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"Au bonheur d'Elise"
4 mai 2017

Education des enfants autistes: Le concept Futuroschool s’implante au Maroc

Education des enfants autistes: Le concept Futuroschool s’implante au Maroc

Le concept Futuroschool dédié aux enfants autistes, qui s’appuie sur une prise en charge comportementale, éducative, personnalisée et évolutive, va s’implanter au Maroc, à travers la mise en place de formations pointues à l’autisme et l’analyse appliquée du comportement (ABA).

Le concept Futuroschool est un dispositif inédit, élaboré avec le soutien d’un comité scientifique spécialisé, avec pour objectif de structurer, démocratiser et professionnaliser l’intervention auprès des enfants autistes, indique un communiqué de l’association “Vaincre l’autisme”.

Dans cette perspective, une convention de partenariat a été signée, récemment, entre l’association “Vaincre l’autisme” et la Direction régionale de l’Education nationale de Rabat afin de mettre en place des unités de traitement au sein des classes spécialisées, qui constituent le point de départ du lancement du projet pilote “Futuroschool Rabat” au sein de l’école Dar Essalam Al Hassania. Cette initiative, qui nécessite l’implication de l’ensemble des intervenants et en particulier celle des parents, intervient pour répondre au désarroi des parents face à la carence de prise en charge et au manque de professionnels formés, relève le communiqué.

Dans ce cadre, l’association “Vaincre l’autisme” propose des formations théoriques et pratiques en matière d’ABA ouvertes d’une part aux parents des autistes, et d’autres part aux professionnels prenant en charge cette catégorie sociale au sein des institutions et associations.

L’autisme est une maladie neurologique qui affecte le fonctionnement du cerveau, le système immunitaire et biologique, altère les capacités de reconnaissance et d’expressions, des codes sociaux et affectifs, génère hypersensibilité émotionnelle et troubles du comportement, explique le communiqué, ajoutant, toutefois, que cette pathologie n’est pas une fatalité, puisqu’avec une prise en charge adaptée, un enfant autiste peut se développer et s’intégrer facilement à la société. L’autisme touchait, selon un rapport de l’association élaboré en 2009 et intitulé ”situation de l’autisme au Maroc”, 1 naissance sur 100, soit 338.000 personnes dont 108.000 enfants et 6.400 naissances par an, précise le communiqué, notant qu’actuellement 1 naissance sur 50 est atteinte d’autisme, ce qui porterait la population touchée au Maroc à plus de 600.000.

L’association “Vaincre l’autisme”, proactive et innovante, mène une action contre l’autisme pour défendre les droits des enfants affectés, milite pour faire connaitre et reconnaitre la maladie et agit pour changer la prise en charge de l’autisme.

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16 mai 2017

Teddy, son fils handicapé, a été déscolarisé, elle demande réparation

article publié dans La République du Centre

Teddy, son fils handicapé, a été déscolarisé, elle demande réparation
Delphine Coslin a cessé de travailler depuis trois ans pour s’occuper de son fils. Elle lance un appel de détresse. © Orléans AGENCE

Une maman fleuryssoise se bat pour que son fils puisse bénéficier d’une prise en charge adaptée.

Teddy a 13 ans et demi. Il souffre de plusieurs maux : crises d'épilepsie, troubles du comportement, troubles psychomoteurs, crises d'angoisse. Depuis des années, sa mère, Delphine Coslin, une Fleuryssoise, se bat pour qu'il bénéficie d'une prise en charge adaptée. Elle a fait appel à une avocate et à la défenseure des droits de la préfecture.

« Manque
de coordination »

« Actuellement, Teddy n'a sa place nulle part », déplore-t-elle. Si elle ne nie pas la complexité de la prise en charge de son enfant, Delphine Coslin dénonce « beaucoup d'incohérences » et un « manque de coordination » de la part des différents acteurs. « Mon fils a été déscolarisé pendant deux ans et demi. »

D'abord victime de harcèlement scolaire, le jeune garçon se voit privé d'une auxiliaire de vie scolaire (AVS) et d'outils pédagogiques adaptés par la MDPH (*) en 2016, au motif qu'une orientation en institut spécialisé a été prononcée.

Problème : l'institut en question ne peut accueillir Teddy à temps plein, faute de place et parce que la cohabitation avec les autres pensionnaires est compliquée. Delphine Coslin insiste donc pour que son fils poursuive une scolarité tant bien que mal au collège André-Chêne de Fleury. « Il étudie tout seul dans une salle informatique avec une AVS qui le fait travailler des cours du cned », explique-t-elle.

« Je suis tout à fait consciente que le collège classique n'est pas adapté pour Teddy, mais il y a une obligation scolaire. Mon fils est trop handicapé pour le milieu ordinaire et pas assez pour le milieu du handicap. C'est un oublié. »

La Fleuryssoise dit avoir frappé à toutes les portes : inspection académique, MDPH, hôpital Daumezon ; passé « des centaines de coups de fil », en vain. « Je souhaiterais faire un recours en justice pour défaut de soins de l'État », avise-t-elle.

Au-delà, c'est surtout un cri de détresse qu'elle veut pousser. Celui d'une mère qui a cessé de travailler il y a trois ans pour s'occuper de son fils, pour lequel aucune structure dans le Loiret semble adaptée.

(*) Maison départementale des personnes handicapées.

Marion Bonnet

22 mai 2017

Injugeable

article publié sur Maître Mô

21 mai 2017 à 18 h04 min Billet n° 222

"PUTAIN MAIS C'EST PAS VRAI, PAS ENCORE UNE FOIS !"

Je vois ma (nouvelle) greffière sursauter et je comprends qu'elle croit que je lui reproche quelque chose, puisqu'elle vient de me déposer la pile de nouvelles requêtes en assistance éducative qui m'attendait à mon retour de vacances.

Elle se détend rapidement en me voyant me ruer dans le bureau de Marina, ma binôme juge des enfants, la collègue qui par définition connaît autant mes dossiers que moi les siens - c'est-à-dire suffisamment pour se remplacer l'une l'autre sans trop de difficultés et se consulter efficacement en cas de besoin.

"Non mais sérieux, Julien, il est con ou il est con ?

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Il me fait ENCORE une saisine pour Cyril ! Tous les ans, quoi qu'on fasse !

- Oh merde. Ça veut dire que je peux m'attendre à en avoir une nouvelle pour Jérôme et Mathieu, tu crois ?"

Elle sait bien qui est "mon Cyril", et je sais bien qui sont "ses" Jérôme et Mathieu, qui souffrent des mêmes difficultés. Et on espérait toutes les deux que Julien, notre parquetier mineurs titulaire, avait fini par l'intégrer aussi. Ce n'est pas faute de lui en avoir parlé.

La première fois que j'ai rencontré Cyril (puisque malheureusement, il y en a eu un certain nombre d'autres), il avait trois ans. J'avais reçu une requête en AE1 plus ou moins apocalyptique du Parquet, qui m'évoquait un enfant autiste, une mère, disons, compliquée et un père absent.

A l'époque, je ne savais pas grand-chose de l'autisme. Je n'étais pas médecin, encore moins psychiatre. J'avais juste la notion qu'il s'agissait d'un trouble plus ou moins envahissant du développement de l'enfant, avec divers degrés de gravité, qui compromettait la communication et les interactions avec l'extérieur et avec les tiers. Je supposais aussi qu'en souffrir exposait davantage à de multiples visites des services socio-médico-éducatifs qu'à voir débarquer Tom Cruise pour aller faire un tour au casino et compter les cartes du blackjack.

J'avais donc convoqué Cyril et ses parents, Mme VanV (nom flamand à rallonge globalement imprononçable, que nous avons réduit à "VanVé" pour aller plus vite) et M. Reynaud, manifestement séparés puisque résidant à deux adresses différentes2.

Au jour de l'audience, je m'étais aperçue avant même d'entrer dans la salle d'attente que le niveau sonore qui y régnait était inhabituellement élevé, même à l'échelle d'un Tribunal pour enfants où plusieurs cabinets fonctionnent chaque jour simultanément. J'ai appelé le dossier de Cyril et vu fondre sur moi Mme VanVé, immense Walkyrie ébouriffée dépassant largement et le mètre 80, et le quintal, fendant le groupe des justiciables en attente comme une étrave de paquebot et traînant à sa remorque un tout petit garçon littéralement enfoui sous son manteau.

J'ai tendu la main à Mme VanVé, qui l'a broyée et secouée avec énergie en me hurlant un "BONJOUR MADAME LE JUGE !" qui m'a instantanément fait penser au centurion du "Combat des chefs" qui engage Aplusbégalix pour vaincre Abraracourcix3 . En bien plus impressionnant. Je n'ai pas tendu la main à Cyril, contrairement à mon habitude, parce qu'il ne fallait pas être grand clerc pour réaliser que cet enfant était en proie à un stress prononcé et qu'un contact direct avec une inconnue n'arrangerait certainement pas les choses.

Mme VanVé était extrêmement mécontente de cette convocation, qu'elle ne comprenait pas, et a immédiatement tenu à me faire savoir, toujours au même volume, qu'elle ne voyait pas ce qu'on lui voulait et pourquoi on lui collait un juge des enfants sur le dos et c'était encore un coup de cette salope de Mme Courcel qui lui en voulait et qu'elle avait bien l'intention d'aller la voir AUJOURD'HUI MÊME et de lui en coller une qui lui ferait passer l'envie de l'emmerder surtout que ça l'occuperait bien de compter ses dents à la place et

"...Mme Courcel ?

- Ouais, l'assistante sociale du secteur, me faites pas croire que vous la connaissez pas, elle passe son temps à me faire chier ! Elle vous a raconté des conneries, Cyril il va au CMP4 toutes les semaines, j'ai jamais rien refusé, moi je voudrais qu'ils le prennent encore plus mais y a pas de place, et après ils viennent vous dire que je m'oppose et ils font vraiment de la merde, connasses d'assistantes sociales, sans compter celle de la PMI, je veux plus les voir ceux-là, et d'abord Cyril il voit MON médecin et c'est beaucoup mieux, et..."

Normalement, je recadre les parents qui débordent trop en leur expliquant que mon bureau n'est pas une foire à la saucisse et qu'on va se causer tranquillement et poliment. Mais là, j'avoue que j'étais hypnotisée par Cyril. Cyril qui courait à travers mon bureau, se cognait aux murs, grimpait sur une chaise, en sautait, tombait à terre, lançait ses chaussures, enlevait son pantalon et son t-shirt, se les faisait remettre de force par sa mère, remontait sur une chaise, ouvrait un placard et s'envoyait la porte dans la figure, courait encore, se remettait à moitié à poil, tentait de sortir, le tout rythmé par de petits couinements bizarres et les hurlements de stentore de sa mère ("CY-RIL-EUH !") toutes les huit secondes environ. Une tornade de moins d'un mètre.

En même temps que je contemplais Cyril en me demandant distraitement si un pandémonium pouvait se concevoir avec un seul démon ou si on devait plutôt dire "monodémonium", j'essayais de reprendre pied dans cette audience sous les yeux de mon greffier, bouche bée et mains dansant frénétiquement sur le clavier pour tenter de transformer en notes d'audience la litanie de récriminations braillée par Mme VanVé. J'ai tenté d'appliquer la méthode miracle des JE calmes (parler de plus en plus doucement pour forcer l'autre à baisser de plusieurs tons et écouter), en pure perte puisque Mme VanVé n'avait aucune intention d'écouter qui que ce soit. J'ai fini par crier aussi fort qu'elle, en me disant qu'il fallait bien que j'arrive à lui faire entendre, à un moment donné, que le Parquet me demandait de placer son enfant  parce qu'elle le faisait vivre dans un appartement crasseux et insalubre où les voisins les entendaient tous deux hurler jour et nuit, sans le faire suivre par les organismes appropriés à son état psychique.

Bien évidemment, l'annonce en question a été accueillie par les cris redoublés de Mme VanVé : "ME PRENDRE MON ENFANT ALORS QUE C'EST TOUTE MA VIE ?! JAMAIS, PLUTÔT CREVER, JE TUERAI VOS ASSISTANTES SOCIALES DE MERDE AVANT DE LE LAISSER PARTIR, Z'AVEZ QU'A BIEN LES PRÉVENIR !"

Je lui ai expliqué sur le même ton que c'était à moi de décider et plus à elle, et que si c'était tout ce qu'elle avait d'intéressant à me dire, elle pouvait partir. Mme VanVé a bondi de sa chaise, l'envoyant valdinguer au fond de la pièce5 , a attrapé Cyril au passage, non sans douceur ai-je remarqué, et a majestueusement et bruyamment pris la porte en la claquant évidemment au passage et en marmonnant (autant que faire se pouvait) un "salope !" bien senti.

Le temps qu'on échange trois mots (à volume enfin normal), mon greffier et moi, Mme VanVé est revenue s'encadrer sur mon pas de porte, Cyril toujours agrippé à ses jupes.

"Vous allez me le placer, c'est ça ?

- Non Madame. C'est la demande du Procureur mais je ne vais pas la suivre aujourd'hui.

- (Radoucie mais méfiante) Ah ouais ? Et pourquoi ?

- Parce que j'ai l'impression que vous contestez pas mal d'éléments de danger que j'ai dans mon dossier, par exemple sur les soins de Cyril, et que je préférerais faire une enquête avec mon service éducatif à moi pour être fixée.

- VOUS ALLEZ M'ENVOYER ENCORE LES ASSISTANTES SOCIALES ?!

- Pas les mêmes, celles-là vous ne les connaissez pas.

- (Re-radoucie) Et si j'accepte votre enquête, on me foutra la paix après ?

- Pas forcément, parce que le résultat de l'enquête peut aussi être une proposition de placement. Je vous reconvoquerai avec eux pour qu'on en parle si c'est le cas, mais je serai peut-être amenée à ordonner le placement de votre fils un jour, je ne peux pas vous garantir le contraire.

- Non, non c'est pas possible, NON, VOUS POUVEZ PAS FAIRE CA, vous imaginez pas, VOUS ALLER LE TUER, mettez-vous à ma place et à la sienne ! Je suis seule à m'en occuper, personne ne m'aide décidément."

L'audience s'est plus ou moins terminée comme ça ce jour-là. Enfin presque : plus d'une heure après le départ de Mme VanVé, M. Reynaud, père de Cyril, est venu errer dans la salle d'attente, se souvenant vaguement d'un rendez-vous avec un juge pour Cyril mais guère plus. J'ai essayé de lui résumer l'audience et ma décision, sans être sûre qu'il comprenne réellement ce que je lui racontais - il était environné d'un nuage de vapeurs d'alcool quasi-compact, mais sa façon de parler et son regard qui changeait constamment de cible me laissaient supposer l'existence de difficultés au-delà de la dépendance alcoolique.

Il y a des audiences comme ça qui donnent immédiatement envie d'aller se recoucher pour récupérer un peu. A la place, j'ai rendu une décision ordonnant une mesure judiciaire d'investigation éducative6 pour six mois, soit une enquête comportant un volet social, un volet éducatif et un volet psychologique.

Six mois plus tard, le rapport m'est parvenu, confirmant plus ou moins la réalité des éléments signalés par le Procureur mais les éclairant, au moins pour certains, d'une autre lumière. Mme VanVé et Cyril vivaient en effet dans un logement très dégradé, mais dont l'état s'expliquait essentiellement par le comportement du petit garçon qui crayonnait sur les murs, arrachait les papiers peints, lançait des objets dans les vitres, dégradait les meubles avec tout ce qui lui tombait sous la main, enfonçait de petits objets dans les évacuations d'évier et de baignoire, et par l'épuisement maternel chronique qu'on pouvait humainement comprendre. Mme VanVé précisait qu'elle ne pouvait pas laisser Cyril seul ne serait-ce que le temps de descendre la poubelle, faute de quoi l'enfant tentait d'ouvrir les fenêtres ou s'échappait de l'appartement.

Les cris existaient bien aussi, bien sûr. Ceux de Mme VanVé ("CY-RIL-EUH !"), ceux de Cyril qui n'avait pas encore acquis le langage. Les relations détestables entre Mme VanVé et la plupart des services sociaux aussi, structure de soin exceptée. Mais le service soulignait aussi la grande solitude de cette mère, qui recevait au mieux une ou deux fois par an la visite de M. Reynaud sans qu'il ne lui vienne en aide de quelque manière que ce soit, l'acceptation effective de chaque nouvelle possibilité de prise en charge thérapeutique pour l'enfant par Mme VanVé, l'attachement mutuel bien palpable entre la mère et l'enfant, et l'absence de tout acte de violence envers Cyril de la part de son imposante maman.

J'ai reconvoqué Cyril et ses parents (M. Reynaud n'est pas venu) avec le service éducatif qui avait enquêté, et pouvait exercer la mesure d'assistance éducative (AEMO) qu'il me recommandait d'ordonner, dans le but essentiellement d'accompagner Mme VanVé dans les démarches administratives nécessaires à la mise en oeuvre de toute prise en charge envisageable pour Cyril, histoire que l'irascibilité maternelle et son sentiment de persécution ne préjudicient pas à l'enfant.

Mme VanVé, bien que toujours méfiante, a quasiment réussi à me faire confiance ce jour-là (non sans que j'aie dû lui assurer à de multiples reprises que la mesure éducative n'avait pas pour but de placer son fils) et à parler à un volume normal, sans traiter quiconque de connasse. J'ai trouvé qu'on progressait.

La chance a voulu que Cyril puisse bénéficier de l'intervention de l'une des SuperEducs du service désigné, de celles qui parviennent à se faire entendre même des gens les plus hostiles et à ne jamais oublier qu'on ne devrait pas exiger des familles que nous suivons qu'elles soient cent fois plus parfaites que les autres. Mme VanVé a bien accroché avec la dame en question.

Au bout d'un an, SuperEduc m'a expliqué que Mme VanVé donnait le maximum pour son fils, même si cela pouvait paraître imparfait vu de l'extérieur (pour peu que l'extérieur puisse se targuer de sa propre perfection). Gros point noir dans la situation de Cyril : il n'était scolarisé que quelques heures par semaine et pris en charge autant que possible en hôpital de jour, aucun établissement de type Institut Médico-Educatif (IME) ne disposant de place à lui offrir. Les demandes étaient faites, les listes d'attente longues. On ne pouvait rien reprocher à Mme VanVé, qui se tenait prête à scolariser son fils dans tout établissement qu'on lui indiquerait et se chargeait de courir toute la semaine entre l'école et l'hôpital de jour pour l'accompagner où on l'attendait.

J'aimerais pouvoir dire que l'histoire s'est arrêtée là, mais vous savez déjà que non.

Un an plus tard, j'ai de nouveau été saisie de la situation de Cyril par le Parquet, qui me demandait son placement car Mme VanVé osait avoir l'exigence que son fils, à qui la société ne proposait au demeurant aucune scolarité permanente et adaptée, rentre chez elle le soir plutôt que d'être accueilli en internat lorsqu'un établissement l'accepterait. Elle se disait prête à déménager n'importe où, Lille, Marseille, Toulouse, Strasbourg, pour être à proximité de son enfant et le voir rentrer à la maison chaque soir. Le Conseil général demandait donc qu'on place Cyril d'ores et déjà. Logique, non ?

J'ai reçu une Mme VanVé passablement énervée, accompagnée d'un Cyril sensiblement plus calme, qui a même réussi à me dire bonjour en entrant dans mon bureau et à y rester relativement tranquille en jouant dans un coin avec le sac de jeux apporté par sa mère. Il arrivait à prononcer quelques mots lorsqu'il parlait à sa mère. J'ai expliqué à Mme VanVé que non, je n'allais toujours pas placer son enfant. Elle est repartie apaisée, me gratifiant même d'un sourire (et d'un quasi-plaquage au mur en passant la porte). J'ai notifié mon jugement de non-lieu au Procureur.

Une nouvelle demande de placement m'est parvenue aux alentours des 7 ans de Cyril, fondée sur les mêmes motifs. J'ai retrouvé Mme VanVé, presque résignée désormais à ces rencontres quasi-annuelles mais finalement pas mécontente de me donner des nouvelles de son fils : un peu plus de temps scolaire (avec le soutien d'un auxiliaire de vie scolaire - AVS), des prises en charge en groupe thérapeutique et en individuel, de la psychomotricité, des éducateurs spécialisés, un père désormais tout à fait absent et des conflits de voisinage qui perdurent. "Bah oui, je vous avoue que souvent, je parle fort et que ça plaît pas, vous savez."7 . J'ai prononcé un nouveau non-lieu à assistance éducative et suis allée m'en entretenir avec mon nouveau collègue parquetier, lui expliquant que oui, Mme VanVé était pénible quand elle le voulait, oui le gamin était autiste et pas qu'un peu, mais que je ne comprenais pas qu'un tas de gens estiment que la meilleure chose à faire pour cet enfant était de l'éloigner d'une mère qui lui assurait des conditions d'éducation dont n'importe quelle famille d'accueil ou foyer peinerait à lui offrir la moitié. Il a accepté de bien noter le nom de Cyril (et celui des Jérôme et Mathieu de ma collègue Marina, qui vivaient un peu le même genre de saisines successives cycliques) en gros et en évidence dans son dossier "assistance éducative" afin de pouvoir renvoyer le Conseil départemental dans ses 22 en cas de future saisine, s'il n'y avait pas d'autres éléments de danger invoqués.

Ce qui nous amène à mes propres débordements verbaux du début de ce billet, il y a quelques semaines.

Une nouvelle demande de placement pour Cyril, qui à huit ans est à peu près scolarisé à mi-temps, toujours avec l'aide de son AVS, toujours au CMP pour l'autre moitié de son temps, mais dont la mère ferait l'objet d'une procédure d'expulsion et le ferait vivre dans des conditions matérielles innommables.

Mme VanVé se repointe donc dans mon bureau, sans Cyril qui est au CMP ("Ils avaient un genre d'évaluation avec lui aujourd'hui, j'ai pas voulu reporter, et puis de toute façon, on s'explique entre nous souvent, vous et moi") et qui a peut-être une chance d'intégrer un IME voisin. Comme à chaque fois, l'évocation de la demande de placement la fait bondir. Elle me jure ses grands dieux que la procédure d'expulsion est en cours d'abandon, car le propriétaire avait voulu la virer pour dégradation de l'appartement et qu'elle a depuis réalisé les travaux nécessaires. Je lui montre les photos de son logement que j'ai dans le dossier : selon elle, tout est réparé.

"Vous pouvez me le prouver ? Par exemple en m'envoyant des photos de votre appartement aujourd'hui ?

- Oui. Je rentre chez moi et je vous les envoie direct.

- D'accord. Notez donc notre e-mail, j'attends les photos d'ici deux heures."

Mme VanVé repart ventre à terre de mon bureau. Je profite des deux heures pour appeler le CMP (suivi toujours en cours, progrès constatés sans aucune période de régression) puis l'IME qui pourrait accueillir Cyril à la rentrée et me confirme qu'il fait bien partie de leur listing.

1 h 30 après la fin de l'audience, je reçois de Mme VanVé les photos de son appartement qui me prouvent qu'elle a dit vrai. Ce n'est pas Versailles, bien entendu, mais c'est correct. Elle s'est même appliquée à prendre les photos sous le même angle que celles que je lui ai montrées, dans chaque pièce, pour que je fasse bien la comparaison.

Je commence à rédiger un nouveau jugement de non-lieu, et je me réénerve finalement moi-même : parce qu'après tout, quand bien même ne m'aurait-elle pas communiqué ces photos, aurais-je pour autant placé son enfant ? Non, bien sûr que non. Comment peut-on ne pas imaginer que placer ce gamin (parce qu'il vit dans la crasse, au moins de temps à autre, parce qu'il n'est pas intégralement scolarisé, parce que sa mère est chiante et agressive, etc et rayez la mention inutile) constituerait vraisemblablement une maltraitance institutionnelle bien plus grave et lourde de conséquences que le laisser avec sa mère qui représente son unique repère affectif depuis toujours et lui offre une prise en charge attentive, certes à la mesure de ses moyens mais plus soutenue que n'importe quel lieu de placement non thérapeutique ?

Juger en assistance éducative, c'est trouver la meilleure (ou la moins pire) solution d'aide pour un enfant en se mettant tour à tour à la place de chacune des parties en cause.

Je me mets à la place des services sociaux, et je comprends qu'on s'inquiète de la situation de cet enfant autiste qui vit dans un logement en plus ou moins bon état, avec une mère célibataire souvent épuisée mais braillarde, et qui tirerait probablement bénéfice d'une prise en charge à temps complet - ce qui ne signifie pas nécessairement une obligation d'internat et de séparation mère-fils pour autant, à mes yeux.

Je me mets à la place de Mme VanVé, et je comprends qu'elle puisse en avoir marre de ces demandes annuelles de placement de Cyril, alors même qu'il n'a à aucun moment régressé auprès d'elle et que tout ce qu'elle demande, c'est que son fils aille à l'école, voie ses soignants et rentre chez elle chaque soir. Ce n'est pas démesuré, comme exigence.

Je me mets à la place de Cyril, et j'ai l'impression qu'il ne pourra que devenir fou si j'essaye de le séparer de sa mère. Surtout que la société n'a rien de mieux à lui proposer que ce que Mme VanVé lui offre.

Je ne suis toujours pas médecin, encore moins psychiatre.

Et comme c'est finalement à ma place que je suis, je rends un énième non-lieu à assistance éducative et le notifie au Parquet. Ce n'est peut-être pas la bonne décision, mais c'est la mienne.

A l'an prochain, Cyril.

  1. Assistance éducative []
  2. Oui, mon sens de la déduction m'a facilité l'entrée à l'ENM, qu'est-ce que vous croyez ? []
  3. Oui, mes lettres m'ont aussi bien aidée à réussir le concours, je crois. []
  4. Centre médico-psychologique []
  5. Et ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis sensible au sort et à l'alignement de mes chaises... []
  6. MJIE pour les habitués. []
  7. Oui, j'avais remarqué, tu parles d'un scoop. []
27 septembre 2018

Autisme. Une école adaptée ouvre en Seine-Maritime

article publié dans Le Courrier Cauchois

18:45 - 26/09/2018

Autisme. Une école adaptée ouvre en Seine-Maritime

Les élus ont coupé le ruban

Autisme

Mardi 25 septembre 2018, en présence de Charlotte Masset, vice-présidente du Département, de Nathalie Thierry, maire de Clères et conseillère régionale de Normandie, et de Sébastien Blot, directeur de l'école BF Skinner de Yerville, Christine Gardel, directrice de l'Agence régionale de santé, a inauguré l'école BF Skinner de Yerville (Seine-Maritime).

De nombreuses personnes ont été réunies et ont pu voir un film retraçant l'histoire de cette école créée par la volonté de parents d'enfants autistes, dont Sébastien Blot, actuel directeur, qui en 2010, interpellait Nadine Morano, alors ministre de la Famille, venue inaugurer une crèche à Yerville. Il était à la recherche d'une solution pour mettre en place une structure d'accompagnement inspirée par la méthode du comportement ABA.

Dix-huit places

Accueillie au début dans une ancienne école de la commune, grâce à une collaboration avec l'ONM (Œuvre normande des mères) en 2016, l'association Bébé bulle 76 a pu ouvrir une nouvelle école. L'école dispose de quatre salles de classe, accueillant cinq enfants par classe et deux salles de psychomotricité. Les quatre psychologues ont également un bureau et un espace individuel pour recevoir les familles. Deux salles individuelles de travail sont à la disposition des éducateurs afin de travailler loin du groupe. À l'extérieur, une cour de récréation et un parc à jeux.

L'école dispose désormais de 18 places à temps plein accueillant des enfants de 3 à 11 ans (âge limite d'admission) pour une durée de séjour de 4 ans maximum. Les enfants intégrant l'établissement ont un diagnostic posé d'autisme moyen à sévère avec ou sans troubles associés, établi par un service ou professionnel assermenté. Cette structure a permis de répondre à une demande, celle des familles qui attendaient que leur enfant puisse bénéficier d'une prise en charge comportementale.

2 octobre 2018

Les parents d'enfants autistes : attentes, implication et difficultés

 

Les parents d'enfants autistes : attentes, implication et difficultés

La rédaction de cette page s'enracine dans plusieurs sources scientifiques afin d'aborder des aspects différents de ce qu'est la parentalité d'un enfant autiste. La France a un long passé de culpabilisation des parents d'enfants autistes et surtout des mères.

http://comprendrelautisme.com

 

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3 octobre 2018

Handicap au collège : si seulement nous pouvions accueillir ces élèves correctement…

Un fauteuil roulant debout entre les autres chaises

L’inclusion est la solution idéale pour les enfants souffrant de handicap, allant de la grave dyslexie aux troubles moteurs ou mentaux. Mais elle doit comprendre un accompagnement sérieux et stable. Ce qui est loin d’être toujours le cas...

Je m’interroge sur un sujet sensible.

Tous les ans, nous accueillons au collège des élèves en situation de handicap. Ce terme de « handicap » regroupe des difficultés très diverses, de la très grave dyslexie au trouble moteur en passant par la surdité, le handicap mental léger ou non…

On entend beaucoup parler d’une école inclusive, on nous dit qu’il faut accueillir ces enfants, qu’ils ont droit à la même scolarité que les autres, que c’est positif pour eux de se trouver dans un environnement normal, avec des camarades de leur âge. On sous-entend un peu que nous n’en voulons pas, de ces élèves. Qu’ils ne nous facilitent pas la vie, qu’il faut leur prêter une attention particulière, leur préparer un environnement adapté.

C’est difficile de répondre à cela. C’est difficile de dire qu’on doute de la pertinence de leur présence dans la classe. L’institution vous foudroie. Vous êtes odieux, élitiste, vous avez un problème avec le handicap, vous ne vous rendez pas compte de la souffrance de la famille. Non, certes, je ne me rends pas compte de la souffrance de la famille. J’ai cette chance, aucun de mes enfants ne souffre d’un handicap. Mais je m’interroge, quand même.

Il y a des cas où cela se passe bien

Il me semble que ce serait possible, pourtant, que cela se passe bien, voire très bien. Que cela soit bénéfique pour tout le monde : l’enfant en situation de handicap, les autres élèves, les enseignants aussi. Il y a des cas où cela se passe bien.

Il y a par exemple dans certains collèges les classes Ulis, Unités localisées pour l’inclusion scolaire. C’est une classe qui fonctionne au sein du collège et qui accueille des élèves handicapés, avec un handicap mental léger le plus souvent d’après ce que j’entends. Un professeur spécialisé a la classe en charge, l’effectif est réduit à moins de vingt élèves. Les élèves suivent leurs principaux cours dans cette classe mais sont intégrés lors de certains cours dans les autres classes du collège : deux élèves vont assister à un cours de sciences de la vie et de la terre, deux autres suivent le cours d’EPS des 5es B, etc. Ils participent à certaines activités avec les élèves de l’établissement, mangent à la cantine, jouent dans la cour. Si l’effectif reste réduit, si l’enseignant spécialisé a des AVS (auxiliaire de vie scolaire) pour l’aider dans sa mission, alors oui, cela se passe bien. Et c’est réellement bénéfique pour tout le monde.

Certains élèves sont aussi totalement intégrés en classe avec leur propre auxiliaire de vie scolaire. Il s’agit d’un adulte qui accompagne l’enfant en classe, reste près de lui, l’aide dans son travail. Cela se traduit de façons très variées : canaliser un enfant hyperactif et l’aider à se concentrer, traduire les propos de l’enseignant en langue des signes à un élève sourd, aider et rassurer un enfant atteint d’une certaine forme d’autisme… Les AVS que j’ai rencontrés étaient toujours des gens compétents, qui s’intégraient parfaitement à la classe et qui représentaient pour l’enfant qu’ils suivaient une aide précieuse et bienfaitrice.

Ces situations existent, et je pense que c’est ce que l’institution « vend » aux parents d’enfants atteints de handicap. Il y a un ascenseur pour le fauteuil roulant. On va faire une demande d’AVS. Votre enfant a sa place dans l’institution, comme tous les enfants. Je peux imaginer que ces parents sont heureux et rassurés d’entendre cela. Je comprends que c’est totalement naturel et humain.

Les conditions d’inclusion se dégradent

Mais je crois qu’on ne leur dit pas la vérité. Enfin, que cette vérité existe, mais de plus en plus rarement. Je crois que les conditions d’inclusion des enfants en situation de handicap se dégradent. Et je crois que ces enfants en sont les premières victimes.

En collège, les effectifs augmentent. Ce n’est un secret pour personne je crois, et le Ministère veut accentuer cela. Je vous entends vous écrier « Ah ! voilà, tout ce dont elle voulait parler, ce sont les deux mille six cents postes supprimés ! » Figurez-vous que non, que j’avais l’intention d’évoquer le sujet de l’inclusion avant ces annonces catastrophiques, et que hélas elles ne font que renforcer mes craintes. Le principe de la classe Ulis, c’est aussi d’intégrer les enfants aux autres cours. Seulement, dans des classes de trente élèves, ce n’est plus possible : il n’y a plus de tables. Ni de chaises. Plus de place pour eux, pour leur AVS. On tasse, on ajoute une table, on met leur AVS dans l’allée. Ah ! ils vont se sentir bien accueillis, c’est sûr…

Une importante dyslexie, on peut aider l’élève, pas de problème. Imprimer dans une autre police de caractère, faire un agrandissement, donner moins d’exercices, noter différemment. Mais quand, sur une classe de trente élèves, on a trois élèves dyslexiques, deux dyscalculiques ou autre, cela devient sportif. La famille arrive avec le PAP, « plan d’accompagnement personnalisé », qui fait quatre ou cinq pages et que nous sommes priés de suivre à la lettre. Alors lui, il faut lui imprimer en Arial 16. Elle, en Verdana 18. Elle, agrandir en A3. Lui, ne noter que l’oral. Lui, autoriser la calculatrice. Elle, autoriser des fiches. Et j’en passe.

Chez nous les AVS se relaient

Pour rappel, j’ai six classes différentes cette année. Mes collègues de sciences, de langue, d’art, en ont beaucoup plus. Même avec la meilleure des volontés, c’est intenable. D’autant que si vous ne respectez pas ces recommandations, si par malheur vous ne les respectez pas, les parents vous haïssent, car leur enfant souffre et c’est de votre faute. C’est de votre faute parce qu’on lui a promis, à cette famille, que les professeurs allaient le faire et que cela réglerait les problèmes. Leur enfant allait être accueilli en classe, il aurait un PAP, il aurait une loupe spéciale, un ascenseur qui fonctionne, il aurait tout un tas de choses merveilleuses qui serait une solution, enfin.

Les AVS, dans mon académie, on en réduit le nombre. Par économie. Un assistant de vie scolaire par élève, j’ai connu cela. Quelqu’un qui assistait à tous les cours avec l’élève, qui connaissait sa pathologie, qui avait le temps de tisser un lien avec l’enfant. Qui assurait un vrai suivi et faisait également le lien avec la famille. Ce n’est plus le cas. Chez nous les AVS se relaient, un élève peut en avoir trois ou quatre différents en une semaine, ils sont sur plusieurs établissements parfois, pas remplacés, mal formés. Plein de bonne volonté mais souvent aussi désemparés que nous. J’en ai connu qui ont démissionné en réalisant qu’ils étaient incapables d’assumer la fonction, qu’on ne leur avait pas donné le temps et la formation pour gérer des élèves parfois avec des pathologies très compliquées, de la violence.

Les classes Ulis et les Itep (Instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques) sont en petit nombre, disposent de peu de places (et pour cause). Les listes d’attente sont longues. Où mettre les élèves en attente ? Dans les collèges lambda. Balancés dans une classe où on ne peut bien les accueillir, où les autres élèves peuvent se trouver totalement démunis face à des pathologies mentales parfois très lourdes et déstabilisantes.

Prévenir, former, soutenir

Ne m’accusez pas de vouloir rejeter ces enfants et les parquer dans des institutions (même s’il y en a de très bien). Ma situation idéale n’est pas celle-là. Ma situation idéale c’est que nous, enseignants, soyons prévenus, formés, soutenus. Que ces enfants aient des AVS, qu’on ouvre davantage de classes Ulis, qu’on allège les effectifs pour qu’ils puissent trouver leur place en cours, pour qu’on ait le temps de s’asseoir près d’eux et d’individualiser la relation et les apprentissages.

C’est la situation idéale, mais nous en sommes loin et, pire, nous nous en éloignons. J’ai la très, très désagréable impression que le discours actuel de l’institution pour l’école inclusive fait vibrer la corde sensible de familles en détresse en leur murmurant que oui, leur enfant a sa place avec les autres. Oui, ce sera bénéfique pour lui. Oui, leur enfant est presque, presque comme les autres. Quel parent ne voudrait pas entendre cela ?

On prétend que l’enfant est capable, il n’a pas besoin d’AVS. On supprime des AVS. On prétend que c’est aux enseignants de s’adapter. Alors on met ces enfants dans des classes avec des effectifs normaux, donc bien trop élevés. Par économie, encore une fois. Le nerf de la guerre…

Pour le moment, je n’ai constaté aucun changement

Nous avons déjà accueilli certains élèves dans des conditions qui me font hurler que non, ce n’est pas bénéfique. Que je suis totalement incompétente et démunie. Que les autres élèves de la classe sont déstabilisés et que leurs cours se passent dans de terribles conditions, et surtout, surtout, que le pauvre enfant qui se retrouve au centre de tout cela n’en profite pas. Il en pâtit, parfois gravement.

L’actuel Président voulait faire de l’inclusion des élèves en situation de handicap une priorité. J’attends de voir. Pour le moment, je n’ai constaté aucun changement, et l’alourdissement annoncé des effectifs en secondaire est un frein majeur à toute amélioration de l’accueil d’élèves à besoins particuliers.

Pour finir, je voudrais vous faire part d’une constatation. Elle ne concerne que mon microcosme personnel et ne peut en aucun cas être érigée en généralité. Mais je remarque que les enseignants que j’ai rencontrés, et qui étaient eux-mêmes parents d’un enfant handicapé, ne demandaient pas que leur enfant soit intégré dans une classe normale. Ceux parmi eux avec lesquels j’en ai discuté m’ont dit que c’était parce que, étant enseignants eux-mêmes, ils étaient conscients de l’impossibilité qui est la nôtre d’aider leur enfant, dans l’état actuel des choses. Terrible constat.

11 octobre 2018

Saint-Etienne : les handicapés n’étaient pas les bienvenus à la piscine

article publié dans Le Progrès

Des usagers de la piscine Yves-Nayme, à Saint-Etienne, se plaignaient de la présence de jeunes handicapés autistes.

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Le 10/10/2018 à 17:11
mis à jour à 17:38
Le centre nautique Yves-Nayme. / Photo Anne-Marie JouveLe centre nautique Yves-Nayme. / Photo Anne-Marie Jouve

Une décision "discriminatoire". C'est en ces termes que Danièle Langloys, présidente d’Autisme France et mère d’un enfant handicapé, a fustigé le changement d'horaire qui frappe le groupe loisirs de l'Adapei. Une dizaine de jeunes adultes en situation de handicap se retrouvent tous les lundis à la piscine Yves-Nayme.

Des usagers se sont plaints

« Certains usagers de la piscine se sont plaints de la présence de jeunes handicapés. Ils ont indiqué que, comme ils payaient, ils voulaient avoir le droit de nager en paix », tempête Danièle Langloys. Elle souligne aussi que ces nouveaux horaires posent problème pour certains jeunes qui travaillent.

De son côté, Gilles Artigues, le premier adjoint, réfute fermement le terme de discrimination. Il indique que la mairie est revenue sur sa décision : « Le groupe ira à Yves-Nayme de 17 h 30 à 18 h 30 et une ligne du grand bassin lui sera réservée jusqu’à 18 h 10. »

13 octobre 2018

Nouvelles mesures pour simplifier l'attribution de la RQTH

 

Résumé : Un décret publié le 5 octobre 2018 simplifie la procédure de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Plus automatique ! Une bonne nouvelle pour certains usagers et pour les MDPH saturées.

Par , le 12-10-2018

« Une première simplification pour déclarer la qualité de travailleur handicapé en attendant d'aller encore plus loin », a tweeté Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. Un décret publié le 5 octobre 2018 au Journal officiel (en lien ci-dessous) simplifie en effet la procédure de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et améliore l'information des bénéficiaires de l'obligation d'emploi.

La RQTH, c'est quoi ?

Cette procédure émane des 113 propositions pour « restaurer les conditions de la confiance » et améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap contenues dans le rapport rendu par deux parlementaires Adrien Taquet et de Jean-François Serres en mai 2018 (article en lien ci-dessous). Son nom ? Plus simple la vie. Rappelons que la RQTH est délivrée par la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH), après instruction de la demande par la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Elle permet à son titulaire de bénéficier de l'obligation d'emploi, de dispositifs dédiés d'insertion professionnelle, d'un accès plus facile à la fonction publique et aux emplois réservés ou encore d'aménagements des horaires et du poste de travail.

Quels bénéficiaires ?

Qu'est-ce qui va changer avec ce décret ? Une attestation sera automatiquement délivrée à plusieurs catégories de personnes handicapées : les bénéficiaires de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles, les titulaires d'une pension d'invalidité, certains bénéficiaires d'emplois réservés, ainsi que les titulaires d'une allocation ou d'une rente d'invalidité au titre de la protection sociale des sapeurs-pompiers volontaires. Cette attestation, qui doit être définie précisément par un arrêté ministériel, mentionne la reconnaissance de la qualité de bénéficiaire de l'obligation d'emploi en vue de l'insertion professionnelle.

Une RQTH automatique

Par ailleurs, toute décision d'attribution de la carte « mobilité inclusion » portant la mention « invalidité » et de l'allocation aux adultes handicapés précise à son titulaire qu'il est bénéficiaire de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés pour l'insertion professionnelle, sans qu'il soit nécessaire d'accomplir une démarche supplémentaire de RQTH. Ce décret prévoit, enfin, que toute demande de renouvellement auprès de la MDPH proroge les effets du bénéfice de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé qui a été délivrée au titre d'une précédente décision de la CDAPH, dans l'attente du renouvellement. Cette mesure évitera ainsi les ruptures de droit de manière à ne pas léser l'usager confronté à des délais de traitement parfois très longs. Cela suppose néanmoins que la demande ait été faite avant l'échéance.

De l'air pour les MDPH

De bonnes nouvelles pour les usagers mais également pour les MDPH qui, pour la plupart, croulent sous les dossiers. En 2017, la RQTH représentait en effet, avec 13,5% du total, le second poste des 4,5 millions de demandes adressées aux MDPH, derrière les demandes liées aux cartes d'invalidité, de transport et de stationnement, mais devant l'AAH ou la PCH...

Ce décret entre en vigueur le lendemain de sa publication, le 6 octobre.


 

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Sur Handicap.fr

Sur le web

14 octobre 2018

Retour sur la conférence de Laurent Mottron - journée mondiale de la Neurodiversité - La neurodiversité

 

Retour sur la conférence de Laurent Mottron - journée mondiale de la Neurodiversité - La neurodiversité

Le 30 septembre dernier, lors de la journée mondiale de la Neurodiversité, Laurent Mottron donnait une conférence sur les enjeux scientifiques, mais également sociétaux, moraux, légaux qui peuvent découler d'une prise de position en faveur d'une humanité neurodiverse. La neurodiversité est un concept en constante évolution.

http://neurodiversite.com

 

29 octobre 2018

Vidéo. Neymar Jr. et Handicap International s'engagent pour l'éducation des enfants handicapés

 article publié sur l'ADN

2 novembre 2018

Le travail des éducs spé est très mal rémunéré (mais ça pourrait s'arranger)

Indispensable et pourtant peu (re)connu par le grand public, le métier d'éducateur ou éductrice spécialisée est prisonnier d'une image sacrificielle entretenue par la profession elle-même.

Un mineur et son éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse au centre éducatif fermé de Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d'Oise), le 16 juin 2015 | Loïc Venance / AFP
Un mineur et son éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse au centre éducatif fermé de Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d'Oise), le 16 juin 2015 | Loïc Venance / AFP

Régulièrement, on peut lire des articles sur les rémunérations incroyablement basses des corps enseignant et infirmier français, comparés à ceux de leurs homologues de l’Union européenne ou de l'OCDE. Ils sont d’ailleurs à peu près les seuls métiers à lever le tabou français du salaire.

C'est vrai, ils sont mal payés, il ne s’agit pas de remettre en cause ce fait. Mais ce ne sont pas les seuls. Une grosse frange de la population, et en particulier celle d’une branche professionnelle pas si éloignée, l’est aussi. Un de ces secteurs qui fait que la société tient encore debout: le travail social. Comprenez les éducateurs et éducatrices spécialisées, de jeunes enfants, les assistantes et assistants de service social, etc.

Invisibilité et méconnaissance du métier

L’éducateur ou éducatrice spécialisée (ES), justement, a vu en cette rentrée 2018 son diplôme d’État (DEES) enfin reconnu de niveau II (bac +3) pour les personnes entrant en formation. Auparavant, les ES étaient reconnus au niveau III (bac +2), malgré leurs trois années d’études. La promo 2018-2021 verra donc ses diplômées et diplômés accéder à un niveau licence. Spoiler: ce n’est pas rétroactif et ça ne changera rien –pour l’instant– côté salaire. Mais tout de même, au vu des contenus de formation et du nombre d’épreuves, ce bac+3 est mérité.

Le personnel infirmier, dont la formation en alternance de trois ans est comparable dans la structure à celle des ES, a obtenu ce bac+3 dès 2009, en montrant les dents et en s’unifiant. Seulement voilà, le travail social a toujours un train de retard, qui s’explique aisément par son histoire, une forme d’invisibilité, une piètre communication de ses membres et un grand public loin d’être conquis.

Une infirmière, on peut tous et toutes en avoir besoin un jour pour une blessure. Un prof, c'est super, il réalise un travail de pédagogie essentiel auprès des enfants. Le barbu caféinomane qui papote avec des primo-délinquants, lui, il intéresse nettement moins de monde. Bon, d’accord, reconnaît-on, il faut bien des gens pour s’occuper des personnes en situation de handicap, ce n’est pas de leur faute si elles sont handicapées. Mais les autres, les «cas'soc'», les jeunes de foyer, ça coûte beaucoup à l’État, tout de même.

Il est d’ailleurs étonnant de constater que cette césure commence dès le plus jeune âge: dans les collèges accueillant des classes Segpa et Ulis, la discrimination des ados est moindre envers leurs camarades en situation de handicap qu’envers celles et ceux souffrant de difficultés scolaires et sociales.

Dans l’inconscient collectif, l’utilité sociale de l’éduc spé est toute relative, et son travail destiné à une minorité. Je ne serai jamais sans domicile fixe, ou en centre d’accueil pour demandeurs et demandeuses d’asile, je n’aurai jamais d’enfant handicapé ou autiste, je n’aurai pas un ado instable, et mes enfants, qui n’iront jamais en foyer, n’auront jamais affaire à l’aide sociale à l’enfance, pense-t-on trop souvent.

La première question est celle de la méconnaissance du métier, et de la ritournelle qui agace toutes les personnes ayant embrassé une carrière dans le travail social: «T’es éducateur spécialisé? Spécialisé en quoi?» Comme le note Jacques Queudet, ancien éducateur, formateur en travail social et auteur de Éducateur spécialisé, un métier entre ambition et repli, «le désarroi des éducateurs spécialisés est fréquent lorsqu’il s’agit d’exposer leur métier à des profanes [...]. L’adjectif “spécialisé”, censé venir nommer le secteur professionnel de “l’éducation spécialisée”, crée un malentendu en laissant penser qu’il s’agit de techniques spécifiques au regard d’un public particulier».

«C’est l’histoire du “sale boulot”... Les éducs sont chargés de prendre en charge ce qui pose souci à la société, ceux qu’on ne veut pas voir.»

Jacques Queudet, ancien éducateur et formateur en travail social

Les ES peuvent travailler pour un employeur public (collectivités, État) ou privé (association loi 1901), auprès de publics variés (enfants, ados, adultes, en situation de handicap ou non), en foyer de protection de l’enfance, en établissement médico-social (troubles du comportement, autisme, déficience intellectuelle, visuelle, auditive, polyhandicaps...), en centre d’accueil de demandeurs d’asile, en pédopsychiatrie, en établissement pénitentiaire pour mineurs, en milieu ouvert (visite à domicile sur décision administrative ou de justice), en service d’éducation spéciale et de soins à domicile, en établissement et service d’aide par le travail, dans les Maisons départementales des adolescents, en maison d’accueil spécialisée auprès d’adultes dépendants, etc.

«C’est un métier qui a une mauvaise visibilité à l’extérieur, il n’y a pas de représentation de la multiplicité des postes et des domaines, rappelle Jacques Queudet. C’est l’histoire du “sale boulot”... Les éducs sont chargés de prendre en charge ce qui pose souci à la société, ceux qu’on ne veut pas voir.»

Faible rémunération, engagement maximum

Alors évidemment, les salaires de ces quelque 100.000 travailleurs et travailleuses de l’ombre en France n’intéressent personne, pas même elles et eux. Ni prof, ni infirmière, ni policier, ni ersatz de parent, mais tout de même un peu tout ça à la fois, l’éduc spé fait son boulot en silence, sans rechigner –ou seulement auprès de ses semblables. Les ES affectionnent ce métier qu'elles et ils ont choisi, mais qui ne rémunère pas à la hauteur de leur engagement. D'autant que la mobilité est risquée, car il est possible de perdre son ancienneté.

Le salaire des ES est régi par la «Convention 66»(1), plutôt bien dotée en vacances, maigre en salaire, lente en augmentation, et qui a pris un centime en sept ans. Prenons l’exemple d’une éducatrice d’internat débutante, en foyer, qui travaillera jusqu’à 23h, commencera à 6h ou 7h, et sera aux côtés du public week-ends et jours fériés, soirées de réveillon comprises. Elle touchera moins de 1.500€ net, et uniquement grâce à la prime d’internat.

Au bout de quelques années, nombre d'ES arrêtent de travailler dans cette voie, face au rythme épuisant et au double quotidien à gérer, chez soi et au foyer. En foyer, l'ES se confronte à toutes sortes de situations difficiles: pathologies relevant parfois de la psychiatrie, violences, tensions, troubles du comportement et de la personnalité, troubles autistiques, difficultés relationnelles, carences éducatives, déficit d’affection et d’attention, pathologies du lien, énurésie et encoprésie, actes délinquants, prostitution –mais aussi, heureusement, à de grands moments de bonheur et de complicité.

Il faudra environ quinze ans à notre éducatrice, si elle tient le choc, pour parvenir à toucher 2.000€ net. La panacée, comparé au salaire des éducateurs et éducatrices en «milieu ouvert», qui se déplacent à domicile, à l’école, auprès des partenaires, et ne font pas d’internat (2).

Un ou une ES d'action éducative en milieu ouvert (AEMO), qui travaille dans le cadre de la protection de l’enfance, sur décision du juge des enfants, et qui va suivre des enfants et ados en danger en venant régulièrement au domicile familial, ne perçoivent que 1.300€ net en début de carrière. Ajoutons qu'elle ou il a environ trente mineurs et mineures à suivre, se déplace loin en milieu rural, n’hésite pas à étirer ses horaires le soir pour que les parents se rendent disponibles et cumule de lourdes responsabilités, en étant presque la seule garantie qu'il n'arrive de fâcheux à ces enfants auxquels l'ES rend visite toutes les deux ou trois semaines. Ce chanceux ou cette chanceuse touchera 1.500€ net au bout de six années.

«Certains stages ne sont même pas pourvus, et je reçois moins de CV pour un poste. Le salaire peu attractif, les responsabilités, la charge de travail, ça joue.»

Un directeur de service d’AEMO

Le milieu ouvert avait pourtant la cote auprès des étudiantes et étudiants en travail social, comme le résumait Jacques Queudet: «Le milieu ouvert, une position haute dans le métier, basse dans la division du travail [...]. Les éducateurs travaillent plus fréquemment en binôme avec un psychologue, donc un cadre, se rendent dans le cabinet du juges des enfants, voient policiers et enseignants, etc. Ils se nourrissent des professions environnantes pour leur propre valorisation [...]. C’est une “position ascendante linéaire”, une ambition de positions plus élevées symboliquement qu’économiquement» –il vaut mieux, car ladite ambition ne se trouvera certainement pas dans le salaire.

Depuis quelque temps, un directeur de service d’AEMO observe une érosion des demandes pour le milieu ouvert: «Avant, c’était la ruée vers les stages et les postes en AEMO. Aujourd’hui, certains stages ne sont même pas pourvus, et je reçois moins de CV pour un poste. Le salaire peu attractif, les responsabilités, la charge de travail, ça joue.»

Le milieu ouvert perd de son prestige, mis K.O. par des conditions de travail pour le moins rébarbatives, mais reste haut placé dans la hiérarchie des publics «préférés» des ES. Il reste plus valorisant de travailler en milieu ouvert et en protection de l’enfance plutôt qu’auprès de personnes handicapées.

Position sociale paradoxale

Le manque d’intérêt du grand public pour les salaires des travailleurs et travailleuses sociales tient également à une représentation inconsciente du métier, liée à la pensée judéo-chrétienne et partagée par la profession elle-même, qui repose sur les valeurs humanistes –l’aide, le partage, le don.

De nombreux écrits ont accolé les réflexions de l’anthropologue Marcel Mauss sur le don et les postures adoptées dans le travail social. Ce métier, «qui dispose d’un héritage équivoque puisqu’il repose dès le départ sur des valeurs religieuses (don de soi, amour de l’autre, vocation) qui seront ensuite laïcisées», comme l'écrit Jacques Queudet, pourrait-il prétendre à être mieux considéré du point de vue salarial? Ne serait-il pas choquant, voire un peu honteux, de payer davantage ces pros du don de soi?

Dans Le lien d’accompagnement, entre don et contrat salarial, le professeur de psychologie Paul Fustier explique que, «de tradition, en France tout au moins, l’activité salariée est soupçonnée, elle est “fécalisée”, elle sent mauvais». L’acceptation –toute relative– du métier d’ES, cet énergumène qui aide des gens qui n’ont qu’à s’en sortir tout seuls, est peut-être à ce prix: celui d’un petit salaire. Car cette acceptation ne se transformerait-elle pas en grommellement collectif si les ES venaient à gagner davantage?

Ce «décalage entre l’image que les éducateurs spécialisés veulent renvoyer d’eux-mêmes et la façon dont ils sont identifiés dans la société» persiste. L’ambivalence que les éducs spé entretiennent avec le caractère vocationnel du métier les maintient dans le bas du panier salarial, tout en espérant être dans le haut du panier sociétal. Finalement, ce que cherche les personnes évoluant dans le travail social, c’est la reconnaissance.

«Les étudiants partent du postulat qu’on ne fait pas ce métier pour l’argent. Ce n’est pas dans la “culture” du métier.»

Un formateur en école de travail social

«Presque un tiers des enquêtés entrent dans ce métier dans l’espoir d’une reconnaissance sociale. Ils perçoivent l’engagement auprès des plus démunis comme une valeur capable de leur garantir une position haute, sinon dans la hiérarchie sociale, du moins sur l’échelle des valeurs reconnue positivement par la société», a observé Jacques Queudet lors de ses recherches. Et malgré les écueils, les ES ont des raisons d'y croire: tacitement, furtivement, elles et ils sont assimilés à la classe dominante, sur le plan intellectuel.

Une drôle de position sociale, déjà relevée par la sociologue Jeannine Verdès-Leroux en 1978: elle notait que l’action du travail social est «exercée par une fraction dominée, mais objectivement intégrée sur le plan culturel et moral à la classe dominante [...] et disposant, dans la limite de son mandat, d’une autorité déléguée sur les couches dominées».

Le salaire est peut-être le dernier bastion qui empêche la travailleuse ou le travailleur social de devenir transfuge de classe et qui le remet à sa juste place, dans sa posture de personne dominée elle aussi, souvent issue de la petite classe moyenne. D’ailleurs, remarque un formateur en école de travail social, «les étudiants partent du postulat qu’on ne fait pas ce métier pour l’argent. Ce n’est pas dans la “culture” du métier. Et la grille [de la convention 66] est fixe, elle empêche d’éventuelles négociations» –ce qui explique que la question des rémunérations ne soit jamais abordée dans les écoles de travail social.

Mais ce professionnel va même plus loin: «Aujourd’hui, de plus en plus de nos étudiants sortent de la précarité. Alors le salaire, il leur paraît bien. Ils se disent même qu’ils ne sont pas les moins bien lotis. Les moniteurs-éducateurs, les surveillants de nuit sont plus mal payés. Les éducateurs sont plus enclins à maintenir des climats sociaux sereins qu’à se battre pour revaloriser leurs salaires.»

Absence de mobilisation

De fait, l'ES ne revendique pas. L’image de l’éduc spé gaucho et contestataire est valable au cas par cas, dans son microcosme, mais ne peut faire groupe. «Les pratiques très différenciées des éducateurs font qu’ils ont du mal à s’unifier. On relève une incapacité à s’organiser en tant qu’association, donc à défendre leurs propres intérêts. Ce déficit d’identité se paye», résume Jacques Queudet.

Un postulat toujours d’actualité: force est de constater que l’éducateur ou l'éducatrice spécialisée a aujourd’hui intériorisé une posture sacrificielle et développé une acceptation tacite de ses conditions de travail délétères, au détriment de sa fibre sociale et militante. À moins que son militantisme ne soit en réalité un mythe, une construction patiente et tenace des esprits due à un discours de révolte au monde, à des engagements et valeurs finalement davantage morales que visibles sur le pavé.

Les récentes manifestations d’éducs spé, pour alerter sur les conditions de travail en protection de l’enfance, se sont faites en comité réduit et n'ont été que peu médiatisées. Les grèves sont brèves, peu nombreuses.

D'abord parce que L’ES en protection de l’enfance ne va pas réussir à fédérer ses collègues du médico-social, à les rallier à sa lutte. Mais surtout parce que, dans le travail social, on hésite à manquer à son «devoir» trop longtemps. Il reste de l’héritage judéo-chrétien la culpabilité d'abandonner les personnes que l’on doit accompagner, de faire grève, de lâcher son poste, de se mettre en arrêt –ou même de ressentir de l'épuisement. Ou bien cette obstination au travail est-elle une forme de résistance subversive face au cynisme des puissants?

Quoiqu’il en soit, si le corps de métier n’arrive pas à s’unir pour mieux accompagner les bénéficiaires, comment pourrait-il engager une bataille sur ses salaires? Là où le gouvernement a mis en place une prime pour le personnel enseignant de REP+, il est inenvisageable pour tout le monde ne serait-ce que d’y penser pour les ES.

Il est à parier que ce qui est établi continuera d’être et que rien ne bougera –ni les conditions de travail, ni la reconnaissance sociale et salariale– si les éducs spé ne se décident pas à revaloriser leur métier, en premier lieu dans leurs esprits. Oui, il s'agit d'un beau et noble métier, et non, il ne mérite pas d’être sous-payé.

Les ES contribuent à maintenir une société digne de ce nom, plus humaine, qui tâche de prendre en compte chacun et chacune de ses membres. Et il n’y a pas lieu de rougir à vouloir continuer à le faire dans des conditions décentes.

1 — La Convention Collective du 15 mars 1966 est la convention collective nationale du travail des établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées. Elle s’applique aux établissements du secteur social et médico-social, et concerne plus de 80% des établissements. Certains d'entre eux sont sous «Convention 51», un peu plus avantageuse en début de carrière pour ce qui concerne le salaire. Retourner à l'article

2 — Nous incluons ici les ES d’action éducative en milieu ouvert (un suivi de la famille sur décision de justice), d’aide éducative à domicile (un contrat entre la famille et le conseil départemental), de la prévention spécialisée (autrefois appelés éducateurs et éducatrices «de rue», qui travaillent dans les quartiers populaires et vont au contact de la population et des jeunes) et les services d’éducation spéciale et de soins à domicile. Retourner à l'article

3 novembre 2018

Violence, humiliation sur des enfants : de la prison ferme requise pour les responsables d’un foyer dans les Bauges

article publié sur France bleu

vendredi 2 novembre 2018 à 19:03 Par Anabelle Gallotti, France Bleu Pays de Savoie et France Bleu

Deux responsables du foyer le Sapin à Jarsy dans les Bauges ont été jugés vendredi pour des faits de violence notamment à l’encontre d’enfants handicapés ou en grande difficulté sociale. La procureure a requis deux ans de prison ferme.

Photo d'illustration Photo d'illustration © Maxppp - .

chambéry

C’est le procès de la banalisation de la violence dite "éducative ou pédagogique" qui s’est déroulé vendredi au tribunal correctionnel de Chambéry. Quatre personnes étaient jugées, dont deux responsables d'une structure d'accueil pour enfants difficiles ou handicapés : le Sapin à Jarsy dans les Bauges. Les faits se sont déroulés entre 2012 et 2015. La structure a été fermée depuis.

De lourdes peines requises : deux ans ans contre les responsables de la structure

La procureure a requis deux ans de prison ferme contre la directrice du centre et le président de l'association qui gérait le centre. Le ministère public a plaidé des peines avec sursis pour les deux autres prévenus, un ancien salarié et une habitante de la structure, qui était aussi une ancienne pensionnaire. La décision a été mise en délibéré. 

La violence érigée en système 

"Un coup de pied au cul, ça n'a jamais fait de mal à personne, une fessée carabinée oui, mais pas de violence à l'état pur" - La directrice du centre

Cette femme a travaillé quarante ans auprès des enfants placés. Il s'agit d'une personne corpulente qui explique qu'elle s'asseyait sur les jeunes pour les calmer. Son président, qui lui n'est pas un travailleur social, intervenait au centre tous les week-ends. C'est lui qui a attaché un garçon de dix ans, handicapé mental, à un arbre. C'est aussi lui qui a demandé à un autre de faire le chien. 

"J'ai demandé à l'enfant de faire le chien, pour montrer qu'on pouvait créer du lien avec ces jeunes" - Le président de l'association

Avec assurance et arrogance, le président nie tout ce qu'on lui reproche : la maltraitance, les faits de violences, les humiliations. Les psychotropes distribués sans le diplôme requis. "Un dossier effrayant, des personnes abjectes" diront les avocats des enfants handicapés, placés dans cette structure.

La défense plaide des négligences des pouvoirs publics qui ont fermé les yeux . "Tout le monde savait que ces enfants étaient difficiles à gérer" s'insurge une avocate. 

"Ces enfants, on les appelle les mistigris, les incasables dans les instances chargées de leur trouver un foyer" - Une avocate de la défense

À Jarsy, la violence érigée en système faisait froid dans le dos, presque autant que le constat des défaillances institutionnelles, judiciaires et administratives qui étaient censées, aussi, protéger ces jeunes. 

27 octobre 2018

Noah, 11 ans, autiste asperger et pianiste

Crédits : DR

 

Apprendre à jouer du piano aux enfants autistes c’est le pari de l’association Apte-Autisme. Noah, un élève, suit ces cours de musique. Nous l’avons rencontré. 

Paris 15ème, 10h45. Noah, autiste asperger, commence sa leçon hebdomadaire de piano chez Françoise Dorocq, la fondatrice d’Apte-Autisme, et son enseignante de piano. “Même Mozart ne peut pas faire mieux !” lance le garçon de 11 ans. Pour lui, il n’y a pas de pianiste meilleur que les autres : chacun à sa façon de jouer. Les lunettes sur le nez, le dos droit, l’enfant attaque sa leçon par des petits exercices d’échauffement.

Les notes sont jouées de la main droite, puis à gauche. Avoir conscience de soi, de son corps, n’est pas chose aisée pour les personnes autistes. La mère de Noah, Déborah, raconte par exemple que son fils peut avoir du mal à faire ses lacets. Pour cela, Françoise Dorocq explique qu’il faut beaucoup de travail pour que ses élèves jouent simultanément de leurs deux mains. C’est le prochain exercice de Noah : la binarité. Il entame le morceau “Gazouillis d’oiseau”. Le regard pivotant entre la feuille, où les notes de musiques sont notées, et les touches du piano, Noah a du mal à enchainer. Patiente, Mme Dorocq lui fait reprendre l’exercice, et lui montre doucement où poser ses doigts. Nullement déconcerté, le jeune garçon rejoue le morceau jusqu’à être satisfait de ce qu’il entend. L’air rieur, il ajoute : “Au moins vous ne payez pas le ticket de spectacle !”.

"Derrière l’instrument on ne voit plus les différences"

Le bonhomme est loin d’être intimidé par un public. Grâce à Apte-Autisme, Noah, tout juste rentré en classe de 6ème, donne des concerts dans des théâtres partenaires. Comme lui, plusieurs élèves de l’association se produisent dans des lieux tels que le théâtre du Ranelagh (Paris 16ème). Françoise Dorocq explique que “derrière l’instrument on ne voit plus les différences”. Diplômée en psychologie, cette enseignante se dit toujours autant émue de voir ses élèves monter sur scène.

L’un des traits de l’autisme, c’est la difficulté pour les personnes qui en souffrent de ressentir certaines émotions. Mais le fait de jouer sur une scène devant un public fait éclore un sentiment. Noah l’affirme, “c’est le trac”. Après une montée d’adrénaline, le jeune garçon ne ressent plus que du plaisir en jouant. Son enseignante qui a écrit un ouvrage sur le sujet, Autisme et Musique, indique qu’il est plus simple pour les autistes de communiquer avec la musique, qu’avec des mots. Mais des difficultés existent selon les types d’autisme. Un élève atteint d’autisme de Kanner (autisme sévère) a plus de difficulté qu’un autiste asperger à s’adonner à ces leçons de piano.

Noah et ses parents. Beaucoup d’amour dans cette photo. Crédits : DR

Malgré son âge, l’enfant est très mature en ce qui concerne la discrimination dont il est sujet. Noah se dit “triste” de la réaction de certaines personnes face à cette maladie. Le problème, selon lui, est l’ignorance de ce qu’est réellement l’autisme. Du haut de ses 11 ans Noah déclare : “Handicapés ou pas, on s’en fout : on est tous pareil”.

Originaire de Saint Denis, sa famille cherche à installer un piano chez eux afin que Noah puisse s’exercer quand il veut. Le garçon n’est pas certain d’y prendre autant de plaisir que lorsqu’il joue sous la tutelle de son professeur. Ses projets pour l’avenir ? “Faire de la guitare, ou peut-être apprendre à jouer du synthétiseur” répond l’intéressé.

8 novembre 2018

Une maison pour autistes inaugurée à Sébazac

article publié dans La Dépêche

Publié le 07/11/2018 à 03:51, Mis à jour le 07/11/2018 à 08:36

 

De très nombreuses personnes réunies à la salle de La Doline à Sébazac pour célébrer l'événement./ DDM, MCB

De très nombreuses personnes réunies à la salle de La Doline à Sébazac pour célébrer l'événement./ DDM, MCB

Un événement aveyronnais qui est aussi une première en France pour ce type de logement inclusif qui peut être dupliqué dans bien d'autres communes.

L'autisme est un défi prégnant de santé publique auquel il est urgent de répondre. Car la majeure partie des personnes autistes est aujourd'hui accueillie dans des structures non spécifiques et parfois mal adaptées. Trop souvent l'hébergement reste directement à la charge des parents, dans le cadre familial, avec toutes les conséquences et les problématiques que cela induit. Aussi l'inauguration, ce lundi, des Chrysalides du Comtal, logement inclusif et habitat partagé pour sept jeunes autistes en plein centre du bourg de Sébazac-Concourès représente un évènement. C'est une aussi une première en France qui ne demande qu'à être reproduite. Mais ce type de structure qui manquait cruellement est aussi le fruit d'une grande ténacité, d'un «combat administratif car il ne rentrait dans aucune case» et d'une détermination sans faille de quatre longues années. «Je ressens une certaine fierté car il a fallu mobiliser beaucoup d'énergie», confiait Joël Malbert, président d'Austisme Aveyron. SoliHa, la Fédération solidaire pour l'habitat, qui construit à partir des besoins avoue que «le projet a été compliqué à monter et a nécessité de nombreuses dérogations. Il a aussi pu voir le jour grâce à la municipalité de Sébazac qui a donné le terrain pour un euro symbolique. Les loyers, eux, seront ceux d'une résidence sociale donc faibles», explique Daniel Trémolet de SoliHa Aveyron. L'ensemble des intervenants participants à cette inauguration a souligné son caractère novateur. Denis Saules, président de SoliHa Aveyron, a parlé d'une «réalisation pionnière appelée à être essaimée en d'autres points de notre territoire». Pour Xavier Delannoy, président de SoliHa France, «il s'agit d'une réalisation exemplaire témoignage de l'habitat inclusif pour ceux qui malheureusement restent en marge du chemin». Et le même d'insister sur le fait que «le logement est un vecteur d'insertion important». Pauline Cestrières, suppléante du député Mazars, insistait, elle, sur «notre rôle d'amener nos enfants à l'indépendance». De son côté, Benoît Quintard, administrateur régional du Crédit Agricole, a souligné «un projet pilote et solidaire qui fait référence, une démarche qui fait sens». Il a conclu en souhaitant «que ces Chrysalides du Comtal voient éclore de jolis papillons». C'est en bonne voie puisque la commune d'Argences-en-Aubrac est très intéressée par la démarche. Enfin, la représentante de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) a évoqué «un projet qui est un message porteur d'espoir et qui valorise le vivre ensemble dans une actualité où la violence et l'intolérance sont trop souvent à la une».

Autisme Aveyron, Vialarels village, 12300 Decazeville, tel 0951124731, www.autisme12.fr et autisme.aveyron@free.fr


«Chrysalides du Comtal», un modèle de logement inclusif

Cet habitat partagé est composé de 7 logements dont 2 qui sont jumelables pour éventuellement favoriser l'accueil des familles. Il comprend des espaces communs polyvalents tels que la cuisine et le salon permettant la préparation et la prise des repas en commun tout en favorisant le lien social. On y trouve aussi 5 salles pluridisciplinaires pour des activités éducatives et sociales avec des intervenants extérieurs. Au soir même de l'inauguration, les résidents se sont installés dans leur nouveau logement. «Une nouvelle vie commence pour eux dans un environnement adapté», a souligné la représentante de la préfète de l'Aveyron.

Cette opération a nécessité un investissement de plus de 1 200 000 euros dont 470 000 € d'aides récoltées. Elle a bénéficié du soutien de nombreux partenaires dont l'état, Rodez agglomération, la municipalité de Sébazac-Concourès, SoliHa, la Caisse des dépôts et de nombreux mécènes dont la Fondation Abbé Pierre et le Comité national coordination action handicap (CCAH).


3 questions à Joël Malbert, Président fondateur de l'association Autisme Aveyron

Quand est née votre association ?

Très symboliquement elle a été créée le 1er mai 2010 car ce jour-là on s'est mis au travail pour nos enfants. Elle regroupe des parents d'enfants, d'adolescents et d'adultes atteints d'autisme ou de troubles du spectre autistique.

Quel est son objectif ?

Elle est forte d'une trentaine de membres et compte aujourd'hui 8 salariés. Elle a pour but de mettre en œuvre, promouvoir et gérer toutes les actions en faveur des personnes autistes, de développer leur prise en charge, de favoriser leur autonomie, leur intégration sociale et leur bien-être, d'aider les familles ayant en charge des personnes autistes et de gérer des structures telles que celle-ci.

Qui va s'installer et comment va fonctionner cette nouvelle structure ?

De jeunes autistes proches de l'autonomie, âgés de 18 à 30 ans, qui ne trouvaient pas d'habitat adapté pour eux. Ils partageront aussi ce bâtiment avec des associations locales afin que cela devienne véritablement un lieu de vie.


Le chiffre : 7

places > dans ce logement inclusif. Cela paraît faible mais cet habitat a le mérite d'exister, et peut-être d'en engendrer d'autres, surtout quand on sait qu'une personne sur 100 en France est atteinte de troubles autistiques. Ce qui fait qu'en Aveyron il y aurait 2 800 personnes dont près de 2000 adultes pour… seulement 10 places dédiés à leur accueil.

Marie-Christine Bessou

8 novembre 2018

Autisme : s’intégrer par l’habitat, le travail et les loisirs

article publié sur le site de la fondation Orange

Partout en France, nous favorisons des initiatives autour de l’emploi, de l’habitat ou des loisirs pour faciliter l’inclusion de personnes avec autisme dans la société. Cette année nous finançons 23 nouveaux projets pour un budget de 414 441 euros dans ces domaines pour montrer que c’est possible de mieux vivre ensemble.

Par l’habitat

A Toulouse, la collaboration entre quatre associations actrices de l’habitat et de l’autisme ont le projet de réhabiliter un immeuble en centre-ville. "Résidence Inclusive" pour 6 jeunes adultes autistes Asperger, chacun aura son appartement autonome et bénéficiera des espaces-services collaboratifs. "Autisme 31" et "InPACTS" réalisent un suivi et des animations dans ce lieu innovant qui garantit à la fois autonomie et accompagnement.

Dans la région de Chartres, "A Tire d’Aile" propose un projet de vie plus ouvert avec 3 dispositifs d’habitat pour personnes avec autisme : en habitat partagé, en Maison d’aide spécialisée (MAS) hors les murs ainsi qu’au sein des familles. Autant d’alternatives à une vie entière en établissement, qui peut convenir à certains mais pas à d’autres.

 


La Maison du parc à Auneau accueille des salariés avec autisme depuis 2017.

 

Une inclusion professionnelle adaptée au potentiel de chacun

Nous investissons plus de 200.000 euros dans la formation et l’emploi des personnes avec autisme :

A Nice, Avencod est une entreprise adaptée qui met en relation les personnes avec autisme et les entreprises pour des prestations de développement informatique et de tests fonctionnels d’applications. Nous la soutenons pour monter une structure identique à Marseille en lien avec les professionnels de l’autisme.

 

 

L’association "Le Mouton à 5 pattes" et "Paris 3-La Sorbonne" créent cette année un Master « Communication et Système d’Informations » ouvert à des autistes Asperger. Les étudiants bénéficieront à la rentrée 2019 d’une initiation à la programmation, aux sciences sociales ou au droit éthique et numérique. Une formation à distance qui réserve tout de même 107 heures d’accompagnements durant la formation ainsi que de nombreux moments de rencontres entre étudiants, familles et experts.

Facteur d’indépendance et de socialisation, l’emploi est, à fortiori pour les personnes avec autisme, une réelle opportunité d’insertion dans notre société.

Le loisir : vecteur d’émancipation…

C’est également par le jeu, des sorties, des moments de répit que nous pouvons réduire la fracture entre les personnes avec autisme et les neuro-typiques. La ville de Lannion a décidé de créer un accueil sur mesure pour les enfants avec autisme sur les temps périscolaires et extrascolaires. Les équipes d’animation et les responsables de structures seront formés et les familles impliquées pour un projet collectif pérenne.

Depuis 1991, nous sommes engagés dans la cause de l’autisme. Cette année encore nous soutenons de nombreux projets qui vont faciliter l’insertion sociale : par les apprentissages numériques bien-sûr, mais aussi par les nouvelles formes d’habitat, et des solutions sur-mesure dans le domaine du travail des adultes et des loisirs des plus jeunes.

13 novembre 2018

Savoie : la première école pour autistes de France soutenue par Brigitte Macron

article publié sur France Bleu

lundi 5 novembre 2018 à 6:01 Par Sarah Gilmant, France Bleu Pays de Savoie et France Bleu

La fondatrice de l'école Bleue de Montmélian en Savoie ne s'attendait pas à une telle reconnaissance. Brigitte Macron soutient la première école pour autistes de France.

L'école Bleue  accueille 25 élèves âgés de 3 à 10 ansL'école Bleue accueille 25 élèves âgés de 3 à 10 ans © Radio France - Sarah Gilmant

Montmélian, France

L'école Bleue, première école de France pour les enfants autistes, est ouverte depuis le mois de septembre à Montmélian en Savoie grâce à la détermination d'une mère. Julie Blanc a voulu créer cette école pour son fils Charly, sept ans, atteint du syndrome d'Asperger. Recevoir ce soutien de poids, celui de la première dame, "c'est le plus beau des cadeaux" avoue Julie Blanc.

"Pour nous, les familles et enfants, c'est une reconnaissance. Nous sommes enfin reconnus pour la bataille qu'on mène au quotidien. Ça veut dire beaucoup" avant d'ajouter "mais il n'y a pas que Brigitte Macron, j'ai le bonheur d'être entourée de dizaines de bénévoles qui sont extraordinaires."

"Cette école, c'est un miracle" - Audrey Chojnacki, mère d'Eden"

L'école bleue compte actuellement vingt-cinq élèves âgés de trois à dix ans. 

Une école qui veut grandir 

Grâce aux dons et aux futurs subventions de l'Etat, l'école espère bien en accueillir quatre-vingt d'ici le mois de janvier. "Nous sommes soutenus par des maires, des députés, des sénateurs. Il ne manque plus que les subventions publiques pour faire avancer notre projet."

Avec son association « Charly et son voyage imprévu avec l’autisme », elle lance un appel aux dons pour acheter du matériel pédagogique et pouvoir recruter trois enseignants supplémentaires : "Nous sommes huit à enseigner pour l'instant. Il nous manque encore des choses comme une chaîne hi-fi ou un four pour commencer des cours de cuisine."

Une partie des bénévoles de l'Ecole Bleue  profite du soleil dans la cour de récréation - Radio France
Une partie des bénévoles de l'Ecole Bleue profite du soleil dans la cour de récréation
© Radio France - Sarah Gilmant

Les progrès d'Eden grâce à l'école Bleue

Audrey Chojnacki voit les progrès de son fils Eden depuis son inscription à l'Ecole Bleue : "il y a un mois, il ne s'exprimait pas, ne mettait pas un pied devant l'autre, ne fixait pas les gens dans les yeux. Aujourd'hui, j'ai retrouvé espoir qu'il marche bientôt seul." 

Eden à trois ans et demi, il est encore trop jeune pour être diagnostiqué par les médecins mais, pour sa mère, "ce qui compte, c'est de le voir heureux et entouré d'amour ici. C'est un véritable soulagement d'avoir une école la plus adaptée aux besoins de notre enfant, c'est un miracle."

Une classe toute neuve et six-cents mètres carrés en tout totalement réaménagés grâce à des dizaines de bénévoles - Radio France
Une classe toute neuve et six-cents mètres carrés en tout totalement réaménagés grâce à des dizaines de bénévoles
© Radio France - Sarah Gilmant

Tout s'est accéléré depuis que l'école Bleue est soutenue par la première dame. 

Julie Blanc travaille sur un projet en lien avec l'Unesco et prépare un livre mais elle aimerait surtout créer des antennes dans d'autres départements et développer l'école pour pouvoir accueillir des adolescents jusqu'à dix-huit ans "pour les autres familles. Je reçois des appels du Var, de Metz... Elles aussi ont besoin d'une école."

Si vous voulez apporter votre soutien à l'Ecole Bleue, rendez-vous sur la page facebook de l'association "Charly et son voyage imprévu avec l'autisme".

Le reportage à l'Ecole Bleue de France Bleu Pays de Savoie

11 novembre 2018

Vidéo: L’équithérapie comme nouvelle méthode de traitement pour l’autisme

article publié dans Casbah Tribune

L’équithérapie, souvent appelée hippothérapie, est une prise en charge thérapeutique, non conventionnelle, complémentaire aux soins médicaux, qui prend en considération le patient dans son entité physique et psychologique, et utilise le cheval comme partenaire thérapeutique afin d’atteindre des objectifs fixés.

Une pratique qui (officiellement) existe en Algérie depuis 3 ans, mais dont l’utilisation n’a pas dépassé depuis, la pratique simple de l’équitation.

A cet effet, « Le Rotary club Alger la Baie », a organisé une formation qui a été dispensée par deux formatrices professionnelles : Marie Sophie, et Emilie, qui sont venu de France afin de former nos instituteurs algériens, pour mieux comprendre le procédés, et avoir de meilleurs résultats.

« L’équithérapie n’est pas de l’équitation, cette pratique utilise le cheval comme canal cognitif, pour faire passer une émotion, ou un message sensoriel au patient (autiste dans ce cas la), on n’apprend pas aux enfants à monter à cheval…» déclare alors Emilie.

18 novembre 2018

Salon du Cheval 2018 : l'équithérapie au centre du soin en pédo-psychiatrie à l'hôpital de Montfavet à Avignon

article publié sur France 3

Le cheval a fait son entrée à l'hôpital de Montfavet d'Avignon en 1972. / © France 3 Provence AlpesLe cheval a fait son entrée à l'hôpital de Montfavet d'Avignon en 1972. / © France 3 Provence Alpes

Par Annie VergnenegrePublié le 16/11/2018 à 07:02Mis à jour le 17/11/2018 à 14:04

La jeune Mila scrute avec une certaine appréhension l'enclos des chevaux. Aujourd'hui son compagnon est blanc, c'est un double poney et il s'appelle Oscar. Au pansage, la fillette de 6 ans a du mal à maîtriser son impatiente et l'exprime par des gestes brusques d'opposition. C'est un des aspects de ses troubles qui est travaillé lors de ces séances d'équithérapie, à l'hôpital de Montfavet à Avignon. 

"Elle était un peu agressive avant, ça s'est beaucoup amélioré"

note la maman de Mila, "encore plus les jours de séance. Elle est calme, elle ne fait plus de crise".

Contraintes et plaisir

Mila est l'une des jeunes patientes du service de pédo-psychiatrie. Agés de 4 à 18 ans, ils sont pris en charge pour autisme ou pour des troubles psy divers. Quand ils brossent le cheval, qu'ils le mènent au licol ou qu'ils montent sur son dos, ils apprennent à canaliser leurs pulsions et à gérer les contraintes d'un médiateur "vivant" de 500 kilos. Tout aussi important, il y a "plaisir" d'être avec l'animal, une notion qui est au centre de ce travail.

Infirmières cavalières

L'atelier est situéà la ferme Gabriel, il est constitué de six chevaux. Les infirmières ont une double compétence. Elles sont spécialisées en pédopsychiatrie et cavalières. Françoise Vacheyran est le médecin référent de l’unité.

"Ils vont être valorisés par cette activité, ils vont gagner de la confiance en eux et c'est très important pour les 3/4,"

 explique la pédopsychiatre, "pour les troubles autistes graves, c'est une ouverture à autre chose que le monde dans lequel ils sont enfermés."

Dès 1972

Le cheval est une affaire de passion. A l'hôpital de Montfavet, c'est l'amour du chef de service "psychiatrie" pour les chevaux qui a conduit à l'ouverture de cet atelier d'équithérapie au sein du service de pédo-psychiatrie en 1986. Une évolution logique dans cet établissement qui a mis le cheval est au centre du soin dès 1972, se posant comme l'un des précurseurs en la matière en Europe.

Des visées thérapeutiques vastes

Les visées thérapeutiques de l'équithérapie sont vastes. Elle permet, sur le plan psychique, de travailler l’émergence des affects, la relation ou la canalisation des pulsions. Sur le plan moteur, la médiation équine permet d’améliorer la coordination motrice, la tonicité, la structuration dans l’espace.

Reportage de Frédérique Poret et Olivier Ducros-Renaudin : 

Equithérapie à l'hôpital de Montfavet
L'hôpital de Montfavet dispose d'un atelier d'équithérapie depuis 1986, il utilise le cheval comme médiateur auprès d'enfants souffrant de handicaps. - Frédérique Poret et Olivier Ducros-Renaudin
(Intervenants : Perrine Jean infirmière-cavalière au centre hospitalier de Montfavet, Emilie Muller infirmière-cavalière au centre hospitalier de Montfavet, Dr françoise Vacheyran pédopsychiatre au centre hospitalier de Montfavet, Johanna et Ludovic Scheddino père de Mila)

 

20 novembre 2018

Pour rappel -> Mettons fin à 30 ans de rumeurs sur l'autisme, pour enfin s'attaquer aux vrais problèmes

 

BLOG - Mettons fin à 30 ans de rumeurs sur l'autisme, pour enfin s'attaquer aux vrais problèmes

Quel est le point commun entre un réfrigérateur, un vaccin et un iPad? Ils incarnent tous les trois, à des degrés divers, des années d'errance médicale, de maltraitance parfois, de désespoir souvent, pour des milliers de familles françaises dont l'un des enfants est atteint d'un trouble du spectre autistique (TSA).

https://www.huffingtonpost.fr

 

23 novembre 2018

Autistes, ils vivent autonomes : une 1ère en France ?

 

Résumé : En réponse à des prises en charge insuffisamment adaptées aux personnes autistes, deux associations ont monté un projet d'habitat partagé pour les socialiser et leur permettre d'acquérir plus d'autonomie. Intéressés ? Il reste un logement libre !

Par , le 23-11-2018

« Habitat partagé » pour personnes avec autisme cherche son dernier locataire ! En Aveyron, une maison « inclusive » met à disposition sept logements et des espaces communs polyvalents pour favoriser les échanges entre ses résidents en situation de handicap. Second objectif : une prise d'autonomie sécurisée. Ce projet, conçu par l'association de parents Autisme Aveyron et Soliha Aveyron, leur permet de disposer d'un T1 de 31 m2 avec cuisine et salle-de-bain individuelle. En parallèle, cinq salles d'activités et une cuisine commune permettent la mise en place d'activités créatives et socialisantes. « Les chrysalides du comtal », affiche presque complet, seul un logement est encore libre !

Objectif socialisation

Dans la petite commune de Sebazac-Concoures, cette maison suscite les interrogations. « Ce projet de l'association Autisme Aveyron a mis quatre ans à voir le jour car elle ne rentrait dans aucune 'case' », explique Karine Venot, directrice de l'association Soliha (Solidaires pour l'habitat) Aveyron. Elle assure que c'est une première en France : « Nous avons cherché des initiatives similaires sur tout le territoire mais n'en avons trouvées aucune. »Les habitants ont découvert cet espace le 5 novembre, date de l'ouverture officielle. Certains ont eu la surprise d'apprendre que les salles d'activités étaient ouvertes aux autres associations de la commune. Le but : socialiser les habitants et déstigmatiser le handicap. Depuis, six locataires occupent les appartements. Ils disposent de leur espace personnel et peuvent se réunir, quand ils le souhaitent. Leur profil ? De jeunes hommes âgés de 18 à 22 ans -l'autisme touche principalement les hommes-. « L'usage des appartements permet un apprentissage du 'savoir habiter', comme pour tout locataire, qui nécessite de gérer sa consommation d'eau, d'électricité, de prendre soin de son mobilier et de vivre avec un voisin », souligne Soliha Aveyron.

Un accompagnement permanent

Un éducateur spécialisé est présent 24 heures sur 24 pour les accompagner, les aider à préparer les repas ou participer à des activités artistiques et sportives. « Tous les éléments sont rassemblés pour qu'ils aient leur place dans une communauté de vie, poursuit Karine Venot. L'implantation dans un environnement résidentiel participe à l'inclusion sociale et évite la relégation et l'isolement. Avant, tous étaient au domicile des parents, sans aucune solution de prise en charge ». Le petit plus : les résidents peuvent bénéficier de l'allocation « APL-foyer » et règlent un reste à charge de 100 euros par mois.

Un projet moteur

Afin de coller aux attentes de ses futurs locataires, Soliha Aveyron a décidé d'intégrer la participation directe de jeunes porteurs d'autisme et de leur famille à la conception et la mise en œuvre du projet. « Cette opération s'inscrit dans le droit commun, affirme Karine Venot. De nombreuses personnes autistes sont accueillies dans des structures mal adaptées, bien souvent à la charge de leurs parents. » L'habitat partagé apparaît comme une solution « aux difficultés criantes qu'ont les personnes autistes à se loger ». Forts de cette première expérience, d'autres projets similaires sont à l'étude en Aveyron et plus largement dans d'autres territoires à l'initiative d'associations Soliha.

 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr (Actus)

22 novembre 2018

Autisme en Ile-de-France combat pour la Qualité, l'Innovation et la Co-création explique Jean-Marc MONGUILLET

Information publié sur le site d'Autisme en Ile-de-France

AeIDF à l'honneur dans le n°76 de la Lettre d'Autisme France Nov-Dec 2018

16/11/2018  AeIDF à l'honneur dans le n°76 de la Lettre d'Autisme France Nov-Dec 2018  

L'article AeIDF: Notre combat pour la Qualité, l'Innovation et la Co-construction est accessible dans l'onglet Revue de Presse (icone verte en marge à gauche)

 

 

 

4 décembre 2018

Compensation du handicap : des mesures… d’ici juin

article publié dans Faire-face

Emmanuel Macron devrait annoncer des mesures sur la compensation en clôturant la conférence nationale du handicap, en juin 2019.

La 5e conférence nationale du handicap se déroulera de décembre 2018 à juin 2019. Elle comprend cinq chantiers, dont un sur l’amélioration de la compensation du handicap.

La compensation vient enfin de trouver place dans l’agenda politique du gouvernement. Le secrétariat d’État chargé des personnes handicapées va lancer des consultations pour « améliorer les conditions d’octroi de la prestation de compensation du handicap (PCH) afin de mieux prendre en compte les besoins des adultes handicapés ». Exemple : « Pouvoir apporter un soutien aux parents en situation de handicap. »

Une conférence sous une forme inédite

Ce sera l’un des « cinq chantiers nationaux » ouverts dans le cadre de la conférence nationale du handicap 2018-2019 (CNH). Le premier comité de pilotage de la 5e édition de cette CNH s’est réuni ce lundi 3 décembre. La conférence se déroulera de décembre 2018 à juin 2019 sous une forme inédite. Elle comprendra, en effet, des visites de ministres sur le terrain, la labellisation de pratiques exemplaires et, donc, la mise en œuvre de ces cinq chantiers.

Lire aussi

Améliorer le fonctionnement des MDPH

Un groupe de travail planchera sur la compensation. Un second sur les alternatives au départ de citoyens handicapés en Belgique, faute d’autres solutions. Un troisième groupe réfléchira sur la gouvernance des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Simplifier les allocations pour les enfants

De plus, une mission fera des propositions pour « simplifier le dispositif d’allocation » pour les enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, deux prestations cohabitent : la PCH et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH).

Dernier des cinq chantiers : la représentation des personnes handicapées au sein des politiques publiques. Les propositions seront débattues par le Parlement, annonce le secrétariat d’État. Et Emmanuel Macron clôturera la CNH en juin. Il pourrait donc annoncer des mesures lors de ce discours.

Une première occasion manquée

En décembre 2016, Manuels Valls, alors Premier ministre de François Hollande, avait annoncé la création de l’aide à la parentalité dans le cadre de la PCH. Mais aussi la fin de la limite d’âge à 75 ans pour pouvoir demander la prestation de compensation. Ces deux mesures ne sont jamais entrées en vigueur.

7 décembre 2018

MDPH : 4,5 millions de demandes, toujours en hausse

Résumé : 4,5 millions de demandes adressées aux MDPH en 2017, en hausse, avec encore trop de disparités selon les départements dans la gestion des demandes. Les grands chantiers en cours vont-ils simplifier leur fonctionnement ?

Par , le 06-12-2018

Toujours plus de demandes auprès des MDPH ? En 2017, les Maisons départementales des personnes handicapées connaissent à nouveau une augmentation de leur activité, selon le bilan de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) rendu public le 5 décembre 2018. Dans le détail, en 2017, 4,5 millions de demandes ont été adressées aux MDPH, contre 4,42 millions en 2016, soit +1,9 %. Si ce nombre reste en hausse, le rythme de l'augmentation est néanmoins moins soutenu que les années précédentes et touche de manière inégale les MDPH puisque près de la moitié d'entre elles en ont reçu moins.

En majorité : emploi et cartes

La répartition des demandes déposées en 2017 est similaire aux années précédentes, avec néanmoins une baisse de la part de celles relatives à l'emploi (RQTH, complément de ressource, AAH, orientation et formation professionnelle) qui passe à 38,9 % contre 41,6 % en 2016. Cette baisse concerne en particulier les demandes d'allocation aux adultes handicapés (AAH : 12,2 % contre 14 %). Le décret du 3 avril 2015 qui permet d'étendre, de 2 à 5 ans, la durée maximale d'attribution de la prestation semble ainsi produire ses effets. Un autre poste important est celui des « cartes » qu'elles soient d'invalidité, de priorité ou de stationnement, qui représentent 32 % des dossiers.

Quels taux d'accord ?

Les délais de traitement restent relativement « maîtrisés ». En moyenne, ils diminuent de 4 jours pour les demandes « adultes » (4 mois et 12 jours en moyenne) et augmentent de 3 jours pour les « enfants » (3 mois et 20 jours). Ces chiffres varient cependant fortement d'une maison à l'autre. L'évolution du taux d'accord varie lui aussi selon les prestations et reflète d'importantes disparités départementales. Si on observe une stabilité des taux d'accord sur la majorité des prestations et orientations, ils diminuent, toutefois, pour l'AAH, la prestation de compensation du handicap pour les moins de 20 ans et la CMI stationnement pour les moins de 20 ans. Malgré l'augmentation du nombre de décisions, le taux de recours (gracieux, contentieux) reste stable (2,4 %).

Vers une optimalisation des services ?

Le coût total de fonctionnement des MDPH en 2017 dépasse les 300 millions d'euros, financés en priorité par les départements mais également l'État, la CNSA et, dans une moindre proportion, les partenaires locaux. 5 000 personnes (équivalents temps plein) y sont employées, qui représentent 67 % de ces dépenses. Les mesures de simplification engagées par le gouvernement vont-elles permettre de fluidifier leur gestion, à la fois pour les usagers et les employés ? 2017, était, en effet, l'année de l'intensification d'un certain nombre de grands chantiers, notamment le déploiement de la démarche « une réponse accompagnée pour tous », la transformation numérique (dématérialisation des échanges et préfiguration du système d'information commun pour que toutes les MDPH disposent d'un même logiciel, article en lien ci-dessous) et l'initiation d'une démarche qualité.

Et les fonds de compensation ?

Quant aux fonds départementaux de compensation du handicap, ils sont destinés, en mobilisant différents financeurs, à accorder des aides financières extralégales aux personnes en situation de handicap pour leur permettre de supporter les frais de compensation restant à leur charge. En 2017, ces fonds ont financé des projets à hauteur de 16,13 millions d'euros, pour moitié dédiés aux aides techniques, un tiers aux projets d'aménagement du logement et 11 % à ceux du véhicule. Mais quel reste à charge pour le bénéficiaire ? Il représente en moyenne 16 % du coût total du projet, après notamment la PCH, qui en finance 33 %, et le fonds de compensation 19 %. Dans 22 fonds, le montant du reste à charge était inférieur à 10 % du coût des projets. Rappelons que le texte de loi de 2005 précise que ce reste à charge ne doit pas dépasser 10 % du revenu fiscal de référence du foyer du bénéficiaire (article en lien ci-dessous). Le hic, c'est que les décrets d'application définissant explicitement les conditions d'attribution de ce fonds ne sont jamais sortis, laissant chaque département faire selon son bon vouloir… Une synthèse sur ce sujet est attendue en février 2019.

 

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9 décembre 2018

Handicap : colère noire en gilets jaunes

article publié dans Faire-face

Alexandre Ribeiro est mobilisé depuis le début du mouvement des gilets jaunes. Ici, sur le Pont d'Aquitaine, à Bordeaux, le 17 novembre. © DR

De nombreuses personnes en situation de handicap soutiennent le mouvement des gilets jaunes et affichent leur mécontentement. Qu’elles soient condamnées à la précarité par la faiblesse de l’AAH ou de leur pension d’invalidité voire déçues que le handicap ne soit pas la priorité annoncée du quinquennat.

Ce samedi est une journée presque comme les autres pour Alexandre Ribeiro. Pour l’acte IV des gilets jaunes, ce Bordelais en fauteuil roulant électrique sera mobilisé. Comme tous les jours depuis près d’un mois. Pour une opération parking gratuit à l’Aéroport de Bordeaux, jeudi 6 décembre, ou pour un rassemblement dans le centre de Bordeaux, le 17 novembre. Une action dont il était à l’initiative sur Facebook.

« Depuis plusieurs années, je descends dans la rue chaque fois qu’une cause sociale me touche, explique-t-il. Pour manifester contre la loi travail et la loi asile et immigration. Ou pour soutenir les luttes des cheminots, des étudiants… » Alexandre Ribeiro a également organisé le blocage de l’usine Lafarge mi-septembre. Une manière de protester contre la loi Élan. Le texte adopté début octobre abaisse de 100 % à 20 % de la part des logements accessibles dans les immeubles neufs.

Hubert Nkandza a perdu la majoration pour la vie autonome. © Franck Seuret

« À 1 200 % » derrière les gilets jaunes

Peu de personnes en situation de handicap sont aussi actives que lui dans le mouvement des gilets jaunes qui secoue la France. Mais beaucoup soutiennent les manifestants.

« À 1 200 %, approuve Hubert Nkandza à Montélimar. Je me débats dans la merde depuis que mon taux d’incapacité a été réduit de 80 à 60 % alors que mon handicap s’aggrave. » Cette rétrogradation lui a fait perdre la majoration pour la vie autonome de 104 €. « Ces 104 € pour moi, c’était énorme. Cela me permettait d’équilibrer mon budget. Depuis, j’ai des dettes. »

 

Parce que son mari perçoit un salaire de 2 000 € par mois, Catherine Charat n’a pas le droit à l’AAH. © Franck Seuret

Pas d’AAH car en couple

Catherine Charat, elle aussi, est solidaire du mouvement. « Depuis le début », précise-t-elle. À 57 ans, cette Iséroise ne supporte plus l’idée que son époux soit « complètement usé » à force de devoir assumer seul les dépenses de la famille.

Parce que le salaire de son conjoint est pris en compte pour calculer le montant de l’allocation adulte handicapé (AAH), cette quinquagénaire, atteinte d’une maladie invalidante, n’y a pas droit. « Il faut donc qu’on vive sur sa seule paie. Il touche 2 000 € nets après quarante-trois années à travailler derrière une machine. Vous trouvez ça juste ? »

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Patrick et Michelle Touchot veulent faire entendre leur colère. © DR

« Trop de reculs de nos droits. »

Patrick et Michelle Touchot viennent tout juste de trouver des gilets jaunes. « Il n’y en avait plus dans les commerces autour de chez nous, sourient les deux Niçois. Alors, on a pris le service de transport spécialisé pour aller en acheter chez Auchan. »

Un geste important pour ces deux allocataires de l’AAH, militants de l’accessibilité sur les réseaux sociaux. « C’est le peuple qui prend la parole. Le gouvernement doit enfin l’écouter. Entendre aussi la colère des personnes handicapées. Il y a eu trop de reculs de nos droits depuis l’élection de Macron. »

Une promesse de campagne, une grande déception

La popularité des gilets jaunes parmi les personnes handicapées n’a rien d’étonnant. Elles vivent plus souvent sous le seuil de pauvreté que les autres Français. La promesse de campagne d’Emmanuel Macron de faire du handicap une priorité du quinquennat avait donc suscité une forte attente. Fortement déçue.

Certaines décisions du gouvernement portent en effet atteinte aux droits des personnes handicapées. C’est notamment le cas de la loi Élan et de son quota de 20 % de logements accessibles dans les immeubles neufs. Ou encore de la réforme de la justice qui, en rendant obligatoire un avocat en appel, risque de pénaliser les plus précaires. Sur ces deux textes, le Défenseur des droits a tiré la sonnette d’alarme. En vain.

La hausse de l’AAH ne profite pas à tous

Certes, le gouvernement a fait passer le montant de l’AAH de 810 à 860 €. Mais il a assorti cette augmentation de mesures qui en limitent la portée : suppression du complément de ressources, désindexation de l’inflation, gel du plafond pour les allocataires en couple… « La hausse n’a rien changé pour moi », confirme Catherine Charat. Par ailleurs, certains pensionnés d’invalidité ont été pénalisés par la hausse de la CSG.

Davantage de pouvoir d’achat et de justice sociale

Enfin, l’évolution du mouvement des gilets jaunes a également entraîné une plus large adhésion. Alors qu’au commencement, la colère était cristallisée sur le prix du carburant, les revendications sur le pouvoir d’achat et la justice sociale se sont imposées. « En se retrouvant dans la rue, les Français se sont rassemblés, se félicite Alexandre Ribeiro. Ils ont compris qu’il fallait aller plus loin que la simple question du carburant. »

Lui-même ne se contente pas de porter les demandes des personnes en situation de handicap. « Moi, je me bats pour tout le monde. Je demande la justice fiscale et sociale. Et le recours au référendum. Si ces deux demandes sont satisfaites alors on résoudra les problèmes spécifiques de chaque Français. »

 

Alerte sur le pouvoir d’achat des plus démunis

Le collectif Alerte « demande au gouvernement de s’engager pour le pouvoir d’achat des plus démunis ».  Il réclame, entre autres, le dégel des allocations familiales et logement. De nombreux ménages pauvres ne bénéficieront en effet pas de la suppression de la taxe d’habitation car ils en sont déjà exonérés. Ni de la baisse des cotisations salariales car ils sont au chômage. Ce collectif rassemble trente-sept fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, dont APF France handicap et l’Unafam.

19 décembre 2018

Emploi adapté. Julie, salariée « différente », décroche un CDI

Pas facile d'être embauché en CDI. Pour Julie, c’était même un véritable challenge… Qui a été relevé ! En situation de handicap, la jeune fille est ravie de faire désormais partie du personnel permanent du McDo d'Auray.

« Julie ? C’est notre rayon de soleil ». Rayonnante, souriante et volontaire, Julie a toutes les qualités pour travailler chez Mac Do, à en croire Nicolas Lendrino, le directeur du restaurant d’Auray, pour qui ce sacré tout bout de femme est une excellente recrue qui prouve qu’avec de la bonne volonté, un projet cohérent, et un travail adapté, tout est possible. Impliqué depuis plus de quinze ans dans l’intégration de « personnes extraordinaires » comme il aime à le préciser, le manager est habitué à l’accueil des personnes en situation de handicap. « Depuis que je travaille pour Mac Do, nous avons toujours eu à cœur d’ouvrir les portes de l’emploi à tous. Actuellement nous avons trois autres salariés "différents" qui bénéficient d’un poste de travail adapté ».

Un parcours exemplaire

Pour Julie, le parcours a été long, mais le résultat est une réussite, et son histoire un exemple à suivre. Titulaire d’un CAP agent polyvalent de restauration et d‘un CAP assistant technique en milieu familial et collectif, Julie est une jeune fille très entourée. « Si la signature de ce contrat a été possible, c’est d’abord parce qu’elle est soutenue depuis toujours par sa maman qui a eu à cœur de faciliter le plus souvent possible son intégration dans des formations avec des jeunes sans handicap. Mais aussi parce que cette jeune fille sait parfaitement ce qu’elle veut et que son parcours est exemplaire », souligne Johan Jegousse, conseiller en insertion professionnelle de l'association Ladapt Ouest.

La mise en place de ce projet ne s’est pas faite en un jour. Il a nécessité l’intervention de plusieurs organismes, et une collaboration étroite entre les différents intervenants. Il a fallu prendre en compte différents éléments, qui ont permis à Julie d’accéder à une plus grande autonomie. « Depuis plusieurs mois, elle s’est installée dans l’une des maisons partagée de l’association La belle porte, ce qui lui a permis dans un premier temps de quitter la maison familiale, tout en étant entourée. Cette démarche représente un grand pas vers l’autonomie. Ce que nous recherchons toujours pour nos protégés », explique Sandrine Guillemet, directrice de La belle porte. Ensuite, la Mission locale qui suivait Julie depuis plusieurs années, a travaillé en collaboration avec Pôle emploi pour trouver un emploi adapté, puisque la jeune femme porteuse de trisomie a désormais 26 ans.

Un travail adapté

« J’ai toujours voulu travailler dans la restauration parce que j’aime le contact et le service », souligne Julie tout sourire. Si l’objectif était clair, le projet professionnel, lui, impliquait plusieurs contraintes. Il fallait notamment tenir compte de la fragilité de la jeune fille, de sa fatigabilité, et lui réserver un rythme de travail adapté à son handicap. Après plusieurs stages dans la restauration, elle a prouvé qu’elle était parfaitement à l’aise dans ce secteur d’activité. Chez Mac Do, elle a trouvé une écoute et une véritable bienveillance. « Il fallait aussi que ce travail soit accessible par les transports en commun », ajoute Johan Jegousse. Depuis mardi, Julie a été embauchée en CDI pour un temps partiel adapté de douze heures par semaine. Elle sert en salle durant deux à trois heures par jour, sur quatre journées. Elle a tous ses week-ends, ne travaille pas durant la période estivale trop chargée, et peut continuer ses activités associatives nécessaires à son équilibre

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