisées par cette situation, seraient parties courageusement en guerre contre l’ensemble de la pédopsychiatrie/psychanalyse française et auraient fort heureusement réussi à se faire entendre par des personnalités et instances officielles et notamment par la HAS qui a rédigé en 2012 une recommandation de bonne pratiques promouvant avant tout la méthode ABA  comme la plus scientifiquement validée dans l’autisme, affirmant la non-consensualité de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle et interdisant le packing. Par la suite, le 3ème plan autisme de la ministre Mme Carlotti est venu assurer l’application de cette recommandation à l’exclusion de toute autre approche dans les établissements recevant des personnes autistes.

A côté de toutes les fables véhiculées, auxquelles on pourrait rétorquer l’absence de preuve scientifique tangible d’une causalité purement somatique de l’autisme, l’absence de validité scientifique des études affirmant l’efficacité de la méthode ABA, la fausseté des discours affirmant l’hégémonie de la psychanalyse depuis 40 ans en pédopsychiatrie, l’absence de coût pour l’Etat représenté par la psychanalyse, la fausseté du rejet par les psychanalystes de toute autre approche, l’existence majoritaire d’une pédopsychiatrie s’appuyant sur un trépied thérapeutique, éducatif et pédagogique, la vision caricaturale et simpliste de la théorie et de la pratique psychanalytique représentée par ces discours, le fait que les associations de parents en question sont extrémistes et absolument non représentatives de la majorité des familles de personnes autistes en France dont certains n’en peuvent plus de voir leur parole passée sous silence, la pénurie organisée du service public hospitalier qu’il est un peu fort de faire porter à la psychanalyse, le peu d’établissements sur le sol français aptes à recevoir des personnes autistes, le droit des personnes autistes à être traitées au cas par cas et non selon une unique méthode comportementaliste, quelle conception de l’être humain voit-on se dessiner derrière ces discours ?

Il s’agit  d’une conception de l’Homme inspirée par les modélisations des neurosciences associées aux sciences cognitives, donnant toute sa place au cerveau, composé d’un réseau de neurones connectés entre eux, considéré comme un système de traitement de l’information se traduisant par divers comportements.

Un traitement anormal de l’information, que celle-ci soit sous ou au contraire sur-traitée, se traduira par des comportements inadaptés sur lesquels il est possible secondairement d’agir.

L’imagerie du cerveau interprétée par les hypothèses cognitives fournit le substrat de cette conception, qui va de pair avec une vision de la prise en charge en termes de support, de traitement médicamenteux, de rééducation, de compensation.

Cette conception exclut  les notions de soin psychique et de psychothérapie, a fortiori psychanalytique, au sens où l’on attendrait un changement, une évolution, voire une guérison d’une personne sous l’effet d’une approche centrée sur la relation. Elle exclut également toute prévention environnementale qui viserait à la réduction des inégalités sociales.

Et c’est là que se démasque le caractère idéologique et militant de cette utilisation du discours neuroscientifique : non pas dans la vision purement organique de l’autisme (après tout on a le droit de l’envisager comme tel), non pas dans la promotion d’approches purement éducatives et comportementales (qui peuvent convenir à certains) mais bien dans l’articulation dure des deux à l’exclusion de toute autre : en effet, pourquoi l’interaction gène-environnement ne prend-elle jamais en compte l’environnement sociétal ou psychologique ? Pourquoi une personne présentant une maladie et/ou un handicap d’origine génétique ou purement organique ne pourrait-elle pas bénéficier d’une psychothérapie ou d’un soin relationnel, y compris éclairé par la psychanalyse et prenant en compte l’inconscient ? On sait pourtant depuis longtemps, et les médecins somaticiens sont les premiers à nous le rappeler, l’impact du psychique sur le somatique dans des maladies chroniques ou au long cours comme la sclérose en plaque, le cancer, le diabète, etc. Il est donc aberrant que ce qui est considéré comme du simple bon sens en médecine somatique devienne un interdit de penser en psychiatrie !

Le fait de nier ces évidences risque tout simplement de maintenir la personne autiste dans son isolement relationnel et d’inscrire les inégalités sociales comme un état de nature impossible à modifier.

On sent bien que dans cette conception de la prise en charge, la notion de normalisation, d’adaptation, prime sur celle de guérison et sur la nécessité d’une réflexion politique sur le vivre-ensemble.

Ce ne sont bien entendu pas les neurosciences ni les sciences cognitives en elles-mêmes qui sont en cause mais leur utilisation pour le renforcement d’une certaine politique agissant sur les corps et les esprits, qui ne serait plus fondée sur le débat et les principes démocratiques mais sur une supposée vérité scientifique. On observe ainsi, à côté du développement de la neuro-économie, l’apparition dans la justice de la notion de neurodroit qui userait du recours à l’imagerie cérébrale pour aider le juge à prendre la bonne décision.

Les questions que l’on peut se poser sont donc les suivantes :

 -Au-delà de la question des mots employés (soin, accompagnement, maladie, handicap, usagers), comment soutenir des pratiques vivantes, désirantes, au cas par cas, s’adressant à des personnes vivantes et incarnées et non à une somme de comportements ou de symptômes à corriger ?

- Comment soutenir la question de l’inconscient, de la réalité psychique, de ce qui est partageable et non partageable dans les relations humaines, de ce qui n’a pas de réponse ni de sens immédiatement décelable ?

- Comment soutenir la place de la psychanalyse, de sa diversité, de la richesse de ses découvertes et de ses pratiques, dans les institutions psychiatriques et médico-sociales ainsi que dans la culture ?

- Comment soutenir une recherche neuroscientifique et cognitive qui serait un apport pour la diversité des points de vue et non un mode d’emploi pour le monde qui se présente à nous ?

- Comment soutenir l’Etat comme instance régulatrice dans une visée démocratique et non comme instrument normalisateur au service de l’intérêt de certains et de la rationalité néolibérale pour tous ?

- Comment imaginer, y compris politiquement, une manière de vivre ensemble, de se soutenir les uns les autres, malgré la diversité de nos histoires, de nos origines sociales, de nos personnalités, de nos manières d’être au monde, de nos anomalies et de nos idées ?

- Comment lutter contre cette mutation de la démocratie qui oblige à se fonder en association et à pratiquer le lobbying pour se faire entendre des hommes politiques ?

- Et très concrètement, comment lutter contre ce mouvement en marche qui lisse et normalise nos pratiques, ici via la recommandation de la HAS, ailleurs via des évaluations, certifications, visites d’experts, protocoles, réaménagements divers des moyens ?

Pour mener ensemble cette réflexion, nous avons instauré pendant deux jours avec le collectif des 39 des Assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social, réflexion qui se poursuivra le 16 novembre 2013 à la maison de l’arbre à Montreuil.

Loriane Brunessaux,
pédopsychiatre, cofondatrice de l’association Utopsy,
02/06/2013

 

 

 

6 juin 2013

Oui à l'éducatif, non à la psychanalyse !

article publié sur le blog de Gwendal Rouillard

 jeudi 6 juin 2013, par Gwendal Rouillard.

Le 3è Plan Autisme annoncé le 2 mai dernier par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, est un plan ambitieux. Il marque une profonde évolution en faveur notamment du diagnostic précoce, des méthodes éducatives et comportementales et d’une politique de recherche qui favorise les neurosciences. Autrement dit, il entend fermement tourner la page de la psychanalyse appliquée à l’Autisme.


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En annonçant clairement la nécessité de mettre en pratique les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et en ne donnant les moyens d’agir qu’aux seules structures utilisant les méthodes comportementales et éducatives, le Gouvernement a permis que les personnes avec autisme, leurs familles et les associations soient enfin reconnues et puissent enfin croire en l’avenir.
Pourtant, depuis l’annonce de ce plan, « le lobby de la psychanalyse », particulièrement ancré dans notre pays, conscient du risque de pertes financières en sa faveur, est particulièrement virulent à l’encontre de Marie-Arlette Carlotti et du Gouvernement, au point de demander le retrait de ce Plan largement concerté.
Face à cette offensive inacceptable, avec mes collègues du Groupe d’Etudes sur l’Autisme, j’ai tenu, avec Daniel Fasquelle, co-Président de ce groupe, à réaffirmer auprès du Président de la République et du Premier ministre, mon soutien aux engagements du 3è Plan Autisme et leur demander de veiller à la bonne application de ce Plan.

6 juin 2013

Lettre ouverte du Kollectif du 7 janvier au Président de la République à propos du 3ème plan Autisme

Publiée sur FR Blog (le blog de Franck Ramus)

Monsieur le Président de la République,

 

Vous avez reçu un courrier du dit « Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire », ainsi que d’un certain nombre de syndicats, partis et organisations représentant des professionnels de santé, à propos du 3ème plan Autisme[i]. Au cas où vous auriez trouvé leur prose quelque peu obscure, nous vous en proposons le décryptage suivant. En substance, ces professionnels vous disent:

 

·      « La pédopsychiatrie française traditionnelle est la meilleure, et le monde entier nous l’envie.

·      La pédopsychiatrie française traditionnelle intègre déjà toutes les avancées scientifiques découlant de la recherche internationale, sous la forme de prises en charges « intégratives ».

·      Ne vous avisez surtout pas de tenter de vérifier ces affirmations en vous renseignant auprès d’autres pays.

·      Ne vous mêlez pas de savoir si les pédopsychiatres et psychologues français s’occupent bien des enfants autistes, cela ne vous regarde pas.

·      Ne vous mêlez pas de savoir si l’argent de la sécurité sociale et des contribuables est dépensé à bon escient dans nos institutions sanitaires et médico-sociales, cela ne vous regarde pas.

·      Ne vous mêlez pas de savoir s’il serait mieux dépensé ailleurs (à l’Education Nationale, par exemple), cela ne vous regarde pas.

·      Ne retirez en aucun cas les enfants autistes de nos institutions psychiatriques et médico-sociales. Ils nous appartiennent. Comment pourrions-nous vivre sans eux ?

·      Le libre-arbitre des soignants implique de pouvoir faire ce qu’ils veulent des patients, sans aucun contrôle extérieur. Le serment d’Hippocrate est un carcan idéologique fasciste qui ne saurait s’appliquer à la psychiatrie.

·      Le seul problème dans la pédopsychiatrie française, c’est un problème de moyens. Donnez-nous plus d’argent pour continuer à travailler comme nous l’avons toujours fait, sans que personne ne s’en mêle.

·      Ne nous demandez jamais de rendre le moindre compte sur nos activités, il est contraire à notre éthique anti-bureaucratique d’écrire des comptes-rendus et de remplir des formulaires.

·      Ne lisez en aucun cas les recherches scientifiques internationales, ni les synthèses qui en sont réalisées par la Haute Autorité de Santé, cela ne vous regarde pas.

·      Ne prêtez aucune attention aux associations de familles représentant tout juste quelques dizaines de milliers d’adhérents. Ecoutez uniquement le discours de l’association « La main à l’oreille », représentant une bonne dizaine de familles, qui est la seule homologuée par nos services.

·      Nous sommes les seuls véritables humanistes, et tous ceux qui sont contre nous sont d’abominables tortionnaires.

·      Nous sommes les seuls à prendre en compte la singularité de chacun, tous les autres ne cherchent qu’à réduire les individus à des clones sans âme.

·      Nous sommes les seuls à posséder une véritable connaissance de l’être humain, et tous ceux qui disent en savoir plus sont des scientistes.

·      Nous avons le monopole de la générosité et du service public, et tous ceux qui sont contre nous sont mus par des intérêts mercantiles et financés par les compagnies pharmaceutiques « anglo-saxonnes ».

·      Nous sommes les seuls à être de gauche, et tous ceux qui sont contre nous sont d’extrême droite, à commencer par votre ministre Marie-Arlette Carlotti.

·      La psychiatrie française est une et indivisible, et nous en sommes les seuls représentants légitimes. Des mouvements comme le Collectif des bonnes pratiques en psychiatrie, le Collectif pour une psychiatrie de progrès, ou encore le germanique et blasphématoire KOllectif du 7 janvier ne reflètent nullement des avis divergents en notre sein, ce ne sont que des traîtres, des renégats au service de puissances étrangères et de forces occultes.

·      En conséquence, si vous voulez comprendre les problématiques de la pédopsychiatrie et de l’autisme, ne vous adressez qu’à nous. N’auditionnez ni des scientifiques, ni des psychiatres étrangers, ni des personnes autistes ou leurs familles, ni les représentant des collectifs suscités. »

 

Monsieur le Président, nous vous laissons juge du bien-fondé de ces positions, et nous avons toute confiance dans la capacité de votre gouvernement à avoir une approche rationnelle du problème de l’autisme, et plus généralement des troubles cognitifs et mentaux et de la psychiatrie (qui fait actuellement l’objet d’un rapport parlementaire aux enjeux cruciaux de la part des députés Jean-Pierre Barbier et Denys Robillard). Ces questions sont politiques, mais elles ne devraient pas être partisanes. Le 3ème plan autisme est certes loin d’être parfait: il manque de moyens, et il fait encore la part belle aux institutions médicales et médico-sociales, au détriment de l’inclusion pleine et entière des personnes avec autisme dans les écoles et dans la société. Mais il amorce un virage absolument indispensable, et vous devez bien mesurer toutes les conséquences qu’il y aurait à faire demi-tour, uniquement pour faire plaisir à certains lobbys qui ne défendent que leurs intérêts catégoriels au détriment des patients. Nous restons à votre disposition pour approfondir le sujet avec des membres de notre collectif si vous le souhaitez.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre plus haute considération.

 

Le KOllectif du 7 janvier
6 juin 2013

Lettre unanime des députés du groupe autisme à François Hollande

courrier publié sur le blog Des mots grattent

 

Monsieur François Hollande

 

Président de la République

 

  
Paris, le  06/06/2013

 


Monsieur le Président de la République,

 

Le 3è Plan Autisme annoncé le 2 mai dernier par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, est un plan ambitieux. Il marque une profonde évolution en faveur notamment du diagnostic précoce, des méthodes éducatives et comportementales et d’une politique de recherche qui favorise les neurosciences. Autrement dit, il entend fermement tourner la page de la psychanalyse appliquée à l’Autisme.

 

En annonçant clairement la nécessité de mettre en pratique les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et en ne donnant les moyens d’agir qu’aux seules structures utilisant les méthodes comportementales et éducatives, le Gouvernement a permis que les personnes avec autisme, leurs familles et les associations soient enfin reconnues et puissent enfin croire en l’avenir.

 

Pourtant, depuis l’annonce de ce plan, « le lobby de la psychanalyse », particulièrement ancré dans notre pays, conscient du risque de pertes financières en sa faveur, est particulièrement virulent à l’encontre de Marie-Arlette Carlotti et du Gouvernement, au point de demander le retrait de ce Plan largement concerté.

 

Face à cette offensive inacceptable, nous tenons à réaffirmer notre soutien aux engagements du 3è Plan Autisme et nous vous demandons de veiller à la bonne application de ce Plan en ne finançant que les structures basées sur une prise en charge adaptée.

 

            Comptant sur votre soutien, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre très haute considération.  

 

                                                                                   Groupe d’études sur l’Autisme
5 juin 2013

Autisme et aide sociale à l'enfance : quand les parents sont mis en accusation

Un acronyme que les parents d'enfants autistes vont devoir connaître, apprendre et comprendre est l'ASE. Au milieu des administrations et services publics sensés aider les familles, l'Aide Sociale à l'Enfance, bien que ne faisant pas directement partie du champ du handicap, s'invite parfois, et malheureusement dans un certain nombre de cas au détriment des familles, d'après les témoignages que EgaliTED a pu obtenir.

(Nous remercions Luc Sebert pour son illustration fournie gracieusement pour cet article.)

Avertissement : nous reconnaissons la difficulté du travail de ces services quand il s'agit de trancher entre l'intérêt de l'enfant et la crainte de se tromper, et nous ne pouvons nier qu'il peut y avoir aussi de la maltraitance envers des enfants différents au sein des familles. Cet article est cependant rédigé sur la base de plusieurs témoignages communiqués par des familles d'enfants autistes, ayant subi des « enquêtes sociales ». Pour certaines de ces familles, l'épreuve s'est terminée favorablement, après tout de même un passage au tribunal. Pour d'autres, l'épreuve est encore en cours. Nous ne pouvons donc évidemment citer aucune affaire précise dans le but de protéger ces familles.

 

Le rôle de l’Aide Sociale à l’Enfance

On peut légitimement s'interroger sur la pertinence et le but d'une intervention de l'ASE dans le parcours blessant et douloureux des parents d'enfants handicapés. En effet, la situation particulièrement difficile en France du handicap, de son traitement et de sa reconnaissance, engendre des drames à tous les niveaux, notamment la pauvreté au vu du coût nécessaires de ces prises en charge, pour beaucoup non remboursées. De fait, il serait légitime d'attendre de cellules telles que l'ASE une aide humaine, efficace, cohérente et concrète à ces familles dans le but de leur permettre d'obtenir rapidement un diagnostic ainsi qu'une prise en charge pour leurs enfant, le tout conforme aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), ceci afin de faire respecter les droits de leurs enfants.

En effet, le cadre d'intervention de l'Aide Sociale à l'enfance est défini par l’article L.221-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles :

« […]1° Apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique tant aux mineurs et à leur famille ou à tout détenteur de l'autorité parentale, confrontés à des difficultés risquant de mettre en danger la santé, la sécurité, la moralité de ces mineurs ou de compromettre gravement leur éducation ou leur développement physique, affectif, intellectuel et social, [...]

2° Organiser, dans les lieux où se manifestent des risques d'inadaptation sociale, des actions collectives visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l'insertion ou la promotion sociale des jeunes et des familles, notamment celles visées au 2° de l'article L. 121-2 ;

3° Mener en urgence des actions de protection en faveur des mineurs mentionnés au 1° du présent article ;

4° Pourvoir à l'ensemble des besoins des mineurs confiés au service et veiller à leur orientation, en collaboration avec leur famille ou leur représentant légal ;[…] »

Les parents accusés

Or, trop souvent, au lieu d’être aidés les parents se retrouvent mis en accusation, se sentent maltraités et subissent le rouleau compresseur du système. En lieu et place d'apporter aide et soutien aux familles, il arrive en effet que l'ASE dévie de sa mission initiale et alourdisse le fardeau de la famille par l'apport de problèmes supplémentaires graves.

Si l'on peut comprendre le souci premier pour l'ASE de protéger les enfants, il est difficile d'accepter de telles accusations envers des familles qui subissent alors une double peine : en difficulté pour obtenir un diagnostic, des prises en charge cohérentes et efficaces, elles se voient dénigrés pour des raisons souvent incohérentes. Ainsi, des travailleurs sociaux formés à d’obsolètes théories psychanalytiques n'hésitent pas à estimer que la famille (la mère le plus souvent) est toxique pour l'enfant.

Le schéma le plus courant est celui-ci : en amont, des pédopsychiatres (de CAMSP ou de CMP le plus souvent) ou des enseignants saisissent l'ASE pour une « situation préoccupante ». C'est donc eux qui suggèrent aux travailleurs sociaux ce qu’ils estiment être un risque de maltraitance. Ces derniers, de peur d'être rendus responsables de non assistance, s'empressent de suivre à la lettre les informations transmises par des personnes autorisées. Ils ne font alors que poursuivre l'action initiée par d'autres en faisant le signalement au juge, sans prendre le temps (et le risque) d’examiner la situation de façon impartiale et dépassionnée.

Il faut savoir que l'autisme est un handicap neurologique qui entraine des troubles du comportement, des troubles des interactions sociales, souvent des troubles du sommeil et de l'alimentation, ainsi qu'un retard dans le développement psychomoteur et de la communication, du langage. Certains personnels assimilent les symptômes de ce handicap à des preuves de maltraitances et veulent "sauver l'enfant' en dépit de tout bon sens et des préconisations de la Haute Autorité de Santé. En effet, certains des symptômes de l’autisme, pris séparément, peuvent être interprétés comme symptomatiques d'une éventuelle maltraitance. Et ce notamment lorsque les professionnels qui étudient le cas de la famille ne sont pas formés à reconnaître l'autisme, ce qui est malheureusement le cas d'une grande partie des professionnels de la petite enfance).

Malheureusement, dans nombre de cas, les suspicions d'autisme évoqués par les parents(qui s'informent et se forment à leurs frais) sont balayées telles des absurdités par les travailleurs sociaux ou personnels de PMI, qui de par leur formation ont encore une conception étriquée et périmée de l’autisme. Il est pourtant simple de mettre en œuvre un test validé comme le M-CHAT qui évalue finement le risque d'autisme chez un enfant.

Pire, des diagnostics clairement établis par des centresde diagnostic de référence comme les CRA sont parfois délibérément ignorés, ou laissés à l'écart du dossier social de la famille. S’agit-il encore d’ignorance, ou alors de refus de reconnaitre qu’on s’est trompé, que la famille pourrait avoir raison ? S’agit-il de reliquats des guerres de chapelles franco-françaises autour de l’autisme, qui conduisent certains à refuser d’admettre la réalité de diagnostics qui ne correspondent pas à la formation qu’ils ont reçue et à leurs conceptions personnelles ?

Certains parents, tentant de faire entendre leur voix, mais aussi la voix des professionnels de l'autisme qu’ils consultent, se voient accusés de « syndrome de Münchausen par procuration ». Ce syndrome existe mais il est extrêmement rare – beaucoup plus rare que l'autisme, qui touche un enfant sur 100. On voit là combien le déficit des connaissances des professionnels de la petite enfance est préoccupant, mais aussi que bon nombre d'entre eux en restent à l'explication « psychologique » de l'autisme, croyant à tort qu’il serait lié à une mauvaise relation mère-enfant. D'où pour eux la nécessité d'enlever l'enfant "en danger" de sa famille, de son cocon..., pour le placer dans une famille d'accueil qui n'aura pas plus de connaissance de ce handicap que les professionnels de l'ASE.

Le cauchemar

Ces accusations dramatiques et d'une gravité extrême, énoncées par un simple travailleur social, auront alors pour résultat d'entraîner toute la famille dans un cauchemar humain, pouvant aller jusqu'à la séparation par placement de l'enfant. Un drame supplémentaire pour l'enfant autiste, lorsqu'on sait la nécessité de stabilité pour son équilibre psychologique et émotionnel. Un résultat fréquent étant la prescription de neuroleptiques afin de le calmer…

Pire, l'enfant porteur d'autisme n'est pas toujours la seule victime. En effet, comble de l'ubuesque d'une telle situation, l'ASE peut estimer que le parent "dangereux" pour l'enfant autiste va l'être également pour les autres. La famille peut alors se retrouver complètement détruite, sur la base d'un SOUPCON. Un soupçon étayé par des connaissances inadéquates, dépassées et fausses venant de personnes non formées, inaptes à juger du risque d'autisme et donc à épauler correctement les familles en réelle détresse.

Au sentiment de maltraitance, d'injustice, de méconnaissance, voire de cruauté, s'ajoute le sentiment d'impuissance à protéger ses enfants. En effet, certains comportements de professionnels de la petite enfance sont vécus comme du harcèlement par les familles. On refuse d'écouter leurs doutes, leurs arguments, on ignore la légitimité de documents officiels tels que l'état des connaissances de la Haute Autorité de Santé .

Une erreur de jugement pouvant en cacher une autre, bien souvent, au décours des enquêtes sociales où rien ne doit être oublié, figure de surcroît une description peu flatteuse de l'état du logement. Ce jugement de valeur de la part de travailleurs sociaux (qui sont souvent des femmes) a une importance non négligeable : cette prétendue incapacité de la mère à entretenir son intérieur ne fait que confirmer à leurs yeux son inaptitude et sa culpabilité. Or, quand un enfant réclame chaque jour 5 à 10 fois plus de temps et d'énergie qu'un enfant ordinaire, par manque d'autonomie, parce qu’il se met en danger en permanence, ou encore pour assurer soi-même la prise en charge psycho-éducative faute de professionnels spécialisés, quand cet enfant a tendance à détériorer ou souiller involontairement le mobilier, les jouets, le sol, etc, quand cet enfant ne dort pas et que la mère épuisée récupère pendant la journée au lieu de faire le ménage, est-il légitime de reprocher à celle-ci de ne pas présenter un logement aussi parfaitement tenu que sa voisine ? Le réflexe d'un travailleur social ne devrait-il pas être, au lieu de dévaloriser la mère, de préconiser une aide aux tâches ménagères pour pallier son manque de temps et soulager sa fatigue ?

Du cauchemar au rouleau compresseur

Philipe Seguin, alors président de la cour des comptes, avait affirmé en janvier 2009 à propos du fonctionnement des services de l’ASE : « personne ne contrôle quoi que ce soit » mais aussi « L’offre est rigide et souvent on a l’impression que c’est elle qui conditionne les décisions plutôt que l’analyse du besoin réel des enfants. Par ailleurs, la qualité des prises en charge est trop peu contrôlée. »

Philippe Seguin parlait des services sociaux en général mais il est probable que les dysfonctionnements soient décuplés dans les familles dont les enfants présentent les troubles découlant de l’autisme. Or, un mal français semble rendre impossible la remise en cause des rapports des travailleurs sociaux, ignorant par là même le fait que l'enfant peut évoluer, que la famille l'y aide tant bien que mal. De ce fait, les familles ne peuvent accéder à un diagnostic pour leur enfant quand l'ASE s'est mise en branle avant qu'ils aient pu obtenir ce diagnostic.

Nous nous retrouvons alors dans un cercle vicieux : ces mêmes travailleurs sociaux qui se sont montrées aveugles aux signes évocateurs de l'autisme, se retrouvent en position de « juge et partie », et empêchent l'accès aux Centre de Ressource Autisme, aptes à diagnostiquer de manière certaine l'autisme chez un enfant. Ces mêmes personnes, prisonnières de leur idéologie ou leur fantasme, vont informer la justice de leur présomptions de maltraitance.

C’est pourquoi, comme le dit un rapport de l'IGAS de juin 2000 sur ce sujet, « le terme violence est régulièrement employé par les familles : violence de l’intervention sociale, de l’intervention éducative et de l’intervention du juge ». Les familles ont le plus grand mal à obtenir l'information de ce qui leur est reproché précisément : comme le dit ce même rapport, «  La mission a constaté que le placement, devenu le barycentre du travail social et éducatif, signant l’échec d’une intervention sociale ou éducative, influe sur la liberté de parole de familles dont l’accès aux écrits des professionnels est souvent interdit, pour des raisons autant pratiques que juridiques. »

Tout ceci, ces parcours dévastateurs, permet de voir l'effet des conception erronées, insultantes et dramatiques de l'autisme qui ont encore cours en France dans les milieux "institutionnels". Beaucoup de travailleurs sociaux, de bonne foi et de par leur formation, vont croire que l'enfant souffre de psychose ou encore de dépression causée par une carence affective, ou encore de maltraitance, encore une fois venant de la mère. Il est pourtant possible, notamment grâce à internet, de se tenir au courant des évolution des connaissances scientifiques dans ce domaine comme dans d’autres. Ce phénomène dépasse largement le cadre de l'autisme, comme le montre cet exemple marquant de parents dont l'enfant est atteint de la « maladie des os de verre »

La bataille de la famille contre l'institution réclame une professionnalisation, ce qui impliquera de trouver et de pouvoir rémunérer un avocat spécialisé, trouver une association qui peut accompagner les parents afin qu'ils ne se trouvent pas seuls face aux autorités.

2012, l’année de l’autisme et 2013 l’année du plan autisme

A défaut de déployer des moyens financiers nécessaires, une formation à minima des personnels des PMI doit être mise en place d’urgence. Un test simple tel que le M-CHAT est parfaitement adapté à la situation et ne réclame pas une haute technicité. Il faut former et informer les travailleurs sociaux, les personnels de PMI, les psychologues scolaires, mais aussi les psychiatres auxquels fait appel la justice pour ses expertises. La vision psychanalytique doit disparaître du champ de l'autisme.

Pour que plus personne n’ait à vivre ces histoires dramatiques, pour aider réellement les familles, il faut que les professionnels de la petite enfance acceptent de remettre en cause leurs connaissances obsolètes, et de se remettre en cause eux même, afin de se former aux connaissances scientifiques en vigueur, pour le bien des enfants et de leurs familles. Ils doivent, dans le domaine de l'autisme, abandonner les préjugés destructeurs issus des croyances psychanalytiques. Ils doivent arrêter de focaliser leurs soupçons sur la responsabilité systématique des parents. Ils doivent comprendre la nécessité de l'accès à un diagnostic précis suivi d'une prise en charge adaptée, en cas d'autisme, ou même de soupçons d'autisme.Ceci seulement, permettra d'éviter des signalements abusifs.

N’oublions pas tous ces enfants placés, séparés injustement de leurs familles qui les aiment, médicamentés à tort et de façon inutile, voire dangereuse. Ne nous permettons pas d'oublier les parents traumatisés, accusés à tort, traités comme des pestiférés et qui ont rarement la force de porter plainte, toute leur énergie étant dédiée à continuer à vivre et à s'occuper de leurs enfants.

Sans préjuger de l'issue des affaires actuellement en cours, nous tenons à souligner que pour toutes les affaires classées dont nous avons eu connaissance dans le domaine de l’autisme, raison a été donnée aux familles, à toutes sans exception.Les erreurs d'information préoccupante ou de signalement ne sont donc pas exceptionnelles…

 

5 juin 2013

Castelnaudary. La prévention de l'autisme au coeur du débat

article publié dans la dépêche

Publié le 05/06/2013 à 03:46, Mis à jour le 05/06/2013 

Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.

Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.

Le 8 juin à la maison des associations à 14h30, l’association Avea (Autisme Vivons ensemble dans l’Aude) et la Fnath animent une première réunion sur les droits des personnes atteintes d’autisme. Karim Felissi, avocat de la Fnath et de Autisme France, répondra à toutes les questions juridiques: allocations, orientation, scolarisation, consentement aux soins... Danièle Langloy, présidente d’Autisme France, présentera la situation des personnes atteintes d’autisme et réagira au plan autisme récemment annoncé.

Repérer les personnes atteintes d’autisme dès leur plus jeune âge, sans oublier le sort des adultes, constituent des enjeux majeurs, en termes d’insertion de chacun dans la société mais également au regard du coût économique et social de l’autisme en France.

En 2012, l’autisme était déclaré grande cause nationale et la Haute Autorité de santé publiait une série de recommandations de bonnes pratiques pour le diagnostic et la prise en charge. Le Conseil économique, social et environnemental rendait un avis estimant prioritaire la formation des acteurs, le financement de la recherche et la collecte des données relatives au nombre et aux besoins des personnes atteintes d’autisme. Début mai 2013, le gouvernement annonçait le lancement d’un 3e plan autisme.

Réunion gratuite, inscription conseillée: fnath.11@fnath.com ou 04 68 25 01 14.

La Dépêche du Midi

4 juin 2013

Nous sommes abandonnés par le système

article publié sur le site Provence éducation

27 mai, 2013 par

Le lead

Des parents d’un collectif marseillais ont témoigné de la situation de leur enfant au cours d’une rencontre avec la presse. Une forme de manifeste a été rédigé,  destiné « aux décideurs« . Les familles envisagent de mener une marche pour faire connaître leurs problèmes (1)

(1) Lire l’article général introductif sur

http://www.provenceducation.com/?p=16650

 

Déclarations

PARENTS 1 « Nous sommes les parents de Adam, il a 20 ans maintenant. On nous a longtemps  caché son autisme, « on » ce sont ceux qui avaient détecté la maladie bien avant son officialisation. Quand il a quitté la crèche pour la maternelle, aucun problème n’a été déploré. Puis de la maternelle au CP, il a été refusé en raison de son agitation. Pendant un mois, il a été placé en CLIS et il a été ensuite dirigé vers  un centre « pour enfants turbulents » . Il a été maintenu là. Je crois qu’il a été accepté pour une seule raison: la Sécurité sociale payait. Son autisme a été annoncé tardivement suite à une visite médicale à la Timone. La France est très en retard.  Il faudrait dénoncer le gaspillage d’argent »

PARENT 2 « Mon enfant a huit ans. Son autisme a été détecté à l’âge de trois ans par le CRA. Il est rentré à la maternelle avec une AVS. Le problème est que l’auxiliaire est souvent absente ou en maladie. Les enfants nous sont alors renvoyés à la maison. Il est actuellement scolarisé en CLIS TED. Le temps de trois demi-journées par semaine, il a d’autres prises en charge, à l’hôpital de jour. Je trouve que ce n’est pas assez. Mon fils a fait plusieurs essais dans des IME, il m’a été dit que son niveau scolaire est supérieur à ce qui est constaté dans leurs effectifs. Mais à l’école, en classe normale, il m’est argumenté que son comportement lui interdit d’être scolarisé en école. Bref, il n’est à sa place nulle part, Je cherche une solution »

PARENT 3 « J’ai des jumeaux autistes qui vont avoir bientôt 14 ans. L’autisme a été détecté alors qu’ils avaient deux ans. Entre l’école et les IME, ils cherchent leur place. Un n’est plus scolarisé, l’autre est à Vallon des Pins, en ULIS TED, mais j’ai la sensation que l’administration cherche des excuses pour le faire partir. J’ai reçu un courrier en ce sens il y a peu. Je suis choquée  car il est important que l’Ecole l’aide pour mieux s’adapter à la vie sociale, savoir remplir un chèque, assurer le minimum. Je ne demande pas que les enseignants le propulsent jusqu’au bac. Il devrait aller en IME bientôt au moins pour un essai ».

PARENT 4 « Je suis la maman de Nabila qui est âgée de 13 ans. Elle fait de l’épilepsie, elle n’est pas directement autiste. Elle s’est renfermée sur elle-même. Elle est rentrée en crèche, puis a eu une AVS en maternelle. Elle est rentrée en CLIS, ils ont tout fait pour qu’elle parte. Elle est désormais à l’IME des Trois-Lucs et cela ne se passe pas bien. Elle a beaucoup régresse, elle a grossi, elle doit garder une couche.  Elle se tape beaucoup, et nous avons constaté que moins elle va et moins elle se tape.  Nous avons pris quelqu’un qui s’occupe d’elle à la maison, elle ne va plus qu’une journée et demie aux Trois-Lucs. Mais la direction de l’IME veut nous contraindre à la faire rentrer  à nouveau à temps complet. J’ai la conviction qu’ils font cela pour justifier des exigences de chiffres de fréquentation. Constatant que tous les établissements sont complets, la MDPH nous a conseillés de nous battre de l’intérieur, de nous réunir entre parents pour demander qu’une autre méthode soit mise en place. C’est davantage une garderie qu’un lieu où mon enfant va pouvoir progresser, ce qu’elle faisait en CLIS même si c’était à son rythme »

PARENT 5 « Je suis la maman d’un garçon, Younes,  qui va avoir 13 ans. Il est rentré en maternelle à l’âge de 4 ans, c’était dur. Il m’ avait  été dit qu’il ne parlait pas, qu’il était en retard au niveau de la parole, mais jamais il ne m’a été diagnostiqué qu’il était autiste. La psychothérapeute me répétait qu’il était simplement en retard.  A l’âge de 7 ans, il est rentré dans l’école de la Major, il n’est resté que trois mois. La directrice m’a dit qu’elle ne voulait pas d’un enfant comme lui. J’ai finalement trouvé une CLIS d’une association, mon fils y est scolarisé depuis 2007. Il a fait beaucoup de progrès: il sait lire et écrire, M.Balouzat (NDLR il s’agit du DDEN qui nous a mis en contact avec les familles). C’est la dernière année de CLIS, ils ont accepté de le garder parce qu’il n’y a pas de place au collège. Il fait un Sessad avec l’hôpital de jour Plombières, mais ce n’est qu’une heure. Le Conseil général assure le transport. Mais mon enfant va grandir, il n’est pas accepté partout, que va-t-il devenir ?

PARENT 6 « Medhi est en CLIS  TED à Barnier pour la 4e année. Je constate qu’il progresse, il commence à lire, je vois qu’il évolue favorablement. Il est pris en charge depuis 6 ans dans l’hôpital de jour. L’école le prend à nouveau pour une année, il n’a que onze ans. Mais en ce qui concerne son avenir, c’est très incertain »

PARENT 7 « Je suis la maman d’un enfant de douze ans. Il est inscrit dans toutes les IME, en tous cas ceux de mon secteur puisque la mobilité en dehors de cette zone réglementaire n’est pas autorisée.  Il a 9 heures de cours dans une école comptant une CLIS TED autiste, les choses se passent bien. Il a 5 heures de soins par ailleurs, il commence à travailler sur des méthode sensorielles. De plus il a deux heures d’orthophoniste, il fait du sport le mercredi avec une association, va à la piscine, le samedi à nouveau sport avec l’association « A chacun son sport’ ».  Il est surbooké, mon souci est le transport, puisque résidant pas loin de tous ces lieux de vie, je ne bénéficie d’aucun financement aidé pour assurer les déplacements. Il a drôlement évolué, il est rentré dans le langage. Mon souci est de demander le respect de la loi 2005. Mon fils devrait être protégé, mais je ne vois pas où sont ses droits. S’il n’a pas le potentiel pour aller en collège, il faudrait au moins qu’il puisse entrer en IME. Mais il n’ a pas encore sa place garantie dans un institut. Quand nous démarchons les IME, nous sommes toujours en quelque sorte en train de « vendre » notre enfant, alors que l’on sait très bien que l’offre n’est pas adaptée. En fait, nous avons peur qu’il soit refusé, cela signifierait  être contraint de rester à la maison et peut-être l’engrenage de la violence. Ce genre d’enfant est psychorigide, obsessionnel,  peut péter un cable. En France, nous sommes dans le système « psychanalyse », c’est du libéral. Si vous avez un peu d’argent, l’enfant a une chance, les familles pauvres n’en ont aucune. En fait, ce sont les parents qui accomplissent le travail de socialisation,  c’est dommage, ils nous transforment en thérapeutes, ce n’est pas notre vocation. Eduquer mon enfant, d’accord, mais pas le rééduquer. Dans tous les aspects de ce handicap, nous n’avons pas tous les mêmes chances de réussite. Nous vivons tous la même chose, mais avec un décalage. Nous sommes en permanence à chercher le meilleur endroit pour notre enfant, mais si je  parviens à le faire rentrer dans tel établissement, et qu’il ne convient pas, pourrais-je le mettre ailleurs ? La plupart du temps, nous sommes forcés, sans le choix. A Marseille, la MDPH, l’Education nationale savent ce qui se passe, mais ils font semblant de ne pas le savoir. Mon enfant a douze ans, je ne savais pas que nous allions galérer encore davantage que quand il en avait 2″

PARENT 8. « Ma fille Margaux a 16 ans, elle est en IME. Son autisme a été dépisté par le professeur Rufo. Elle a commencé en hôpital de jour et maternelle avec AVS. J’ai dû commencer immédiatement à être l’avocate de ma fille pour faire valoir, à chaque fois, son droit à essayer avant d’aiguiller dans le handicap. On place beaucoup d’espoirs dans ce parcours-là. Il faut accepter l’étiquette de la différence, du handicap, de l’IME également. C’est quelque chose de difficile, la tentation de rester dans le déni nous vient à tous.  C’est vrai que la France dépense beaucoup d’argent pour la prise en charge de nos enfants, mais il est dépensé sans évaluation des résultats. Pour les transports, des appels d’offre sont lancés avec des contraintes qui ne sont pas respectées plus tard. Il est possible d’obtenir des aides du Conseil  général via différentes associations, rémunérées, mais qui ne sont pas d’une véritable efficacité. Nous avons besoin de retrouver une paix de l’esprit, un repos, une sérénité pour fonctionner avec efficience auprès de nos enfants et de la société en général. Ce sera toujours du surcoût, les prises en charge seront  de plus en plus lourdes. On les enferme alors qu’ils ont besoin de s’ouvrir. Il faut apprendre à les comprendre, en particulier dans le temps plus long d’appréhension du monde sous diverses formes, auditives, sensorielles etc…Ce qui est déplorable est bien que des professionnels rémunérés ne sont pas en phase, il nous incombe parfois à nous parents de dire comment agir avec eux, le calme, la compréhension qu’ils ne fonctionnent pas comme nous. Pour nos enfants, le temps s’arrête quand on part de la maison et il recommence  quand on revient.  Moi, je veux que ma fille soit la plus calme possible, les petites acquisitions viendront après. Moi, ce que je veux, c’est qu’elle puisse vivre, tout simplement.

PARENT 9 – « Je suis le papa d’un petit autiste qui a 15 ans et demi, mais il souffre également de troubles du comportement et d’hyperactivité. Depuis son entrée en scolarisation, les choses ont été difficiles, il a été en CLIS avec une AVS. Depuis trois ans, il est pris en charge  le mardi et le jeudi avec une heure le mercredi. Le reste du temps il demeure à la maison. Il a changé de façon positive »

PARENT 10 - »Mon enfant Enzo a 12 ans. Le professeur Rufo a dépisté la maladie alors qu’il était âgé d’un an et demi. Il est allé en crèche, puis il est allé en CLIS à Saint-Menet, il a fait beaucoup d’efforts et a progressé. Il est pris en charge dans l’hôpital de jour, mais les séances sont éparpillées et peu nombreuses et finalement nous épuisent. Nous n’avons pas la sensation qu’elles sont assurées par des professionnels compétents ».

 

 Quel regard portent-ils sur le 3e Plan autisme ?

« Le compte en termes de places ouvertes n’y est pas et on va à nouveau creuser les inégalités et les problèmes. C’est effectivement en maternelle qu’il faudrait consentir davantage d’efforts, c’est à cet âge que le cerveau est le plus malléable et que les choses peuvent évoluer dans un sens favorable et durablement pour eux »

« Il est évident que s’occuper de personnes handicapées constitue un surcoût pour une société.  Le financement est un choix. En 1940, les chambres à gaz ont été testées avec des personnes handicapées. Sinon il faut dire aux parents laissez vous mourir à petit feu, certaines familles en arrivent effectivement  à ôter la vie de leurs enfants avant de se supprimer. C’est un fait, les parents peuvent devenir fous ou ne plus pouvoir travailler

« Mon fils, 20 ans aujourd’hui, est autiste léger, il est propre, il peut être autonome sauf que parfois il déraille. Comment va-t-il gérer son avenir ? Va-t-on lui proposer un foyer de vie sans possibilité pour moi de refuser cette option. Des enfants ont pu apprendre un métier, ils sont dans des entreprises adaptées. Mais pour mon fils les perspectives pour le moment sont quasi inexistantes. Il n’ a aucune faculté d’assimilation. Son cerveau aurait pu être façonné s’il avait été pris très tôt. Mais la France ne forme pas de formateurs. L’Argentine est en avance sur ce plan. Un très grand nombre de pays européens sont à la pointe. Former des autistes serait une économie par rapport aux subventions ditsribuées ici et là.»

 

Texte du collectif

Quand l’offre de soins ne répond pas aux besoins des personnes porteuses de troubles du spectre autistique, les parents s’exaspèrent. Le quotidien des familles est émaillé, voire saturé de moments de peurs, de folies extraordinaires,  de comportements déroutants, de mille questions, de quelques compréhensions, de moments de quasi grâce aussi. Des extrêmes qui épuisent parents, enfants, fratries…

On aimerait, nous parents, avoir des relais efficaces. Retrouver le repos de l’esprit, pouvoir recharger les batteries et être le plus utile possible pour nos enfants, la société aussi. Or les prises en charge sont insuffisantes, quantitativement et qualitativement. le manque de places est une évidence reconnue. Le placement de nombre de nos éternels enfants à l’étranger en est la traduction en acte. Via la sécurité sociale, pour certains établissements, les conseils régionaux pour d’autres, c’est toujours la société qui paie et là, de plus, pour des emplois à l’étranger. N’y-a-t-il pas de chômage en France, ou n’y-a-t-il pas de volonté ?

On est parfois en droit de se poser la question de la motivation des acteurs à s’occuper des personnes handicapés. L’intérêt de la personne porteuse de TSA est perdu dans une guerre froide pro et anti psychanalyse. L’intérêt des offreurs de soins est trop souvent l’argent, le pouvoir au détriment de l’humain. Nous sommes tout à fait conscients du coût pour la société du traitement des troubles pschologiques dont autistiques et nous souhaitons que ces sommes aient un résultat effectif. Que ce soit dans les structures IME qui disent n’avoir , ni les moyens financiers, ni les moyens humains pour s’occuper des enfants selon les orientations de la HAS et ANESM.

C’est une mode actuellement que de demander quitus pour accomplir une tâche en étant rémunéré et de ne pas en atteindre les objectifs sans être inquiété. Que ce soit dans les transports des enfants, qui ne respecxtent pas les engagements des contraintes énoncées dans des appels d’offres auxquels ils ont pourtant répondu.

Que ce soit dans le milieu associatif subventionné pour des interventions individuelles ou globales.

Leurs buts sont toujours louables, les moyens pour y arriver parfois irrespectueux des personnes handicapées, de leur famille aussi. Elles sont pourtant rémunérées pour le service attendu et pas forcément rendu. L’argent distribué à tous les niveaux est de l’argent public. Son utilisation devrait être soumise à une juste évaluation d’atteinte des objectifs d’atteinte des objectifs, d’efficacité.

Il faut de l’utilité aux sommes investies, il s’agit de millions. Il faut de l’intégrité dans ses engagements. Il faut du respect quand on touche à l’humain d’autant plus quand il est faible !

Sans quoi, Mesdames, Messieurs les décideurs, l’exemple donné ne pousse au respect de la différence, de la vie dans toutes ses déclinaisons. Il faut de la cohérence pour être reconnu comme sincère et digne de respect. Il faut savoir donner pour recevoir.

Il ne suffit pas de s’émouvoir authentiquement devant les drames de parents qui en arrivent à retirer la vie à leurs enfants malades avant de se la retirer pour avoir bonne conscience.

Vous qui avez le pouvoir, utilisez-le  fortement. Merci

 

30 mai 2013

Excellente interview de Hugo Horiot sur Europe 1 qui donne les clés pour mieux comprendre

"Les enfants autistes ne sont pas inclus dans le monde"

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http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Emmanuel-Maubert/Sons/Les-enfants-autistes-ne-sont-pas-inclus-dans-le-monde-1502799/

J'ai noté notamment le coût d'une journée à l'hôpital de jour pour le contribuable : 900 euros

et plus globalement : environ 49 milliards d'euros !

30 mai 2013

L'IME ECLAIR à Bussy Saint Georges labellisé - Droits des usagers de la santé

Île-de-France
3 décembre 2012

Implication des parents dans la prise en charge de leur enfant souffrant de troubles autistiques au sein de l’IME ECLAIR (Education Comportementale et Ludique vers l’Autonomie et l’Intégration Réussite)

Objectifs
(1) Améliorer et optimiser la prise en charge des enfants avec autisme par le biais d’une participation active des parents

(2) Développer la communication et l’autonomie : ces compétences sont transversales et leur généralisation dans tous les lieux de vie de l’enfant est essentielle.

(3) Optimiser la collaboration et les échanges parents/professionnels : les parents doivent comprendre et adhérer au projet pédagogique.

Le porteur du projet

Coordonnées de la structure :

IME ECLAIR

2 cour du pavillon de chasse

Bussy saint Georges 77600

Type de la structure :
établissements médico-sociaux

Coordonnées du contact

LERGES Dorothee

Qualité : Psychologue

Téléphone professionnel : 0160941775

Courriel : ime-eclair@orange.fr

Fax :

Le contexte

L’origine
L’IME ECLAIR est une structure expérimentale ouverte dans le cadre du Plan Autisme. Notre structure propose une approche éducative et comportementale (ABA, TEACCH)comme cela a été recommandé par la HAS dans les prises en charge des enfants avec autisme. Des recherches scientifiques ont montré que les bénéfices de la prise en charge éducative étaient liés au degré d’implication des parents (Cf.Allen K.D., Warzak W.J (2000). The problem of the parental nonadherence in clinical Behavior Analysis : Effective Treatment is not Enough.Journal Of Applied Behavior Analysis, 33, 373- 391.)C’est pourquoi, nous voulions créer un modèle innovant et reproductible mettant en avant le rôle des parents dans la prise en charge de leur enfant.

La finalité
La finalité de notre projet inclue trois axes principaux :

(1) Optimiser les bénéfices de la prise en charge par le biais de la généralisation des compétences et le développement de l’autonomie des enfants.

(2) Améliorer la qualité de vie des enfants en soutenant la compréhension et l’adhésion des parents au projet pédagogique.

(3) Création d’un modèle généralisable mettant en avant l’implication des parents dans l’accompagnement de leur enfant.

La description du dispositif
Cf. "La finalité", "La réalisation", "la mise en œuvre"…

Les acteurs
Le projet est à l’initiative de l’association AIME 77 qui gère l’IME ECLAIR.

  • Les participants au projet : Les professionnels de l’IME ECLAIR, les parents des enfants et les administrateurs de l’association AIME 77 :
  • Les professionnels : Le projet est mis en place et géré par le psychologue et l’éducateur référent de chaque enfant en collaboration avec l’équipe éducative et administrative.
  • Les parents sont des acteurs actifs du projet. Leur vécu et leurs attentes participent à son évolution et son ajustement.
  • Les administrateurs de l’association soutiennent les dispositifs, veillent au bon déroulement du projet et ont un rôle de "médiateurs" si besoin est.

Les axes prioritaires :

Faire converger les droits des usagers des structures sanitaires, sociales et médico-sociales notamment au travers de la participation des usagers (CRUQPC, CVS) et des outils adaptés pour l’activité libérale ;

Mobiliser les professionnels de santé pour la promotion des droits des usagers

Accompagner les évolutions du système de santé dans le respect des droits des usagers (télésanté, télémédecine, maison et centre de santé)

La réalisation

La mise en oeuvre
Les éléments facilitateurs :

  • Engagement et adhésion complète des parents aux pratiques éducatives proposées et fondées sur la Science de l’analyse du comportement.
  • Taille de l’établissement et effectif d’encadrement optimal : Chaque psychologue (0.80ETP) supervise une équipe composée de 3 éducateurs et assure le suivi de 4 enfants
  • Echanges quotidiens entre parents et professionnels via la mise en place des cahiers de correspondance ainsi que lors des temps informels (accueil et départ des enfants). Ces échanges sont facilités par le fait que les parents assurent eux- même le transport de leurs enfants.
  • Implication de TOUTE l’équipe éducative et administrative.

Les difficultés rencontrées :

  • Difficultés organisationnelles : Difficulté à concilier les planning des différents acteurs et notamment des deux parents, pour satisfaire le suivi mensuel préconisé. Les dates de rencontre sont dorénavant anticipées à l’avance et ont lieu tous les 2 mois.
  • Intrusion dans la sphère familiale : Difficulté des parents à accueillir les professionnels à leur domicile, lié à la peur de jugement et au bouleversement que cela génère dans leur quotidien.
  • Inconfort du professionnel lié au regard du parent sur sa pratique

Comment sont impliqués les usagers ?

  • Entretien parents/professionnels tous les 2 mois : Bilan sur l’acquisition des compétences, réajustement des objectifs, entretien autours des problématiques rencontrées dans les différents milieux de vie de l’enfant, guidances parentales.
  • Formations internes et externes des parents en vue d’optimiser l’accompagnement de leur enfant (CF. stratégies éducatives, gestion des comportements problématiques, modalités de communication alternatives par échanges d’images ou langue des signes…)
  • Rassemblements conviviaux entre parents et professionnels (Kermesse, Fêtes…)
  • Accueil des fratries au sein de l’IME en groupe ou en individuel.
  • Création d’un journal interne intitulé "La Gazette ECLAIR", décrivant la vie de l’IME et ses actualités. Ce journal a été créé par un parent qui diffuse mensuellement un exemplaire à l’équipe et aux familles.
  • Bien que la configuration de la structure ne l’exige pas, un Conseil de Vie Sociale (CVS) a été constitué dans le but de favoriser les échanges entre les parents, les professionnels et les membres de l’association.
  • Organisation d’un groupe de parole- parents tous les trimestres. Il est encadré par un psychologue spécialisé, externe à la structure.

Le calendrier

Projet initié en :
01. avant 2010

Projet mis en œuvre en :
2010

Comment et combien ?
Le coût essentiel est dans l’investissement en temps de travail de l’équipe et des parents. Mais cela génère un confort du fait de la cohérence de la prise en charge et permet de dépasser plus facilement les obstacles rencontrés.

Certains évènements organisés (Kermesse, soirées conviviales…) demandent un budget minimal, les parents ayant l’habitude de "mettre la main à la pâte" en apportant des plats traditionnels et des délices "faits maison".

La communication
Aucune communication n’a été réalisée à l’heure actuelle. La validation des structures expérimentales dans le cadre du Plan Autisme permettra la communication et la diffusion de notre projet.

Et après

Les résultats
Ce modèle de fonctionnement est aisément généralisable dans d’autres établissements accueillant un public présentant des troubles autistiques et utilisant des approches éducatives et comportementales.

Pour d’autres publiques et types d’approches une adaptation s’avère nécessaire.

Plus-value :

  • Efficacité de la prise en charge : Acquisition régulière et rapide de nouvelles compétences ;
  • Généralisation rapide des compétences dans les différents milieux de vie des enfants ;
  • Mise en commun des expériences ;
  • Evaluations régulières des stratégies éducatives mises en place permettant un réajustement rapide des pratiques ainsi qu’une meilleure adaptation aux besoins de l’enfant ;
  • Bénéfices des échanges réguliers entre équipe et parents.

Évaluation et suivi
- Un Bilan sur l’évolution des compétences des enfants est réalisé chaque année par l’équipe du CREDAT de l’Hôpital Sainte-Anne. Les progrès notables des enfants ont été démontrés et feront l’objet d’une publication sous forme d’article scientifique.

  • Une évaluation des compétences des enfants est également réalisée en interne par les psychologues référents permettant ainsi la mise en place d’un projet éducatif personnalisé.
  • Des évaluations continues sont réalisées par le suivi journalier de l’acquisition des cibles en enseignement.

Quelques conseils et témoignages

  • S’assurer de l’engagement et de l’adhésion de tous les acteurs impliqués dans le projet
  • Reconnaitre la place et le rôle du parent
  • Impliquer les parents dans la mise en place du projet éducatif et prendre en compte leurs attentes et leurs points de vue
  • Informer l’équipe de la nécessité des supervisions pour l’amélioration de leur pratique
  • Respecter et prendre en compte les histoires de vie et les difficultés de chaque parent lors de la mise en place des objectifs éducatifs
29 mai 2013

AUTISME et PSYCHANALYSE (2)

 

 

 

Préambule :  ce deuxième volet sur  le sujet cherche à compléter le premier en transcrivant presque intégralement les propos du documentaire, suivis s'une critique de ceux-ci, des théories et des pratiques passées et présentes de la psychanalyse au sujet de l'enfant autiste.

Introduction, la polémique

Une polémique existe autour du documentaire Le Mur, de Sophie Robert. De nombreux parents et des associations d'enfants autistes y voient un nouveau document à charge contre la légitimité de la psychanalyse à prendre en charge les enfants autistes.  Suite à la plainte de trois psys concernés, Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, la justice a ordonné le retrait du film en donnant raison aux plaignants, au prétexte que leurs propos auraient été dénaturés. On trouvera en attaché l'énoncé complet du jugement.
On entend un peu partout que les partisans de ce documentaire ne sont que dans le dénigrement, l'invective, la vengeance, qu'ils n'argumentent pas leurs critiques, qu'ils ne sont pas dans le logos mais dans le pathos, etc. Alors, nous allons essayer ici d'être de dignes contradicteurs.


Le jugement, la plainte d'Alexandre Stevens



Le jugement précité affirme que Sophie Robert "laisse faussement apparaître que pour Mr Stevens les parents sont désignés comme responsables ou fautifs. L'accusation se base sur des propos que la journaliste n'a pas retenu dans le film ceux où Stevens affirmerait le contraire des propos retenus dans le film. Les voilà :
"Elle est d'abord de la responsabilité du sujet lui-même. C'est lui qui a choisi - c'est étrange mais c'est comme ça. - de se tenir en retrait par rapport à une certaine dimension d'envahissement qu'il a connu. Il est vrai que ce choix va varier en fonction de ce qui vient de l'autre, d el'extérieur, des autres, mais je n'ai pas idée, moi, qu'il y ait une grande responsabilité des mauvais parents qui de ce fait font que leurs enfants soient autistes. Je ne mets pas la responsabilité, la faute de ça, sur les parents. "  

Remarquez qu'il est dit d'abord que les parents ont peu de responsabilité mais pas trop, puis qu'ils n'en ont pas du tout. En plus de ce flou, Stevens renforce son propos sur la responsabilité, sur la volonté du bébé (de l'embryon ?) dans la survenue de sa pathologie :  "c'est lui qui a choisi" .  Je ne sache pas que cette explication-là soit absente de la  polémique !  Nous voyons bien que la position de Stevens n'est pas moins contestable en prenant connaissance  de son intervention intégrale.

C'est le contraire, même, s'agissant de la responsabilité de l'enfant. Bon, le psy évacue ici celle des parents, et alors ? Il n'y a rien de nouveau. Léo Kanner, qui a décrit le premier l'autisme infantile les aurait déjà innocentés. Par contre, il les aurait décrits "remarquablement peu aimants, intellectuels, rigides et froids."
source : http://www.spp.asso.fr/main/extensions/items/12_autisme.htm

Ajoutons qu'il y a bien une question posée dans le film qui n'est pas la question de l'interview proprement dite, mais elles sont de même substance, donc aucunement trompeuse. Il y a aussi une formule abusive alléguant que pour  tous les psychanalystes,  l'autisme est une psychose résultant d'une mauvaise relation maternelle. La journaliste a eu tort, en effet, de ne pas nuancer son propos.

Le jugement, la plainte d'Esthela Solano-Suarez

Là encore, la journaliste fait un tour de passe-passe avec les questions. On ne peut pas l'approuver déontologiquement, c'est évident, mais en fait, on remarque que cette erreur dessert plus la journaliste que la plaignante (voir interview plus haut : "cette façon de concevoir...).  Alors qu'on demandait à cette dernière si des connaissances scientifiques sur l'autisme avaient enrichi sa discipline, qui se pique de s'occuper des autistes, Solano fait une réponse d'emblée en opposition qui donne une idée de sa disposition d'esprit envers la science. Pour la deuxième question tronquée, on constate que la réponse correspond davantage à la question initiale qu'à la question finale, mais aussi que cette réponse peut être désolidarisée de la question. Idem pour les autres questions. Par ailleurs, il n'est pas inintéressant d'entendre quelqu'un dire "la  loi de la mère est une loi de caprice", quel que soit le contexte. Cela signifie que la personne qui prononce ces mots admet qu'une mère respecte une loi, celle du caprice : et on est tout de suite plongé dans un imaginaire sexiste. Pour ma part, j'ai pensé à la Donna e mobile, de Verdi, la femme est changeante. On peut aussi penser à "Souvent femme varie", les exemples ne manquent pas.

 Le jugement, la plainte d'Eric Laurent

Il reproche à Sophie Robert l'image négative sur la science donnée par son propos retenu pour le film, isolé d'un long laïus de sept minutes, où il précisait en particulier que "la description de nous-mêmes comme mécanisme biologique se complexifie des hypothèses amenées par les neurosciences, par la biologie fondamentale...".  Dans l'extrait choisi par la réalisatrice, pourtant, on entend bien que l'interwievé est attentif aux progrès de  la biologie et des neurosciences, dont  il dit clairement qu'il s'informe des résultats. Ce n'est pas de la faute de la journaliste si Laurent expose au même moment, et de plusieurs manières, son scepticisme.
En conclusion, sans nier que la journaliste aurait dû s'astreindre à davantage de rigueur  dans son travail, il me paraît évident que ce dernier apporte un éclairage très intéressant  sur des idées et des pratiques de la psychanalyse sur l'autisme, et que le jugement du tribunal de Lille est empreint de partialité, donnant plus de poids à quelques erreurs qu'à  un ensemble riche de témoignages.

Le Mur

Pour juger au mieux le film, j'ai retranscrit presque intégralement les propos rapportés des thérapeutes interrogés afin de les analyser le plus objectivement possible

LA CAUSE DE L'AUTISME ET SA NATURE  :  L'ENFANT LUI-MÊME

Pierre Delion, psychanalyste :

"La distinction structurale qu'on peut faire entre l'autisme, d'une part, et la psychose de l'enfant d'autre part, qui est véritable, sur le plan de la description, et de la structure sous-jacente, ne résiste pas à l'analyse dans la continuité, entre cette première structure et la deuxième. Il me semble qu'il y a des passages entre la structure autistique et la structure psychotique, et la structure dysharmonique. Maintenant, si on dit ça, on fâche beaucoup les associations de parents d'enfants autistes, qui pensent qu'il n'y a rien à voir entre les autistes et les psychotiques. A mon avis c'est une erreur, il y a beaucoup de choses à voir..."

Alexandre Stevens, psychanalyste, psychiatre en chef de l'Institution pour enfants Le Courtil, à Tournai :

- Je pense que l'autisme, c'est un mode de réaction du sujet qui est évidemment très tôt dans l'histoire logique, si je puis dire, c'est quand même qu'au fond, en réponse à ce qui vient d'envahissement du monde et de l'autre, il se ferme. Il se met dans une bulle, et il refuse, au fond, de se mettre dans les méchanismes de la parole, encore que certains autistes parlent, n'est-ce pas ? donc c'est plus que de la parole, dans les mécanismes subjectifs, c'est à dire, parler d'accord, mais sans y être impliqués.
- Est-ce que vous faites une distinction structurale entre l'autisme et la psychose ? demande la journaliste.
- Non. Pour ma part, non.
- Les autistes sont psychotiques ?
- Oui. Si vous voulez, l'autisme dans le fond est une situation extrême de quelque chose qui est dans le cadre des psychoses.

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

- " Ce que nous pouvons constater quand nous nous occupons des enfants autistes, c'est précisément que les enfants autistes sont malades du langage. L'autisme est une façon de se défendre de la langue."

Professeur Bernard, Psychanalyste APF, chef de service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker à Paris.

- Parler à l'autre veut dire qu'on n'est plus confondu avec l'autre. Je veux dire, tant qu'on n'est pas séparés, tant qu'on est confondu dans l'autre, fusionné dans l'autre, ce qui est le problème des enfants autistes, justement, pour qui d'ailleurs l'autre n'existe pas. Mais après, quand l'autre commence à émerger, ils sont encore dans une distance tellement pathologique, qu'ils ne peuvent pas parler à l'autre.

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- On ne penser à l'autre, on ne peut parler à l'autre que si on a pris du champ. Tant qu'on est encore inclus, interpénétré, fusionné avec l'autre, on peut ni penser à l'autre, ni parler à l'autre, c'est presque un truisme. Si le langage nous touche tout au long de notre vie à ce point là, et la psychanalyse passe par le langage, c'est que le langage ne parle que de séparation. Et ça c'est une vision qui n'a.. très très... c'est une vision du développement si on veut, c'est une vision extrêmement spécifique de la vision psychanalytique des choses.
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Au fond, on essaye par tous les moyens, de faire sentir à l'enfant autiste qu'un autre existe. qu'il n'est pas menaçant.


LA CAUSES DE L'AUTISME ET SA NATURE  :  LA MÈRE, LE PÈRE.

Daniel Widlocher, Psychanalyste, ancien chef de service de psychiatrie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, professeur de psychiatrie à l'Université de Paris VI

La journaliste : Par rapport à la psychose aussi bien que l'autisme, il y a une explication qui est traditionnellement utilisée, c'est que  il y a une dépression maternelle pendant la grossesse ou pendant les premiers mois de la vie, qui aurait altéré la relation mère-enfant et pourrait être responsable de ces troubles graves.
-  Alors, c'est ce que des collègues sérieux nous disent. Par conséquent, moi je les écoute.
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- Pourquoi des autistes profonds ne parlent pas ? demande la journaliste.
- Je ne sais pas. Ma première idée c'est qu'ils ne parlent pas parce qu'ils ne sont pas stimulés à la parole, de même que des enfants qui sont très peu entourés par un bain de langage auront quand même des difficultés de langage même si ils ne sont pas autistes. Par conséquent, il y a une stimulation dans le langage, une stimulation parentale et de l'environnement qui est tout à fait importante.

Geneviève Loison, psychanalyste lacanienne, pédopsychiatre référente à Lille.

"L'autisme, c'est donc la fusion maternelle ?" demande la journaliste. "Attendez", répond la psy, "là il y a des tas de théories, hein. Pour moi, j'ai soit la fusion, soit l'abandon complet, le vide. Soit l'un, soit l'autre. Les deux pôles. Ce n'est pas pareil. Mais quand ils sont complètement dans le vide. Mais, moi ce que je rencontre ici, dans le cabinet, c'est plutôt les fusions. Les abandons complets je ne les vois pas ils vont en institution.
- Bruno Bettelheim dit que les autistes sont victimes de mères trop froides, et d'un autre côté on a Jacques Lacan qui théorise la psychose et l'autisme par la fusion maternelle, par une relation quasi-incestueuse  entre la mère et l'enfant..
- Oui, oui, tout à fait.
- ....voilà, donc d'un autre côté on a une mère trop chaude.
-  Oui. Trop froide ou trop chaude, ça ne va pas. Il faut une mère, comme dit Winnicott, suffisamment bonne, ni trop bonne trop chaude, ni trop vide complètement, évidemment. S'il n'y a pas de relation, ça ne donnera rien.
- Comment expliquer que deux attitudes complètement opposées puissent donner le même résultat ?
- Il y a des mécanismes différents. Nous c'est notre travail de remettre entre les deux."

 Pourquoi-voulez vous qu'ils communiquent ? ils sont en fusion. Ils communiquent sans parole. Il n'ont pas de raison d'acquérir la parole. La parole suppose l'accès au symbolique. L'accès au père. Je ne suis pas qu'avec ma mère, il y a un père qui m'a créé à l'origine, qui a été le fondateur avec sa puissance paternelle, qui a créé un enfant. Et l'enfant ne le découvrira que très progressivement, ça.
- En quoi le père incarne-t-il le symbolique ?
- ... Ah, c'est difficile, ça. ...Euh... Ben..c'est l'accès à l'abstraction, à la distance. L'accès... faut bien parler quand on n'est plus collé. Il vient s'interposer entre la mère et l'enfant.
                                                                                  
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- Les enfants autistes (c'est la journaliste qui parle), on dit que leur mère n'arrive pas à capter leurs regards.
-  Ben oui, ils ne sont pas dans la relation du tout. Ils sont restés dans un oeuf.
- Ils fuient la mère, alors, parce qu'ils sont fusionnés à la mère ?
- Ils n'ont pas décollé du tout. Moi ce que j'en dis, et c'est.. ils sont restés dans l'oeuf, dans l'utérus. Ils sont restés dedans, pourquoi voulez-vous qu'ils regardent ou qu'ils parlent ?


- Il n'a pas pu, hein. Souvent, vous savez, combien de fois on voit des pères qui auraient voulu, et c'est ce qu'on appelle la forclusion. La forclusion du nom du père.
-   Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Bonne question ! Ça veut dire que le père, en termes simples, a fait l'enfant mais qu'il n'existe pas. On nie son existence.
- La mère nie son existence ?
- Nie sa fonction, son existence, il n'y a qu'elle et l'enfant qui compte. Le père n'existe pas. Il est peut-être là pour apporter un peu d'argent, pour, pour.. il est là comme un figurant. Il n'a pas la fonction d'un mari aimé, considéré dans sa parole. Quand la mère considère la parole du père,  l'enfant découvre la parole.
- Si l'enfant ne parle pas, c''est que la mère déconsidère la parole du père.
- Ben, il n'y en a pas beaucoup, ici, hein, c'est en hôpital psychiatrique, en hôpital de jour que j'avais des autistes profonds.   

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Vous savez la folie..  oui, c'est les premiers mois de la vie. Mais le tout..on a tous été fous, puis.. Enfin ou presque.
(...)
La journaliste : Mais pourquoi qualifier cet instinct, cette relation, cette capacité hors langage, à la mère à comprendre son enfant hors-langage, pourquoi qualifier ça de folie ?
- Ben, parce que si on en restait là, l'enfant irait dans la folie, hein. Et la folie, c'est justement ce que vous demandiez tout à l'heure pour l'autisme : ils en sont restés là.

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"C'est le crocodile*, lance la dame en sortant un crocodile  en plastique d'un coffre à jouets. Voilà le crocodile. Alors, le crocodile nous indique tout de suite de quoi il s'agit. Il joue avec. Quand ils mettent la main dedans, je suis inquiète. Ou un objet dedans, je suis inquiète. Quand ils se mettent dessus ou quand ils tapent dessus, je suis rassurée !
- Pourquoi, qu'est-ce que ça veut dire le crocodile ? questionne la journaliste.
-  Le crocodile c'est la mère. Les dents de la mère.
(...)
- C'est ce que Lacan appelait la mère crocodile ?
-Oui. Alors, tout le but de notre travail, c'est de l'interdire de manger.
- De manger l'enfant ?
- Oui.
(...)  La psy tient le crocodile dans une main, un crayon dans l'autre.
- Et ce crayon, il représente quoi ?
- Et bien ça, c'est... (elle place le crayon en travers de la gueule du croco), voilà, tu ne peux plus. C'est la barre.
- C'est le phallus paternel ?
- Voilà. Tu ne peux plus.
- C'est la loi du père ? Qui barre l'enfant vers sa mère ?
- Voilà.
- Qui interdit à la mère de détruire l'enfant ?
- Voilà. Et de le dévorer.
- Est-ce que ça concerne les autistes ?
- Et oui. Mais oui. C'est une question de stade. Voyez, on prend l'enfant à un stade, parfois. Les autistes, c'est eux qui, souvent.. (elle sort une tortue en peluche, dans laquelle elle fourre une main).. ils nous mettent l'enfant là-dedans. Ils se mettent là-dedans. Là, on est  assez inquiets, hein !

*   « Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes, c'est ça la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère. Le rouleau qui est là en puissance au niveau du clapet, c'est ce qu'on appelle le phallus, c'est le rouleau qui vous met à l'abri si tout d'un coup ça se referme. »
 Jacques Lacan  : « Le Séminaire, livre XVII, L'envers de la psychanalyse ».
                                                                 
Laurent Danon-Boileau, psychanalyste, centre Alfred Binet à Paris :

"-  Il y a cette idée, bon il y a ce qu'on appelle familièrement la folie maternelle des premiers temps, c'est à dire grosso modo, il y a  un moment donné où la mère est tellement contente  d'avoir son lardon, elle fait un tout avec le lardon et puis il n'est pas question que quiconque  intervienne.
- Pourquoi appeler ça folie, d'ailleurs ?
- Euh... parce que il y a l'idée, disons, d'une espèce de totalité qui serait.. qui donne une espèce de toute puissance. Et à l'idée qu'on a fait une chose comme ça on est tout puissant, rien ne peut vous atteindre etc. etc."

- "La folie maternelle. Est-ce que la folie maternelle est un obstacle majeur à l'émergence du langage ? Dit sous cette forme-là bien entendu que oui."

Alexandre Stevens    :   
                                                
La journaliste :  -  Vous êtes d'accord avec la notion de folie maternelle ? Que toute femme, toute mère traverse les premiers mois après l'accouchement une phase de folie qui peut s'avérer problématique pour le nourrisson si elle se prolonge ?
- Oui, oui, non, moi ça ne me gêne pas du tout le terme de folie maternelle.
(...)
- Vous êtes psychiatre, la folie c'est quand même quelque chose de connoté. De manière assez négative, quand même.
-  Pas pour moi.
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- La fonction paternelle consiste à intervenir de deux façons. D'une part, çà un dire que  non à la fusion de la mère et de l'enfant. Le père est celui qui interdit la mère.
- Qui interdit sexuellement, c'est ça ?
- Qui interdit la jouissance de la mère.
- C'est à dire, c'est à entendre dans son équivoque. Il interdit aussi bien que l'enfant jouisse exclusivement de la mère, que le fait que la mère jouisse exclusivement de l'enfant.

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Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

- Fondamentalement, la fonction du père c'est une fonction symbolique, et des fois, le père réel ne porte pas cette fonction symbolique. Et il peut être absolument adorable et gentil, et néanmoins, l'enfant se trouve confronté à une carence symbolique du côté de la fonction paternelle. (...) Quand on parle de fonction paternelle, c'est quelque chose qui oriente dans  la vie. C'est une sorte d'autoroute. Une boussole.
- Pourquoi la mère, en tant que femme, ne pourrait pas donner une assise à l'enfant ? Même livrée à elle-même ?
-  Il y a des mères qui peuvent bien transmettre une fonction paternelle.
- Mais pourquoi ce n'est pas une fonction maternelle ? Pourquoi ce n'est pas une symbolique maternelle ? Pourquoi lui donner un sexe ?
(...)
- La loi de la mère, c'est une loi de caprice.

Yann Bokopolsky,  psychanalyste et criminologue.

- Il ne s'agit d'ailleurs pas que des mères. Il s'agit aussi de la place du père dans le désir de la mère, et il s'agit d'un certain nombre de données, ne serait-ce que celles déjà avec lesquelles l'enfant lui-même est venu au monde, et du lien qui s'est créé, ou des désirs de mort  que telle mère a pu avoir effectivement pour cet enfant nouveau-né, mais toutes les mères qui ont des désirs de mort pour leur enfant ne vont pas faire que...tous ces désirs-là ne vont pas faire  que l'enfant va être psychotique pour autant.
   
LA PSYCHANALYSE  ET  LA SCIENCE


Eric Laurent, psychanalyste, enseignant formateur en psychanalyse.

- Il y a des espoirs du côté de la biologie. Et ces espoirs, ça serait merveilleux d'y croire ! Si on peut croire nous demain, demain on va avoir les solutions. Et bien, la psychanalyse, comme discours coruscant [qui brille, étincelant*] envers toutes les croyances,  est d'essayer de pouvoir faire vivre l'humanité sans qu'elle croit à des lubies trop importantes, fait partie de son effort. Alors, le dialogue avec les neurosciences, c'est pas simplement nous-mêmes, nous informer des résultats, et de faire valoir que ça ne change pas ce qui est notre pratique fondamentale, l'orientation de notre pratique, c'est aussi d'essayer de pouvoir faire vivre l'humanité sans avoir de trop grands espoirs dans les différentes bonnes nouvelles qui sont publiées tous les jours, et qui sont faites pour essayer de maintenir, justement, un taux de bonnes nouvelles dans un environnement où il y en a fort peu

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII

La journaliste :  le psychisme, il n'évolue pas indépendamment du cerveau, il ne se promène pas tout seul dans le vide. Si on a d'un côté le cerveau d'un enfant normal, qui fonctionne bien, d'un côté, et de l'autre un enfant autiste, par exemple,  dont le cerveau ne fonctionne pas bien, est-ce que ça ne fait pas une différence fondamentale dans sa capacité à communiquer avec le monde extérieur ?
[question originale : Je voulais savoir si la découverte des causes génétiques de l'autisme et des lésions neurologiques a pu modifier votre approche sur l'autisme en tant que psychanalyste.]
-  Cette façon de concevoir la causalité de l'autisme est très réductrice.

Geneviève Loison

 La journaliste :  - Est-ce qu'il ya une plus grande incidence des cas de psychoses, d'autisme dans  les pays en guerre, les favellas de Rio, dans toutes ces circonstances où les mères ont de bonnes raisons d'être déprimées ?
- Mmmh...Je ne suis pas au courant. Je n'arriverai pas à répondre. Je peux dire que ce que je vis au cabinet, vous voyez.

Alexandre Stevens

"Dans le monde francophone, l'envahissement par les techniques cognitivo-comportementales, est un envahissement nouveau, récent, mais très présent actuellement. La psychanalyse se bat contre cet envahissement. N'est-ce pas ? Un certain nombre de collègues, spécialement Jacques Alain Miller, ont pris la tête de cette lutte, de ce combat. D'autres aussi, dans d'autres mouvements. N'est-ce pas ? C'est un combat très important. Pour maintenir vivant, la dimension, au fond, de la subjectivité par... c'est à dire des singularités de chaque sujet, par rapport, au fond, à cette idée comportementale  du réglage par cases."

Professeur Bernard Golse, Psychanalyste APF, chef de service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker à Paris.

"Le bébé, une partie de ses chromosomes vient du père l'autre de la mère. Donc il y a une partie qui est comme la mère, celle-là elle ne pose pas de problème, et il y a une autre partie qui est comme le père, qui pose immédiatement un problème. Et d'ailleurs, dès que l'enfant est conçu, l'organisme maternel va immédiatement sécréter une vague d'anticorps très forte, pour expulser ce bébé qui est à demi étranger pour le corps de la mère. C'est un petit peu triste à dire à le dire comme ça, mais finalement, la première chose que biologiquement la mère ne supporte pas chez son bébé, c'est la partie qui vient du père. Alors ce qui est doublement anthropologique là-dedans, c'est le double-non. Non je ne reconnais pas le bébé je vais l'éjecter. Mais tout de suite, un non au non."



LA PRATIQUE PSYCHANALYTIQUE



Alexandre Stevens

- Vous voyez des auteurs comme Tustin ou Margaret Mahler, au fond, expliquer comment il s'agit d'abord d'apprivoiser l'enfant. Là on est en cabinet, mais c'est la même chose en inrtitution, ça. Apprivoiser l'enfant, c'est à dire... je ne sais plus laquelle décrit ça, il s'agit de se tenir un peu en retrait, pas dans la diretion de son regard, ne pas parler trop fort, suivre ce qu'il dit plutôt que d'essayer de le précéder etc.

Laurent Danon-Boileau, psychoanalyste, centre Alfred Binet à Paris.

Bon, moi je suis plutôt du genre à être disons, comme dans une attitude d'observation. C'est à dire, avec une enfant autiste, j'en fais très peu. Très peu, ça veut dire quoi? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j'attends qu'il se passe quelque chose. Et, j'oublie, j'essaie d'oublier tout. J'oublie le temps. J'oublie qu'on est pressés par le temps pour qu'il acquiert le langage, j'oublie tout. Parce que je me dis qu'à partir du moment où je suis dans cette espèce d'apesanteur, il risque de se passer quelque chose, que je ne peux pas prévoir.

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-  Moi, si l'enfant fait rien de toute la séance, si je somnole à côté de lui, ça m'est égal. Je suis habitué à ça dans mon travail de psychanalyste. Mais ça suppose un certain nombre de trucs. Ça suppose, un, ne pas s'emmerder quand on a des idées à soi, deux, ça suppose aussi de ramer à l'encontre de tout un fonctionnement social qui veut qu'on est pressé par le temps, qu'il faut faire des trucs, que etc. c'est bien gentil tout ça mais quand même si l'enfant est encore comme ça dans dix ans c'est pas vous qui allez... Tout ça est vrai.  Je me mets dans la position de psychanalyste. Ça veut dire de n'avoir ni mémoire, ni attente, et à partir de ce moment-là il se passe quelque chose; Et ça,  c'est une attitude, je pense, qui est une atitude psychanalytique. Profondément."

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"Si vous chantez une petite chanson et que l'enfant autiste s'y trouve pas mal, il y a quelque chose qui se passe. Alors vous allez me dire, il n'y a pas besoin d'être psychanalyste pour ça. Si. Si, vous n'en faites pas une méthode éducative. Si. Si,  vous vous dites : après tout, ce que l'enfant va en faire je m'en moque, visiblement ça a l'air de l'intéresser, on fait ça et puis on verra bien après. Ou on verra pas après. C'est vraiment...  Le point fondamental de mon attitude en tant qu'analyste vis-à-vis de ces enfants-là, c'est le fait d'abdiquer l'idée d'une progression. Et ça va pas de soi, hein, je vous prie de croire que... . Mon idéal analytique  me fait exigence d'abandonner cette dimension-là, mais il se trouve aussi que je suis, que  j'appartiens à une société dans laquelle je suis payé pour donner du soin. Par conséquent, je suis en conflit. Mais, ça, la situation de conflit, si un analyste n'est pas foutu de la vivre, il faut qu'il change de métier, parce que c'est le fondement même de la pratique analytique.

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La journaliste : - Qu'est-ce qu'un enfant autiste peut raisonnablement attendre d'un travail analytique. En terme de résultats ?
Le psy sourit, garde le silence, baisse la tête, on ne voit plus que ses cheveux, il se gratte la nuque. Il se passe de très longues secondes ainsi dans le silence. Soudain, la tête se relève. Et le bonhomme lâche :
              - Le plaisir de s'intéresser à une bulle de savon.
Long silence encore puis :
                  - Je ne peux pas vous répondre autre chose.

Eric Laurent, psychanalyste, enseignant formateur en psychanalyse.
                                                               
- Quel est l'impact de la psychanalyse sur les enfants autistes ? Qu'est-ce qu'un enfant autiste peut raisonnablement en attendre, en termes de résultats ? interroge la journaliste.
- "Mais ça, je peux pas répondre à ça. C'est pas une question de psychanalyste, ça".

Esthela Solano,  psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII
            
- Disons que lorsqu'on reçoit un enfant autiste, on pratique une psychanalyse qui est une pure invention. On se trouve en face d'un sujet qui, la plupart du temps, ne dispose pas du langage.
(...)  Aucune volonté de maîtrise. Aucune volonté éducative.  Aucune imposition de quoi que ce soit.
(...)  Il s'agit justement de prendre en compte les détails les plus insignifiants, et de s'apercevoir que ce détail insignifiant peut être interprété comme voulant dire un petit quelque chose, et donc, petit à petit, on peut intervenir en supposant que là il y a un signe , donc nous le prélevons de l'ordre d'en vouloir dire.



LE DISCOURS PSYCHANALYTIQUE AU-DELA DE L'AUTISME



Jacqueline Schaeffer, psychoanalyste, enseignante formatrice en psychanalyse.

- A la naissance de l'enfant, il y a une lune de miel, hein ? Quelquefois c'est pas si lune de miel que ça, ça peut être dramatique, mais il y a une lune de miel, il y a une fusion, il y a un extraordinaire.... bon, alors, quand vous dites ne faire qu'un, bien sûr il y a cette fusion, il y a en même temps un grand plaisir pris ensemble. Le bébé très rapidement, ce qu'on peut dire, bon, il n'y a pas de différence des sexes, mais il y a un grand plaisir érotique pris ensemble.  

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Dans les soins maternels, la mère peut très bien exciter le pénis d'un petit garçon.  Dans les soins maternels, les petits garçons ne s'en privent pas. On a beaucoup de petits garçons, qui, quand ils sont langés, quand ils sont, voyez, nettoyés par la mère, le petit pénis réagit.  

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- L'inceste paternel, ça ne fait pas tellement de dégâts. Ça rend des filles un peu débiles, mais l'inceste maternel, ça fait de la psychose, c'est à dire, c'est la folie. Il ne peut pas y avoir d'inceste maternel, d'un garçon avec sa mère, sans qu'il y ait un énorme trouble mental. C'est pas  possible. A cause, justement, de cette fameuse barrière, mais la fille avec le père, elle n'est pas issue du père, hein ? elle n'a pas été dans le ventre du père, donc  il y a quelque chose, vous voyez, c'est un inceste secondaire, je dirais ça, alors que l'inceste primaire, véritable, c'est  la mère, c'est pénétrer la mère. Et les garçons qui pénètrent leur mère, ils sont psychotiques. Alors que la fille, non.  Les filles peuvent... on a beaucoup d'expériences de filles avec un inceste paternel, qui se débrouillent pas trop mal. Bon, on ne peut pas dire que ça va très très bien, il y en a qui sont très très mal, il y en a qui sont moins mal, et puis il y en a qui se débrouillent en.. bon, autrement, ce que je disais un petit peu débiles, mais, mais.. c'est très différent.

Laurent Danon-Boileau, psychoanalyste, centre Alfred Binet à Paris.
                                                    
- Il y a des psychanalystes qui, il y a très longtemps, ont parlé de quelque chose qu'ils ont appelé "la censure de l'amante". Ça veut dire une chose très simple. Ça veut dire que, quand la mère est en train, disons, de changer le nourrisson, et pui que tout d'un coup, elle prend un peu trop de plaisir à son propre goût, dans le toucher qu'elle a du nourrisson. Et elle se dit ouh là là il y a une chose de bizarre, c'est pas logique, là je le traite pas comme...
- Un truc un peu incestueux ?
- Un truc un peu incestueux. Qu'est-ce qui se passe ? Et bien elle va penser à l'homme avec lequel elle l'a conçu. En d'autres termes, à son amant. Bon. Et du coup, ça va créer une distance entre elle-même et le nourrisson en question. C'est ce qu'on appelle la censure de l'amante.
- Il faut qu'elle ait un homme dans la tête pour qu'elle ne soit pas dans la relation incestueuse avec son enfant ?
- C'est pas : il faut que... C'est qu'on ne peut pas y échapper.

  Yann Bokopolsky,  psychanalyste et criminologue.

- Au début, l'enfant pense qu'il est le phallus de la mère, c'est à dire qu'il est cet objet qui viendrait tout donner, combler la mère, la faire jouir complètement.

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- Le père est là pour dire l'interdit, et, en même temps, euh, protéger l'enfant. C'est à dire protéger l'enfant du désir incestueux de la mère.
- Toutes les mères ont des désirs incestueux envers leur enfant ?
- Oh oui ! Qu'elles en aient conscience ou pas. Oui.
- D'où vous vient cette conviction ?
- Oh, ben déjà des écrits psychanalytiques, je veux dire le désir, il n'est pas interdit. C'est sa réalisation qui l'est.
- Mais que l'amour d'une mère pour son enfant ait des désirs incestueux, c'est...c'est....c'est...
-  Et bien, et bien... euh oui, parce que, euh, déjà elle a beaucoup de mal à se séparer de son enfant qui est né. Il y a là une unité qui se fait, qui, si, euh, le père de l'enfant, ou celui qui occupe cette place, qui n'est pas forcément le géniteur, ne vient pas dire à la mère que la jouissance ça se passe entre eux, ne vient pas rappeler son désir à la mère, et la jouissance qu'elle va pouvoir avoir par le truchement de ce désir qui  les lie tous les deux, la mère va avoir une jouissance à caresser son enfant, à pouvoir l'avoir sur le corps toute la journée que sais-je, enfin, va jouir, et c'est en cela, pour reprendre votre question de tout à l'heure, que le corps  est bien présent, et que la sexualité, pour autant qu'elle ait à voir avec la jouissance que donne le corps, et qui est reprise par le langage, est d'emblée présente dans les questions des psychanalystes.  

Dr Aldo Naouri, pédiatre, analyste, essayiste

- Et bien, la plupart du temps, le symptôme de l'enfant n'est ni plus ni moins que le symptôme qui lui est imparti d'avoir par l'inconscient maternel principalement.  Car les enfants sont dans une relation très très très perméable dans leur relation avec leur mère. La gestation conditionne littéralement un enfant, et le formate, et vraiment lui donne quelque chose  qui est entièrement fabriqué sur le corps, ce qui vient du corps de sa mère. Ça fragilise le terrain,  c'est à dire que ça met l'enfant dans un état où justement, sa résistance est altérée par les conditions qui lui sont faites de son environnement.
     
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"La mère se situe du côté de la nature, et de ce côté elle est animale, si vous voulez, tandis que le père, lui, a été celui qui a fondé la culture. Ce qui fait dire d'ailleurs à Levi-Strauss cette magnifique définition quand  il parle du couple, il dit : c'est l'union dramatique  de la nature et de la culture. D'accord ? Quand le droit soutient la culture, en disant : il y a du père, il dit : nous sommes dans la culture, le retour à la  nature ne doit pas se faire.
il dit : Nous sommes la culture, le retour à la nature ne doit pas se faire."

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- Dans ce cas, pourquoi la grande majorité des incestes sont-ils perpétrés par des hommes ?
- D'abord il faut vous signaler une chose, c'est que l'inceste père-fille est infiniment plus fréquent que l'inceste mère-fils. N'est-ce pas ? Et pourquoi il n'y a pas plus d'inceste mère-fils, pour une raison simple, c'est que l'attitude maternelle à l'endroit des enfants, qu'ils soient garçons ou filles, est une attitude d'essence incestueuse, spontanément. Le rêve de toute mère, c'est que son enfant ne manque de rien. La disposition maternelle à l'endroit de l'enfant  est une disposition incestueuse. Donc elle n'a pas besoin, elle n'a pas besoin de passer à l'acte. Dans son attitude, il ya suffisament de choses, elle ne passe pas à l'acte.



L'AUTISME, c'est quoi ?   



La recherche scientifique éclaire progressivement les causes des pathologies autistiques. Elle a mis en évidence la présence de nombreux désordres dans le cerveau des personnes autistes. Ces problèmes sont d'ordre : neurologiques, génétiques, métabolique, immunologique, principalement. Il existe aussi un certain nombre des facteurs environnementaux connus ou suspectés, tous liés à des agressions ou des mofifications physiobiologiques : virus, médicaments, métaux, malformations, âge des parents, procréation assistée, accidents prénataux, périnataux, effets climatiques, différences nutritionnelles, infections maternelles, etc.)  
Par ces découvertes,  la science apporte enfin les premières pierres à la connaissance des origines des pathologies autistiques. En mettant en évidence un faisceau de causes neurobiologiques, elle a commencé de démontrer rigoureusement les différents dysfonctionnements à l'oeuvre dans la survenue de ces pathologies. Sur ces causes, nous ne possédons pas d'autres éléments de connaissance, quoi qu'en disent les psychanalystes, nous y reviendrons. En conséquence, pour qui s'intéresse sérieusement à la question autistique, ces découvertes éclairent pour la première fois ses origines.
Les désordres constatés dans les pathologies autistiques sont très divers et très complexes non seulement dans leur fonctionnement  mais aussi parce qu'ils se combinent le plus souvent, formant tout un ensemble de causes. Si on rattache tous ces désordres à une même famille, c'est qu'ils handicapent la vie de tous les enfants touchés principalement dans le registre de la communication, de la sociabilité et du comportement. Selon, la gravité des causes, les autistes sont handicapés dans ces registres à des degrés très divers, d'où le terme de Troubles du Spectre Autistique (TSA), plus approprié à la réalité des handicaps, plutôt qu'autisme au singulier.



LA CRITIQUE DE LA PSYCHANALYSE, Les causes de l'autisme.

Introduction

Dans le documentaire de Sophie Robert, les psychanalystes assimilent à des degrés divers l'autisme à une psychose infantile. Cette définition a été abandonnée de par le monde.  L'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) classe les syndromes autistiques  parmi les Troubles Envahissants du Développement (TED).  Cette Classification Internationale des Maladies (CIM, CIM-10 à ce jour) est établie par un ensemble de médecins et de chercheurs du monde entier, à l'image du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux              (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders : DSM, à ce jour DSM-IV), dont la définition autistique est similaire. Précisons que toute référence à la psychanalyse a  été évacuée du DSM depuis le DSM-III, en 1980.  Les deux classifications médicales citées sont celles qui font autorité dans le monde entier, et il n'est pas étonnant que La Haute Autorité de Santé Publique française  (HAS) ait repris peu ou prou leur définition et leurs critères  de l'autisme.
Nous n'entrerons pas dans le débat plus ou moins technique de la critique que font de nombreux psychanalystes français au DSM. Primo, parce que celui-ci dépasse le cadre de notre sujet, qui est l'autisme, et secundo parce que la question de savoir si la psychanalyse a un rôle à jouer dans la prise en charge des autistes trouve sa réponse dans l'analyse critique des discours et des pratiques psychanalytiques : c'est ce que nous allons examiner. Toutefois, nous ne résistons pas à l'envie de reproduire ici les propos d'un théoricien prolixe, psychologue clinicien de son état,  Arthur Mary, à propos du DSM :
"Pour varier autour du thème de l’athéoricité du DSM, nous proposons de rapprocher de notre débat la question de la jouissance. Quelle modalité de jouissance (phallique ou autre) se révèle dans la volonté de noyer dans une équivalence des théories les différentes psychologies ? A première vue, le rejet d’une théorie qui dominerait toutes les autres relève d’un refus d’une jouissance phallique, c’est-à-dire un rejet de ce qui se soutiendrait d’un point d’exception. A l’opposé donc, l’idéal d’un livre qui serait totalement hors de la théorie unique mais dans toutes à la fois, renvoie à une modalité toute autre que phallique d’organiser la jouissance des lecteurs et utilisateurs de ce manuel. Soit, une autre façon d’exprimer qu’est forclose la dimension symbolique des théories englobées par un système prétenduement athéorique."
http://arturmary.wordpress.com/2008/10/07/le-dsm-est-il-atheorique/
Peu importe de savoir ici la nature des théories dont on parle, ni si une volonté existe bel et bien  de la part de quelqu'un à combattre telle ou telle, ce que nous retenons c'est l'affirmation répétée que le débat théorique, la polémique relèvent de la jouissance. On théorise dans un sens et on serait dans la jouissance phallique. On théorise dans un autre sens et on serait dans le refus de cette jouissance. Toute personne de bon sens sait bien qu'il y a dans le débat polémique une dimension affective, émotionnelle. Les convictions des uns et des autres peuvent s'accompagner d'indignation, de colère, de haine, parfois, exprimée ou non, c'est une évidence. Mais, sur quelle base donner au  sujet  une dimension de jouissance phallique ?  Je n'ai pas connaissance de la moindre observation, de la moindre connaissance pouvant appuyer cette allégation. Par ailleurs, elle s'articule autour d'un pôle sexuel unique qui ne rappelle que trop bien  l'histoire de la domination masculine, par idéologie faut-il le rappeler, et jamais par souci de vérité ou de justice. Cette obsession sexuelle  est partout dans le discours de la psychanalyse, et chacun sait que son fondateur en est le premier promoteur. Le principal problème de ce sujet, décliné par la psychanalyse sur de multiples modes pour parler des causes et de la nature de l'autisme est celui de sa validité, de sa véracité. C'est ce que nous proposons d'interroger ici.

La parole des psychanalystes interrogés

S'agissant des causes de l'autisme, que disent-ils  ? :

1)  L'autisme est un mode de réaction de l'enfant, une réponse à un envahissement du monde, une façon de se défendre de la langue. L'enfant autiste est lui-même "malade du langage". Il ne parle pas parce qu'il est "confondu", "fusionné dans l'autre".
 On est frappé par le rôle majeur que tient ici le langage. Rappelons que les troubles autistiques concernent principalement des troubles de communication, de comportement et d'interactions sociales. Le langage même, la parole,  n'est pas le principal obstacle à la compréhension et à la communication. Des sourds-muets ont une langue adaptée, et les autistes qui ne peuvent parler s'emparent des langages de substitution qu'on leur propose  (Makaton, Pecs, par exemple) quand leurs capacités cérébrales le leur permet. Alors, pourquoi cette obsession du langage chez les psychanalystes, alors que les troubles autistiques débordent de loin cette problématique ?  Bernard Golse, dans le film, nous donne un élément de réponse :
"Si le langage nous touche tout au long de notre vie à ce point là, et la psychanalyse passe par le langage, c'est que le langage ne parle que de séparation."
Dans le même ordre d'idées péremptoires et gratuites, nous pouvons citer Jacques Lacan définissant l'analyse comme "une partie entre quelqu'un qui parle, mais qu'on a averti que sa parlote avait de l'importance. Vous savez il y a des gens à qui on a affaire dans l'analyse, avec qui il est dur d'obtenir ça. Il y en a pour qui dire quelques mots ce n'est pas si facile. On appelle ça autisme. C'est vite dit. Ce n'est pas du tout forcément ça. C'est simplement des gens pour qui le poids des mots est très sérieux et qui ne sont pas facilement disposés à en prendre à leur aise avec ces mots. "
Jacques Lacan, conférences américaines, Revue Scilicet 5/6, p 46


Comment peut on être professeur et affirmer sans rougir que le langage, vecteur de mille et une richesses de la culture humaine "ne parle que de séparation" ? Comment Lacan peut-il parler sérieusement d'enfants au cerveau endommagé comme autant de personnages de salons qui soupèsent leurs mots avec gourmandise ? C'est une insulte aux handicapés. Ici, on pointe du doigt l'attitude constante des psychanalystes, nous y reviendrons souvent, qui consiste à affirmer des opinions avec une réthorique peut être séduisante, mais dont le rapport au réel est inexistant.  
Commençons par cette pseudo responsabilité du bébé, de son choix délibéré de devenir autiste. Une telle opinion confère à un embryon ou à un  nourrisson des capacités phénoménales d'action sur le fonctionnement de son cerveau, d'une manière ou d'une autre. Primo, l'opinion apparaît ridicule au sens commun a priori, s'agissant d'un être en gestation ou d'un nourrisson. Secundo,  si les "envahissements" divers et variés du monde (guerre, dépression maternelle, pauvreté, etc.)  autorisaient un enfant à s'auto-mutiler, la prévalence de l'autisme serait significative dans des lieux de graves conflits ou de situations sociales douloureuses. Il n'en est évidemment rien et il ne me semble pas que les psychanalystes aient jamais cherché à le mesurer. Surtout pas Geneviève Loison, qui ne sait que ce qui se passe hors de son cabinet. Une démarche très scientifique, là encore.  Tertio, surtout, aucune connaissance ne vient, de près ou de loin, étayer ces allégations . Au contraire. Toutes les découvertes sur le cerveau démontrent que l'enfant est seulement  une victime. Il ne choisit rien mais il subit toutes sortes d'agressions, comme n'importe quel handicapé, n'importe quel malade. Il ne choisit rien, mais des étapes de son développement peuvent mal se dérouler. C'est ce que l'on sait. Mais dire "qu'il se défend la langue" vient de l'imagination pure. C'est un non sens total. La capacité de produire du langage demande au moins un matériel cérébral, neuronal, adéquat. C'est le minimum requis. Sans ce minimum, il n'est même pas besoin de s'interroger sur les conditions de production de langage qui sont aussi sociales. Régulièrement, les recherches scientifiques pointent chez les autistes des problèmes de maturation de cerveau, de cellules nerveuses, de  neurotransmetteurs, la liste est longue et la cohorte de problèmes qu'ils engendrent, hélas, aussi.

2)  L'autisme est dû à une carence (dépression, folie, négation du père) ou, au contraire,  à une "fusion" maternelle;  Il peut s'y ajouter une carence paternelle, un manque de stimulation à la parole.  

Cette manière d'aborder les causes des troubles autistiques n'est en rien sérieuse. En rien rationnelle. Nous avons évoqué l'ensemble des dysfonctionnements neurobiologiques susceptibles de déclencher la venue de ces troubles. Elles ne concernent ni de près ni de loin les causes avancées par ces psychanalystes.
Devant les découvertes scientifiques et les progrès des méthodes éducatives, ces thèses dites psychogéniques ont depuis longtemps été abandonnées aux Etats-Unis, puis dans les pays Anglo-Saxons, et la France est un cas vraiment à part où les idées psychanalytiques les plus contestables continuent d'être enseignées. Ce qui signifie clairement qu'à l'heure où on parle, des psychanalystes reçoivent des parents dans les hôpitaux, des centres publics de soins (j'en suis le premier témoin)  en les incluant (surtout la mère) à part entière dans le "soin" de l'enfant, en les culpabilisant. Si vous êtes armés socialement, intellectuellement, vous possédez aujourd'hui assez d'arguments pour refuser un tel traitement, l'évolution des lois va dans ce sens, mais si vous êtes démuni, cette mise en cause peut être catastrophique pour la famille, on l'imaginera sans peine.


Que ceux-ci ne représentent pas toute la communauté psychanalytique, c'est un fait, et nous allons examiner plus loin d'autres points de vue de la discipline. Mais que l'on accuse Sophie Robert de caricaturer la psychanalyse  à travers le choix de leurs propos, n'est pas une position tenable. Pour le montrer, faisons même l'avocat du diable en tombant d'accord avec les psychanalystes que la documentariste a opté délibérément de fabriquer un document à charge. Les petites manipulations coupables de la réalisatrice, pointées par le jugement du tribunal de Lille, sont là pour en témoigner, ainsi que l'ensemble  des propos retenus pour  le film. Seulement, pour que ce parti pris puisse être assimilé à une caricature, il faudrait que les propos retenus des psychanalystes ne représentent que des points de vues marginaux de la discipline, que les idées et les pratiques dont le spectateur est témoin  sont à la fois rejetées et décriées par l'ensemble de la profession. Nous allons voir que c'est loin d'être le cas.


Par ailleurs, mettons en avant une critique touchant à la simplification réductive des théories psychanalytiques :
 "Toute personne qui connaît les travaux des psychanalytes de renom, tels que Lacan ou Winnicott qui sont cités, sera frappée par les simplifications faites: traiter de la notion lacanienne de forclusion en deux minutes est une aberration; aplatir celle de "préoccupation maternelle primaire" de Winnicott (extrêmement riche et tout à fait observable) sur l'expression "folie maternelle" (comme s'il avait soutenu que les mères, à la naissance de leur enfant, étaient folles!) en est une autre..."
http://maurice.villard.pagesperso-orange.fr/AUTLEMUR.htm
Ici, le psychanalyste nous explique qu'il y a simplification et caricature des notions psychanalytiques au prétexte qu'elle n'ont pas été exposées dans toute leur richesse. L'argument est parfaitement rhétorique. Certains énoncés ont une signification claire en dehors de tout contexte. Si un homme public dit  : "les Arabes sont des feignants", le racisme patent de la phrase est avéré quelque soit le contexte. C'est la même chose pour bon nombre de phrases imbuvables pronconcées dans le documentaire. Il faut les assumer.  Et comme nous le disions, nous allons montrer que toutes les prétendues caricatures sont bel et bien des idées et des pratiques de la psychanalyse dans son ensemble. Entrons dans le vif du sujet.

LA PSYCHANALYSE et la SCIENCE

L'AUTISME et LA PSYCHANALYSE CONTEMPORAINE

Commençons par le rôle de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme, selon deux grands noms de la discipline :
"Selon Hochmann* (2003), la psychothérapie d'inspiration psychanalytique appliquée aux enfants autistes consiste d'abord à les aider à « communiquer avec une personne étrangére à la famille » et à « mettre en relation les différents événements de leur vie présente et passée, en rapprochant ce qui se passe dans la cure et dans leur vie quotidienne  ». Houzel et Haag (1989) précisent que la « psychanalyse s'occupe des significations et non des causes.
Selon Haag et al. (1995). le psychanalyste a un double rôle auprés des enfants autistes. D'une part au sein du traitement individuel ou groupal, « il doit savoir repérer et travailler, dans les relations transférentielles et contre-transférentielles, les angoisses en arrière plan des aspects pathologiques des défenses » et,  d'autre part. « il doit communiquer suffisamment d'éléments de compréhension de la psychodynamique à l'oeuvre  aux équipes soignantes et aux familles ». Ainsi, l'entretien et le soutien aux parents sont aujourd'hui intégrés à la psychanalyse (Hoclnrarur. 1989 : Houzel et Haig. 1989)."
http://www.creai-bretagne.org/pdf/rapport%20baghdadli.pdf

* professeur émérite à l'Université Lyon I, Claude-Bernard, membre honoraire de la Société psychanalytique de Paris et médecin honoraire des hôpitaux de Lyon.
* Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste, théoricienne

"De nombreux psychanalystes considèrent la psychose comme la conséquence d’une interrelation qui ne permet pas, pour des raisons qualitativement diverses, la structuration normale du nourrisson et la construction d’une relation normale à la réalité. Cette interrelation est bien entendu celle qui lie le bébé à sa mère, c’est-à-dire son lien primaire, et relèverait donc d’un dysfonctionnement. Nous pouvons notamment évoquer Winnicott qui nous sensibilise à l’impact de la « défaillance de la fonction de la mère ordinaire normalement dévouée, à un moment donné ou pendant une période donnée »[1]. Cet auteur, qui a surtout cherché à théoriser le développement de la psyché chez le nourrisson et le petit enfant, met en exergue le caractère fragile des tous premiers liens en expliquant qu’une « sorte de communication s’établit avec force depuis le tout début de la vie de chaque individu, et quel que soit le potentiel, l’édification des expériences vécues – ce qui devient une personne – ne tient qu’à un fil, le développement peut être suspendu ou dévoyé n’importe quand, comme il peut… ne jamais se manifester »[2].  Winnicott attribue donc au lien primaire qui s’établit entre le nourrisson et son objet maternel une importance considérable dans le développement ou non d’un fonctionnement psychotique.
Dans leur définition de la psychose, Laplanche et Pontalis précisent que « fondamentalement, c’est dans une perturbation primaire de la relation libidinale à la réalité que la théorie psychanalytique voit le dénominateur commun des psychoses, la plupart des symptômes manifestes étant des tentatives secondaires de restauration du lien objectal. »[3]. D’une manière générale, les travaux psychanalytiques étayent donc l’hypothèse d’une perturbation dans le développement des toutes premières relations. Mais « il ne faut pas penser à propos des enfants souffrant de psychose infantile que ce sont des enfants normaux chez qui une mère émotionnellement dérangée aurait induit un processus psychotique. Ces enfants sont vulnérables de constitution et peuvent être prédisposés au développement de la psychose. C’est souvent l’existence même d’un défaut constitutionnel du moi de l’enfant qui tend à créer le cercle vicieux de la relation pathogène mère-enfant, en stimulant la mère à réagir vis-à-vis de l’enfant d’une manière nuisible à ses tentatives de séparation et d’individuation ».[4] Le sujet aurait donc une part active indéniable dans l’établissement de son lien à l’objet primaire et ne serait pas uniquement un petit être passif qui se laisserait entièrement modelé par sa mère.
Sans vouloir donc stigmatiser les mères d’enfants psychotiques comme « mauvaises », ce modèle psychanalytique de compréhension de la psychose a l’intérêt de se focaliser sur le lien primaire mère-bébé et donc d’axer son dispositif thérapeutique sur les mouvements transféro-contre-transférentiels qui réactualisent ce lien et permettent de le travailler.

A. Psychose autistique et identification adhésive

Intéressons nous à présent aux psychoses autistiques et précisément au lien mère-enfant lorsque celui-ci a un fonctionnement autistique. Dans la filiation de Bion, F. Tustin et D. Meltzer ont décrit un état antérieur à l’individualisation d’un self ayant constitué une séparation d’avec les objets, et une relation préalable à l’identification projective, l’identification adhésive. Meltzer (1984) décrit effectivement l’autisme comme une forme désespérée d’attachement de l’enfant à sa mère. Réputé pour son travail sur cette forme de psychose infantile, cet auteur considère que l’enfant autiste cherche à maintenir un lien exclusif et « omnipotent » avec un objet maternel. Il évoque la bidimensionnalité de la relation d’objet comme précédant la tridimensionnalité et l’identification adhésive comme une défense contre le ne-pas-cesser-de-tomber. Le mécanisme d’identification adhésive décrit initialement par E. Bick entre la mère et le nourrisson, dans le sens d’une identification narcissique primitive où sujet et objet sont en continuité corporelle, se manifeste par des mouvements de rapprochements momentanés, instantanés ou durables du bébé avec son environnement social et physique. G.Haag (1984) évoque elle le terme d’identité adhésive, sorte d’émotionnalité primitive à l’œuvre dans la fusion bidimensionnelle, de ” collé à ” fusionnel où le sentiment d’identité séparée est plus ou moins aboli.
Dans le cas d’un enfant au fonctionnement autistique, « ce mécanisme ne lui permettrait pas de rencontrer l’environnement dans ce qu’il comporte de lié et d’uni. Ces absences de liens constituent des trous de la psyché. Chaque sensation, perception, représentation est incomplète. L’enfant grandit avec cette impression constante de vide, de manque qui marque chacun de ses comportements. Il ne peut se constituer comme sujet, faute d’un soi complet et vivifié par des plaisirs liés à ses interactions et à ses perceptions. »[5] Pour Tustin (1989), un “trou noir”, vécu d’annihilation, d’”agonie primitive” pour reprendre l’expression winnicottienne, serait conséquent à la perte du sein alors que l’enfant n’a pas encore constitué la différenciation dedans/dehors et qui serait donc vécue comme un arrachement de la bouche avec le mamelon. Cet arrachement provoquerait alors une perte du sentiment d’existence.
On peut estimer que l’identification adhésive est une véritable conséquence, pour une part, de la vie utérine. En effet, le « fantasme de corps-unique, primordial chez tout être humain, a bien sûr son prototype biologique qui prend naissance dans la vie intra-utérine, où le corps-mère doit véritablement subvenir aux besoins vitaux des deux êtres. »[6] Si le développement de l’enfant est non pathologique, celui-ci va évoluer vers une réelle séparation et individuation, faisant parallèlement le deuil de ce fantasme de corps-unique. Par contre, on peut retrouver dans les fonctionnements psychotiques, autistiques et symbiotiques, cette illusion de n’être qu’un, d’être en fusion parfaite. L’identification adhésive est donc une manifestation de l’intolérance à la séparation. Si, pour l’enfant, seul existe ce qui est au contact de sa propre surface, la moindre modification dans l’environnement ou dans la surface de l’objet le plonge alors dans un profond désarroi. Adhérer est donc une défense primitive contre la perte mais le bénéfice est éphémère car cela exige un état immuable qui ne permet pas d’atténuer la souffrance des futures séparations.

[1] WINNICOTT, D.W. (1992). Le bébé et sa mère. Paris : Payot, p. 27.
[2] WINNICOTT. Ibid, p. 128.
[3] LAPLANCHE, J. et PONTALIS, J.-B. (2007). Vocabulaire de la psychanalyse. Paris : PUF, p. 356.
[4] MALHER, M. (1990). Psychose infantile : symbiose humaine et individuation. Paris : Payot, p. 139.
[5] ADRIEN, J.-L. (1996). Autisme du jeune enfant : développement psychologique et régulation de l’activité. Paris : Expansion scientifique française, p. 9.
[6] DELION, P. (2002). Corps, psychose et institution. Ramonville Saint-Agne : Érès, p.14."

Texte d'Aurélie Moreau

http://paradoxa1856.wordpress.com/2011/02/14/la-psychose-et-le-lien-mere-enfant-dans-la-theorie-psychanalytique-par-aurelie-moreau/

Cette synthèse de qualité nous présente des auteurs dont les travaux sont des références pour les psychanalystes dans la question de l'autisme. Elle nous montre que les préoccupations psychanalytiques accordent toujours une importance capitale aux premiers liens entre la mère et l'enfant dans la survenue des psychoses et de l'autisme (encore bien confondus ici) :  défaillance des mères,  relation libidinale, incestueuse, entre elle et son enfant, "la forme désespérée d’attachement de l’enfant à sa mère."," l'identification adhésive", etc.  

Tout cela fait encore un enfant troué, barré, etc, et sans cesse, nous est présenté comme dans le documentaire, des allégations, des formules dont la réalité ne rend absolument pas compte. Ni les théâtres de conflits, personnels ou sociétaux, nous l'avons dit, ni la science. L'observation clinique ? Elle ne permet pas de prononcer quoi que ce soit sur le désir ou la volonté supposée d'un embryon ou d'un nourrisson, comme le fait, on vient de le voir, Pierre Delion : ...le fantasme de corps-unique, primordial chez tout être humain, a bien sûr son prototype biologique qui prend naissance dans la vie intra-utérine. Un propos péremptoire et là encore, qui allègue des choses dont nous  n'avons pas le plus petit début de preuve.
Par ailleurs, il est frappant de voir que la  théorie psychanalytique est fondée pour une part sur un modèle archaïque de société, basé sur l'inégalité des sexes et une sexualisation des rôles. Au père la morale, la supériorité de la loi, la culture (cf les propos de Naouri,dans le documentaire), la puissance, la tempérance, qui lui permet de libérer son enfant, de tracer son chemin. A la mère, le concentré d'affects, de désordres et d'extrêmes.  Bien souvent, un être en perdition, du côté de la négation : elle nie le père, rejette l'enfant. Difficile de ne pas rapprocher tout cela de tout un imaginaire qui a stigmatisé les femmes durant des siècles et attribué aux sexes des rôles prétendument naturels. Là encore, le des vues de l'esprit font figure de vérité. Là encore, la dimension idéologique de la psychanalyse se trouve confirmée.
Rappelons que toutes ces croyances forment des piliers des théories freudiennes. Elles structurent l'histoire de la psychanalyse dès ses fondements. Il n'est donc pas inintéressant de s'y arrêter un moment.

La femme, dans la pensée de Sigmund Freud

“…l’infériorité intellectuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition requise pour la répression sexuelle.”

La Vie Sexuelle, 1969 (articles réunis, parus entre 1907 et 1931)

"C’est un fait connu, et qui a donné aux hommes ample matière à récrimination, que souvent le caractère des femmes s’altère singulièrement une fois qu’elles ont renoncé à leur fonction génitale. Elles deviennent querelleuses, tracassières et ergoteuses, mesquines et avares ; elles font ainsi montre de traits d’érotisme sadique anal qu’elles ne possédaient pas auparavant, durant leur féminité.”

La disposition à la névrose obsessionnelle 1913

“Derrière l’envie de pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers l’homme, amertume dont les productions littéraires des « émancipées » présentent les signes les plus évidents.”

Le Tabou de la Virginité,  1918

“[...] l’enfant ne se comporte pas autrement que la femme moyenne inculte, chez qui subsiste la même disposition perverse polymorphe. Dans les conditions habituelles, celle-ci peut rester à peu près normale sexuellement, mais sous la conduite d’un habile séducteur, elle prendra goût à toutes les perversions et en maintiendra l’usage dans son activité sexuelle. Dans son activité professionnelle, la prostituée met à profit la même disposition polymorphe et, par conséquent, infantile ; et, si l’on considère le nombre immense de femmes prostituées et de celles à qui il faut accorder des aptitudes à la prostitution bien qu’elles aient échappé au métier, il devient en fin de compte impossible de ne pas reconnaître dans l’égale disposition à toutes les perversions un trait universellement humain et originel.”

Trois Essais sur la Vie Sexuelle 1905


L'infériorité intellectuelle des femmes est indicutable, nous dit Freud. Les causes de cette infériorité ? Une inhibition mentale requise pour... une répression sexuelle. On le voit bien ici, un postulat gratuit, conditionné par des mentalités patriarcales , devient pour Freud un fait scientifique (indiscutable). Ce discours permettait en général de déduire que les femmes, de par cette infériorité, devaient rester au foyer, n'étaient pas à même d'accéder à de multiples métiers, ni de prendre part aux décisions importantes de la famille ou de la nation. Chez Freud, non, le postulat est lié d'emblée à des problèmes psychiques et sexuels  : inhibition, répression sexuelle. La stigmatisation des femmes est criante dans le deuxième extrait, qui est une collection de poncifs qu'on peut retrouver depuis l'antiquité. Par ailleurs, c'est quoi, renoncer à sa fonction génitale ? Ne plus avoir de rapports sexuels ? Ne plus avoir la moindre jouissance ? Qu'importe. Le problème est ailleurs. Il est encore dans cet esprit pseudo-scientifique (c'est un fait connu...). On dirait une conversation de bar. C'est connu que les hommes sont plus habiles en mécanique que les femmes. C'est connu que les Noirs courent plus vite que les Blancs. C'est connu que, dès que les femmes renoncent au sexe, elles deviennent des créatures insupportables. Mais pas seulement. Un nouveau symptôme apparaît, et il est sexuel, bien sûr. Il s'appelle "l'érostisme sadique anal".

Le troisième extrait confirme les deux autres. La femme inculte a comme l' enfant une disposition perverse polymorphe. En général, cette femme est "à peu près" normale sexuellement. Et juste après, on est plongé dans Don Giovanni. Le pôle positif, masculin de l'humanité apparaît : Il est habile. Il exerce de la séduction. Il est un initiateur. Les expériences sexuelles qu'un homme et qu'une femme vivent ensemble sont ici un ensemble de perversions mais celui qui les initie a le beau rôle Il n'est pas question de se demander si une femme peut initier un homme à de telles "perversions", il n'est pas question de se demander comment cela touche un homme (toujours cet aspect anecdotique du rôle des hommes dans la théorie psychanalytique) mais seulement la femme, si pervertie qu'elle peut avoir des dispositions de pute sans le savoir.

D'un condensé d'inepties, Freud tire une nouvelle fois des lois "universelles", celles-là même sur lesquelles se fondent toute sa théorie.  C'est ahurissant. Consternant de bêtise.  Nous pourrions multiplier à l'envi les propos de Freud et de ses suiveurs qui démontrent sans cesse l'indigence ou la vacuité des théories proposées, tel le fameux complexe d'Oedipe, que nous examinerons  ailleurs.


Une idéologie bien vivace

L'ensemble des croyances psychanalytiques que nous avons évoquées est toujours très présent dans l'enseignement actuel  :
"Fuller-Torrey, professeur de psychiatrie et longtemps haut responsable au National Institute of Mental Health des États-Unis, rappelle aussi que dans 125 articles de la littérature spécialisée en psychiatrie infanto-juvénile, inspirés par le dogme freudien de 1970 à 1982, les mères sont rendues responsables de 72 sortes de désordres mentaux chez leurs enfants ; aucune mère n’est déclarée émotionnellement intacte, alors que la plupart des pères le sont."
Jacques Bénesteau (Université de Toulouse-Rangueil)
http://www.psychiatrie-und-ethik.de/

Ce que confirment nombre de textes actuels d'enseignement psychanalytique :

"Une des fonctions du bébé est de restructurer sa mère. La femme déprimée qui trouve un bébé souriant en rentrant chez elle (un bébé qui répond et sollicite sa mère), pourra compter sur la relation induite par l'enfant pour restructurer le Moi défaillant, pour se réparer. Le bébé gratifie, satisfait narcissiquement la mère déprimée. On peut donc parler d'évènements circonstanciels d'où résulte l'autisme."
Formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/enfant/pathologie/autiste.htm
"Autisme: repli excessif sur soi-même, enfermement à l'intérieur d'une coquille relationnelle dont la principale conséquence est de protéger l'autiste des contacts extérieurs. Le sujet autistique privilégie dès lors une vie intérieure intense, refusant le vécu angoissant du monde qui l'entoure."

Source : Psychiatrie Infirmière :
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/autisme/autisme-theorie.htm

" On peut remarquer qu'il n'était pas psychanalytique de prendre l'histoire amenée par les parents comme vérité historique - il s'agit de l'élaboration par leur propre culpabilité d'une catastrophe insensée : la non-vie psychique de l'enfant qu'ils ont engendré."
(...)
La réalité d'une maladie autistique s'estompe devant : - soit des maladies autistiques ayant diverses origines, - soit un syndrome autistique témoignant d'une organisation psychique de survie indépendamment des facteurs internes et/ou externes ayant favorisés sa survenue.
La distinction nette entre facteurs de l'environnement et internes est devenue en toute rigueur impossible depuis que l'on prend en compte d'une part les compétences innées du nourrisson à la relation, et d'autre part l'importance des expériences faites par l'enfant dans la structuration de ses connexions neuronales. En revanche, un traitement psychique le plus précoce possible s'impose, surtout si on a la notion qu'une atteinte organique va compliquer la tâche de l'enfant.
L'autisme et son traitement psychanalytique, dégagé de la confusion des conséquences et des causes, imposent aussi de réévaluer d'une manière plus générale, qui concerne également les enfants déficitaires, l'apport à la construction psychique de l'établissement d'une relation non verbale qui prenne en compte l'économie pulsionnelle.
La problématique autistique dans sa spécificité et avec ses paradoxes continue aussi de représenter un défi pour notre compréhension, travail dans lequel nous avons beaucoup à apprendre sur les défenses mutilantes contre les douleurs psychiques extrêmes, sur les désinvestissements et les hyperinvestissements paradoxaux, sur la construction psychique et sa complexité, sur l'accès à l'être de l'humain."
Société Psychanalytique de Paris (SPP)
 source : http://www.spp.asso.fr/main/extensions/items/12_autisme.htm

"La rencontre clinique avec un enfant autiste convoque un sentiment de mort de plusieurs manières, dont certaines sont porteuses d’ambiguïté, ou peuvent entraîner le contre-transfert vers des impasses. Le temps semble arrêté pour cet enfant qui trouve dans ses stéréotypies une éternité de l’instant, avec toutes les conséquences dramatiques qui en résultent pour son développement psychique et affectif qui paraît condamné par le besoin d’immuabilité que soulignait déjà Leo Kanner. L’objet externe semble ne pas exister : la relation à l’autre est comme morte. L’absence d’espoir semble installée entre les parents et l’enfant. Nous discuterons les conséquences qui ont pu être trop hâtivement tirées de ce sentiment. Et pourtant, cet enfant est indiscutablement vivant, provoque des réactions considérables dans son environnement familial qui s’est centré sur lui, trouble souvent la communication à son sujet entre les parents et le psychiatre d’enfant ou l’analyste par son excitation, ou une crise de rage ou de désespoir déclenchée par une frustration, parfois minime – en tout cas par une impuissance à une maîtrise absolue du monde.
 Il y a donc des réactions à l’environnement, des liens pulsionnels à l’investissement par les parents, de l’excitation indiscutablement libidinale (possession érotique joyeuse de la mère par l’enfant que décrit Meltzer, masturbations qui ne semblent aucunement inhibées…) et des réactions défensives, quoi qu’en pensent les cognitivistes qui, comme Uta Frith, prétendent que les troubles autistiques ne découlent que de déficits de l’organisations cérébrale[1]
Le recours à la métapsychologie freudienne m’a été précieux pour penser cette coexistence du libidinal et du mortifère dans la clinique de l’autisme. Ceci impose de suivre l’évolution freudienne de 1920 vers un Au-delà du principe de plaisir qui se révèle très pertinent dans la tentative de compréhension de l’autisme infantile."

Denys Ribas, Psychiatre et psychanalyste, directeur de l’hôpital de jour pour enfants de l’Entraide universitaire, Paris XIIe.
http://www.cairn.info/revue-journal-francais-de-psychiatrie-2006-2-page-18.htm

"Ils ne sont pas comme ils devraient être à leur âge. Ils font preuve d'un mode d'être caractérisé par un hors lien, isolé dans leur monde, un monde clos. Ils témoignent de leur indifférence dès lors que la parole ne se noue pas à l'imaginaire c'est-à-dire au corps et, dans ces conditions, le signifiant ne représente pas le sujet pour un autre signifiant. Ils vivent dans un monde différent de celui de l'interprétation et de la signification.­Pour faire advenir une position de sujet désirant, le registre du Réel, Symbolique et Imaginaire, doivent être noués. Il n'en est pas ainsi pour le sujet autiste pour qui le registre du réel est premier.Bien qu'ils soient baignés dans le champ du langage, ils sont hors discours. Tout l'enjeu, En-Je, est qu'ils puissent s'inscrire dans un lien social, qui leur soit propre et faire advenir un Je qui les représente en accueillant leurs trouvailles infimes et difficilement repérables dont ils font preuve.
Béatrice Radigois"

source : http://www.radio-a.com/index.php?option=com_content&view=article&id=161&Itemid=155&13996e5e045b936f38f0dce4e9388e43=4d79eba91d2327379878c98072b01f28

"S'il y a bien une caractéristique principale de l'autisme, qui correspond à l'étymologie du mot, c'est bien l'absence de relation avec autrui, son ignorance, son évitement, voire l'état d'agitation et de destructivité que parfois les tentatives d'entrer en contact suscitent. Si l'on entend l'Autre avec la polysémie que Jacques Lacan a donné à ce terme (Adulte tutélaire pour l'infans, Langage, Symbolique, Inconscient, altérité radicale), c'est à tout cela que l'autiste ne peut avoir accès. Pour lui, cet Autre n'existe pas car, comme l'expriment Rosine et Robert Lefort (2003), il n'est pas troué. Dit autrement, il n'y a pas de signifiant et de ce fait tout est réel (Balbo et Bergès, 2001), rien n'est symbolisé. Pour saisir ce que cela signifie, une brève explicitation est nécessaire. L'adulte tutélaire de l'enfant est inscrit dans l'ordre symbolique du Langage, est porteur d'une histoire et investit cet enfant de projets, d'attentes, de désirs; faisant donc de cet enfant qui arrive au monde (et avant même son arrivée) un être situé dans le fantasme et dans une lignée. Enfant idéal ou imaginaire, dit-on souvent, pouvant prolonger ou compléter ceux qui l'ont précédé, enfant vécu comme plénitude potentielle."
http://maurice.villard.pagesperso-orange.fr/autisme6.htm

Tout ce catéchisme ne s'appuie jamais sur la réalité observée mais sur tout un fatras de théorie sans cesse asséné par les psys avec des mots abscons, vides de sens. Disséquons ces mots : L'autisme se caractérise par "une absence de relation avec autrui, son ignorance..." On ne peut pas écouter pareille fadaise passer sans indignation. Les autistes connaissent tous des problèmes de communication, mais ils sont extrêmement variables d'une personne à l'autre. Un grand nombre d'autistes communiquent à leur façon et ont une foule de relations. Je rencontre chaque jour des enfants très handicapés intellectuellement, qui me font des grimaces pour m'accueillir, qui me tendent l'index jusqu'à ce que j'y pose moi-même le mien en guise de contact. Mon propre enfant sans langage, avec une cognition très élémentaire, cherche à communiquer en permanence. Entre ses moments de repli, de jeu solitaire ou de stéréotypies, il cherche le regard, l'attention, de manière d'ailleurs si permanente parfois qu'elle en devient fatigante et étouffante. Mon fils aime beaucoup les câlins. Mon fils, toujours, aime faire des blagues. Par exemple, il vous lance le ballon assez haut pour que vous ne le rattrapiez pas et ça le fait rire. Dans certains cas, il trouve des moyens pour vous communiquer ses désirs. Ainsi, il tend un morceau de bois pour me dire qu'il a envie de faire un feu. Mais comme son handicap l'empêche de percevoir de manière complexe la relation sociale, l'altérité, il se sert (parfois) de mon corps comme d'un jouet, il malaxe mes joues, s'asseoit sur moi sans prévenir quand je lis, etc.


Nous le voyons bien, la relation à autrui est faussée, gênée par le handicap, mais, dans bien des cas, elle existe sous de multiples formes. Au lieu de partir de la réalité complexe du handicap, la seule réalité observable, les psychanalyses préfèrent leurs vieux discours idéologiques, dont les allégations sont fantaisistes et truffées de fausseté, nous venons de le voir. Dans le dernier extrait choisi, on le voit bien, on ne parle jamais de la vie complexe de l'enfant en relation avec le monde. Nous l'avons choisi car il représente bien tout le discours de la psychanalyse sur l'autisme. On emploie de grands mots pour dire que "l'adulte tutélaire de l'enfant est inscrit dans l'ordre symbolique de l'enfant... investit cet enfant... de désirs... faisant de cet enfant, avant même son arrivée, un fantasme... Enfant idéal ou imaginaire, dit-on souvent..." Ce discours est totalement artificiel. Il parle de symboles, de fantasmes, de désirs, d'angoisses, et leur confère chez les uns et les autres des dynamiques forgées par les théories psychanalytiques successives auxquelles la science, n'a jamais apporté le moindre fondement mais qui au contraire, ont commencé d'être sérieusement invalidées par elle.


On pourrait continuer ainsi ad nauseam, et on verrait que l'autiste de la psychanalyse ne cesse de nous rapproche de la mort ou de l'enfer relationnel,  choisit lui-même sa condamnation au silence, à la réclusion, que les parents ne se déferont jamais vraiment de leur culpabilité, que les mères auront beau faire, elles trimballeront  toujours des désirs coupables,  libidineux, incestueux, et malheur à elles quand ils les lieront à jamais à leur enfant, pour leur plus grand malheur. Et que dire de son géniteur,  séducteur d'un jour, souvent dindon d'une farce érotico-sado-anale dans laquelle il ne peut prétendre qu'à un rôle de figurant.
Nous avons évoqué jusqu'ici la frange très majoritaire de la psychanalyse qui continue de parler de l'autisme comme si la science n'avait rien dit depuis trente ans à ce sujet. Nous devons maintenant examiner le cas des ces psychanalystes "progressistes", qui seraient attentifs aux avancées scientifiques, qui travailleraient en collaboration avec les éducateurs aux méthodes "cognitivo-comportementales".  


Les  psychanalystes  new-look

http://www.risc.cnrs.fr/pdf/SH206_rencontre_hochmann.pdf
Ce sont ceux qui traitent Bettelheim de "has been", qui reconnaissent du bout des lèvres que la psychanalyse a pu faire des erreurs, que la science apporte ses connaissances aux côtés de la psychanalyse qui apportent les siennes, des éducateurs qui apportent la leur, et que tout ce petit monde doit collaborer pour un meilleur monde possible.
Nous allons donc parler de ces néos-psys au travers de praticiens reconnus. Commençons par Marie-Christine Laznik, au travers d'une interview qu'elle a accordée en novembre 2005 au site Oedipe, dédié à la psychanalyse. Elle est interpellée d'emblée  sur les  critiques adressées aux psychanalystes  :  "Par leur refus d'accepter les causes biologiques et génétiques, ils organiseraient une désinformation des parents et forceraient les parents à se sentir responsables de la maladie de leur enfant". Et Laznik est catégorique là-dessus :
" Personnellement, je suis évidemment en complet désaccord avec ces deux affirmations. Non seulement, un certain nombre d'entre nous souhaite l'avis des autres spécialistes notamment des généticiens, mais nous le réclamons car il est susceptible de nous aider dans notre travail. Il correspond de toute façon à une nécessité. (...) Il m'est arrivé même d'insister pour que l'on refasse un examen alors qu'un premier résultat avait écarté la piste génétique... (...)
Laznik n'a pas peur, non plus, d'affirmer que "Bettelheim était complètement à côté de la plaque. Les mères n’ont rien à voir avec l’origine de l’autisme*", ou que "Les psychanalystes ne sont pas sans reproches". Une psychanalyste moderne, donc, qui semble accepter les avancées  scientifiques, et travaille en collaboration avec d'autres spécialistes.
* pétition de psychanalystes contre le DSM
http://initiative-arago.org/fr/petition.html  

Dans le détail, c'est une toute autre affaire.

Tout d'abord, aucune voix s'élève chez les psychanalystes pour s'indigner et faire en sorte que les pratiques les plus néfastes soient abolies. Aucune révision de l'enseignement non plus, nous l'avons évoqué. La  CIPPA (La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme), dont  Dominique Amy est la présidente, reconnaît"la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien." Et nous l'avons vu dans les discours, dans les enseignements, chacun peut continuer de dire et de faire le pire comme Loison et des tas d'autres, sans être un seul instant ni interrogés, ni mis en cause, et encore moins mis hors de cause. Ce n'est pas une simple contradiction. C'est une contradiction qui prouve le désintérêt total pour les enfants autistes et leurs parents, un mépris caractérisé face à leurs souffrances et aux possibilités existantes de réel développement des enfants et une preuve de plus de l'aveuglement de la discipline psychanalytique.
Par ailleurs, nous allons le voir, les psychanalystes new-look n'ont aucune intention réelle de remettre en question leurs théories au vu des faits. Dans le documentaire, déjà, nous avons un bon aperçu de ce que j'appellerai un accomodement avec la science. Parfois il va de pair avec un évident mépris. Eric Laurent, par exemple,  exprime clairement son dédain de la science et le fait que ce qu'il pourra y trouver ne changera pas sa pratique fondamentale :  La psychanalyse prétend à l'humilité et elle est au contraire imbue d'elle-même. Le pompon c'est "la psychanalyse, comme discours coruscant envers toutes les croyances", elle qui se fonde, nous l'avons-vu et continuerons de le voir, sur un ensemble de propositions idéologiques. Laurent affirme à plusieurs reprises une espèce de condescendance envers toute une humanité qui se nourrit des espoirs de la science, pour lui vains, mais nécessaire à adoucir sa peine. C'est une insulte aux malades ou aux handicapés en général, qui apprennent au fur et à mesure de bonnes nouvelles qui améliorent ou sauvent leur vie.
Un autre type d'accomodement se lit à travers les propos de Bernard Golse. Un  vrai progressiste celui-là, nous le verrons plus loin. Au travers du patrimoine génétique, de phénomènes d''anticorps sécrétés à la naissance par la mère, il opère un glissement plus que grossier, inacceptable, du biologique vers une prétendue anthropologie. "C'est un peu triste à dire..." Il s'excuse d'apporter sa vérité anthropologique : dès la naissance la mère ne supporte pas chez son bébé une partie du père, elle ne reconnaît pas ce bébé alors elle va l'éjecter.  Ce qui est un procédé utilisé par le vivant est transformé ici en conflit  familial, c'est renversant de bêtise.


Revenons maintenant  à  M.C Laznik, qui  admet un consensus  entre psychanalystes, généticiens et "cognitivistes" sur le fait de distinguer psychose infantile et autisme, malgré un flou supposé du DSM IV d'inclure la psychose infantile dans  les TED. La psychose infantile ne fait plus partie des classifications internationales nous l'avons vu, mais passons,  ce qui nous intéresse ici est ailleurs, dans l'argument que la psychanalyse avance pour pemettre la distinction des deux pathologies :
"Si l'on pense avec Lacan – notamment dans le séminaire XI- que dans la constitution du sujet il y a deux temps l'aliénation et la séparation, c'est ce temps de l'aliénation qui manque dans la constitution du sujet autistique, alors que ce que manque le psychotique c'est le temps de la séparation. C'est cette séparation qui vient contrebalancer l'effet de l'aliénation imaginaire, symbolique, réelle, dans laquelle se construit l'appareil psychique de tout sujet."
http://www.oedipe.org/fr/interview/autisme
Et voilà comment tourner le dos à la science d'un seul coup de rein pour affirmer les vieux principes spiritualistes de la psychanalyse, ceux-là mêmes que nous avons dénoncés comme faisant partie de la croyance, de l'idéologie. Celle-ci est patente dans nombre de communications de cette psychanalyste :
..."pour les bébés à devenir autistique, la question est plus celle de la régulation de la jouissance, que celle de la reconnaissance de la place du sujet. Pour eux la jouissance orale dévorante serait hyper discriminée et entraînerait une fuite. Il s'agirait de dégager la place d'une possible jouissance phallique."

Source :  http://www.cairn.info/article.php?REVUE=journal-francais-de-psychiatrie&ANNEE=2006&NUMERO=2&PP=49

Laznik a créé avec d'autres confrères une association, appelée PréAut, dont le but principal est "de travailler dans le sens de la prévention à partir de signes  précurseurs du  syndrome autistique chez les bébés."  Avant de parler de ceux listés par l'association, voyons ceux qui sont décrits depuis près de trente ans et étudiés au travers des films familiaux :
"Entre 0 et 1 an, il faut prêter attention à une absence de sourire social (en réponse au sourire parental), un défaut d’attitude anticipatrice (l’enfant ne tend pas les bras quand son parent s’approche), une fuite du regard, une impression de surdité (défaut de réaction aux sons ou à l’appel du prénom), un défaut de vocalisations ou une absence d’angoisse de l’étranger (peur face aux non familiers qui apparaît vers 9 mois).
Entre 1 et 2 ans, l’absence de jeux de faire semblant, d’attention conjointe (suivre le regard de l’adulte pour regarder la même chose) et de pointage déclaratif (montrer du doigt ce qui intéresse) sont considérés comme de sérieux signes prédictifs. Il n’est pas rare d’observer aussi des attitudes contemplatives (de lumière, d’objets circulaires ) et des mouvements répétitifs (balancements, pianotage des doigts)."
Association Nationale des Centres Ressources Autisme (ANCRA)
 http://www.autismes.fr/fr/signes-precoces.html

Et voici ce qu'affirme en résumé  la "recherche" de l'association PREAUT :

"1)  le bébé ne cherche pas à se faire regarder par sa mère (ou son substitut), en absence de toute sollicitation de celle —ci (S1).
2)  le bébé ne cherche pas à susciter l'échange jubilatoire avec sa mère (ou son substitut), en absence de toute sollicitation de celle-ci (S2).
3)  L'évitement du regard est un signe grave et bien connu, qui peut s'observer plus généralement dans le cas de mères dépressives ou chaotiques. Il ne serait pas significatif d'un risque d'évolution vers des troubles graves de la communication que lorsqu'il se présente associé à la non capacité du bébé à susciter l'échange jubilatoire avec la mère (S2) viendrait corroborer le risque détecté par (S1).
4)  Beaucoup d'autres paramètres sont également en cours d'étude coordonné par le Pr C Bursztenj du CHRU de Strasbourg.
5)  Ce que nous a permis cette attention nouvelle à l'endroit de ces  enfants, bien avant trois ans, a le mérite de nous avoir amené à  prendre en charge un enfant et sa famille à un moment où les choses ne sont pas encore ou presque définitivement arrêtées, c'est à dire à un moment où ils n'ont pas pris des habitudes relationnelles qui isolent parents et enfant du même monde.
6)  Ce qu'il y a de remarquable chez les bébés et leurs parents quand leur bébé souffre de ces troubles-là, c'est que cette absence relationnelle vient remettre en question et de façon très grave les capacités maternelles et paternelles et, à la façon du bébé  (pas de répondant du côté du bébé), il peut arriver que le même évitement relationnel frappe parents et enfants et du même coup, l'absence de relations du bébé à son entourage cesse de surprendre les parents qui, malgré leur inquiétude, n'ont plus le ressort pour réagir.
l'Ecole Rhône Alpes d'Etudes Freudiennes et Lacanniennes se doit de soutenir une démarche qui, à notre sens, si nous arrivons à la mener jusqu'au bout, a des chances de nous permettre de soigner, dans le cadre d'une  prévention, bien plus efficacement ces enfants qui ne sont pas nombreux à souffrir de ce syndrome mais face auxquels nous sommes le plus souvent, quand, à trois ans, les choses se sont installées, bien en mal de leur éviter de devenir déficients. C'est une bataille contre ce risque qui est menée tous les jours dans nos institutions.
Alors, même si les sciences comportementalo-cognitivistes promettent avec comme seuls outils et comme seul souci l' éducatif,  nous avons du mal à considérer leurs résultats positifs tant ils réduisent à un unique sens, le sens même de la vie. Il n'est pas abusif de dire que, pour le coup, le projet actuel  est de « dresser » ces enfants, ce qu'il ne leur évite pas de devenir déficients ….)  
Le sens même de la vie n'est pas de renforcer une parfaite « autonomie » (ce mot est à la mode pas seulement pour ces enfants-là…) mais de vivre dans un rapport aux autres  (si singulier soit-il) , intelligent au bon sens du terme. "
http://www.ecole-freud-lacan.com/grenoble/clinique-psychanalytique/appel-de-l-association-preaut.html

Le basculement de la connaissance vers la croyance, une fois encore, est patente. D'un côté la neutralité clinique, athéorique, qui propose un outil  aux parents, aux médecins, etc., et de l'autre, une liste où le seul et unique regard clinique, le premier point, est un peu tordu : "le bébé ne cherche pas à se faire regarder".  Le deuxième point introduit une attente psychanalytique suspecte :  "échange jubilatoire"  (plaisir, libido..), là où l'observateur neutre devrait parler de multiples échanges avec son entourage (cris, regards, pointages, etc ), la jouissance (sourires, rires..) n'étant qu'un élément parmi toutes les manifestations du petit bébé où on pourrait parler de curiosité, écoute, attention etc.   L'évitement du regard, troisième point, et là encore la mère dépressive revient à la charge, avec une corrélation toute psychanalytique, toujours culpabilisatrice,  et aucunement scientifique. Les cinquième et sixième points mettent encore en défaut ces parents dans la relation : " habitudes relationnelles qui isolent parents et enfant du même monde", "qui n'ont plus le ressort pour réagir.", "cette absence relationnelle vient remettre en question et de façon très grave les capacités maternelles et paternelles", ou dans l'interview d'Oedipe : "Pour une mère, cela est assez terrible et va l'empêcher de devenir inventive".  
Envers et contre toute expérience clinique, on le voit, les psychanalystes continuent de responsabiliser d'une manière ou d'une autre les parents dans la survenue ou l'aggravation des troubles de leur enfant. Allez parler d'absence relationnelle, de remise en cause grave des capacités maternelles  à ces milliers de parents qui se battent pour comprendre et aider leurs enfants, et étonnez-vous ensuite de leur colère !  
On le voit sans cesse, donc, toute l'approche psychanalytique de l'autisme est anti-scientifique. On ne part jamais de ce qu'on sait, de ce qu'on voit, mais on est d'emblée et perpétuellement dans l'interprétation, celle qui collera le plus aux principes sacrés de la discipline : jouissance, désir, plaisir, libido, sexe, pulsion, etc.  Comme pour tous les psys new-look, M.C Laznik accomodent les recherches scientifiques à la sauce psychanalytique :
" Dans le cas de l'autisme ; le bébé est alors aux abonnés absents. Pour une mère, cela est assez terrible et va l'empêcher de devenir inventive. Cela va se répercuter sur sa prosodie, sa voix ne sera plus porteuse d'une pulsion invoquante capable d'aller chercher son bébé.
Un psychanalyste peux arriver à remettre en route ce circuit pulsionnel en jouant avec le bébé et sa mère. Dans ce lien transférentiel, la mère peut retrouver une voix porteuse de la pulsion invoquant que l'indifférence de son bébé avait éteint. Cette nouvelle pulsion, introduite par Lacan, joue un rôle essentiel dans toute cette affaire. J'essaye de démontrer dans mes recherches qu'il y a certaines dimensions prosodiques et rythmiques auxquelles nul ne peut se soustraire, pas même le bébé à risque autistique. S'il répond à la voix humaine, cela active des zones cérébrales qui dans le développement de l'autiste- comme cela a été montré récemment - ne sont pas normalement activées et périclitent.
Ce que je cherche à te montrer c'est au fond que nos concepts psychanalytiques, nos constructions méta psychologiques sont susceptibles d'aider et d'éclairer non seulement la clinique mais aussi la recherche des autres disciplines et d'aider à leur progrès comme leur progrès nous aident aussi à y voir plus clair."
http://www.oedipe.org/fr/interview/autisme
Bien sûr, le langage adressé au bébé développe des réseaux neuronaux, oui la prosodie maternelle  a de l'importance (mais aussi la lenteur du débit, l'accentuation des syllabes, etc.) mais aussi, plus généralement, l'attention au bébé, la réponse à ses sollicitations, etc.  Les carences de langage dans l'environnement influent sur la manière qu'a le cerveau de se structurer, mais dire que la "voix n'est plus porteuse d'une pulsion invoquante" ne signifie rien en termes scientifiques. Il s'agit d'entretenir, de développer le lien avec son enfant pour le conduire au mieux sur le chemin du développement personnel, de la  socialisation, et pas  "remettre en route ce circuit pulsionnel ", pas "un lien transférentiel", et on ne voit absolument pas comment, une fois encore, les "concepts psychanalytiques" et "constructions méta psychologiques" seraient "susceptibles d'aider et d'éclairer".  
Une autre interview permet de compléter ce regard sans cesse biaisé sur les sciences. Elle commence par de récentes recherches de Monica Zilbovicius, c'est elle qui parle :
"L’être humain naît avec une attirance particulière pour les stimuli humains, du coup, il se spécialise, il devient un expert pour la voix humaine et le visage. Il y a probablement chez les autistes quelque chose d’inné, ils ne naissent pas avec cette attirance […]. Du coup, ils ne deviennent pas experts, et le développement de la région corticale ne se fait pas de la même façon."
Mais chez Laznik, c'est "ce qui ne permet pas que la fonction Grand Autre vienne se constituer."
source :
http://www.cairn.info/article.php?REVUE=journal-francais-de-psychiatrie&ANNEE=2006&NUMERO=2&PP=49
Devant ce problème, la scientifique propose de trouver des moyens ludiques, dès quatre ans, qui donneraient envie à l'enfant d'écouter la voix humaine. Laznik, elle, prétend que "la psychanalyse peut avoir, dans sa praxis, de quoi donner cette envie, c’est l’essentiel de mon travail auprès des bébés et de leurs parents. Bien avant l’âge de 4 ans : il s’agit de savoir si un psychanalyste peut permettre à un bébé de découvrir le plaisir de susciter le plaisir chez l’Autre."
On perçoit ici une différence essentielle entre la psychanalyse et les sciences  : Ici, il y a des fonctions cognitives absentes ou en mauvais état de marche et la scientifique est pragmatique, comme le seraient des éducateurs. Elle cherche un outil qui  activerait, stimulerait cette fonction en suscitant l'intérêt  de l'enfant. Là où Laznik, pour la millième fois ne parle que de "plaisir" ou du "plaisir de susciter un plaisir".  Mais il y a pire :
"déjà, pourrions-nous penser à une volonté d’un proto-sujet de ne pas entendre cette voix humaine ? Y aurait-il un facteur d’hypersensibilité chez ces bébés, qui les mènerait à éviter une voix humaine pour peu que cette dernière soit porteuse du moindre signe dépressif ? Comme si cela ne pouvait pas ne pas engendrer chez le bébé une réponse de type dépressif intolérable."
* "Frances Tustin avait évoqué quelque chose d’analogue chez ces bébés, qui les mènerait à éviter une voix humaine" (note des intervieweurs).
Voilà, on retombe à nouveau dans les croyances pychanalytiques, avec cette fameuse "volonté d'un proto-sujet" à ne pas faire, pas voir, par la fuite devant la dépression, par une réponse dépressive du bébé. On n'en sort pas.
D'autres exemples de ce glissement perpétuel entre connaissance et croyance nous sont donnés  dans l'interview, où La psychanalyste parle à son confrère de ses patients. Il y a  d'abord Mourad, un autiste de haut niveau.
" Récemment, il a été privé de portable parce qu’il avait appelé tant et tant de fois par jour ses copains proches que ces derniers ont fini par aller se plaindre au proviseur, qui a interpellé les parents, qui, eux, ont dû retirer son portable à Mourad.
Quelle signification à cet épisode ?… sinon que Mourad n’entendait pas… Quand il appelait ses copains de façon répétitive, pour leur redire les mots qu’ils lui avaient dits au lycée, il n’a pas perçu, dans le ton du « arrête ! », le moment où cela a basculé vers l’insoutenable pour les autres. Il est tombé des nues quand les cinq se sont plaints."
C'est un exemple autistique typique , où la communication est mal interprétée, la réponse sociale inadéquate, et la neurologie nous explique que ces compétences sont altérées par un certain nombre de dysfonctionnements ou de malformations du   cerveau :
"Les études de tomographie par émission de positrons (TEP) chez des sujets autistes ont par ailleurs souligné des déficits dans l'interaction coordonnée entre les systèmes corticaux et sous-corticaux impliqués dans l'attention dirigée. Le dysfonctionnement des processus de l'attention, importants dans l'acquisition des habiletés de communication sociale, peut expliquer les troubles dans la socialisation rencontrés dans l'autisme."
http://www.autisme.qc.ca/TED/recherche/etiologie/etiologie-une-revue-des-progres-genetiques.html
Mais Laznik préfère expliquer les problèmes de Mourad autrement :
"C’est la question de l’énonciation dans l’énoncé, articulée bien sûr à la question pulsionnelle. Sur le graphe du désir dans le séminaire de Lacan, nous voyons que l’énonciation dessine une ligne allant du registre de la jouissance de l’Autre à la pulsion. C’est ce qui fait problème pour un autiste, même si par ailleurs il n’a pas de graves difficultés pour les études, liées en grande partie au registre des codes, c’est-à-dire dans le strict domaine de l’énoncé.
Ils sont là les problèmes de Mourad, les difficultés de Mourad avec ses copains. (...)
"Il ne peut pas repérer quelque chose de l’affect dans la voix… Quelque chose qui a trait au registre de l’énonciation dans l’énoncé. C’est la question de la pulsion…"
Je conseille au lecteur de lire l'interview en entier, Laznik et l'autre psy regardant des vidéos familiales et les commentant, ça ne s'invente pas :
"-  À partir de ce moment, je vais faire tout un travail psychique, il faut que je me trouve un moyen et de m’étonner et de m’émerveiller. Si je ne m’émerveille pas, ça n’ira pas. Je vais m’inventer un cinéma intérieur.
- Du fait que ce sont les pics prosodiques qui accrochent l’enfant, ce « Hum ! Miam ! » ne vient-il pas te représenter de façon signifiante pour cette petite fille, par ces signifiants « plaisir » justement dans la musicalité de ton propos ?
- Oui, le pic prosodique, ça n’est rien d’autre qu’une manifestation de sidération et lumière, surprise et plaisir, c’est articulé à la présence psychique de l’autre.
- Oui, tu l’expliques bien dans tes travaux.
-  Alors vous avez entendu, je lui dis : « Sens l’odeur ! » C’est complètement aberrant, on ne sent pas l’odeur ! C’est « sens l’odeur ! » ou « Regarde l’odeur ! » Je ne sais même plus ce que je lui ai raconté. Parce que moi pour me faire mon cinéma interne je m’imagine une plante, j’imagine la vanille que je n’ai jamais vue… j’ai découvert après que ça s’appelait le gardénia.
-  Le gardénia ? en plus c’était la fleur de Freud !
- De façon plus triviale, j’imagine cela parce que le yaourt est blanc et sent la vanille. J’imagine ce que je peux ! J’imagine l’odeur de la vanille, en fait je vois un grand gardénia, et je dis à Marine : « Regarde l’odeur ! » Parce que je suis en train de lui montrer le plant de gardénia. Elle se met donc à me regarder ! C’est gagné et ça tient le reste de l’entretien.
- C’est intéressant, ces deux pulsions liées là.
- Tout à fait, les deux pulsions sont liées, le regard et l’odorat, et du coup je suis ébahie. Je peux vous dire que je le vois mon plant avec sa feuille verte et ses grandes fleurs blanches, Je suis devant un gardénia géant… Je n’en ai jamais vu de ma vie, je sens l’odeur de la vanille, et là évidemment, je m’étonne. Je n’ai d’ailleurs jamais vu de gardénia.
- Tu es allée la chercher loin ta capacité à rêver.
- Il le fallait, ça a marché.
- On ne peut pas tricher…
- On ne peut pas tricher et en plus il faut parfois inventer !
- Les enfants autistes ne nous pardonnent pas de ne pas inventer quoi ? Un jeu de leurre ?"
Ça vaut son pesant de cacahuètes, non ? On se demande à qui Laznik veut faire du bien : à l'enfant ou à elle-même ?
Un autre exemple d'accomodement new-look, maintenant, avec Jean Rouillon,  issu de l'Ecole de la Cause Freudienne, psychanalyste à Clermont-Ferrand, directeur du Centre de  Nonette . A peu de réserve près, la première partie de son papier est une introduction  riche et claire sur le sujet de l'autisme :
"C’est en effet, à partir de la question de l’autisme, que la notion de maladie mentale, pour ce qui concerne les enfants, est devenue obsolète, qu’elle a laissé progressivement la place à la dimension du handicap.  Le handicap qui trouve sa cause hypothétique dans les profondeurs du corps, entre neurones et gènes, vient nommer un déficit, un dysfonctionnement qu’il s’agit de compenser par la voie d’apprentissages permettant à l’autiste d’accéder à l’autonomie, ce qui est un comble pour celui qu’on définit comme en retrait de tout lien social.
Dès son plus jeune âge, il s’agit de donner un diagnostic à ses troubles, il s’agit de le stimuler, de le soumettre à des apprentissages afin qu’il sorte de son monde, afin qu’il puisse vivre dans le nôtre en se sentant utile. On devine qu’il s’agit là d’une tâche infinie qui laisse peu de repos aux différents protagonistes de cette aventure qui se décline en livres, reportages et témoignages.
C’est l’autre versant que nous dévoile l’autisme. Il ne s’agit plus d’une question de spécialistes, il ne s’agit plus non plus d’une question dont se saisit la société pour s’interroger sur l’humaine condition."
(...)
Les élèves de Freud, dans leur volonté de nouer la psychanalyse à la psychologie, dans leur souhait d’effacer la dimension de scandale que présente l’invention de la psychanalyse, se sont d’abord livrés à une lecture développementale de l’autisme, trouvant alors son origine dans la relation, ou plutôt l’absence de relation de l’enfant à la mère. (...) Cette déviation de la voie psychanalytique devait d’ailleurs se payer au prix fort, par la mise en cause de la psychanalyse comme méthode inadaptée au traitement de l’autisme. "

On notera  le caractère "hypothétique" de "la cause" du handicap. Il n'y a pas une cause du handicap mais des causes, qui n'ont rien d'hypothétique. Mais passons,  car il est rare de lire des textes d'obédience psychanalytique où cohabitent remise en cause, mise en avant de l'importance des apprentissages, compréhension des familles, etc.
 Pourtant, on reste frappé tant la deuxième partie contraste avec la première. Elle nous explique d'abord que c'est Lacan qui a commencé de critiquer les dérives dont il vient d'être question. A partir de là, on va le voir, on bascule du réel dans l'imaginaire, et le discours magique de la psychanalyse, sans prise sur la réalité, se déroule avec sa propre logique, ses propres inventions :


"Ce qui le relie, c’est un mot « Le Loup », mot où la loi vient se présentifier sur son versant insensé. L’autiste a ainsi affaire au surmoi, non celui de l’Œdipe qui ordonne le désir à la loi, mais un surmoi féroce qui le livre à la jouissance de l’Autre. Ce signifiant insensé qui le soumet à tous les égarements est pourtant aussi bien celui qui va le soutenir dans son opération d’élaboration du monde dans lequel il a été jeté dès lors que l’analyste, Rosine Lefort, consent à l’incarner dans sa rencontre avec le sujet. Elle peut l’incarner en nommant les unes après les autres, les diverses tentatives de ce sujet pour faire trou dans le réel. C’est ce qui lui permet de se livrer à cette scène du baptême où son corps peut enfin prendre forme d’extraire l’objet qu’il était face à la gueule béante de l’Autre.
Le signifiant, dans l’autisme, ne se présente pas sur son versant d’articulation, sur son versant de sens. Il se présente comme unique, comme tout seul, aussi bien sur le versant du commandement que sur le versant d’une satisfaction liée à ce qui résonne de sa substance sonore. Quant au dire, il ne doit pas se situer dans les rivages du sens, mais ouvrir par la voie du redoublement à l’émergence d’une écriture singulière où ce qui s’entend peut trouver à se satisfaire dans une adresse à l’autre. C’est dans cette adresse à l’autre que vient se dessiner le lieu d’une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être. C’est cette voie qui permet au sujet autiste de construire un espace où s’appareiller dans son rapport au réel. Ce n’est pas le langage qui structure le monde de l’autiste, mais sa langue particulière, dès lors qu’elle lui donne matière à trouver une satisfaction dans un dialogue avec l’autre, satisfaction qui vient faire limite à l’exigence infinie de la jouissance.
Le psychanalyste ne doit pas reculer devant l’autisme. C’est en effet, à partir de ce qu’il a pu extraire de sa propre analyse, qu’il peut offrir au sujet autiste qui y consent, la chance d’un dialogue au cours duquel peut se tisser dans une adresse inédite, une voie enfin singulière au-delà de la pulvérulence des entendus."


 Le basculement de la réalité vers l'irréalité est stupéfiant, et toujours et encore porté par le charabia  habituel, totalement dépourvu de faits, de manifestations de vie  : aucun mot sur le comportement de l'enfant autiste, sur ses multiples difficultés, émotions, réactions, au quotidien.  A des degrés très variables, et selon les cas, les autistes ont des problèmes de sommeil, de repérage spatio-temporle, un spectre alimentaire réduit, de l'épilepsie, des intérêts restreints, des stéréotypies, etc. Selon les cas,  selon les jours, ils font des câlins, jouent  dans leur coin, frappent les choses ou les gens, ou eux-mêmes, embrassent, refusent le contact ou veulent être pris dans les bras, monopolisent votre regard, votre attention ou au contraire s'en détournent, aiment l'eau ou non, sont sensibles au bruit ou non, etc, etc.   Toute cette vie concrète n'apparaît jamais dans le discours psychanalytique, c'est une constante  et l'enfant (autiste ou pas) est réduit à  une âme éthérée où s'agitent des énergies contradictoires, libidineuses, mortifères,  avec des résonnances, des jouissances, des sacrifices, etc. Le tout toujours illustré par des métaphores ou des formules absconses  : "versant d'articulation... versant du commandement... rivages du sens.. voie du redoublement... lieu d'une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être...", etc.)
Ces paroles ne peuvent pas prétendre rapporter sérieusement le réel. Elles ne se confrontent pas à lui, n'en rendent pas compte, mais articulent des inventions propres à une pensée, un imaginaire, en les faisant passer pour vraies.  De cette manière, n'importe quel délire peut être pris pour la réalité. C'est un mode idéologique, dont la pensée, la logique fonctionne en vase clos avec son lot de propositions, de formules cryptées et accessibles seulement aux initiés. Si, comme dans les mathématiques ou la physique, par exemple, ces formules s'appliquaient à rendre compte de phénomènes existants (comme celui du volume d'une sphère ou de  la masse d'un objet dans sa chute), le bons sens leur accorderait une évidente légitimité. Mais elles ne rendent compte que d'imaginaires et d'inventions de toute une cohorte de gens depuis Freud. C'est tout le problème.

L'ÉDUCATION

La psychanalyse se bat contre l'envahissement des terchniques cognitivo-comportementales, nous dit Alexandre Stevens. En apparence, les psychanalystes "spiritualistes" et rétrogrades qui s'expriment ainsi semblent être opposés aux  psys new-look qui se sont adaptés à l'air du temps :  Dominique Amy, Geneviève Haag ou Bernard Golse ont signé un article en réaction au documentaire du Mur dans lequel "ils proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant." (...) Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique. "
http://www.rue89.com/2011/12/08/autisme-des-psys-alertent-sur-les-meconnaissances-227345


On se souvient des propos méprisants du même Golse, dans le documentaire, sur les avancées scientifiques, et on a vu la méthode des psys new-look de mettre un coup de ripolin sur leur discipline pour lui redonner du brillant. Ainsi, on lira ceci dans la présentation de l'association PréAut : "Alors, même si les sciences comportementalo-cognitivistes promettent avec comme seuls outils et comme seul souci l' éducatif,  nous avons du mal à considérer leurs résultats positifs tant ils réduisent à un unique sens, le sens même de la vie. Il n'est pas abusif de dire que, pour le coup, le projet actuel  est de « dresser » ces enfants, ce qu'il ne leur évite pas de devenir déficients ….)"
C'est très clair. Les psychanalystes  n'ont accepté de travailler avec d'autres parce qu'ils n'ont pas le choix. Ils se moquent de la science. Ils se moquent de l'éducation.  Mais les résultats sont là et démontrent l'aveuglement des psychanalystes de tous bord :
" Les premiers travaux sur la prise en charge précoce sont ceux de Lovaas (Lovaas, 1987) et de Strain et collaborateurs (Strain et Hoyson, 1988 ; Strain, Hoyson et Jamieson, 1985). Ces deux équipes ont mis en place des programmes reposant sur l'approche comportementale. Strain et ses collaborateurs ont combiné destechniques comportementales avec une approche développementale et ont pratiqué l'intervention dans le cadre de l'intégration.
Pour ces deux équipes, les résultats sont impressionnants puisque, lorsque les enfants ont bénéficié d'une intervention intensive a    vant  l'âge de 5 ans, environ la moitié d'entre eux rejoint ensuite le cursus scolaire normal (47 % pour Lovaas et 52 % pour Strain et collaborateurs) et n'a plus besoin de suivi. D'autres études portant sur des programmes similaires ont aussi apporté de bons résultats mais jamais à la hauteur de ceux annoncés dans les premières publications (Olley et al., 1993  ; Fenske et al., 1985)
(...)  Aux Etats-Unis... les programmes pour enfants d'âge préscolaire se sont beaucoup développés dans le courant des années quatre-vingt (Olley et al., 1993) et l'on dispose maintenant d'évaluations de leurs effets. Dans les revues récentes de cette question (Rogers 1996 ; Erba, 2000) les résultats  des programmes d'intervention sont très positifs.
(...)  Ces études ont en effet montré un effet significatif sur le développement avec une augmentation du QI, une amélioration du langage, l'installation de comportements sociaux, plus adaptés et une diminution de l'intensité des comportements autistiques chez les enfants pris en charge. De tels résultats sont généralement enregistrés en 1 ou 2 ans d'intervention précoce et intensive. La majorité des enfants pris en charge (73 %) atteint un niveau de langage fonctionnel à la fin de la période d'intervention (en général vers cinq ans). Les acquis réalisés dans tous les domaines du développement ont été préservés après la fin de l'intervention ce qui montre la stabilité des résultats obtenus. "
Bernadette Rogé  : Autisme, comprendre et agir, Editions Dunod, 2004

 

29 mai 2013

Autisme et école : yes we can, épisode 2

article publié dans Agora Vox

Nous avons présenté il y a quelques semaines le parcours de plusieurs élèves avec autisme, dont la scolarisation à l'école ordinaire est un succès. De vifs débats ont suivi, tant ce sujet est sensible dans un pays comme la France qui ne scolarise que 20% de ses enfants autistes, là où les autres pays développés arrivent à 80%. Ces parcours semblent incroyables alors que beaucoup continuent de croire, à tort, qu'un autiste est incapable du moindre progrès et qu'il « serait tellement mieux en institution spécialisée ».

Voici donc d'autres succès vécus d'enfants autistes à l'école, pour montrer de quoi nos enfants sont capables pour peu qu'on leur donne leur chance et qu'on croie en eux. En ces temps moroses, espérons que ces histoires vraies qui se passent bien donnent de l'espoir aux uns et fassent évoluer les mentalités des autres.

 

Nathan

Nathan a 4 ans. Il a été diagnostiqué « autiste typique modéré » il y a un an. Il a un important retard de langage, et un léger retard de développement. Après une petite section effectuée en jardin d'enfants municipal, il rentre en moyenne section dans son école maternelle de secteur, 18 heures par semaine, avec accompagnement individuel par un AVS sur ces 18 heures.

Selon ses parents, « l'accueil de l'école a été formidable : la directrice, la maîtresse, l'AVS et les ATSEM ont fait en sorte que notre fils soit scolarisé dans les meilleures conditions possibles, et ont beaucoup réfléchi aux moyens de l'aider à s'intégrer ». Il est dans une classe multi-niveaux. En début d'année, la maîtresse le fait donc travailler plutôt avec les élèves de petite section, afin d'évaluer ses compétences et sa capacité à gérer l'échec et la frustration, et surtout afin de le laisser s'installer tranquillement dans ce nouvel environnement. Cela met d'emblée Nathan dans une position de réussite. Il intègre ensuite progressivement le groupe des moyens, avec qui il travaille maintenant. Il est à l'aise sur certaines activités, moins sur d'autres, mais son AVS est là pour le guider. Sa psychologue a pu intervenir à l'école pour observer son comportement en classe et donner des conseils à la maîtresse et l'AVS, qui ont trouvé ces échanges très enrichissants.

Nathan a parfois d'importantes phobies, gérées avec beaucoup de tact par la maîtresse et l'AVS. Une phobie de la musique apparait ainsi début 2013, et devient vite très envahissante, suscitant une angoisse très forte et quasi permanente chez lui. La maîtresse décide alors d'elle-même de ne plus écouter de musique en classe lorsque Nathan est présent, le temps que sa psychologue travaille avec lui sur ce problème. Peu à peu la phobie de la musique disparait, et la maîtresse remet progressivement en place des séances d'écoute musicale et de chant.

La réunion de préparation pour l'année prochaine vient d'avoir lieu à l'école. Chacun s'accorde à dire que Nathan y a toute sa place, qu'il y est heureux (ce que ses parents constatent tous les jours), et qu'il y apprend. Ses interactions avec les autres enfants sont encore limitées, mais ses camarades sont très gentils avec lui, le sollicitent et lui apportent spontanément leur aide. Ses parents constatent chaque jour combien le contact avec les pairs non autistes est primordial ; « nous sommes persuadés qu'il trouvera petit à petit du plaisir dans le jeu avec les autres enfants », nous disent-ils.

La maîtresse témoigne également que certains enfants se sont beaucoup adoucis à son contact. Un petit garçon un peu querelleur l'a pris sous son aile, et cela a été bénéfique pour l'un comme pour l'autre.

Pour cette famille, c'est une belle histoire qui commence : celle d'un petit autiste à l'école, accueilli avec intelligence, respect et bienveillance, par les adultes comme par les enfants.

 

Albin

Les soucis d'Albin ont débuté vers ses 3 ans. A l'époque, Albin refusait de participer aux activités de groupe et devenait violent, ce qui posait de gros problèmes en collectivité. Ses parents consultent alors un CMP ; pendant 2 ans Albin y est reçu par un pédopsychiatre sans faire de réel progrès. « On ne nous donnait ni diagnostic, ni conseil », témoignent ses parents. Lorsqu'on leur parle d'une orientation en CLIS avec prise en charge à l'hôpital de jour, ils décident de quitter le CMP. Ils parviennent à trouver un pédopsychiatre compétent en libéral, et obtiennent un diagnostic d'autisme alors qu'Albin a 5 ans passés et est sur le point d'entrer en grande section de maternelle.

Une prise en charge adaptée est enfin mise en place, et le handicap d'Albin est reconnu par la MDPH qui attribue l'aide d'une AVS pour l'école. Albin poursuit sa scolarité en CP avec son AVS. Il sait lire au bout d'un trimestre et malgré quelques troubles du comportement, il effectue une très bonne année scolaire. Pour son entrée en CE1, il a la chance d'intégrer un SESSAD spécialisé en TED qui propose des thérapies psycho-éducatives conformes aux recommandations de la HAS. Ainsi, toujours accompagné d'une AVS, il reste scolarisé en milieu ordinaire jusqu'en CM2.

Lors de l'entrée au collège, l'écart entre Albin et les autres enfants devient flagrant. Albin n'a pas les mêmes intérêts que les autres enfants et il a du mal à s'intégrer à des conversations sur des sujets qui ne l'intéressent pas. Ses parents préfèrent alors demander une scolarisation au collège au sein d'un ULIS. Cependant ils ne trouvent aucune place disponible et n'ont donc d'autre choix que de l'inscrire en 6ème ordinaire, de faire une demande d'AVS et d'aménager son emploi du temps en fonction de ses difficultés et des prises en charge au SESSAD.

Le premier trimestre est catastrophique : les troubles de comportement sont tels qu'il est exclu de la cantine, des cours d'EPS et des journées d'intégration des 6ème. Albin est sanctionné d'un avertissement puis un blâme. Ses notes ne sont pas mauvaises mais il est intenable, très agité, surexcité en permanence. Ses parents comprennent vite que l'AVS pose un problème et sur leur demande, après bien des tracasseries, une autre personne est affectée pour aider Albin au 2è trimestre.

Les choses changent alors radicalement : Albin obtient les encouragements au 2è trimestre et passe en 5ème. Ses notes sont en légère baisse mais il n'a plus aucun problème de comportement et il s'est même fait des copains… Albin a pu réintégrer la cantine et les cours d'EPS.

« Je suis très fière de lui, de ses efforts et du chemin qu'il a parcouru depuis que nous avons le diagnostic » nous confie sa mère. « Je demeure persuadée qu'un adolescent autiste, bien accompagné, a sa place au collège. Mon enfant progresse et apprend au contact des autres adolescents. Il est fier et heureux d'aller au collège comme les autres. »

Depuis le CM2, Albin est conscient de sa différence. Il a vu "Le Cerveau d'Hugo" à la télévision, il sait que beaucoup d'enfants autistes ne sont pas scolarisés et il sait aussi que beaucoup sont à l'hôpital de jour. Il ne comprend pas : pour lui, la place des enfants, quel qu'ils soient, est à l'école.

 

Charlotte

Charlotte viens d'avoir 6 ans. Elle est scolarisée en grande section de maternelle avec une AVSi 12h par semaine.

Son adaptation en petite section fut très difficile. Elle ne participait à rien, était très frustrée, tournait en rond et pleurait tout le temps (surtout au moindre changement de lieu). La moyenne section fut plus tranquille, Charlotte allait avec plaisir à l'école mais le décalage au niveau du langage et des apprentissages se creusait de plus en plus. Le diagnostic tomba au début de sa grande section : autisme atypique. Ses parents découvrent alors le parcours du combattant commun à tout parent d'enfant autiste ; au milieu de tout cela une chance : le dossier est traité très rapidement par l'école puis la MDPH, qui attribue une auxiliaire de vie scolaire 12h par semaine.

Les parents de Charlotte communiquent beaucoup avec sa maitresse et la directrice de l'école. Ils leur envoient des informations sur l'autisme et des propositions d'aménagements pour soutenir la scolarisation de leur fille, comme par exemple la mise en place de temps de repos au coin bibliothèque en cas de besoin, ou encore déplacer son bureau pour lui permettre une activité différenciée de ses camarades à certains moments. Charlotte peut ainsi mieux se concentrer pour travailler avec l'aide précieuse de son AVS. Il suffit de ces quelques petits riens pour que Charlotte revienne aujourd'hui radieuse de ses journées en classe.

« Ce que je j'aime le plus, » confie sa mère, « c'est que sa maitresse ne pointe pas tout le temps les points 'négatifs' de Charlotte, mais qu'elle se réjouit du plus petit progrès de notre puce, et qu'elle se creuse la tête pour la faire avancer. »

Sa mère a pu passer une journée d'observation en classe pour mieux cerner les difficultés de Charlotte (notamment en regroupement là où la communication et les échanges sont les plus importants). Elle a ainsi pu constater que le partage avec les différents intervenants de la vie scolaire est capital, chacun ayant son rôle à jouer. L'ATSEM est vigilante face au moindre souci de Charlotte et aide l'AVS si nécessaire. Quant aux autres enfants, ils sont conscients de la différence de Charlotte et ils la soutiennent « superbement bien » selon sa mère. Certains vont la chercher pour qu'elle rejoigne le groupe, d'autres tentent de lui parler et sont tout heureux lorsqu'elle parvient à leur répondre, d'autres encore courent en grands ronds avec elle en lui tenant la main dans la cour. Charlotte a d'ailleurs annoncé à ses parents qu'elle veut se marier avec l'un de ses camarades de classe… C'est en sport que Charlotte est le plus dans l'échange avec les autres, elle leur lance le ballon, saute avec ses copains. Mais surtout depuis peu la maitresse prépare une petite mise en scène sur le thème d'un album étudié en classe, et Charlotte adore ! Elle a demandé à jouer l'un des rôles principaux, et elle va donner la réplique à ses copains.

Lors de la dernière réunion de suivi, il a été décidé que Charlotte passerait au CP en classe ordinaire (toujours avec 12h d'AVSi). Ses parents pourront rencontrer prochainement l'enseignant qu'elle aura l'année prochaine afin de préparer la rentrée le mieux possible. Pour eux, il est évident que les gros progrès de Charlotte en communication sont dûs en grande partie à tout ce qu'elle vit à l'école, entourée d'autres enfants qui l'ouvrent au monde.

 

Le Pr Charles Aussilloux…

Le Pr Charles Aussilloux est neuro-psychiatre et enseigne à l'Université de Montpellier I. Il travaille au CHU de Montpellier et a supervisé les recommandations de diagnostic des TEDs publiées par la HAS et la Fédération Française de Psychiatrie en 2005. Dans sa préface au livre d'Anne-Valérie Delaplace que nous citions dans notre précédent article, voici ce qu'il écrit :

« Priver l'enfant de la scolarisation, dans notre société, équivaut à une grave perte de chance. Lorsqu'il a un handicap, cette privation d'acquisition et d'occasion d'échanges, compromet encore davantage sa place en tant qu'enfant et futur adulte. Mais lorsqu'il s'agit d'un handicap consécutif à l'autisme, la gravité est toute particulière, car ces enfants peuvent exprimer leurs capacités particulières et compenser en grande partie leurs difficultés d'interaction sociale et affective par les progrès liés aux apprentissages cognitifs et aux expériences des échanges structurés dans un cadre bien défini.

Pourtant pendant trop d'années, cela était ainsi : les enfants avec autisme étaient avant tout des malades, ils devaient être soignés, mais les exigences de l'éducation, obligation pour eux sans doute, mais aussi obligation pour les adultes de les mettre en situation, ne leur étaient pas, en général, appliquées. On assistait ainsi à la genèse d'un handicap surajouté !

Les progrès ont été lents, freinés principalement par les représentations caricaturales de l'autisme et la méconnaissance génératrice de peurs et d'inhibition chez les professionnels des soins et de l'éducation. Mais des expériences se sont multipliées, favorisées par les investissements personnels de professionnels, individuellement et souvent en équipe, avec une collaboration famille-soignants-enseignants, et des résultats d'autant plus remarquables qu'ils étaient inattendus ont été observés. »

 

…et un directeur d'école

Quant à l'ancien directeur d'école d'Anne-Valérie Delaplace, voici ce qu'il en dit…

« Il y a vingt ans, la perspective d'un simple accueil d'un enfant autiste dans une école se déclinait en crainte, en réticence et le plus souvent… en refus ! Et si la scolarisation d'enfants autistes relève aujourd'hui d'une certaine normalité, j'en mesure le chemin parcouru depuis ce jour où, il y a une dizaine d'années, la venue d'un de ces enfants s'est posée ! Quelle place pour un tel enfant dans une école publique ? Peut-il devenir élève ? Ne sera t-il pas porteur de « perturbations » supplémentaires dans des classes où déjà les élèves en difficulté scolaire ou à comportement « difficile » ne manquent pas ? (…)

Aujourd'hui je peux en témoigner… La scolarisation d'enfants autistes est possible et surtout elle peut être bénéfique pour eux !

Mais à certaines conditions… Tout d'abord des conditions humaines d'accueil que nous (enseignants et parents) avons su gagner et conserver dans un contexte social où les suppressions de postes se sont multipliées dans l'Education Nationale :

- Obtenir des effectifs appropriés pour de possibles intégrations partielles de ces enfants dans des classes ordinaires...

- Obtenir des auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour une mise à leur disposition, indispensables pour leur scolarisation et intégration…

Des conditions culturelles aussi. Nous avons su construire une culture d'école qui, j'espère, continuera de se transmettre. Elle reposait sur deux « axiomes » maintes fois répétés :

Tout enfant est éducable quelle que soit son histoire sociale, familiale, personnelle…

Les différences ne sont ni ignorées ni stigmatisées ; elles sont une donnée à prendre en compte pour une éducation à un vivre ensemble, respectueux de chacun (une précision : la mixité sociale était une réalité de cette école).

Et puis il y a la nécessité de communiquer et de travailler ensemble. (…) Enfin l'implication de l'enseignante. Le travail d'Anne-Valérie est impressionnant. Que de temps passé à construire des projets, à mobiliser son équipe, à s'investir auprès de ces enfants, à écouter, à dialoguer… Trois ans passés pour du bonheur... Car il y a du bonheur partagé et à partager à constater le cheminement scolaire de ces enfants. »

En guise de conclusion, nous ne pouvons que redire que la place des enfants autistes est à l'école, pas à l'hôpital, et qu'il est plus que temps que cesse l'apartheid de fait qui, en France, exclut 80% d'entre eux d'une scolarisation ordinaire qui reste leur meilleure chance de trouver leur place parmi leurs semblables. Cessez d'avoir peur et de rejeter nos enfants - ce sont avant tout des enfants, qui ont besoin d'aller à l'école comme tous les autres, avec les autres.

28 mai 2013

La position d'Autisme France sur le plan Autisme 3.

Merci à Danièle Langloys, sa présidente !

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http://www.autisme-france.fr/offres/file_inline_src/577/577_A_16854_1.pdf

Je choisis d'en publier quelques extraits. Mais il convient de prendre le temps de lire le document dans sa totalité.

Page 2 :

"champ sanitaire est resté un tabou : nous avons pourtant montré qu’un enfant autiste coûte 15 000 euros par an s’il est scolarisé avec un soutien éducatif, par exemple en Belgique et aux Etats-Unis, 60 000 s’il est en IME, le plus souvent sans scolarisation ni éducation adaptée, et de 100 à 300 000 euros s’il est en HDJ, là encore le plus souvent sans scolarisation, et avec de pseudo-soins d’un autre âge (pataugeoire, atelier-contes, packing), jamais évalués, inefficaces, récusés par les familles, et pourtant financés sans contrôle par le contribuable. Ce gaspillage de l’argent public, en période de restrictions pour tous, est inadmissible. La leçon est claire : en matière d’autisme, l’argent du soutien éducatif doit aller à l’Education Nationale, au sein des écoles. C’est ce qu’on fait depuis longtemps dans de nombreux autres pays."

(...)

Page 2&3 :

"La scolarisation des enfants est un axe peu développé du plan, et la tragédie des adultes, si souvent mise en avant par la totalité des acteurs, va rester une tragédie, vu la faible
amplitude des mesures proposées, et les retards catastrophiques accumulés dans le diagnostic et la diversification des accompagnements, depuis des décennies."

(...)

Page 3 :

"Le taux de prévalence reconnu est celui de la HAS (Etat des connaissances, janvier 2010), dans un document qui aurait déjà dû être actualisé et ne l’a pas été. 1 sur 150 est un taux notoirement sous-évalué : toutes les études internationales tournent autour de 1 %.
Le document rappelle le contexte de ce plan : il est bon d’ajouter que c’est la première condamnation de la France devant le Conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des personnes autistes, en 2004, initiative d’Autisme France, relayée par Autisme Europe, qui a été à l’origine des premières mesures en leur faveur.
Les chiffres donnés sont importants : seules 75 000 personnes autistes diagnostiquées et accompagnées : c’est dérisoire (elles sont 600 000) et moins de 20 % bénéficient d’un accueil au sein d’une structure dédiée : on mesure l’étendue des besoins, en particulier pour les adultes. Les deux MDPH qui ont effectué un recensement ont abouti à 30-40 % de diagnostic chez les enfants, 6 % chez les adultes. La faible scolarisation des enfants TED est explicitement reconnue. Nous aurions aimé avoir des statistiques."

(...)

Page 8 (encadré) :

"Comme c’est irréaliste, il est temps de revoir le modèle français : l’argent doit aller au milieu ordinaire avec les services d’accompagnement nécessaires.
L’argent doit aller à de petites unités dans les cités comme on le fait dans d’autres pays, pas à des établissements dont certains sont des mouroirs, encore moins aux HP, de jour ou pas.
Nous attendons toujours que soient améliorées les perspectives d’utiliser des services à la personne spécifiques pour pallier les carences, avec un soutien et un contrôle de l’ARS.
Il n’est pas acceptable de ne pas répondre à la demande des familles : toutes les solutions doivent être explorées."

(...)

Page 9 :

"Il est inadmissible que la France laisse partir en exil forcé des milliers de personnes autistes, en donnant à la Belgique l’argent pour les accueillir alors qu’elle créerait des emplois en ouvrant les lieux d’accueil sur notre territoire.
Il est inadmissible que la France laisse s’exiler en Belgique des enfants (pas tous frontaliers) pour que les familles aient accès à une scolarisation qui leur est refusée en France, et qui leur permet d’échapper aux mauvaises pratiques psychanalytiques.
La séparation forcée des enfants et de leurs familles est contraire à l’article 23 de la Convention ONU des Droits des Personnes Handicapées."

(...)


Page 13 (la conclusion) :

"C’est aux CTRA rénovés et renforcés que devrait revenir le pilotage régional. Il faut y renforcer la place des usagers, et le doter d’une équipe de pilotage restreint qui se réunisse comme le comité de suivi national tous les trois mois.
Sans une refonte de la procédure des appels à projets, rien ne sortira de ce plan. Les commissions d’appels à projets sont dirigées par les grosses associations gestionnaires qui veillent sur leurs intérêts et ne connaissent le plus souvent rien à l’autisme. Les cahiers des charges ne sont pas uniformes d’une région à l’autre par ailleurs."

28 mai 2013

Vous avez dit totalitarisme ?

Il s’agit actuellement du mot-clef le plus en vogue chez les défenseurs de la psychanalyse. Plus ces derniers se sentiront cernés, plus ils le brandiront au sein d’éléments de langage parfaitement calibrés pour l’accueillir. Se proclamer dernier garant d’une certaine forme d’humanisme, de la liberté de choix des "méthodes" ou encore du respect de la singularité du "sujet" revient à se considérer comme le dernier rempart face au totalitarisme, ceci incitant logiquement à considérer toute critique, toute opposition ou tout rejet comme relevant de ce même totalitarisme.

Les psychanalystes ont longtemps bénéficié (pour ne pas dire joui) d’une certaine immunité auprès des classes politique et scientifique, ce qui, conjugué à l’absence d’instance régulatrice, disciplinaire, centrale et spécifique (type conseil de l’ordre psychanalytique) a laissé libre cours à certaines dérives, notamment dans le champ de l’autisme. Le phénomène le plus stable et caractéristique de la nébuleuse psychanalytique reste la tendance à jeter le discrédit sur les différents groupes d’opposants. Les premiers à remettre en cause la discipline n’étaient ni les scientifiques, ni même les philosophes mais les patients. Il s’agit d’une population plutôt facile à discréditer : ils sont malades, souffrants, influençables, ne comprennent pas ce qui leur arrive et ne savent forcément pas ce qu’ils disent. Viennent ensuite les membres de l’entourage, notamment familial dont on a découvert qu’ils étaient également malades, influençables mais aussi toxiques, à commencer par les mères. Les scientifiques ont ensuite été répartis en deux catégories : les "scientistes" qui rejettent plus ou moins activement la psychanalyse guidés par des fantasmes totalitaires, et les autres qui ne savent pas vraiment ce qu’ils font mais dont certains (rares donc précieux) ont le mérite d’essayer de malaxer les progrès scientifiques pour les mettre en adéquation avec les bonnes vieilles théories freudiennes. Plus récemment, certains acteurs politiques se sont positionnés en défaveur de la psychanalyse : lorsque la critique vient de la droite, elle viendrait en réalité de l’extrême droite (totalitaire) tandis que les opposants de gauche sont considérés comme poursuivant naïvement ou lâchement la politique antérieure de droite (et donc d’extrême droite).

Voici les propos tenus récemment par un membre du gouvernement :

"En France depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout et aujourd’hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes pour une raison simple : ce sont celles qui marchent et qui sont recommandées par la Haute Autorité à la Santé. […] N’auront les moyens pour agir que les établissements qui travailleront dans le sens où nous leur demanderons de travailler."

Le professionnel très certainement naïf et perverti que je suis les interprète ainsi : L’approche psychanalytique fonctionne de manière totalitaire depuis 40 ans. Le gouvernement rappelle que les recommandations officielles (Haute Autorité de Santé) doivent être respectées, ce qui implique, non pas d’éradiquer la psychanalyse, mais seulement de laisser la place à d’autres méthodes. Le gouvernement ne soutiendra financièrement que les établissements qui suivent ces recommandations.

Une bonne partie des professionnels visés les interprète ainsi : Le gouvernement impose l’éradication de nos méthodes "pluridisciplinaires" au profit d’une méthode "unique". Le gouvernement s’appuie sur des experts qui n’en sont plus vraiment depuis qu’ils remettent en question "nos approches", probablement à cause de l’influence des associations de parents, de patients, de l’industrie pharmaceutique et des scientistes. Il s’agit d’ingérence et de totalitarisme, notamment car les patients ne pourront plus choisir ce qu’ils veulent (ou ce que nous voulons).

Pour ceux qui osent encore imaginer que la vérité se situe "entre les deux", et qu’il s’agirait finalement de remplacer un totalitarisme par un autre, le professionnel naïf et perverti que je suis vous propose d’écouter (et d’observer) une grande spécialiste de la prise en charge de l’autisme, une psychanalyste de pointe. L’association dont elle se réclame a déposé un recours contre les recommandations de la HAS en matière d’autisme qui rangent la psychanalyse au rayon des approches "non consensuelles".

Plus le mouvement psychanalytique sera mis face à ses contradictions, ses limites, ses dérives, plus il mettra en avant ces thématiques messianique (sauvons l’humanisme) et persécutive (opposants totalitaires). La cause a beau prendre des proportions délirantes, elle n’en reste pas moins noble, mais je crains qu’à force de déceler le totalitarisme chez tous ses opposants, le mouvement psychanalytique ait fini par oublier de se préoccuper du sien. Or, paraît-il, certains psychanalystes s’en soucient…

tiret vert vivrefm topEn savoir plus sur l'auteur de l'article

 

25 mai 2013

Les Rencontres d'Hippocrate ... Autour de l'Autisme, conférence le lundi 3 juin 2013, Faculté Paris Descartes

Information publié sur le site de la faculté de Paris Descartes

 

photo de C. Hervé

« L’autisme demande actuellement un débat argumenté scientifiquement en dehors de toute passion. C’est pourquoi nous avons invité un patient pour décrire son parcours dans sa maladie et des collègues qui participent à la compréhension de la maladie et à ses possibles traitements. Ces collègues auront pour tâche de réagir scientifiquement et humainement à la problématique de l’autisme.

C’est à ce débat original auquel nous vous convions, mettant en exergue dans le débat les positions de chacun dans un climat serein de recherche, dans notre faculté de médecine – en toute humilité excluant des positions définitives – puisque nous savons, justement, que la notion de « science » ne se conçoit qu’au moment où différentes approches peuvent la contredire sinon nous nous situerions dans « la croyance ».

Venez nombreux à ce passionnant débat. »

Pr. Christian Hervé.

 

Dans le cadre des « Rencontres d’Hippocrate… », la faculté de médecine Paris Descartes a le plaisir de vous annoncer la prochaine conférence :
 


 LUNDI 3 JUIN 2013, À 18H

 Autour de l’autisme

Que dire de l’autisme un an après l’année de la « grande cause nationale »?
Conférence exceptionnelle consacrée à l’autisme, autour d’un grand témoin.

Conférence prononcée par :

Josef Schovanec, 31 ans, personne avec autisme, ancien élève de Sciences-Po Paris, docteur en philosophie, auteur de « Je suis à l’Est » (Plon, 2012).

Invités :

Bernard Golse, chef de service de psychiatrie infantile à l’Hôpital Necker-Enfants malades à Paris et professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris Descartes.

Thomas Bourgeron, Professeur à l’université Paris Diderot, Directeur du département Neuroscience de l’Institut Pasteur et chef de l’unité Institut Pasteur – Paris Diderot – CNRS de Génétique humaine et fonctions cognitives.

Jean-claude Ameisen, président du Comité consultatif national d’éthique.

 

 NOUVEAU : Retrouvez-nous sur Twitter et posez vos questions  #RHippocrate

Lieu

Amphithéâtre Richet
Faculté de médecine Paris Descartes, 2è étage
15 rue de l’école de médecine – Paris 6è

Entrée libre

Les détails pour se rendre à la faculté sont disponibles en cliquant sur l’icône verte en haut à droite ou sur la page du site des cordeliers.

20 mai 2013

Le guide de la FEGAPEI pour les adultes avec autisme : incontournable !

 

solutions d'accompagnement pour les adultes guide FEGAPEI

tiret vert vivrefm topSolutions d'accompagnement pour les personnes adultes avec autisme et autres troubles envahissants du développement (TED)

Destiné aux professionnels, donne les éléments pratiques nécessaires à l'accompagnement de la personne adulte avec autisme.

 

Voir pour éclairage supplémentaire -> http://dupuiselise.canalblog.com/archives/2013/04/05/26840129.html

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